- InvitéInvité
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Lun 6 Fév 2017 - 20:25
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
Les ruelles de l’allée des croisades étaient bondées. Tout ce qu’il y a de plus normal en cette heure de la journée, qui plus est, un week-end. Si ça n’avait tenu qu’à lui, Bogdan n’aurait pas bougé le petit doigt. Cela faisait quelques jours que sa mère venait lui tenir compagnie afin d’empaqueter les affaires de Melody dans des cartons. « Il faut que tu passes à autre chose ! » Répétait-elle sans arrêt, alors même qu’elle ressentait la perte de sa belle-fille comme un désastre. Finalement, c’était elle qui essayait de se voiler la face tandis que son fils gisait pitoyablement sur son canapé, à broyer du noir. Natalia aimait Melody comme si elle était sa propre fille… Et pour cause, elle l’avait pratiquement élevée de moitié. Adolescente, la jeune fille passait tout son temps et toutes ses vacances à l’auberge des parents de son petit ami. Ainsi, elle pouvait souffler un peu et se défaire de la pression permanente que sa propre famille lui mettait sur le dos. Alors forcément, quand elle apprit qu’elle avait fait ses valises pour une histoire d’enfant, elle avait envie de s’arracher les cheveux. « Comme si un môme allait lui pousser dans l’ventre si y’a plus personne pour poser la graine ! » S’insurgeait-elle avec un accent Polonais très marqué. Dans ces moments-là, Bogdan restait le plus discret possible. Il s’enfonçait progressivement sur son siège et priait pour que Natalia lui fiche la paix. Il n’avait pas envie d’en parler, ses histoires ne regardaient que lui et sa femme. Car non, ils n’étaient pas encore divorcés officiellement, et ce n’était pas demain la veille qu’elle recevrait ses papiers signés.
Quand Bogdan réussit enfin à s’extirper de ses coussins, il posa les yeux sur les fameux cartons puis sur les affaires qu’il restait un peu partout. Franchement, il ne savait pas ce que Natalia essayait de faire… Melody avait bien trop d’affaires pour que tout rentre dans trois cartons. Et puis quelque part, il n’avait pas envie de voir ces objets disparaître. Certains portaient son parfum, d’autres étaient gorgés de souvenirs précieux. Agacé par la tornade qui s’agitait dans tous les sens, il enfila un manteau et claqua la porte pour se rendre jusqu’à cette fameuse Allée, avec dans l’idée de prendre une bière ou deux au vieux Pub. Sur le chemin, il s’arrêta plusieurs fois devant les vitrines encore décorées à l’occasion des fêtes de fin d’année. Il sourit en apercevant quelques gadgets chez Lacorne &Fils, puis s’avança jusqu’à la boutique de Quidditch. Là, son sourire s’évanouit et il ne prêta même pas attention aux enfants surexcités qui le bousculaient en sortant de Broom 3000. Il y a quelques années encore, il se fournissait de l’équipement ici pour ses entraînements. Quand il s’y rendait, les gens chuchotaient sur son passage, les yeux brillants d’admiration. Désormais, ils le regardaient tous avec de grands yeux. Bien entendu, ils savaient qui il était, mais ils savaient également ce qu’il n’était plus.
Quelques mètres plus loin, et alors qu’il s’apprêtait à poser des œillères sur son visage jusqu’au Pub, Bogdan aperçu une silhouette très – trop – familière à l’intérieur du salon de thé de La moufette enchantée. Il l’aurait reconnue entre des millions, de dos comme de face, de loin même. « Melody. » Souffla-t-il en rebroussant chemin précipitamment. Quand il poussa la porte, une petite cloche avertie la propriétaire de l’arrivée d’un nouveau client. Le salon étant bondé, Melody ne réagit pas du tout et cette fois, le regard de Bogdan croisa celui de l’homme assis juste en face d’elle. Un homme qu’il avait déjà rencontré plusieurs fois et dont sa femme lui avait vaguement parlé. Un collègue Medicomage. Le sang du sorcier ne fit qu’un tour lorsqu’il remarqua leurs mains liées. Il sentit son cœur taper contre sa poitrine et un sentiment de jalousie terrible lui noua l’estomac. Deux semaines auparavant, elle était de nouveau dans ses bras et leurs corps s’embrasaient ensembles… Deux semaines qu’ils ne s’étaient pas croisés ni même parlés. Deux semaines qui avaient semblées une foutue éternité. « Oh… Bogdan. » Osa prononcer l’homme en question, en esquissant ce qui semblerait être un sourire gêné. Surpris. Evidemment, cela fit réagir sa délicieuse partenaire qui remarqua enfin la présence de son ex-mari. Ce dernier n’esquissa pas le moindre sourire en retour. Bien sûr, il fusilla cet arriviste prétentieux du regard avant de se concentrer sur la belle brune. « Faut qu’on parle Melo, tu viens ? » Dit-il froidement. L’arriviste fronça les sourcils et se leva de sa chaise. « Pardon de me mêler de ce qui ne me regarde pas mais nous étions en train de discuter, elle et moi. Vous n’étiez pas initialement prévu dans ce tête à tête. » Décidément, il y avait bien chez ce Monsieur-parfait-sous-toutes-les-coutures quelque chose qui obligeait Bogdan à prendre sur lui pour ne pas lui envoyer un sortilège impardonnable dans les dents. « Je vous demande pardon ? » railla-t-il en affichant à son tour une mimique détestable envers son interlocuteur. Un sourire narquois dessiné sur les lèvres, il finit par lui faire face et le jaugea de haut en bas sans la moindre gêne. L’un était visiblement plus jeune, mais dégageait également quelque chose d’animal. L’autre, plus large d’épaules et d’apparence caucasienne, dégageait une aura mature et apaisante. Le duel était perdu d’avance pour lui, et Bogdan le savait. Sa colère l’aveuglait et sa peine fêlait progressivement sa confiance en lui. Une nouvelle cassure venait de lui déchirer le ventre et sa main se referma mécaniquement autour du poignet de Melody.
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Mar 7 Fév 2017 - 21:36
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
Melody sourit doucement lorsque le délicieux breuvage à la cannelle vint ravir ses papilles. Mieux encore, elle savoura l'agréable chaleur que la tasse diffusait entre ses mains. L'air était encore froid dehors. Retrouver le confort d'une maison pour s'y réchauffer était son moment préféré de la journée. Elle reposa le récipient sur la table, mais le garda soigneusement coincé aux creux de ses paumes. L'ambiance du salon de thé la berça un instant, jusqu'à ce que l'homme qui l'accompagnait l'interpelle. La sorcière releva les yeux.
- Oh, excuse-moi. Qu'est-ce que tu disais ?
- Je te demandais ce que tu comptais faire demain. Mais tu as l'air fatiguée, tu devrais …
L'attention de Melody rechuta à ce moment-là. Outre le fait qu'elle appréciait de moins en moins qu'on encadre ainsi ses faits et gestes, elle était également complètement indécise quant à la question qu'Alan venait de lui poser. Ce qu'elle allait faire du reste de son week-end ? Elle n'en avait foutrement aucune idée. Voilà des semaines qu'elle se perdait corps et âme dans son travail de medicomage. Des semaines qu'elle ne pensait plus vraiment à rien, sinon apporter des soins auprès de malades dont elle ne se souvenait même plus à l'heure actuelle. Des semaines qu'elle semblait évoluer dans un brouillard opaque, sans vraiment vouloir le reconnaître. La jolie brune s'était posée une règle ; à présent qu'elle avait décidé de marquer ce tournant important dans sa vie, elle était décidée à la garder bien en main.
Force était de constater que ce n'était pas réellement le cas. Mais il lui en faudrait certainement bien plus avant d'ouvrir les yeux. Car elle ne s'en était pas encore rendu compte, mais elle se laissait peu à peu couler dans une nouvelle relation qu'elle n'était pas forcément prête à accueillir maintenant. Pas alors que deux prunelles ébènes la poursuivaient encore la nuit. Melody naviguait plus ou moins entre la culpabilité, la détermination, et le déni. C'était en partie pour ça qu'elle avait accepté les invitations de son collègue dernièrement. Alan avait commencé par se montrer plus présent que d'habitude auprès de la sorcière lors de leurs pauses respectives à l'hôpital. Puis, il lui avait proposé de manger ensemble pour les déjeuners. Lentement mais sûrement, il grignotait la distance qui avait toujours existé entre eux. Aujourd'hui, il l'avait invité à se voir en dehors de leur lieu de travail. Si une petite conscience plutôt vague tout au fond de la sorcière savait pertinemment ce qui se passait, Melody ne pouvait pas l'admettre à voix haute. Mais admettre quoi au juste ? Qu'elle laissait déjà un autre homme tenter de prendre la place de Bogdan ? N'importe quoi. Et puis, elle était libre de faire ce qu'elle désirait. Les choses avaient été claires avec lui. Il n'y avait plus aucune ambiguïté. La petite conscience endormie au fond d'elle en aurait soupiré d'exaspération. Ah oui ? Et que s'était-il passé deux semaines plus tôt ? Lorsqu'ils s'étaient tous les deux envoyés en l'air, comme ça n'était pas arrivé depuis longtemps ? Plus aucune ambiguïté, vraiment.
Alan revint soudain au centre de ses pensées lorsque ses deux mains vinrent envelopper chaleureusement les siennes autour du mug. Surprise, elle cligna plusieurs fois des yeux sans réussir à se défaire de cette vision, ni même d'y mettre fin. Son collègue était toujours en train de déverser un flot de paroles, mais elle ne l'écoutait décidément que d'une oreille. C'est lorsque sa voix s'atténua petit à petit que la jolie sorcière releva enfin la tête vers lui. Pourtant Alan ne faisait plus attention à elle. Son regard se perdait quelque part au-dessus de son épaule.
Bogdan. Elle si figea de haut en bas. Puis retira précipitamment ses doigts de l'emprise d'Alan. Il était là. Planté juste à côté d'elle. Oh non. Pas là. Pas maintenant. Elle s'en voulait déjà cruellement d'avoir dû s'enfuir comme une voleuse après leur nuit d'amour inavouable. Elle ne voulait pas non plus lui imposer ça, enfoncer le couteau dans la plaie en fréquentant quelqu'un d'autre juste sous ses yeux.
Elle ouvrit la bouche. Son collègue la devança. La tension monta d'un cran, et déjà une sourde alarme s'enclencha dans son esprit. La scène la laissa clouée sur place. Il y avait Bogdan, furieux et trahit. Et il y avait Alan, fier et sûr de lui. C'était la confrontation de deux mondes. Est-ce qu'ils … étaient vraiment capables de se battre ? Pour elle ? Le cœur de Melody s'agita. Elle détestait cette idée. Elle ne voulait pas d'une quelconque confrontation entre ces deux-là. Ils n'auraient même jamais dû se rencontrer. Déjà les deux hommes avaient attiré quelques regards, et au vu de leur échange, les choses ne feraient qu'empirer. Mais merde, elle n'était pas un foutu objet à gagner. Qu'étaient-ils en train de s'imaginer ?
La poigne de Bogdan s’abattit sur son bras. Elle ne saurait dire s'il s'agissait là d'un geste possessif, ou s'il essayait de se rattraper à elle, à quelque chose. Pour retrouver un appui et reprendre le fil de cette situation qui lui échappait. Ou si c'était plutôt un douloureux mélange des deux. Quoi qu'il en soit, ce contact brûlant sur sa peau lui permit de réagir. Melody se leva de son siège. Sa main libre vint effleurer celle de l'ancien joueur de Quidditch, comme pour le détourner de son hypothétique rival.
- Bogdan, est-ce que tout va bien ? Tu … tu avais besoin de quelque chose ?
Sa voix était inquiète. Elle ignorait si c'était la présence de l'autre medicomage qui le rendait comme ça, mais il n'avait pas l'air d'aller bien. Son teint était plus pâle que d'habitude, et ses traits bien plus tirés que dans ses souvenirs. Melody fronça les sourcils, hésitante.
- C'est … à propos des papiers ? Tu les as ?
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Mer 8 Fév 2017 - 23:07
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
Dans un couple, il y a toujours des hauts et des bas. En vingt ans relation, Bogdan et Melody avaient eu le temps d’en voir des vertes et des pas mûres. Pourtant, leurs mains ne s’étaient jamais déliées et ils avaient traversés les épreuves une par une, parfois avec le sourire. Tout d’abord, il y avait eu la famille de Melody. Ses parents. Des gens très à cheval sur l’éducation de leur fille qui n’acceptaient pas qu’elle puisse trouver quelque chose à un sorcier de « sang-mêlé » (officiellement, du moins). Un sorcier qui ne soit pas destiné à de grandes études pour devenir médicomage ou Auror… Pourquoi pas. Sans compter qu’il était plus jeune. Bref, imaginez la tête qu’ils firent lorsqu’ils rencontrèrent Natalia et William pour la première fois. Immédiatement, ils comprirent qu’il n’était même pas l’enfant biologique de cette famille et – quelque part – cela les avait rassuré. Avec les années, ils s’étaient fait une raison. Bogdan était même parvenu à se faire sa petite place au sein de la famille Weaver. Sa façon de mettre les gens à l’aise, de plaisanter et son dynamisme avaient eu raison du monsieur Weaver. Ces dix dernières années, ils passaient pas mal de temps ensemble lorsqu’un dîner se profilait et jouaient au jeu d’échec version sorcier, goutaient d’excellents alcools et discutaient vivement. Madame Weaver, quant à elle, restait toujours un peu sur la défensive et le regardait tantôt avec dédain, tantôt avec curiosité... Laissant penser que sa fille sortait avec un phénomène de foire.
Il y avait eu des disputes sur des sujets divers. Des querelles parfois idiotes et sans importances, et parfois plus dures pour l’un comme pour l’autre. Bogdan était quelqu’un de têtu et fier. Melody avait une patience infinie à son égard qui leur avait souvent sauvé la mise. Heureusement, l’adolescent turbulent avait grandi et muri. Pour autant, des chicanes pouvaient encore apparaître et il arrivait que la belle contraigne son amant à partager sa nuit avec Gatsby sur le canapé pendant quelques jours.
Jamais ils n’en étaient venus aux mains ou aux baguettes. Jamais Bogdan n’aurait osé toucher Melody autrement que dans l’optique de lui faire du bien. Jamais il ne l’aurait giflée, frappée. Elle était tout pour lui. Même lorsque la colère l’aveuglait, qu’elle arrivait à le mettre hors de lui, il ne pouvait ignorer tout l’amour qu’il avait pour elle. D’ailleurs, il ne visualisait toujours pas de vivre sans elle. Sa présence lui était indispensable au quotidien. Comme une drogue. Elle était sa cocaïne, son héroïne, TOUT. En claquant la porte si vite, elle l’avait contraint à un sevrage brutal qui le rendait fou.
« Bogdan, est-ce que tout va bien ? Tu … tu avais besoin de quelque chose ? » Osa demander Melody en se levant précipitamment de sa chaise. S’il avait besoin de quelque chose ?! Quelle question ! Il avait besoin qu’elle le rassure, qu’elle lui dise que ce type n’était rien d’autre qu’une erreur et qu’elle ne l’avait pas laissé lui prendre la main. Que tout cela n’était qu’une sombre plaisanterie et qu’il allait se réveiller d’ici peu. « C'est … à propos des papiers ? Tu les as ? » Il la fusilla du regard et demeura interdit un instant. Comment pouvait-elle oser lui demander ça ? Ah bien sûr, il les avait toujours sur lui au cas où il tombe par hasard sur elle, en train de flirter avec le premier tocard venu ! D’un geste rageur, il envoya balader son bras et repoussa l’autre Médicomage quand ce dernier voulu s’interposer. « Tu crois que j’allais la frapper ou quoi ?? » Vociféra-t-il, obligeant la maîtresse des lieux à intervenir. « Où est-ce que vous vous croyez ?? Ce lieu est réputé pour son calme, si vous avez des comptes à régler, débarrassez-moi le plancher ! » A ses mots, elle fit tourner sa baguette et un vent violent les envoya tous les trois à l’extérieur du bâtiment, le cul dans la neige.
Gentleman, Alan s’empressa de se redresser pour tendre la main à une Melody visiblement décontenancée. Bogdan, quant à lui, époussetait déjà son caban, les traits de son visage tirés par un feu sous-jacent. Il voulait arracher la tête de cet homme. Lui mordre le cou et lui arracher la carotide. Il voulait l’affronter en duel et l’humilier devant sa famille toute entière. Ressusciter ses ancêtres même, s’il le fallait. Quand les trois furent debout, l’asiatique s’adressa directement à sa femme : « Tu m’expliques ? » Demanda-t-il en prenant visiblement sur lui et en évitant soigneusement de considérer l’existence de l’autre Médicomage. « On est encore mariés et tu t’envoies déjà en l’air avec ce… Type ? » Les imaginer baiser le rendait malade. Malheureusement, son esprit ne pouvait s’empêcher d’alimenter sa haine. La moutarde lui piquait le nez et ses yeux étaient rouges et luisants. Que pouvait-elle lui trouver ? Et plus exactement, comment pouvait-elle passer d’un gars comme lui à un truc comme ça ?! Ils étaient le jour et la nuit. Rien en commun, absolument RIEN. « Tu peux courir pour les avoir tes papiers Melo. Jusqu’à preuve du contraire tu portes mon nom et il en sera ainsi encore longtemps. J’ai pas envie de signer, j’ai pas envie de divorcer et puis quoi encore ? Tu vas me reprocher quoi d’autre ?! C’est ma faute si t’es pas capable d’avoir un… » Il ferma les yeux et s’obligea à se taire. Sourcils froncé, il dut se faire violence pour ne pas l’assommer d’avantage. La situation le rendait fou. Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes de se montrer aussi cruel et sourd. Lentement, il tourna son visage lisse en direction d’Allan : « Ça va ? T’as pas l’impression d’être de trop ici ? » Puis il plissa subtilement ses yeux. « Tire-toi. »
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Jeu 9 Fév 2017 - 23:09
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
Il n'avait pas osé. Il n'avait pas osé dire ça. Complètement sous le choc, Melody lança un regard ahuri à Bogdan. Il venait de lui balancer au visage son incapacité à avoir un enfant. Il venait de le crier au monde entier. Sous les regards curieux des clients du salon de thé à travers la vitrine. Devant les passants mal à l'aise de la rue enneigée. Et juste devant Alan. La honte laissa un goût amer sur son palais. Mais elle n'eut pas le temps d'avoir envie de s'enfuir d'ici, que déjà une fureur sans nom se mit à brûler au creux de son ventre. Elle se défit de la main secourable de son collègue sur son bras, tandis que Bogdan décidait désormais de s'en prendre à lui. Elle rompit brutalement la distance entre elle et lui. Visant le torse, elle fracassa ses deux paumes furieuses contre la masse musculaire de son buste pour le pousser en arrière.
- C'est toi qui te tires Bogdan, trancha-t-elle en appuyant ses propos d'un regard noir.
Chacune de leurs dernières retrouvailles s'était soldée d'une dispute. Cette fois pourtant, Melody n'était pas prête à avaler ce sacré coup bas. Elle se sentait comme une lionne, blessée et courroucée qu'on s'en soit pris en public à son petit qui justement n'existait pas. Le sorcier avait dépassé les bornes. Sa patience était d'or, et il avait pourtant réussi à l’émietter petit à petit, jusqu'au bout. Elle arracha son sac à main planté dans un tas de neige et se tourna à nouveau vers lui. Elle explosa.
- Que veux-tu que j'explique au juste ?! À quel point t'es qu'un sale con ?!
Ses ongles en amande s'enfoncèrent dans la hanse en cuir de son sac tant la colère pulsait dans ses veines. Elle crevait d'envie de se heurter à lui à nouveau. De le bousculer et de le secouer. Elle voulait se fracasser contre cette inébranlable masse d'égoïsme. Melody n'avait même plus la moindre appréhension à l'idée de se confronter à son mari. Elle ne craignait même plus qu'il exige une quelconque explication quant à son comportement de l'autre nuit. Elle était même à des années-lumière de se soucier du regard des autres, et de la scène de ménage qu'ils étaient vraisemblablement en train de provoquer sur le trottoir.
- Pour qui tu te prends, à la fin ? De quel droit tu viens ici, t'imposer pour tout foutre en l'air ?! Je n'ai aucun compte à te rendre ! Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, nous ne vivons même plus ensemble, continua-t-elle en insistant sur chacun de ces derniers mots. Oh ! Mais j'y suis ! C'est parce que je « porte ton nom », c'est ça ? Parce qu'il en sera ainsi « encore longtemps » ? ricana-t-elle alors avec un rictus sans joie, empreint de colère et de dédain. Est-ce que tu penses que ça va te donner le droit de m'enfermer quelque part et de m'y maintenir de force, juste parce que tu n'es pas foutu de prendre en compte ce que JE ressens ?!
Elle secoua la tête, exaspérée au possible soudain.
- Alors tu as cinq siècles de retard, poursuivit-elle. Je ne t'appartiens pas. Je suis libre de faire ce que j'entends de faire, et que ça te regarde ou non - bon sang ! - je m'envoie en l'air AVEC QUI JE VEUX !
Un contact contre son coude la fit frémir. Un désagréable frisson agressa la peau de sa nuque. Melody lâcha le regard de Bogdan pour se tourner vers l'opportun personnage qui venait de l'interrompre. Alan agita ses lèvres, certainement dans l'optique de lui souffler de se calmer. Était-elle vraiment en train de hurler sa vie sexuelle en pleine rue ? Pas vraiment, puisque la triste vérité était qu'elle n'avait jamais couché avec personne d'autre que Bogdan. Bogdan, Bogdan. Toujours lui. Comment avait-il pu imaginer qu'elle se laisserait tomber aussi rapidement entre les draps d'un autre homme ? Ce peu d'estime la blessait, presque autant que les accusations voilées qui s'étaient échappées trop vite de sa bouche.
- Lâche-moi, siffla-t-elle à l'attention du Medicomage en se retirant sans douceur de son emprise.
Melody s'écarta de lui. Elle était complètement à fleur de peau maintenant. Un flot d'émotions s'emmêlait dans son estomac. Elle recula encore d'un pas, pour s'éloigner cette fois de Bogdan. Ses doigts vinrent alors s'acharner contre sa main gauche, au point de s'en griffer méchamment la peau. Lorsqu'elle arriva au bout de sa peine, elle releva les yeux vers son ancien amant.
- Prends ça comme consécration, toi et moi on est divorcé, lança-t-elle enfin en essayant de dissimuler les tremblements de sa voix, juste avant de lui jeter sa bague de fiançailles au visage. Melody manqua sa cible, et le bijou se perdit quelque part dans la poudreuse argentée. Elle rassembla alors le peu de dignité qui lui restait et remonta son sac à main sur son épaule. Faites ce que vous voulez tous les deux. Ce n'est plus mon problème, je rentre chez moi.
Sans un mot de plus elle tourna les talons la tête haute, et ce malgré l'humiliation cuisante qui lui brûlait les joues. Finalement, c'était elle qui se tirait.
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Sam 11 Fév 2017 - 19:15
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
« C'est toi qui te tires Bogdan »
Cette phrase raisonna dans la tête du jeune homme comme un coup de fusil à bout portant. Surpris, Bogdan mit un moment avant de réaliser que sa femme était en train de le pulvériser du regard. Ce regard qu’il redoutait par-dessus tout et qu’il n’avait vu qu’en de très rares occasions et… Jamais, ô grand jamais, pointé sur lui. Son cœur manqua un battement tandis que son visage affichait un air abasourdi. Alan, de son côté, ne savait plus à qui obéir. Il alternait entre le nippon et la brune sans bouger et préféra rester immobile afin de ne contrarier personne. Le geste qui s’en suivit termina presque d’achever Bogdan. Quand les paumes de Melody s’abattirent brutalement sur son torse, le repoussant sur un mètre, son cœur explosa en miettes à l’intérieur de sa poitrine. Il eut un hoquet et ses yeux écarquillés trouvèrent les siens, à l’image d’un enfant auquel on aurait infligé une gifle dont il ne comprendrait pas l’origine.
« Que veux-tu que j'explique au juste ?! À quel point t'es qu'un sale con ?! » Hurla Melody sans même prêter attention au petit attroupement qui se formait mollement autour de leur trio. A cet instant, si les parents de Bogdan avaient été là, ils se seraient demandé ce que leur fils avait pu dire ou faire pour la mettre dans cet état. La douce et belle Melody était connue pour sa patience, sa grande maturité et sa discrétion. Qu’avait-il fait pour qu’elle le haïsse à ce point ? Comment en étaient-ils arrivés là ? Le couple aussi inattendu que parfait. Comment cet adolescent qui séchait les cours pour rejoindre sa dulcinée, peu lui importait si elle le réprimandait pour ça… Ce qu’il voulait c’était être avec elle, sentir sa présence et l’embêter pour qu’elle joue avec lui. Qu’elle baisse ses grands airs et tente de lui rendre la pareille en le poursuivant sur son balai. Quand il parvenait à l’écarter suffisamment de Hungcalf, alors il se laissait attraper et l’emprisonnait dans ses bras pour lui voler un baiser et glisser ses doigts dans ses cheveux. C’était tellement amusant de la voir, inaccessible, hautaine et première de sa classe, entichée de la petite frappe des Wrights. Bogdan ne se lassait pas de la pousser dans ses retranchements pour faire ressortir la gamine qui était en elle. Celle que Madame Weaver tentait d’étouffer et de brimer, à son image. Cette fille drôle et bourrée d’imagination dont il était fou amoureux…
L’espace de quelques minutes, le sorcier n’entendait plus rien. Tout ce qu’il visualisait, c’était le visage courroucé de Melody et ses lèvres qui se déformaient sous le poids de ses reproches. Il avait beau cligner des yeux, le cauchemar n’en finissait pas et les miettes de son cœur vibraient au fond de son estomac. Brûlantes comme les braises. « Prends ça comme consécration, toi et moi on est divorcés. » Il releva la tête et n’esquiva pas le projectile qui rasa sa joue de près, terminant de casser ce qu’il restait de sa confiance en lui. En eux. En leur avenir.
C’est elle qui l’avait demandé en mariage. Même ça, Bogdan n’avait pas été fichu d’y penser. Trop obnubilé par sa carrière, il ne songeait pas qu’au bout de 6 ans de relations, la belle rêvait d’être appelée par un autre nom. Un nom qu’elle réfutait aujourd’hui et qui lui donnait la nausée. Alors – comme toujours – elle avait pris les choses en main avec le sourire et bonne humeur. Encore étudiante à l’époque, elle avait cassé sa tirelire pour lui offrir un anneau simple mais lourd de signification. Cet instant, il ne l’oublierait jamais et pourtant, il s’était sentit idiot. Une larme glacée roula rapidement sur sa peau pour mourir à la commissure de ses lèvres. Le vent se chargea de faire disparaître sa trace.
Melody avait disparue, de nombreux regards convergeaient en direction des deux sorciers restants. Bogdan était l’enfant de deux langues de plombs. S’il refusait qu’on lise dans son esprit, il n’avait qu’à fermer les vannes à ceux qui tenteraient de profiter de ses faiblesses. Un don légué par ceux dont il ne conservait qu’une simple photo. Froid et dur comme l’acier, il tâtonna la neige quelques secondes lorsqu’une minuscule main lui tendit la bague qu’il cherchait. En relevant la tête, le nippon tomba nez à nez avec une petite fille magnifique, de 5 ou 6 ans. Sûrement une enfant du quartier puisqu’elle n’était accompagnée que d’un jeune garçon. Sûrement son grand frère. « C’est pour vous. » Dit-elle, ses joues rosies par la timidité. Un soulagement intense submergea les entrailles de son interlocuteur et il prit l’objet doucement. « Merci. » Avait-il répondu en esquissant un sourire triste, mais sincère. Melody n’en voulait plus, mais l’idée que le symbole de 15 ans de mariage ne finisse pas sous les talons d’un inconnu où dans les égouts était réconfortante. Elle lui fit un petit de la main et Bogdan se redressa, le dos tourné au Medicomage. Sans même le considérer, il marcha dans la direction opposée.
***
Les jours qui suivirent, le jeune homme ne se sentit pas capable d’affronter ses responsabilités. Il passa le reste du week-end chez ses parents, à l’auberge magique et demeura enfermé dans sa chambre accompagné de Gatsby. A l’image d’un adolescent expérimentant son premier échec sentimental – et quelque part, c’était le cas – il refusa tout dialogue et s’enferma dans le noir. Il pleurait la majorité du temps, sans pouvoir contrôler sa colère. Il hurlait sa rage dans son oreiller et quand il était trop épuisé, il s’endormait avec sa chouette lovée au creux de son ventre. Il se savait plus ridicule et démuni que jamais, c’est pourquoi il n’ouvrait pas à Natalia lorsque cette dernière toquait à sa porte. Et quand il se décida enfin à sortir de sa mort cérébrale, ses yeux étaient tellement gonflés et rouges que William ne put ravaler son hilarité. « Si on m’avait dit un jour que c’est à l’aube de tes 37 ans que je devrais te rassurer sur ton avenir amoureux… » Et il repartait dans un fou rire incontrôlable, le regard désabusé de son fils vissé sur lui. « Will, t’exagères ! » Gronda sa femme en venant poser ses mains autour du visage de Bogdan. « Tu veux manger quelque chose mon bébé ? » Délicatement, ce dernier se dégagea de son emprise et enfila un manteau ainsi qu’une écharpe. « Je vais chez les Weaver. » Dit-il en leur montrant l’alliance de Melody. « Ça n’a aucun sens Bogdan, tu vas te ridiculiser. » Trancha son paternel, sur le point d’allumer un cigare. « Sa mère doit être très heureuse en ce moment, tu crois vraiment qu’ils vont t’accueillir à bras ouverts ? Arrêtes de… » Il soupira nerveusement. « Franchement, qu’est-ce qu’il te faut de plus ? Qu’elle se coupe le doigt pour être certaine que tu ne puisses plus lui passer l’anneau ?! Elle a jeté sa bague, c’est pas assez clair pour toi ? » « Qu’est-ce que tu veux dire ? » Demanda le nippon en faisant volte-face, visiblement prêt à monter au créneau. « Tout ce qui te lie encore à Melody ce sont ces papiers que tu refuses de signer. Est-ce que tu t’imagines qu’elle va revenir, se rendre compte du jour au lendemain qu’elle t’aime ? Il n’y a AUCUNE raison pour que les Weaver te laissent entrer chez eux, ce n’est plus chez toi. Tu n’es plus le bienvenu et tu n’es plus leur gendre. Nous sommes tes parents, pas eux. » La colère de Bogdan reprit le dessus et l’aveugla de la même façon qu’elle l’avait aveuglé à l’Allée des Croisades. Il frappa dans le cigare de William et le défia du regard : « Mon sang est aussi lointain du leur qu’il l’est du vôtre. »
Il claqua la porte, laissant ceux qui avaient tout donné pour lui offrir la meilleure vie et la meilleure éducation, hébétés. Quand il aurait retrouvé tous ses moyens, il culpabiliserait… Il aurait envie de se faire du mal pour compenser celui qu’il venait de faire à ceux qu’il aimait le plus au monde. Mais pour l’instant, il roulait déterminé en direction de la maison des Weavers, à un peu plus d’une heure de Norwich. Pourquoi voulait-il s’y rendre ? Pas la moindre idée. Peut-être pour appuyer les propos de William et se rendre compte qu’il avait raison. A moins qu’il n’espère encore avoir la bénédiction de ses beaux-parents… Dans le fond, ce qu’il espérait, c’était y voir Melody. Gatsby ne l’avait pas trouvée chez elle, ni même à l’hôpital. Cette brave bête s’était de nouveau endormie sur le siège conducteur, sous une épaisse couverture.
« Merde. » Souffla Bogdan en constatant qu’il restait paralysé. Inconsciemment, son esprit avait déjà rayé ce porche de ses adresses. Il ne comprenait plus pourquoi il était là ni pourquoi il venait de faire tout ce chemin. La nuit était tombée depuis un moment, il était bientôt 21heures et voilà qu’il s’apprêtait à faire demi-tour. Pourquoi s’était-il imaginé avoir le culot de sonner chez un couple qui n’avait rien demandé ? Pourquoi est-ce que ce portail lui semblait si hostile ? Le sorcier était sur le point de rallumer le moteur de sa coupée cabriolet quand – par un hasard inespéré – la silhouette de Melodie se dessina dans l’obscurité. Elle partait visiblement de la maison de ses parents et son ex-mari ne réfléchit même pas avant de sortir de sa voiture : « Mel ! » L’adrénaline l’envahit et il s’élança vers elle, ne s’arrêtant qu’au moment où son corps frôlait presque le sien. D’ici, il sentait son parfum et sa chaleur... « Bonsoir. » Il tremblait, et ce n’était pas le froid. « Ecoute, je voudrais que tu rentres avec moi, à Norwich. Qu’on parle sérieusement de tout ça et… Et je… » La crainte du rejet grandissait, il serra les dents un instant, incapable de ressentir une once d’empathie de la part de la belle. Comme si toute la tendresse qu’elle entretenait pour lui était enterrée. « Et je suis désolé, mes mots ont dépassés ma pensée. Je ne te reproche rien. Je sais que tu es malheureuse et pardon si je n’ai pas réussi à te donner ce que tu voulais. Mais est-ce que ça vaut le coup d’envoyer tout balader ? Qu’est-ce que t’en penses ? Tu crois que tout est à jeter dans ces 20 dernières années ? 20 ans que je t’ai attrapée » Il sourit « Alors que même mon meilleur pote se moquait de moi, et me disais que c’était impossible. Que j’avais plus de chance de séduire notre professeur de potion de l’époque… Et je te rappelle que c’était un gars, il avait au moins 500 ans. » Son sourire s’évanouit lorsqu’il réalisa qu’elle ne le suivait pas du tout dans ses souvenirs. En fait, elle semblait même à des années lumières de vouloir lui donner une chance. Il recula d’un pas et semblait se concentrer pour ne pas se transformer en un tas de neige boueuse. « Tu… Ne m’aimes plus. C’est ça ? » La question lui déchira les lèvres lorsqu’il la prononça. Elle lui glaça également le cœur et il n’était pas certain de vouloir entendre la réponse. Pas certain de pouvoir supporter une vérité aussi amère.
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Lun 13 Fév 2017 - 22:59
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
Ces vingt-quatre dernières heures avaient été particulièrement longues. Et pourtant, la jolie Médicomage s'en souvenait à peine tant son esprit était resté déconnecté de la réalité. Melody était restée longtemps emmitouflée auprès du feu de l'énorme cheminée, sans toutefois parvenir à se réchauffer. Elle était glacée de l'intérieur. Glacée de se rendre compte que toute cette situation lui glissait entre les mains. Sa petite sœur était venue la trouver dans l'après-midi. Carrie était plus ou moins parvenue à la tirer de sa torpeur, et même à lui arracher un sourire. « Arrête de broyer du noir, Melou. Toi et moi on sait très bien que ce n'est pas de ta faute si … Hm. C'est juste un malheureux coup du destin. Tu n'y peux rien. » La petite sorcière avait tendrement pressé les mains de sa sœur dans les siennes, pour redonner un peu de vie et d'énergie à ce corps complètement inerte. Son sourire s'était quelque peu effacé et ses sourcils s'étaient froncés lorsqu'elle n'avait pas pu s'empêcher de rajouter : « Si Bogdan pense le contraire, alors c'est que tu as fais le bon choix. Ce crétin ne te mérite pas. » Les joues de Carrie s'étaient rosies sous la colère qu'elle dissimula derrière ses lèvres pincées. La sœur de Melody avait le sang un peu plus chaud que cette dernière. Nul doute que les oreilles de son beau-frère siffleraient encore à l'heure actuelle tant elle lui aurait hurlé dessus, si elle l'avait entendu s'adresser ainsi son aînée adorée. Mais Carrie avait dû s'en aller. Emportant avec elle le peu de réconfort qu'elle lui avait procuré.
À présent, ses deux jours de repos touchaient à leur fin. Melody devait rentrer, pour l’hôpital. Certes elle pouvait largement se permettre de prendre une semaine de congés, mais la vérité était qu'elle avait hâte de crouler à nouveau sous le travail. Elle avait besoin de se concentrer à nouveau sur quelque chose de concret, et de quitter cette léthargie qu'elle détestait tant. C'est en se promettant de ne plus se laisser abattre que la jolie sorcière remonta la grande allée entretenue du manoir Weaver. Mains enfoncées dans les poches de son manteau, elle se laissa bercer par la musique régulière que ses talons provoquaient contre les pavés blancs. Pour une fois, elle profita de la fraîcheur de la nuit contre sa peau. Contre toute attente le froid lui faisait du bien, alors même qu'elle avait tenté de se réchauffer la moitié de la journée. Melody se faufila à travers les grilles du portail. Entendre son nom surgir de l'ombre lui parut totalement irréel. Un bruit de portière claqua dans le silence nocturne, bientôt suivi d'une série de pas contre le bitume. Elle fronça les sourcils. Melody n'arrivait pas à y croire. Bogdan était venu jusqu'à l'attendre ici, devant ce dernier sanctuaire où elle était venue se réfugier. Mais que faisait-il ici ? Longuement, la brune l'écouta et le laissa déballer son flot de belles paroles. Ça n'avait rien d'un discours soigneusement préparé. En réalité, ça avait l'air plus chaotique et improvisé qu'autre chose. Elle resta de marbre. Jusqu'à cette dernière question qui lui fit détourner le regard du visage de son ancien amant.
- Bogdan … Depuis combien de temps attends-tu ici ? Demanda-t-elle d'une voix qui laissait paraître une pointe de suspicion derrière une patience feinte, éludant l'interrogation qui la mettait mal à l'aise.
Melody ne parvenait pas à croire que son ex-mari était resté planté là ces deux derniers jours, savamment planqué loin de l'attention de Monsieur et Madame Weaver, et prêt à bondir en travers de son chemin au moindre instant. Comme il venait tout juste de le faire. Elle n'avait pas envie de le voir. À vrai dire, après leur violent accrochage devant la Moufette Enchantée, elle n'était plus certaine d'avoir envie de le revoir un jour de toute son existence. Elle se sentait encore usée d'avoir ressassé ses cruelles paroles toute la nuit. Et pourtant … Pourtant Bogdan s'était excusé.
N'importe qui aurait haussé les épaules, levé les yeux au ciel, et lâché un ricanement désabusé. Demander pardon était si facile. Plus encore que balancer un tas de mots irréfléchis sur un cœur meurtri. De simples excuses ne valaient rien.
La sorcière n'était pas n'importe qui. En vingt ans de couple, elle avait appris la subtilité des rouages complexes qui formaient la personnalité détonante de son mari. Elle pouvait presque anticiper ses réactions, l'intensité de son regard et l'inclinaison de ses lèvres, selon ce qu'elle choisissait de dire devant lui et avec quelle intonation. Alors, mieux que quiconque, peut-être même mieux que William et Natalia, Melody savait qu'il était rare d'entendre Bogdan proférer quelque chose s'apparentant de près ou de loin à des excuses. Lorsqu'il prenait la peine de le faire, c'était sincère. Réellement sincère.
Elle soupira. Quelque chose dans l'aura de Bogdan la poussait à ne pas se montrer trop rigide à son égard. C'était peut-être une prouesse qu'il parvenait à effectuer depuis des années, mais c'était plus extra-ordinaire que jamais au jour d'aujourd'hui. Elle chassa les quelques mèches de cheveux soulevées par le vent qui étaient venu lui chatouiller les lèvres.
- De quoi veux-tu parler ? Je croyais que nous nous étions déjà expliqué, ajouta-t-elle avec une touche de lassitude cette fois.
La présence de Bogdan était pesante. L'obscurité de la nuit lui donnait l'étrange impression d'être coincée avec lui dans un espace confiné. Elle voulait s'extirper de cette situation, et d'un autre côté, elle sentait sa conscience s'alourdir devant les traits désespérés de l'asiatique. Melody ne voulait pas être affreuse avec lui. Sa colère était passée. S'il le fallait, elle lui réexpliquerait encore une fois les raisons de son départ. Malgré tout, elle n'était pas certaine que c'était là ce dont il avait vraiment besoin. Elle savait ce qu'il attendait et espérait. Alors elle décida de mettre doucement un terme à ses illusions.
- Je rentre à Norwich aussi. Mais ma voiture est là-bas, souffla-t-elle en désignant l'ombre des garages extérieurs du manoir. Je ne peux pas la laisser là pour repartir avec toi. Et je dois travailler tôt demain …
Sa voix s'interrompit lorsqu'une série de petits coups donnés contre un carreau se révéla au cœur de la nuit. Melody battit des cils. Là, derrière la vitre du cabriolet, une petite forme s'agitait depuis le panneau de bord.
- C'est … Gatsby ? S'étonna la sorcière, les yeux écarquillés. Sans réfléchir, elle dévissa enfin ses deux pieds du sol pour rejoindre la voiture de Bogdan. Sans lui chercher à lui demander une quelconque autorisation, elle ouvrit la portière du véhicule et attrapa la petite chouette dans ses mains. Tu l'as gardée ? Demanda-t-elle encore, agréablement surprise de retrouver sa vieille amie à plumes. Je croyais que tu ne la supportais pas … ajouta-t-elle d'un sourire attendri avec un brin de plaisanterie. L'oiseau piailla et vint frotter sa petite tête dégarnie contre son poignet, ravie elle aussi de la retrouver. Je crois qu'elle m'avait manquée.
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Jeu 16 Fév 2017 - 21:38
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
Ce manoir, Bogdan le connaissais par cœur. D’ailleurs, plus il grandissait, et plus il lui avait paru énorme. Au début, il voyait cela de l’œil d’un enfant. Aujourd’hui, il visualisait la valeur d’une bâtisse pareille, bien supérieure à celle de leur maison à Norwich. D’un autre côté, ni Melody et ni Bogdan n’étaient à plaindre. La carrière de Medicomage offrait une vie confortable, mais moins encore que celle de sportif professionnel. De l’argent, ils en avaient. Ce n’était pas ce genre de problème qui avait fait pencher la balance vers un divorce imminent.
Les souvenirs se bousculaient dans la tête de Bogdan, comme si son esprit tentait de trouver de quoi retenir la belle brune. Comme s’il y avait un mot de passe quelque part. Il se revoyait lors de sa première année à Hungcalf, plus petit que ses camarades de classe mais déjà très turbulent. Lui qui avait été élevé tel un enfant unique, voilà qu’il s’autorisait tout et n’importe quoi dans le but de provoquer l’hilarité. Ce qu’il désirait, c’était qu’on le remarque. Passer inaperçu et se fondre dans la masse ne l’intéressaient pas. Il se savait le meilleur au Quidditch et avait rapidement attiré tous les regards en sa direction avec les années et les victoires. Les cours, à l’inverse, ce n’était pas tellement sa tasse de thé. « De grandes capacités mais fainéant » répétaient ses professeurs avec sévérité. Parfois, il se prenait des coups de bâton sur les doigts, ou un sortilège de punition. Pour autant, sa témérité ne diminuait pas. Il était un électron libre de la maison Wright. Une petite frappe qu’on réprimandait souvent avec le sourire, tant son imagination et son entrain étaient contagieux. Et puis il y eut ce matin d’hiver où il s’était mis en tête de perturber une salle d’étude. Un silence pesant régnait jusqu’à son arrivée fracassante sur un balais, accompagné de son meilleur ami de l’époque. Il avait fait voler toutes les feuilles, toutes les trousses et toutes les plumes en s’esclaffant jusqu’à ce qu’il soit projeté violemment contre le mur puis directement plaqué sur le sol par un sortilège. Des papiers retombaient mollement autour de lui lorsqu’il trouva le regard courroucé d’une jeune fille. Melody tenait fermement sa baguette et se comporta comme une vraie maman. Elle ordonna à l’autre de foutre le camp avant de se rapprocher de Bogdan et de le contraindre à se relever en l’attrapant fermement par l’épaule. A l’époque, elle était plus grande que lui. Deux ans ça fait une grande différence quand on a respectivement 12 et 14 ans. Le nippon sourit en se remémorant les sentiments contradictoires qui l’ont transpercé à cet instant précis. Il était vexé, déçu et à la fois, il n’avait jamais vu une fille aussi jolie. Croyez-le ou non, mais il venait de tomber amoureux d’elle et comme tout enfant gâté, refusait d’envisager qu’elle puisse ne pas lui appartenir.
Il fallut attendre trois années supplémentaires pour qu’elle se décide finalement à lui accorder un rancard. Clairement, elle l’avait fait pour ne pas lui faire de la peine. Bogdan en était conscient… Mais la magie avait opérée une seconde fois. En demeurant lui-même, il avait réussi à la faire sortir de sa coquille. Il avait entraperçu la vraie personnalité de Melody et en était tombé d’autant plus accroc. Impossible de savoir ce qu’il s’était passé dans la tête de la belle, toujours est-il qu’elle accepta un second rendez-vous, puis un troisième, un quatrième… Ils devinrent absolument inséparables. Enfin… jusqu’à maintenant. « De quoi veux-tu parler ? Je croyais que nous nous étions déjà expliqué » Oui. Elle lui avait tout dit. Elle lui avait expliqué qu’elle voulait un enfant et qu’il n’avait pas cherché à exaucer son vœu. Qu’il ne s’était pas montré concerné par sa détresse et en essuyant déception sur déception, ses sentiments pour lui avaient tari. A l’image d’un lac en plein cagnard. De cette marre, il ne restait qu’une flaque d’eau.
Ce n’était pas suffisant ! Il voulait l’entendre le lui dire. Il voulait qu’elle le blesse une bonne fois pour toute. Qu’elle lui hurle à la figure qu’il n’était qu’un égoïste, un raté, un incapable. Qu’elle lui vomisse tout ce qui pesait sur son cœur, tout ce qui – avec les années – avait gangréné leur relation. « C'est … Gatsby ? » Demanda-t-elle à la place, en se précipitant en direction de la voiture. Bogdan fit un tour sur lui-même pour la suivre du regard mais finit par la rejoindre lorsqu’elle prit le volatile dans ses bras. « Je croyais que tu ne la supportais pas … » Souffla-t-elle en sa direction, avant d’ajouter « Je crois qu'elle m'avait manquée. » « Et moi je te manque ? » Rétorqua son époux du tac o tac, sans rien attendre en retour. « Melo… » Il recula d’un pas, glissa une main nerveuse dans ses cheveux puis se ré avança sensiblement. « Donne-la-moi. » Il enveloppa Gatsby dans sa couverture et la reposa délicatement sur le siège passager. Il était hors de question que cette chouette lui vole la vedette, aussi adorable soit-elle. Ce qu’il voulait, c’était une réponse claire. Pas un amatis de phrases toutes faites et opaques. « Pourquoi tu ne me le dis pas ? – il posa sa main sur sa joue et planta ses yeux bridés dans les siens. – Pourquoi tu ne me dis pas que tu ne m’aimes plus ? C’est facile… » Son front frôlait le sien, son autre main se déposa sur sa taille et il inclina légèrement son visage. « J’ai envie de te faire l’amour… » Souffla-t-il finalement en scellant sa confession d’un baiser tendre. Un baiser brûlant qui tranchait avec cette nuit glaciale. Le cœur de Bogdan s’envolait. Il battait si fort qu’il n’aurait pas été étonnant que Melody le sente également. Une vague de chaleur le traversa de la tête aux pieds et il se surprit à prier sincèrement pour que ce moment ne finisse pas. Qu’elle prolonge leur baiser et qu’elle se laisse aller dans ses bras.
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Ven 17 Fév 2017 - 23:18
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
Elle eut envie de protester quand Bogdan lui retira la chouette des mains. Elle ouvrit même la bouche dans cette optique, mais fut subitement réduite au silence devant ses yeux et son insistance. Ses lèvres se scellèrent aussi fermement qu'un tombeau. Était-ce vraiment le poids des paroles réclamées qui l'enfonçait dans un mutisme entêté ? Ou plutôt cette distance qu'il grignota petit à petit, mais qui finalement la prit totalement de court ? Les prunelles claires de Melody ne quittèrent pas une seule seconde le regard ébène de Bogdan lorsqu'il s'approcha assez près pour lui faire ressentir sa présence jusqu'au plus profond de sa chair. Son souffle s'interrompit. Son cœur s'arrêta. Et le baiser l'effleura. L'épiderme entier de la sorcière vibra sous ce simple geste, comme si ces deux dernières semaines s'étaient révélées bien plus tristes et amères que ce qu'elle se laissait penser. Comme si le contact de l'asiatique lui avait manqué. Melody fronça les sourcils sur ses paupières désormais closes, sans parvenir à se détacher de ce moment. Elle se revoyait dix jours plus tôt. Elle se revoyait se laisser aller à cette même erreur, à cette même folie. Céder sous la douceur des doigts de son mari, céder à l'intensité de son regard, céder au timbre chaud de sa voix. Elle se revoyait culpabiliser le lendemain. Rassembler ses affaires en silence malgré le chaos de son cœur, et s'envoler dans un coup de vent. Sans un regard en arrière. Cruelle qu'elle était. Melody gémit contre ses lèvres. "Je ne t'aime plus. Tu ne peux pas faire ça ici." Pourquoi ces mots étaient-ils si durs à prononcer ? Pourquoi sa langue trouvait-elle si compliqué de se délier, alors que son bas-ventre réagissait si facilement face à ces confessions maudites ?
Ses mains s'élevèrent entre eux et vinrent délicatement se poser contre le torse de Bogdan. D'une infime impulsion, Melody lui fit comprendre qu'il était temps de la libérer. Le baiser se rompit, elle retrouva peu à peu ses esprits. Elle ne chercha pas à surprendre une quelconque réaction sur le visage de son ex-mari. Son attention était perdue quelque part derrière lui. Au fond de la nuit, le ronronnement apaisé d'un moteur s'entendait à peine. Deux phares se reflétèrent dans les iris de la jolie brune. Sa poitrine se souleva subitement, comme si Melody venait soudainement de recommencer à respirer. Une légère grimace déforma brièvement ses traits.
- C'est ma mère, souffla-t-elle tandis que l'élégante silhouette d'une voiture se dessina de l'autre bout de la route.
Sans attendre, elle se saisit du bras de Bogdan et tourna les talons pour l'entraîner dans son sillage. C'est sans explication qu'elle quitta la stabilité de la chaussée pour affronter le terrain non entretenu autour du mur bordant la propriété de la famille Weaver. Elle tourna l'angle de la haute muraille et fila dans l'ombre avant que la lumière jaunâtre des phares ne surprenne sa présence dans le noir. Tout était si clair pourtant. Elle ne voulait pas que sa mère les trouve là. Si ce n'était pas le fait qu'ils se soient embrassés, la sorcière n'avait tout simplement pas le courage d'expliquer ce que Bogdan faisait ici. Elle n'avait pas envie de se justifier sur le pourquoi elle s'était arrêtée pour lui parler. Et par-dessus tout, elle ne souhaitait tout simplement pas que Madame Weaver se retrouve nez à nez avec l'homme qui n'avait pas su combler sa fille. Elle préférait encore se cacher, aussi ridicule soit-elle.
Le véhicule se gara près des garages. Melody ne s'en faisait pas. Sa mère revenait de sa traditionnelle visite chez une vieille amie, et elle avait sûrement ingurgité bien trop de kir pour pouvoir conduire. Bien trop en tout cas pour s'étonner de la voiture toujours en place de Melody, et de celle de son gendre stationnée dans l'obscurité. Les talons de ses escarpins raisonnèrent dans la rue muette. Dos plaqué contre les briques glacées, la sorcière tendait l'oreille pour situer l'évolution de sa mère en direction du grand portail lorsqu'un peu d'agitation à ses côtés la força à brutalement tourner la tête. Elle ne savait pas trop ce que fabriquait Bogdan, s'il essayait de les mettre à découvert ou s'il venait juste de glisser. Il faisait bien trop sombre pour y voir correctement à plus de deux pas. Sans chercher à comprendre, elle lui lança un regard menaçant et lui intima un « tais-toi » articulé sans un bruit. Pour mieux appuyer ses intentions, elle glissa une main contre sa mâchoire et calqua un pouce déterminé contre sa bouche pour le pousser au silence.
Les secondes s’effilèrent, et le claquement régulier des talons aiguilles s'éloignèrent derrière les murs. De tout ce temps, les yeux mécontents de Melody ne lâchèrent pas l'asiatique un seul instant. Une foule d'émotions semblèrent défiler derrière ce minois pincé et contrarié. Puis soudain, ses doigts s'agitèrent sur la mâchoire de l'ancien joueur de Quidditch pour agripper sa nuque. N'y tenant plus, elle fit un pas en avant et écrasa ses lèvres contre les siennes. C'était violent et tendre à la fois. Passionné et désespéré. Avec toute la force de son énergie, elle lui rendit ce baiser qu'il avait osé lui voler juste à l'instant. Juste avant de se détacher sans crier gare et de le repousser sans ménagement.
Melody inspira un grand coup. Ses joues étaient rouges, ses cheveux quelque peu décoiffés. Elle pétillait de colère.
- Tu m'as humiliée en public il n'y a même pas deux jours. Comment peux-tu prétendre une chose pareille aujourd'hui ? Siffla-t-elle, en proie à un conflit intérieur qui l'irritait et la frustrait bien plus qu'autre chose.
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Sam 18 Fév 2017 - 14:49
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
Bogdan venait de pulvériser ses cendres dans un élan de courage. Comme un phénix, il déployait ses ailes et frappait l’air. Ce baiser, cela faisait dix jours qu’il en rêvait. Dix jours qu’elle avait quitté leur domicile conjugal pour la dernière fois, après une nuit pourtant chaude et gorgée d’amour. A ce moment-là, impossible de décrire ce que le sorcier avait ressenti en glissant le revers de sa main à la place de Melody, n’effleurant que le vide et un drap froid. Lui-même avait préféré enterrer ce souvenir très loin au fond de son esprit, comme un traumatisme enfouit. Sa raison de vivre l’avait laissé alors qu’il s’était endormi serein, convaincu d’avoir réussi à réveiller les sentiments de Melody. Plus qu’une déception, c’était la sensation d’un couteau enfoncé entre ses omoplates qui le hantait. Bogdan avait vécu cette matinée comme une trahison, un mensonge. En se redressant, il était resté de longues minutes le visage enfouit dans sa couverture, oscillant entre pleurer et rire aux éclats. Finalement, son cœur fendu refusa de choisir et il demeura silencieux, ravalant sa fierté, son amour-propre ainsi que ses milliards d’illusions.
Mais là. Là maintenant. Maintenant que ses émotions l’avaient emporté sur sa raison et que ses lèvres avaient emprisonnées celles de Melody. Maintenant qu’il tenait son beau visage entre ses mains et qu’il goutait une fois de plus à son subtil parfum… Il était invincible. Avec elle, il déplacerait les montagnes et supprimerait la faim dans le Monde. Avec elle tout était possible. Bien sûr, il la connaissait par cœur. Il savait qu’elle était en train de se débattre intérieurement pour mettre fin à cet instant de faiblesse. Il savait aussi qu’elle était capable de lui envoyer sa main au travers de la figure d’une seconde à l’autre, puisqu’il le méritait peut-être. Des mois qu’elle attendait les papiers signés du divorce, et tout ce que Bogdan trouvait à faire c’était la torturer d’avantage. La pousser jusque dans ses retranchements et manipuler sa volonté. Cependant, il n’était pas un mauvais garçon… Aussi, lorsqu’il sentit ses deux mains minuscules pousser contre sa poitrine, il se recula et rompit leur baiser. « C'est ma mère » Le sorcier n’avait pas encore répliqué quoi que ce soit qu’il sentit la poigne de Melody s’enrouler autour de son bras et le trainer précipitamment à l’intérieur du domaine Weaver, dans la pénombre de ses murs et de ses buissons glacés. Plus à l’aise sur un balai que sur ses pieds, il manqua plusieurs fois de trébucher et finit même par buter sur quelque chose au moment où le silence était de rigueur. Il ravala un « Aï » pourtant légitime et vit le regard courroucé de la belle se planter sur lui avec la violence d’une fourche. Il entrouvrait la bouche dans le but de se justifier – et de râler – tout bas mais la paume de sa femme s’abattit sur ses lèvres, lui intimant clairement de la boucler.
Ah… Madame Weaver. Lorsque les yeux de Bogdan trouvèrent la silhouette élancée de sa belle-mère, il ravala sa salive. Cette femme était plus ou moins son épouvantard. En plus de lui avoir rendu la vie impossible une bonne partie de son adolescence, ses nombreuses réflexions à son égard continuaient de le hanter. Physiquement, c’était une femme d’un certain âge que l’on devinait avoir été magnifique. Une femme possédant une poigne de fer et un caractère insubmersible. Bien entendu, les années avaient fait leur travail et elle s’était grandement adouci envers Bogdan. Plutôt que de le fusiller du regard, elle le prenait pour un genre de phénomène de foire. Un garçon étrange qui – elle ignorait encore par quel sortilège – était parvenu à séduire sa fille ainée. Ça, elle ne le lui pardonnerait jamais, c’était évident. D’ailleurs, elle devait se réjouir de leur situation actuelle… Contrairement à Monsieur Weaver, lequel portait une profonde affection à son gendre.
Un baiser plus violent que le premier arracha Bogdan de ses songes. Melody s’était agrippée à lui et il plaqua ses mains sur les siennes par reflexe, comme s’il redoutait qu’elle lui fasse du mal. Du même coup, elle réveillait l’excitation du jeune homme et la multipliait considérablement. Si bien que lorsqu’elle le repoussa – encore – contre le mur, il ne l’entendit pas de cette oreille. « Tu m'as humiliée en public il n'y a même pas deux jours. Comment peux-tu prétendre une chose pareille aujourd'hui ? » N’y tenant plus il captura la tignasse brune de la belle dans sa main et épousa la forme de son cou avec sa bouche. Entre deux soupirs il reprit le contrôle de la situation et la plaqua à son tour sur ce pauvre muret qui n’avait rien demandé à personne. « Merde, t’es tellement belle. » Il mordit ses lèvres charnues « Tu me rends dingue. » Encore et encore c’est à peine s’il lui laissait le temps de reprendre son souffle. « Tes parents laissent toujours la porte de l’arrière cuisine ouverte ? » Il sourit, espiègle, sa voix était rauque. C’était à son tour de l’entraîner dans sa course. En quelques secondes, ils parvenaient jusqu’à cette fameuse porte. Toutes les lumières du rez-de-chaussée étaient éteintes, Bogdan en déduit que les Weaver avaient rejoints leur chambre.
Là, tout de suite, il se moquait de tout. Qu’un troupeau de journalistes les voient s’envoyer en l’air ou même que ses beaux-parents les surprennent… Toutes ces idées étaient à des années-lumière de le perturber. Le sexe dans leur couple avait toujours eut une place importante. Depuis cette nuit où ils s’étaient offert l’un à l’autre pour la première fois, en toute discrétion, il ne se passait pas longtemps avant que l’un ou l’autre ne décide de remettre le couvert. Il y avait une symbiose incontestable, un désir transcendant qui rendaient leurs ébats parfois tendres, parfois carrément bestiaux. Ces deux dernières années, Melody s’était clairement éloignée de son amant et ce dernier avait été victime d’un grave accident de Quidditch, si bien qu’il ne le réalisa pas dans l’immédiat. Il essuya de plus en plus de rejets et le vivait très mal, faisant éclater des disputes où chacun rejetait la faute sur l’autre. Il ne comprit que bien plus tard les raisons qui poussaient Melody à se préserver. Pour autant, il n’avait pas la volonté de l’aider et restait convaincu que sa ‘petite déprime’ s’en irait comme elle était venue. Qu’elle ferait une croix sur cette idée d’enfant et que leur couple s’en sortirait plus fort. Quelle idée…
La porte à peine refermée, les deux sorciers se jetaient l’un sur l’autre et se dévoraient avidement. D’un point de vue extérieur, on pouvait croire qu’ils se blessaient l’un l’autre et c’était peut-être un peu le cas… Mais ce qu’ils voulaient surtout c’était reprendre l’ascendant l'un sur l’autre, menant une danse effrénée rythmée par leurs souffles. Bogdan était plus puissant qu’elle depuis bien longtemps. C’était terminé l’époque où elle pouvait presque le soulever d’un seul bras et l’entreposer où elle le souhaitait. Maintenant, il faisait une tête de plus qu’elle et sa force s’était décuplée. Ce constat était toujours amusant, et le nippon la provoquait du regard avant de la soumettre à ses caresses. Il n’espérait rien, c’était différent de la dernière fois. Il était conscient qu’ils répondaient tous les deux à leurs instincts les plus basiques. Qu’ils voulaient faire l’amour pour libérer une partie de leur frustration, de leur colère. Qu’il y avait de l’amour mais aussi de la rancœur. Melody avait tant de raisons d’en vouloir à son amant qu’il était étonnant que leur mariage ait tenu aussi longtemps. Jamais il ne l’avait trompé, mais il se comportait parfois de façon tellement égoïste – notamment à l’époque où il était le chouchou de ces dames au Quidditch – qu’il en oubliait ses sentiments. Cette nuit, c’était un regard gorgé de désir qu’il lui offrait. Allongé sur elle il ignorait le sol qui heurtait ses coudes et ses genoux, il ignorait le bruit de leurs gémissements et les quelques babioles qu’ils avaient fait tomber dans leur élan. Tout ce qu’il voyait, c’était peut-être la dernière fois. La dernière fois qu’elle serait nue contre lui, offerte. La dernière fois qu’elle aurait ses bras enroulés autour de sa nuque. La dernière fois qu’elle lui soufflerait dans l’oreille, qu’elle le supplierait de lui faire du bien. Cette idée était insupportable mais Bogdan était incapable de la chasser de son esprit.
Leurs corps vibraient, à bout de souffle et brûlants. Se séparer de Melody lui demanda un effort phénoménal mais elle détestait être étouffée par son poids lorsque leurs ébats étaient terminés. Alors il la libéra et s’allongea à côté d’elle, ne sachant pas ce qu’elle avait décidé. Ni ce qu’elle allait lui dire. Une chamaillerie pouvait éclater à tout instant, mais il pouvait également ne rien se passer. Elle allait peut-être partir et le laisser tomber là, ou lui demander de s’en aller sur le champ. Toutes ces suppositions lui donnaient le tournis. Bogdan se redressa et posa machinalement sa main sur le ventre de sa femme. Dans son regard, l’insécurité était revenue. « J’ai besoin de savoir… » Il semblait hésiter, confus. « Est-ce que tu m’aimes encore ? Ou est-ce que je m’acharne sur quelque chose de déjà mort ? » Une nouvelle pause, et il se mordillait la lèvre. « Si tu as encore une once de respect envers moi, alors réponds je t’en supplie. » Libère-moi.
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Dim 19 Fév 2017 - 21:20
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
Sa peau était délicieusement chaude. Son cœur frappait régulièrement contre sa poitrine, lui donnant le véritable sentiment d'être en vie. Entière. Elle se sentait épuisée. C'était une fatigue savoureuse, un abandon complet qui relâchait le moindre de ses muscles comme à chaque fois qu'ils faisaient l'amour. Elle était vidée, et complètement apaisée. Paupières closes, elle inspira une longue goulée d'air. Elle sentait le froid mordant du carrelage contre son dos pénétrer peu à peu les fibres de son corps. Elle sentait les odeurs familières qui flottaient depuis des années dans l'air de cette cuisine. Elle sentait encore l'étreinte ardente de son amant autour de tout son être. Melody se demanda si elle s'était déjà endormie. Puis, elle sentit la caresse de Bogdan contre son ventre. La réalité reprit pleinement ses droits dans son esprit. Elle frémit là où les doigts de l'asiatique s'étaient posés. Son épiderme se hérissa, se recouvrant d'une incontrôlable chair de poule, et soudain elle eut froid. Elle resta de longues secondes figée, le regard scotché sur un point pourtant invisible au plafond. La pièce était gavée de pénombre. Seuls les éclats argentés d'une Lune parfaitement ronde parvenaient à plus ou moins éclairer leurs silhouettes nues depuis l'extérieur. La question de Bogdan demeura un long moment en suspens dans sa tête. « Est-ce que tu m’aimes encore ? » Cette simple interrogation l'écrasait du lourd poids d'une solitude incompréhensible. Comme si elle avait conscience que la réponse allait impacter pour toujours la présence d'un peu d'amour dans sa vie. Il ne la laissera pas s'enfuir éternellement devant sa requête. Bogdan était têtu, d'autant plus qu'ils savaient tous les deux que sa demande était légitime. Un infime soupir filtra à travers ses lèvres encore marquées ses baisers empreints de désir. Elle bougea enfin, et roula sur le côté pour lui tourner le dos.
Avec son mouvement, la main de Bogdan glissa tout naturellement au creux de sa hanche. Son contact laissait à présent une drôle de sensation sur sa peau. Pour autant elle ne fit rien pour s'en débarrasser. La sorcière déglutit. Sa quiétude s'en était allée. Instinctivement, ses yeux cherchèrent dans le noir quelque chose de rassurant. Derrière elle, elle pouvait presque sentir les deux yeux perçants de l'ancien joueur de Quidditch vissés résolument sur sa nuque. Est-ce qu'elle l'aimait encore ?
- Je ... ne sais pas, déclara-t-elle d'un timbre un peu enroué. Elle tendit le bras devant elle pour récupérer l'une de ses affaires échouée là. Elle se sentait bien trop découverte maintenant. Une boule désagréable s'était formée au fond de sa gorge. Malgré toute sa volonté, Melody ne parvint pas à la chasser. Sûrement que non, ajouta-t-elle tandis que quelque chose se pinça amèrement au fond d'elle.
Elle ignorait ce qui la rendait le plus triste. Se rendre compte que tant d'années d'amour filaient en fumée entre ses doigts peut-être. Ou encore percevoir les sentiments blessés d'un homme qu'elle ne voulait malgré tout pas voir partir. Elle pressa le vêtement contre sa poitrine, mais ne parvint pas à mettre dès lors un terme à la discussion. Elle roula sur l'autre flanc, acceptant de nouveau de faire pleinement face à son amant. Elle leva de grands yeux mouillés vers les siens, plongeant sans la moindre hésitation au cœur de cet océan noir. Elle aurait aimé lui dérober un peu de sa chaleur, mais ne s'y résolu pas.
- Mais qu'est-ce que ça change ? Souffla-t-elle tout bas pour voiler l'émotion de sa voix. Ça n'a plus vraiment d'importance. Nous n'avons plus la même vision de l'avenir. Nous avons tous les deux pris un chemin différent, c'est … seulement la réalité.
Elle se tut. La maison était tellement silencieuse autour d'eux, muette comme une tombe, comme si elle avait déjà accepté de garder le secret de ce qui s'était passé entre eux. La sorcière scruta encore un instant le fond des prunelles obscures face à elle, avant de se redresser assise, résignée. Elle passa ses longs bras autour de ses jambes repliées et posa son menton sur ses genoux.
- Je ne dis pas que tout est à jeter dans ces vingt dernières années, soupira-t-elle en reprenant les mots qu'il avait utilisé tout à l'heure. Ce n'est pas tant le passé qui pose problème, mais ce qui va se passer dans le futur.
Ou ce qui ne se passera pas, ne put-elle s'empêcher d'ajouter pour elle, silencieusement. Elle releva la tête pour lui lancer un nouveau regard, plus dur que précédemment.
- Je n'imagine pas le reste de ma vie sans fonder une famille. Ce n'est pas une charge acceptable pour tout le monde, je le conçois. Il faut savoir regarder plus loin que sa propre personne. Ses yeux roulèrent un bref instant vers le ciel, trahissant ce soupçon de rancœur qui ne l'avait finalement pas longtemps quitté. Elle était lasse de lui reprocher les mêmes choses, il avait probablement percuté le sous-entendu sans qu'elle ne prenne la peine de se montrer plus explicite, ni plus frontale. Mais je me débrouillerai pour avoir cet enfant. Avec ou sans toi, finalement j'ai retiré ce détail de mes priorités.
- InvitéInvité
Re: Don't you DARE telling me that you like this kind of guy [PV Melody]
Mar 21 Fév 2017 - 20:38
Don't you DARE telling me that you like this kind of guy
« Je ... ne sais pas » Le visage de Bogdan s’assombrit. Evidemment, il s’en doutait. Melody était une femme trop généreuse pour se jouer de ses sentiments. Pour feinter la colère simplement dans le but de faire réagir son amant. Trop mature pour rentrer dans ce type de conflit stérile. Trop intelligente pour ne serait-ce qu’y penser. Elle était parfaite… Et elle ne l’aimait plus. « Sûrement que non » Ce n’était qu’une question de temps avant que l’orage éclate. Madame Weaver l’avait souvent dit. Pourtant, le sorcier s’était sentit parfaitement intégré à cette famille qui était comme la sienne. Il avait passé tellement de temps avec le frère de Melody qu’il en devenait son meilleur ami. Tellement d’heures à jouer avec Monsieur Weaver, que ce dernier le considérait comme son propre enfant. Il était dynamique, drôle, vif d’esprit. Mais il était également un égoïste, un imbécile, un sale con.
Le reste du discours de Melody le traversa comme un spectre glacial. Elle parlait mais il n’entendait rien. Elle tentait maladroitement de se rhabiller et il fit de même… Attrapant mollement son pantalon. Son estomac était noué, sa gorgé serrée et son cœur s’était caché derrière un mur de glace. Par crainte de perdre encore ses morceaux. Un son continu transperçait ses oreilles. Un son étouffé, désagréable. Le silence régnait dans la cuisine mais Bogdan avait envie de hurler pour que quelqu’un vienne le libérer de ce bruit. Recouvrant peu à peu son mental, il se redressa sans plus poser le moindre regard à celle qui avait partagé sa vie de si longues années. Celle qui l’avait vu grandir, s’épanouir, pleurer, rire, hurler, mourir de plaisir et vivre, tout simplement. Celle qui – il le croyait dur comme fer – lui arrachait ce soir une moitié de sa personne. Cette part de lui, de bonheur et d’assurance, qui laisserait sa place à des démons longtemps étouffés. En effet, le sorcier n’avait jamais eu à vivre seul. A 15 ans, il avait ses parents qui lui cédaient tout, ses désirs comme ses caprices. Puis à 25 ans, c’est Melody qui avait pris le relai. Qui lui avait fourni un équilibre et le portait tendrement au fil des mois et des années. Quand il baissa les yeux, le jeune homme réalisa que le sol venait de disparaître sous ses pieds. Sa main se porta au premier meuble qu’il trouva et i secoua la tête pour ne pas se laisser traîner par ses angoisses. C’est à ce moment-là qu’il entendit les derniers mots que la belle lui adressa. Froide, gorgée de reproches. « Mais je me débrouillerai pour avoir cet enfant. Avec ou sans toi, finalement j'ai retiré ce détail de mes priorités. »
Bogdan se retourna lentement pour lui faire face. Elle était toujours assise sur le sol et s’empressait de boutonner son chemisier. Son visage n’était éclairé que par le pâle reflet de la lune. Il ressemblait à un fantôme, et c’était peut-être ce qu’elle venait de faire de lui. Le fantôme d’une vie révolue. D’une relation brisée par l’ilotisme et le silence. Il ressemblait à une de ces peintures affichées dans les couloirs d’Hungcalf. Celle d’une dame condamnée à pleurer éternellement son époux perdu en mer. « Si c’est à cause de cet enfant que tu t’en vas… » Souffla finalement Bogdan, balayant la pièce sombre d’un regard vide de toute émotion. « … Alors je le déteste. » Il appuya ses paroles d’un geste brutal de la main puis serra la manche de son manteau. Oh que oui… Ce bébé n’était même pas né qu’il le haïssait déjà. Il aurait souhaité l’étrangler, le secouer, le noyer… Il voulait éliminer cette idée de la tête de Melo mais c’était terminé. Voilà qu’elle venait de remplacer son époux par une idée fixe. Sur le trône de son cœur, gisait un bambin dégueulasse. La baguette du sorcier le démangeait. S’il venait à croiser ce ramasse-miette d’empaffé d’Alan, il lui ferait ravaler son sourire d’homme parfait. Avec ses cheveux parfaits, son pantalon parfaitement repassé et ses dents parfaitement alignées. MERDE !!!
« Tu auras les papiers signés la semaine prochaine. » Lâcha-t-il finalement, d’une voix qui se voulait sûre d’elle, et pourtant brisée par le mal. Sans ajouter quoi que ce soit, l’asiatique appuya sa main sur la clenche et sortit du manoir, convaincu qu’il touchait ces marches pour la dernière fois.