Février ?

Archie. Ca fait un petit moment que je me dis qu'il faut que je le voie, que je lui propose de venir, mais je suppose qu'il a peur de déranger, et je dois bien avouer que pour ma part, je cours partout. Faolán, le Blue Love's Day, le mariage de Sullivan et Othello. Autant ces tâches sont des plus positives en elles-mêmes, autant elles ne me laissent guère le temps de souffler. Et je ne saurais que trop remercier mes familles d'être toujours là pour m'épauler.

Vic et Grace, évidemment? ma famille de sang, mais aussi Gideon - et je ne peux pas nier qu'avoir de nouveau le père de mon enfant auprès de moi fait battre mon coeur d'une vivacité toute neuve - Tina, ma famille par alliance - enfin c'est tout comme dans ma tête, bien que rien ne soit réellement officiel entre nous - Cormac, les Licornes, ma famille de coeur... Je ne sais pas ce que je ferais sans eux !

Archie en fait partie, au même titre que les autres, et peut-être même plus. Après tout, c'est un de mes plus anciens amis... Et c'est grâce à lui que j'ai fait la connaissance de Gideon. Un sourire étire mes lèvres comme j'y repense, et il ne me quitte pas quand je vais répondre à la sonnette d'entrée : je lui ai proposé de venir prendre le thé aujourd'hui, et je dois bien avouer que j'attendais son arrivée avec impatience.

Treize ans. La moitié de nos vies, à se côtoyer, se soutenir, s'entraider. Ce n'est pas rien, bien loin de là. Il s'est passé tellement de choses, on a évolué, chacun de notre côté et les aléas de la vie nous marqué chacun à notre manière. J'ai craint de les avoir perdus, les autres outlaws et lui, il y a quelques mois, mais Archie autant que les autres fait toujours partie de mes proches à mon plus grand soulagement et c'est quelque chose que je compte bien garder quand bien même il ne m'est pas toujours facile de le faire autant que je le souhaiterais au jour le jour.

Quand j'ai ouvertla porte et qu'Archie m'a prise dans des bras, je lui ai rendu son étreinte avec plaisir avant de le faire entrer dans mon humble demeure.

Ça fait du bien de te revoir, Holly. Et comment va Faolàn? Il d'avoir bien grandi depuis la dernière fois, le petit bonhomme.
Ah Ça c'est indéniable... ça va tellement vite, je suis encore en train de changer sa garde-robe...

J'ai guidé l'outlaw vers le salon où du thé et des macarons n'attendent que nous, et je nous approche du berceau où le "petit loup" dort à poings fermés.

Il vient de vider un gros biberon et de s'endormir... l'informé-je à voix basse en lui laissant le champ libre pour venir le regarder.

Et puis nous nous sommes installés dans le canapé où je m'attelle à nous servir une tasse de thé chacun avant de lui tendre l'assiette de macarons aux parfums divers pour qu'il y fasse son choix.

Comment vas-tu depuis le temps ?

C'est une question qui semble banale, pourtant elle est parfaitement sincère. Je souhaite réellement savoir s'il va bien, ça n'est pas le simple "ça va" presque rhétorique que j'attends mais je ne pourrais pas vraiment lui jeter la pierre : je suis là première à ne guère trop partager mes états d'âme quand ça ne va pas..

Faolán grandit tellement vite... quelque part, ça m'effraie, j'ai l'impression de n'avoir le temps de rien, de ne pas avoir profité d'une étape que la suivante est déjà là. Je m'efforce de garder des souvenirs d'à peu près tout, mais même comme ça j'ai parfois le sentiment de passer à côté de son éveil. Sans doute que la culpabilité s'insinue en moi comme je n'ai pas d'autre choix que de travailler et ne suis pas avec lui en permanence. Peut-être que c'est particulièrement le cas parce que j'aime mon travail, que j'ai un peule sentiment de l'abandonner pour ça.

- Il vous ressemble comme deux gouttes d'eau.

Je souris, peut-être un peu trop fière. Mon fils a encore les yeux gris des bébés mais je ne peux m'empêcher de penser qu'ils éclaircissent un peu au fil des semaines, il a les traits si fins et cet air coquin dans le regard qui présage de belles facéties lorsqu'il sera plus grand. Et puis ses mèches roux pâle, à l'évidence héritées de son père. Archie a raison, il nous ressemble, à tous les deux. Et chaque fois que mon regard se pose sur lui, une vague de tendresse m'envahit.

Je reporte cependant mon attention sur mon ami, m'intéresse à lui. J'ai parfois peur de devenir une de ces mères qui ne savent plus parler que de leur progéniture.

- Oh et bien tu sais tout va comme pour le mieux, les examens finaux approchent à grands pas, je travaille toujours aussi rigoureusement.

Je n'en doutais pas, en effet. Et s'il y a bien une personne pour laquelle je ne m'inquiète pas à ce niveau-là, elle se trouve en face de moi.

- J'avoue que ne plus vous voir toi et Gideon tous les jours à l'université, ça fait un peu bizarre, à Cormac et Cassius je pense aussi, mais bon, ça ne veut pas dire que notre amitié changera !
- J'espère bien !

Je dis ça comme si c'était une évidence, pourtant ça n'a pas toujours été le cas. J'ai eu tellement peur de les voir disparaître tous les trois de mon entourage quand on s'est séparés Gid et moi l'an passé...

- Et toi donc, comment vas-tu ?

Je souris quand Archie me renvoie ma question. Sa sollicitude me touche autant que sa présence chez moi.

- Comme une jeune maman qui travaille, je suppose...

Mon regard tombe sur mon fils encore endormi.

- On a la chance qu'il fasse déjà ses nuits et puis il y a Victor, Grace et Tina pour ne citer qu'eux...

J'ai de la chance, je sais. Ça n'empêche pas la fatigue cela dit, et ça se voit certainement sur mon visage, mais jamais je ne regretterais mon choix.

- C'est sûr que c'était pas la situation idéale mais... mais c'est mon fils...

Et ça veut tout dire. Il n'était pas prévu, il n'aurait pas dû naître peut-être, mais il est là, et c'est la plus belle chose du monde.