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we started so high, now we can't let go. (fb)
Mer 1 Nov 2017 - 18:52
rest in peace the man i used to be. i feel the magic. it burns in the air. i see illusions are everywhere. i feel the magic. it's out of control. smoke and mirrors everywhere i go.
Maître Corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage. Maître Renard, par l’odeur alléché, lui tint à peu près ce langage.
Installé en équilibre, mais pas moins confortablement sur une des branches hautes de ce chêne, qui devait rouspéter intérieurement, mais n’ayant aucune possibilité de l’exprimer visiblement puisqu’il n’était qu’un arbre non magique, de devoir accueillir le fessier princier du professeur, celui-ci laissait pendre sa jambe dans le vide, et observait le monde qui se déroulait à ses pieds, son corps matériel caché grâce aux feuilles qui avaient bruni à cause du temps automnal mais qui étaient toujours bien accrochées à leurs racines. Le soleil, bien que moins chaud à cause de l’approche imminente de l’hiver malgré les rayons incandescents qu’il projetait, toujours bien en place dans le ciel, comme pour accompagner les rires insouciants des quelques élèves qui se promenaient dans le parc, l’homme singe pensait déjà à la soirée à venir, moment qui s’annonçait plus que prometteur. Un peu plus d’une décennie que l’ancien joueur était devenu professeur, et il n’avait toujours pas appris à se discipliner. Certes, le règlement il le connaissait bien, quoique pas assez à l’évidence. Il n’avait pas changé, ou très peu, de la période de ses propres années universitaires, et lorsqu’il avait remis les pieds sur le terrain de la belle bâtisse des années plus tard, on lui avait refoutu la charte sous le nez. Oui, on peut dire qu’il connaissait bien les règles maintenues, ou plutôt essayées d’être maintenues, par Hungcalf, cependant en tant qu’ancien Wright – rouge un jour, rouge toujours –, il était de ceux qui pensaient que les lois étaient faites pour être contournées, et qu’il était bien plus intéressant d’ériger ses propres règles. Alors oui, ce n’était peut-être pas digne d’un professeur, censé être exemplaire et tout autre baratin de la même valeur, seulement, après des premières années à se poser des questions existentielles, il comptait bien rester celui qu’il était, aussi naturel que possible.
La musique résonnait déjà à ses tympans, entre les parois de son esprit bien agité comme s’il ne faisait qu’un avec les basses tonitruantes, alors qu’il n’avait même pas encore posé les pieds à l’intérieur de la boîte de nuit sorcière écossaise bien connue. Les gens affluaient, tous enfermés dans leurs bulles respectives où ils permettaient à quelques uns de pénétrer leur monde éphémère, passer la nuit à plusieurs que tout seul. Jazz, il observait le monde. Il caressait de ses opales, comme si c’était ses phalanges, les bulles créées autour de ces petits groupes, s’imaginer ce qu’il pouvait bien s’y passer, sans jamais savoir concrètement de quoi il en était recourt. Toutefois, autant il aimait être spectateur actif, ce soir il avait lui-même un rôle à jouer. Si ses pupilles lagon pouvaient s’égarer sur les autres protagonistes, figurants à ses yeux pour le moment, son attention était entièrement portée sur la jeune femme qui l’accompagnait. Sorcière, ancienne élève de Hungcalf qui avait battu des cils en présence du professeur pendant des années, elle ne faisait plus partie de l’université, et, homme faible, n’avait pas résisté plus longtemps à ses rentre-dedans. Énième rendez-vous dans ce night-club. S’il riait joyeusement, sans prétention, aux blagues de la belle femme, humant agréablement son parfum qui titillait ses sens, il hésita deux petites secondes, avant de passer un bras autour de ses épaules, appréciant le léger contact, tout en saluant de la main le videur qu’il connaissait bien, maintenant.
S’il avait déjà apprécié le simple contact de son corps contre le sien, lorsqu’il l’avait prise dans une étreinte loin d’être digne d’un gentleman, il savait que le meilleur restait à venir. Des corps en transe qui se déchaînaient sur une piste de danse collante qui était entrain de ruiner leurs chaussures, ils n’étaient définitivement pas les seuls à profiter de l’énergie nocturne. Toutefois, Jazz n’en avait pas grand chose à foutre des personnes qui rentraient dans son espace vital, et qui le bousculaient alors qu’ils ne savaient que faire de leurs membres, essayant de suivre le rythme de la mélodie. Non, tout ce qui comptait momentanément, c’était la jeune sorcière, dont il avait totalement oublié le prénom à cette heure-ci, qui se frottait contre lui, à chaque déhanché osé, et qui lui lançait des sourires qui laissaient peu de place à l’imagination. Il aurait bien voulu faire croire qu’il n’était pas un homme lambda faible aux charmes du sexe, mais qui allait-il tromper ? Les autres ? Non. Lui-même ? Encore moins. Alors, il ne résista pas bien plus longtemps, alors qu’elle se collait à lui de manière significative, chuchotant quelques paroles à son oreille qu’il ne compris pas, parce qu’elle passait sa langue sur son cou. Il grogna, attrapant sa main, et la guidant vers une black-room, de manière experte à travers cette foule en délire, qui aurait un mal de crâne le lendemain, assurément.
Peut-être que ce n’était pas la meilleure idée qu’il ait eue. Peut-être que l’homme intelligent redevenait une bête primaire aux pulsions instinctives. Peut-être, et même très certainement, ce n’était pas sa plus belle prise, toutefois, dans le besoin momentané, il faisait taire son cerveau, pour se concentrer sur cette chaleur qui l’envahissait, des pieds à la tête, n’oubliant aucune partie de son organisme. Il se sépara de ses lèvres quelques secondes, pour reprendre son souffle qui commençait à devenir bien saccadé, et un sourire illumina son visage. Il déposa un dernier furtif baiser avant de craquer le premier – pathétique –, et commencer à se déshabiller. Sa conquête se mit à glousser, découvrant peu à peu le corps nu de ce professeur sur lequel elle avait longtemps fantasmé, l’observant sans faire un geste qui aurait signifié qu’elle voulait l’imiter. Cependant, Jazz il s’en foutait, il en était presque trop pressé. Quadragénaire qui retombait en adolescence, si jamais un jour il l’avait quittée. Puis, dans sa plus belle tenue d’Adam, alors qu’il se tenait ainsi sans aucune gêne ou pudeur, attendant avec impatience la suite, la sorcière s’approcha de manière séductrice de lui, avant de le faire asseoir sur le canapé. Et la suite des événements se passa si vite, qu’il n’eut pas le temps de comprendre ce qu’il arrivait, et encore moins de réagir. Elle prit ses vêtements à la hâte, avant de tourner les talons, lui tourner le dos, et s’en aller loin de lui, sans oublier de claquer la porte derrière elle. Jazz regarda le vide, sa forme fantôme, quelques minutes, avant de se passer une main dans ses cheveux bleutées. Ah. Bon. D’accord. Bordel.
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