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[Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Mer 24 Mai 2017 - 12:02
La Scapulomancie
Cours premier de Divination
La salle de cours s'était métamorphosée pour accueillir les élèves qui avaient eu l'intelligence de sélectionner l'option de la divination. Les tables et les bancs avaient été poussés contre les murs pour être remplacés par des poufs bariolés et confortables, ainsi que des petits plateaux surélevés, en bois, sur lesquels étaient étendus un tissu mauve, recouvrant une forme qui provoquait différentes réactions chez les élèves.
Il y en avait bien un ou deux qui avaient soulevé l'étoffe afin de satisfaire leur curiosité, mais les autres s'étaient abstenus de le faire. Je regardais leurs visages et c'était comme lire dans leur esprit. Tous se disaient "Qu'est ce que ça va être encore ?" dans toute la palette de nuances possibles, du ton le plus enjoué à l'expression la plus dédaigneuse.
J'ajustais mon petit veston brun et je m'éclaircis la voix avant de prendre la parole. Mes chers élèves, je vous souhaite la bienvenue dans ce premier cours de divination et, pour certains, de belles retrouvailles avec ce noble art.. Je fis une petite pause assortie d'un sourire, pour marquer un effet dramatique.
Aujourd'hui, nous allons revenir sur les bases de la divination. Qu'est ce que la divination ? demandais-je rhétoriquement. Emporté par le feu habituel qui s'embrasait en moi à l'évocation de ces questionnements, je repris instantanément, sans laisser à quiconque l'occasion d'y trouver une réponse. Attention ! Celui qui me dit qu'il s'agit du don de voir l'avenir, je le change en furet ! Oui, j'ai un soucis avec le concept de don. Voyez-vous, le terme "don" évoque, à mon sens, une capacité innée, hors norme, quasiment divine, que, nous autres, pauvres mortels, ne pouvons que rêver de posséder...
Je voyais des regards perplexes, des regards que ma digression avait perdu en chemin et d'autres accrochés à chacune de mes paroles. Une classe normale, en somme. Alors, pourquoi êtes vous ici ? Pas pour obtenir un don de divination, non. Vous êtes ici pour développer votre sensibilité, vous êtes ici pour travailler votre capacité à chercher des signes et à les interpréter en vous servant de votre sensibilité... Alors pour ce premier cours, je me suis dit que nous allions remonter au temps des premiers hommes et pratiquer une forme de divination primitive : la Scapulomancie !
Il manquait, à la fin de ce discours que j'avais pointilleusement préparé à l'avance, un "tadaaaa!" enjoué lorsque je fis virevolter ma baguette et que les tissus s'envolèrent, laissant apparaître devant chaque élève une série d'omoplates jaunâtres de bonne taille : une omoplate de cheval. Là encore, les réactions variaient : ils y avait ceux dont le cheval était l'animal préféré qui auraient d'ailleurs préféré être ailleurs, il y avait ceux qui se demandaient ce qu'ils allaient bien pouvoir faire avec ce truc et ceux qui consolidaient leur opinion intérieure, celle qui leur disait que la divination, "c'était vraiment trop chelou pour moi".
- Spoiler:
Plus spécifiquement, il s'agit de Pyroscapulomancie. Toutes les civilisations au Monde, qu'il s'agisse de communautés moldues ou de communautés sorcières, sur tous les continents, ont eu recours à la même forme de divination pendant des siècles. Ils utilisaient les os d'animaux qu'ils jetaient dans le feu. L'extrême chaleur faisait éclater la couche extérieure de l'os et on pouvait alors y voir se dessiner des formes, des lettres, des craquelures plus ou moins régulières qu'il suffisait ensuite d'interpréter pour obtenir une information sur l'avenir ou sur soi-même.
Je brandis une nouvelle fois ma baguette et la dirigeais vers le centre de la pièce. Un feu d'origine magique s'embrasa instantanément. Il ne produisait aucune fumée et il ne risquait pas de se propager dans l'enceinte de l'établissement. Par contre, la chaleur était réelle et il était possible de se brûler en cas d'inattention.
Je vous propose donc de faire léviter votre omoplate de cheval dans ce feu avec une grande précaution, puis d'attendre quelques instants que l'os se craquelle. Dès que vous sentez que c'est le bon moment, vous pourrez récupérer votre os en le faisant léviter et vous pourrez essayer d'interpréter les craquelures qui s'offriront à vous. Attention, contrairement aux disciplines comme la tasséomancie, la scapulomancie provient d'une tradition ancestrale et orale : il n'y a donc pas de "guide" ou de support pour l'interprétation qui vous dira qu'une croix veut dire "truc" ou qu'une silhouette d'homme veut dire "machin". Fiez-vous à votre sensibilité ! Afin de montrer l'exemple, je fis léviter l'omoplate dans le feu en premier, puis, j'attendais que les élèves m'imitent avec un sourire patient et satisfait de mon introduction.
De plus, j'aimais secrètement entendre les os crépiter dans les flamme, un son qui symbolisait, pour moi, l'ouverture vers un champ infini de possibles.
A vous !
- Je vous invite à poster votre expérience de scapulomancie, ce que vous interprétez, vos difficultés, vos ressentis, vos doutes, vos certitudes, votre avis sur la méthode, etc. Je répondrai aux RP dans lesquels des questions me seront posées ou dans lesquels un élève me demande à l'aide. Bon courage !
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Inventaire Sorcier
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Lun 29 Mai 2017 - 17:30
Cours de Divination
La Scapulomancie
Assise au fond de la classe, je m’égarai dans les méandres de mon esprit prolifique tandis que mes camarades s’installaient de part et d’autre de la salle de cours. Cela faisait plusieurs minutes que j’étais là, devant cette table ronde à fixer la nappe qui recouvrait une forme étrange. Je ne pouvais m’empêcher de la fixer en me demandant de quoi il pouvait bien s’agir. Mais je n’eus pas le courage de lever le tissu qu’il la recouvrait. Si j’avais peur ? Non, pas vraiment. Je préférais seulement m’imaginer toutes sortes de choses. N’étais-ce pas plus amusant ainsi ? Un sourire étira doucement mes lèvres tandis que j’entendais le grincement strident des tabourets bigarrés sur le sol. Les derniers retardataires étaient arrivés et le cours allait bientôt commencer.
Je n’avais toujours pas relevé les yeux lorsque la voix familière du professeur Tomlin entama sa mise en scène. J’écoutais seulement d’une oreille distraite, me demandant encore et toujours ce qu’il pouvait bien se cacher là-dessous. Une créature magique ? Un objet loufoque comme notre cher professeur appréciait tant ? Le sourire qui s’était figé sur mon visage s’étira d’autant plus à cette idée. De toute manière, quoi que cela puisse être, j’étais certaine qu’on allait encore passer un bon moment.
Bien que je ne fusse pas spécialement douée pour la divination, cette matière avait le don de me fasciner. Il avait le don de me fasciner. La façon dont il avait de nous expliquer les choses, cet air si jovial et passionné qui se dessinait sur son visage alors qu’il agitait sa baguette dans tous les sens, cette manière dont il avait de nous regarder avec cette franche intensité… Augurus était un homme comme on en voit peu. En vérité, c’était le genre de personne qu’on ne croisait qu’une fois dans sa vie. Le genre de personne qui gagnait à se faire connaitre et découvrir. Mais peut-être qu’au fond, je n’étais pas objective ? Une bouffée de chaleur monta soudainement en moi, rosissant au passage mes joues rondes et rebondies. Gênée, je remettais une mèche de cheveux derrière mon oreille et m’enfonçai un peu plus sur mon tabouret tandis que je regardais autour de moi. Ouf. Personne ne m’avait remarqué.
La plupart des étudiants assis au fond de la classe dormaient paisiblement. Ceux assis tout devant étaient suspendus aux lèvres de la vielle branche et ceux au milieu, essayaient tant bien que mal de suivre la longue tirade du professeur. Moi, j’étais assis au fond de la classe, près de la fenêtre. C’était ma place. Celle que je m’étais attitré dès le début de l’année afin de pouvoir contempler le ciel à loisir. Non pas que le cours ne m’intéressait pas, bien au contraire, mais j’avais ce besoin viscéral de pouvoir m’évader quelques instants en regardant au-dehors. Surement mon côté tête en l’air. Je reportais enfin mon attention vers Augurus tandis que celui-ci, d’un rapide et élégant coup de baguette, allumait un feu en plein milieu de la pièce. Mais à quoi jouait-il pensais-je en relevant un sourcil. « Je vous propose donc de faire léviter votre omoplate de cheval dans ce feu avec une grande précaution, puis d'attendre quelques instants que l'os se craquelle. Dès que vous sentez que c'est le bon moment, vous pourrez récupérer votre os en le faisant léviter et vous pourrez essayer d'interpréter les craquelures qui s'offriront à vous. Attention, contrairement aux disciplines comme la tasséomancie, la scapulomancie provient d'une tradition ancestrale et orale : il n'y a donc pas de "guide" ou de support pour l'interprétation qui vous dira qu'une croix veut dire "truc" ou qu'une silhouette d'homme veut dire "machin". Fiez-vous à votre sensibilité ! »
Bon sang, une omoplate de cheval ? Béate, je découvrais enfin cette forme étrange et la caressai du bout des doigts. Merlin, quelle sensation étrange… On aurait dit du velours ! Malgré ses aspérités disgracieuses qui s’étalaient aléatoirement sur la longueur, cet os étant étrangement doux. « Whouaw … » Murmurais-je à voix basse tandis que formulai silencieusement un petit wingardium leviosa. L’omoplate s’éleva doucement et flotta mollement dans l’air tandis que je m’approchai prudemment du feu, à l’instar de mes camarades. Une fois arrivée à proximité, je cherchai du regard la branche qui se tenait seulement à quelques mètres de moi. Là, je m’autorisai une petite remarque ponctuée d’un malicieux sourire en coin : « La scapulomancie hein ? Très intéressant professeur ... ». Puis, je plongeai délicatement mon omoplate dans le feu, comme il nous l’avait indiqué. Il fallait bien avouer qu’Augurus avait le chic pour ne rien faire comme les autres. Et c’est ce que j’aimais d’autant plus chez lui. Je savais qu’il était impossible de s’ennuyer à ses côtés.
L’omoplate semblait danser dans les flammes tandis que ces dernières la léchaient goulûment. Une fois noircie et bien craquelée, comme l’avait spécifié Tomlin, je la sortais du feu et la faisais léviter jusqu’à petite ma table. Une fois là-bas, je m’installai rapidement devant elle et la regardai sous toutes les coutures, essayant tant bien que mal d’interpréter les signes ...
Je n’avais toujours pas relevé les yeux lorsque la voix familière du professeur Tomlin entama sa mise en scène. J’écoutais seulement d’une oreille distraite, me demandant encore et toujours ce qu’il pouvait bien se cacher là-dessous. Une créature magique ? Un objet loufoque comme notre cher professeur appréciait tant ? Le sourire qui s’était figé sur mon visage s’étira d’autant plus à cette idée. De toute manière, quoi que cela puisse être, j’étais certaine qu’on allait encore passer un bon moment.
Bien que je ne fusse pas spécialement douée pour la divination, cette matière avait le don de me fasciner. Il avait le don de me fasciner. La façon dont il avait de nous expliquer les choses, cet air si jovial et passionné qui se dessinait sur son visage alors qu’il agitait sa baguette dans tous les sens, cette manière dont il avait de nous regarder avec cette franche intensité… Augurus était un homme comme on en voit peu. En vérité, c’était le genre de personne qu’on ne croisait qu’une fois dans sa vie. Le genre de personne qui gagnait à se faire connaitre et découvrir. Mais peut-être qu’au fond, je n’étais pas objective ? Une bouffée de chaleur monta soudainement en moi, rosissant au passage mes joues rondes et rebondies. Gênée, je remettais une mèche de cheveux derrière mon oreille et m’enfonçai un peu plus sur mon tabouret tandis que je regardais autour de moi. Ouf. Personne ne m’avait remarqué.
La plupart des étudiants assis au fond de la classe dormaient paisiblement. Ceux assis tout devant étaient suspendus aux lèvres de la vielle branche et ceux au milieu, essayaient tant bien que mal de suivre la longue tirade du professeur. Moi, j’étais assis au fond de la classe, près de la fenêtre. C’était ma place. Celle que je m’étais attitré dès le début de l’année afin de pouvoir contempler le ciel à loisir. Non pas que le cours ne m’intéressait pas, bien au contraire, mais j’avais ce besoin viscéral de pouvoir m’évader quelques instants en regardant au-dehors. Surement mon côté tête en l’air. Je reportais enfin mon attention vers Augurus tandis que celui-ci, d’un rapide et élégant coup de baguette, allumait un feu en plein milieu de la pièce. Mais à quoi jouait-il pensais-je en relevant un sourcil. « Je vous propose donc de faire léviter votre omoplate de cheval dans ce feu avec une grande précaution, puis d'attendre quelques instants que l'os se craquelle. Dès que vous sentez que c'est le bon moment, vous pourrez récupérer votre os en le faisant léviter et vous pourrez essayer d'interpréter les craquelures qui s'offriront à vous. Attention, contrairement aux disciplines comme la tasséomancie, la scapulomancie provient d'une tradition ancestrale et orale : il n'y a donc pas de "guide" ou de support pour l'interprétation qui vous dira qu'une croix veut dire "truc" ou qu'une silhouette d'homme veut dire "machin". Fiez-vous à votre sensibilité ! »
Bon sang, une omoplate de cheval ? Béate, je découvrais enfin cette forme étrange et la caressai du bout des doigts. Merlin, quelle sensation étrange… On aurait dit du velours ! Malgré ses aspérités disgracieuses qui s’étalaient aléatoirement sur la longueur, cet os étant étrangement doux. « Whouaw … » Murmurais-je à voix basse tandis que formulai silencieusement un petit wingardium leviosa. L’omoplate s’éleva doucement et flotta mollement dans l’air tandis que je m’approchai prudemment du feu, à l’instar de mes camarades. Une fois arrivée à proximité, je cherchai du regard la branche qui se tenait seulement à quelques mètres de moi. Là, je m’autorisai une petite remarque ponctuée d’un malicieux sourire en coin : « La scapulomancie hein ? Très intéressant professeur ... ». Puis, je plongeai délicatement mon omoplate dans le feu, comme il nous l’avait indiqué. Il fallait bien avouer qu’Augurus avait le chic pour ne rien faire comme les autres. Et c’est ce que j’aimais d’autant plus chez lui. Je savais qu’il était impossible de s’ennuyer à ses côtés.
L’omoplate semblait danser dans les flammes tandis que ces dernières la léchaient goulûment. Une fois noircie et bien craquelée, comme l’avait spécifié Tomlin, je la sortais du feu et la faisais léviter jusqu’à petite ma table. Une fois là-bas, je m’installai rapidement devant elle et la regardai sous toutes les coutures, essayant tant bien que mal d’interpréter les signes ...
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Lun 29 Mai 2017 - 21:03
La Scapulomancie
Réponse à Primerose MacNaughton
Là encore, la position de professeur offrait une expérience d'observateur privilégié du comportement humain. Les plus enjoués se levèrent d'un bond, à l'unisson et offrèrent joyeusement leur omoplate de cheval en sacrifice à l'appétit des flammes. La plus grande partie des élèves se leva mollement et s'exécuta sommairement, sans mettre beaucoup de coeur à l'ouvrage, ceux là feraient sans doute l'effort d'essayer, me disais-je comme pour me rassurer. Les élèves qui dormaient à poings fermés au fond de la pièce ne bougèrent pas, ceux là le sentiraient passer lors de mon évaluation. J'étais sympathique et pas sévère pour un sou, mais le fait que l'on puisse ronfler en plein cours était en dehors de ma sphère de compréhension. Je n'étais pas un de ces enseignants qui n'appréciait que les élèves doués dans leur matière, j'étais de ceux qui aimaient les élèves curieux qui essayaient vraiment de comprendre et de faire les choses en pleine conscience.
Mon regard se posa successivement sur tous les élèves qui s'étaient approchés du feu, j'envoyais quelques sourires, tantôt polis, tantôt complices, et hochait la tête en signe de satisfaction à mesure que le crépitement des os s'intensifiait. Au coeur de la chorégraphie des étudiants qui quittaient ou rejoignaient leur place, mes yeux furent accrochés par elle. Sa démarche légère, la manière gracieuse qu'elle avait de diriger l'omoplate dans les airs du bout de sa baguette étrangement courte : il y avait quelque chose d'angélique dans la personnalité de Primerose MacNaughton, une merveilleuse subtilité et une innocence désarmante qui me saisissait à chaque fois. Un sourire s'accrocha à mes lèvres malgré moi, éclairant davantage mon visage déjà saisi de l'enthousiasme que m'apportait ce cours de divination. Après le sourire, c'était une légère pointe dans le creux de ma poitrine qui me fit monter le rouge aux joues. M'apercevant qu'elle avait, une fois de plus, enchaîné mon regard, je détournais mes yeux captivés vers les omoplates calcinées qui lévitaient maintenant hors du feu.
Je jetais un dernier regard, furtif et coupable, dans la direction de la douce Pokeby qui regagnait paisiblement sa place, près de la fenêtre, là où elle pouvait certainement s'offrir quelques moments d'évasion et de rêverie.
J'entrepris alors de marcher dans les allées, entre les plateaux sur lesquels reposaient à nouveau les omoplates craquelées et sur lesquels virevoltaient quelques plumes sur des rouleaux de parchemins. Je m'arrêtais auprès de quelques élèves ramassés au dessus de leur outil divinatoire, félicitant les uns, encourageant les autres. Les effets de la chaleur sur l'émail des os racontait tant d'histoires et peignaient tant de fresques d'avenir que cela me faisait tourner la tête : si seulement ils pouvaient entrevoir ce que je voyais dans ces fissures noirâtres entremêlées qui n'attendaient rien d'autre que de leur offrir le Monde.
J'approchais de la fenêtre et elle semblait studieuse. La Brindille examinait l'omoplate sous tous les angles. Je m'accroupis en face d'elle et restai silencieux un instant. Je peux ? lui demandais-je timidement en évitant de lui faire face, de peur de me retrouver une nouvelle fois enchaîné à ses yeux rêveurs. Lentement, je me penchai vers elle et observai l'omoplate avec une grande attention, penchant la tête à gauche, puis à droite, dansant du regard sur les bords des craquelures jusqu'à émettre une exclamation satisfaite.
J'avais pour habitude de vouvoyer les élèves, mais je ne pouvais m'y résoudre avec Primerose depuis que nous avions fait connaissance au Pub où elle travaillait. Je me décidais enfin à affronter ses yeux et je lui adressais un sourire. C'est fascinant. Vraiment fascinant ! Tiens, cette zone là a une forme très spécifique lui disais-je d'une voix douce en désignant, de l'index, une forme grossièrement taillée dans l'émail par la morsure des flammes. Ça ne t'évoque rien ? Attends, essaye de... Essaye d'abord de bien respirer... une respiration lente et profonde pour calmer l'esprit, pour l'empêcher de se troubler avec trop de pensées parasites... Ensuite, lorsque tu es dans une bonne disposition mentale, pose ton regard sur cette forme et laisse le se défocaliser complètement, comme si tu essayais de voir au delà des fissures, au delà même de l'omoplate. Oublie l'endroit où tu te trouves, n'essaye pas à tout prix d'obtenir une réponse : laisse là venir à toi avec douceur et patience... Allez, essaye encore. Je l'encourageais en lui adressant un sourire enjoué et complice.
- InvitéInvité
Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Mar 30 Mai 2017 - 0:07
cours de divination
la scapulomancie
Pourquoi tu as pris ce cours en option, déjà ? Allez, réfléchis, Jo... Oui, c'est ça... Car tu es bien trop curieuse et ne peux résister à l'appel d'apprendre de nouvelles choses. Bravo ! Voilà que tu te retrouves chaque semaine dans cette classe sans clairement savoir ce qu'il va se passer ou bien t'arriver. En plus de cela, tu es vraiment une quiche dans tout ce qui est interprétation des signes... Heureusement que le professeur arrive à te mettre à l'aise, parvient à retirer quelque peu le poids de la pression que tu te mets sur les épaules, sinon, tu aurais craqué depuis longtemps.
Comme d'habitude, tu te trouves au-devant de la scène, parmi les élèves qui occupent les premiers rangs. Pas que ton objectif soit d'atteindre la perfection et les optimal partout, mais presque... Disons que tu mets toutes les chances de ton côté pour réussir tes examens. Bref. Tu écoutes patiemment le prof, monsieur Tomlin, tout en ayant le regard fixement rivé sur l'objet inconnu qui se trouve devant toi. Recouvert d'un petit drap mauve, le suspense reste à son apogée tandis qu'il vous présente les bases de la divination. Tu ne peux t'empêcher de te dandiner sur ton pouf, Josephine, sûrement à cause du stress, et de provoquer des petits couinements à chaque fois que tu adoptes une nouvelle position dans le siège de cuir. Cette fois, tu espères juste avoir un peu plus de chance. Avoir une illumination, les chakras qui s'ouvrent aux signes, une nouvelle sensibilité naissante en toi, comme le dit le brun qui vous donne cours. N'importe quoi pour ne pas avoir l'air ridicule, par Merlin. Sauf que tu ne peux retenir un air interloqué lorsqu'il annonce le sujet du jour : la scapulomancie. Quoi ? Mais... Tu n'as jamais entendu ce terme auparavant. Nom d'un gobelin. C'est bien parti.
Tomlin agite sa baguette, faisant voltiger les draps qui recouvraient jusqu'alors leurs précieux secrets. Tu retiens une exclamation en plaquant ta main contre tes lèvres. Oh, non... Une omoplate de cheval ? Cela a le don de te dégoûter... Et toi qui penses à ton patronus par la même occasion. Néanmoins, tu secoues rapidement la tête pour éloigner toute idée défaitiste. C'est bon, ce n'est qu'un os. Tu n'as qu'à penser que c'est un os de strangulot, tu n'as aucune affinité avec ces bestioles-là. Voilà. Ça passe déjà mieux. Tu reportes un regard curieux sur le professeur, qui continue sur sa lancée et fait apparaître au milieu de votre classe un feu magique. Il vous intime ensuite à faire léviter vos omoplates de ch... strangulot jusqu'au feu pour ensuite décrypter les messages potentiels qui en ressortiraient.
Tu prends une respiration puis opines une bonne fois du chef pour te donner du courage. Tu attaches tes cheveux en un chignon lâche, précipitamment, pour ne pas risquer qu'ils frôlent le feu, puis lances un sortilège informulé pour envoyer ton omoplate dans les airs. Avec toutes les précautions, ensuite, tu viens la déposer dans le feu et attends patiemment qu'elle craquelle comme il faut. Tu n'es pas sûre de toi, sentiment que tu détestes éprouver. Néanmoins, tu fais de ton mieux, et après quelques instants, tu réitères l'opération pour ôter l'omoplate des flammes et revenir t'installer à ta place. Elle a l'air cuite à point.
Tu tentes par la suite de déchiffrer ce que ce bout de carcasse pourrait bien t'apprendre sur l'avenir. Tu te demandes si les hommes primitifs, à l'époque, avaient prédit qu'une jeune blonde allait, un jour, totalement pédaler dans la semoule avec leur technique à deux mornilles. Bon... Ça ne sert à rien de t'énerver. Tu prends note, à l'aide de ta plume, de combien de temps tu as laissé l'omoplate dans les flammes, les endroits noircis et ceux qui ont résisté... Mais cela ne t'avance pas à grand chose. Comme Tomlin l'a dit, il n'y a aucun guide pour t'aider à déchiffrer l'énigme. D'ailleurs, tu entends sa voix, qui s'adresse à une autre élève. Il lui préconise de se détendre, de ne pas avoir de pensées parasites... Oui, clairement, tu pourrais appliquer ces conseils également. Tu fermes donc les yeux en prenant une profonde inspiration, tentant de te vider l'esprit par la même occasion. Ce n'est pas chose aisée, pour toi qui penses toujours à des dizaines de choses en même temps. Tu y parviens, cependant, et finis par ouvrir les yeux pour les reposer sur l'ossement. Et là... Toujours rien. Le néant. Tu lâches un soupir de frustration en croisant les bras sur ta poitrine. Non, décidément, la divination, ce n'est pas pour toi.
- InvitéInvité
Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Mar 30 Mai 2017 - 13:13
- Spoiler:
- C'est peu orthodoxe, mais j'ai décidé de répondre à chaque personne séparément, de manière à créer plusieurs discussions indépendantes les unes des autres, comme si j'étais partout à la fois ou pour pouvoir reconstituer une conversation sans que ça parte dans tous les sens. Pas eazy l'organisation des profs .
La Scapulomancie
Réponse à Joesphine Calvagh
On peut lire énormément de choses dans un soupir, cela sans même avoir une sensibilité développée pour les choses de l'avenir. Dans une salle de cours, je les entendais souvent, ces soupirs pressés que l'heure arrive à son terme, ces soupirs qui permettent de relâcher la pression accumulée au fil de la journée, ces soupirs d'agacement et que sais-je encore ?
Aujourd'hui, je n'avais pas nécessairement choisi une mise en jambe facile pour les élèves, la Scapulomancie, en plus d'être une discipline désuète, était extrêmement complexe à aborder, mais j'avais une leçon à leur transmettre par rapport à cela. En vérité, je ne m'attendais pas vraiment à ce qu'ils réussissent à "lire l'avenir" : je voulais évaluer la sensibilité de chacun et leur capacité à se concentrer. Bien entendu, personne n'était à l'abri d'un miracle et je me serai réjoui d'assister au développement d'une interprétation authentique, mais, pour l'instant, les soupirs l'emportaient.
Une élève en particulier attira mon attention. Les bras fermement croisés sur la poitrine, une moue frustrée taillée sur son visage, Josephine Calvagh semblait avoir jeté l'éponge. Je m'approchais d'elle d'un pas léger, dans l'intention de lui redonner envie d'essayer.
Je vois... Je vois... Je vois que vous en avez marre, Miss Calvagh, me trompe-je ? murmurais-je d'un air malicieux en jouant les diseuses de bonne aventure. Je m'autorisais parfois quelques traits d'un humour pince-sans-rire, mais qui étaient bien trop souvent pris au sérieux par mes interlocuteurs. Puis-je jeter un oeil ? demandais-je avec douceur. Je n'attendis pas de réponses et je me penchai sur l'omoplate. Longuement. Silencieusement. Jusqu'à relever un visage fermé et froncé. Je regardais Josephine d'un air perplexe.Hum... C'est complexe d'un air si grave que je m'empressais de corriger l'impression angoissante que cet air véhiculait. Enfin, il n'y a rien de grave, rassurez-vous. C'est juste que les symboles que les flammes ont creusé dans cette omoplate de cheval sont particulièrement fins, attendez. J'attrapai et dirigeai un crayon de bois prestement vers certaines parties de l'omoplate pour mettre en évidence les symboles qui ressortaient le plus et que je pouvais discerner sur l'émail de l'os calciné. Quelques instant plus tard, l'omoplate entière était couverte d'étranges runes kabbalistiques et idéogrammes, tracés à la main, qui ressemblaient à des peintures rupestres.
- Spoiler:
Je lui montrai ces dessins avec un sourire bienveillant.
Voilà qui devrait simplifier l'interprétation, non ? S'il vous plaît Miss Calvagh, essayez une nouvelle fois : je suis certain que vous pouvez y arriver. Essayez de faire sens de ces symboles et de ces idéogrammes.
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Jeu 1 Juin 2017 - 14:43
Cours de Divination
La Scapulomancie
Mes yeux balayaient lentement la surface lisse et poreuse de l’os qui se tenait devant moi tandis que je joignais lentement mes mains sous mon menton, les coudes nonchalamment posés sur le rebord de la petite table. Je m’évertuai à identifier les craquelures qui s’étaient délicatement formées sur l’omoplate calcinée, mais rien ne me vint. Nada. Pourtant, j’étais certaine de pouvoir interpréter un minimum de signes. Après tout, mon esprit prolifique et ma sensibilité auraient dû jouer en ma faveur non ? Alors pourquoi je bloquais sur cet exercice ? Contrariée, je pinçais mes lèvres en affichant - malgré moi - une mine boudeuse. « Nom d’un scroutt à pétard … C’est diablement compliqué » maugréais-je à demi-mot tandis que Tomlin s’approchait silencieusement de ma petite table.
« Je peux ? » Me demanda-t-il doucement tout en s’agenouillant devant moi. Ses grands yeux verts semblaient amusés. Mais peut-être était-ce le fruit de mon imagination ? Quoi qu’il en soit, je lui répondais en lui faisant mon plus beau sourire. J’étais heureuse qu’il vienne me voir. Peut-être arriverait-il à éclairer mes lanternes ? « C'est fascinant. Vraiment fascinant ! Tiens, cette zone-là à une forme très spécifique » Poursuivait-il, doucement, en m’indiquant du bout de son index une zone bien définie sur l’omoplate. Intriguée, je déliai mes mains pour mieux me pencher vers l’objet de mes tracas. Que devais-je voir au juste ? Je relevai à nouveau la tête pour planter mes yeux dans les siens. Étais-je sotte à ce point ? Je ne voyais pas où il venait en venir… Néanmoins, je me forçai à reporter mon attention vers l’os rongé par les flammes et le détaillai avec plus d’attention ; les yeux plissés par la concentration.
« Ça ne t'évoque rien ? Attends, essaye de... Essaye d'abord de bien respirer... Une respiration lente et profonde pour calmer l'esprit, pour l'empêcher de se troubler avec trop de pensées parasites... Ensuite, lorsque tu es dans une bonne disposition mentale, poses ton regard sur cette forme et laisse-le se défocaliser complètement, comme si tu essayais de voir au-delà des fissures, au-delà même de l'omoplate. Oublie l'endroit où tu te trouves, n'essaye pas à tout prix d'obtenir une réponse : laisse là venir à toi avec douceur et patience... Allez, essaye encore. » Insista-t-il, encourageant. C'est fou, pensais-je. Il avait un véritable don pour trouver les mots justes, le ton et la bonne intonation. J’avais beau le connaitre un minimum, je m’émerveillai toujours face à cette personnalité hors-norme. Un sourire en coin vint étirer mes lèvres pleines. Augurus était captivant. Et d’une certaine manière, il me fascinait. « Très bien… Je vais essayer » finis-je par lâcher, la boule au ventre. Bien qu'il ne m'eût jamais jugée, j'avais peur de le décevoir. Peur qu’il se rende compte que je n’étais pas aussi brillante que voulais bien le laisser paraître. Pourtant, je soufflai un bon coup et m’exécutai rapidement. Je fis le vide dans ma tête et m’efforçai de trouver la sérénité qui sommeillait au fond de moi.
Il s’écoula quelques secondes, peut-être même quelques minutes, avant que je ne me sente enfin prête. J’avais fini par me déconnecter de la réalité, flottant littéralement dans une sorte d’état second, une léthargie aux allures oniriques. « Okay, j’y vais… » Dis-je en un souffle avant de fixer avec détermination la zone désignée. Les craquelures étaient franches et nettes, bien qu’inégalement dessinées. Pourtant, ces formes étranges commencèrent à me parler, et j’avais l’impression de me retrouver en France, il y a quelques années en arrière. Nous avions passé nos vacances sur la côte-ouest de la France où nous nous étions attardées en nouvelle aquitaine, dans une charmante petite maison de caractère. C’est alors qu’avec ma mère, nous en avions profité pour visiter les Grottes de Lascaux et ses merveilles. Je me souviens encore de m’être pris une claque en contemplant ses fresques immenses avec mes yeux d’enfants. Aujourd’hui encore, j’étais intimement convaincue que je m’en émerveillerai encore.
Je fermai les yeux un instant et visualisai mentalement les craquelures de l’omoplate. Dans mon esprit, elles se mouvaient à une vitesse ahurissante, s’imbriquant et se mélangeant dans tous les sens jusqu’à ce qu’elles forment des silhouettes. Deux silhouettes à vrai dire. Une relativement grande et élancée, et l’autre, pas moins épaisse mais beaucoup plus petite. Derrière elles, quelque chose de grand et rachitique se dessinait, dans l'ombre. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Les sourcils froncés, je plissais les yeux avant de les rouvrir, examinant l'os d'air un suspect. Était-ce un animal ? On aurait dit un cheval émacié. Déroutée, je ne comprenais pas ce que je voyais. Deux individus et un sombral, non ? Je jetai un regard affolé à Augurus, cherchant une explication dans son regard. J’avais surement mal interprété les craquelures ; il ne pouvait en être autrement. À moins d’avoir fait une découverte de mauvais augure ...
« Je peux ? » Me demanda-t-il doucement tout en s’agenouillant devant moi. Ses grands yeux verts semblaient amusés. Mais peut-être était-ce le fruit de mon imagination ? Quoi qu’il en soit, je lui répondais en lui faisant mon plus beau sourire. J’étais heureuse qu’il vienne me voir. Peut-être arriverait-il à éclairer mes lanternes ? « C'est fascinant. Vraiment fascinant ! Tiens, cette zone-là à une forme très spécifique » Poursuivait-il, doucement, en m’indiquant du bout de son index une zone bien définie sur l’omoplate. Intriguée, je déliai mes mains pour mieux me pencher vers l’objet de mes tracas. Que devais-je voir au juste ? Je relevai à nouveau la tête pour planter mes yeux dans les siens. Étais-je sotte à ce point ? Je ne voyais pas où il venait en venir… Néanmoins, je me forçai à reporter mon attention vers l’os rongé par les flammes et le détaillai avec plus d’attention ; les yeux plissés par la concentration.
« Ça ne t'évoque rien ? Attends, essaye de... Essaye d'abord de bien respirer... Une respiration lente et profonde pour calmer l'esprit, pour l'empêcher de se troubler avec trop de pensées parasites... Ensuite, lorsque tu es dans une bonne disposition mentale, poses ton regard sur cette forme et laisse-le se défocaliser complètement, comme si tu essayais de voir au-delà des fissures, au-delà même de l'omoplate. Oublie l'endroit où tu te trouves, n'essaye pas à tout prix d'obtenir une réponse : laisse là venir à toi avec douceur et patience... Allez, essaye encore. » Insista-t-il, encourageant. C'est fou, pensais-je. Il avait un véritable don pour trouver les mots justes, le ton et la bonne intonation. J’avais beau le connaitre un minimum, je m’émerveillai toujours face à cette personnalité hors-norme. Un sourire en coin vint étirer mes lèvres pleines. Augurus était captivant. Et d’une certaine manière, il me fascinait. « Très bien… Je vais essayer » finis-je par lâcher, la boule au ventre. Bien qu'il ne m'eût jamais jugée, j'avais peur de le décevoir. Peur qu’il se rende compte que je n’étais pas aussi brillante que voulais bien le laisser paraître. Pourtant, je soufflai un bon coup et m’exécutai rapidement. Je fis le vide dans ma tête et m’efforçai de trouver la sérénité qui sommeillait au fond de moi.
Il s’écoula quelques secondes, peut-être même quelques minutes, avant que je ne me sente enfin prête. J’avais fini par me déconnecter de la réalité, flottant littéralement dans une sorte d’état second, une léthargie aux allures oniriques. « Okay, j’y vais… » Dis-je en un souffle avant de fixer avec détermination la zone désignée. Les craquelures étaient franches et nettes, bien qu’inégalement dessinées. Pourtant, ces formes étranges commencèrent à me parler, et j’avais l’impression de me retrouver en France, il y a quelques années en arrière. Nous avions passé nos vacances sur la côte-ouest de la France où nous nous étions attardées en nouvelle aquitaine, dans une charmante petite maison de caractère. C’est alors qu’avec ma mère, nous en avions profité pour visiter les Grottes de Lascaux et ses merveilles. Je me souviens encore de m’être pris une claque en contemplant ses fresques immenses avec mes yeux d’enfants. Aujourd’hui encore, j’étais intimement convaincue que je m’en émerveillerai encore.
Je fermai les yeux un instant et visualisai mentalement les craquelures de l’omoplate. Dans mon esprit, elles se mouvaient à une vitesse ahurissante, s’imbriquant et se mélangeant dans tous les sens jusqu’à ce qu’elles forment des silhouettes. Deux silhouettes à vrai dire. Une relativement grande et élancée, et l’autre, pas moins épaisse mais beaucoup plus petite. Derrière elles, quelque chose de grand et rachitique se dessinait, dans l'ombre. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ? Les sourcils froncés, je plissais les yeux avant de les rouvrir, examinant l'os d'air un suspect. Était-ce un animal ? On aurait dit un cheval émacié. Déroutée, je ne comprenais pas ce que je voyais. Deux individus et un sombral, non ? Je jetai un regard affolé à Augurus, cherchant une explication dans son regard. J’avais surement mal interprété les craquelures ; il ne pouvait en être autrement. À moins d’avoir fait une découverte de mauvais augure ...
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Ven 2 Juin 2017 - 11:28
La Scapulomancie
Réponse à Primerose MacNaughton
« Très bien… Je vais essayer ». La douce Pokeby embellit ma journée lorsqu'un large sourire illumina son visage. Mon petit discours de motivation semblait avoir eu l'effet escompté et la Brindille entreprit de faire le vide dans son esprit. Tandis qu'elle entamait une série de respirations profondes, je sentais monter en moins le conflit de deux sentiments contradictoires. D'un côté, j'étais fier de tous les élèves qui abandonnaient l'idée de jeter l'éponge et qui décidaient de se lancer dans une nouvelle introspection divinatoire. D'un autre côté, sans pouvoir me l'expliquer, je ressentais comme une sorte de tension dans l'abdomen, comme si une sombre volute fantomatique s'acharnait à lacérer mes entrailles. C'était comme si... Comme si je craignais qu'elle n'y arrive pas. Bien entendu, j'avais toujours la folle envie que tous mes élèves réussissent à vivre une expérience bouleversante - c'était la preuve que ma vocation d'enseignant n'était pas un échec intégral - mais lorsqu'elle essayait, c'était différent.
J'évacuais cette sensation coupable en jonglant nerveusement avec ma baguette, du bout des doigts, lorsque Primerose me priva du bleu océan de ses yeux pour s'offrir un moment d'exploration intérieure. La contrariété intérieure s'intensifia un court instant : si Primerose avait effectué une longue série d'inspirations profondes, je retenais mon souffle comme si j'étais sur le point de sauter dans le vide. Cependant, lorsque je vis ses yeux s'agiter sous ses paupières, cette pression inexplicable cessa nettement. Je devinais ces mouvements brefs, rapides, semblables, en tous points, aux mouvements oculaires que font naturellement les personnes plongées dans un profond sommeil. Le technicien de la divination en moi considérait la situation trop fascinante pour s'inquiéter du reste ou pour se poser d'autres questions. J'observais, captivé, les micro-expressions de Primerose, qui resta dans cet état d'esprit méditatif pendant ces quelques minutes qui avaient un gout d'éternité.
Elle revint à elle un peu déboussolée et me lança un regard paniqué que je n'avais que trop vu, pour l'avoir moi-même lancé à tout va lors de l'apprentissage de ma pratique. La règle d'or de la divination était de ne pas prendre les fulgurances qui se manifestaient à nous lors des transes comme des vérités absolues et inévitables. Instinctivement, je cherchais à la calmer et à la rassurer. Ma main droite, inconsciente, se dirigea avec un naturel déconcertant vers le poignet de la Pokeby. Je devinais que ma main cherchait à se poser sur la sienne et je corrigeai ce geste déplacé in-extremis en tapotant maladroitement, du bout de mes longs doigts fins, sur son poignet; un geste qui se voulait rassurant, au fond, mais qui, sur la forme, était tout bonnement étrange et crispant. Par dessus tout, je cherchais à la ramener dans l'ici et maintenant, à l'extirper à la torpeur divinatoire, à cette indescriptible sensation de suffocation et d'écrasement qui nous prend d'assaut lorsque l'on réalise, dans sa conscience, que l'on nage sans bouée dans l'océan des possibles.
Primerose ? Ça va ? lui demandais-je doucement, avec le sentiment d'être véritablement concerné par son état. Puis, l'éternel professeur, presque trop enthousiaste, reprit sa place aux commandes de mon esprit. Je lui adressai, à mon tour, un large sourire. Peut-être suffirait-t-il à balayer la panique ? Ou peut-être accentuerait-il l'affolement et l’incompréhension... Tu as vu quelque chose. Je sais comment ça fait, tu as réussi à voir quelque chose ! C'est vraiment exceptionnel, surtout avec une méthode aussi complexe ! lui glissais-je, impressionné et excité comme une puce.Je savais que tu en étais capable, j'ai immédiatement capté chez toi une grande sensibilité, tu sais ? Il s'en eût fallu de peu pour que je rougisse à nouveau, mais j'étais bien trop "en mode prof" pour cela. Alors, explique moi un peu... Qu'as-tu vu ? Qu'as tu ressenti ? Je veux tout savoir.
On aurait dit un enfant curieux qui trépignait d'impatience et qui souffrait d'attendre son histoire du soir. Mes deux coudes se plantèrent sur le plateau tandis que mes mains vinrent se placer de part et d'autre de mon menton, les doigts recroquevillés sur mes joues, étirées par un sourire sincère, mon regard bienveillant prisonnier du sien.
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Mar 13 Juin 2017 - 17:49
Cours de Divination
La Scapulomancie
Après m’être perdue un temps dans son regard, je parcourrai lentement les traits fins et réguliers de son visage jusqu’à ses lèvres pleines. Ces dernières s’étaient peu à peu étirées pour former un large sourire ; découvrant au passage une large rangée de dents blanches et irrégulières, surmontées de deux petites canines étrangement pointues. Parfaitement imparfait, n’était-ce pas ce qui le qualifiait le mieux ? À cette idée, mes joues s’enflammaient et mon cœur fit un léger raté. Heureusement que je n’avais pas fait attention à son geste maladroit et ses longs doigts fins tapotant gauchement mon poignet dans un élan de bienveillance. Sinon, j'aurais sans doute été rouge comme une pivoine et n’aurait su où me cacher… « Primerose ? Ça va ? » S’inquiéta-t-il tandis que je le couvais toujours du regard, une fois la panique envolée.
Comment j’allais ? Je n’en étais pas certaine. Une vague de sentiments contraires s’était emparée de moi et j’étais complètement paumée. Ballottée entre la gêne, l’inquiétude et le désarroi, je ne savais si je me sentais bien ou mal. Néanmoins, je balayai mes réflexions d’un revers de main et lui rendais son sourire. « Oui, ça va merci. C’est juste que … C’était une sensation vraiment étrange » Finis-je par lâcher tandis qu’il trépignait d’impatience devant moi. Apparemment, il était pressé que je lui raconte tout ce que j’avais vu. « Tu as vu quelque chose. Je sais comment ça fait, tu as réussi à voir quelque chose ! C'est vraiment exceptionnel, surtout avec une méthode aussi complexe ! Je savais que tu en étais capable, j'ai immédiatement capté chez toi une grande sensibilité, tu sais ? » Poursuivait-il, ravi que que j'eusse réussi son exercice. Ses yeux brillaient, et son sourire s’était étiré davantage, creusant une petite fossette dans le creux de sa joue. « Oh, merci professeur. » Lâchais-je, quelque peu surprise, avant de m’empourprer à nouveau. « Alors, explique-moi un peu... Qu'as-tu vu ? Qu'as-tu ressenti ? Je veux tout savoir ». Les yeux plissés sous l’effet de la concentration, je laissai ma main se perdre dans mes cheveux en bataille tout en cherchant par où commencer. Qu’allais-je bien pouvoir lui dire ? Que j’avais vu deux silhouettes et une sorte de bestiole décharnée ? Et si j’avais tout inventé ? Peut-être que j’avais déraillé, que mon cerveau avait lâché ? Je grimaçai à cette idée. Non, ce que j’avais vu était bien réel. Je l’avais ressenti, je l’avais vu. Je n’étais pas folle. Je soufflai donc un bon coup et dégluti le peu de salive qui me restait avant de tout lui déballer. Ou presque. « Et bien … Je ne sais pas trop ce que j’ai vu » Commençais-je, un peu hésitante, avant de me lancer pour de bon. « Les craquelures ont commencé à prendre forme, à danser et … deux silhouettes longilignes sont apparues. Une grande et une petite. Je pense que c’était des silhouettes humaines, mais je n’en suis pas certaine. Et puis … derrière elles, il y avait quelque chose. Une créature. Une sorte de cheval rachitique … » Soufflais-je avant de lâcher un petit rire gêné. Maintenant que je l’avais dit à voix haute, cette vision me sembla totalement irréelle. Je baissai à nouveau les yeux et mordais machinalement l’intérieur de mes joues – comme à mon habitude lorsque j’étais embrassée. Bon sang, s’il ne me prenait pas déjà pour une folle, s’en était finit de moi. « Oui euh … Je ne pense pas que cela veuille dire grand-chose, mais je vous assure que sur le coup, c’était vraiment … effrayant » Me rattrapais-je, angoissée à l’idée de le décevoir, en sachant qu’il avait placé quelques espoirs en moi. Je me risquai alors à jeter un dernier regard dans sa direction et lui fit un sourire penaud. Et merde Prim …
Comment j’allais ? Je n’en étais pas certaine. Une vague de sentiments contraires s’était emparée de moi et j’étais complètement paumée. Ballottée entre la gêne, l’inquiétude et le désarroi, je ne savais si je me sentais bien ou mal. Néanmoins, je balayai mes réflexions d’un revers de main et lui rendais son sourire. « Oui, ça va merci. C’est juste que … C’était une sensation vraiment étrange » Finis-je par lâcher tandis qu’il trépignait d’impatience devant moi. Apparemment, il était pressé que je lui raconte tout ce que j’avais vu. « Tu as vu quelque chose. Je sais comment ça fait, tu as réussi à voir quelque chose ! C'est vraiment exceptionnel, surtout avec une méthode aussi complexe ! Je savais que tu en étais capable, j'ai immédiatement capté chez toi une grande sensibilité, tu sais ? » Poursuivait-il, ravi que que j'eusse réussi son exercice. Ses yeux brillaient, et son sourire s’était étiré davantage, creusant une petite fossette dans le creux de sa joue. « Oh, merci professeur. » Lâchais-je, quelque peu surprise, avant de m’empourprer à nouveau. « Alors, explique-moi un peu... Qu'as-tu vu ? Qu'as-tu ressenti ? Je veux tout savoir ». Les yeux plissés sous l’effet de la concentration, je laissai ma main se perdre dans mes cheveux en bataille tout en cherchant par où commencer. Qu’allais-je bien pouvoir lui dire ? Que j’avais vu deux silhouettes et une sorte de bestiole décharnée ? Et si j’avais tout inventé ? Peut-être que j’avais déraillé, que mon cerveau avait lâché ? Je grimaçai à cette idée. Non, ce que j’avais vu était bien réel. Je l’avais ressenti, je l’avais vu. Je n’étais pas folle. Je soufflai donc un bon coup et dégluti le peu de salive qui me restait avant de tout lui déballer. Ou presque. « Et bien … Je ne sais pas trop ce que j’ai vu » Commençais-je, un peu hésitante, avant de me lancer pour de bon. « Les craquelures ont commencé à prendre forme, à danser et … deux silhouettes longilignes sont apparues. Une grande et une petite. Je pense que c’était des silhouettes humaines, mais je n’en suis pas certaine. Et puis … derrière elles, il y avait quelque chose. Une créature. Une sorte de cheval rachitique … » Soufflais-je avant de lâcher un petit rire gêné. Maintenant que je l’avais dit à voix haute, cette vision me sembla totalement irréelle. Je baissai à nouveau les yeux et mordais machinalement l’intérieur de mes joues – comme à mon habitude lorsque j’étais embrassée. Bon sang, s’il ne me prenait pas déjà pour une folle, s’en était finit de moi. « Oui euh … Je ne pense pas que cela veuille dire grand-chose, mais je vous assure que sur le coup, c’était vraiment … effrayant » Me rattrapais-je, angoissée à l’idée de le décevoir, en sachant qu’il avait placé quelques espoirs en moi. Je me risquai alors à jeter un dernier regard dans sa direction et lui fit un sourire penaud. Et merde Prim …
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Mar 13 Juin 2017 - 22:40
La Scapulomancie
Réponse à Primerose MacNaughton
« Oui, ça va merci. C’est juste que … C’était une sensation vraiment étrange ». Je haussais une paire de sourcils compatissants. J'ai moi-même bien souvent désarçonné et perturbé par ces impressions spectrales parfois grotesques, insensées ou morbides qui se jouaient à mes yeux clos, repliés vers les méandres intérieures de mon esprit. Cette sensation étrange et engourdissante, ce flottement entre deux mondes aux frontières mal dessinées, elle était connue de toutes les personnes qui pratiquaient la divination. Primerose tentait de rassembler ses esprits et de m'expliquer quelle prophétie s'était manifestée à l'ouverture de son Troisième Oeil.
« Et bien … Je ne sais pas trop ce que j’ai vu » Commença-t-elle. « Les craquelures ont commencé à prendre forme, à danser et … deux silhouettes longilignes sont apparues. Une grande et une petite. Je pense que c’était des silhouettes humaines, mais je n’en suis pas certaine. Et puis … derrière elles, il y avait quelque chose. Une créature. Une sorte de cheval rachitique … » J'écoutais, silencieux, une moue sceptique accrochée à mon visage. Je croisais les bras en adoptant une posture plus reculée, comme pour prendre un temps de pause afin de peindre mentalement le tableau que me décrivait Primerose, qui semblait elle-même ne plus croire à ce qu'elle avait vu. A la manière d'un rêve flou dont on a perdu le sens au réveil... Enfin, c'est ce que l'on m'avait expliqué du fonctionnement de ces rêves dont je ne ferai jamais l'expérience.
La belle Pokeby échappa un rire gêné. « Oui euh … Je ne pense pas que cela veuille dire grand-chose, mais je vous assure que sur le coup, c’était vraiment … effrayant » J'écarquillais les yeux en esquissant une expression circonspecte. Je rectifiai ma posture pour me rapprocher d'elle - très près - dans le but d'amplifier l'impression d'intimité entre nous, que je puisse lui délivrer directement un message de la plus haute importance. Un message qui me semblait nécessaire pour dissiper ses doutes et ses craintes. Un message qui, je l'espérais, transformerait ce sourire penaud en sourire confiant.
Tout d'abord, merci pour ce partage, Primerose, c'est très bien. Vraiment fascinant, lui dis-je d'une voix calme et basse, mes yeux plongés dans les siens. Dans cette pratique, il est capital de faire confiance à ses ressentis. Au fil des années et des expériences, j'ai vu de nombreuses choses qui m'ont fait frémir et qui ont hanté mes pensées des jours entiers, et la plupart de ces visions étaient bien souvent cryptiques. Si cryptiques qu'elles paraissaient désarticulées, ridicules au point d'en être terrifiantes. Des ombres, des visages fantomatiques, des silhouettes qui semblaient tirées de mes pires cauchemars, des mots et des conversations dont le langage m'était inconnu... Je vais être catégorique : tu as vraiment vu quelque chose insistais-je, paisiblement. Je repris mon souffle, le coeur de la leçon que je tenais à lui transmettre arrivait.
A ton avis, pourquoi ai-je tenu à ce que vous commenciez l'année avec une méthode de divination pareille ? Je fis une pause méthodique, assortie d'un sourire malicieux. Comme je le disais lors de l'introduction du cours : ce qui m'importe aujourd'hui, c'est d'évaluer le niveau de sensibilité de chacun. Et cela me paraît essentiel d'aborder ce cycle par le paradoxe de base de la divination : la relation entre la technique et la sensibilité. Pour la Scapulomancie, la technique est quasiment inexistante et il n'y a pas de guide d'interprétation pour réfléchir à la place du praticien. Ta grande sensibilité t'a permis d'obtenir de l'information. La technique, que tu peaufineras au fil de ta pratique, t'aidera à structurer ces informations et à y percevoir un message.
Lorsque j'étais lancé, j'étais intarissable. Peut-être saturais-je la Brindille d'informations superflues. Peut-être n'était-elle même pas en état d'entendre, de gober et de digérer ce flot de charabia incessant d'un Professeur de Divination à qui l'on pouvait parfois reprocher ses élans enthousiastes. La technique est utile, mais pas indispensable. Tu as prouvé que tu avais une grande sensibilité et tu accèdes maintenant à un nouveau palier d’exigence : faire sens de tout cela. Et, voici la clef : nous ne percevons pas tous les mêmes messages avec les mêmes outils. Je n'ai pas vu ce que tu as vu dans ces craquelures calcinées. Ce que tu as vu n'appartient qu'à toi et tu te dois à toi-même de comprendre ce message. Tisse des liens, établis des corrélations symboliques, essaye de lire entre les lignes tout en restant à l'écoute de ce que te dicte ton fort intérieur. Garde à l'esprit que ces visions ne sont pas prophétiques. Elles n'annoncent rien de figé ou d'inéluctable. Si l'Homme est capable de concilier Technique et Sensibilité dans la Divination, ce n'est pas pour "lire l'avenir", mais plutôt pour aborder le champ des possibles avec sagesse, dans la conscience que nous sommes maîtres de nos destins...
Une nouvelle pause était nécessaire, j'avais l'impression d'avoir abordé mille sujets différents en quarante secondes. Dans tous les cas, je suis vraiment ravi, lui confiais-je, extatique. J'espère que tu me raconteras, quand tu auras interprété ce message. Qui sait, le message se présentera peut-être spontanément à ton esprit au moment où tu t'y attendra le moins, dis-je, désignant du doigt l'omoplate éclatée en me permettant un clin d'oeil encourageant. Ni tendancieux, ni séducteur, un simple clin d'oeil d'un mentor empli de fierté à l'égard d'une élève inspirée et inspirante.
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Jeu 15 Juin 2017 - 16:56
Cours de Divination
La Scapulomancie
Son visage était impassible, presque figé. Seuls ses sourcils s’étaient légèrement froncés tandis qu’il adoptait une posture plus en retrait. Était-il en train de réfléchir à ce que je venais de lui dire ? Ou s’apprêtait-il à me balancer un truc du genre : Primerose, cette fois-ci, je ne peux plus rien pour toi. Ton cas est désespéré. Je le regardai, presque intimidée en attendant la réponse qui ne tardait pas à venir. « Tout d'abord, merci pour ce partage, Primerose, c'est très bien. Vraiment fascinant, » dit-il d'une voix apaisée, ses yeux plongés dans les miens. « Dans cette pratique, il est capital de faire confiance à ses ressentis. Au fil des années et des expériences, j'ai vu de nombreuses choses qui m'ont fait frémir et qui ont hanté mes pensées des jours entiers, et la plupart de ces visions étaient bien souvent cryptiques. Si cryptiques qu'elles paraissaient désarticulées, ridicules au point d'en être terrifiantes. Des ombres, des visages fantomatiques, des silhouettes qui semblaient tirées de mes pires cauchemars, des mots et des conversations dont le langage m'était inconnu... Je vais être catégorique : tu as vraiment vu quelque chose » il insistait sur ses derniers mots alors que je me pinçai les lèvres. Je ne l’avais pas déçu. Bien au contraire. Il souhaitait seulement que je prenne un peu plus confiance en moi, que je prenne de l’assurance. Mais c’était difficile. Je n’avais jamais été spécialement douée dans quelques matières que ce soit. Mis à part la couture ou la musique, peut-être ? Et la divination était un art aussi complexe que nébuleux, extrêmement difficile à appréhender – même si j’avais un excellent mentor depuis des années.
Mon esprit divagua un instant vers Esben, le grand-frère que je n’avais jamais eu, et ses cours interminables à la bibliothèque. Penser à lui m’arrachai un demi-sourire avant que je ne me re-concentre sur l’homme qui se tenait devant moi.
« A ton avis, pourquoi ai-je tenu à ce que vous commenciez l'année avec une méthode de divination pareille ? » Reprit-il avant de marquer une petite pause. Un large sourire se dessinait sur ses lèvres, fendant presque gracieusement son visage pale. Bon sang, ce sourire… Pensais-je en m’attardant sur ses lèvres. « Comme je le disais lors de l'introduction du cours : ce qui m'importe aujourd'hui, c'est d'évaluer le niveau de sensibilité de chacun. Et cela me paraît essentiel d'aborder ce cycle par le paradoxe de base de la divination : la relation entre la technique et la sensibilité. Pour la Scapulomancie, la technique est quasiment inexistante et il n'y a pas de guide d'interprétation pour réfléchir à la place du praticien. Ta grande sensibilité t'a permis d'obtenir de l'information. La technique, que tu peaufineras au fil de ta pratique, t'aidera à structurer ces informations et à y percevoir un message. ». Je buvais ses paroles comme un alcoolique épongerait sa soif, imperturbable. Le monde avait cessé de tourner, mes camarades n’existaient plus, nous n’étions plus dans cette petite salle de cours, ronde et intimiste. Nous étions ailleurs. Moi et lui, le passionné qui laissait entrevoir le feu qui l'animait. C’était fou. Comment pouvait-on être aussi passionné ? Si cultivé ? Et cette manière d’appréhender les choses, cette manière d’enseigner, transmettre son savoir sans que cela ne soit ennuyant ou même rébarbatif, comment y parvenait-il ? Alors qu’il continuait sa tirade, je prenais soudainement conscience de notre proximité et senti mon cœur s’emballer. Il était près. Trop près. « La technique est utile, mais pas indispensable. Tu as prouvé que tu avais une grande sensibilité et tu accèdes maintenant à un nouveau palier d’exigence : faire sens de tout cela. Et, voici la clef : nous ne percevons pas tous les mêmes messages avec les mêmes outils. Je n'ai pas vu ce que tu as vu dans ces craquelures calcinées. Ce que tu as vu n'appartient qu'à toi et tu te dois à toi-même de comprendre ce message. Tisse des liens, établis des corrélations symboliques, essaye de lire entre les lignes tout en restant à l'écoute de ce que te dicte ton fort intérieur. Garde à l'esprit que ces visions ne sont pas prophétiques. Elles n'annoncent rien de figer ou d'inéluctable. Si l'Homme est capable de concilier Technique et Sensibilité dans la Divination, ce n'est pas pour "lire l'avenir", mais plutôt pour aborder le champ des possibles avec sagesse, dans la conscience que nous sommes maîtres de nos destins... » Les palpitations s’étaient atténué, bien que mes joues (trop roses) trahissaient indéniablement mon état. Pourtant, je parvenais à me concentrer à nouveau sur lui. Tout ce qu’il disait était vrai, et je prenais peu à peu conscience de beaucoup de choses. Premièrement, il n’était pas nécessaire d’avoir une excellente technique pour pratiquer la divination. Tout ce dont nous avions besoin, c’était d’une grande sensibilité. Par chance, je pouvais me targuer d’en avoir une. Du moins, je le pensais vraiment, et lui semblai le croire aussi. Deuxièmement, il fallait faire preuve de patience et s’évertuer à recoller les morceaux un à un, pour enfin faire des liens. Je soupirai. Bien que cet exercice fût super intéressant, il m’avait épuisé. Je sentais mon cerveau s’engourdir et mes paupières s’alourdir. « Dans tous les cas, je suis vraiment ravi. J'espère que tu me raconteras, quand tu auras interprété ce message. Qui sait, le message se présentera peut-être spontanément à ton esprit au moment où tu t'y attendras le moins » termina-t-il, étrangement satisfait, en désignant du bout du doigt l’omoplate. Je plissai le nez, un peu gênée. Et si mon message était déplacé ? Ou bien trop intime ? Je me voyais mal le retrouver pour lui faire part de mes secrets. Quoi que. Je penchai légèrement la tête sur le côté et portai mes doigts jusqu’à ma bouche, comme pour réfléchir. « Vous serez le premier au courant professeur » finis-je par lâcher en lui retournant son clin d’œil. Après tout, pourquoi pas ? Ce serait une belle occasion de le revoir en dehors des cours…
« Professeur Tomlin ? » Demandais-je doucement, avant de me tortiller sur mon pouf, « Vous avez plongé une omoplate dans le feu vous aussi, n’est-ce pas ? » Je le regardai intensément. Allait-il répondre à ma question ? Secrètement, j’espérai que oui. « Qu’avez-vous vu ? ». La curiosité était un vilain défaut et j’étais consciente que ma question pouvait paraître déplacée, mais je brûlai de savoir ce qu’il avait vu. Je voulais en apprendre davantage sur lui…
Mon esprit divagua un instant vers Esben, le grand-frère que je n’avais jamais eu, et ses cours interminables à la bibliothèque. Penser à lui m’arrachai un demi-sourire avant que je ne me re-concentre sur l’homme qui se tenait devant moi.
« A ton avis, pourquoi ai-je tenu à ce que vous commenciez l'année avec une méthode de divination pareille ? » Reprit-il avant de marquer une petite pause. Un large sourire se dessinait sur ses lèvres, fendant presque gracieusement son visage pale. Bon sang, ce sourire… Pensais-je en m’attardant sur ses lèvres. « Comme je le disais lors de l'introduction du cours : ce qui m'importe aujourd'hui, c'est d'évaluer le niveau de sensibilité de chacun. Et cela me paraît essentiel d'aborder ce cycle par le paradoxe de base de la divination : la relation entre la technique et la sensibilité. Pour la Scapulomancie, la technique est quasiment inexistante et il n'y a pas de guide d'interprétation pour réfléchir à la place du praticien. Ta grande sensibilité t'a permis d'obtenir de l'information. La technique, que tu peaufineras au fil de ta pratique, t'aidera à structurer ces informations et à y percevoir un message. ». Je buvais ses paroles comme un alcoolique épongerait sa soif, imperturbable. Le monde avait cessé de tourner, mes camarades n’existaient plus, nous n’étions plus dans cette petite salle de cours, ronde et intimiste. Nous étions ailleurs. Moi et lui, le passionné qui laissait entrevoir le feu qui l'animait. C’était fou. Comment pouvait-on être aussi passionné ? Si cultivé ? Et cette manière d’appréhender les choses, cette manière d’enseigner, transmettre son savoir sans que cela ne soit ennuyant ou même rébarbatif, comment y parvenait-il ? Alors qu’il continuait sa tirade, je prenais soudainement conscience de notre proximité et senti mon cœur s’emballer. Il était près. Trop près. « La technique est utile, mais pas indispensable. Tu as prouvé que tu avais une grande sensibilité et tu accèdes maintenant à un nouveau palier d’exigence : faire sens de tout cela. Et, voici la clef : nous ne percevons pas tous les mêmes messages avec les mêmes outils. Je n'ai pas vu ce que tu as vu dans ces craquelures calcinées. Ce que tu as vu n'appartient qu'à toi et tu te dois à toi-même de comprendre ce message. Tisse des liens, établis des corrélations symboliques, essaye de lire entre les lignes tout en restant à l'écoute de ce que te dicte ton fort intérieur. Garde à l'esprit que ces visions ne sont pas prophétiques. Elles n'annoncent rien de figer ou d'inéluctable. Si l'Homme est capable de concilier Technique et Sensibilité dans la Divination, ce n'est pas pour "lire l'avenir", mais plutôt pour aborder le champ des possibles avec sagesse, dans la conscience que nous sommes maîtres de nos destins... » Les palpitations s’étaient atténué, bien que mes joues (trop roses) trahissaient indéniablement mon état. Pourtant, je parvenais à me concentrer à nouveau sur lui. Tout ce qu’il disait était vrai, et je prenais peu à peu conscience de beaucoup de choses. Premièrement, il n’était pas nécessaire d’avoir une excellente technique pour pratiquer la divination. Tout ce dont nous avions besoin, c’était d’une grande sensibilité. Par chance, je pouvais me targuer d’en avoir une. Du moins, je le pensais vraiment, et lui semblai le croire aussi. Deuxièmement, il fallait faire preuve de patience et s’évertuer à recoller les morceaux un à un, pour enfin faire des liens. Je soupirai. Bien que cet exercice fût super intéressant, il m’avait épuisé. Je sentais mon cerveau s’engourdir et mes paupières s’alourdir. « Dans tous les cas, je suis vraiment ravi. J'espère que tu me raconteras, quand tu auras interprété ce message. Qui sait, le message se présentera peut-être spontanément à ton esprit au moment où tu t'y attendras le moins » termina-t-il, étrangement satisfait, en désignant du bout du doigt l’omoplate. Je plissai le nez, un peu gênée. Et si mon message était déplacé ? Ou bien trop intime ? Je me voyais mal le retrouver pour lui faire part de mes secrets. Quoi que. Je penchai légèrement la tête sur le côté et portai mes doigts jusqu’à ma bouche, comme pour réfléchir. « Vous serez le premier au courant professeur » finis-je par lâcher en lui retournant son clin d’œil. Après tout, pourquoi pas ? Ce serait une belle occasion de le revoir en dehors des cours…
« Professeur Tomlin ? » Demandais-je doucement, avant de me tortiller sur mon pouf, « Vous avez plongé une omoplate dans le feu vous aussi, n’est-ce pas ? » Je le regardai intensément. Allait-il répondre à ma question ? Secrètement, j’espérai que oui. « Qu’avez-vous vu ? ». La curiosité était un vilain défaut et j’étais consciente que ma question pouvait paraître déplacée, mais je brûlai de savoir ce qu’il avait vu. Je voulais en apprendre davantage sur lui…
electric bird.
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Ven 16 Juin 2017 - 13:34
La Scapulomancie
Réponse à Primerose MacNaughton
Lorsque j'eus interrompu ce flot continu d'informations, Primerose sembla épuisée. Son esprit, déjà saturé des images et des sensations résiduelles des visions avait besoin de repos. C'était normal après une telle expérience, surtout si c'était la session de divination qui lui permettait, pour la première fois, de soulever le voile de l'immatériel. Néanmoins, son regard fatigué n'avait pas perdu cet éclat d'innocence qui me subjugua lorsqu'elle me rendit mon clin d'oeil. « Vous serez le premier au courant professeur ». Vite. Il fallait partir. me disais-je, à contrecœur, avant que je ne me brise en un million de petits morceaux. Je m'apprêtais donc à me redresser et à m'occuper - un peu - du reste de la classe dont j'avais totalement oublié la présence quelques instants auparavant lorsque Primerose m'interpella.
« Professeur Tomlin ? Vous avez plongé une omoplate dans le feu vous aussi, n’est-ce pas ? » Demanda-t-elle d'un air secret. « Qu’avez-vous vu ? »
J'haussai les sourcils de surprise, légèrement amusé. C'était à la fois une fine observation, une curiosité à la limite de l'indiscrétion et une marque d'intérêt que je devinais plus portée sur ma personne que sur la divination en elle-même. C'était étrangement flatteur. Tous ces sentiments mélangés me donnaient envie d'être complice de son jeu. Pris de court, je bégayais maladroitement, mon sens de la parole déjà sous l'emprise de l'impatience était en plus entravé par la surprise et la confusion de ce revirement de situation. Et... Et... Et bien, c'est une excellente question. Pour être honnête, je n'ai pas encore regardé... Attends, donne moi une minute. Je me relevai, ajustai mon petit veston, décochai un bref sourire gêné et tournai les talons vers mon bureau où trônait l'omoplate que j'avais fait léviter dans les flammes lors de ma démonstration. Sur le chemin qui serpentait entre les poufs et les plateaux jusqu'au bureau, je jetais un oeil autour de moi et je m’enorgueillis de constater que la plupart des élèves étaient ramassés au dessus de leurs plateaux et qu'ils essayaient véritablement de comprendre les craquelures que le feu avait taillé dans l'émail pour eux.
Ma main effleura l'os sur mon bureau. Il avait déjà refroidi. Alors, je le saisi et fit demi-tour afin de traverser à nouveau la salle. A mon second voyage, aucun élève ne m'interpella non plus. Au passage, je tirai un pouf que je fis glisser en face de celui de Primerose, de l'autre côté du plateau, afin d'être convenablement assis lors de la divination et non accroupi. Je m'assis en déposant délicatement l'omoplate sur le plateau. Elle était légèrement plus sombre et les flammes semblaient s'être davantage acharnées à entailler des fissures dans l'os. Comparée à celle de Primerose, l'omoplate était nettement plus petite, ce qui me fit instinctivement penser qu'il s'agissait d'un cheval plus jeune ou d'une race plus courte sur pattes.
Je me raclais la gorge et passais mes deux mains dans mes cheveux. Bien, on va pouvoir commencer. Ma main droite se dirigea naturellement vers le centre de mon front, où mes doigts se refermèrent avec douceur sur un fil immatériel que j'étirais jusqu'à ma poitrine en expirant profondément. Ce procédé me permettait symboliquement de lier le troisième œil au cœur. Primerose devait certainement déjà trouver la démonstration étrange...
J'expirai une nouvelle fois, plus profondément encore. Mon regard avait changé, il avait déjà perdu son aspect déconnecté et rêveur. N'importe quel observateur aurait reconnu dans mon visage les traits d'une détermination paisible et intense à la fois alors que je saisissais l'omoplate que je fis danser lentement entre mes doigts fins, comme si je n'étais plus complètement moi-même.
Je vois un diptyque. Une scène coupée en deux parties distinctes mais profondément entremêlées. entamais-je calmement. Au centre de cette vision, il y a un épais buisson, très développé, que je pense être un laurier... Il est très feuillu et parsemé de fleurs blanches d'un côté... De l'autre, il est rachitique, sur le point de perdre ses dernières feuilles... Le soleil et la lune abreuvent simultanément le laurier de leurs rayons, dans un ciel indécis, offrant, d'un côté, du bleu à perte de vue et, de l'autre, un océan d'étoiles scintillantes. Le jour et la nuit semblent se jauger du regard. Je ne sais s'il se livrent une bataille silencieuse ou s'ils ont mis un terme à leur course éternelle pour se retrouver enfin... Je fis une pause, me mordilla la lèvre tout en manipulant l'omoplate calcinée.
La partie rachitique du laurier, éclairée par la lune, est nappée d'une brume évanescente blanchâtre, dont les volutes se dispersent en formant des arabesques irrégulières. J'ai une impression de froid et de solitude... Mais aussi de tranquillité réconfortante... De l'autre côté, au soleil : une rosée s'est déposée sur les fleurs blanches et sur l'herbe verte, source de vie sacrée et de jeunesse... De vitalité et d'épanouissement... Je ne clignais pas des yeux. Mon regard, concentré, semblait danser autour des craquelures avec une agilité et une grâce sans pareille. Ce n'était pas terminé, la scène vibrait encore à mes yeux.
Là où se réunissent le jour et la nuit, les fleurs et les branches rachitiques, la brume et la rosée, au sol, parfaitement au centre de cette composition, je discerne un autel rudimentaire. Un simple promontoire en pierre, grossièrement taillé, pas plus haut qu'une trentaine de centimètres. Je fronçais les sourcils et me mordillais à nouveau les lèvres, plus longuement, plus fortement concentré encore pour quelques instants.
C'est une promesse. Une couronne d'aubépine. Mes yeux papillonnèrent un instant et les traits de mon visage se décrispèrent complètement. J'étais revenu "sur terre", la vision était terminée. Je restais perplexe, silencieux, momentanément, observant l'omoplate avec un intérêt certain, puis, je jetais un regard à Primerose. Cette scène, encore vive et battante dans mon esprit, m'avait laissé une sensation mitigée, une promesse d'espoir malgré la profonde dualité qui opposait les deux aspects entremêlés de cette vision. Eh bien, voilà ce que j'y vois, Primerose, lui confiais-je, envahi par une profonde mélancolie, affichant un sourire de façade mais que l'on devinait plutôt triste. Je n'avais plus vraiment le goût de parler après ça, ni même de poursuivre le cours, mais l'envie de demeurer auprès d'elle était intacte.
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Dim 18 Juin 2017 - 1:29
Cours de Divination
La Scapulomancie
Je l'avais pris au dépourvu. Son air décontenancé, ses sourcils qui s'étaient légèrement froncés, son bégaiement ... Tout m'indiqua que je l'avais pris de court. Étais-je allée trop loin ? Sans doute – je savais que j'avais dépassé les bornes. Pourtant, il me pria de l'attendre une minute, le temps de récupérer son omoplate. "Et... Et... Et bien, c'est une excellente question. Pour être honnête, je n'ai pas encore regardé... Attends, donne-moi une minute." Bredouilla-t-il avant de se lever, d'ajuster son veston d'un geste sûr et me décrocher un sourire pincé avant de tourner les talons. Comptait-il réellement me dévoiler sa vision ? Je n'étais plus aussi certaine de vouloir le savoir. Qui étais-je pour exiger cela de lui ? Je n'étais qu'une élève après tout, et en aucun cas, je n'aurais dû me permettre cette question déplacée. Néanmoins, je n'eus pas le temps de me torturer davantage l'esprit puisqu’à peine m'avait-il quitté qu'il était déjà de retour. Wouaw, mais comment a t'il pu être aussi rapide ? Songeais-je alors qu'il tirait un tabouret pour mieux pouvoir s'installer en face de moi.
Ses traits étaient tirés et son visage fermé, comme étrangement concentré alors qu'il posait délicatement l'omoplate sur la petite table ronde, juste à côté de la mienne. Comparée à cette dernière, celle de Tomlin semblait ridiculement petite. Pourtant, la manière dont elle avait été léchée par les flammes lui donnait un air étrangement plus mystique. À moins que je ne fabulasse ? Soudainement très captivée par la scène qui se déroulait sous mes yeux, je caressai du regard les doigts du professeur qui semblaient danser sur l'omoplate comme un ébéniste l'aurait fait sur une pièce en bois. C'était fascinant. Je remarquai à quel point il était immobile, d'un calme olympien alors que son regard se troublait légèrement. Était-il en train de lire les signes ? Je m'apprêtais à lui poser la question lorsqu'il finit par reprendre la parole. "Je vois un diptyque. Une scène coupée en deux parties distinctes mais profondément entremêlées. Au centre de cette vision, il y a un épais buisson, très développé, que je pense être un laurier... Il est très feuillu et parsemé de fleurs blanches d'un côté... De l'autre, il est rachitique, sur le point de perdre ses dernières feuilles... Le soleil et la lune abreuvent simultanément le laurier de leurs rayons, dans un ciel indécis, offrant, d'un côté, du bleu à perte de vue et, de l'autre, un océan d'étoiles scintillantes. Le jour et la nuit semblent se jauger du regard. Je ne sais s’ils se livrent une bataille silencieuse ou s'ils ont mis un terme à leur course éternelle pour se retrouver enfin..." J'écoutais, les yeux dans le vague, m'imaginant la scène alors qu'il continuait d'une voix calme. "La partie rachitique du laurier, éclairée par la lune, est nappée d'une brume évanescente blanchâtre, dont les volutes se dispersent en formant des arabesques irrégulières. J'ai une impression de froid et de solitude... Mais aussi de tranquillité réconfortante... De l'autre côté, au soleil : une rosée s'est déposée sur les fleurs blanches et sur l'herbe verte, source de vie sacrée et de jeunesse... De vitalité et d'épanouissement..." Mon esprit divaguait tandis que je réfléchissais à la signification de cette vision. Un laurier ? Je me rappelai avoir déjà lu quelque chose à propos de cette plante. Généralement, cette dernière était offerte aux jeunes mariées pour leur assurer une union heureuse et durable. Mais quel était le rapport avec cette dualité entre le soleil et la lune ? Je n’eus pas le loisir de pousser plus loin ma réflexion, Augurus reprenant le fil de sa vision : "Là où se réunissent le jour et la nuit, les fleurs et les branches rachitiques, la brume et la rosée, au sol, parfaitement au centre de cette composition, je discerne un autel rudimentaire. Un simple promontoire en pierre, grossièrement taillé, pas plus haut qu'une trentaine de centimètres. C'est une promesse. Une couronne d'aubépine ..." Finit-il par lâcher en se mordillant les lèvres. Nom d'un chien ! M'écriais-je mentalement, avant de le regarder avec des yeux ronds. Si je n'avais jamais douté de ses talents, voir le maître à l'œuvre était quelque chose. Pourtant, cette vision me laissa perplexe. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien signifier ? Et cette histoire d'autel au centre de la composition, qu'est-ce que cela voulait dire ? La couronne d'aubépine ...
"Eh bien, voilà ce que j'y vois, Primerose" Conclut-il après quelques minutes de silence que je n'avais osé briser. Les traits de son visage s'étaient affaissés et il semblait porter tout le poids du monde sur ses épaules. Mais pourquoi cet air si mélancolique ? Je le regardai avec insistance "Professeur, je ..." Mes mots mourraient immédiatement sur mes lèvres tandis que je devinai son désarroi. Il semblait si ... triste ? Cette vision semblait l'affecter plus que de mesure, et je me sentais étrangement coupable. En vérité, je n'aurais pas dû lui demander de me faire part de sa vision. J'étais bien trop curieuse, et mon vice avait finit par le blesser. J'étais vraiment la dernière des idiotes. "Professeur, tout va bien ? Excusez-moi, je n'aurais jamais dû vous demander cela ..." Chuchotais-je en me penchant vers lui, tendant ma main droite vers la sienne avant de me raviser – prenant conscience qu'encore une fois, mon geste aurait été déplacé. Pourtant, je brûlai de le réconforter, prendre sa main dans la mienne et lui dire que j'étais désolée. Je voulais lui dire que ce n'était rien, qu'il n'avait qu'à tout oublier ... Mais je n'en fis rien. Je ne lui demanderai pas non plus ce que voulait dire cette vision. Je ne chercherais pas à en comprendre la signification. Je devais seulement apprendre à rester à ma place.
Les sourcils froncés, furieuse contre moi-même, je baissai les yeux vers les deux omoplates calcinées et soufflai. Il fallait que je parte. Que je prenne l'air. J'en avais assez fait comme ça. Ce n'était pas la peine d'en rajouter une couche et mettre Tomlin un peu plus dans l'embarrassas. "Excusez-moi professeur, je dois partir." Déclarais-je en me levant précipitamment de mon tabouret, récupérant au passage le petit sac en cuir qui traînait à mes pieds. "A plus tard" Bredouillais-je avant de prendre mes jambes à mon cou, zigzagant entre les tables avant d'atteindre la petite porte en bois et franchir le seuil bancal. Une fois dehors, je m'incitai au calme et inspirai tant bien que mal. Par Merlin, pensais-je, mais qu'est-ce qui m'arrive ?
Ses traits étaient tirés et son visage fermé, comme étrangement concentré alors qu'il posait délicatement l'omoplate sur la petite table ronde, juste à côté de la mienne. Comparée à cette dernière, celle de Tomlin semblait ridiculement petite. Pourtant, la manière dont elle avait été léchée par les flammes lui donnait un air étrangement plus mystique. À moins que je ne fabulasse ? Soudainement très captivée par la scène qui se déroulait sous mes yeux, je caressai du regard les doigts du professeur qui semblaient danser sur l'omoplate comme un ébéniste l'aurait fait sur une pièce en bois. C'était fascinant. Je remarquai à quel point il était immobile, d'un calme olympien alors que son regard se troublait légèrement. Était-il en train de lire les signes ? Je m'apprêtais à lui poser la question lorsqu'il finit par reprendre la parole. "Je vois un diptyque. Une scène coupée en deux parties distinctes mais profondément entremêlées. Au centre de cette vision, il y a un épais buisson, très développé, que je pense être un laurier... Il est très feuillu et parsemé de fleurs blanches d'un côté... De l'autre, il est rachitique, sur le point de perdre ses dernières feuilles... Le soleil et la lune abreuvent simultanément le laurier de leurs rayons, dans un ciel indécis, offrant, d'un côté, du bleu à perte de vue et, de l'autre, un océan d'étoiles scintillantes. Le jour et la nuit semblent se jauger du regard. Je ne sais s’ils se livrent une bataille silencieuse ou s'ils ont mis un terme à leur course éternelle pour se retrouver enfin..." J'écoutais, les yeux dans le vague, m'imaginant la scène alors qu'il continuait d'une voix calme. "La partie rachitique du laurier, éclairée par la lune, est nappée d'une brume évanescente blanchâtre, dont les volutes se dispersent en formant des arabesques irrégulières. J'ai une impression de froid et de solitude... Mais aussi de tranquillité réconfortante... De l'autre côté, au soleil : une rosée s'est déposée sur les fleurs blanches et sur l'herbe verte, source de vie sacrée et de jeunesse... De vitalité et d'épanouissement..." Mon esprit divaguait tandis que je réfléchissais à la signification de cette vision. Un laurier ? Je me rappelai avoir déjà lu quelque chose à propos de cette plante. Généralement, cette dernière était offerte aux jeunes mariées pour leur assurer une union heureuse et durable. Mais quel était le rapport avec cette dualité entre le soleil et la lune ? Je n’eus pas le loisir de pousser plus loin ma réflexion, Augurus reprenant le fil de sa vision : "Là où se réunissent le jour et la nuit, les fleurs et les branches rachitiques, la brume et la rosée, au sol, parfaitement au centre de cette composition, je discerne un autel rudimentaire. Un simple promontoire en pierre, grossièrement taillé, pas plus haut qu'une trentaine de centimètres. C'est une promesse. Une couronne d'aubépine ..." Finit-il par lâcher en se mordillant les lèvres. Nom d'un chien ! M'écriais-je mentalement, avant de le regarder avec des yeux ronds. Si je n'avais jamais douté de ses talents, voir le maître à l'œuvre était quelque chose. Pourtant, cette vision me laissa perplexe. Qu'est-ce que tout cela pouvait bien signifier ? Et cette histoire d'autel au centre de la composition, qu'est-ce que cela voulait dire ? La couronne d'aubépine ...
"Eh bien, voilà ce que j'y vois, Primerose" Conclut-il après quelques minutes de silence que je n'avais osé briser. Les traits de son visage s'étaient affaissés et il semblait porter tout le poids du monde sur ses épaules. Mais pourquoi cet air si mélancolique ? Je le regardai avec insistance "Professeur, je ..." Mes mots mourraient immédiatement sur mes lèvres tandis que je devinai son désarroi. Il semblait si ... triste ? Cette vision semblait l'affecter plus que de mesure, et je me sentais étrangement coupable. En vérité, je n'aurais pas dû lui demander de me faire part de sa vision. J'étais bien trop curieuse, et mon vice avait finit par le blesser. J'étais vraiment la dernière des idiotes. "Professeur, tout va bien ? Excusez-moi, je n'aurais jamais dû vous demander cela ..." Chuchotais-je en me penchant vers lui, tendant ma main droite vers la sienne avant de me raviser – prenant conscience qu'encore une fois, mon geste aurait été déplacé. Pourtant, je brûlai de le réconforter, prendre sa main dans la mienne et lui dire que j'étais désolée. Je voulais lui dire que ce n'était rien, qu'il n'avait qu'à tout oublier ... Mais je n'en fis rien. Je ne lui demanderai pas non plus ce que voulait dire cette vision. Je ne chercherais pas à en comprendre la signification. Je devais seulement apprendre à rester à ma place.
Les sourcils froncés, furieuse contre moi-même, je baissai les yeux vers les deux omoplates calcinées et soufflai. Il fallait que je parte. Que je prenne l'air. J'en avais assez fait comme ça. Ce n'était pas la peine d'en rajouter une couche et mettre Tomlin un peu plus dans l'embarrassas. "Excusez-moi professeur, je dois partir." Déclarais-je en me levant précipitamment de mon tabouret, récupérant au passage le petit sac en cuir qui traînait à mes pieds. "A plus tard" Bredouillais-je avant de prendre mes jambes à mon cou, zigzagant entre les tables avant d'atteindre la petite porte en bois et franchir le seuil bancal. Une fois dehors, je m'incitai au calme et inspirai tant bien que mal. Par Merlin, pensais-je, mais qu'est-ce qui m'arrive ?
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Re: [Cours de Divination #1] La Scapulomancie
Dim 18 Juin 2017 - 11:47
La Scapulomancie
Réponse à Primerose MacNaughton
"Professeur, je ..." hésita Primerose."Professeur, tout va bien ? Excusez-moi, je n'aurais jamais dû vous demander cela ..." En fait, c'était moi qui n'aurait pas dû entrer dans son jeu, ce n'était pas digne d'un enseignant. Mon esprit émergeait peu à peu de la nostalgie pour laisser place nette au chapelet de reproches auto-destructeurs de mon esprit le plus rationnel. Bien joué Augurus, une vraie réussite, comme toujours ! Comme si tu étais franchement surpris d'obtenir ce genre de réponse, imbécile. Comme si tu ignorais ce que tu ressens. Tu crois que c'est normal de t'amuser à faire ce genre de choses ?. Seulement, lorsqu'elle occupait mes pensées, il m'était impossible d'être entièrement rationnel et je perdais le contrôle sur la partie de moi qui m'empêchait généralement de tout foutre en l'air.
"Excusez-moi professeur, je dois partir", déclara brutalement Primerose, qui ramassa son sac avant de se diriger précipitamment vers la sortie en se fendant d'un "A plus tard", d'une sobriété meurtrière, semblable à une lame plantée dans mon abdomen qui se sentait plus vide que jamais. J'avais envie de la retenir et de l'enlacer enfin. Je brûlais de pouvoir le faire. Je mourrai de lui avouer ce que je ressentais, si seulement l'éthique et la morale que Saint Augurus le Rationnel prônait en maxime universelle ne me torturaient pas autant. Mais je craignais, m'épouvantais,que celle qui hante mes pensées et mes insomnies puisse rire, s'esclaffer, de l'idée d'imaginer cette pâle et vieille branche mystique effleurer ses lèvres en serrant contre lui une création aussi angélique.
Alors, l'incompréhension, la crainte et la retenue la regardèrent passer la porte, plongées toutes les trois dans un mutisme fataliste, tandis que leurs alliés, la frustration, la colère et les reproches s'armaient de tous leurs maux, car ils savaient que leur moment de répandre sur moi leur cruel jugement approchait à grands pas.
Je me raclais la gorge en me redressant mécaniquement, et tirai une nouvelle fois sur les pans de mon veston pour me redonner une contenance. Mon regard se détourna de la porte et balaya la salle. Quelques élèves, embarrassés, rouges comme des pivoines, avaient observé la scène et s'évertuaient à dissimuler la pitié qu'ils ressentaient pour moi ou leurs moqueries en plongeant davantage le nez dans leurs plateaux. Je consultai ma montre à goussets, et soupirai profondément, impatient que le cours se termine et que je me retrouve seul face à moi-même, que je puisse enfin mettre mon visage dans mes mains et me demander ce qui cloche chez moi.
La vision était encore très vivante à mes yeux. Ce maudit autel et cette satanée couronne d'aubépine semblaient ne pas vouloir s'évaporer, tout comme les échos assassins assénés par cet "A plus tard" qui me dévastais. Alors, pour chasser tout cela, pour ne pas les affronter, je déambulais entre les plateaux, les bras croisés, l'air lointain, en observant ces élèves dont j'enviais l'insouciance, souvent, la jeunesse, parfois et l'audace, toujours.