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Azazel - Un oiseau de passage
Lun 26 Juin 2017 - 23:33
Un oiseau de passage
Juin 2017 - Le parcNaïa Llewellyn
& Azazel Adams
D'un claquement sec et d'un geste définitif, Naïa referma l'ouvrage qu'elle s'escrimait à trouver intéressant depuis bientôt deux heures. L'agitation soudaine de la jeune femme fit lever les yeux d'Oliver de son propre bouquin. «Tu t'en vas ? » s'enquit-il d'un ton en apparence égal. Seul un froncement de sourcils de sa part lui apprit qu'il était contrarié. Ce constat arracha à la Llewellyn une moue amusée et un peu attendrie. -Oui, gros bébé. Assez révisé pour aujourd'hui, j'ai besoin de faire un tour. Décréta -t- elle d'un air à peine suffisant. Ils avaient tous les deux passés leur DUCs l'année précédente, et les examens de cette année ne l'avaient pas inquiété une seule seconde. Elle était la meilleure dans son domaine, de toute façon. Quel danger ? « Tu veux venir ? » Se crut-elle obligée d'ajouter, mais son frère secouait déjà la tête. Faire un tour, chez Naïa, ce n'était qu'une formulation anodine pour manifester son désir de prendre son envol. Au sens littéral du terme. « C'est avec ma sœur que j'ai envie d'être, pas avec un piaf ! » Rétorqua -t- il d'un ton blagueur. Naïa haussa les épaules et contourna la table pour venir l'embrasser sur la joue, avant de quitter la petite salle inoccupée où ils se rejoignaient parfois.
De son pas léger et sautillant, qui rappelait un peu la démarche de son animal totem, Naïa s'avança dans le couloir, à la recherche de l'endroit propice. Pourquoi tant d'efforts pour se transformer à sa guise si elle ne pouvait en profiter ? Même quelqu'un d'aussi sociable qu'elle avait besoin de ces instants de solitude salvateurs, de liberté. Et son âme d'artiste n'appréciait rien tant que ces longs vols pour se ressourcer et piocher des idées de paysages marquants à retranscrire dans son précieux carnet.
Ah ! Voilà cette fenêtre, suffisamment isolée pour pouvoir se transformer en toute quiétude. Bien qu'elle soit déclarée depuis longtemps, elle tenait encore à la discrétion et l'anonymat que lui offrait son déguisement. Avec des gestes que l'habitude avait rendus rapides et précis, elle ouvrit la fenêtre, et sortit sa baguette pour rapetisser ses affaires, ne s'arrêtant avec satisfaction que lorsqu'ils atteignirent une taille suffisante pour qu'elle les glisse dans ses poches. Puis elle devint oiseau.
Même encore cinq ans après sa toute première transformation – longue, douloureuse et angoissante, car elle était restée vingt minutes sans réussir à se retransformer – c'était merveilleusement satisfaisant de sentir son corps changer à ce point, ses os et ses muscles se dissoudre pour se remodeler, ses cordes vocales muer, sa bouche et son nez fusionner pour devenir un bec. L'oiseau, dont la transformation était désormais achevée, étira ses ailes avec un plaisir évident, puis les agita aussi tôt pour s'envoler. Heureusement, en ces temps estivaux la présence d'une hirondelle ne choquait plus personne. Naïa en profita pour virevolter gracieusement au gré de ses envies, savourant des sensations décuplées. Bien vite, elle décida de se rapprocher du sol, histoire de trouver l'endroit idéal pour se poser. Et c'était chose faite lorsque quelque chose attira sa vue déformée. Un chat !
..Ah mais non, pas n'importe quel chat ! Depuis le temps, elle aurait pu en reconnaître les caractéristiques les yeux bandés, et si l'oiseau ne pouvait pas sourire, l'étincelle un peu trop humaine au fond de ses yeux, se teinta de joie. Comme si c'était un geste convenu, quelque chose de tout à fait normal, l'hirondelle fondit sur le chat pour atterrir en douceur sur son dos, se frayant ensuite un chemin jusqu'à sa tête dans un geste caractéristique. Un geste qui voulait dire bien le bonjour, Azazel !.
De son pas léger et sautillant, qui rappelait un peu la démarche de son animal totem, Naïa s'avança dans le couloir, à la recherche de l'endroit propice. Pourquoi tant d'efforts pour se transformer à sa guise si elle ne pouvait en profiter ? Même quelqu'un d'aussi sociable qu'elle avait besoin de ces instants de solitude salvateurs, de liberté. Et son âme d'artiste n'appréciait rien tant que ces longs vols pour se ressourcer et piocher des idées de paysages marquants à retranscrire dans son précieux carnet.
Ah ! Voilà cette fenêtre, suffisamment isolée pour pouvoir se transformer en toute quiétude. Bien qu'elle soit déclarée depuis longtemps, elle tenait encore à la discrétion et l'anonymat que lui offrait son déguisement. Avec des gestes que l'habitude avait rendus rapides et précis, elle ouvrit la fenêtre, et sortit sa baguette pour rapetisser ses affaires, ne s'arrêtant avec satisfaction que lorsqu'ils atteignirent une taille suffisante pour qu'elle les glisse dans ses poches. Puis elle devint oiseau.
Même encore cinq ans après sa toute première transformation – longue, douloureuse et angoissante, car elle était restée vingt minutes sans réussir à se retransformer – c'était merveilleusement satisfaisant de sentir son corps changer à ce point, ses os et ses muscles se dissoudre pour se remodeler, ses cordes vocales muer, sa bouche et son nez fusionner pour devenir un bec. L'oiseau, dont la transformation était désormais achevée, étira ses ailes avec un plaisir évident, puis les agita aussi tôt pour s'envoler. Heureusement, en ces temps estivaux la présence d'une hirondelle ne choquait plus personne. Naïa en profita pour virevolter gracieusement au gré de ses envies, savourant des sensations décuplées. Bien vite, elle décida de se rapprocher du sol, histoire de trouver l'endroit idéal pour se poser. Et c'était chose faite lorsque quelque chose attira sa vue déformée. Un chat !
..Ah mais non, pas n'importe quel chat ! Depuis le temps, elle aurait pu en reconnaître les caractéristiques les yeux bandés, et si l'oiseau ne pouvait pas sourire, l'étincelle un peu trop humaine au fond de ses yeux, se teinta de joie. Comme si c'était un geste convenu, quelque chose de tout à fait normal, l'hirondelle fondit sur le chat pour atterrir en douceur sur son dos, se frayant ensuite un chemin jusqu'à sa tête dans un geste caractéristique. Un geste qui voulait dire bien le bonjour, Azazel !.
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