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comme une odeur de cigarette / landry
Mar 19 Sep 2017 - 15:05
comme une odeur de cigarette
Il songea que les plaisirs s’effacent en même temps qu’on les éprouve : on n’arrive jamais à se rappeler sa dernière cigarette. Si le bonheur s’accumule, ça n’est pas parce qu’il reste dans le sang, mais parce que c’est le sang. Δ Hanif Kureishi @Landry Mormont & Iain Campbell |
Les mains tremblent quelque peu. Le manque de ce mélange de nicotine et d'alcool rend le blanc de tes yeux jaunâtres, strillés de quelques veines sanglantes. Tu passes une main dans tes cheveux, fébrile. Tu ne sais pas pourquoi tu es dans cet état, une symbiose parfaite entre angoisse et excitation. Tu allumes une cigarette dans cette pièce glauque. Bien qu'au sein de l'établissement, tu es à l'abri des regards. Comme à l'abri des règles. Et les règles, en ce moment précis, tu t'en contre-fous, comme souvent d'ailleurs. Mais là, dans cette salle aux allures de films d'horreur, dans la pénombre naissante, à la lueur de quelques bougies, tu n'es plus le tyrannique professeur de métamorphose. Tyrannique, tu le restes, mais professeur, dès qu'il passera la porte, tu l'oublieras. Si tu es ici, assis sur ce qui ressemble à une table, fumant anxieusement ta clope du bout de tes lèvres jaunies, c'est parce que tu attends ce qui se rapporterait à un ami. Que dis-je, ce gamin qui va passer la porte rouillée, c'est presque comme ta chair. Tu l'as vu grandir au fil des années. Vous veniez tout deux d'arriver à Hungcalf lorsque vous vous êtes rencontrés, toi pour enseigner, lui pour étudier. Et ton cœur bouilli, mou, vide de toutes émotions, s'est attaché à ce petit bonhomme qui entrait chez les Grymm. Landry Mormont, héritier souillé du clan écossais. Et sa façon d'être, ses yeux bleus de jeune adulte, pleins de curiosité sur la métamorphose. Tout ça t'a fait t'attacher. Toi qui sortais d'une période où le simple fait de créer des liens avec une personne te faisait vomir. Landry Mormont. Celui qu'on appelle le Grand Corbeau. N'est-ce pas grâce à toi Iain ? Tu lui as tout appris, tout légué. Toi qui n'est même pas un animagus. Maître, mentor, ami. Il est ta plus belle réussite, et il n'a pas besoin d'être ton fils pour que tu éprouves envers lui une grande fierté. La cendre de ta cigarette tombe sur ton costume noir, laissant une traînée blanche quand tu l'enlèves d'un revers de main. Et pourtant, malgré tout ce qui vous unis, en cette nouvelle année à l'université, le maître et son apprenti se sont quelque peu éloignés. Vous ne passez plus autant de temps que vous le faisiez. Le gamin grandit. Et bientôt, il n'aura plus besoin de son mentor. Serait-ce ça qui te rend si anxieux vis-à-vis de lui ? Tu as peur Iain, mais tu ne l'avoueras jamais. Landry fera sa vie au bout d'un moment, que tu le veuilles ou non. Il entre dans sa dernière année d'études, et toi, tu resteras à Hungcalf, pendant que lui s'en ira devenir un grand sorcier. Celui que tu n'as pas pu être. À cause de tes débordements. Et tu espères tout de même, au fond de toi, que Landry n'aura pas les mêmes déboires. Une dernière bouffée de nicotine, et la cigarette se consume une dernière fois avant de laisser derrière elle un mégot rabougri, que tu jettes sur les pierres qui pavent la salle. Si tu as demandé à ton protégé de venir, c'est pour prendre de ses nouvelles. Il a beau être dans tes cours, ainsi que dans la maison dont tu es directeur, vous ne vous voyez qu'en coup de vent. Un signe de main dans les couloirs, un sourire complice en cours. Pas plus, vous qui au début passiez tout votre temps ensemble, à discuter de tout et de rien, comme de choses beaucoup plus sérieuses. Alors tu as décidé d'avoir un échange avec lui, pour parler, lui demander ce qu'il va faire en sortant de l'université. Un simple échange, entre amis. Le grincement des gonds rouillés fait bondir ton cœur. Tu reconnais la silhouette qui se découpe dans l'encadrement. Et ce regard qui sait te percer à jour. Tu reprends ton allure nonchalante, histoire de ne pas faire transparaître l'angoisse qui te pince de toute part. "Le bébé corbeau pointe le bout de son bec." dis-tu en allumant une seconde cigarette, un sourire narquois sur les lèvres. Tu relèves tes yeux noisette sur le jeune homme. "Ca fait quelque temps qu'on a pas discuté tous les deux, bonhomme. Alors, comment ça va ? Toujours aussi à l'aise avec ta forme d'animagus ?" L'odeur âcre du tabac empli peu à peu la pièce. Elle se loge sur ton palais, comme un goût d'interdit au sein de cet établissement. Elle t'apaise. Et tu sais que tu en as besoin, face à ce gamin qui sait absolument tout de ton passé. |
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- Déplace toi rapidement comme le vent et étroitement formé comme le bois. Attaque comme le feu | Ayden
- rj - "rien ne ravive mieux le passé, que l'odeur qu'on lui a autrefois associée."
- landry ◈ le grand corbeau
- sawyer ;; une dernière cigarette avant la fin du monde - end
- Juste smoke one cigarette more and hush - Vedran