- InvitéInvité
Manhattan
Mar 20 Mar 2018 - 12:02
Le piano tisse une ambiance feutrée dans la pénombre. La soirée se déroule à l'abri des regards, comme tous les soirs, au Filet du Diable. Les quelques sorciers présents sont des silhouettes dont on ignore si elles viennent d'arriver ou ont toujours été la. L'atmosphère du speakeasy a de typique cette impression que le temps s'y déroule beaucoup plus lentement qu'au dehors. On y entre comme dans une bulle hors du monde. C'est à la fois vertigineux de constance et doucement rassurant.
Accoudé au bar, un Manhattan posé devant moi, je griffonne sur un vieux bout de parchemin sans prêter attention à ce qui se passe autour. Cela fait un moment qu'une idée me trotte dans la tête et je viens à peine de me décider à tout mettre en place pour qu'elle aboutisse.
En effet, les derniers événements m'avaient bien retourné. Entre la fausse couche de Scylla, mes progrès en enchantement et le reste : je n'avais pas eu l'occasion de remettre en cause autant de mes certitudes depuis bien longtemps. En outre, j'étais bien incapable d'affirmer clairement ce que je voulais pour la suite. Mais puisque Scylla et moi étions encore libre de tout engagement matériel, c'était le bon moment pour s'interroger.
Dans cette optique, j'avais peu à peu commencé à ressentir le besoin de me tourner vers mes origines. Et par là, j'entendais naturellement la branche vampire de ma famille. Je crois qu'il était plus que temps pour moi de faire le tri entre ce dont j'avais hérité par influence et ce qui tient de la génétique.
Cela faisait près de vingt ans que je n'avais pas vu mon paternel. Malgré cela, son ombre planait toujours plus ou moins au dessus de moi. Un éternel insouciant, toujours trop entouré... Comme si l'évocation même de la solitude risquait de le réduire en cendre, à la manière d'un rayon de soleil. Et de solitude, je parle de celle qui permet d'être qui l'on est. Celle qui n'attend aucune validation extérieure : la vraie acceptation de son identité, en somme. Lui, il était cette chose qui se greffe à tout ce qui passe, pour en saigner la vitalité. Incapable de se suffire à lui-même... Mais peut-on attendre autre chose d'un vampire ?
J'avais beau reconnaître toutes ses défaillances, cela ne m'empêchait pas de reproduire le même schéma : vivre à demi en n'assumant jamais rien. J'en étais donc arrivé à la conclusion qu'il me fallait l'affronter une bonne fois pour toute, afin de faire le tri entre ce qui lui appartient et ce que je veux pour moi-même.
Est-ce que c'est le début de la sagesse ?
Peut-être bien...
J'inscris mon prénom au bas du parchemin et hésite un moment à y ajouter le nom de famille. Vingt ans sans se voir, ni échanger le moindre mot : devrais-je faire preuve de formes à son endroit ? Je laisse échapper un court souffle du nez, avant de me décider à laisser les choses telles quelles. Une enveloppe vient sceller le sort de la missive. Sur le dos, je plaque en lettres rondes et soigneusement calligraphiées le nom de la bête : Vladek Cioban.
Le hibou postal se chargera du reste... Mais il faudra tout de même que je l'enchante, si je veux qu'elle passe la barrière anti-sorcier de son domaine. La chasse au vampire s'observait encore en Roumanie et cela n'avait rien d'étonnant, puisqu'ils y pullulaient. De fait, on comprenait aisément l'existence de ce type de dispositif.
Relativement satisfait, je range la lettre dans la poche intérieure de ma veste et reporte mon attention sur le verre en face de moi. Il doit être aux alentours de vingt-trois heures, environs... J'ai encore toute la soirée devant moi.
Accoudé au bar, un Manhattan posé devant moi, je griffonne sur un vieux bout de parchemin sans prêter attention à ce qui se passe autour. Cela fait un moment qu'une idée me trotte dans la tête et je viens à peine de me décider à tout mettre en place pour qu'elle aboutisse.
En effet, les derniers événements m'avaient bien retourné. Entre la fausse couche de Scylla, mes progrès en enchantement et le reste : je n'avais pas eu l'occasion de remettre en cause autant de mes certitudes depuis bien longtemps. En outre, j'étais bien incapable d'affirmer clairement ce que je voulais pour la suite. Mais puisque Scylla et moi étions encore libre de tout engagement matériel, c'était le bon moment pour s'interroger.
Dans cette optique, j'avais peu à peu commencé à ressentir le besoin de me tourner vers mes origines. Et par là, j'entendais naturellement la branche vampire de ma famille. Je crois qu'il était plus que temps pour moi de faire le tri entre ce dont j'avais hérité par influence et ce qui tient de la génétique.
Cela faisait près de vingt ans que je n'avais pas vu mon paternel. Malgré cela, son ombre planait toujours plus ou moins au dessus de moi. Un éternel insouciant, toujours trop entouré... Comme si l'évocation même de la solitude risquait de le réduire en cendre, à la manière d'un rayon de soleil. Et de solitude, je parle de celle qui permet d'être qui l'on est. Celle qui n'attend aucune validation extérieure : la vraie acceptation de son identité, en somme. Lui, il était cette chose qui se greffe à tout ce qui passe, pour en saigner la vitalité. Incapable de se suffire à lui-même... Mais peut-on attendre autre chose d'un vampire ?
J'avais beau reconnaître toutes ses défaillances, cela ne m'empêchait pas de reproduire le même schéma : vivre à demi en n'assumant jamais rien. J'en étais donc arrivé à la conclusion qu'il me fallait l'affronter une bonne fois pour toute, afin de faire le tri entre ce qui lui appartient et ce que je veux pour moi-même.
Est-ce que c'est le début de la sagesse ?
Peut-être bien...
J'inscris mon prénom au bas du parchemin et hésite un moment à y ajouter le nom de famille. Vingt ans sans se voir, ni échanger le moindre mot : devrais-je faire preuve de formes à son endroit ? Je laisse échapper un court souffle du nez, avant de me décider à laisser les choses telles quelles. Une enveloppe vient sceller le sort de la missive. Sur le dos, je plaque en lettres rondes et soigneusement calligraphiées le nom de la bête : Vladek Cioban.
Le hibou postal se chargera du reste... Mais il faudra tout de même que je l'enchante, si je veux qu'elle passe la barrière anti-sorcier de son domaine. La chasse au vampire s'observait encore en Roumanie et cela n'avait rien d'étonnant, puisqu'ils y pullulaient. De fait, on comprenait aisément l'existence de ce type de dispositif.
Relativement satisfait, je range la lettre dans la poche intérieure de ma veste et reporte mon attention sur le verre en face de moi. Il doit être aux alentours de vingt-trois heures, environs... J'ai encore toute la soirée devant moi.
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Mar 20 Mar 2018 - 14:46
[HRP/à coder/HRP]
Cela fait des mois que tu n’as pas parlé à tes parents, Adèle. Des années, même. Avant même ton divorce, tu te contentais des obligations minimales. Les anniversaires, Noël, la nouvelle année et les événements sorciers d’importance. Tes parents, eux, ne t’ont pas oubliée pour autant, et la missive que tu as reçue aujourd’hui de la main élégante de ta mère en est la preuve. Ton père fait désormais partie du Consulat sorcier d’Allemagne et va bientôt être envoyé en poste en Angleterre. Ô joie tu as tellement hâte de les revoir, l’un et l’autre… A la vérité, pour toi, ils sont comme morts. De ta famille, reste ta sœur ainée, Estelle, cracmolle de son état, et ta sœur cadette, dont tu t’es éloignée après la naissance de ton fils car elle n’a pas compris ce qu’elle a pris pour ton choix. Et même si vous vous reparlez aujourd’hui, ce n’est pas comme Estelle. Estelle, elle, elle a compris que tu n’as obéi à tes parents que pour elle. Parce que ce qu’ils n’ont pas obtenu de l’ainée – non douée de magie – ils l’ont reporté sur toi. Et qu’ils ont dû menacer de la déshériter - après t’avoir menacé toi sans succès – pour obtenir ce qu’ils attendaient. C’est par amour de ton ainée, de ta confidente que tu as cédé, que tu as abandonné la chair de ta chair et que tu as épousé cet homme qui n’était rien pour toi, et que tu as poignardé dans le dos dès que tu l’as pu. Il n’a, malheureusement, pas eu d’ennuis pour ce que tu as fait dans son dos. Estelle est aussi en Angleterre, d’ailleurs, et tu sais pertinemment que, tout comme toi, elle ne sera pas ravie de revoir vos parents.
Après avoir diné avec elle pour lui annoncer la bonne nouvelle, tu te retrouves seule, sans avoir envie de rentrer chez toi. « Il faut que je rentre, ma chérie… Je suis désolée… » t’a-t-elle dit en partant. Toi aussi, tu es désolée, d’ailleurs… D’autant plus que tu n’as qu’une envie : te poser devant un verre de vin devant ta cheminée. Alors, plutôt que de te retrouver seule chez toi, tu as décidé d’aller dans un bar à cocktail : leFilet du diable . Ce n’est pas un endroit où tu vas lorsque tu es seule. Tu y es allée avec Estelle, déjà, à plusieurs reprises, ceci dit. C’est, en général, votre petit repère pour une soirée entre sœurs et cela te fait bizarre d’y aller seule. D’autant que tu n’as pas pris le temps de te changer entre ta sortie du ministère et ton arrivée au restaurant avec ta sœur. C’est donc en tailleur que tu arrives au bar. Tu déboutonnes les deux boutons du haut, pour faire moins austère, ce qui rend, tu l’admets, ton décolleté relativement plongeant, mais peu t’importe. Tu sais que tu ne ramèneras personne chez toi ce soir. Ton réveil alcoolisé après la soirée de Noël avec Gareth Silvermann, ancien Auror et ancien professeur de Défenses contre les forces du mal de l’université t’a suffi. Tu n’es pas d’humeur, surtout.
Tu entres bientôt dans le bar et, au lieu de te diriger vers une table, comme tu l’aurais fait si Estelle t’avait accompagnée, tu te diriges vers le bar. Cette position ne te met pas à l’aise, d’ailleurs, te donnant l’impression d’être un pilier de bar, une alcoolique venue étancher son addiction. Un cocktail ou deux seule n’a jamais tué personne… songes-tu pour te donner bonne conscience en t’approchant d’un homme qui range un papier dans sa poche. « Bonsoir, un Gimlet, s'il vous plait. » commandes-tu au barman lorsqu’il s’approche de toi avant de te tourner vers l’homme. « Bonsoir, cette place est-elle prise ? » lui demandes-tu d’un ton cordial sans pouvoir t’empêcher de le détailler des pieds à la tête. Ton habitude de jauger les gens, sans doute…
Cela fait des mois que tu n’as pas parlé à tes parents, Adèle. Des années, même. Avant même ton divorce, tu te contentais des obligations minimales. Les anniversaires, Noël, la nouvelle année et les événements sorciers d’importance. Tes parents, eux, ne t’ont pas oubliée pour autant, et la missive que tu as reçue aujourd’hui de la main élégante de ta mère en est la preuve. Ton père fait désormais partie du Consulat sorcier d’Allemagne et va bientôt être envoyé en poste en Angleterre. Ô joie tu as tellement hâte de les revoir, l’un et l’autre… A la vérité, pour toi, ils sont comme morts. De ta famille, reste ta sœur ainée, Estelle, cracmolle de son état, et ta sœur cadette, dont tu t’es éloignée après la naissance de ton fils car elle n’a pas compris ce qu’elle a pris pour ton choix. Et même si vous vous reparlez aujourd’hui, ce n’est pas comme Estelle. Estelle, elle, elle a compris que tu n’as obéi à tes parents que pour elle. Parce que ce qu’ils n’ont pas obtenu de l’ainée – non douée de magie – ils l’ont reporté sur toi. Et qu’ils ont dû menacer de la déshériter - après t’avoir menacé toi sans succès – pour obtenir ce qu’ils attendaient. C’est par amour de ton ainée, de ta confidente que tu as cédé, que tu as abandonné la chair de ta chair et que tu as épousé cet homme qui n’était rien pour toi, et que tu as poignardé dans le dos dès que tu l’as pu. Il n’a, malheureusement, pas eu d’ennuis pour ce que tu as fait dans son dos. Estelle est aussi en Angleterre, d’ailleurs, et tu sais pertinemment que, tout comme toi, elle ne sera pas ravie de revoir vos parents.
Après avoir diné avec elle pour lui annoncer la bonne nouvelle, tu te retrouves seule, sans avoir envie de rentrer chez toi. « Il faut que je rentre, ma chérie… Je suis désolée… » t’a-t-elle dit en partant. Toi aussi, tu es désolée, d’ailleurs… D’autant plus que tu n’as qu’une envie : te poser devant un verre de vin devant ta cheminée. Alors, plutôt que de te retrouver seule chez toi, tu as décidé d’aller dans un bar à cocktail : le
Tu entres bientôt dans le bar et, au lieu de te diriger vers une table, comme tu l’aurais fait si Estelle t’avait accompagnée, tu te diriges vers le bar. Cette position ne te met pas à l’aise, d’ailleurs, te donnant l’impression d’être un pilier de bar, une alcoolique venue étancher son addiction. Un cocktail ou deux seule n’a jamais tué personne… songes-tu pour te donner bonne conscience en t’approchant d’un homme qui range un papier dans sa poche. « Bonsoir, un Gimlet, s'il vous plait. » commandes-tu au barman lorsqu’il s’approche de toi avant de te tourner vers l’homme. « Bonsoir, cette place est-elle prise ? » lui demandes-tu d’un ton cordial sans pouvoir t’empêcher de le détailler des pieds à la tête. Ton habitude de jauger les gens, sans doute…
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Mer 21 Mar 2018 - 21:47
Une silhouette féminine apparaît dans ma vision périphérique. Je lui adresse un bref regard en biais, avant de reporter mon attention sur mon verre, l'esprit encore porté par mes précédentes considérations.
Entre temps, le barman approche et prend sa commande. Un Gimlet : le genre de cocktail qui va bien à une femme pressée. Juste du gin et de la lime, c'est austère et ça monte vite à la tête. Idéal quand on n'a pas envie de perdre son temps, sans pour autant se donner l'impression de n'avoir pas véritablement profité de son passage au bar. Je suppose qu'elle n'a pas dans l'idée de s'attarder plus que nécessaire.
Une intention qui s'assortirait fort bien à ce tailleur sévère, d'ailleurs...
Sans y songer davantage, je bois une gorgée de mon Manhattan, tandis que mes pensées dérivent à nouveau en direction de la Roumanie. Mais voilà qu'elle intervient à nouveau, pour me demander si la place à côté est libre. Cette fois-ci, je prends la peine de lever vers elle mes pupilles luisant dans la pénombre.
« Allez-y.
Fais-je, l'esquisse d'un sourire en coin. Comme je m'apprête à détourner les yeux, je la vois qui me toise d'un regard rapide. Cela m'incite inconsciemment à faire de même. Au tailleur sévère, je note l'effort des deux boutons défaits. Une volonté d'adaptation au contexte, je suppose... Ma voisine est visiblement de ces gens qui savent contrôler leur image. Elle dégage beaucoup d'assurance, comme le laissait déjà présager la fermeté cordiale de son intonation.
Sans doute ai-je affaire à l'une de ces cadres supérieures que l'on voit parfois traîner par ici... Ou bien à une fonctionnaire du ministère. Qui sait...
« La personne qui vous accompagne habituellement n'est pas là ce soir ?
Je demande alors, avant de prendre une gorgée dans mon verre. Mon intonation est un brin taquine, mais sans lourdeur. Je n'ai pas l'intention de lui imposer ma conversation. Mais s'il est bien un contexte pour lequel il est normal que deux adultes qui ne se connaissent pas s'échangent deux mots, c'est bien celui-ci.
Entre temps, le barman approche et prend sa commande. Un Gimlet : le genre de cocktail qui va bien à une femme pressée. Juste du gin et de la lime, c'est austère et ça monte vite à la tête. Idéal quand on n'a pas envie de perdre son temps, sans pour autant se donner l'impression de n'avoir pas véritablement profité de son passage au bar. Je suppose qu'elle n'a pas dans l'idée de s'attarder plus que nécessaire.
Une intention qui s'assortirait fort bien à ce tailleur sévère, d'ailleurs...
Sans y songer davantage, je bois une gorgée de mon Manhattan, tandis que mes pensées dérivent à nouveau en direction de la Roumanie. Mais voilà qu'elle intervient à nouveau, pour me demander si la place à côté est libre. Cette fois-ci, je prends la peine de lever vers elle mes pupilles luisant dans la pénombre.
« Allez-y.
Fais-je, l'esquisse d'un sourire en coin. Comme je m'apprête à détourner les yeux, je la vois qui me toise d'un regard rapide. Cela m'incite inconsciemment à faire de même. Au tailleur sévère, je note l'effort des deux boutons défaits. Une volonté d'adaptation au contexte, je suppose... Ma voisine est visiblement de ces gens qui savent contrôler leur image. Elle dégage beaucoup d'assurance, comme le laissait déjà présager la fermeté cordiale de son intonation.
Sans doute ai-je affaire à l'une de ces cadres supérieures que l'on voit parfois traîner par ici... Ou bien à une fonctionnaire du ministère. Qui sait...
« La personne qui vous accompagne habituellement n'est pas là ce soir ?
Je demande alors, avant de prendre une gorgée dans mon verre. Mon intonation est un brin taquine, mais sans lourdeur. Je n'ai pas l'intention de lui imposer ma conversation. Mais s'il est bien un contexte pour lequel il est normal que deux adultes qui ne se connaissent pas s'échangent deux mots, c'est bien celui-ci.
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Jeu 22 Mar 2018 - 16:40
C’est tout toi, ça, Adèle, de détailler les personnes aux côtés desquelles tu te trouves. Tu as besoin d’enregistrer le moindre détail de leur physique afin de pouvoir les reconnaître si tu les croises un autre jour. Une déformation professionnelle, sans doute. A n’en pas douter, même. Cela fait partie du protocole du ministère, après tout, de pouvoir appeler par son nom – lorsque tu le connais – les personnes qui viennent te saluer. Tu as, d’ailleurs, toujours eu une sainte horreur des assistants dont le rôle est de souffler le nom d’une personne venant vers toi. C’est ta particularité, Adèle. Tu as une très bonne mémoire des visages. Et cet homme-là, tu sais que tu l’as déjà croisé, même si tu ne te souviens pas du lieu exact. « Merci, Monsieur » réponds-tu aimablement lorsqu’il te répond que tu peux t’asseoir à ses côtés. Il faut dire, aussi, que le bar à cocktail est déjà plein à l’exception d’une table alors qu’il est encore relativement tôt en soirée. Une preuve de succès.
Tu détournes la tête de ton voisin pour observer les autres personnes qui composent l’assemblée, à la recherche d’un visage familier, peut-être. L’homme pourrait donc tout à fait légitimement se demander si tu cherches une personne précise dans l’assistance ou pas. La question, d’ailleurs, ne tarde pas à se reposer et tu reportes ton attention sur lui en plissant légèrement les yeux. Pas de colère, non, mais plus de curiosité et même d’une pointe d’espièglerie qui peine néanmoins à sortir lorsque tu réponds : « Suis-je donc si prévisible ? » le sourire que tu adresses à l’homme en tout cas adoucit sans conteste ton timbre de voix resté très neutre. « Ma sœur n’a pas pu venir avec moi ce soir. Elle avait d’autres obligations. Je me retrouve donc seule… » ajoutes-tu avec un haussement d’épaules calculé. « Je constate qu’il semble en être de même pour vous… Nous sommes deux âmes esseulées si je ne me trompe pas. » conclus-tu au moment où le barman te ramène ta boisson commandée. « Merci. » Tu payes ta consommation, laissant un pourboire au jeune homme et te tournes vers ton voisin.
Un sourire se dessine alors sur ton visage. Tu n’as pas envie de rester seule toute la soirée. En tout cas, pas tant que tu te trouves ici. Toi qui, en temps normal te complet dans une certaine distance avec les autres, dans une certaine solitude qui te change agréablement du ton mielleux et de l’hypocrisie de nombre de tes collaborateurs qui veulent seulement se faire bien voir de leur directrice de département, tu as, ce soir, envie d’être une personne comme les autres, qui peut discuter de la pluie et du beau temps avec un inconnu. Tu as envie d’être Adèle, et nom Hammerstein. Sans doute parce que tu sais que d’ici quelques semaines, très cher Père et très chère Mère seront présents à Londres et au Ministère et que tu pourras les croiser tous les jours. Tu ne doutes pas le moins du monde, d’ailleurs, qu’ils chercheront à t’inviter, notamment au cours de soirées mondaines chez eux et que, compte tenu de ta fonction, tu ne pourras pas refuser. Cette simple idée te pousse à boire une longue gorgée de ta boisson.
Tu détournes la tête de ton voisin pour observer les autres personnes qui composent l’assemblée, à la recherche d’un visage familier, peut-être. L’homme pourrait donc tout à fait légitimement se demander si tu cherches une personne précise dans l’assistance ou pas. La question, d’ailleurs, ne tarde pas à se reposer et tu reportes ton attention sur lui en plissant légèrement les yeux. Pas de colère, non, mais plus de curiosité et même d’une pointe d’espièglerie qui peine néanmoins à sortir lorsque tu réponds : « Suis-je donc si prévisible ? » le sourire que tu adresses à l’homme en tout cas adoucit sans conteste ton timbre de voix resté très neutre. « Ma sœur n’a pas pu venir avec moi ce soir. Elle avait d’autres obligations. Je me retrouve donc seule… » ajoutes-tu avec un haussement d’épaules calculé. « Je constate qu’il semble en être de même pour vous… Nous sommes deux âmes esseulées si je ne me trompe pas. » conclus-tu au moment où le barman te ramène ta boisson commandée. « Merci. » Tu payes ta consommation, laissant un pourboire au jeune homme et te tournes vers ton voisin.
Un sourire se dessine alors sur ton visage. Tu n’as pas envie de rester seule toute la soirée. En tout cas, pas tant que tu te trouves ici. Toi qui, en temps normal te complet dans une certaine distance avec les autres, dans une certaine solitude qui te change agréablement du ton mielleux et de l’hypocrisie de nombre de tes collaborateurs qui veulent seulement se faire bien voir de leur directrice de département, tu as, ce soir, envie d’être une personne comme les autres, qui peut discuter de la pluie et du beau temps avec un inconnu. Tu as envie d’être Adèle, et nom Hammerstein. Sans doute parce que tu sais que d’ici quelques semaines, très cher Père et très chère Mère seront présents à Londres et au Ministère et que tu pourras les croiser tous les jours. Tu ne doutes pas le moins du monde, d’ailleurs, qu’ils chercheront à t’inviter, notamment au cours de soirées mondaines chez eux et que, compte tenu de ta fonction, tu ne pourras pas refuser. Cette simple idée te pousse à boire une longue gorgée de ta boisson.
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Sam 24 Mar 2018 - 22:40
Ma voisine réplique sur le même ton, un léger sourire en coin en interrogeant ma question. Je hausse alors vaguement les épaules, feignant la nonchalance, au moment de répondre.
« Non, juste un coup de chance...
J'esquisse l'ombre d'un rictus. Habitué des bars, je n'ai guère de mal à distinguer les individus à l'aise dans la solitude d'avec les autres. Prendre un verre seul est encore assez négativement connoté... Il y a dans le comportement de ceux qui s'y essaient pour la première fois un petit quelque chose en commun et que je m'amuse toujours d'observer.
Qu'importe cependant.
Le regard toujours posé sur elle, j'écoute ma voisine évoquer sa sœur et le contexte qui l'amène donc à fréquenter habituellement ce bar. Une confession gratuite et qui m'indique, à priori, que je n'ai pas affaire à quelqu'un de fermé à la discussion. Et comme elle étend à mon cas le constat de sa solitude, je me laisse à mon tour aller à un aveux sans conséquence.
« On dirait bien que oui. Fais-je, tandis que le barman lui apporte sa boisson. Je travaille à l'Université, alors ce genre de moment de tranquillité... Disons que, de temps à autre, c'est nécessaire.
J'étouffe un petit rire à travers un souffle du nez. L'université et son flot d'étudiant. L'université et ses imprévus constants à gérer... Je pense qu'elle n'aura guère de mal à saisir l'étendue de ce qui se cache derrière cette simple phrase.
Plus j'y pense, plus l'idée d'une conversation paisible animée seulement par le son feutré du piano me tente. J'ai eu à gérer tant de problèmes ces derniers temps que j'en ai presque oublié ce genre de plaisir simple.
« Thomas.
Fais-je alors, tandis qu'elle se tourne tout à fait vers moi. Je l'imite dans la foulée et viens trinquer mon verre contre le sien, avant d'en boire une nouvelle gorgée. Que l'on parle de banalités, de choses et d'autres, peu importe. C'est tout ce qu'il me faut, en ce moment.
« Non, juste un coup de chance...
J'esquisse l'ombre d'un rictus. Habitué des bars, je n'ai guère de mal à distinguer les individus à l'aise dans la solitude d'avec les autres. Prendre un verre seul est encore assez négativement connoté... Il y a dans le comportement de ceux qui s'y essaient pour la première fois un petit quelque chose en commun et que je m'amuse toujours d'observer.
Qu'importe cependant.
Le regard toujours posé sur elle, j'écoute ma voisine évoquer sa sœur et le contexte qui l'amène donc à fréquenter habituellement ce bar. Une confession gratuite et qui m'indique, à priori, que je n'ai pas affaire à quelqu'un de fermé à la discussion. Et comme elle étend à mon cas le constat de sa solitude, je me laisse à mon tour aller à un aveux sans conséquence.
« On dirait bien que oui. Fais-je, tandis que le barman lui apporte sa boisson. Je travaille à l'Université, alors ce genre de moment de tranquillité... Disons que, de temps à autre, c'est nécessaire.
J'étouffe un petit rire à travers un souffle du nez. L'université et son flot d'étudiant. L'université et ses imprévus constants à gérer... Je pense qu'elle n'aura guère de mal à saisir l'étendue de ce qui se cache derrière cette simple phrase.
Plus j'y pense, plus l'idée d'une conversation paisible animée seulement par le son feutré du piano me tente. J'ai eu à gérer tant de problèmes ces derniers temps que j'en ai presque oublié ce genre de plaisir simple.
« Thomas.
Fais-je alors, tandis qu'elle se tourne tout à fait vers moi. Je l'imite dans la foulée et viens trinquer mon verre contre le sien, avant d'en boire une nouvelle gorgée. Que l'on parle de banalités, de choses et d'autres, peu importe. C'est tout ce qu'il me faut, en ce moment.
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Lun 26 Mar 2018 - 19:52
Un coup de chance ? Tu hausses un sourcil, Adèle, te demandant s’il sort toujours le même laïus aux femmes qu’il rencontre pour la première fois. Mais cela t’amuse cependant. A croire que tu as vraiment besoin d’un divertissement. Pas à croire, d’ailleurs… Tu en as vraiment besoin. Tu ne dis rien, cependant, désireuse de simplement passer un bon moment, sans montrer ton côté autoritaire, directif voire pire qui peut donner envie aux gens qui ne te connaissent pas – et parfois à ceux qui te connaissent – de te fuir. Pour une fois, tu décides de te montrer ouverte et civilisée et pas simplement polie. Même s’il te faut pour cela gratter en partie le vernis de la surface.
Tu décides donc, afin de réellement entamer la conversation avec lui, de souligner le fait que vous êtes l’un et l’autre dans le même cas : seuls dans un bar plein de personnes accompagnées. Tu regardes un instant autour de vous les couples qui se tiennent par la main, les ami(e)s qui rigolent et ta solitude te tord un instant le ventre. Heureusement, ton compagnon de la soirée reprend la parole, expliquant qu’il travaille à l’université. Avec Hikoboshi, donc. Le nom de ton ex t’effleure la langue, mais tu le ravales, refusant de le ramener au présent de ton esprit. « Je comprends tout à fait ce que vous voulez dire. Je travaille au ministère de la magie, et ce n’est pas facile tous les jours… » réponds-tu, sans expliquer réellement ce que tu fais. Non… Hammerstein, ce soir, ce n’est pas une bonne idée. Pas avec l’ombre de tes parents qui pèse sur toi.
Tu fermes un instant les yeux, chassant aussi cette ombre perfide et menaçante de ton présent pour te concentrer sur ce bar, sur la musique, sur l’homme qui te tient compagnie et qui vient de se présenter. « Adèle », réponds-tu avant d’ajouter : « Enchantée de faire votre connaissance, Thomas. » Tu tends alors poliment la main vers lui pour achever le côté officiel de votre présentation. C’est peut-être un peu trop guindé, mais tu es ainsi, Adèle. Tu ne pourras pas faire mieux, tu en as conscience. Il en faut nettement plus pour pouvoir passer tes barrières, Adèle. Le dernier à avoir réussi, c’est Gareth à Noël. Mais depuis, il a purement et simplement disparu de la circulation. C’est dommage. Il aurait peut-être pu t’aider, ce soir, à te débarrasser de tes démons le temps d’une nuit.
Tu décides donc, afin de réellement entamer la conversation avec lui, de souligner le fait que vous êtes l’un et l’autre dans le même cas : seuls dans un bar plein de personnes accompagnées. Tu regardes un instant autour de vous les couples qui se tiennent par la main, les ami(e)s qui rigolent et ta solitude te tord un instant le ventre. Heureusement, ton compagnon de la soirée reprend la parole, expliquant qu’il travaille à l’université. Avec Hikoboshi, donc. Le nom de ton ex t’effleure la langue, mais tu le ravales, refusant de le ramener au présent de ton esprit. « Je comprends tout à fait ce que vous voulez dire. Je travaille au ministère de la magie, et ce n’est pas facile tous les jours… » réponds-tu, sans expliquer réellement ce que tu fais. Non… Hammerstein, ce soir, ce n’est pas une bonne idée. Pas avec l’ombre de tes parents qui pèse sur toi.
Tu fermes un instant les yeux, chassant aussi cette ombre perfide et menaçante de ton présent pour te concentrer sur ce bar, sur la musique, sur l’homme qui te tient compagnie et qui vient de se présenter. « Adèle », réponds-tu avant d’ajouter : « Enchantée de faire votre connaissance, Thomas. » Tu tends alors poliment la main vers lui pour achever le côté officiel de votre présentation. C’est peut-être un peu trop guindé, mais tu es ainsi, Adèle. Tu ne pourras pas faire mieux, tu en as conscience. Il en faut nettement plus pour pouvoir passer tes barrières, Adèle. Le dernier à avoir réussi, c’est Gareth à Noël. Mais depuis, il a purement et simplement disparu de la circulation. C’est dommage. Il aurait peut-être pu t’aider, ce soir, à te débarrasser de tes démons le temps d’une nuit.
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Mar 27 Mar 2018 - 23:03
La jeune femme abonde dans le sens de ma remarque et en profite pour évoquer le fait qu'elle travaille au ministère. J'ai un bref acquiescement, comme une manière de laisser entendre que je vois ce qu'elle veut dire et qu'effectivement, nous sommes d'accord sur la question.
Cela dit, je n'ai de représentation de la fonction publique que l'image vague d'une bureaucratie barbante et excessivement complexe. Mais cette femme là n'a pas franchement l'air d'une simple gratte-papier de base. Non... Je serais même plutôt prêt à parier qu'elle occupe un poste à responsabilité.
Dans la foulée, elle me dit s'appeler Adèle : je réponds à ses politesses par d'autres.
« De même.
Et je serre doucement la main qu'elle me tend, non sans afficher un petit sourire amusé.
« Vous aimez les formes. Je remarque, dans un élan de spontanéité. Ça vous va bien, cela dit. Enfin, rapport à ce que vous dégagez...
Mon intonation est tranquille et la chose est dite comme une simple observation, rien de plus : je ne passe pas mon temps à cogiter à tout ce que je raconte...
Disons que c'est une manière de lui faire part de l'impression qu'elle m'a fait : une femme rigoureuse, qui sait ce qu'elle fait. Le genre à toujours avoir un œil sur sa propre image... Ce sont des choses qui se perçoivent facilement. Il n'y a pas besoin d'être un aigle pour s'en rendre compte.
« Qu'est-ce qui vous a décidé à venir boire un verre seule, alors ? Puisque c'est avec votre sœur que vous venez, d'habitude.
Ma curiosité se greffe naturellement aux éléments donnés précédemment. Je tisse le fil, questionne et assemble les pièces du puzzle composé de ses anecdotes, histoire de reconstituer le portrait de la personne qui se trouve en face de moi. Rien d'extraordinaire là dedans : c'est ce que nous faisons tous.
Cela dit, je n'ai de représentation de la fonction publique que l'image vague d'une bureaucratie barbante et excessivement complexe. Mais cette femme là n'a pas franchement l'air d'une simple gratte-papier de base. Non... Je serais même plutôt prêt à parier qu'elle occupe un poste à responsabilité.
Dans la foulée, elle me dit s'appeler Adèle : je réponds à ses politesses par d'autres.
« De même.
Et je serre doucement la main qu'elle me tend, non sans afficher un petit sourire amusé.
« Vous aimez les formes. Je remarque, dans un élan de spontanéité. Ça vous va bien, cela dit. Enfin, rapport à ce que vous dégagez...
Mon intonation est tranquille et la chose est dite comme une simple observation, rien de plus : je ne passe pas mon temps à cogiter à tout ce que je raconte...
Disons que c'est une manière de lui faire part de l'impression qu'elle m'a fait : une femme rigoureuse, qui sait ce qu'elle fait. Le genre à toujours avoir un œil sur sa propre image... Ce sont des choses qui se perçoivent facilement. Il n'y a pas besoin d'être un aigle pour s'en rendre compte.
« Qu'est-ce qui vous a décidé à venir boire un verre seule, alors ? Puisque c'est avec votre sœur que vous venez, d'habitude.
Ma curiosité se greffe naturellement aux éléments donnés précédemment. Je tisse le fil, questionne et assemble les pièces du puzzle composé de ses anecdotes, histoire de reconstituer le portrait de la personne qui se trouve en face de moi. Rien d'extraordinaire là dedans : c'est ce que nous faisons tous.
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Ven 30 Mar 2018 - 14:46
Tu serres la main de l’homme à tes côtés tandis qu’il remarque que tu aimes les formes. Tu esquisses un sourire, Adèle. Il n’a pas tort. En même temps, c’est ton éducation qui veut ça, et tu n’as jamais réussi à t’en départir malgré les tentatives de tes amis à Poudlard. Tu as ce côté guindé, coincé, même. « En effet… Et c’est très important au Ministère, de savoir respecter les formes. » Surtout dans tes fonctions. Tu ne sais, en tout cas, si à cet instant présent c’est une bonne ou une mauvaise chose d’exsuder ton côté formel par tous tes pores. Tu ne détectes pas de critique, toutefois dans le constat de ton voisin. Cela te soulage un brin, même si tu n’en laisses rien paraître. Tu n’as pas envie d’être jugée, Adèle. Pas ce soir. Ce soir, tu as juste envie d’oublier un peu tes soucis, et de prendre du bon temps.
Tu détournes un instant la tête de ton voisin pour regarder le musicien qui s’est lancé dans un ambitieux morceau de jazz. Il est plutôt doué, il faut le reconnaître. Ta main posée sur le verre sur le comptoir bat la mesure tandis qu’il finit par reprendre la parole, te posant une question plus personnelle sur ta venue ici. Ton cœur se serre, un peu. La vérité, c’est qu’hormis ta sœur, tu n’as pas vraiment d’amis avec qui partager ce genre de soirée. La seule autre personne avec qui tu voudrais être… Tu l’évites. Au fond, tu es très seule Adèle, et cette prise de conscience te blesse. Tu fermes un instant les yeux avant de tourner à nouveau la tête vers ton voisin. « Disons que… J’ai appris la venue de mes parents d’ici peu et… Ce n’est pas une bonne nouvelle. » C’est le moins que l’on puisse en dire. « Ni pour elle, ni pour moi, d’ailleurs… Il n’y a guère que notre benjamine qui doit avoir de bonnes relations avec eux… » Et pour cause… Ils l’ont laissée vivre sa vie comme elle l’entendait. Estelle étant cracmolle, c’est sur toi qu’ils ont reporté toutes leurs attentes, faisant de toi la femme solitaire que tu es aujourd’hui.
N’ayant guère envie d’approfondir sur le sujet de tes parents, ou sur toi-même, en tout état de cause, tu décides de prendre le contrôle de la conversation. « Et vous-même ? Etes-vous mélomane au point de venir seul pour écouter de la musique dans un bar, ou… Vous ne me ferez pas croire que c’est uniquement l’envie de sortir de l’université qui vous a amené ici… »
Tu détournes un instant la tête de ton voisin pour regarder le musicien qui s’est lancé dans un ambitieux morceau de jazz. Il est plutôt doué, il faut le reconnaître. Ta main posée sur le verre sur le comptoir bat la mesure tandis qu’il finit par reprendre la parole, te posant une question plus personnelle sur ta venue ici. Ton cœur se serre, un peu. La vérité, c’est qu’hormis ta sœur, tu n’as pas vraiment d’amis avec qui partager ce genre de soirée. La seule autre personne avec qui tu voudrais être… Tu l’évites. Au fond, tu es très seule Adèle, et cette prise de conscience te blesse. Tu fermes un instant les yeux avant de tourner à nouveau la tête vers ton voisin. « Disons que… J’ai appris la venue de mes parents d’ici peu et… Ce n’est pas une bonne nouvelle. » C’est le moins que l’on puisse en dire. « Ni pour elle, ni pour moi, d’ailleurs… Il n’y a guère que notre benjamine qui doit avoir de bonnes relations avec eux… » Et pour cause… Ils l’ont laissée vivre sa vie comme elle l’entendait. Estelle étant cracmolle, c’est sur toi qu’ils ont reporté toutes leurs attentes, faisant de toi la femme solitaire que tu es aujourd’hui.
N’ayant guère envie d’approfondir sur le sujet de tes parents, ou sur toi-même, en tout état de cause, tu décides de prendre le contrôle de la conversation. « Et vous-même ? Etes-vous mélomane au point de venir seul pour écouter de la musique dans un bar, ou… Vous ne me ferez pas croire que c’est uniquement l’envie de sortir de l’université qui vous a amené ici… »
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Dim 1 Avr 2018 - 18:41
Il semblerait que la fortune ait décidé de croiser le chemin des deux pauvres âmes aux prises avec leur famille ce soir. À travers cette simple explication, j'entrevois bien des choses. Des rapports houleux entre les générations, une sœur qui s'en tire un peu mieux... J'imagine une famille un brin traditionnelle. Assez stricte, sans doute, pour avoir engendré celle qui se trouve à mon côté ce soir.
En tout cas, c'est le genre de situation qui me parle, naturellement. Cela fait des années que je m'épargne la compagnie des miens. Les liens du sang sont arbitraires : je pensais pouvoir m'en passer pour de bon. Mais forcé de constater que je me suis trompé. Aujourd'hui et en dépit de mes doutes, je ressens le besoin d'y retourner, de renouer avec ces "autres" aux mœurs si différentes.
Fatalité risible.
J'adresse un regard en coin à Adèle au moment où elle me retourne la question, tout en prenant une gorgée de ma boisson. Pour moi, ce type de question porte une dimension piégeuse. Forcément.
" Je ne suis pas un grand dormeur.
Lui dis-je, un rictus faisant son chemin sur mes traits. Les bars sont les seuls lieux animés à des heures avancées de la nuit. De manière générale, la solitude ne me dérange pas mais, comme tout le monde, il y a aussi des moments où je préfère avoir de la compagnie.
C'est aussi simple que cela. Mais comme beaucoup de choses simples liées à ma nature, je ne peux pas les dire.
" Cela dit, je crois que nous avons quelque chose en commun malgré tout. Fais-je, changeant de sujet. J'étais en train d'écrire à mon père avant que vous n'arriviez. Figurez vous que ce seront les premiers mots que l'on va s'échanger depuis vingt ans... À peu près. Comme quoi...
J'ai un petit souffle du nez, marque du sentiment de dépit qui m'habite.
" Je ne sais pas pourquoi il faut que ce soit si compliqué...
J'ajoute dans un soupir, en guise de conclusion.
En tout cas, c'est le genre de situation qui me parle, naturellement. Cela fait des années que je m'épargne la compagnie des miens. Les liens du sang sont arbitraires : je pensais pouvoir m'en passer pour de bon. Mais forcé de constater que je me suis trompé. Aujourd'hui et en dépit de mes doutes, je ressens le besoin d'y retourner, de renouer avec ces "autres" aux mœurs si différentes.
Fatalité risible.
J'adresse un regard en coin à Adèle au moment où elle me retourne la question, tout en prenant une gorgée de ma boisson. Pour moi, ce type de question porte une dimension piégeuse. Forcément.
" Je ne suis pas un grand dormeur.
Lui dis-je, un rictus faisant son chemin sur mes traits. Les bars sont les seuls lieux animés à des heures avancées de la nuit. De manière générale, la solitude ne me dérange pas mais, comme tout le monde, il y a aussi des moments où je préfère avoir de la compagnie.
C'est aussi simple que cela. Mais comme beaucoup de choses simples liées à ma nature, je ne peux pas les dire.
" Cela dit, je crois que nous avons quelque chose en commun malgré tout. Fais-je, changeant de sujet. J'étais en train d'écrire à mon père avant que vous n'arriviez. Figurez vous que ce seront les premiers mots que l'on va s'échanger depuis vingt ans... À peu près. Comme quoi...
J'ai un petit souffle du nez, marque du sentiment de dépit qui m'habite.
" Je ne sais pas pourquoi il faut que ce soit si compliqué...
J'ajoute dans un soupir, en guise de conclusion.
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Dim 8 Avr 2018 - 22:14
Si Thomas n’est pas un gros dormeur, tu ne dors pas beaucoup non plus. Du fait de ton rythme de vie, bien sûr. Tu as toujours été du genre à tirer sur la corde. Pour rendre tes parents fiers. Pour qu’ils fichent la paix à Estelle. Qu’ils la laissent vivre tranquille. Dès qu’ils ont compris qu’elle était cracmolle, ils ont reporté toutes leurs attentes sur toi, te faisant porter le poids de leurs exigences. Ils ont, clairement, gâché ta vie entière, te sculptant selon leurs désirs. Et pourtant, tu as fini par y trouver du plaisir : en t’absorbant dans tes études, puis dans ton travail. Tu secoues discrètement la tête avant de répondre un : « Je vous comprends… Je suis un peu pareille. »
Finalement, le sujet change bientôt, lorsque vous commencez à aborder les raisons de votre présence ici : tes parents et… Les siens… Tu tournes la tête vers lui lorsqu’il t’explique qu’il n’a pas parlé à son père depuis vingt ans. Tu imagines parfaitement ce qu’il peut ressentir. Cela fait dix-neuf ans, depuis qu’ils t’ont forcée à abandonner ton fils que tu n’échanges que des banalités avec les tiens, de parents. Le fait est que tu ne les portes pas réellement dans ton cœur. Tu peines même à éprouver encore du respect pour eux. Pourtant, ils t’ont mise au monde, et éduquée. Tu sais que tu devrais pourtant. Mais ce qu’ils ont fait est impardonnable. Tu t’empresses de les chasser de ton esprit. Tu n’as pas envie de penser à eux. « Les relations humaines, d’une façon générale, sont particulièrement ardues, vous savez… » C’est un fait. Et tu es bien placée pour le dire : tu n’es pas très douée, avec les relations humaines. Pas que cela te perturbe au demeurant, d’une façon générale.
Tu pousses un soupir, songeant que ton chien va bientôt avoir envie de sortir. Pourtant, toi, tu n’as pas envie de partir. Tu n’as pas envie de retourner dans ton quotidien solitaire. Ici, c’est bien. Ca te change agréablement de ta solitude. « Vous faites quoi, au juste, à Hungcalf ? » lui demandes-tu pour entretenir la conversation et retarder l’inévitable.
Finalement, le sujet change bientôt, lorsque vous commencez à aborder les raisons de votre présence ici : tes parents et… Les siens… Tu tournes la tête vers lui lorsqu’il t’explique qu’il n’a pas parlé à son père depuis vingt ans. Tu imagines parfaitement ce qu’il peut ressentir. Cela fait dix-neuf ans, depuis qu’ils t’ont forcée à abandonner ton fils que tu n’échanges que des banalités avec les tiens, de parents. Le fait est que tu ne les portes pas réellement dans ton cœur. Tu peines même à éprouver encore du respect pour eux. Pourtant, ils t’ont mise au monde, et éduquée. Tu sais que tu devrais pourtant. Mais ce qu’ils ont fait est impardonnable. Tu t’empresses de les chasser de ton esprit. Tu n’as pas envie de penser à eux. « Les relations humaines, d’une façon générale, sont particulièrement ardues, vous savez… » C’est un fait. Et tu es bien placée pour le dire : tu n’es pas très douée, avec les relations humaines. Pas que cela te perturbe au demeurant, d’une façon générale.
Tu pousses un soupir, songeant que ton chien va bientôt avoir envie de sortir. Pourtant, toi, tu n’as pas envie de partir. Tu n’as pas envie de retourner dans ton quotidien solitaire. Ici, c’est bien. Ca te change agréablement de ta solitude. « Vous faites quoi, au juste, à Hungcalf ? » lui demandes-tu pour entretenir la conversation et retarder l’inévitable.
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Dim 22 Avr 2018 - 17:35
J'observe la jeune femme, toujours du coin de l’œil. D'une réplique à l'autre, il m'apparaît que nous partageons des points communs. Je ne sais pas : c'est dans le ton. Sans doute avons-nous une façon de percevoir certains rapports à peu près similaire. En tout cas, je ne peux qu'approuver sa remarque concernant les relations humaines. Et si celles-ci sont compliquées, qu'en est-il de celles avec les vampires ?
Les mœurs de ces êtres sont incompatibles avec les normes humaines. Comment imaginer que l'on puisse vivre sereinement avec une telle ascendance ? Je ne me reconnais pleinement dans l'une, ni l'autre des branches de ma famille, même s'il est évident que la partie sorcière des miens m'a le plus marqué.
C'est une forme de solitude difficile à concevoir pour quelqu'un d'extérieur. La frustration qu'elle engendre est d'autant plus grande qu'il m'est impossible d'en discuter vraiment avec qui que ce soit. Car s'il y a tout de même pas mal de personnes prêtes à écouter ce que j'ai à dire, ceux qui sont véritablement à même de comprendre... Hé bien, je n'en connais pas. Car au delà du problème culturel, c'est juste... Je ne sais pas, une question d'espèce.
Enfin... Je vais sans doute un peu loin en pensant tout ça.
« A Hungcalf... Fais-je, répondant docilement après qu'elle ait décidé de changer de sujet. Je suis concierge.
Je me redresse alors d'un geste lent, presque félin, pour me tourner vers elle et la regarder directement au moment de développer.
« Je m'occupe de tout ce qui est... Entretien, vie scolaire un peu... Moins. Enfin, je suppose que ça doit vous dire quelque chose.
Je marque une courte pause pour la détailler brièvement. De Poudlard à Hungcalf, le ou la concierge est toujours un personnage à part dans la vie des élèves. Soit on est du genre bien sage et sa présence n'a que peu d'importance... Soit, à l'inverse... Enfin, dans tous les cas, difficile d'ignorer qui il est et ce qu'il fait.
« Vous qui êtes du ministère, vous avez dû y étudier, non ? A Hungcalf. J'esquisse un sourire en coin. Pour un peu, vous étiez même élève du temps où j'ai commencé. Ça fait dix ans que je bosse là bas.
Les mœurs de ces êtres sont incompatibles avec les normes humaines. Comment imaginer que l'on puisse vivre sereinement avec une telle ascendance ? Je ne me reconnais pleinement dans l'une, ni l'autre des branches de ma famille, même s'il est évident que la partie sorcière des miens m'a le plus marqué.
C'est une forme de solitude difficile à concevoir pour quelqu'un d'extérieur. La frustration qu'elle engendre est d'autant plus grande qu'il m'est impossible d'en discuter vraiment avec qui que ce soit. Car s'il y a tout de même pas mal de personnes prêtes à écouter ce que j'ai à dire, ceux qui sont véritablement à même de comprendre... Hé bien, je n'en connais pas. Car au delà du problème culturel, c'est juste... Je ne sais pas, une question d'espèce.
Enfin... Je vais sans doute un peu loin en pensant tout ça.
« A Hungcalf... Fais-je, répondant docilement après qu'elle ait décidé de changer de sujet. Je suis concierge.
Je me redresse alors d'un geste lent, presque félin, pour me tourner vers elle et la regarder directement au moment de développer.
« Je m'occupe de tout ce qui est... Entretien, vie scolaire un peu... Moins. Enfin, je suppose que ça doit vous dire quelque chose.
Je marque une courte pause pour la détailler brièvement. De Poudlard à Hungcalf, le ou la concierge est toujours un personnage à part dans la vie des élèves. Soit on est du genre bien sage et sa présence n'a que peu d'importance... Soit, à l'inverse... Enfin, dans tous les cas, difficile d'ignorer qui il est et ce qu'il fait.
« Vous qui êtes du ministère, vous avez dû y étudier, non ? A Hungcalf. J'esquisse un sourire en coin. Pour un peu, vous étiez même élève du temps où j'ai commencé. Ça fait dix ans que je bosse là bas.
- InvitéInvité
Re: Manhattan
Mar 24 Avr 2018 - 14:37
C’est agréable, de parler de tout et n’importe quoi. Reposant, même. Tu te demandes, l’espace d’un instant si l’homme à tes côtés a des idées derrière la tête pour ainsi converser avec toi. Mais c’est une idée que tu t’empresses de chasser de ton esprit, d’autant que c’est toi qui l’as abordé et que tu n’as pas envie de te retrouver avec un presque inconnu dans ton lit. Surtout pas ce soir. Tu te contentes donc de faire connaissance, c’est bien suffisant. Et pour se faire, tu lui demandes quel poste il occupe à l’université magique. Si tu t’attends à ce qu’il t’indique la matière qu’il enseigne, tu es bien surprise de la réponse, Adèle, et tu lui lances un bref regard interloqué. Une chose est sûre, il n’a pas la tête de l’emploi. Voilà le genre d’homme pourtant très bien que mes parents ne supporteraient pas… songes-tu, quelque peu amusée. Tes parents sont tellement portés sur les apparences, sur la haute fonction que peut exercer une personne qu’ils seraient capables de dénigrer l’homme à tes côtés. Subitement, tu ressens l’envie de l’inviter pour une autre occasion… Pour un diner de famille, afin de leur montrer que leur opinion t’importe peu, à présent. Tu n’en fais pourtant rien, n’ayant pas envie d’attirer Thomas dans ce genre de jeu. Tu n’es pas comme tes parents. Tu ne te sers pas des gens qui t’entourent, même si une petite partie de toi émet des doutes à cette idée. Et, lorsqu’il se tourne vers toi, tu fais de même, afin de ne pas donner la sensation que tu l’estimes inférieur à toi à présent que tu sais ce qu’il exerce comme métier. Qu’on me préserve de jamais être ainsi… songes-tu tout en enviant quelque peu la tranquillité qu’il peut ressentir lorsqu’il n’est pas à son poste. Toi, Adèle, tu as toujours la tête à tes dossiers, à l’image de toi que tu peux renvoyer… On ne sait jamais quand un journaliste peut surgir pour tenter de prendre en faute une haute fonctionnaire du ministère de la magie.
« Je vois… » réponds-tu, presque distraitement lorsqu’il t’explique un peu plus en quoi consiste son poste. Tu vois, oui, mais vaguement. On ne peut pas dire que tu aies réellement eu affaire au concierge lors de tes années à Hungcalf, si ce n’est pour que celui-ci ne te rappelle qu’il était deux heures du matin, et qu’il était temps de quitter la bibliothèque pour aller prendre quelques heures de repos avant les cours qui allaient bientôt reprendre… « En effet, j’y ai étudié. J’étais à Lufkin. Vous me dites que cela fait 10 ans que vous y êtes ? Nous avons dû nous croiser, alors… J’en suis sortie il y a neuf ans. » Tu marques un temps d’arrêt avant d’ajouter : « Vous épanouissez-vous, dans ce que vous faites ? Ou est-ce un simple métier alimentaire ? »
« Je vois… » réponds-tu, presque distraitement lorsqu’il t’explique un peu plus en quoi consiste son poste. Tu vois, oui, mais vaguement. On ne peut pas dire que tu aies réellement eu affaire au concierge lors de tes années à Hungcalf, si ce n’est pour que celui-ci ne te rappelle qu’il était deux heures du matin, et qu’il était temps de quitter la bibliothèque pour aller prendre quelques heures de repos avant les cours qui allaient bientôt reprendre… « En effet, j’y ai étudié. J’étais à Lufkin. Vous me dites que cela fait 10 ans que vous y êtes ? Nous avons dû nous croiser, alors… J’en suis sortie il y a neuf ans. » Tu marques un temps d’arrêt avant d’ajouter : « Vous épanouissez-vous, dans ce que vous faites ? Ou est-ce un simple métier alimentaire ? »
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