- InvitéInvité
Soie rouge
Dim 25 Mar 2018 - 20:39
Je ne m'attendais pas à ce que mon père réponde aussi vite à ma lettre. Je la lui avait envoyé en début de semaine et voilà que sa réponse me parvenait quelques jours plus tard. Lui que j'aimais à dépeindre comme un homme insouciant et indifférent des autres s'empressait de combler les années de silence en couchant sur le papier trois paragraphes.
A la première lecture, la vision de ses lettrines, élégantes comme des serpents, me procura un sentiment étrange. C'était comme se pencher au dessus d'un puits : le regard s'enfonce dans l'ombre, jusqu'à rencontrer son propre reflet déformé par l'onde stagnante. Pendant un instant, la familiarité heurte et puis l'on se reconnaît. On s'y fait... Tout du moins, on essaie.
Cependant, c'est bien l'enthousiasme de Vladek qui me surprit le plus. Je n'étais pas certain de comprendre l'aplomb avec lequel il affirmait disposer de toutes les réponses à mes questions existentielles. J'étais pourtant resté très vague quand aux raisons de ma venue... Je lui demandais simplement la permission de passer le voir. Rien de plus ou presque. Mais c'est comme si le vieux vampire voyait enfin son heure arriver.
Et cela m'amène naturellement à questionner l'origine de cette pertinente intuition. Cela dit, il semblerait que le destin prenne le tournant des résolutions ces temps-ci. De toutes parts, les choses bougent. J'ai même le sentiment qu'elles sont amenées à s'accélérer encore... Pas forcément pour le meilleur, d'ailleurs.
Enfin, nous verrons bien.
Non sans une certaine émotion, je replie soigneusement la lettre et la range dans son enveloppe de soie rouge. Mon regard s'ancre un moment sur le cachet de cire noire figurant une chauve souris cernée d'une branche de pommier croisant une ancolie. Je reste ainsi un moment dans l’expectative, immobile, à m'interroger.
Quelques secondes s'égrainent ainsi en silence. Puis, je me décide enfin à ranger la missive dans la poche intérieure de ma veste et reporte mon attention sur le verre de Whisky qui me fait face. Autour de moi, la soirée se déroule dans l'indifférence. Le Filet du Diable voit passer les visiteurs, quand les quelques habitués, dont je fais parti, demeurent.
Accoudé au bar, les préoccupations m'animent avec une intensité telle que j'ai l'impression d'être seul. Les autres sont comme des ombres : certains même moins que cela. Rien pour briser cette quiétude, raccrocher mon esprit aux choses de ce monde.
Tout est calme, semblant suspendu.
Et au piano, ce soir, on joue du jazz.
A la première lecture, la vision de ses lettrines, élégantes comme des serpents, me procura un sentiment étrange. C'était comme se pencher au dessus d'un puits : le regard s'enfonce dans l'ombre, jusqu'à rencontrer son propre reflet déformé par l'onde stagnante. Pendant un instant, la familiarité heurte et puis l'on se reconnaît. On s'y fait... Tout du moins, on essaie.
Cependant, c'est bien l'enthousiasme de Vladek qui me surprit le plus. Je n'étais pas certain de comprendre l'aplomb avec lequel il affirmait disposer de toutes les réponses à mes questions existentielles. J'étais pourtant resté très vague quand aux raisons de ma venue... Je lui demandais simplement la permission de passer le voir. Rien de plus ou presque. Mais c'est comme si le vieux vampire voyait enfin son heure arriver.
Et cela m'amène naturellement à questionner l'origine de cette pertinente intuition. Cela dit, il semblerait que le destin prenne le tournant des résolutions ces temps-ci. De toutes parts, les choses bougent. J'ai même le sentiment qu'elles sont amenées à s'accélérer encore... Pas forcément pour le meilleur, d'ailleurs.
Enfin, nous verrons bien.
Non sans une certaine émotion, je replie soigneusement la lettre et la range dans son enveloppe de soie rouge. Mon regard s'ancre un moment sur le cachet de cire noire figurant une chauve souris cernée d'une branche de pommier croisant une ancolie. Je reste ainsi un moment dans l’expectative, immobile, à m'interroger.
Quelques secondes s'égrainent ainsi en silence. Puis, je me décide enfin à ranger la missive dans la poche intérieure de ma veste et reporte mon attention sur le verre de Whisky qui me fait face. Autour de moi, la soirée se déroule dans l'indifférence. Le Filet du Diable voit passer les visiteurs, quand les quelques habitués, dont je fais parti, demeurent.
Accoudé au bar, les préoccupations m'animent avec une intensité telle que j'ai l'impression d'être seul. Les autres sont comme des ombres : certains même moins que cela. Rien pour briser cette quiétude, raccrocher mon esprit aux choses de ce monde.
Tout est calme, semblant suspendu.
Et au piano, ce soir, on joue du jazz.
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mer 28 Mar 2018 - 2:12
soie rouge
L’atmosphère feutrée, les notes de musique et la boisson dont j’ignore le nom et que je viens d’avaler me transportent lentement. Les paupières plus lourdes qu’à l’accoutumée, un sourire se dessine sur mes lèvres, à chaque mouvement de tête je ressens comme un léger vertige qui ne m’est pas si désagréable. Je commence à comprendre pourquoi tant de personnes aiment à s’enivrer. Ce semblant d’anesthésie couplée à une amnésie bien que fugace sont des plus apaisantes. En plus d’oublier le passé, les barrières ne semblent plus aussi inébranlables. À peine mon verre vidé qu’il se rempli à nouveau, et ce n’est pas plus mal car je n’avais pas l’intention de m’arrêter là. Assise seule à ma table j’observe le reste de la salle. Les sorciers vont et viennent, certains boivent, d’autres non, pourquoi venir dans un bar dans ce cas ? Cette idée m’arrache un rire éphémère. D’autres arrivent seuls et repartent en couple ou bien en groupe, peu d’entre eux restent comme j’ai pu le faire ce soir. Le calme s’installe enfin, il ne reste plus que les habitués. D’ailleurs en parlant de ceux-là, j’aperçois un homme que je connais au bar, un homme que j’aurais sans doute eu honte de rencontrer si j’avais été dans mon état normal. Notre première et dernière entrevue n’ayant pas été des plus appréciables pour l’un comme pour l’autre et ce souvenir m’avait hanté durant plusieurs jours. Mais ce soir je m’en moque …
Je détourne mon regard de lui, je ne souhaite pas être trop insistante, après tout il n’a surement pas envie de m’adresser la parole. De mon côté des images de ce que son pouvoir m’avait fait voir me reviennent brusquement mais d’un mouvement de tête je les fais disparaître. Cependant des interrogations me viennent en tête mais l’ivresse les fait s’évaporer rapidement. Je joue avec mon verre et souris à un homme âgé assit un peu plus loin dans la salle. Suis-je condamnée à finir comme lui ? Seule et assise dans un bar ? Après tout, pourquoi pas, il y a surement bien pire. Je finis par avaler une gorgée du breuvage dont j’ignore toujours le nom puis recommence à faire danser mes doigts sur le rebord de mon verre.
Je détourne mon regard de lui, je ne souhaite pas être trop insistante, après tout il n’a surement pas envie de m’adresser la parole. De mon côté des images de ce que son pouvoir m’avait fait voir me reviennent brusquement mais d’un mouvement de tête je les fais disparaître. Cependant des interrogations me viennent en tête mais l’ivresse les fait s’évaporer rapidement. Je joue avec mon verre et souris à un homme âgé assit un peu plus loin dans la salle. Suis-je condamnée à finir comme lui ? Seule et assise dans un bar ? Après tout, pourquoi pas, il y a surement bien pire. Je finis par avaler une gorgée du breuvage dont j’ignore toujours le nom puis recommence à faire danser mes doigts sur le rebord de mon verre.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mer 28 Mar 2018 - 11:25
L'esprit aux prises avec d'intenses mouvement de pensée, je ne remarque pas tout de suite que mon verre est vide. Je le lève, le porte à ma bouche et... Et rien du tout, précisément. Mes yeux tombent alors au fond du verre et j'esquisse un sourire, amusé par l'absurdité de mon propre geste. Peut-être dois-je y voir un signe du destin m'invitant à rentrer ? Après tout, j'ai fais tout ce que j'avais à faire. Et à part tuer le temps, rien ne me retient plus ici.
Pour une fois, je ne suis pas spécialement d'humeur à boire jusqu'à une heure avancée de la nuit. Je n'ai pas envie de ressasser indéfiniment les mêmes problèmes. Ce qui m'arrive me pèse bien assez comme cela en pleine journée... Ce n'est pas pour m'en encombrer sur le peu de temps libre dont je dispose.
Quand je fais le bilan, ces dernières semaines ont vu ma fréquentation des bars exploser. Rien de bien étonnant là dedans : ça a toujours été ma façon de réagir aux événements. Je me retranche derrière un verre et cogite des heures durant, jusqu'à ce que ma conscience se réduise à rien. Une stratégie qui trouve rapidement ses limites quand on souhaite vraiment aller de l'avant. Et même si je n'en ai pas terminé avec cette façon de fonctionner, ce n'est pas ce dont j'ai envie, là tout de suite.
L'expression vaguement perplexe, je me tourne en direction de la salle et balaie l'assistance du regard tout en réfléchissant. J'hésite encore un moment au sujet du départ... Et c'est alors que mon regard se pose sur une femme assise à une table, dans un coin de la salle. Je la reconnais instantanément : il s'agit du docteur Campbell. Celle-là même qui s'occupa de mon dernier rendez-vous médical, à Sainte Mangouste.
Mon hésitation change alors de forme et j'en viens à me demander si cela ne vaudrait pas le coup de l'aborder au sujet de l'incident qui écourta notre entretien. Ce genre de chose m'arrive de temps à autre, pour autant ce n'est pas anodin et j'avoue conserver un certain sentiment de malaise à ce sujet. D'un autre côté, j'imagine qu'elle a mieux à faire de sa soirée qu'en discuter. Si elle est là, c'est probablement avec l'idée de s'amuser ou, au moins, de se détendre. Je ne suis pas persuadé que de me voir lui procure l'une ou l'autre de ces émotions.
Je reste donc immobile pendant encore une minute ou deux, à peser le pour et le contre. Elle, se contente de jouer avec son verre tout en promenant son regard sur l'assistance de temps à autre. J'en viens à me dire que c'est sans doute le meilleur moment pour l'aborder... Je ne la dérangerais pas au milieu d'un rendez-vous, puisqu'elle est visiblement seule ce soir. D'autant que cette chance, si l'on peut dire, ne se représentera probablement pas avant longtemps. En bref, si des choses doivent être éclaircies, c'est maintenant ou jamais.
Fort de ces quelques considérations, je décide donc de me lever et me dirige vers sa table.
« Bonsoir docteur Campbell. Fais-je, le ton tranquille. Vous permettez ?
Je désigne l'une des chaises de la table d'un signe de tête.
« Je ne vous ennuierai pas longtemps. Je me demandais si vous alliez bien depuis la dernière fois.
La formulation de ma phrase laisse clairement entendre que si je m'interroge sur son bien être, c'est en lien avec l'incident qui émailla notre rencontre.
Pour une fois, je ne suis pas spécialement d'humeur à boire jusqu'à une heure avancée de la nuit. Je n'ai pas envie de ressasser indéfiniment les mêmes problèmes. Ce qui m'arrive me pèse bien assez comme cela en pleine journée... Ce n'est pas pour m'en encombrer sur le peu de temps libre dont je dispose.
Quand je fais le bilan, ces dernières semaines ont vu ma fréquentation des bars exploser. Rien de bien étonnant là dedans : ça a toujours été ma façon de réagir aux événements. Je me retranche derrière un verre et cogite des heures durant, jusqu'à ce que ma conscience se réduise à rien. Une stratégie qui trouve rapidement ses limites quand on souhaite vraiment aller de l'avant. Et même si je n'en ai pas terminé avec cette façon de fonctionner, ce n'est pas ce dont j'ai envie, là tout de suite.
L'expression vaguement perplexe, je me tourne en direction de la salle et balaie l'assistance du regard tout en réfléchissant. J'hésite encore un moment au sujet du départ... Et c'est alors que mon regard se pose sur une femme assise à une table, dans un coin de la salle. Je la reconnais instantanément : il s'agit du docteur Campbell. Celle-là même qui s'occupa de mon dernier rendez-vous médical, à Sainte Mangouste.
Mon hésitation change alors de forme et j'en viens à me demander si cela ne vaudrait pas le coup de l'aborder au sujet de l'incident qui écourta notre entretien. Ce genre de chose m'arrive de temps à autre, pour autant ce n'est pas anodin et j'avoue conserver un certain sentiment de malaise à ce sujet. D'un autre côté, j'imagine qu'elle a mieux à faire de sa soirée qu'en discuter. Si elle est là, c'est probablement avec l'idée de s'amuser ou, au moins, de se détendre. Je ne suis pas persuadé que de me voir lui procure l'une ou l'autre de ces émotions.
Je reste donc immobile pendant encore une minute ou deux, à peser le pour et le contre. Elle, se contente de jouer avec son verre tout en promenant son regard sur l'assistance de temps à autre. J'en viens à me dire que c'est sans doute le meilleur moment pour l'aborder... Je ne la dérangerais pas au milieu d'un rendez-vous, puisqu'elle est visiblement seule ce soir. D'autant que cette chance, si l'on peut dire, ne se représentera probablement pas avant longtemps. En bref, si des choses doivent être éclaircies, c'est maintenant ou jamais.
Fort de ces quelques considérations, je décide donc de me lever et me dirige vers sa table.
« Bonsoir docteur Campbell. Fais-je, le ton tranquille. Vous permettez ?
Je désigne l'une des chaises de la table d'un signe de tête.
« Je ne vous ennuierai pas longtemps. Je me demandais si vous alliez bien depuis la dernière fois.
La formulation de ma phrase laisse clairement entendre que si je m'interroge sur son bien être, c'est en lien avec l'incident qui émailla notre rencontre.
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mer 28 Mar 2018 - 23:38
soie rouge
Une gorgée de plus et je prends appuis sur le dossier ma chaise. Mon esprit embrumé, semblent s’évaporer mes problèmes. Je ferme les yeux un instant comme pour apprécier un peu plus l’oubli que me procure la boisson et en les ouvrant je vois le semi-vampire avancer vers ma table. Mes pupilles fixées sur son visage j’attends qu’il prononce le premier mot. Je ne pensais pas qu’il souhaiterait me parler et dans un sens je suis soulagée qu’il ait fait le premier pas. Il désigne une des chaises vacantes pour y prendre place et d’un geste de la main je l’invite à s’y installer. « Je vous en prie. » Puis il s’enquiert de mon état, ce que je trouve plutôt touchant car nous avions été tous les deux malmenés lors de notre dernier échange. « Je vais bien je vous remercie et je tiens à vous présenter mes excuses à nouveau, ce qui s’est passé n’aurait jamais du arriver, j’en suis sincèrement désolée. » J’esquissais un léger sourire franc qui corroborait mes paroles. « Puis-je me permettre de vous offrir un verre ? » J’espérais pouvoir remettre les compteurs à zéro de cette façon et peut-être trouver le courage de lui poser les questions qui me revenaient en tête malgré les effluves d’alcool.
Comment lui poser des questions sur sa particularité sans être trop intrusive ou bien sans trop le gêner ? Je ne souhaitais pas que nous nous retrouvions dans le même malaise que nous avions pu connaître par le passé mais j’avais besoin de savoir si il était à l’origine des changements que je pouvais ressentir. Depuis notre dernière rencontre j’avais pris le temps d’étudier le vampirisme mais j’avais pu remarquer que finalement nous ne savions que ce que les êtres de son espèce avaient bien voulu nous confier. Dans le fond, l’étendu de ses capacités restaient à découvrir. « Puis-je vous poser une question ? » Osais-je finalement. Était-ce l’alcool ou bien la curiosité ? Impossible de le dire actuellement. Je posais le coude sur la table et en me rapprochant de lui, de façon à ce que cette conversation reste entre nous, je posais mon menton dans la paume de ma main droite. « Avez-vous la capacité de modifier le comportement des gens de façon définitive ? » Ma question lui paraîtrait sans doute surprenante mais j’avais eu l’impression d’avoir été changée par notre rencontre. Depuis qu’il avait usé de son charme vampirique sur moi je me sentais plus femme, plus libre que je ne l’avais été depuis des années et j’avais besoin de savoir si il pouvait en être à l’origine.
Comment lui poser des questions sur sa particularité sans être trop intrusive ou bien sans trop le gêner ? Je ne souhaitais pas que nous nous retrouvions dans le même malaise que nous avions pu connaître par le passé mais j’avais besoin de savoir si il était à l’origine des changements que je pouvais ressentir. Depuis notre dernière rencontre j’avais pris le temps d’étudier le vampirisme mais j’avais pu remarquer que finalement nous ne savions que ce que les êtres de son espèce avaient bien voulu nous confier. Dans le fond, l’étendu de ses capacités restaient à découvrir. « Puis-je vous poser une question ? » Osais-je finalement. Était-ce l’alcool ou bien la curiosité ? Impossible de le dire actuellement. Je posais le coude sur la table et en me rapprochant de lui, de façon à ce que cette conversation reste entre nous, je posais mon menton dans la paume de ma main droite. « Avez-vous la capacité de modifier le comportement des gens de façon définitive ? » Ma question lui paraîtrait sans doute surprenante mais j’avais eu l’impression d’avoir été changée par notre rencontre. Depuis qu’il avait usé de son charme vampirique sur moi je me sentais plus femme, plus libre que je ne l’avais été depuis des années et j’avais besoin de savoir si il pouvait en être à l’origine.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Jeu 29 Mar 2018 - 20:45
Je constate que mon apparition ne la surprend pas : sans doute m'avait elle repéré dans l'assistance bien avant moi. Quoi qu'il en soit, elle m'invite à prendre place à sa table. J'ignore si c'est du fait de son alcoolémie ou d'autre chose, mais elle semble relativement détendue.
Apparemment, je suis le seul à redouter l'échange. Son comportement avenant m'étonne même un peu, je dois dire, puisqu'elle s'excuse au sujet de l'incident, avant de m'offrir un verre. Pour être tout à fait franc, je ne me sens pas tellement en droit de refuser.
« D'accord. Fais-je en joignant les mains sur la table et entrelacer mes doigts. Mais vous n'avez pas à vous excuser pour ce qui est arrivé... C'est moi qui ai eu tort de concentrer mon charme. Je voulais... Enfin, peu importe : c'était déplacé.
Peu importe mon intention, en effet. Les conséquences avaient été désastreuses. J'aurais dû me méfier davantage. Je ne sais pas... Couper court à l'entretien plus tôt ou lui poser directement la question ? Au pire, je serais passé pour un type un peu étrange... Mais ça vaut toujours mieux qu'un pervers sexuel.
Il est vrai que sur le moment, les choses se sont enchaînées rapidement. Je n'ai pas tellement vu venir et puis... Et puis il y avait ce contexte institutionnel, le fait de faire confiance, de relâcher son attention. Je ne sais pas...
Dans tous les cas, il est arrivé ce qui est arrivé et j'aurais beau réécrire mentalement l'histoire, les choses resteront telles quelles. Présenter mes excuses, c'est tout ce que je peux faire. Et puis... Quand je vois la manière dont elle s'adresse à moi, j'ai l'impression que ça ne va pas si mal. Tout du moins, je le ressens comme cela... Mais peut-être est-ce seulement un effet de l'alcool ?
Ou peut-être devrais-je simplement cesser de m'accabler et passer à la suite.
Peut-être bien oui.
Après avoir commandé un nouveau whisky au serveur, je retourne toute mon attention sur la médicomage qui se hasarde justement à une question. D'un simple signe de tête, je l'invite donc à se lancer, tandis qu'elle approche pour créer les conditions de la confidence.
A ce titre, sa question génère en moi un certain nombre d'interrogations à son sujet... Cela dit, je crois comprendre où elle veut en venir. J'ai bien assez d'expérience en la matière.
« Non, bien sûr que non.
Fais-je tout d'abord. Je prends alors une seconde pour la détailler.
« Enfin, ce n'est pas si simple.
Comment lui expliquer ? La question en elle-même n'est pas vraiment embarrassante... Et la manière dont elle est posée ne m'offense pas en soi. Le fait de pouvoir en parler normalement aurait même plutôt tendance à me faire plaisir, en un sens : je n'ai pas souvent l'occasion de discuter de mes particularités. Pour autant, il s'agit d'un sujet délicat... Et ce d'autant plus qu'elle est directement concernée.
« Tous les êtres humains ont une libido. A priori. Des désirs aussi...
Je m'interromps juste le temps de laisser le serveur poser mon verre sur la table et repartir.
« Nous gardons ces désirs enfouis en nous, de sorte à pouvoir vivre en société. Les normes, les interdits, les tabous... Toutes ces choses vont... Comment dire... Elles peuvent freiner l'expression de ce désir. Ou créer un sentiment de culpabilité.
Typiquement, cela aboutissait à des sexualités plus ou moins ennuyeuses et dans lesquelles on ne s'épanouissait pas forcément autant qu'on le voudrait. J'attrape alors mon verre d'une main et y reporte mon regard l'espace d'un instant, tandis que mes pensées s'ordonnent.
« Le charme vampirique agit sur les barrières mentales qui bloquent l'expression de ce désir. En fait, il les fait disparaître pendant un temps... Ou les affaiblissent considérablement. Tout dépend de la sensibilité de la personne. Bien sûr, il crée dans le même temps une forte attirance pour le vampire...
Je n'ai pas pour habitude d'évoquer la sexualité de manière aussi limpide avec les femmes... Sauf celles dont je suis intime. Mais dans la mesure où le docteur Campbell a fait les frais de mon charme, je lui dois bien cela.
« La personne entre dans un état de relâchement parfait. C'est... Comme si on oubliait tous les interdits. On se lâche complètement, c'est... ça peut être vécu de manière très violente, parce qu'on a le sentiment de ne plus se reconnaître une fois le charme dissipé... Ou d'avoir été mis à nu.
La plupart du temps, les femmes réagissaient comme cela, d'ailleurs. La culpabilité pèse lourdement sur la sexualité féminine en général : c'est quelque chose que j'avais remarqué avec l'expérience.
« Mais on peut aussi en ressortir avec l'impression d'être plus libéré de... De se connaître mieux, en un sens. Il y a des femmes que ça... Que ça débloque. Disons ça comme ça...
Enfin, je pense que vous avez compris l'idée.
Je trinque brièvement mon verre contre le sien, avant de prendre une gorgée de whisky. Et c'est sur un ton prudent que je termine.
« Dans tous les cas, il vaut mieux être prudent avec ça, le... Le charme peut créer une forme de dépendance... Chez certaines personnes. Là encore, il y aurait beaucoup à dire. Parce que... vous avez le sentiment d'avoir été changée après notre entrevue ?
Je demande alors. La question est assez intime, mais je m'autorise à la lui poser dans la mesure où il s'agit d'un sujet important. J'ai besoin de connaître l'impact de mon pouvoir sur les gens qui m'entourent.
Apparemment, je suis le seul à redouter l'échange. Son comportement avenant m'étonne même un peu, je dois dire, puisqu'elle s'excuse au sujet de l'incident, avant de m'offrir un verre. Pour être tout à fait franc, je ne me sens pas tellement en droit de refuser.
« D'accord. Fais-je en joignant les mains sur la table et entrelacer mes doigts. Mais vous n'avez pas à vous excuser pour ce qui est arrivé... C'est moi qui ai eu tort de concentrer mon charme. Je voulais... Enfin, peu importe : c'était déplacé.
Peu importe mon intention, en effet. Les conséquences avaient été désastreuses. J'aurais dû me méfier davantage. Je ne sais pas... Couper court à l'entretien plus tôt ou lui poser directement la question ? Au pire, je serais passé pour un type un peu étrange... Mais ça vaut toujours mieux qu'un pervers sexuel.
Il est vrai que sur le moment, les choses se sont enchaînées rapidement. Je n'ai pas tellement vu venir et puis... Et puis il y avait ce contexte institutionnel, le fait de faire confiance, de relâcher son attention. Je ne sais pas...
Dans tous les cas, il est arrivé ce qui est arrivé et j'aurais beau réécrire mentalement l'histoire, les choses resteront telles quelles. Présenter mes excuses, c'est tout ce que je peux faire. Et puis... Quand je vois la manière dont elle s'adresse à moi, j'ai l'impression que ça ne va pas si mal. Tout du moins, je le ressens comme cela... Mais peut-être est-ce seulement un effet de l'alcool ?
Ou peut-être devrais-je simplement cesser de m'accabler et passer à la suite.
Peut-être bien oui.
Après avoir commandé un nouveau whisky au serveur, je retourne toute mon attention sur la médicomage qui se hasarde justement à une question. D'un simple signe de tête, je l'invite donc à se lancer, tandis qu'elle approche pour créer les conditions de la confidence.
A ce titre, sa question génère en moi un certain nombre d'interrogations à son sujet... Cela dit, je crois comprendre où elle veut en venir. J'ai bien assez d'expérience en la matière.
« Non, bien sûr que non.
Fais-je tout d'abord. Je prends alors une seconde pour la détailler.
« Enfin, ce n'est pas si simple.
Comment lui expliquer ? La question en elle-même n'est pas vraiment embarrassante... Et la manière dont elle est posée ne m'offense pas en soi. Le fait de pouvoir en parler normalement aurait même plutôt tendance à me faire plaisir, en un sens : je n'ai pas souvent l'occasion de discuter de mes particularités. Pour autant, il s'agit d'un sujet délicat... Et ce d'autant plus qu'elle est directement concernée.
« Tous les êtres humains ont une libido. A priori. Des désirs aussi...
Je m'interromps juste le temps de laisser le serveur poser mon verre sur la table et repartir.
« Nous gardons ces désirs enfouis en nous, de sorte à pouvoir vivre en société. Les normes, les interdits, les tabous... Toutes ces choses vont... Comment dire... Elles peuvent freiner l'expression de ce désir. Ou créer un sentiment de culpabilité.
Typiquement, cela aboutissait à des sexualités plus ou moins ennuyeuses et dans lesquelles on ne s'épanouissait pas forcément autant qu'on le voudrait. J'attrape alors mon verre d'une main et y reporte mon regard l'espace d'un instant, tandis que mes pensées s'ordonnent.
« Le charme vampirique agit sur les barrières mentales qui bloquent l'expression de ce désir. En fait, il les fait disparaître pendant un temps... Ou les affaiblissent considérablement. Tout dépend de la sensibilité de la personne. Bien sûr, il crée dans le même temps une forte attirance pour le vampire...
Je n'ai pas pour habitude d'évoquer la sexualité de manière aussi limpide avec les femmes... Sauf celles dont je suis intime. Mais dans la mesure où le docteur Campbell a fait les frais de mon charme, je lui dois bien cela.
« La personne entre dans un état de relâchement parfait. C'est... Comme si on oubliait tous les interdits. On se lâche complètement, c'est... ça peut être vécu de manière très violente, parce qu'on a le sentiment de ne plus se reconnaître une fois le charme dissipé... Ou d'avoir été mis à nu.
La plupart du temps, les femmes réagissaient comme cela, d'ailleurs. La culpabilité pèse lourdement sur la sexualité féminine en général : c'est quelque chose que j'avais remarqué avec l'expérience.
« Mais on peut aussi en ressortir avec l'impression d'être plus libéré de... De se connaître mieux, en un sens. Il y a des femmes que ça... Que ça débloque. Disons ça comme ça...
Enfin, je pense que vous avez compris l'idée.
Je trinque brièvement mon verre contre le sien, avant de prendre une gorgée de whisky. Et c'est sur un ton prudent que je termine.
« Dans tous les cas, il vaut mieux être prudent avec ça, le... Le charme peut créer une forme de dépendance... Chez certaines personnes. Là encore, il y aurait beaucoup à dire. Parce que... vous avez le sentiment d'avoir été changée après notre entrevue ?
Je demande alors. La question est assez intime, mais je m'autorise à la lui poser dans la mesure où il s'agit d'un sujet important. J'ai besoin de connaître l'impact de mon pouvoir sur les gens qui m'entourent.
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Jeu 19 Avr 2018 - 23:45
soie rouge
À mesure que la conversation avançait, les effets de l’alcool s’amenuisaient. Bien qu’ayant trinqué avec lui, je ne portais plus mon verre à mes lèvres. Mon regard plongé dans le sien, j’écoutais religieusement ce qu’il disait et comprenait de plus en plus ce qui m’était arrivé et qui m’arrivait encore. L’espace d’un instant, en effet, son charme eut à nouveau de l’effet sur moi mais rapidement je me mettais en retrait sur ma chaise. Appuyée sur le dossier, je détournais le regard. « C’est incroyable. » Puis après une profonde inspiration, je fixais à nouveau mes pupilles dans les siennes, mais cette fois-ci je gardais le contrôle. Il était hors de question que je plonge à nouveau dans ces chimères. Puis sa dernière question me troubla. Avais-je changé ? Je le croyais. Mais devais-je le lui avouer ? D’un battement de cil je décidais d’entrer dans le vif du sujet. « En effet, j’ai l’impression d’avoir changée. C’était imperceptible au début et puis … me voilà … » Je levais les yeux au ciel avec un sourire faussement amusé. « Je ne suis pas ce genre de personne … enfin je ne l’étais plus … et depuis notre rencontre … »
Malgré moi je pris une gorgée du breuvage qui j’avais dans la main. « Cela fait des années que je ne sors plus et j’apprécie ça. Des années que je ne flirte plus mais depuis ce jour … Je … Je ne me reconnais plus et j’adore ça. Comment l’expliquer ? » Comment expliquer mon goût pour l’alcool, moi qui n’en avait pas bu depuis des années et surtout après les dégâts qu’ils avaient causés à mon mariage. Comment expliquer mon goût pour le sexe ? Rien que cette idée me mis mal à l’aise. Finalement l’ancienne Ellen n’était peut-être pas si loin. « Je ne souhaite pas vous rendre responsable de mon état mais je cherche une explication. » En effet, je ne souhaitais pas qu’il se sente accusé de quoi que ce soit mais une partie de moi souhaitait être à nouveau sous son influence, cette partie souhaitait perdre pied, oublier les responsabilités et surtout déculpabiliser de ressentir toutes ses choses qui m’étaient devenues étrangères.
Malgré moi je pris une gorgée du breuvage qui j’avais dans la main. « Cela fait des années que je ne sors plus et j’apprécie ça. Des années que je ne flirte plus mais depuis ce jour … Je … Je ne me reconnais plus et j’adore ça. Comment l’expliquer ? » Comment expliquer mon goût pour l’alcool, moi qui n’en avait pas bu depuis des années et surtout après les dégâts qu’ils avaient causés à mon mariage. Comment expliquer mon goût pour le sexe ? Rien que cette idée me mis mal à l’aise. Finalement l’ancienne Ellen n’était peut-être pas si loin. « Je ne souhaite pas vous rendre responsable de mon état mais je cherche une explication. » En effet, je ne souhaitais pas qu’il se sente accusé de quoi que ce soit mais une partie de moi souhaitait être à nouveau sous son influence, cette partie souhaitait perdre pied, oublier les responsabilités et surtout déculpabiliser de ressentir toutes ses choses qui m’étaient devenues étrangères.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Dim 22 Avr 2018 - 18:32
Je vois la jeune femme prendre quelques secondes pour absorber tout ce que je viens de lui dire. Il est vrai que la description de ce pouvoir est encore plus impressionnante quand on en a fait personnellement les frais. Car de manière générale, les êtres humains ont tendance à croire qu'ils contrôlent chacune de leurs décisions, qu'ils sont dotés d'un libre arbitre leur permettant d'exprimer correctement leur personnalité. La réalité est beaucoup plus complexe que cela : nous ne sommes pas toujours conscient des forces qui nous déterminent.
Les vampires, à l'inverse, obéissent davantage à leur instinct : ils se laissent porter par cette intuition particulière qui brûle au fond d'eux. Cette part d'animalité fascine autant qu'elle effraie car elle est souvent considérée comme une forme de liberté dangereuse. Mais on redoute ce que l'on s'interdit autant qu'on l'envie...
Après une brève hésitation, Ellen accepte de se lancer dans des explications plus précises au sujet de son ressenti. Elle me parle de son envie de sortir et de séduire... Des comportements éloignés de ses habitudes, à l'entendre. Je sens une forme de gêne se dégager de son discours, mais aussi un réel désir de trouver des réponses. Considérant la chose, je prends un moment pour la regarder avant de reprendre la parole.
« Vous êtes jeune, je ne comprends pas ce qui vous pose problème.
Fais-je, l'esquisse d'un sourire apparaissant au coin de ma bouche. Mon diagnostic sera certainement moins tragique que ce qu'elle imagine.
« Depuis combien de temps ne vous êtes vous pas amusée ? Je reporte brièvement mon attention en direction de mon verre, le temps de prendre une gorgée. Peut-être aviez vous simplement oublié ce que c'était de prendre du bon temps... Et notre petite mésaventure vous aura rappelé que ce n'est pas si mal.
Mon intonation traduit un genre d'évidence. Je lui montre qu'il n'y a pas matière à se flageller pour des choses à ce point dénuées de conséquences. Car le puritanisme n'est pas dans mes valeurs. Je me verrais difficilement la dissuader de faire ce qui lui plaît, dans la mesure où je suis moi-même un incorrigible fêtard.
« Vous savez j'ai presque... Quarante ans. Mon expression se teinte d'un genre de grimace de dérision au moment d'annoncer le chiffre. Je sors pratiquement tous les soirs. Je... Flirte. Parfois. Et... Hé bien, il n'y a pas mort d'homme.
Je me redresse, de sorte à retomber contre le dossier de ma chaise, bras croisés.
« Qu'est ce que ça veut dire « ce genre de personne » ? Vous voudriez trouver super divertissant de rentrer sagement à la maison tous les soirs ? Repas, télé et au lit, comme un retraité... Non, soyez sérieuse.
J'ai cette tendance naturelle à dédramatiser les choses par des touches d'humour. Mais le fond du propos reste sérieux malgré tout.
« Avez-vous seulement considéré la possibilité que vous ayez besoin de ça en ce moment ?
Je lui demande alors, décroisant les bras pour poser mes mains sur la table et planter dans ses yeux mon regard.
Les vampires, à l'inverse, obéissent davantage à leur instinct : ils se laissent porter par cette intuition particulière qui brûle au fond d'eux. Cette part d'animalité fascine autant qu'elle effraie car elle est souvent considérée comme une forme de liberté dangereuse. Mais on redoute ce que l'on s'interdit autant qu'on l'envie...
Après une brève hésitation, Ellen accepte de se lancer dans des explications plus précises au sujet de son ressenti. Elle me parle de son envie de sortir et de séduire... Des comportements éloignés de ses habitudes, à l'entendre. Je sens une forme de gêne se dégager de son discours, mais aussi un réel désir de trouver des réponses. Considérant la chose, je prends un moment pour la regarder avant de reprendre la parole.
« Vous êtes jeune, je ne comprends pas ce qui vous pose problème.
Fais-je, l'esquisse d'un sourire apparaissant au coin de ma bouche. Mon diagnostic sera certainement moins tragique que ce qu'elle imagine.
« Depuis combien de temps ne vous êtes vous pas amusée ? Je reporte brièvement mon attention en direction de mon verre, le temps de prendre une gorgée. Peut-être aviez vous simplement oublié ce que c'était de prendre du bon temps... Et notre petite mésaventure vous aura rappelé que ce n'est pas si mal.
Mon intonation traduit un genre d'évidence. Je lui montre qu'il n'y a pas matière à se flageller pour des choses à ce point dénuées de conséquences. Car le puritanisme n'est pas dans mes valeurs. Je me verrais difficilement la dissuader de faire ce qui lui plaît, dans la mesure où je suis moi-même un incorrigible fêtard.
« Vous savez j'ai presque... Quarante ans. Mon expression se teinte d'un genre de grimace de dérision au moment d'annoncer le chiffre. Je sors pratiquement tous les soirs. Je... Flirte. Parfois. Et... Hé bien, il n'y a pas mort d'homme.
Je me redresse, de sorte à retomber contre le dossier de ma chaise, bras croisés.
« Qu'est ce que ça veut dire « ce genre de personne » ? Vous voudriez trouver super divertissant de rentrer sagement à la maison tous les soirs ? Repas, télé et au lit, comme un retraité... Non, soyez sérieuse.
J'ai cette tendance naturelle à dédramatiser les choses par des touches d'humour. Mais le fond du propos reste sérieux malgré tout.
« Avez-vous seulement considéré la possibilité que vous ayez besoin de ça en ce moment ?
Je lui demande alors, décroisant les bras pour poser mes mains sur la table et planter dans ses yeux mon regard.
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Ven 27 Avr 2018 - 1:16
soie rouge
La jeunesse ? La vie se compte-t-elle au nombre des années ou bien au nombre d’aventures parcourues ? Dans le premier cas en effet on peut dire que je suis jeune mais dans l’autre … Sa réflexion me fait sourire, pour dire la vérité elle m’amuse un peu. Je ne comptais pas déballer ma vie ce soir mais elle était loin d’avoir été de tout repos. « L’âge du corps n’est pas le même que celui de l’esprit. Et trente n’est qu’un chiffre. » En prononçant cette phrase je ne souhaite pas être amère mais je crois que le ton que j’emploie ne trompe personne, pas même moi. Le regard plongé dans le liquide qui emplit mon verre, je finis par lever les yeux vers lui. Je l’observe un moment et fini par lui répondre. « M’amuser ? J’ai bien peur d’avoir oublié tout ça depuis des années en effet. » Des années bercées par le chagrin et la douleur. Que signifiait prendre du bon temps exactement ? Oublier le passer et ne pas songer à l’avenir ? Agir comme il me plait en faisant fi des conséquences ? Je n’avais pas été élevée comme ça et je n’avais jamais vécu de cette façon non plus. Mais avais-je vraiment vécu ? Etudiante modèle, devenue médicomage bien trop jeune puis épouse et finalement prête à devenir mère. Ma vie était écrite d’avance, bien rangée et j’étais heureuse ou j’en avais l’impression. De nombreuses fois j’avais voulu céder aux ténèbres pour retrouver ce bonheur qui m’avait quitté si violemment, la magie noire m’avait tendue les bras mais je n’avais pu y céder …
En avalant une nouvelle gorgée, je repoussais ces images au plus profond de mon âme torturée. Lorsqu’il me dévoile son âge je ne peux refreiner une certaine surprise, je n’aurais pas dit autant. Mais son métabolisme particulier explique peut-être le fait qu’il fasse bien plus jeune que son âge ou bien peut-être que l’alcool modifie légèrement mon jugement. À cet instant, impossible de le dire. « Il n’y a pas mort d’homme. » Je me contente de répéter ce qu’il dit comme si le fait de m’entendre moi-même le dire puisse le rendre plus réel. « Je ne voulais pas vous blesser ou vous vexer, mes mots étaient peut-être mal choisis … Mais, cela peut peut-être vous surprendre à mon âge mais il n’y a pas si longtemps, effectivement la seule chose qui m’intéressait c’était de rentrer sagement tous les soirs à la maison, retrouver mon mari et me coucher de bonne heure. » À l’évocation de ses souvenirs je ne peux m’empêcher de sourire bêtement, un sourire de ceux que l’on donne sans y prêter attention. Puis une larme roule sur ma joue gauche et je viens l’essuyer rapidement sans perdre mon sourire. « Mais vous avez peut-être raison, j’ai peut-être besoin de lâcher prise en ce moment et je pense que c’est grâce à vous que je m’en rends compte. Même si vous décrivez notre rencontre comme étant une mésaventure, je préfère en voir les bons côtés. Grâce à vous, l’espace d’un instant je me suis sentie libérée de tous ces poids que je porte habituellement. » Je ne l’avais pas réellement remercié mais c’était bien ce que je ressentais. J’éloignais alors mon verre bien qu’encore à moitié plein et plongeait à nouveau mon regard dans le sien. « Et vous Mr Cioban ? Qu'est-ce qui vous amène ici ? Ressentez-vous également le besoin de prendre du bon temps ? »
En avalant une nouvelle gorgée, je repoussais ces images au plus profond de mon âme torturée. Lorsqu’il me dévoile son âge je ne peux refreiner une certaine surprise, je n’aurais pas dit autant. Mais son métabolisme particulier explique peut-être le fait qu’il fasse bien plus jeune que son âge ou bien peut-être que l’alcool modifie légèrement mon jugement. À cet instant, impossible de le dire. « Il n’y a pas mort d’homme. » Je me contente de répéter ce qu’il dit comme si le fait de m’entendre moi-même le dire puisse le rendre plus réel. « Je ne voulais pas vous blesser ou vous vexer, mes mots étaient peut-être mal choisis … Mais, cela peut peut-être vous surprendre à mon âge mais il n’y a pas si longtemps, effectivement la seule chose qui m’intéressait c’était de rentrer sagement tous les soirs à la maison, retrouver mon mari et me coucher de bonne heure. » À l’évocation de ses souvenirs je ne peux m’empêcher de sourire bêtement, un sourire de ceux que l’on donne sans y prêter attention. Puis une larme roule sur ma joue gauche et je viens l’essuyer rapidement sans perdre mon sourire. « Mais vous avez peut-être raison, j’ai peut-être besoin de lâcher prise en ce moment et je pense que c’est grâce à vous que je m’en rends compte. Même si vous décrivez notre rencontre comme étant une mésaventure, je préfère en voir les bons côtés. Grâce à vous, l’espace d’un instant je me suis sentie libérée de tous ces poids que je porte habituellement. » Je ne l’avais pas réellement remercié mais c’était bien ce que je ressentais. J’éloignais alors mon verre bien qu’encore à moitié plein et plongeait à nouveau mon regard dans le sien. « Et vous Mr Cioban ? Qu'est-ce qui vous amène ici ? Ressentez-vous également le besoin de prendre du bon temps ? »
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Ven 27 Avr 2018 - 13:23
Les paroles d’Ellen m’inspirent une certaine perplexité. Je n’ai jamais été de ceux qui font une distinction entre le corps et l’esprit. Pour moi, c’est la même chose. Ce serait partir du principe que l’expérience et la maturité définissent un âge en soi. Sauf que ça n’a pas de sens : chacun est s’adapte à la vie qu’il a, un point c’est tout. On peut être expérimenté sur un sujet et totalement ignorant sur un autre… Réagir de manière sage et pondérée dans une situation, quand une autre nous prend totalement au dépourvu. Se dire qu’on a vécu et que la souffrance a fait de nous quelqu’un de fade, c’est juste une excuse pour ne pas avoir à bousculer ses certitudes.
« Si vous le dites. Je réplique alors, un petit sourire en coin. N’empêche que quand on est vieux, on est vieux.
Chaque seconde qui passe est une seconde définitivement perdue. Il n’y a pas de retour en arrière possible. La vie n’attend personne pour suivre son cours. Quand on a compris ça, on s’autorise à accorder un peu moins d’importance aux expériences du passé. Et alors on vit, tout simplement. A ce sujet, j’en savais quelque chose : ma vie était un chemin d’emmerdements sans cesse renouvelés. Alors s’il avait fallu que je m’arrête sur chaque difficulté, il y a bien longtemps que je me serais tiré une balle.
C’est ce que j’essaye de lui faire comprendre par cette phrase. Sa jeunesse lui fait croire qu’elle a le temps, précisément. Elle ne réalise pas qu’il y a des choses derrière elle parce qu’elle est encore à un stade de sa vie où elle avance. Mais quand elle aura quarante, cinquante, soixante ans et que ses meilleures années seront derrière, alors elle regardera ce qu’elle a fait… Et peut-être qu’elle se dira qu’il y avait mieux à faire que de pleurer sur des choses qui n’existaient déjà plus à l’époque.
Mais bon, tout ça, je ne lui dis pas. Je vois bien qu’elle est fragile et que la blessure : cette chose qui l’entrave, quelle qu’elle soit, est encore fraîche. Je ne veux pas trop la bousculer. Il y a des gens que ça n’aide pas et qui ont besoin d’y aller progressivement. Moi, je suis plutôt adepte des grandes tartes dans la gueule… Mais c’est mon style. Il n’y a pas de jugement de valeur à faire là dessus.
Je l’écoute donc répéter mes dernières paroles, avant de s’autoriser un léger développement sur ce qui la hante. Je comprends que son mariage a volé en éclat, pour une raison ou une autre. L'intensité de sa réaction trahit cette incapacité à cicatriser que j'avais pressenti. Sans doute est-ce là que réside le coeur de son problème : elle ne s’en est pas encore remise. Je suppose que ça ne s’est pas fait d’un commun accort. Il a dû se passer quelque chose. Mais bon…
Elle poursuit en évoquant ce que j’appelle une mésaventure. Sa manière de présenter la chose me surprend un peu, mais je dois bien admettre que j’aime autant cela que de l’entendre dire qu’elle l’a très mal vécu. Ce ne serait pas la première fois que le charme d’un vampire aide à débloquer quelque chose chez sa victime… Même si, en ce qui me concerne, je n’ai jamais tellement eu affaire à quelqu’un comme Ellen.
« Je ne sais pas.
Je réponds, quand elle me demande finalement si c’est pour prendre du bon temps que je suis venu ici, ce soir.
« En ce moment j’ai pas mal de choses qui m’occupent l’esprit. C’est vrai. Maintenant…
Mon regard s’en va fouiller la salle au hasard, tandis que je considère sa question.
« Les bars, pour moi, c’est une vieille habitude. Je hausse les épaules, bras croisés. Que feriez-vous si vous ne dormiez jamais ? Il n’y a pas tellement d’endroits où on peut espérer trouver du monde en pleine nuit…
Ma nature est à l’origine de bon nombre de mes comportements. Et puisqu’elle a eu mon dossier médical entre les mains, je suppose qu’elle aura remarqué ma propension à boire. Mon dernier médecin n’a eu de cesse de répertorier tous les comportements qu’il jugeait déviant chez moi.
« En dehors de ça... Et si vous voulez vraiment tout savoir, je n’ai pas pour habitude de calculer à l’avance les moments où je vais prendre du bon temps. Les projets, ça tue le désir, à ce qui se dit.
Fais-je en guise de conclusion, tandis que mon regard s’en retourne à ses prunelles bleues.
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mer 2 Mai 2018 - 13:41
soie rouge
La nonchalance du semi-vampire m’est inconnue, comment faisait-il pour ne se soucier de rien ? Ou de peu de choses ? Était-ce une façade ou bien un trait de caractère qu’il avait la chance de posséder ? Chance ou malchance d’ailleurs car la vie doit sembler bien désuète si on ne lui attache que peu d’importance. Je le regardais alors qu’il m’avouait ressentir la solitude, c’est du moins de cette façon que j’interprétais ses paroles. Trouver du monde … Il m’apparaissait désormais comme attachant, pas au sens péjoratif, je ne me permettrai pas de prendre quelqu’un de haut, je connais bien trop mes limites et mes faiblesses mais disons plutôt qu’il me semblait plus humain que je ne l’avais imaginé. Aprioris et clichés …
Je le laissais finir en silence, puis son regard vint à nouveau croiser le mien. Cette sensation de proximité ne me mettait plus mal à l’aise mais une impression de chaleur m’envahissait à chaque fois. J’esquissais un léger sourire tout en détournant le regard. « Les voyages permettent de voir du monde. » Lui dis-je simplement et en parlant de monde je l’entendais sous tous ses sens, rencontrer de nouvelles personnes et découvrir de nouveaux paysages. En tant que née-moldu j’avais connu les voyages en transports moldus, bien trop long mais permettant de garder quelques anecdotes devenues de bons souvenirs. Mais là j’évoquais le transplanage. « Pourquoi ne pas aller à l’autre bout du monde plutôt que de s’enfermer dans des lieux milles et milles fois visités ? » Lui demandais-je en le regardant à nouveau. « La routine conduit à la mort de l’âme à vous entendre et pourtant vous semblez vous y complaire. » Osais-je sans même y penser.
J’avalais une nouvelle gorgée du liquide dont j’avais oublié le nom puis j’appuyais mon regard vers le sien, cherchant à déchiffrer la créature qui se trouvait en face de moi. Les yeux, le miroir de l’âme ; ou quelque chose comme ça. Ses prunelles sombres ne me laissaient pas y pénétrer et pourtant il semblait préoccupé d’après ce qu’il avait dit plus tôt. « L’alcool n’est pas une solution. » Je ne souhaitais pas me positionner en tant que professionnelle de la santé, ni même en donneuse de leçons et d’ailleurs ma présence ici ce soir avait été motivée par les effets amnésiques de l’ivresse mais j’avais déjà tellement perdu à cause de l’alcool que je n’avais pu retenir cette réflexion.
Je le laissais finir en silence, puis son regard vint à nouveau croiser le mien. Cette sensation de proximité ne me mettait plus mal à l’aise mais une impression de chaleur m’envahissait à chaque fois. J’esquissais un léger sourire tout en détournant le regard. « Les voyages permettent de voir du monde. » Lui dis-je simplement et en parlant de monde je l’entendais sous tous ses sens, rencontrer de nouvelles personnes et découvrir de nouveaux paysages. En tant que née-moldu j’avais connu les voyages en transports moldus, bien trop long mais permettant de garder quelques anecdotes devenues de bons souvenirs. Mais là j’évoquais le transplanage. « Pourquoi ne pas aller à l’autre bout du monde plutôt que de s’enfermer dans des lieux milles et milles fois visités ? » Lui demandais-je en le regardant à nouveau. « La routine conduit à la mort de l’âme à vous entendre et pourtant vous semblez vous y complaire. » Osais-je sans même y penser.
J’avalais une nouvelle gorgée du liquide dont j’avais oublié le nom puis j’appuyais mon regard vers le sien, cherchant à déchiffrer la créature qui se trouvait en face de moi. Les yeux, le miroir de l’âme ; ou quelque chose comme ça. Ses prunelles sombres ne me laissaient pas y pénétrer et pourtant il semblait préoccupé d’après ce qu’il avait dit plus tôt. « L’alcool n’est pas une solution. » Je ne souhaitais pas me positionner en tant que professionnelle de la santé, ni même en donneuse de leçons et d’ailleurs ma présence ici ce soir avait été motivée par les effets amnésiques de l’ivresse mais j’avais déjà tellement perdu à cause de l’alcool que je n’avais pu retenir cette réflexion.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Ven 4 Mai 2018 - 18:26
Tandis que la jeune femme développe sur la question du voyage, je sens mes sourcils se froncer presque imperceptiblement. Peu à peu, je comprends où elle veut en venir. Cela dit, j'ai l'impression qu'elle a un peu surinterprété mes dernières paroles... Et c'est un euphémisme.
Je ne suis pas certain de comprendre comment elle en est arrivé à se dire que le fait que je fréquente régulièrement les mêmes bars signifie que je suis fermé au monde ou que, pour reprendre ses termes, je me complais dans la routine. L'un n’exclut pas l'autre, en l’occurrence... Et nous étions en train de parler de vie quotidienne.
Alors, je ne sais pas quel genre de vie elle mène, mais personnellement, je réserve les voyages à mes moments de vacances. Mon travail exige que je sois présent la majeure partie de l'année, donc il est clair que je ne vais pas m'amuser à me barrer tous les quatre matins pour aller visiter l'autre bout du pays. Cela dit, quand l'occasion se présente, je le fais avec plaisir. D'autant que bon... Je ne sais pas si elle a bien cerné l'homme à qui elle parle, mais question sociabilité, je me débrouille.
Enfin bref, je crois qu'elle est allé un peu trop loin sur la psychologie de comptoir, sur ce coup... Mais bon, je lui pardonne bien volontiers : elle a un peu bu et l'intention de base semble bonne.
Encore que, elle récidive trois minutes plus tard en me disant que l'alcool n'est pas une solution. Intuitivement, mon cerveau retrace le fil de sa réflexion. J'esquisse un sourire un brin féroce, avant de répliquer.
« Une solution à quoi ?
Laissant échapper un court ricanement, quelques secondes s'égrainent au cours desquelles je prend le temps de la détailler.
« Vous parlez avec des expressions toutes faites, mais qui sortent un peu du contexte, si vous voulez mon avis...
L'alcool ne résout rien, les voyages offrent de nouvelles perspectives : ce sont des poncifs que l'on entend partout, mais dont l'intérêt est vite limité. De quoi parle-t-on ? Dans quel contexte se situe-t-on ? A quel moment ? On ne régente pas sa vie avec des principes à ce point prémâché. Il faut creuser plus loin que ça.
« En fait, je me demande si vous ne parlez pas plus pour vous que pour moi...
Mon intonation traduit un genre d'amusement dénué de toute moquerie. C'est plus un forme de taquinerie... Un brin sarcastique il est vrai, mais sans méchanceté. Et dans le même temps, mon regard se dirige vers son verre déjà bien entamé.
Cela fait un moment que je n'ai pas touché au mien. Elle, en revanche, ne cesse de boire : gorgée après gorgée... Et la voilà qui me donne des leçons sur la consommation d'alcool. Quand au fait de se complaire dans la routine, cela fait cruellement écho à son aveux précédent : elle n'a pas l'habitude de sortir s'amuser, elle avait oublié ce que c'était... Forcément, j'en viens à me dire que ces bons conseils, c'est à elle qu'elle les destine inconsciemment. Moi, je suis juste là parce que... Ce sont les circonstances qui ont fait que.
Alors bon, ça ne me dérange pas qu'elle « dérape » de cette façon. Après tout... C'est une humaine. Elle n'est pas ici seulement pour occuper ses longues nuits d'insomnies, elle. Il faut que des choses se passent dans sa vie. Je suppose.
« Si ça vous tente d'aller prendre l'air...
Ma main s'en vient fouiller dans la poche intérieure de ma veste : je sors mon paquet de cigarette.
« Il faut que j'aille fumer.
La multiplication des vices... Cela dit, j'aime autant l'idée de nous extraire un peu de l'atmosphère pesante du bar. J'ai... Besoin de prendre l'air. Ouvrir un peu les perspectives. Quand à elle, je crois que ça ne lui fera pas de mal de lever un peu le pied. Marcher un peu pourrait l'aider à se remettre les idées en place. Si elle veut.
Je ne suis pas certain de comprendre comment elle en est arrivé à se dire que le fait que je fréquente régulièrement les mêmes bars signifie que je suis fermé au monde ou que, pour reprendre ses termes, je me complais dans la routine. L'un n’exclut pas l'autre, en l’occurrence... Et nous étions en train de parler de vie quotidienne.
Alors, je ne sais pas quel genre de vie elle mène, mais personnellement, je réserve les voyages à mes moments de vacances. Mon travail exige que je sois présent la majeure partie de l'année, donc il est clair que je ne vais pas m'amuser à me barrer tous les quatre matins pour aller visiter l'autre bout du pays. Cela dit, quand l'occasion se présente, je le fais avec plaisir. D'autant que bon... Je ne sais pas si elle a bien cerné l'homme à qui elle parle, mais question sociabilité, je me débrouille.
Enfin bref, je crois qu'elle est allé un peu trop loin sur la psychologie de comptoir, sur ce coup... Mais bon, je lui pardonne bien volontiers : elle a un peu bu et l'intention de base semble bonne.
Encore que, elle récidive trois minutes plus tard en me disant que l'alcool n'est pas une solution. Intuitivement, mon cerveau retrace le fil de sa réflexion. J'esquisse un sourire un brin féroce, avant de répliquer.
« Une solution à quoi ?
Laissant échapper un court ricanement, quelques secondes s'égrainent au cours desquelles je prend le temps de la détailler.
« Vous parlez avec des expressions toutes faites, mais qui sortent un peu du contexte, si vous voulez mon avis...
L'alcool ne résout rien, les voyages offrent de nouvelles perspectives : ce sont des poncifs que l'on entend partout, mais dont l'intérêt est vite limité. De quoi parle-t-on ? Dans quel contexte se situe-t-on ? A quel moment ? On ne régente pas sa vie avec des principes à ce point prémâché. Il faut creuser plus loin que ça.
« En fait, je me demande si vous ne parlez pas plus pour vous que pour moi...
Mon intonation traduit un genre d'amusement dénué de toute moquerie. C'est plus un forme de taquinerie... Un brin sarcastique il est vrai, mais sans méchanceté. Et dans le même temps, mon regard se dirige vers son verre déjà bien entamé.
Cela fait un moment que je n'ai pas touché au mien. Elle, en revanche, ne cesse de boire : gorgée après gorgée... Et la voilà qui me donne des leçons sur la consommation d'alcool. Quand au fait de se complaire dans la routine, cela fait cruellement écho à son aveux précédent : elle n'a pas l'habitude de sortir s'amuser, elle avait oublié ce que c'était... Forcément, j'en viens à me dire que ces bons conseils, c'est à elle qu'elle les destine inconsciemment. Moi, je suis juste là parce que... Ce sont les circonstances qui ont fait que.
Alors bon, ça ne me dérange pas qu'elle « dérape » de cette façon. Après tout... C'est une humaine. Elle n'est pas ici seulement pour occuper ses longues nuits d'insomnies, elle. Il faut que des choses se passent dans sa vie. Je suppose.
« Si ça vous tente d'aller prendre l'air...
Ma main s'en vient fouiller dans la poche intérieure de ma veste : je sors mon paquet de cigarette.
« Il faut que j'aille fumer.
La multiplication des vices... Cela dit, j'aime autant l'idée de nous extraire un peu de l'atmosphère pesante du bar. J'ai... Besoin de prendre l'air. Ouvrir un peu les perspectives. Quand à elle, je crois que ça ne lui fera pas de mal de lever un peu le pied. Marcher un peu pourrait l'aider à se remettre les idées en place. Si elle veut.
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Jeu 10 Mai 2018 - 0:56
soie rouge
J’errais dans mon subconscient lorsqu’il me posa une question. Elle me surprit d’ailleurs, je pensais ne pas avoir à m’expliquer, l’alcool n’était jamais une solution et à mon souvenir, son dossier médical aurait pu porter la mention alcoolique. Les gens ne buvaient pas par hasard, en petite quantité pour se divertir surement mais le plus souvent pour échapper à leur quotidien soporifique ou douloureux. Alors que je m’apprêtais à lui répondre, son rire me glaça le sang. Non pas d’effroi mais de colère. Une colère à peine dissimulée d’ailleurs, les pommettes rougissantes et le regard azur s’assombrissant un instant. Son ton condescendant me fut désagréable à l’image d’une piqûre de billywig. Depuis quelques minutes il remettait en cause la moindre de mes paroles, à croire qu’il détenait la vérité. Je croisais les bras sur ma poitrine et m’appuyais sur le dossier de ma chaise, le laissant poursuivre. La bouche légèrement entre-ouverte je laissais ma langue se balader sur mes incisives supérieures puis sur ma canine gauche. Je tentais de me contenir.
Je l’écoutais à moitié, je parlais pour moi plus que pour lui ? je laissais échapper un soupir agacé. « Je crois surtout qu’il est plus facile de se voiler la face que d’affronter ses véritables problèmes. » Et là, pour le coup je savais de quoi je parlais. Moi qui m’étais jeté corps et âme dans le travail pour ne plus penser à rien d’autre. Je restais cependant persuadée d’avoir visé juste quant à l’état d’esprit du semi-vampire. Cela dit, je pensais aussi qu’il était inutile de persister dans cette voie. Je desserrai ma mâchoire pour finalement vider mon verre d’une traite. La chaleur du lieu commençait à m’étouffer et les notes de piano à m’entêter si bien que sa proposition de sortir un peu me fut salvatrice. J’acquiesçais rapidement d’un signe de tête. Je m’appuyais sur la table pour me redresser mais rapidement, les effets de l’alcool trop rapidement avalé se fit sentir. Un étourdissement léger. Je me rattrapais à la chaise et les yeux fermés je sentais tout mon environnement chavirer de bord. Rapidement j’ouvrais les yeux et pris une profonde inspiration. Je tournais les yeux vers lui dans l’attente d’une moquerie et me surpris à m’excuser. « Je vous prie de m’excuser, je crois que j’ai vraiment abusé de tout cela ce soir. » Lui dis-je en montrant les verres vides sur la table. « Je pense que j’ai vraiment besoin de prendre l’air. » Je lâchais finalement mes béquilles de fortune, me redressais sur mes jambes bien que peu solides et me dirigeais vers la sortie.
Une fois à l’extérieur, le mordant du froid me fit comme revenir à la vie. J’ajustais mon manteau, le printemps tout juste installé, les nuits étaient encore fraiches. J’observais mon interlocuteur et je me demandais ce qu’il pouvait ressentir une fois la nuit venue. Ses sens étaient-ils décuplés ? Ses envies aussi ? Je restais silencieuse pendant qu’il allumait sa cigarette.
Je l’écoutais à moitié, je parlais pour moi plus que pour lui ? je laissais échapper un soupir agacé. « Je crois surtout qu’il est plus facile de se voiler la face que d’affronter ses véritables problèmes. » Et là, pour le coup je savais de quoi je parlais. Moi qui m’étais jeté corps et âme dans le travail pour ne plus penser à rien d’autre. Je restais cependant persuadée d’avoir visé juste quant à l’état d’esprit du semi-vampire. Cela dit, je pensais aussi qu’il était inutile de persister dans cette voie. Je desserrai ma mâchoire pour finalement vider mon verre d’une traite. La chaleur du lieu commençait à m’étouffer et les notes de piano à m’entêter si bien que sa proposition de sortir un peu me fut salvatrice. J’acquiesçais rapidement d’un signe de tête. Je m’appuyais sur la table pour me redresser mais rapidement, les effets de l’alcool trop rapidement avalé se fit sentir. Un étourdissement léger. Je me rattrapais à la chaise et les yeux fermés je sentais tout mon environnement chavirer de bord. Rapidement j’ouvrais les yeux et pris une profonde inspiration. Je tournais les yeux vers lui dans l’attente d’une moquerie et me surpris à m’excuser. « Je vous prie de m’excuser, je crois que j’ai vraiment abusé de tout cela ce soir. » Lui dis-je en montrant les verres vides sur la table. « Je pense que j’ai vraiment besoin de prendre l’air. » Je lâchais finalement mes béquilles de fortune, me redressais sur mes jambes bien que peu solides et me dirigeais vers la sortie.
Une fois à l’extérieur, le mordant du froid me fit comme revenir à la vie. J’ajustais mon manteau, le printemps tout juste installé, les nuits étaient encore fraiches. J’observais mon interlocuteur et je me demandais ce qu’il pouvait ressentir une fois la nuit venue. Ses sens étaient-ils décuplés ? Ses envies aussi ? Je restais silencieuse pendant qu’il allumait sa cigarette.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Jeu 10 Mai 2018 - 11:44
Le remarque de la médicomage traduit tout l'effet que mes propos ont eu sur elle. Mon insolence l'a mise en colère... Ce qui est bien naturel : il est aussi désagréable de recevoir des leçons de vie que de se faire remettre à sa place. Il faut dire que je ne mets jamais de gant avec les individus qui se hasardent à émettre une opinion sur ma façon de me comporter, ou de gérer mes problèmes, pour reprendre son expression. Plus à mon âge en tout cas.
Après tout, j'ai passé bien assez de temps à vouloir entrer dans le moule pour que l'on m'accepte... Sauf que, ça ne marche pas : les gens ne vous acceptent jamais. C'est encore plus vrai pour les individus de mon espèce. A partir de là, je fais bien ce qui me plaît et le monde autour peut aller se faire foutre. C'est aussi simple que cela.
Donc bon... Elle peut être en colère. Personnellement, les échanges de tir ne me dérangent pas. Je dirais même que ça me plaît, en un sens : au moins, il se passe quelque chose. D'ailleurs, je dois bien admettre la trouver beaucoup plus touchante ainsi, avec son regard sombre et son air pincé... A ne plus sembler sous l'effet de mon aura : ça me donne davantage envie de la considérer comme il faut et non de la rejeter, par principe, comme j'ai pu le faire jusqu'à présent. Je préfère qu'on me résiste, faut croire.
Enfin, qu'importe. Il est temps de changer d'air de toute façon.
Je me lève donc tout en l'attendant. Mais il semblerait effectivement que la jeune femme ait mal dosé sa consommation, puisqu'elle peine à garder son équilibre une fois debout. Je m'assure du fait qu'elle va s'en sortir d'un regard, prêt à lui proposer mon bras si nécessaire, mais elle s'en sort. Je n'ajoute donc rien de plus, acquiesçant simplement après sa remarque avant d'ouvrir la marche en direction de la sortie.
L'air frais produit sur nous l'effet attendu. Toute la torpeur accumulée précédemment cède sous l'effet du pincement de la fraîcheur nocturne. Je vois qu'il en est de même pour elle : c'est bien.
Mon regard se promène brièvement alentour. Mon premier réflexe consiste à sortir mes lunettes de soleil. Ici, il ne s'agit pas de me protéger de la lumière, mais plutôt de dissimuler mes pupilles : elles brillent dans la pénombre dès qu'un peu de lumière se reflète dessus. C'est comme avec les chats. Avec l'éclairage urbain, je suis certain d'être identifié par le premier passant venu. Sécurité avant tout, donc.
« Tapetum lucidum.
Lui fais-je simplement pour qu'elle comprenne, tout en sortant mon paquet de cigarette. La porte du bar bien refermée, nous voilà au milieu de la rue, dans le silence : c'est agréable. Seul le craquement de la pierre du briquet vient troubler ce moment de quiétude retrouvée. Je me sens toujours serein, la nuit. Tout va bien : je vois, mais on ne me voit pas. Je suis en sécurité, dans mon élément.
« Vous fumez ?
Je lui demande, tout en lui tendant mon paquet de cigarette. Cela dit, je me doute que la réponse est sans doute « non », mais bon... Courtoisie oblige. J'attends sa réponse pour ranger le paquet et passer à autre chose.
« Marchons un peu, ça vous fera du bien... Je lui propose mon bras, ce coup-ci. Venez.
J'esquisse un petit sourire, sans doute l'un des plus sincères depuis le début de notre rencontre. Pas de sarcasme ou de méchanceté, juste de la sympathie. Je ne vais pas m'acharner davantage sur cette femme : elle fait sans doute autant ce qu'elle peut pour mener son existence que moi. Peut-être que c'est ça qui me pousse à la remettre en question, dans le fond. Je préfère user de mauvaise foi et de dédain que d'humilité : classique.
« Vous aimez la nuit docteur Campbell ? Je demande, sourire allusif en coin, le regard braqué sur le lointain qui se dévoile tandis que nous marchons tranquillement dans la rue. Tiens en passant : on peut, peut-être, se tutoyer, qu'en dites vous ?
Après tout, j'ai passé bien assez de temps à vouloir entrer dans le moule pour que l'on m'accepte... Sauf que, ça ne marche pas : les gens ne vous acceptent jamais. C'est encore plus vrai pour les individus de mon espèce. A partir de là, je fais bien ce qui me plaît et le monde autour peut aller se faire foutre. C'est aussi simple que cela.
Donc bon... Elle peut être en colère. Personnellement, les échanges de tir ne me dérangent pas. Je dirais même que ça me plaît, en un sens : au moins, il se passe quelque chose. D'ailleurs, je dois bien admettre la trouver beaucoup plus touchante ainsi, avec son regard sombre et son air pincé... A ne plus sembler sous l'effet de mon aura : ça me donne davantage envie de la considérer comme il faut et non de la rejeter, par principe, comme j'ai pu le faire jusqu'à présent. Je préfère qu'on me résiste, faut croire.
Enfin, qu'importe. Il est temps de changer d'air de toute façon.
Je me lève donc tout en l'attendant. Mais il semblerait effectivement que la jeune femme ait mal dosé sa consommation, puisqu'elle peine à garder son équilibre une fois debout. Je m'assure du fait qu'elle va s'en sortir d'un regard, prêt à lui proposer mon bras si nécessaire, mais elle s'en sort. Je n'ajoute donc rien de plus, acquiesçant simplement après sa remarque avant d'ouvrir la marche en direction de la sortie.
L'air frais produit sur nous l'effet attendu. Toute la torpeur accumulée précédemment cède sous l'effet du pincement de la fraîcheur nocturne. Je vois qu'il en est de même pour elle : c'est bien.
Mon regard se promène brièvement alentour. Mon premier réflexe consiste à sortir mes lunettes de soleil. Ici, il ne s'agit pas de me protéger de la lumière, mais plutôt de dissimuler mes pupilles : elles brillent dans la pénombre dès qu'un peu de lumière se reflète dessus. C'est comme avec les chats. Avec l'éclairage urbain, je suis certain d'être identifié par le premier passant venu. Sécurité avant tout, donc.
« Tapetum lucidum.
Lui fais-je simplement pour qu'elle comprenne, tout en sortant mon paquet de cigarette. La porte du bar bien refermée, nous voilà au milieu de la rue, dans le silence : c'est agréable. Seul le craquement de la pierre du briquet vient troubler ce moment de quiétude retrouvée. Je me sens toujours serein, la nuit. Tout va bien : je vois, mais on ne me voit pas. Je suis en sécurité, dans mon élément.
« Vous fumez ?
Je lui demande, tout en lui tendant mon paquet de cigarette. Cela dit, je me doute que la réponse est sans doute « non », mais bon... Courtoisie oblige. J'attends sa réponse pour ranger le paquet et passer à autre chose.
« Marchons un peu, ça vous fera du bien... Je lui propose mon bras, ce coup-ci. Venez.
J'esquisse un petit sourire, sans doute l'un des plus sincères depuis le début de notre rencontre. Pas de sarcasme ou de méchanceté, juste de la sympathie. Je ne vais pas m'acharner davantage sur cette femme : elle fait sans doute autant ce qu'elle peut pour mener son existence que moi. Peut-être que c'est ça qui me pousse à la remettre en question, dans le fond. Je préfère user de mauvaise foi et de dédain que d'humilité : classique.
« Vous aimez la nuit docteur Campbell ? Je demande, sourire allusif en coin, le regard braqué sur le lointain qui se dévoile tandis que nous marchons tranquillement dans la rue. Tiens en passant : on peut, peut-être, se tutoyer, qu'en dites vous ?
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mar 15 Mai 2018 - 22:28
soie rouge
Immobile j’observe ce reflet peu commun que l’on peut apercevoir brièvement dans ses yeux avant qu’il ne les cache. Je réfrène mon envie de lui retirer ses lunettes pour continuer de contempler ses pupilles, je comprends qu’il veuille se protéger ; il n’est pas sécure de montrer à n’importe qui sa nature et je le sais par expérience bien que le statut de mon sang ne soit pas comparable à sa condition. Finalement j’en venais à me demander ce que le monde magique avait de différent avec le monde moldu, après tout, si la couleur de peau n’avait pas d’importance, le sang et l’ascendance semblait primer sur le reste, nous obligeant à nous cacher. Le froid me fait frissonner. Il me propose alors une cigarette mais à son air je vois qu’il se doute déjà de ma réponse. Sans un mot je réponds par la négative en hochant la tête de gauche à droite. Puis, alors que je me prépare à des aurevoirs sans plus de cérémonie, il me propose de faire quelques pas avec lui et m’offre son bras en soutien. Sans vraiment y réfléchir je viens tout contre lui et accepte son aide avec plaisir. « Merci. » Lui dis-je simplement. Et alors que nous commençons à marcher mon étreinte se fait légèrement plus intense. Je sais que mes jambes peuvent me porter mais je sens tout de même une légère faiblesse qui pourrait me faire trébucher à tout moment. Je respire profondément les odeurs mêlées des différentes échoppes qui parcourent la rue ainsi que cette odeur si particulière de la nuit, une odeur indescriptible de fraîcheur et de sol légèrement humidifié par le brouillard … Un parfum apaisant.
Pas après pas je récupère de plus en plus d’équilibre, bientôt je n’aurai plus besoin de lui mais je choisis de ne pas bouger ma position. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je me sens bien et à mon aise. Je lève alors les yeux vers lui lorsqu’il me pose une question. « Je crois oui. » Il y a peu si on m’avait posé la même question j’aurais surement répondu le contraire. Mais depuis plusieurs semaines la nuit était devenue mon amie. La ville changeait totalement de visage et les gens, mages comme moldus, changeaient également du tout au tout. « La nuit je me sens libre. » Finis-je par déclarer en détournant le regard. C’est alors que je comprends que je me suis moi-même enfermée dans une cage lorsque j’avais perdu cet enfant et que je commence à peine à me rendre compte que la cage avait toujours été ouverte, je tournais juste le dos à la porte. Sa dernière question me fait sourire. « Bien sûr, je pense que nous avons dépassé le stade du vouvoiement depuis un moment. » Je l’avais vu nu, il me voyait ivre, et nous ne nous étions croisés que deux fois, difficile de faire plus intime à ce stade de notre relation. Je me laisse alors aller à un rire clair et franc en repensant à nos deux rencontres, c’était tellement ridicule. « Excusez … non … excuses moi, l’alcool … » Cet état d’ébriété ne m’est pas habituel mais il m’est très agréable, tellement que je refuse que cela s’estompe tout de suite.
Pas après pas je récupère de plus en plus d’équilibre, bientôt je n’aurai plus besoin de lui mais je choisis de ne pas bouger ma position. Aussi surprenant que cela puisse paraître, je me sens bien et à mon aise. Je lève alors les yeux vers lui lorsqu’il me pose une question. « Je crois oui. » Il y a peu si on m’avait posé la même question j’aurais surement répondu le contraire. Mais depuis plusieurs semaines la nuit était devenue mon amie. La ville changeait totalement de visage et les gens, mages comme moldus, changeaient également du tout au tout. « La nuit je me sens libre. » Finis-je par déclarer en détournant le regard. C’est alors que je comprends que je me suis moi-même enfermée dans une cage lorsque j’avais perdu cet enfant et que je commence à peine à me rendre compte que la cage avait toujours été ouverte, je tournais juste le dos à la porte. Sa dernière question me fait sourire. « Bien sûr, je pense que nous avons dépassé le stade du vouvoiement depuis un moment. » Je l’avais vu nu, il me voyait ivre, et nous ne nous étions croisés que deux fois, difficile de faire plus intime à ce stade de notre relation. Je me laisse alors aller à un rire clair et franc en repensant à nos deux rencontres, c’était tellement ridicule. « Excusez … non … excuses moi, l’alcool … » Cet état d’ébriété ne m’est pas habituel mais il m’est très agréable, tellement que je refuse que cela s’estompe tout de suite.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Ven 18 Mai 2018 - 14:55
Les ruelles d'Inverness se découvrent sous nos pas. Il est encore relativement tôt, les passants sont nombreux comparativement à ce que l'on peut avoir à trois ou quatre heures du matin. Aux côtés d'Ellen, je profite de l'atmosphère particulière de la nuit.
Sa compagnie m'est beaucoup plus agréable ainsi, hors du bar, de son alcool et de ses murs trop étroits. J'apprécie simplement ce moment passé dans le silence, chacun pouvant se laisser aller librement à quelques pensées, tandis que nos bras emmêlés nous rappellent l'un à l'autre. Parfois, il n'en faut pas plus. Et dans le cas présent, avec l'humeur qui est la mienne, c'est ce qu'il me faut. Je suis bien, je respire... C'est parfait.
Mais après un moment, je me hasarde à la questionner sur son rapport à la nuit. Elle n'est pas surprise et me répond sincèrement. Réponse que j'apprécie car elle me parle, forcément. J'ai souvent affaire à des gens qui craignent l'obscurité. Ils redoutent ce qu'ils ne voient pas, ils imaginent des choses... Alors qu'il n'y a rien à redouter. Ce que l'on découvre à tâtons devrait émerveiller... Mais la plupart des gens ne raisonnent pas comme ça.
Je suppose que si elle se sent libre, c'est à cause du secret, justement. Ce qui se passe dans le noir, personne ne le voit, alors on peut se l'autoriser. Peut-être est-ce quelque chose comme cela, en effet... Peut-être.
Puis, elle se met à rire. Rapport au contexte, je devine qu'elle repense à notre première rencontre. Cet éclat soudain me place immédiatement sur son registre. Oubliant mes considérations précédentes, je me laisse aller à un franc sourire tout en répliquant.
« Quoi ? Tu repenses à l'autre fois, c'est ça ? Fais-je en gloussant. Ou bien c'est l'image de mon cul qui te fait marrer ?
Je me mords brièvement la lèvre, sourcils froncés, d'un air faussement partagé entre vexation et gêne avant de lui adresser un petit coup de hanche, histoire de la calmer dans son hilarité. Cela dit, tout ceci a plutôt pour effet de me faire rire à mon tour. On se retrouve alors à se marrer tous les deux au milieu de la rue comme des enfants.
« Sans déconner, c'était vraiment embarrassant.
Finis-je par articuler, gloussant toujours par intermittence.
« On doit avoir le truc avec les rencontres insolites... J'ajoute. La prochaine fois on se fait quoi ?
Je lui lance un regard en coin, par dessus mes lunettes de soleil. Mon fou rire s'est apaisé. Je la regarde juste, me demandant si j'aurais imaginé un seul instant rencontrer, un jour, quelqu'un dans de pareilles circonstances. Je ne sais pas ce qui est le plus extraordinaire là dedans... Le côté complètement étrange de nos rencontres ou bien ce qu'il en ressort, à chaque fois, en terme de réflexion et d'affects mis à l'envers.
Sa compagnie m'est beaucoup plus agréable ainsi, hors du bar, de son alcool et de ses murs trop étroits. J'apprécie simplement ce moment passé dans le silence, chacun pouvant se laisser aller librement à quelques pensées, tandis que nos bras emmêlés nous rappellent l'un à l'autre. Parfois, il n'en faut pas plus. Et dans le cas présent, avec l'humeur qui est la mienne, c'est ce qu'il me faut. Je suis bien, je respire... C'est parfait.
Mais après un moment, je me hasarde à la questionner sur son rapport à la nuit. Elle n'est pas surprise et me répond sincèrement. Réponse que j'apprécie car elle me parle, forcément. J'ai souvent affaire à des gens qui craignent l'obscurité. Ils redoutent ce qu'ils ne voient pas, ils imaginent des choses... Alors qu'il n'y a rien à redouter. Ce que l'on découvre à tâtons devrait émerveiller... Mais la plupart des gens ne raisonnent pas comme ça.
Je suppose que si elle se sent libre, c'est à cause du secret, justement. Ce qui se passe dans le noir, personne ne le voit, alors on peut se l'autoriser. Peut-être est-ce quelque chose comme cela, en effet... Peut-être.
Puis, elle se met à rire. Rapport au contexte, je devine qu'elle repense à notre première rencontre. Cet éclat soudain me place immédiatement sur son registre. Oubliant mes considérations précédentes, je me laisse aller à un franc sourire tout en répliquant.
« Quoi ? Tu repenses à l'autre fois, c'est ça ? Fais-je en gloussant. Ou bien c'est l'image de mon cul qui te fait marrer ?
Je me mords brièvement la lèvre, sourcils froncés, d'un air faussement partagé entre vexation et gêne avant de lui adresser un petit coup de hanche, histoire de la calmer dans son hilarité. Cela dit, tout ceci a plutôt pour effet de me faire rire à mon tour. On se retrouve alors à se marrer tous les deux au milieu de la rue comme des enfants.
« Sans déconner, c'était vraiment embarrassant.
Finis-je par articuler, gloussant toujours par intermittence.
« On doit avoir le truc avec les rencontres insolites... J'ajoute. La prochaine fois on se fait quoi ?
Je lui lance un regard en coin, par dessus mes lunettes de soleil. Mon fou rire s'est apaisé. Je la regarde juste, me demandant si j'aurais imaginé un seul instant rencontrer, un jour, quelqu'un dans de pareilles circonstances. Je ne sais pas ce qui est le plus extraordinaire là dedans... Le côté complètement étrange de nos rencontres ou bien ce qu'il en ressort, à chaque fois, en terme de réflexion et d'affects mis à l'envers.
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mer 23 Mai 2018 - 1:04
soie rouge
Enfermée entre ces quatre murs à boire plus que de raison j’avais perdu la notion du temps. La présence des badauds me surprend mais ne me dérange pas. Il n’est pas si tard que ça alors. Mon hilarité mal contrôlée le fait sourire puis rire. Je suis d’abord étonnée, je ne m’attendais pas à ça de lui mais finalement le connaissais-je vraiment ? Je regarde son visage s’éclairé malgré ses yeux cachés par ses lunettes de soleil, j’aperçois ses crocs mais cela ne m’inquiète pas et ne me déplait pas. L’atmosphère est plus légère et je me sens bien. « C’est vrai que j’ai du mal à m’enlever cette image de la tête. » Je lui réponds en souriant. Mon rire s’est calmé mais je contrôle encore mal mes paroles. Nous voilà à parler de son postérieur. « Ça pour être embarrassant ça l’était, j’avais l’air d’une idiote. Une débutante. » Je me revois agenouillée derrière lui alors qu’il etait nu. On ne pouvait faire plus cocasse et ce malaise qui s’est installé par ma faute. Je secouais la tête pour faire disparaitre ce souvenir. Cette fameuse journée avait été bien trop étrange pour qu’on en parle plus longtemps.
Je tourne à nouveau les yeux vers lui. Son regard mutin m’amuse. « La prochaine fois je serai surement nue et c’est toi qui sera à genoux. » En disant ses mots je m’en mors la langue. Décidément je n’en rate pas une. Je pouffe légèrement tout en baissant la tête. Aussi surprenant que cela puisse paraitre à cet instant j’hésite entre la volonté de m’enivrer plus pour oublier ce que je viens de dire et le désir de redevenir sobre pour pouvoir prendre mes jambes à mon coup. Mais mon corps refuse de desserrer mon étreinte. Tout en détournant le regard je déclare : « Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire. » L’était-ce ? J’ai l’impression que cette rencontre dérape encore plus maintenant. Les effets de l’alcool se dissipant petit à petit j’ai l’impression que le carcan dans lequel je m’enferme habituellement, vient reprendre sa place, comme une vieille amie dont ne peut se passer. Comme une habitude si difficile à perdre. Mon esprit entre en conflit avec lui-même, je veux être libre et pourtant chaque mot, chaque geste me rappelle à l’ordre. J’ai envie de tout oser, de me libérer de ces entraves que j’avais appris à aimer.
Mon sourire s’efface lentement. « Je ne veux pas te mettre à l’aise. Je ne sais plus ce que je dis. » Je marque une pause puis je murmure. « Je suis fatiguée … » Epuisée même, mais pas de cette soirée, pas de cette rencontre, épuisée de ce combat sans fin, épuisée de vivre cette vie qui finalement n’a aucun sens. Je n’avais pas ri depuis des mois, je n’avais pas oublié mon insupportable quotidien depuis des années. Je ne me souvenais pas de la dernière fois où je m’étais véritablement amusée, ni même de la dernière fois où j’avais vraiment suivi mes envies, mes instincts les plus primaires si ce n’est lors de notre première rencontre et on en connait l’issue. Je lève les yeux à nouveau vers lui en tentant d’esquisser un sourire. « Merci pour cette balade, c’est très agréable. » Je me replonge alors dans le silence. Ce silence qui m’était si coutumier.
Je tourne à nouveau les yeux vers lui. Son regard mutin m’amuse. « La prochaine fois je serai surement nue et c’est toi qui sera à genoux. » En disant ses mots je m’en mors la langue. Décidément je n’en rate pas une. Je pouffe légèrement tout en baissant la tête. Aussi surprenant que cela puisse paraitre à cet instant j’hésite entre la volonté de m’enivrer plus pour oublier ce que je viens de dire et le désir de redevenir sobre pour pouvoir prendre mes jambes à mon coup. Mais mon corps refuse de desserrer mon étreinte. Tout en détournant le regard je déclare : « Ce n’est pas exactement ce que je voulais dire. » L’était-ce ? J’ai l’impression que cette rencontre dérape encore plus maintenant. Les effets de l’alcool se dissipant petit à petit j’ai l’impression que le carcan dans lequel je m’enferme habituellement, vient reprendre sa place, comme une vieille amie dont ne peut se passer. Comme une habitude si difficile à perdre. Mon esprit entre en conflit avec lui-même, je veux être libre et pourtant chaque mot, chaque geste me rappelle à l’ordre. J’ai envie de tout oser, de me libérer de ces entraves que j’avais appris à aimer.
Mon sourire s’efface lentement. « Je ne veux pas te mettre à l’aise. Je ne sais plus ce que je dis. » Je marque une pause puis je murmure. « Je suis fatiguée … » Epuisée même, mais pas de cette soirée, pas de cette rencontre, épuisée de ce combat sans fin, épuisée de vivre cette vie qui finalement n’a aucun sens. Je n’avais pas ri depuis des mois, je n’avais pas oublié mon insupportable quotidien depuis des années. Je ne me souvenais pas de la dernière fois où je m’étais véritablement amusée, ni même de la dernière fois où j’avais vraiment suivi mes envies, mes instincts les plus primaires si ce n’est lors de notre première rencontre et on en connait l’issue. Je lève les yeux à nouveau vers lui en tentant d’esquisser un sourire. « Merci pour cette balade, c’est très agréable. » Je me replonge alors dans le silence. Ce silence qui m’était si coutumier.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Dim 27 Mai 2018 - 22:17
Je la regarde du coin de l’œil tandis qu'elle admet conserver l'image de mon fessier en tête. La vue de son sourire renforce un peu le mien. Tout ceci m'amuse beaucoup : je n'ai jamais eu de problème avec l'autodérision, dans ce genre de cas de figure. Puis, elle se renvoi elle-même la balle, évoquant son propre comportement.
Il est vrai qu'aucun de nous ne s'est conduit de manière particulièrement fine, ce jour là... Elle ne savait plus que faire de ses mains, ni dans quelle direction orienter son regard. Quand à moi... Hé bien, je suis passé de légèreté à prédation d'une façon peu coutumière. Y repenser me fait un peu froid dans le dos, à dire vrai : cela faisait longtemps...
En un sens, je pensais en être débarrassé. Mais non. Manifestement, non.
Bien sûr, je me suis abstenu de trop cogiter là dessus. Maintenant, il me reste un vague sentiment de honte et de la crainte aussi... Un peu. Je me dis qu'elle ignore tout des pensées qui m'ont traversé... Est-ce bien honnête ? Je ne sais pas... En tout cas, je n'ai pas vraiment envie d'aborder le sujet. Pas maintenant, en tout cas. L'atmosphère s'est allégée.
Ce serait dommage.
Ce vague sentiment de malaise s'enfuit aussi vite qu'il est venu.
Je me raccroche à son regard et à la plaisanterie bien osée qu'elle s'enhardit à me servir. De l'entendre prononcer ainsi ces mots me surprend : mademoiselle Campbell semble décidément avoir le tempérament bien fougueux. Tout du moins, beaucoup plus que ce que son apparence policée laisse tout d'abord présager (encore que...). Je lui livre donc une expression exagérément choquée avant de pouffer de rire, tandis qu'elle s'excuse déjà.
« Ne t'excuse pas. Lui dis-je d'un ton bienveillant. J'aime bien entendre les femmes me raconter des cochonneries.
Cette dernière phrase est prononcée d'une manière beaucoup plus légère et s'assortit d'un clin d’œil plus complice que charmeur. Comme souvent, je préfère dédramatiser la situation par une nouvelle plaisanterie, plutôt que de retourner d'emblée sur un registre sérieux.
Et puis... quand bien même cette plaisanterie comporterait une part de vérité, je ne vois pas tellement où se situerait le problème. Bon nombre de mes relations avec des femmes se teintaient de flirt et autres sous entendus. Cela n'avait pas forcément vocation à quoi que ce soit. C'était juste... Un rapport normal entre adulte. Rien de plus.
« Cela dit, si tu es fatiguée, je ne voudrais pas te retenir.
Ce genre de phrase était ambigu pour moi. Je n'étais pas en mesure de dire si elle exprimait, de manière détournée, le souhait de rentrer chez elle, ou s'il s'agissait seulement d'une façon d'excuser ses propos précédents. La fatigue et le besoin de sommeil, je le laissais au bon jugement de l'autre en général. Ce n'était pas mon rayon.
« Si tu veux, je te raccompagne.
Je lui propose dans la foulée. De la prévenance à défaut de jugement, c'est un peu tout ce que je peux lui donner.
Il est vrai qu'aucun de nous ne s'est conduit de manière particulièrement fine, ce jour là... Elle ne savait plus que faire de ses mains, ni dans quelle direction orienter son regard. Quand à moi... Hé bien, je suis passé de légèreté à prédation d'une façon peu coutumière. Y repenser me fait un peu froid dans le dos, à dire vrai : cela faisait longtemps...
En un sens, je pensais en être débarrassé. Mais non. Manifestement, non.
Bien sûr, je me suis abstenu de trop cogiter là dessus. Maintenant, il me reste un vague sentiment de honte et de la crainte aussi... Un peu. Je me dis qu'elle ignore tout des pensées qui m'ont traversé... Est-ce bien honnête ? Je ne sais pas... En tout cas, je n'ai pas vraiment envie d'aborder le sujet. Pas maintenant, en tout cas. L'atmosphère s'est allégée.
Ce serait dommage.
Ce vague sentiment de malaise s'enfuit aussi vite qu'il est venu.
Je me raccroche à son regard et à la plaisanterie bien osée qu'elle s'enhardit à me servir. De l'entendre prononcer ainsi ces mots me surprend : mademoiselle Campbell semble décidément avoir le tempérament bien fougueux. Tout du moins, beaucoup plus que ce que son apparence policée laisse tout d'abord présager (encore que...). Je lui livre donc une expression exagérément choquée avant de pouffer de rire, tandis qu'elle s'excuse déjà.
« Ne t'excuse pas. Lui dis-je d'un ton bienveillant. J'aime bien entendre les femmes me raconter des cochonneries.
Cette dernière phrase est prononcée d'une manière beaucoup plus légère et s'assortit d'un clin d’œil plus complice que charmeur. Comme souvent, je préfère dédramatiser la situation par une nouvelle plaisanterie, plutôt que de retourner d'emblée sur un registre sérieux.
Et puis... quand bien même cette plaisanterie comporterait une part de vérité, je ne vois pas tellement où se situerait le problème. Bon nombre de mes relations avec des femmes se teintaient de flirt et autres sous entendus. Cela n'avait pas forcément vocation à quoi que ce soit. C'était juste... Un rapport normal entre adulte. Rien de plus.
« Cela dit, si tu es fatiguée, je ne voudrais pas te retenir.
Ce genre de phrase était ambigu pour moi. Je n'étais pas en mesure de dire si elle exprimait, de manière détournée, le souhait de rentrer chez elle, ou s'il s'agissait seulement d'une façon d'excuser ses propos précédents. La fatigue et le besoin de sommeil, je le laissais au bon jugement de l'autre en général. Ce n'était pas mon rayon.
« Si tu veux, je te raccompagne.
Je lui propose dans la foulée. De la prévenance à défaut de jugement, c'est un peu tout ce que je peux lui donner.
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mar 5 Juin 2018 - 23:09
soie rouge
Cet échange m’est des plus agréable, son air amusé et mon ivresse bien que déclinante, j’apprécie vraiment ce moment. Qui aurait pu imaginer que nous échangerions ainsi un jour ? Je sais que mon air austère repoussait pas de monde et très franchement c’était l’effet désiré mais après plusieurs années à vouloir m’enfermer dans une forteresse, il était peut-être temps d’en faire tomber les murs. Avec lui j’avais envie de céder à mes plus bas instincts, avec lui j’avais envie d’être libre ou plus précisément de ne plus penser aux convenances et aux bonnes manières tant et tant rabâchées. Était-ce à cause de son état de semi-vampire ou bien était-ce seulement parce qu’il était là en ce moment ? Quoi qu’il en soit notre proximité me donnait des ailes.
Il me fait rire à nouveau, il semble s’amuser de mes phrases prononcées dans y réfléchir. Et ça fait du bien. Ne pas m’excuser ? Impossible, mon éducation est bien trop présente pour que je me laisse aller complètement. Comment faire pour dépasser tout cela ? Pourquoi seul l’alcool me permettait-il d’être moi-même ? … moi-même … Je ne l’étais plus depuis des années, depuis ce jour, depuis cette perte. Et aujourd’hui ma véritable identité voulait sortir et reprendre sa place. La jeune fille insouciante que j’avais enterrée avec mon enfant semblait renaître de ses cendres. Elle que je pensais perdue à jamais venait de frapper un grand coup. Je souris lorsqu’il parle de cochonneries, ça m’amuse, tout autant que lui visiblement. Mais mon sourire est éphémère. Je suis fatiguée.
Sa voix se fait plus douce, avenante. C’est agréable. Il propose de me ramener mais ce n’est pas ce que je veux. « Tu ne me retiens pas. J’apprécie vraiment cette soirée. Tu me fais du bien. » À nouveau des paroles prononcées sans y réfléchir mais pourtant elles sont criantes de vérité. Cette fois je ne baisse pas les yeux, au contraire je plonge mon regard dans le sien au travers de ses lunettes de soleil qui sont de trop selon moi. J’ai peur d’aller trop loin et en même temps je m’y risque, après tout ma vie insipide n’a que trop durée, je ne veux plus être cette femme. « Je préfère demander cette fois mais que ferais-tu si je t’embrassais ? Là, maintenant ? » Je ne sais pas trop ce à quoi je m’attends comme réponse de sa part, probablement un refus, une rebuffade et un départ précipité. Je m’imagine déjà seule assise sur un trottoir en me demandant ce qui ne va pas chez moi. Puis finalement je me rassure, qui ne tente rien n’a rien. Et puis au pire je pourrais toujours mettre cela sur le compte des boissons alcoolisées. Je prends le risque de perdre ce semblant d’amitié naissant.
Il me fait rire à nouveau, il semble s’amuser de mes phrases prononcées dans y réfléchir. Et ça fait du bien. Ne pas m’excuser ? Impossible, mon éducation est bien trop présente pour que je me laisse aller complètement. Comment faire pour dépasser tout cela ? Pourquoi seul l’alcool me permettait-il d’être moi-même ? … moi-même … Je ne l’étais plus depuis des années, depuis ce jour, depuis cette perte. Et aujourd’hui ma véritable identité voulait sortir et reprendre sa place. La jeune fille insouciante que j’avais enterrée avec mon enfant semblait renaître de ses cendres. Elle que je pensais perdue à jamais venait de frapper un grand coup. Je souris lorsqu’il parle de cochonneries, ça m’amuse, tout autant que lui visiblement. Mais mon sourire est éphémère. Je suis fatiguée.
Sa voix se fait plus douce, avenante. C’est agréable. Il propose de me ramener mais ce n’est pas ce que je veux. « Tu ne me retiens pas. J’apprécie vraiment cette soirée. Tu me fais du bien. » À nouveau des paroles prononcées sans y réfléchir mais pourtant elles sont criantes de vérité. Cette fois je ne baisse pas les yeux, au contraire je plonge mon regard dans le sien au travers de ses lunettes de soleil qui sont de trop selon moi. J’ai peur d’aller trop loin et en même temps je m’y risque, après tout ma vie insipide n’a que trop durée, je ne veux plus être cette femme. « Je préfère demander cette fois mais que ferais-tu si je t’embrassais ? Là, maintenant ? » Je ne sais pas trop ce à quoi je m’attends comme réponse de sa part, probablement un refus, une rebuffade et un départ précipité. Je m’imagine déjà seule assise sur un trottoir en me demandant ce qui ne va pas chez moi. Puis finalement je me rassure, qui ne tente rien n’a rien. Et puis au pire je pourrais toujours mettre cela sur le compte des boissons alcoolisées. Je prends le risque de perdre ce semblant d’amitié naissant.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mer 6 Juin 2018 - 21:00
J'amorce un petit sourire en réaction à sa première réplique : de savoir que ma compagnie lui est agréable me fait plaisir.
Sans prétendre la connaître parfaitement, j'ai le sentiment de commencer à la cerner à peu près. Et ce que j'ai pu constater jusqu'à présent, c'est que nous sommes deux individus qui gérons et envisageons l'existence de manière foncièrement différentes.
Elle semble aux prises avec ses propres liens : des habitudes ancrées en elle, des représentations limitantes... Moi, je réfléchis moins aux choses : je fais sans me poser de questions. Du moins, pas quand il s'agit de relations amicales ou amoureuses...
Nos insécurités n'interviennent pas sur les mêmes sujets, en vérité. Je peux me laisser abattre par l'échec, là où elle brille d'une carrière sans faux pas. Sans omettre le fait que notre parcours personnel diffère beaucoup. En bref, c'est un choc perpétuel des représentations qui se joue entre nous. En un sens, je suppose que nos atouts et nos points faibles se complètent assez bien.
Alors oui, je suppose que cela lui fait du bien de recevoir un peu de légèreté. De voir que tout n'a pas besoin d'être compliqué, que l'on peut plaisanter simplement. Elle est jeune, elle peut rire, se promener au milieu de la nuit au bras d'un presque inconnu... Ce n'est pas grave. Il n'y a parfois pas besoin de plus que cela.
Nos regards se croisent finalement et restent longtemps rivés l'un dans l'autre. J'y vois briller beaucoup de choses... Principalement des désirs, des envies... Mais pas tous du même ordre. Cependant, je dois bien admettre n'avoir pas anticipé sa question.
« C'est très délicat de ta part de demander.
Fais-je doucement, comme une manière de différer le moment de répondre, dans la mesure où je n'y étais pas préparé. Mes pensées s'organisent cependant rapidement, même si je suis un peu désarçonné, car ignorant sur quel registre me placer.
« Je ne sais pas Ellen. Lui dis-je finalement. Je me demanderais probablement ce que ce baiser signifie pour toi.
Je suis toujours très clair avec les femmes quand au sujet de mes intentions. A moins de me trouver dans la situation implicite d'une aventure sans lendemain, je préfère toujours avertir du fait que je ne souhaite pas m'engager dans quoique ce soit de sérieux.
Pour moi, un baiser ne signifie pas grand chose : c'est un geste agréable à partager. Mais certaines y voient la marque d'un début de relation et c'est ce genre de quiproquo qui me pousse à faire preuve de prudence quand les choses ne sont pas parfaitement claires d'entrée de jeu... Notamment dans le cas d'une femme aux mœurs conventionnelles comme Ellen.
« Je me dirais sans doute que tu ne devrais pas attendre grand chose d'un homme comme moi. Je prends une seconde pour tirer sur ma cigarette qui se consumait toute seule depuis quelques minutes. De manière générale je suis un peu réticent à l'idée de flirter trop avant avec des femmes qui sont sensibles à mon charme.
Il existait des exceptions à cette affirmation, mais on pouvait néanmoins les expliquer en tenant compte de circonstances particulières. Arrêtant la marche, je me tourne vers elle, de sorte à ce que l'on se fasse face.
« Si ça éveille des choses en toi, dis toi bien que c'est la même chose de mon côté... Je ne sais pas si c'est très sain.
C'est une inquiétude sincère. Car de voir ses yeux briller sous l'effet de mon aura excite la part du prédateur en moi. Une sensation vertigineuse que je ne sais pas comment gérer. J'ai peur de me perdre à ce jeu là... Je ne sais pas si elle et moi sommes à même de nous en sortir indemne. Ce n'est sans doute pas bien raisonnable.
Oui, c'est ce que je me dis... Parce qu'elle me le demande.
Sans prétendre la connaître parfaitement, j'ai le sentiment de commencer à la cerner à peu près. Et ce que j'ai pu constater jusqu'à présent, c'est que nous sommes deux individus qui gérons et envisageons l'existence de manière foncièrement différentes.
Elle semble aux prises avec ses propres liens : des habitudes ancrées en elle, des représentations limitantes... Moi, je réfléchis moins aux choses : je fais sans me poser de questions. Du moins, pas quand il s'agit de relations amicales ou amoureuses...
Nos insécurités n'interviennent pas sur les mêmes sujets, en vérité. Je peux me laisser abattre par l'échec, là où elle brille d'une carrière sans faux pas. Sans omettre le fait que notre parcours personnel diffère beaucoup. En bref, c'est un choc perpétuel des représentations qui se joue entre nous. En un sens, je suppose que nos atouts et nos points faibles se complètent assez bien.
Alors oui, je suppose que cela lui fait du bien de recevoir un peu de légèreté. De voir que tout n'a pas besoin d'être compliqué, que l'on peut plaisanter simplement. Elle est jeune, elle peut rire, se promener au milieu de la nuit au bras d'un presque inconnu... Ce n'est pas grave. Il n'y a parfois pas besoin de plus que cela.
Nos regards se croisent finalement et restent longtemps rivés l'un dans l'autre. J'y vois briller beaucoup de choses... Principalement des désirs, des envies... Mais pas tous du même ordre. Cependant, je dois bien admettre n'avoir pas anticipé sa question.
« C'est très délicat de ta part de demander.
Fais-je doucement, comme une manière de différer le moment de répondre, dans la mesure où je n'y étais pas préparé. Mes pensées s'organisent cependant rapidement, même si je suis un peu désarçonné, car ignorant sur quel registre me placer.
« Je ne sais pas Ellen. Lui dis-je finalement. Je me demanderais probablement ce que ce baiser signifie pour toi.
Je suis toujours très clair avec les femmes quand au sujet de mes intentions. A moins de me trouver dans la situation implicite d'une aventure sans lendemain, je préfère toujours avertir du fait que je ne souhaite pas m'engager dans quoique ce soit de sérieux.
Pour moi, un baiser ne signifie pas grand chose : c'est un geste agréable à partager. Mais certaines y voient la marque d'un début de relation et c'est ce genre de quiproquo qui me pousse à faire preuve de prudence quand les choses ne sont pas parfaitement claires d'entrée de jeu... Notamment dans le cas d'une femme aux mœurs conventionnelles comme Ellen.
« Je me dirais sans doute que tu ne devrais pas attendre grand chose d'un homme comme moi. Je prends une seconde pour tirer sur ma cigarette qui se consumait toute seule depuis quelques minutes. De manière générale je suis un peu réticent à l'idée de flirter trop avant avec des femmes qui sont sensibles à mon charme.
Il existait des exceptions à cette affirmation, mais on pouvait néanmoins les expliquer en tenant compte de circonstances particulières. Arrêtant la marche, je me tourne vers elle, de sorte à ce que l'on se fasse face.
« Si ça éveille des choses en toi, dis toi bien que c'est la même chose de mon côté... Je ne sais pas si c'est très sain.
C'est une inquiétude sincère. Car de voir ses yeux briller sous l'effet de mon aura excite la part du prédateur en moi. Une sensation vertigineuse que je ne sais pas comment gérer. J'ai peur de me perdre à ce jeu là... Je ne sais pas si elle et moi sommes à même de nous en sortir indemne. Ce n'est sans doute pas bien raisonnable.
Oui, c'est ce que je me dis... Parce qu'elle me le demande.
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Re: Soie rouge
Mer 13 Juin 2018 - 2:49
soie rouge
La délicatesse. En effet ma question n’était pas anodine. Et je comprends qu’il lui faille un instant pour l’assimiler et parvenir à y répondre. D’ailleurs je le trouve très courtois envers moi et j’apprécie cette attention. Mais lorsqu’il me demande ce que cela signifie pour moi je ne parviens pas à répondre. Devait-il y avoir une signification à tout ? J’en avais juste envie. Comme je le lui avais dit plus tôt, il me faisait du bien et je ne voulais pas que ça s’arrête. Je désirais m’abandonner sans penser aux conséquences, sans imaginer le pire une fois mes désirs assouvis. Mon regard toujours plongé dans le sien, je l’écoute religieusement. Un homme comme lui ? Que voulait-il dire ? Je ne voyais qu’un homme à mes côtés, je ne voyais même plus sa particularité. De quoi parlait-il ? Du vampirisme ou bien de ses mœurs légères ? Je savais tout ça, son dossier médical était assez fourni et à cet instant je m’en moquais ou pire, je souhaitais être une de ces nombreuses femmes avec lesquelles il avait eu des aventures sans lendemain. Mais ma raison était sur un tout autre registre. Que se passerait-il si nous avions une aventure ? Après, quelle relation aurions-nous ? Pourrions-nous en avoir une amicale ? Ma raison me hurlait que non, qu’il me serait impossible de devenir amie avec lui. Mais ma petite voix me disait allons-y essayons, pourquoi pas. Pendant que je vivais ce combat intérieur, il me fit face, me ramenant immédiatement à la réalité. Et ce qu’il déclara fini par me convaincre. Tant pis, advienne que pourra. « Je n’attends rien de toi Thomas. J’ai envie de t’embrasser, envie d’oublier tout le reste pour une minute, une heure ou une nuit. » Je ne détourne pas le regard. Non en effet ce n’est sûrement pas très sain mais je m’en moque. À cet instant précis je m’en contre fout. Mais je ne veux pas l’obliger à quoi que ce soit, pas cette fois, j’ai retenu la leçon.
Après un instant je pose une main sur son torse et lui souris amicalement. « Ne te sens obligé de rien. » J’expire légèrement. « Je ne souhaite pas te mettre mal à l’aise, même si c’est déjà probablement le cas. » Je lève les yeux au ciel rapidement et le regarde à nouveau. « Tu m’as donné envie de voir la vie comme toi, de vivre comme toi et je voulais juste que ça commence ici et maintenant. » Je finis par détourner le regard. Ça y est les effets de l’alcool se sont dissipés et pourtant j’ai toujours les mêmes envies, les mêmes désirs. J’ignorais si c’était le charme vampirique qui avait toujours l’emprise sur moi mais j’avais la sensation qu’un changement profond s’était opéré en moi. Je restais immobile dans l’attente d’une réponse de sa part malgré mon comportement faussement nonchalant. Je voulais qu’il croie que peu importe sa réponse je m’en contenterai, alors qu’en réalité je n’espérais qu’une seule chose, qu’il m’embrasse comme personne ne m’avait embrassé depuis des années, qu’il me montre que j’étais belle et désirable malgré cette image austère et froide que je véhiculais.
Après un instant je pose une main sur son torse et lui souris amicalement. « Ne te sens obligé de rien. » J’expire légèrement. « Je ne souhaite pas te mettre mal à l’aise, même si c’est déjà probablement le cas. » Je lève les yeux au ciel rapidement et le regarde à nouveau. « Tu m’as donné envie de voir la vie comme toi, de vivre comme toi et je voulais juste que ça commence ici et maintenant. » Je finis par détourner le regard. Ça y est les effets de l’alcool se sont dissipés et pourtant j’ai toujours les mêmes envies, les mêmes désirs. J’ignorais si c’était le charme vampirique qui avait toujours l’emprise sur moi mais j’avais la sensation qu’un changement profond s’était opéré en moi. Je restais immobile dans l’attente d’une réponse de sa part malgré mon comportement faussement nonchalant. Je voulais qu’il croie que peu importe sa réponse je m’en contenterai, alors qu’en réalité je n’espérais qu’une seule chose, qu’il m’embrasse comme personne ne m’avait embrassé depuis des années, qu’il me montre que j’étais belle et désirable malgré cette image austère et froide que je véhiculais.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Ven 15 Juin 2018 - 8:41
Face à face, on s'observe, tandis que j'assimile ses mots. Mes yeux ne décrochent de ses prunelles bleues que pour venir river la main qu'elle vient de poser sur mon torse, avant d'y retourner l'instant suivant. Je sais n'être obligé de rien, mais j’admets avoir un peu de mal à comprendre son point de vue.
Enfin, non : la chose est assez claire en vérité. Ce que je me demande, c'est dans quelle mesure elle souhaite réellement que tout cela arrive. Vivre à ma manière n'est pas une solution en soi. Le contexte, l'alcool, l'humeur du moment... Devrais-je modérer, pour elle, ses ardeur, afin de lui éviter la déconvenue des regrets du lendemain ? Elle semble bien au fait de ce qu'elle veut pourtant... Et ce n'est pas à moi de lui dicter préventivement sa conduite.
Peut-être que, dans le fond, c'est moi qui ne sait que faire de tout ceci. Moi qui ne cogite jamais sur rien, encore moins quand il s'agit d'histoires sans lendemain... Me voilà à multiplier les questions, comme un adolescent troublé de son inexpérience. Je ne sais pas si j'ai envie de ça, finalement. Là est peut-être le nœud du problème.
Quand je suis avec Scylla ou Mercy, je ne me pose pas ce genre de question. Ce sont des femmes qui assument pleinement leurs désirs. Je n'ai pas l'impression de les aider à résoudre quelque chose, quand je suis avec elles. Et je crois que c'est ce qui m'effraie avec Ellen, dans le fond... Le sentiment d'être un instrument de son changement. Car les relations (aussi furtives et désaffectées soient elles) sont nécessairement mutuelles. Je comprends ce qu'elle souhaite accomplir, mais je me demande où se trouve ma propre place dans tout ça. Peut-être devrais-je y voir une forme d'honneur ou la marque de la confiance qu'elle me porte ? J'avoue me sentir un brin partagé entre ce sentiment et celui d'une responsabilité beaucoup trop grande et que je n'ai pas envie d'assumer.
Les projets tuent le désir.
Et de l'autre côté de ces considérations bien raisonnables, il y a l'envie brute. L'idée, toujours présente dans un coin de ma tête, qu'il y a peut-être un bon moment à passer. Instinct sans nuance : je la regarde et me laisse traverser par des images, j'imagine le goût de sa bouche.
Elle était tellement prête à tout, à l’hôpital. Je suppose que je pourrais l'avoir sous mon emprise à nouveau et savourer le sentiment de puissance que procure la vision d'une femme subjuguée par un charme illusoire. Je pourrais l'amener où je veux, lui faire des choses extraordinaires.
On perdrait la raison.
« Oui, je comprends. Lui dis-je simplement au moment où elle détourne le regard. Mais je crois que j'ai plutôt envie de rester sage ce soir.
Les relations, ça se fait naturellement ou ça ne se fait pas. Je réalise que tout ceci me fait beaucoup trop cogiter (pour ce que ça représente). Me connaissant, ça veut dire qu'il y aura des regrets à la clé... Alors, je préfère passer mon tour : ça vaudra mieux pour tous les deux.
Instinct de conservation : j'ai beau m'en vouloir de la mettre dans une situation de rejet, il n'est pas question que j'aille à l'encontre de mes propres désirs pour des questions de culpabilité. Ce serait le meilleur moyen de pourrir définitivement la relation (et taper dans ma propre estime personnelle au passage).
Elle sera bien mieux avec quelqu'un d'enthousiaste à l'idée de la transporter là où elle a envie. Ce n'est clairement pas mon cas... Pas ce soir, tout du moins. Trop de choses annexes m'occupent l'esprit, trop de questionnements inutiles... Et pas envie de me laisser glisser dans la peau de la bête. Mais ça, je ne suis pas persuadé qu'elle le comprenne.
La regardant toujours, je ne bouge pas et n'ajoute rien. Mon intonation est restée très douce tout du long. Je n'ai pas souhaité faire de ce moment quelque chose de gênant ou de cassant... Juste d'exprimer mon sentiment de la manière la plus simple et naturelle possible.
Cependant, j'ai bien conscience du fait qu'elle attendait autre chose et que cette annonce risque de sonner comme une déception ou (pire) une humiliation. Malheureusement, je n'y peux pas grand chose, car cela n'appartient qu'à elle...
Enfin, non : la chose est assez claire en vérité. Ce que je me demande, c'est dans quelle mesure elle souhaite réellement que tout cela arrive. Vivre à ma manière n'est pas une solution en soi. Le contexte, l'alcool, l'humeur du moment... Devrais-je modérer, pour elle, ses ardeur, afin de lui éviter la déconvenue des regrets du lendemain ? Elle semble bien au fait de ce qu'elle veut pourtant... Et ce n'est pas à moi de lui dicter préventivement sa conduite.
Peut-être que, dans le fond, c'est moi qui ne sait que faire de tout ceci. Moi qui ne cogite jamais sur rien, encore moins quand il s'agit d'histoires sans lendemain... Me voilà à multiplier les questions, comme un adolescent troublé de son inexpérience. Je ne sais pas si j'ai envie de ça, finalement. Là est peut-être le nœud du problème.
Quand je suis avec Scylla ou Mercy, je ne me pose pas ce genre de question. Ce sont des femmes qui assument pleinement leurs désirs. Je n'ai pas l'impression de les aider à résoudre quelque chose, quand je suis avec elles. Et je crois que c'est ce qui m'effraie avec Ellen, dans le fond... Le sentiment d'être un instrument de son changement. Car les relations (aussi furtives et désaffectées soient elles) sont nécessairement mutuelles. Je comprends ce qu'elle souhaite accomplir, mais je me demande où se trouve ma propre place dans tout ça. Peut-être devrais-je y voir une forme d'honneur ou la marque de la confiance qu'elle me porte ? J'avoue me sentir un brin partagé entre ce sentiment et celui d'une responsabilité beaucoup trop grande et que je n'ai pas envie d'assumer.
Les projets tuent le désir.
Et de l'autre côté de ces considérations bien raisonnables, il y a l'envie brute. L'idée, toujours présente dans un coin de ma tête, qu'il y a peut-être un bon moment à passer. Instinct sans nuance : je la regarde et me laisse traverser par des images, j'imagine le goût de sa bouche.
Elle était tellement prête à tout, à l’hôpital. Je suppose que je pourrais l'avoir sous mon emprise à nouveau et savourer le sentiment de puissance que procure la vision d'une femme subjuguée par un charme illusoire. Je pourrais l'amener où je veux, lui faire des choses extraordinaires.
On perdrait la raison.
« Oui, je comprends. Lui dis-je simplement au moment où elle détourne le regard. Mais je crois que j'ai plutôt envie de rester sage ce soir.
Les relations, ça se fait naturellement ou ça ne se fait pas. Je réalise que tout ceci me fait beaucoup trop cogiter (pour ce que ça représente). Me connaissant, ça veut dire qu'il y aura des regrets à la clé... Alors, je préfère passer mon tour : ça vaudra mieux pour tous les deux.
Instinct de conservation : j'ai beau m'en vouloir de la mettre dans une situation de rejet, il n'est pas question que j'aille à l'encontre de mes propres désirs pour des questions de culpabilité. Ce serait le meilleur moyen de pourrir définitivement la relation (et taper dans ma propre estime personnelle au passage).
Elle sera bien mieux avec quelqu'un d'enthousiaste à l'idée de la transporter là où elle a envie. Ce n'est clairement pas mon cas... Pas ce soir, tout du moins. Trop de choses annexes m'occupent l'esprit, trop de questionnements inutiles... Et pas envie de me laisser glisser dans la peau de la bête. Mais ça, je ne suis pas persuadé qu'elle le comprenne.
La regardant toujours, je ne bouge pas et n'ajoute rien. Mon intonation est restée très douce tout du long. Je n'ai pas souhaité faire de ce moment quelque chose de gênant ou de cassant... Juste d'exprimer mon sentiment de la manière la plus simple et naturelle possible.
Cependant, j'ai bien conscience du fait qu'elle attendait autre chose et que cette annonce risque de sonner comme une déception ou (pire) une humiliation. Malheureusement, je n'y peux pas grand chose, car cela n'appartient qu'à elle...
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mar 3 Juil 2018 - 14:49
soie rouge
Je reste immobile pendant qu’il me regarde. Durant ce bref instant qui me sembla une éternité. Dans l’attente je retiens mon souffle, j’ignore tout de ce qui peut se passer dans sa tête. J’ai beau essayé de me l’imaginer, comment pourrais-je connaître les pensées qui traverses l’esprit d’un homme comme lui ? Du fait de sa nature, son âge et son expérience je ne peux que frôler ce qu’il ressent. Après tout, tout est assez binaire pour moi, du moins ça l’était. Le bien, le mal ; l’envie, le dégoût … Mon regard ne vacille pas, je me prends à découvrir un aplomb qui m’est étranger. En général lorsqu’il s’agit de sentiments ou même de désir, je passe mon chemin, mais pas cette fois. Je sais ce que je veux mais je ne souhaite pas l’obtenir par la force. Même si l’usage de force à cet instant serait ridicule et infructueux. Je repense à cette sensation qui avait fait bouillir tout mon être à l’hôpital. Avais-je aimé ce jeu ? Sa façon d’user de son charme ? C’est certain. Avais-je été déçue qu’il n’aille pas plus loin ? Sans conteste. Mais que désirais-je réellement ? La bête ou l’homme ? Toutes ses interrogations fusaient sans que je ne puisse y mettre un terme. Mon esprit poursuivait ses divagations, j’imaginais ce que nous pourrions faire, ce qu’il serait capable de me faire avec ou sans l’influence de ses charmes. À nouveau je pouvais ressentir cette sensation de chaleur. Fantasmes.
Sa voix douce me ramena vers lui, dans cette rue sombre. Ses paroles me ramenèrent à la réalité. Je retire alors ma main de son torse. Ma respiration reprend, elle est plus profonde. J’esquisse un léger sourire puis mon visage prend cet air désabusé des gens éconduits. « Je vois. » Je ne sais pas vraiment à qui j’en veux le plus, à lui de m’avoir rejetée ou bien à moi d’avoir voulu me jeter dans les bras du premier venu. Je me sens idiote. Je tourne la tête vers le ciel étoilé et j’essaie de faire passer ses mots. Je m’éloigne un peu de lui. « Que dirais-tu d’un autre verre ? » Je tente de ravaler ma fierté et mes larmes. Pourquoi ces larmes ? Je les essuie rapidement du bout des doigts en espérant qu’il n’ait rien vu. Je me force à sourire, plus pour moi que pour lui, hors de question de replonger dans la tristesse ou la mélancolie. « Ne nous quittons pas là-dessus. S’il te plait. » Ma voix s’éraille lorsque je prononce ces derniers mots. Plus une supplique qu’autre chose, j’ai besoin de savoir que le concierge ne m’évitera pas les prochaines fois que nous viendrons à nous croiser. Je refuse de laisser cette rencontre se terminer comme la précédente sur un malaise. Je me reprends et m’approche à nouveau de lui. « Soyons amis. » Je me permets un clin d’œil et un petit coup de coude. J’espère qu’il acceptera mon invitation. Elle semble enfantine et un peu désuète, demander à quelqu’un d’être son ami ne se fait pas vraiment mais je tente ma chance.
Sa voix douce me ramena vers lui, dans cette rue sombre. Ses paroles me ramenèrent à la réalité. Je retire alors ma main de son torse. Ma respiration reprend, elle est plus profonde. J’esquisse un léger sourire puis mon visage prend cet air désabusé des gens éconduits. « Je vois. » Je ne sais pas vraiment à qui j’en veux le plus, à lui de m’avoir rejetée ou bien à moi d’avoir voulu me jeter dans les bras du premier venu. Je me sens idiote. Je tourne la tête vers le ciel étoilé et j’essaie de faire passer ses mots. Je m’éloigne un peu de lui. « Que dirais-tu d’un autre verre ? » Je tente de ravaler ma fierté et mes larmes. Pourquoi ces larmes ? Je les essuie rapidement du bout des doigts en espérant qu’il n’ait rien vu. Je me force à sourire, plus pour moi que pour lui, hors de question de replonger dans la tristesse ou la mélancolie. « Ne nous quittons pas là-dessus. S’il te plait. » Ma voix s’éraille lorsque je prononce ces derniers mots. Plus une supplique qu’autre chose, j’ai besoin de savoir que le concierge ne m’évitera pas les prochaines fois que nous viendrons à nous croiser. Je refuse de laisser cette rencontre se terminer comme la précédente sur un malaise. Je me reprends et m’approche à nouveau de lui. « Soyons amis. » Je me permets un clin d’œil et un petit coup de coude. J’espère qu’il acceptera mon invitation. Elle semble enfantine et un peu désuète, demander à quelqu’un d’être son ami ne se fait pas vraiment mais je tente ma chance.
©Pando
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mar 3 Juil 2018 - 17:55
Je ne m'attendais pas à ce qu'Ellen prenne mon rejet avec philosophie. Il n'existe malheureusement aucun moyen de rendre la chose moins désagréable (tout du moins, pas à ma connaissance). On présente ses désirs à l'autre, on se montre vulnérable et... Et alors le rejet œuvre comme un coup de couteau asséné à ce don.
Mais je crois qu'un petit déplaisir vaut mieux qu'un plus grand dont on aura retardé l'échéance par le mensonge ou les faux semblants. Je n'ai pas envie d'entrer dans un rapport de séduction avec Ellen. Si je l'avais fait (pour nous épargner l'inconfort actuel), j'aurais eu à en assumer les conséquences par la suite. Et je suis à peu près certain que cela aurait fait encore plus de dégât que maintenant.
Je lis la déception dans son regard et bien d'autres choses, sans doute... Puis, elle retire sa main de mon torse et je vois son regard se troubler de larmes. Une vision qui me surprend un peu, je dois bien l'admettre. Je ne pensais pas qu'elle s’émouvrait à ce point de mon rejet... Même si, dans le fond, j'ai bien senti que d'autres choses se jouaient en elle que la simple recherche d'une aventure (et c'est bien pour cela que j'ai fais un pas de côté).
Je ne réponds pas tout de suite, quand elle me propose un autre verre. Quelque chose me dit qu'elle a besoin de formuler des choses et, en effet, son doute ne tarde pas à s'exprimer. Elle veut savoir que l'on restera en bon terme, savoir que ce n'est pas un rejet définitif et qu'elle vaut au moins une amitié.
« Bien sûr Ellen.
Lui dis-je. Je vois qu'elle est émue et cela me touche. La fragilité s'exprime sans détour et je comprends que, dans le fond, elle est très seule. Alors, d'un geste doux, je viens poser mes mains sur ses épaules et l'amène contre moi. Une étreinte, un geste simple de réconfort, pour lui montrer que deux individus n'ont pas besoin d'être amant pour faire montre d'affection.
« Ne te torture pas trop l'esprit avec ça. Tout va bien. J'ajoute, tandis que mes mains passent dans son dos chaleureusement. Je t'emmène boire un dernier verre... Tiens toi, on transplane.
L'instant suivant, Ellen et moi disparaissons dans l'obscurité de la ruelle pour réapparaître quelques secondes plus tard au sommet de l'une des tours du château d'Inverness. L'endroit étant fermé pour la nuit, il va sans dire que nous serons seuls à profiter de la superbe vue qu'offrent les hauteurs (sans parler du ciel étoilé).
J'esquisse un petit sourire et relâche doucement ma compagne. Puis, je m'éloigne de quelques pas afin de lui laisser le loisir de réaliser où nous sommes. Le temps de faire apparaître une petite table, deux chaises et de quoi boire, le contexte devient tout de suite plus agréable.
« Qu'est-ce que tu en penses ?
Lui demandais-je avec un sourire.
Mais je crois qu'un petit déplaisir vaut mieux qu'un plus grand dont on aura retardé l'échéance par le mensonge ou les faux semblants. Je n'ai pas envie d'entrer dans un rapport de séduction avec Ellen. Si je l'avais fait (pour nous épargner l'inconfort actuel), j'aurais eu à en assumer les conséquences par la suite. Et je suis à peu près certain que cela aurait fait encore plus de dégât que maintenant.
Je lis la déception dans son regard et bien d'autres choses, sans doute... Puis, elle retire sa main de mon torse et je vois son regard se troubler de larmes. Une vision qui me surprend un peu, je dois bien l'admettre. Je ne pensais pas qu'elle s’émouvrait à ce point de mon rejet... Même si, dans le fond, j'ai bien senti que d'autres choses se jouaient en elle que la simple recherche d'une aventure (et c'est bien pour cela que j'ai fais un pas de côté).
Je ne réponds pas tout de suite, quand elle me propose un autre verre. Quelque chose me dit qu'elle a besoin de formuler des choses et, en effet, son doute ne tarde pas à s'exprimer. Elle veut savoir que l'on restera en bon terme, savoir que ce n'est pas un rejet définitif et qu'elle vaut au moins une amitié.
« Bien sûr Ellen.
Lui dis-je. Je vois qu'elle est émue et cela me touche. La fragilité s'exprime sans détour et je comprends que, dans le fond, elle est très seule. Alors, d'un geste doux, je viens poser mes mains sur ses épaules et l'amène contre moi. Une étreinte, un geste simple de réconfort, pour lui montrer que deux individus n'ont pas besoin d'être amant pour faire montre d'affection.
« Ne te torture pas trop l'esprit avec ça. Tout va bien. J'ajoute, tandis que mes mains passent dans son dos chaleureusement. Je t'emmène boire un dernier verre... Tiens toi, on transplane.
L'instant suivant, Ellen et moi disparaissons dans l'obscurité de la ruelle pour réapparaître quelques secondes plus tard au sommet de l'une des tours du château d'Inverness. L'endroit étant fermé pour la nuit, il va sans dire que nous serons seuls à profiter de la superbe vue qu'offrent les hauteurs (sans parler du ciel étoilé).
J'esquisse un petit sourire et relâche doucement ma compagne. Puis, je m'éloigne de quelques pas afin de lui laisser le loisir de réaliser où nous sommes. Le temps de faire apparaître une petite table, deux chaises et de quoi boire, le contexte devient tout de suite plus agréable.
« Qu'est-ce que tu en penses ?
Lui demandais-je avec un sourire.
- InvitéInvité
Re: Soie rouge
Mer 11 Juil 2018 - 22:20
soie rouge
Silencieuse j’attends une réponse de sa part. Il serait tout à fait en droit de mettre un terme à notre échange, après tout j’avais été plus qu’entreprenante lors de nos deux rencontres, qui voudrait garder des liens avec une femme qui semble plus préoccupée par les relations charnelles que par le reste ? À sa place j’aurais sûrement fui. Mais ce vide que je ressens au fond de moi, peut-il seulement l’entrevoir ? Solitude. J’avais érigé des murailles pour éloigner les autres, pour ne pas avoir à leur expliquer ce que j’avais vécu et j’avais si bien œuvré que plus personne n’avait envie d’abattre ces barrières. J’avais ce que je méritais. Mais cet état me pesait de plus en plus. Depuis ma rencontre avec Thomas j’avais voulu tromper ma solitude avec des amants, mais ça n’avait pas duré, aux premières lueurs du jour la solitude revenait me prendre la main et me replongeait dans la réalité de cette vie solitaire que je menais depuis plusieurs années maintenant. Peut-être aurais-je du me battre plus fort ou plus longtemps pour mon mari … Je me demande maintenant si je suis digne d’amitié bien que je ne sois plus digne d’amour. Bien sûr. Bien sûr ? Ses mots se répètent inlassablement en moi. Je ne sais dire ce que je ressens en cet instant. Soulagement mêlé à du réconfort. Finalement tout n’est peut-être pas totalement perdu, peut-être qu’il y a tout de même quelque chose à sauver.
D’un geste doux il m’attire à lui dans une étreinte amicale. Amicale oui mais tellement puissante. Il ne s’en doute pas mais c’est exactement ce dont j’ai besoin. Je m’abandonne un instant à fermer les yeux. Une simple étreinte et pourtant j’ai l’impression de tous les morceaux épars de mon âme se rassemblent. Dire qu’il ne suffisait que de ça. Un sourire se dessine sur mon visage, je suis bien. Puis il me signale qu’on transplane. Mon cœur fait un bon lorsque nous disparaissons de la ruelle, je ne peux me souvenir de la dernière fois que j’ai transplané, mon corps s’est déshabitué à cette sensation. Lorsqu’il s’éloigne de moi je manque de perdre l’équilibre mais cette fois l’alcool n’en est pas le responsable. Une faiblesse qui disparait comme elle est venue. J’ouvre les yeux et dans l’obscurité je parviens à voir les étoiles. Submergée par l’émotion je repense à la jeune Poufsouffle qui se trouvait à la volière et qui observait le domaine de Poudlard quelques jours après son arrivée. Il était bien loin ce temps bénit où l’insouciance me définissait. Devant l’immensité du ciel et la beauté de ses étoiles mon esprit s’apaisait. Un immense sourire désormais ornait mon visage.
Je tournais la tête vers lui, comment pouvait-il savoir que ce panorama m’apaiserait autant ? Peut-être n’était-ce qu’une coïncidence, quoi qu’il en soit, c’était parfait. Déjà une table était dressée et des chaises nous attendaient. « C’est parfait. Merci. » J’insistais sur ce dernier mot. Merci infiniment. Sa douceur et ses attentions n’avaient de cesse de m’étonner. D’ailleurs je me surprenais à me sentir heureuse à cet instant. Je venais le rejoindre et prenais place en face de lui. « Je suis heureuse d’avoir fait ta connaissance. » Lui dis-je en prenant un verre. Puis en le levant vers lui. « Aux amitiés improbables. » Le sourire aux lèvres je l’invite à trinquer avec moi. Qui aurait imaginé que nous puissions être amis ? Je n’aurais sûrement pas parié là-dessus il y a quelques heures et pourtant à l’heure actuelle j’avais l’impression de boire avec un ami indéniable.
D’un geste doux il m’attire à lui dans une étreinte amicale. Amicale oui mais tellement puissante. Il ne s’en doute pas mais c’est exactement ce dont j’ai besoin. Je m’abandonne un instant à fermer les yeux. Une simple étreinte et pourtant j’ai l’impression de tous les morceaux épars de mon âme se rassemblent. Dire qu’il ne suffisait que de ça. Un sourire se dessine sur mon visage, je suis bien. Puis il me signale qu’on transplane. Mon cœur fait un bon lorsque nous disparaissons de la ruelle, je ne peux me souvenir de la dernière fois que j’ai transplané, mon corps s’est déshabitué à cette sensation. Lorsqu’il s’éloigne de moi je manque de perdre l’équilibre mais cette fois l’alcool n’en est pas le responsable. Une faiblesse qui disparait comme elle est venue. J’ouvre les yeux et dans l’obscurité je parviens à voir les étoiles. Submergée par l’émotion je repense à la jeune Poufsouffle qui se trouvait à la volière et qui observait le domaine de Poudlard quelques jours après son arrivée. Il était bien loin ce temps bénit où l’insouciance me définissait. Devant l’immensité du ciel et la beauté de ses étoiles mon esprit s’apaisait. Un immense sourire désormais ornait mon visage.
Je tournais la tête vers lui, comment pouvait-il savoir que ce panorama m’apaiserait autant ? Peut-être n’était-ce qu’une coïncidence, quoi qu’il en soit, c’était parfait. Déjà une table était dressée et des chaises nous attendaient. « C’est parfait. Merci. » J’insistais sur ce dernier mot. Merci infiniment. Sa douceur et ses attentions n’avaient de cesse de m’étonner. D’ailleurs je me surprenais à me sentir heureuse à cet instant. Je venais le rejoindre et prenais place en face de lui. « Je suis heureuse d’avoir fait ta connaissance. » Lui dis-je en prenant un verre. Puis en le levant vers lui. « Aux amitiés improbables. » Le sourire aux lèvres je l’invite à trinquer avec moi. Qui aurait imaginé que nous puissions être amis ? Je n’aurais sûrement pas parié là-dessus il y a quelques heures et pourtant à l’heure actuelle j’avais l’impression de boire avec un ami indéniable.
©Pando
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