Soeur des ours

Il en faut peu pour être heureux ...  

Je dors d'ordinaire sous les frondaisons. Et toute la jungle est ma maison. Toutes les abeilles de la forêt butinent pour moi dans les bosquets. Et quand je retourne un gros caillou... Putain de chanson ! Je grogne et saute lourdement par-dessus un arbre couché. Quelle chanson de merde. Elle me trottait toujours dans un coin de l’esprit, chantonnée par la voix claire de ma femme, quand je me promenais sous forme animale. Elle la chantait souvent, encore plus que je me transformais en grizzli. Pour se moquer. En y réfléchissant, elle se moquait souvent de moi ma femme. Toujours avec amour. Mais bon, je tendais le bâton pour me faire battre la plupart du temps. Cette idée m’arracha un sourire ursidé. Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être... bordel! Je grogne encore. De toute façon, c’est mon seul moyen d’expression orale sous cette forme. Je souffle bruyamment, un peu las, et lève les yeux vers un écureuil qui me regarde d’un air que j’estime interloqué. Quoi, t’as jamais vu un ours en plein conflit interne avec une chanson Disney ? C’est d’un commun pourtant. D’ailleurs c’est quoi comme ours Baloo ? Y a des ours en Inde ? Oué les lippu, mais ça ressemble bof à Baloo quand même… Sur ces spéculations sur la véracité scientifique d’un personnage de dessin animé, je continu machinalement ma promenade dans les profondeur de la forêt hungcalfienne.  Ces ballades étaient devenues très rapidement habituelles depuis mon arrivée à Hungcalf. Cela me permettait de rester loin de toute cette agitation humaine qui ne m’était franchement pas familière. Malheureusement, elles devenaient de plus en plus longues, et parfois, j’oubliai de rentrer. Je me disais que j’allais finir par rester définitivement ours si je ne faisais pas attention, et si je ne trouvais pas de nouvel ancrage dans le monde des humains.

Sur le chemin du retour, mon odorat détecta une odeur humaine, parfumée, féminine. Et familière. Et une odeur de bouffe. Ou alors c’était mon esprit qui me jouait des tours. Je commençais à avoir la dalle. Je suivis la trace olfactive de la brune Grymm qui arpentait parfois cette forêt. Phaedra. J’avais une bonne mémoire des odeurs. Vu finis par apercevoir sa fine silhouette se détacher des troncs sombres autour d’elle. Je grognais comme pour signaler ma présence et m’ébrouai doucement. Je trottinai vers elle. Heureusement qu’elle avait une certaine habitude de me voir sous cette forme, sinon la scène pourrait être assez effrayante toute de même. Arrivé près d’elle, je me mis à renifler son sac, pour voir si elle avait bel et bien un truc à me donner à manger.  J'ai la dalle … J’aimais bien raquetter les élèves sous cette forme. D’autant que elle comme les autres ignoraient que je n’étais pas un vrai grizzly.

Soeur des ours

Il en faut peu pour être heureux ...  

S'il y a bien une chose que j'aime plus que les sucreries c'est de manger des sucreries en me promenant dans la forêt qui borde le château de Hungcalf à la recherche de noir dessein ou d'une quelconque âme à torturer. J'avais toujours adoré celle de Poudlard, en vérité la forêt interdite n'avait jamais eu aucun secret pour moi, je n'ai jamais été du genre à avoir peur de quoi que ce soit et pire j'étais du genre à aimer le danger. Et puis vraiment que risque t'on lorsque l'on a de quoi amadouer les pires monstres avec des sucreries ? J'en étais la preuve vivante, seule le sucre pouvait calmer ma colère. Mais ce que j'aimais le plus dans la forêt de Hungcalf c'était ma rencontre étrange avec un grizzli de plus ou moins quelques tonnes. Étrangement, moi qui n'avait en général aucune faculté pour me faire des amis humains, j'avais réussi à me prendre d'affection pour un ours qui pouvait aisément me tuer d'un seul coup de patte. Ce qui rendait la bête encore plus adorable à mes yeux. Quoi de plus majestueux qu'un grizzli ? J'en était presque tombé sous le charme et c'était sans aucun doute le seul être vivant dont je n'avais pas un jour souhaité la mort. Enfin pour l'instant...


Marchant depuis bientôt une demi-heure je me surprenais à me demander ce qu'il pouvait bien faire, d'habitude je n'avais qu'à pénétrer dans la forêt avec un sac remplit de marshmallow pour qu'il débarque à la vitesse de l'éclair. Un bruit résonna derrière moi, je fis alors volte-face me retrouvant nez à nez avec la bête, un sourire se dessina sur mon visage alors que le museau du grizzli poussait déjà mon sac avec envie. "Bah dis donc, on peut dire que tu t'es fait attendre !" Je caressai doucement la tête de l'animal et ouvrait mon sac pour en sortir quelques douceurs. "Tiens, gros gourmand, tu sais que tu va devenir énorme si tu continue à engloutir tout ses bonbons ?"

Soeur des ours

Il en faut peu pour être heureux ...  

J'étais assez fier de moi. Je devais bigrement bon. Au niveau de l'odorat. Presque un chien truffier. Oui bon, peut-être pas non plus. N'empêche que j'avais bel et bien vu juste à propos des friandises de la jeune femme. Bon, la guimauve, ce n'était pas hyper pratique pour ma mâchoire d'ours. Je ne pensais pas pour la mâcher sans m'en coller partout et finir par me souder les crocs. Ce qui serait fort triste. De coup, il fallait que j'avale directement. Trop triste. Du gâchis de guimauve. Du coup, je me décidai pour la laisser fondre brièvement de ma gueule avant d'avaler tout rond. Tu as déjà vu un grizzli sucer un marshmallow? Surement pas. Et Phaedra non plus. C'est suspect un ours qui réfléchit à commencer manger un bout de guimauve. Alors j'allais le faire discrètement.

Du bout de la langue, je récupérai la friandise des doigts de l'étudiante. God heureusement que j'étais sous forme ursidé et qu'elle ignorait mon identité. Sinon cette situation aurait été des plus étranges. Je propulse le coussin sucré au fond de ma gueule, que je referme, dissimulant mes agissements peu animals. Je tournai mon attention vers la jeune femme cette fois. Elle avait l’air calme aujourd’hui. Tant mieux. Sa compagnie était bien plus agréable ainsi. J’avais remarqué de ma présence la calmait. Vertu valable auprès de nombreuses personnes, je l’avais remarqué. Surtout la gente féminin en fait. Mais bon, je savais aussi les hommes souvent trop fiers et coincés pour se laisser aller à ce genre de relations avec un autre mec. Toujours était-il que j’ignorais totalement que cela fonctionnerait avec la très controversée Phaedra. Et sous forme ursidé qui plus est. Quel charme incroyable. Presque légendaire à ce point-là. Arhem…

Sortant de ses considérations fort peu ursidés, j’avalai discrètement la guimauve et je penchai la tête pour donner de légers coups de crâne dans la main de Phaedra. En quête d’une carasse. Pas que j’en voulais vraiment une, mais il fallait bien sauver les apparences. Et les bestioles, petites ou grandes, adores les papouilles.