Ce n'est sûrement pas la première douche que nous prenons ensemble, encore moins la plus innocente d'ailleurs. En fait, nous prenons nos bains et nous lavons ensemble depuis que nous sommes bébés donc nous voir nus l'un et l'autre, ce n'est pas un problème. D'autant plus que vu nos relations actuelles, toucher la peau nue de l'autre ne représente plus grand chose de compliqué. Au contraire, j'adore laver Hélios. Cette phrase est un peu bizarre sortie de son contexte mais c'est une vérité pure. Ce mec, je l'adore, j'aime sa peau, la sentir, la caresser, voir ses muscles rouler sous mes doigts... C'est un petit plaisir personnel que je ne me refuse que rarement. Et lui aussi il aime ça, vu qu'il ne m'a jamais dit non !

Alors bien sûr que je lui trouve des qualités et que je les dis à voix haute, c'est même une évidence non ? Pour moi, à mes yeux quoi, il est parfait, tout simplement. Même si on a le même corps, les mêmes caractéristiques physiques à quelques détails près, je le trouve plus attirant que moi. Bon on ne peut pas dire non plus que je sois très objectif dans le genre, je le conçois. Je ris un peu lorsqu'il dit cela mais ce sourire qui s'affichait sur mon visage disparait bien vite lorsque j'entends d'autres personnes entrer dans les douches. Cela signe la fin de nos échanges verbaux, au risque de se faire démasquer... Bon, c'est excitant, je l'accorde, mais je ne veux pas foutre Hélios dans la merde si on nous découvre non plus ! Je suis partagé du coup. Je ne sais pas trop quoi faire... Mais bien sûr, mon génie de frère prend les choses en mains cette fois avec cette lueur dans le regard qui m'avertit qu'il a envie de jouer.

Le baiser que nous échangeons m'échauffe et j'inspire longuement pour ne pas déjà céder à ses petits baisers dans mon cou et la sensation de ses mains sur ma peau. Je dois être plus fort que ça, plus fort que ses baisers et ses caresses ! Dieu que c'est difficile cependant. Il a une véritable envie de me provoquer et j'avoue que c'est la même chose de mon côté. Ce n'est pas raisonnable de notre part de jouer à ce jeu-là, les conséquences pourraient en être grave pour notre liaison mais je décide de faire partie du game. C'est avec un petit grognement insatisfait que j'obéis à son ordre - chose peu ordinaire chez moi. J'ai plutôt l'habitude de n'en faire qu'à ma tête mais bon, c'est Hélios. C'est différent. Je me tourne et le laisse me savonner, grisé par ses mains et son doigté si exact qui me donne beaucoup de plaisir. Pas forcément du plaisir sexuel hein ! Non, c'est plus doux que ça encore et je me sens tellement bien que je me permets de fermer les yeux. Si quelqu'un vient à ouvrir le battant de notre cabine, il y verrait un spectacle étonnant !

Inspirant profondément, je finis même par sourire et tourne légèrement ma tête vers lui pour lui parler dans un murmure, afin que l'on ne m'entende pas autour. "Ne me ménage pas, je me sens encore un peu crasseux... Nettoie bien partout !" Petit sourire à moi-même pour mon audace et ma mesquinerie. Je suis quand même bien relou dans le genre blagues sulfureuses et autres décadences... Tous mes amis me le disent mais pareil, qu'y puis-je ? C'est dans ma nature et je sais qu'Hélios appréciera ce petit commentaire.

Un soupir théâtral brise le silence oppressant de la bibliothèque. Affalée sur sa chaise, la tête renversée sur le dessus du dossier,  la jeune Ethereld semble au bout de sa vie.  Elle n’a trouvé personne sur qui recopier le devoir de botanique et se retrouve piégée avec un parchemin vierge la veille du dernier délai pour rendre sa copie. La blonde intercepte un regard de mépris lorsque ses yeux scrutent la  pièce à l’envers.  Geste qu’elle décide de ne pas laisser passer. Lentement, elle lève le bras jusqu’à ce que sa main soit entièrement visible au-dessus de sa chaise, le majeur bien en évidence. « Mlle McBee ! 5 points en moins pour Ethereld ! Si vous n’êtes pas capable de vous tenir, sortez d’ici immédiatement ! » La jeune fille lève les yeux au ciel. Elle n’a jamais aimé cet endroit, cette odeur de poussière, ces bruits de pages plus stressants que le tic toc d’une horloge. C’est donc avec une joie non dissimulée qu’Ophelia quitte les lieux.

C’est une minute plus tard, lorsqu’elle se retrouve à errer dans les couloirs qu’elle réalise qu’elle n’a toujours pas avancé pour son devoir. Nouveau soupir. Cette histoire lui prend la tête. La jeune fille n’est pas faite pour étudier. C’est trop fatiguant, trop ennuyant, vous comprenez. La seule raison pour laquelle elle a poursuivi ses études, c’est parce qu’elle a bien trop peur de se lancer dans la vie active sans aucune idée de ce qu’elle souhaite faire, mais surtout parce qu’elle ne veut pas renoncer à sa jeunesse. Elle écrira un truc à la va-vite avant d’aller se coucher, histoire d’avoir quelque chose à rendre au professeur, puis c’est tout. En attendant, il faut qu’elle se détende, sinon elle va finir par se transformer en chose toute ridée. Quoi de mieux qu'une bonne douche ? A cette heure-ci il n'y aura surement pas grand monde, elle serait tranquille. La jeune fille rentre hâtivement dans son dortoir après être passée à vitesse éclair dans la salle commune de sa maison. Ophelia n’a pas envie de croiser Styx, il lui parlerait surement de Maya et elle n’est pas d’humeur. Elle allait encore ressentir ce tiraillement oppressant dans sa poitrine, devoir fournir des efforts pour ne rien laisser paraître, et c’est bien trop lui demander en cet instant.

Armée d'une serviette, de vêtements propres et de sa trousse de toilette, la blonde se rend aux douches mixtes. Comme d'habitude elle croise un ou deux exhibitionnistes qui mettent en avant leur attirail, comme si ça allait les rendre plus désirables. Ophelia jette cependant un regard innocent par-ci par-là. Un p'tit coup d'oeil qui lui permet de valider la rumeur qui circule en ce moment : le poursuiveur vedette de l'équipe de Quidditch d'Ethereld rembourre en effet son caleçon. Ophelia file sous l'une des douches, tire le rideau avant de retirer ses vêtements, puis fait couler l'eau chaude. La jeune fille est extravertie mais a ses limites. Alors qu'elle commence à se savonner le corps, elle entend des petits bruits inquiétants de l'autre côté de la paroi. Ce genre de petits cris pas rassurants, semblables aux meuglements de détresse d'un petit veau effrayé. Son voisin de douche serait-il entrain de faire une crise d'épilepsie ? Ne pouvant décidément pas rester sans rien faire, Ophelia s'entoure d'une serviette et sort précipitamment de sa douche. « Eh ça va ici ? » demande-t-elle, affolée avant de tirer le rideau voisin.  « OH MERDE. » Si elle s'attendait à voir ça. Les frères St-James coupés en pleine copulation. La scène qui se fige devant ses yeux lui coupe net l'usage de la voix. La jeune fille reprend vite ses esprits, jette un regard circulaire autour d'elle avant de décréter que fermer le rideau serait une bonne idée. Sauf qu'au lieu de se tirer, elle passe la tête à l'intérieur de l'endroit clos, de quoi décontenancer d'autant plus les deux frères. « C’est limite narcissique de se taper son jumeau, sans compter l’inceste. » qu'elle commente avec un rire amusé. Cette situation fait mieux que la détourner de ses tourments, elle lui fournit une véritable opportunité. « Va falloir que vous trouviez une solution pour que je tienne ma langue.. Mais on verra ça demain, quand vous serez plus habillés, pas que ça me gêne. » poursuit-elle avec une lueur espiègle dans les yeux. Dire que leur physique est particulièrement déplaisant aurait été un mensonge. Après un instant, Ophelia décide enfin de les laisser tranquille et referme le rideau sur les deux Ethereld.  « Continuez, faites comme si j’étais pas là, j’serai juste à côté. » lâche-t-elle simultanément, avant de retourner à sa douche. S'ils ne sont pas assez convaincant, Ophelia aura de quoi répandre des rumeurs croustillantes le lendemain.

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