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Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Dim 27 Jan 2019 - 0:46
J'avais enfin le service des urgences en main, et enfin il commençait à tourner comme je l'entendais moi et non pas comme mon prédécesseur l'avait laissé. Quel gâchis, c'était incroyable de travailler aussi mal dans un poste si important. Mais passons, tout le monde n'est pas aussi doué que moi hélas. Voilà pourquoi je m'étais assurée de m'entourer des bonnes personnes, que ceux ayant plus de peine soient redirigés et guidés convenablement, que les apprentis aient de meilleurs tuteurs, souvent c'était moi d'ailleurs. Il était inutile de virer un personnel qui était compétant. Avoir des lacunes était normal, il fallait simplement s'améliorer. J'étais là pour ça, ça faisait partie de mon devoir, et je devais admettre que ma façon de penser et ma manière de diriger était plutôt efficace. Évidemment, je me servais de mon don de voyance pour prévoir et anticiper les faits et gestes de mes employés, mais ça, personne ne le savait ou s'en doutait.
En effet très secrète sur ce talent, je savais camoufler lorsqu'une vision venait s'emparer de moi, même lorsque j'étais en pleine opération. Ça m'avait pris beaucoup de temps pour en arriver là, mais je n'avais pas eu le choix. C'était ça, où continuer à me faire manipuler par mes parents, et donc par extension mes proches, pour me forcer à me marier et redorer le blason des Eberhart, ou je ne sais quelle autre connerie, ce qui bien sûr, était hors de question. Je tenais bien trop à ma liberté pour me lier à qui que ce soit. À présent majeure et vaccinée, mes géniteurs n'avaient plus aucune autorité sur moi, mais l'entraînement était là, et le mal était fait. Femme au caractère bien trempé, j'avais su m'imposer et me faire respecter dans mon service dès le premier jour, les médicomages urgentistes comprenant immédiatement que je n'étais pas ici pour m'amuser.
Quoiqu'il en soit, ceux qui avaient pris le temps de venir me parler un peu et se renseigner, auraient pu voir en moi une personne professionnelle et qui prenait son emploi au sérieux mais qui, durant les pauses ou les heures de repos, faisait sauter toutes les barrières. Je devenais quelqu'un de beaucoup plus décontracté. Être sévère n'empêchait pas de dire les choses avec gentillesse et parcimonie.
Ainsi, en bonne responsable que j'étais, il me restait quelques personnes à rencontrer pour que mon travail puisse être optimal, et les ambulanciers de Sainte-Marie en faisaient partie. Ils étaient les premières personnes avec qui nous avions une étroite collaboration dans les urgences. Ils devaient nous donner des informations précises et rapidement car des vies pouvaient être en jeu. J'avais déjà eu plusieurs entretiens aujourd'hui, mais la journée ne faisait que commencer. Voilà des années que je ne comptais plus mes heures, et, lorsqu'Evan me disait, alors que nous n'avions que vingt ans, que j'allais finir vieille fille, il ne croyait pas si bien dire. Comment pourrai-je avoir une vie de famille avec un tel rythme ?
Qu'importe. Assise sur mon fauteuil dans mon bureau, je lisais tranquillement le dossier de l'ambulancier qui n'allait plus tarder à venir à ma rencontre. Un certain Alexander Abernathy. Homme qui semblait avoir fait ses preuves. Sur le papier, c'était tout ce que j'appréciais, il ne me restait plus qu'à voir en réalité. Lentement, je relevais mon regard gris sur le petit oiseau bleu tacheté qui agitait ses ailes sur son perchoir sans émettre le moindre chant. Un Jobarbille que je m'étais procurée des années auparavant et dont il m'était impossible de me séparer. Ma blouse verte délicatement posée sur le dos de mon siège, je laissais voir mon chemisier blanc ainsi qu'un pantalon noir aux coupures droites. Ainsi habillée, je n'étais ni prétentieuse, ni négligée. Je savais mettre les formes lorsqu'il le fallait, mais une fois sur mon lieu de travail, tout devenait sérieux, allant de ma tenue jusqu'à la queue de cheval attachée sévèrement en haut de mon crâne, mes cheveux de feu flottant alors gracieusement par-dessus mes épaules.
@Alexander Abernathy
En effet très secrète sur ce talent, je savais camoufler lorsqu'une vision venait s'emparer de moi, même lorsque j'étais en pleine opération. Ça m'avait pris beaucoup de temps pour en arriver là, mais je n'avais pas eu le choix. C'était ça, où continuer à me faire manipuler par mes parents, et donc par extension mes proches, pour me forcer à me marier et redorer le blason des Eberhart, ou je ne sais quelle autre connerie, ce qui bien sûr, était hors de question. Je tenais bien trop à ma liberté pour me lier à qui que ce soit. À présent majeure et vaccinée, mes géniteurs n'avaient plus aucune autorité sur moi, mais l'entraînement était là, et le mal était fait. Femme au caractère bien trempé, j'avais su m'imposer et me faire respecter dans mon service dès le premier jour, les médicomages urgentistes comprenant immédiatement que je n'étais pas ici pour m'amuser.
Quoiqu'il en soit, ceux qui avaient pris le temps de venir me parler un peu et se renseigner, auraient pu voir en moi une personne professionnelle et qui prenait son emploi au sérieux mais qui, durant les pauses ou les heures de repos, faisait sauter toutes les barrières. Je devenais quelqu'un de beaucoup plus décontracté. Être sévère n'empêchait pas de dire les choses avec gentillesse et parcimonie.
Ainsi, en bonne responsable que j'étais, il me restait quelques personnes à rencontrer pour que mon travail puisse être optimal, et les ambulanciers de Sainte-Marie en faisaient partie. Ils étaient les premières personnes avec qui nous avions une étroite collaboration dans les urgences. Ils devaient nous donner des informations précises et rapidement car des vies pouvaient être en jeu. J'avais déjà eu plusieurs entretiens aujourd'hui, mais la journée ne faisait que commencer. Voilà des années que je ne comptais plus mes heures, et, lorsqu'Evan me disait, alors que nous n'avions que vingt ans, que j'allais finir vieille fille, il ne croyait pas si bien dire. Comment pourrai-je avoir une vie de famille avec un tel rythme ?
Qu'importe. Assise sur mon fauteuil dans mon bureau, je lisais tranquillement le dossier de l'ambulancier qui n'allait plus tarder à venir à ma rencontre. Un certain Alexander Abernathy. Homme qui semblait avoir fait ses preuves. Sur le papier, c'était tout ce que j'appréciais, il ne me restait plus qu'à voir en réalité. Lentement, je relevais mon regard gris sur le petit oiseau bleu tacheté qui agitait ses ailes sur son perchoir sans émettre le moindre chant. Un Jobarbille que je m'étais procurée des années auparavant et dont il m'était impossible de me séparer. Ma blouse verte délicatement posée sur le dos de mon siège, je laissais voir mon chemisier blanc ainsi qu'un pantalon noir aux coupures droites. Ainsi habillée, je n'étais ni prétentieuse, ni négligée. Je savais mettre les formes lorsqu'il le fallait, mais une fois sur mon lieu de travail, tout devenait sérieux, allant de ma tenue jusqu'à la queue de cheval attachée sévèrement en haut de mon crâne, mes cheveux de feu flottant alors gracieusement par-dessus mes épaules.
@Alexander Abernathy
- InvitéInvité
Re: Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Mar 29 Jan 2019 - 21:02
Embauché dès la sortie des études à Sainte-Marie, j'avais toujours connu cet hôpital. Toujours le même chef de service aussi. S'il s'était montré très amical et accueillant avec les nouveaux venus, on ne pouvait pas dire qu'il était un leader très efficace. Je ne comptais plus le nombre de fois où il avait oublié de venir aux réunions de service, et où finalement, des collègues médicomages avaient joué son rôle pour animer et rendre les choses plus carrées. Pour ma part, j'avais pris l'habitude d'aller au devant et de me présenter aux nouveaux médicomages, afin qu'ils mettent un visage sur un nom et qu'ils sachent à quoi s'en tenir avec moi. Dans l'hôpital, j'étais à la fois connu pour mon travail très professionnel, mais aussi pour mon côté clown et qui détend l'atmosphère. Personne ne s'était plaint de mon travail jusqu'à aujourd'hui, et c'était une petite fierté. Empathique mais solide. Réactif mais réfléchi. Savoir prendre des décisions dans l'urgence était un atout indéniable de l'ambulancier. Nous étions les premiers en contact avec les accidentés, et nos décisions influaient sur leurs chances de survie. Remontant le long du couloir avec ma blouse sur le dos, je réfléchissais à la bonne posture à adopter face à Ariadne Eberhart. Fraichement arrivée et promue chef du service des urgences, soit mon supérieur hiérarchique direct puisque mon équipe était associée à ces service. Ces derniers temps avaient été stressants avec l'accident de Murphy, mais je continuais à engranger les heures de travail. Sans jamais compter. J'avais eu l'occasion de croiser ma nouvelle supérieure, mais une urgence nous avait interrompu avant que nous ne n'apprenions à nous connaître. Et honnêtement, lorsqu'elle demanda à me voir en entretien, j'avais presque l'impression de me retrouver à Poudlard à attendre devant le bureau d'un prof parce que j'avais fait une connerie... Hem. Alex, reste toi-même et tout ira bien. Alors pourquoi j'avais cette putain de boule au ventre? Une fois arrivé devant son bureau, je passais une main dans mes cheveux pour les remettre en place, avant de toquer et d'attendre qu'elle me donne l'autorisation d'entrée. Parfait petit ambulancier.
L'allure même de la femme en face de moi la rendait plus sévère qu'elle ne devait l'être. J'en aurais eu des frissons si je n'étais pas adulte depuis longtemps. Cette bonne blague. Moi, adulte? Et là, en la voyant, je me retenais de dire la plus connerie du siècle: "C'est moi où y'a une invasion de rousses dans le coin?" Un sourire amusé m'échappa cependant, que je masquais rapidement pour reprendre mon sérieux. Mon regard fixé dans le sien -preuve s'il en était que je ne me démontais pas facilement-, je finis par demander doucement: "Je ne pense que nous ayons eu le temps de nous présenter. Alexander Abernathy. Mais je suppose que vous le savez déjà, vu le dossier sur votre bureau... Vous avez demandé à me voir?" Tourner autour du pot n'était pas mon genre. Et surtout, j'étais un grand bavard, elle allait vite s'en rendre compte. Parler, parler pour ne rien dire ou parler pour apaiser les coeurs.
- InvitéInvité
Re: Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Dim 3 Fév 2019 - 20:52
Je me relevais de mon siège lorsqu'on vint toquer à la porte tout en lui intimant d'entrer. Après tout, nous avions rendez-vous, ce n'était donc pas comme si j'étais surprise de le voir. Néanmoins, maintenant que je l'avais en face de moi, j'appréciais pouvoir détailler de plus près ses traits. Un jeune homme bien sur lui, à l'allure aussi incertaine que certaine. Ce rapide sourire que je voyais se peindre sur ses lèvres pour s'évanouir aussitôt m'intrigua, pourtant, je ne le relevais pas. J'avais assez à faire en m'occupant de mon service et avec mes visions, je n'avais pas en plus besoin de m'imaginer ce que pouvaient penser les autres en me voyant. Qui plus est, ça m'avait toujours été égal ce qu'on pouvait penser de moi, j'étais qui j'étais. Si ça ne plaisait pas, et bien tant pis. Qu'on passe sa route.
Hélas, dans les relations professionnelles c'était un peu plus délicat, et voilà pourquoi je faisais l'effort de prendre sur moi les relations qui m'entourait. Femme peu loquace et ayant très peu confiance envers le monde, j'étais forcée de faire quelques exceptions dans le milieu de mon travail. Même si je ne déléguais aucune tâche mon concernant, j'avais conscience que l'entreprise de Sainte Marie devait tourner par l'esprit de groupe de l'ensemble du personnel. Je ne devais pas entraver ce bon fonctionnement, même si des fois j'en avais envie tant des situations me paraissaient aberrantes. Mais voilà, c'était le los lorsque nous sommes trop intelligents comme moi. Je devais fermer les yeux sur ce qui ne me concernait pas.
Le fait que mon invité ne détourne pas le regard alors que je lui tendais la main me plaisait. Qui plus est, il en venait directement à la raison de sa présence, droit au but. Parfait. Au moins, nous allions pouvoir discuter franchement, et j'aimais la franchise. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres avant que je ne me décide de répondre.
- Je ne connais que votre nom monsieur Abernathy. Ariadne Eberhart, je suis enchantée de faire votre connaissance.
Aucun faux semblant, aucun rond de jambe. Jamais je ne détournais mon regard d'acier du sien, comme si j'essayais de pénétrer dans son esprit pour le déstabiliser. Évidemment, l'esprit de compétition qui m'animait sans cesse pouvait prendre le dessus, mais aujourd'hui, je n'en avais pas envie, je n'étais pas là pour ça. J'avais un tout autre objectif. Non pas celui de bien me faire voir puisque je m'en fichais, mais celui d'entretenir une bonne collaboration entre moi et les personnes avec qui j'allais devoir travailler tous les jours, ou nuits suivant comment.
D'un geste leste et gracieux de la main, je lui indiquais la place devant mon bureau, l'invitant donc à prendre place. Toute ma démarche était féline, mes comportements semblaient tous calculés, et pourtant, c'était ainsi que j'étais au naturel, donnant l'air de flotter tout en étant parfaitement encrer dans la terre.
- Effectivement je voulais vous voir afin que nous puissions mieux nous connaître. Maintenant que j'ai repris le service des urgences, je suis soucieuse d'effectuer mes devoirs dans les meilleures conditions possibles. Connaître mes collègues en fait partie. Bien sûr, c'est seulement si vous n'en voyez aucun inconvénients.
Encore une fois, aucun mensonge, et aucune gêne dans mon attitude qui dévisageait mon interlocuteur de haut en bas. Mes intentions n'étaient guère plus compliquées que celles que je venais de citer.
Faisant le tour du bureau pour me placer en face de l'ambulancier, mon petit Jobarbille prit son envol pour venir se poser sur mon épaule. Imperturbable, je restais concentrée sur mon interlocuteur, je m'adressais une nouvelle fois à lui.
- Vous voulez boire quelque chose ?
Je ne connaissais que très peu les coutumes de bienveillance pour mettre les gens à l'aise puisque j'étais une personne très solitaire, mais au moins, j'avais le mérite d'essayer. Mes prunelles grises abandonnèrent enfin mon invité au profit de la désignation de la bouteille d'eau et de la cafetière, seules remèdes que j'appréciais véritablement pour lutter contre la fatigue et la lassitude de mon quotidien.
Hélas, dans les relations professionnelles c'était un peu plus délicat, et voilà pourquoi je faisais l'effort de prendre sur moi les relations qui m'entourait. Femme peu loquace et ayant très peu confiance envers le monde, j'étais forcée de faire quelques exceptions dans le milieu de mon travail. Même si je ne déléguais aucune tâche mon concernant, j'avais conscience que l'entreprise de Sainte Marie devait tourner par l'esprit de groupe de l'ensemble du personnel. Je ne devais pas entraver ce bon fonctionnement, même si des fois j'en avais envie tant des situations me paraissaient aberrantes. Mais voilà, c'était le los lorsque nous sommes trop intelligents comme moi. Je devais fermer les yeux sur ce qui ne me concernait pas.
Le fait que mon invité ne détourne pas le regard alors que je lui tendais la main me plaisait. Qui plus est, il en venait directement à la raison de sa présence, droit au but. Parfait. Au moins, nous allions pouvoir discuter franchement, et j'aimais la franchise. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres avant que je ne me décide de répondre.
- Je ne connais que votre nom monsieur Abernathy. Ariadne Eberhart, je suis enchantée de faire votre connaissance.
Aucun faux semblant, aucun rond de jambe. Jamais je ne détournais mon regard d'acier du sien, comme si j'essayais de pénétrer dans son esprit pour le déstabiliser. Évidemment, l'esprit de compétition qui m'animait sans cesse pouvait prendre le dessus, mais aujourd'hui, je n'en avais pas envie, je n'étais pas là pour ça. J'avais un tout autre objectif. Non pas celui de bien me faire voir puisque je m'en fichais, mais celui d'entretenir une bonne collaboration entre moi et les personnes avec qui j'allais devoir travailler tous les jours, ou nuits suivant comment.
D'un geste leste et gracieux de la main, je lui indiquais la place devant mon bureau, l'invitant donc à prendre place. Toute ma démarche était féline, mes comportements semblaient tous calculés, et pourtant, c'était ainsi que j'étais au naturel, donnant l'air de flotter tout en étant parfaitement encrer dans la terre.
- Effectivement je voulais vous voir afin que nous puissions mieux nous connaître. Maintenant que j'ai repris le service des urgences, je suis soucieuse d'effectuer mes devoirs dans les meilleures conditions possibles. Connaître mes collègues en fait partie. Bien sûr, c'est seulement si vous n'en voyez aucun inconvénients.
Encore une fois, aucun mensonge, et aucune gêne dans mon attitude qui dévisageait mon interlocuteur de haut en bas. Mes intentions n'étaient guère plus compliquées que celles que je venais de citer.
Faisant le tour du bureau pour me placer en face de l'ambulancier, mon petit Jobarbille prit son envol pour venir se poser sur mon épaule. Imperturbable, je restais concentrée sur mon interlocuteur, je m'adressais une nouvelle fois à lui.
- Vous voulez boire quelque chose ?
Je ne connaissais que très peu les coutumes de bienveillance pour mettre les gens à l'aise puisque j'étais une personne très solitaire, mais au moins, j'avais le mérite d'essayer. Mes prunelles grises abandonnèrent enfin mon invité au profit de la désignation de la bouteille d'eau et de la cafetière, seules remèdes que j'appréciais véritablement pour lutter contre la fatigue et la lassitude de mon quotidien.
- InvitéInvité
Re: Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Lun 11 Fév 2019 - 22:38
Aussi impressionnante qu'elle paraissait, Ariadne Eberhart ne m'inspirait aucune peur, mais plutôt du respect. Il y avait eu des bruits de couloir sur elle, rien dont je me souciais vraiment, mais j'avais au moins capté qu'elle avait une sacrée expérience du métier et qu'elle ne nous laisserait pas tomber. Le petit oiseau me fit sourire, les animaux avaient ce don de m'émerveiller, tout comme les enfants. Sa réponse, franche et d'une voix déterminée me prouva que j'avais eu raison de l'être également. La franchise appelait souvent la franchise, selon mon expérience des relations humaines. Parfois, cependant, cela pouvait jouer des tours et nous faire perdre des soutiens ou des amitiés. "Enchanté, également!" que je répondais presque du tac au tac, de mon accent australien parfois si prononcé. Chaleur dans la voix, je ne savais pas faire autrement que de déverser ma bienveillance sur ceux que je rencontrais. Jouer à être un autre était impossible pour moi, je serais un bien piètre acteur, même si je jouais souvent au clown pour les plus jeunes. Comme elle m'indiquait une chaise pour m'assoir, je m'avançais dans la pièce, investissant le mobilier pour me retrouver face à elle. Il y avait en elle une certaine grâce, quelque chose de particulier qui me fascinait autant qu'il m'incitait à la prudence. J'étais prêt à parier qu'il valait mieux éviter de se la mettre à dos... Une ennemie surement redoutable. Ce que miss Eberhart m'exposa me surprit un peu, même s'il était dans l'ordre des choses qu'elle cherche à mieux connaître les personnes avec qui elle travaillerait tous les jours... "Aucun souci... Je comprends votre envie de mieux connaître vos collaborateurs, la cohésion d'équipe est quelque chose d'essentiel dans notre travail. Autant que la nécessité d'avoir une hiérarchie solide et qui nous soutienne." Mes pupilles claires n'avaient pas quitté le visage de la rousse en face de moi, conscient que je venais de faire passer un premier message. Bien entendu, je me référais à notre ancien chef de service, qui, malgré sa sympathie, n'était pas le soutien dont nous avions besoin. J'espérais bien que notre nouvelle chef soit à la hauteur de nos attentes, autant que nous serons à la hauteur des siennes. Le petit oiseau s'envola pour rejoindre sa maîtresse, ce qui me fit échapper un nouveau sourire. Facilement distrait? Pas pendant mon travail, non. Mais j'avais parfois des réactions de grand enfant. "De l'eau, ça ira très bien. J'ai bien peur que le café ne soit pas bon pour mon cœur, et mon énergie naturelle me suffit bien à tenir la journée... Il faut bien ça pour être d'attaque pour les jours et les nuits d'astreinte. Mais je ne me plains pas, tant qu'on a besoin de moi, je suis toujours prêt." Peu importait la fatigue, je trouvais toujours les ressources pour me dépasser et aller encore plus loin. Si je passais 90% de mon temps à l'hôpital, j'en oubliais très souvent de prendre du temps pour moi. C'était le lot de bon nombre de praticiens ici. Un sourire doux sur les lèvres, je finis par demander doucement: "Qu'aimeriez-vous savoir sur moi? Ce que je pense de mon travail? Ou peut-être les pistes d'amélioration? Pour ma part, je suis peut-être un peu trop curieux... Mais j'aimerais savoir pourquoi vous avez choisi de venir ici?" Après tout, nous n'étions certainement pas l'un des plus grands hôpitaux? Ou alors il y avait là un intérêt personnel... Je savais bien que j'étais surement trop curieux, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Et si elle voulait me connaître, j'étais en droit d'essayer de la comprendre aussi.
- InvitéInvité
Re: Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Sam 16 Fév 2019 - 23:30
Sans le quitter un instant de mon regard gris, je surveillais le jeune homme prendre place là où je le lui indiquais. Son accent australien ne m'échappa pas et je me souvenais à présent avoir lu dans son dossier qu'il était né à Sydney. Chaleureux, sincère et direct, j'appréciais ces qualités que je voyais en lui, et j'étais certaine que grâce à ça nous allions pouvoir collaborer dans les meilleures conditions tous les deux. Moi-même n'avait aucun désir de faire des détours, dans notre métier, nous n'avions pas de temps à perdre, jamais, et ce, même dans les entretiens comme celui-ci. Bien souvent mon attitude impressionnais mes interlocuteurs, pourtant, je n'étais pas hautaine ou me donnais un genre. J'étais une cheffe, et je prenais ce rôle très à cœur, et c'était bien ça qui me motivait à agir comme je le faisais présentement.
Laissant mon invité scruter mon bureau, car je n'avais rien à cacher, j'en profitais pour l'observer encore, comprendre son allure, saisir ses mimiques, voir ses attitudes. Ici, tout était parfaitement rangé, les livres dans leurs étagères étaient parfaitement alignés, sur mon bureau, tout était aussi millimétré, empilé exactement. Tout était ordré, comme ma vie professionnelle, car c'était ce que je voulais, être organisée et efficace.
Mais la franchise encore une fois révélée de l'urgentiste me plaisait. Je comprenais sans mal le sous-entendu qu'il venait de placer dans ses paroles, et ça ne faisait que confirmer que ma venue était bienvenue pour beaucoup de personnes dans nos services respectifs.
- Absolument, la cohésion est de mise dans notre travail, et en tant que cadre, je compte bien remédier à tous les problèmes qui ont pu être rencontrés avec mon prédécesseur.
Promesse à demi-mot, s'en était pas moins sincère, je soutenais son regard un instant avant de poser ma tasse de café sur mon bureau puis de lui servir un verre d'eau à sa demande. Son sourire en voyant mon Jobarbille ne m'échappa pas non plus. Ça aussi, c'était un détail que je notais mais que je ne relevais pas davantage. Les personnes appréciant les animaux et pouvant être capable de légèreté ne pouvaient pas être totalement mauvais. Surtout dans notre métier. Savoir garder un moyen de se décontracter, car nous étions sans arrêt sous pression, était salutaire pour être efficace. En lui tendant son verre d'eau, je fronçais légèrement les sourcils tout en souriant en coin néanmoins.
- Votre cœur ? Auriez-vous des problèmes de santé ?
Je ne discutais pas le reste, chacun avait un métabolisme différent, et moi, je savais que je ne pouvais pas tenir sans café malgré ma motivation et ma dévotion. Si lui pouvait y arriver ainsi, alors je n'avais pas à revenir dessus, il était assez grand pour savoir se gérer. Qui plus est, j'avais entendu dire qu'Alexander était un bon élément. Pourquoi chercher à le changer dans ce cas ? Ce garçon semblait aussi solaire que concentré, c'était un subtil mélange qui me plaisait de savourer à l'instant présent.
Tandis que je m'asseyais sur mon siège, je portais ma tasse de café à mes lèvres tout en l'écoutant avec attention même si mon regard était sensiblement baissé sur mon bureau. Aucunement pensive, mon attention à son encontre était palpable, et le sourire qui se dessina sur mes lèvres en était la preuve.
- Parlez-moi de votre parcours, de ce qui vous motive dans ce métier… et … je hochais la tête tout en posant ma tasse de café devant moi. Oui effectivement, ce que vous pensez de votre travail à Sainte-Marie. Qui plus est, si vous avez des idées d'améliorations ou des critiques à émettre, je suis toute ouïe. Je serai bien prétentieuse pour dire que je vois tout et que je n'ai pas besoin de l'avis des autres. C'est aussi pour ça que je demande des entretiens.
Avec un nouveau sourire énigmatique, mes paupières se plissant légèrement, je laissais planer un instant de silence avant de reprendre, un léger soupir traversant mes narines. Non pas que sa question me dérangeait, mais je devais y réfléchir avant d'y répondre avec exactitude.
- Vous n'êtes pas trop curieux, nous sommes ici pour faire connaissance. Roulant mes yeux dans leurs orbites, un sourire amusé aux coins des lèvres, je fixais un instant le plafond avant de revenir sur lui, un air instantanément plus sérieux sur le visage. Je changeai très rapidement d'expression, signe que j'étais une femme très vive. Pour tout vous dire, je n'ai pas vraiment choisi de venir spécifiquement à Sainte-Marie. Je travaillais à Londres avant, et ici, l'établissement m'a offert une opportunité professionnelle que je ne pouvais pas refuser. Dans mon ancien emploi, je n'étais pas cadre.
J'étais une femme d'ambition, surtout en médicomagie et dans les hôpitaux. Je ne m'en cachais pas, pourquoi le faire ? Si ça dérangeait, c'était qu'il y avait de la jalousie et de l'envie. Tout ce que je pouvais répondre à cela était "étudiez avec acharnement comme je l'ai fait, et voilà". Les critiques me passaient au-dessus, je savais pourquoi je travaillais ici, et je savais que j'étais parfaitement à ma place. Ce n'était pas mon problème que ça puisse déranger.
Laissant mon invité scruter mon bureau, car je n'avais rien à cacher, j'en profitais pour l'observer encore, comprendre son allure, saisir ses mimiques, voir ses attitudes. Ici, tout était parfaitement rangé, les livres dans leurs étagères étaient parfaitement alignés, sur mon bureau, tout était aussi millimétré, empilé exactement. Tout était ordré, comme ma vie professionnelle, car c'était ce que je voulais, être organisée et efficace.
Mais la franchise encore une fois révélée de l'urgentiste me plaisait. Je comprenais sans mal le sous-entendu qu'il venait de placer dans ses paroles, et ça ne faisait que confirmer que ma venue était bienvenue pour beaucoup de personnes dans nos services respectifs.
- Absolument, la cohésion est de mise dans notre travail, et en tant que cadre, je compte bien remédier à tous les problèmes qui ont pu être rencontrés avec mon prédécesseur.
Promesse à demi-mot, s'en était pas moins sincère, je soutenais son regard un instant avant de poser ma tasse de café sur mon bureau puis de lui servir un verre d'eau à sa demande. Son sourire en voyant mon Jobarbille ne m'échappa pas non plus. Ça aussi, c'était un détail que je notais mais que je ne relevais pas davantage. Les personnes appréciant les animaux et pouvant être capable de légèreté ne pouvaient pas être totalement mauvais. Surtout dans notre métier. Savoir garder un moyen de se décontracter, car nous étions sans arrêt sous pression, était salutaire pour être efficace. En lui tendant son verre d'eau, je fronçais légèrement les sourcils tout en souriant en coin néanmoins.
- Votre cœur ? Auriez-vous des problèmes de santé ?
Je ne discutais pas le reste, chacun avait un métabolisme différent, et moi, je savais que je ne pouvais pas tenir sans café malgré ma motivation et ma dévotion. Si lui pouvait y arriver ainsi, alors je n'avais pas à revenir dessus, il était assez grand pour savoir se gérer. Qui plus est, j'avais entendu dire qu'Alexander était un bon élément. Pourquoi chercher à le changer dans ce cas ? Ce garçon semblait aussi solaire que concentré, c'était un subtil mélange qui me plaisait de savourer à l'instant présent.
Tandis que je m'asseyais sur mon siège, je portais ma tasse de café à mes lèvres tout en l'écoutant avec attention même si mon regard était sensiblement baissé sur mon bureau. Aucunement pensive, mon attention à son encontre était palpable, et le sourire qui se dessina sur mes lèvres en était la preuve.
- Parlez-moi de votre parcours, de ce qui vous motive dans ce métier… et … je hochais la tête tout en posant ma tasse de café devant moi. Oui effectivement, ce que vous pensez de votre travail à Sainte-Marie. Qui plus est, si vous avez des idées d'améliorations ou des critiques à émettre, je suis toute ouïe. Je serai bien prétentieuse pour dire que je vois tout et que je n'ai pas besoin de l'avis des autres. C'est aussi pour ça que je demande des entretiens.
Avec un nouveau sourire énigmatique, mes paupières se plissant légèrement, je laissais planer un instant de silence avant de reprendre, un léger soupir traversant mes narines. Non pas que sa question me dérangeait, mais je devais y réfléchir avant d'y répondre avec exactitude.
- Vous n'êtes pas trop curieux, nous sommes ici pour faire connaissance. Roulant mes yeux dans leurs orbites, un sourire amusé aux coins des lèvres, je fixais un instant le plafond avant de revenir sur lui, un air instantanément plus sérieux sur le visage. Je changeai très rapidement d'expression, signe que j'étais une femme très vive. Pour tout vous dire, je n'ai pas vraiment choisi de venir spécifiquement à Sainte-Marie. Je travaillais à Londres avant, et ici, l'établissement m'a offert une opportunité professionnelle que je ne pouvais pas refuser. Dans mon ancien emploi, je n'étais pas cadre.
J'étais une femme d'ambition, surtout en médicomagie et dans les hôpitaux. Je ne m'en cachais pas, pourquoi le faire ? Si ça dérangeait, c'était qu'il y avait de la jalousie et de l'envie. Tout ce que je pouvais répondre à cela était "étudiez avec acharnement comme je l'ai fait, et voilà". Les critiques me passaient au-dessus, je savais pourquoi je travaillais ici, et je savais que j'étais parfaitement à ma place. Ce n'était pas mon problème que ça puisse déranger.
- InvitéInvité
Re: Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Dim 3 Mar 2019 - 0:05
Cette discussion avec ma nouvelle supérieure était décidément pleine de surprises. Je n'étais pas spécialement très bon juge des personnes que je rencontrais, mais comme je fonctionnais au feeling, je pouvais déjà dire que sa présence était positive et qu'elle m'inspirait une confiance sincère. Le fait également qu'elle ne cherchait pas à enrober ses réponses ou à me mener en bateau me plaisait. Franchise partagée permettait de ne pas perdre son temps et d'apprendre à se connaître rapidement. Il y avait des personnes avec qui je devais sans cesse marcher sur des oeufs ou retenir ce que j'avais à dire. Avec Miss Eberhart, ce n'était absolument pas le cas. Je gardais tout de même une certaine retenue sur certains sujets, usant de sous-entendus qu'elle ne mit pas longtemps à capter. Ainsi, lorsqu'on parla cohésion d'équipe, je compris qu'elle semblait déterminée à changer les choses et être ce soutien que son prédécesseur aurait du être. J'aquiescais silencieusement à ses paroles, un sourire ravi au coin des lèvres. Lanceur d'alerte, j'espérais que la promesse qu'elle avait faite serait tenu. Mais je n'en doutais pas trop. La rousse inspirait tout sauf de la trahison. Le verre d'eau servi, je l'avalais en quelques secondes, mon attention accaparée par le petit oiseau qui lui servait de compagnon. Les animaux, comme les enfants, étaient innocents et plein de vie. Ils méritaient notre attention et notre fascination. Sa réaction à propos de ma remarque sur mon coeur me fit doucement rire. "Oh non, pas d'inquiétude! J'ai toujours été hyperactif, et j'ai pris l'habitude qu'on me refuse de me donner du café parce que je risquais d'être encore plus insupportable. Mon travail me suffit à rester concentré." Heureusement pour moi, je n'avais pas de problèmes de santé. Sportif et prenant soin de moi, je connaissais bien mes limites, même si la fatigue pouvait parfois me rendre plus vulnérable. Toutefois, j'arrivais toujours à me reposer avant que mon corps ne me lâche complètement. C'était arrivé une seule fois depuis que j'avais commencé à travailler à Sainte-Marie. Ses questions me firent sourire, parfait reflet du sien. Mon métier était ma vie, tout simplement. Pour autant, cela me déstabilisa un tout petit peu, car, en vérité, j'avais rarement eu à revenir sur mon parcours. "Mon parcours est très classique... J'ai fait un cursus Médicomagie à Hungcalf et dans mes dernières années, j'ai fait des stages ici à Sainte-Marie. J'ai testé plusieurs services, mais celui des ambulanciers correspondait parfaitement à mes attentes et à mon profil. Je pouvais allier mon désir d'être tout le temps sur le terrain, le contact au quotidien avec les patients et le travail d'équipe. Après mes études, je suis resté ici. Et voilà deux ans que je suis à la tête d'une des équipes d'ambulanciers. Ce que j'aime ici, c'est de pouvoir travailler avec tous les services, c'est le contact avec les patients, c'est l'imprévisibilité du travail. Pour être honnête, c'est un peu une maison pour moi ici, j'y passe énormément de temps. Pour mon travail, mais aussi bénévolement puisque je passe une grande partie de mon temps libre dans le service pédiatrique de l'hôpital pour permettre aux enfants de se changer les idées de rire, de jouer. Du coup, c'est possible qu'on vous parle de moi comme du "clown" du service. Mais ça me convient. Parce que justement tout le monde sait ici que je suis aussi professionnel dans mon travail que totalement dévoué au bonheur des enfants." M'arrêtant quelques instants pour reprendre mon souffle -parce que oui, finir en apnée n'était peut-être pas une bonne idée-, je gardais mes prunelles fixées sur ma supérieure. "Je pense qu'on pourrait encore améliorer la communication entre les services. Afin d'être plus efficace. Les plannings ne sont pas toujours très clairs non plus et il y a eu de nombreux couacs à ce niveau-là." Il y avait surement encore des choses à dire, mais c'était tout ce qui me venait en tête à ce moment-là. Puis, les autres aussi auraient leur mot à dire. Moi, j'étais juste plus franc que la plupart d'entre eux qui n'oseraient peut-être pas faire part des dysfonctionnements. Seulement, si tout le monde restait muet, rien ne pouvait s'améliorer. Décidant de retourner la question vers elle, je m'autorisais à lui demander comment elle était arrivée à Sainte-Marie. Si je doutais un moment qu'elle réponde, je fus surpris de l'entendre m'expliquer avec sincérité son parcours. Ainsi donc, elle venait de Londres. Il était vrai que notre hôpital était l'un des plus gros de Grande-Bretagne, il couvrait pratiquement la moitié du territoire britannique, ce qui n'était pas rien. Il y avait des spécialités qui n'existaient qu'ici. Pas étonnant qu'elle ait eu une belle opportunité professionnelle en venant ici. "Je vous remercie pour votre franchise. Je vous avoue qu'en ayant commencé ici, je n'ai aucune idée de comment cela fonctionne dans d'autres établissements. Vous avez fait vos études également ou vous découvrez les Highlands?" que je demandais, détendu et curieux. Puis, si cela pouvait me renseigner sur les possibilités d'évolution dans nos carrières, c'était parfait.
- InvitéInvité
Re: Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Lun 4 Mar 2019 - 16:14
Il n'était qu'hyperactif, bien, tant mieux. Je préférais de loin devoir gérer un membre courant dans tous les sens que celui qui faisait un arrêt cardiaque à côté d'un mourant qu'il viendrait de rapatrier. Même si la situation pouvait paraître ironique à la penser ainsi, devoir gérer deux urgences au même temps, dont un collègue, n'avait absolument rien d'agréable.
C'est donc un sourire rasséréné qui traversa mes lèvres lorsque le jeune homme me confia sa situation. Je comprenais donc mieux pourquoi il était un élément précieux de l'hôpital, et il se gardait en effet bien de se passer de café. À être trop excité, nous pouvions en perdre nos moyens. Ce n'était pas non plus désirable dans notre milieu professionnel.
Reportant ma tasse de café à mes lèvres, je le savourais sans jamais quitter du regard le jeune homme en face de moi qui me racontait alors sans détour son parcours. Ressentir sa passion pour notre métier et son désir de continuer de la sorte et de s'améliorer encore était palpable. J'appréciais grandement qu'une personne comme lui puisse être dans mes équipes, ça allait grandement ma faciliter la tâche, et je savais que j'avais davantage besoin d'éléments comme lui. Non pas que ses collègues ne soient pas à la hauteur, mais bien trop peu avaient ce feu sacré en eux. Cela dit, j'étais en place ici depuis peu pour véritablement juger tout le monde. Il n'y avait que sur le terrain, dans l'urgence, dans l'action la plus implacable qu'on révélait ce qu'on avait véritablement au fond de nous. Mais pour le coup, je me réjouissais de voir monsieur Abernathy en action.
Lentement, un sourire taquin se dessina sur mes lèvres, à croire que je n'étais pas capable de sourire autrement.
- Quel plaisir de pouvoir trouver sa voie et sa place, n'est-ce pas ?
Avec mon don de voyance j'avais accès aux versions d'avenir des personnes que je pouvais rencontrer, et même les autres. Je savais donc à quel point des gens se sentaient perdus dans leurs vies, à ne pas trouver de raison de vivre, de métier qui les passionnaient vraiment, les empêchant ainsi de s'épanouir pleinement. Fort heureusement, ça n'avait jamais été mon cas, depuis toute petite la médicomagie ayant été une évidence pour moi. J'étais bien heureuse de constater qu'il en allait de même pour mon invité du moment.
Sans être perturbée par l'oiseau sur mon épaule qui se lissait les plumes, je reposais ma tasse de café sur mon bureau avant d'empoigner ma baguette magique d'un geste vif, cachée jusqu'alors sous un tas de feuille. L'ambulancier venait de me parler du planning, et j'avais alors besoin de l'avoir sous les yeux. Brandissant le bois de vigne en direction d'une étagère, un dossier se détacha du reste du rangement pour venir se nicher dans la paume de ma main. Ouvrant ce dernier, je parcourais rapidement les plannings déjà prévu avant de retrousser légèrement le nez.
- Vous confirmez ce que j'avais déjà observé… ce planning est pour moi aussi très flou, et je ne vous dit pas à quel point je m'arrache les cheveux pour le remplir. Forcément, la communication doit en pâtir, ce qui n'est absolument pas pratique la cohésion de notre travail.
Reposant ma baguette, j'attrapais l'une des plumes posée sur mon bureau tout en attrapant une feuille vierge. Gribouillant d'abord des cercles en y écrivant des mots clés, je me concentrais plusieurs minutes sans prononcer un mot, comme si j'avais oublié la présence du jeune homme, ce qui évidemment n'était absolument pas le cas. Bientôt, je prenais une nouvelle page pour en tracer un tableau, étrangement détaillé dans sa rapidité d'exécution pour le présenter à mon invité.
- Est-ce mieux ainsi ?
Je lui laissais tout le loisir de prendre connaissance du nouveau prototype de planning, et même d'en modifier certains traits s'il le souhaitait, je n'allais pas m'offusquer, ce serait bien puéril de ma part.
C'est à ce moment que je me permettais de lui raconter mon parcours, et encore une fois, je ne fis pas cas de ses nouvelles questions. Un nouveau sourire amusé vint fendre mes lèvres.
- Je suis née en Allemagne, mais j'ai suivi mes parents qui sont rapidement venus s'installer à Londres. J'ai donc passé la majorité de ma vie là-bas, après mes études à Poudlard, je suis venue, comme vous, étudier à Hungcalf dans le cursus médicomagie jusqu'à l'obtention de mes D.E.F.I.S. J'ai directement pu pratiquer à Londres ensuite. Et me voilà ici aujourd'hui.
Parler de moi et de mon parcours ne me dérangeait nullement, bien au contraire, c'était légitime pour moi de me confier un minimum. Après tout, ces informations j'y avais accès dans les dossiers de mes employés, ils avaient donc bien le droit de connaître ce qui me concernait.
Revenant alors sur le parcours du sorcier, je fronçais légèrement les sourcils, un point crucial de notre travail me venant alors à l'esprit.
- Comment conciliez-vous vie privée et vie professionnelle ?
C'est donc un sourire rasséréné qui traversa mes lèvres lorsque le jeune homme me confia sa situation. Je comprenais donc mieux pourquoi il était un élément précieux de l'hôpital, et il se gardait en effet bien de se passer de café. À être trop excité, nous pouvions en perdre nos moyens. Ce n'était pas non plus désirable dans notre milieu professionnel.
Reportant ma tasse de café à mes lèvres, je le savourais sans jamais quitter du regard le jeune homme en face de moi qui me racontait alors sans détour son parcours. Ressentir sa passion pour notre métier et son désir de continuer de la sorte et de s'améliorer encore était palpable. J'appréciais grandement qu'une personne comme lui puisse être dans mes équipes, ça allait grandement ma faciliter la tâche, et je savais que j'avais davantage besoin d'éléments comme lui. Non pas que ses collègues ne soient pas à la hauteur, mais bien trop peu avaient ce feu sacré en eux. Cela dit, j'étais en place ici depuis peu pour véritablement juger tout le monde. Il n'y avait que sur le terrain, dans l'urgence, dans l'action la plus implacable qu'on révélait ce qu'on avait véritablement au fond de nous. Mais pour le coup, je me réjouissais de voir monsieur Abernathy en action.
Lentement, un sourire taquin se dessina sur mes lèvres, à croire que je n'étais pas capable de sourire autrement.
- Quel plaisir de pouvoir trouver sa voie et sa place, n'est-ce pas ?
Avec mon don de voyance j'avais accès aux versions d'avenir des personnes que je pouvais rencontrer, et même les autres. Je savais donc à quel point des gens se sentaient perdus dans leurs vies, à ne pas trouver de raison de vivre, de métier qui les passionnaient vraiment, les empêchant ainsi de s'épanouir pleinement. Fort heureusement, ça n'avait jamais été mon cas, depuis toute petite la médicomagie ayant été une évidence pour moi. J'étais bien heureuse de constater qu'il en allait de même pour mon invité du moment.
Sans être perturbée par l'oiseau sur mon épaule qui se lissait les plumes, je reposais ma tasse de café sur mon bureau avant d'empoigner ma baguette magique d'un geste vif, cachée jusqu'alors sous un tas de feuille. L'ambulancier venait de me parler du planning, et j'avais alors besoin de l'avoir sous les yeux. Brandissant le bois de vigne en direction d'une étagère, un dossier se détacha du reste du rangement pour venir se nicher dans la paume de ma main. Ouvrant ce dernier, je parcourais rapidement les plannings déjà prévu avant de retrousser légèrement le nez.
- Vous confirmez ce que j'avais déjà observé… ce planning est pour moi aussi très flou, et je ne vous dit pas à quel point je m'arrache les cheveux pour le remplir. Forcément, la communication doit en pâtir, ce qui n'est absolument pas pratique la cohésion de notre travail.
Reposant ma baguette, j'attrapais l'une des plumes posée sur mon bureau tout en attrapant une feuille vierge. Gribouillant d'abord des cercles en y écrivant des mots clés, je me concentrais plusieurs minutes sans prononcer un mot, comme si j'avais oublié la présence du jeune homme, ce qui évidemment n'était absolument pas le cas. Bientôt, je prenais une nouvelle page pour en tracer un tableau, étrangement détaillé dans sa rapidité d'exécution pour le présenter à mon invité.
- Est-ce mieux ainsi ?
Je lui laissais tout le loisir de prendre connaissance du nouveau prototype de planning, et même d'en modifier certains traits s'il le souhaitait, je n'allais pas m'offusquer, ce serait bien puéril de ma part.
C'est à ce moment que je me permettais de lui raconter mon parcours, et encore une fois, je ne fis pas cas de ses nouvelles questions. Un nouveau sourire amusé vint fendre mes lèvres.
- Je suis née en Allemagne, mais j'ai suivi mes parents qui sont rapidement venus s'installer à Londres. J'ai donc passé la majorité de ma vie là-bas, après mes études à Poudlard, je suis venue, comme vous, étudier à Hungcalf dans le cursus médicomagie jusqu'à l'obtention de mes D.E.F.I.S. J'ai directement pu pratiquer à Londres ensuite. Et me voilà ici aujourd'hui.
Parler de moi et de mon parcours ne me dérangeait nullement, bien au contraire, c'était légitime pour moi de me confier un minimum. Après tout, ces informations j'y avais accès dans les dossiers de mes employés, ils avaient donc bien le droit de connaître ce qui me concernait.
Revenant alors sur le parcours du sorcier, je fronçais légèrement les sourcils, un point crucial de notre travail me venant alors à l'esprit.
- Comment conciliez-vous vie privée et vie professionnelle ?
- InvitéInvité
Re: Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Mar 12 Mar 2019 - 23:16
Qu'il était agréable de se sentir écouté! Il n'y avait pas à dire, cette chef avait du cran, de la franchise et assez d'épaules pour ne pas se laisser démonter par toutes les personnalités différentes qui travaillaient dans cet hôpital. Avec moi, la chef de service pouvait être sûre d'une chose: elle allait en apprendre beaucoup sur moi et l'organisation du travail. Parce que parler était ma grande passion, tout comme la franchise. Après lui avoir expliqué pourquoi -entre autre- je ne buvais pas de café, j'exprimais avec passion et détails mon travail et comment je le vivais. Mon travail à l'hôpital occupait le plus clair de mon temps et j'avais au final très peu de loisirs non liés à ce lieu qui signifiait tout pour moi. J'aimais ce que je faisais, sincèrement. L'archétype même du gars qui vivait pour son travail. Malgré tout, il m'arrivait de temps en temps de ressentir une certaine lassitude, notamment quand je me rendais compte que tout ne tournait pas aussi bien que je le souhaitais. Je n'étais d'ailleurs jamais avare de conseils afin de m'améliorer ou de rendre plus efficace le travail en équipe au sein des différents services. Un sourire amusé éclaira mon visage à nouveau alors que je me contentais de hocher la tête doucement à sa question rhétorique. Certes, trouver sa place dans le monde était important, voir même vital pour certains. Sans but, il n'y avait pas de raison de vivre. Survivre n'avait que peu d'intérêt. Sans mon travail, je ne serais rien, tout simplement. La chance que j'avais eu était d'avoir trouvé ma voie assez tôt pour pouvoir aujourd'hui m'y épanouir complètement.
Évoquant des plannings inefficaces, notamment pour une bonne gestion des services qui travaillaient en collaboration, je la vis soudain sortir sa baguette, cherchant à rameuter un dossier. Les feuillets en main, la rousse se concentra sur ce qui y était écrit quelques instants, et mon regard se perdit sur les bouts de papier qui m'étaient familiers. Je ne comptais plus le nombre de réunions qu'on avait faites pour parvenir à ces plannings -qui pour la plupart ne me convenaient pas. Malgré mes avis très tranchés, il était souvent arrivé que l'ancien chef ne prenne pas en compte nos remarques et qu'il se contente de redonner les mêmes plannings encore et encore. "Ah, je vous avoue que ces plannings sont à la source de plusieurs prises de tête mémorables dans le service. Et je mentirais si je disais que je n'en étais pas parfois l'instigateur... Comme vous l'avez dit, j'ai à coeur que les plannings soient clairs afin que la cohésion d'équipe n'en pâtisse pas." Sur ce, je l'observais en train de s'affairer autour d'une feuille, apparemment concentrée sur la création d'un nouveau planning. Respectant ce moment de concentration, je me contentais de lire ce qu'elle pouvait écrire, reportant parfois mon attention sur l'oiseau qui faisait consciencieusement sa toilette. L'efficacité de ma nouvelle supérieure hiérarchique fut une nouvelle fois démontrée alors qu'elle me mettait la feuille sous le nez pour me demander mon avis. Mes pupilles claires lurent le tableau avec attention, repérant chaque détail qui différait des anciens plannings. Prenant la plume, non sans lui avoir jeté un regard pour m'assurer que je pouvais le faire, je rajoutais quelques détails et déplaçais deux cases qui ne me paraissaient pas cohérentes, avant d'annoncer: "Voilà, je pense que là, ça doit pas être trop mal. Nous pourrons toujours faire de nouvelles modifications." Sourire satisfait. C'est avec grand plaisir et beaucoup de curiosité que je l'écoutais alors s'épancher sur son propre parcours. Une vraie passion pour la médicomagie. Je comprenais mieux qu'elle en soit arrivée là aujourd'hui. A tous les coups, elle avait tout donné pour sa carrière et son travail. Une femme forte qui savait ce qu'elle voulait. Sa franchise me plaisait également. Transparence agréable et enrichissante. J'allais la remercier pour ces informations instructives quand elle reprit la parole. Une question à laquelle je ne m'attendais pas. Mais alors pas du tout. Perdant l'espace de quelques secondes mon sourire -le temps de reprendre contenance-, je passais une main dans mes cheveux. Gêne évidente pour un sujet qui me touchait personnellement, mais qui ne faisait que me rappeler à quel point ma vie privée se résumait souvent à promener mon chien. "Et bien, je... La question ne se pose pas tellement étant donné... que... Enfin, je n'ai pas vraiment... de vie privée. Pour être clair, je n'ai personne... à part mon chien." Bien entendu, il m'arrivait de sortir entre amis, mais c'était plutôt rare. Bref, si on pouvait passer à la prochaine question, cela m'arrangerait. Je n'avais pas tellement envie de m'épancher sur le néant de ma vie sentimentale. L'image de Murphy complètement gênée me revint en tête, tout comme celle de la pétillante Isalynn. Grande question qu'était celle-là: qu'est-ce que j'avais fait aux rousses dans une vie antérieure?
- InvitéInvité
Re: Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Ven 15 Mar 2019 - 18:11
Je lui souriais, un peu amusée alors qu'il m'avait avoir régulièrement remué les problèmes concernant les plannings. Je n'étais pas étonnée que cela ait pu engendrer quelques haussements de voix. Beaucoup de personnes ayant atteint un certain grade n'aimaient pas que leurs méthodes puissent être remises en compte. Après tout, s'ils avaient atteint un certain statut, c'était au mérite, donc, il n'y avait rien à remettre en question, si ?
Moi, je n'étais pas de ceux-là. Si j'avais consacré ma vie à la médicomagie, c'était pour aider mon prochain, de toutes les manières possibles. Ainsi, prêter une oreille attentive à ceux qui m'entouraient était pour moi une évidence, surtout dans le monde professionnel où je mettais un point d'honneur à ne commettre aucune erreur. M'enfermer dans ma haute sphère sans prendre en compte l'avis de ceux qui soutenaient mon propre pilier aurait été une totale aberration.
Au moins, le jeune homme en face de moi était un élément dont je n'allais plus pouvoir me passer. Il était honnête, il avait les idées claires, apparemment, et il n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait, même si cela devait me déplaire. C'était exactement de ce genre d'élément dont j'avais besoin dans mon équipe, et il était certain à présent que j'allais surveiller ses moindres faits et gestes au sein de l'hôpital.
- Oui l'important est la cohésion de groupe. Mon objectif est que les urgences atteignent un rendement optimal, ce qui est loin d'être le cas pour le moment. Alors, je compte sur vous pour me dire si quelque chose ne va pas.
Je lui accordais un petit sourire entendu. Tout à fait à l'écoute des remarques, je ne souhaitais toutefois pas en arriver à de l'insubordination… mais j'avais la naïveté de croire que je n'allais pas la subir en la personne de monsieur Abernathy. Si j'avais atteint le statut de cheffe de service, ce n'était pas non plus par hasard, et il y avait certaines choses que je ne voulais pas remettre en question. Comme mon autorité par le simple fait que j'appartenais à la gente féminine. C'était bien mal me connaître que de vouloir me faire front sur ce genre de sujet.
Quoiqu'il en soit, je n'étendais pas davantage mes pensées à ce sujet, revenant bien rapidement sur l'ébauche d'un nouveau planning. Bien peu vexée sur mon invité se permette de le corriger, je le regardais faire avec attention et intérêt. Ses idées étaient bonnes, et mes sourcils se froncèrent à la réflexion. Ces détails, je n'y avais pas pensé, je devais bien l'admettre. Non pas par manque d'expérience dans la charge de travail de nos professions respectives, mais bien par manque de connaissance du véritable fonctionnement de Sainte-Marie. Monsieur Abernathy avait ça de plus que moi qu'il travaillait ici depuis des années, il connaissait donc mieux les engrenages de la machine qu'était cet important établissement.
Récupérant la feuille, je souriais, intéressée et ravie des changements.
- Intéressant. Je vais mettre ça en place dès demain, nous verrons ce que ça donnera.
Lui accordant un clin d'œil, je rangeais avec soin le papier en ayant comme projet de retourner dessus un peu plus tard. Une fois mon entrevue terminée.
Je n'avais aucun mal à parler de moi et de mon parcours, après tout, il semblerait que nous nourrissions tous les deux la même passion pour la médicomagie et le soin aux autres, qui plus est, il n'y avait rien de secret là-dedans. Il suffisait d'ouvrir un quelconque dossier me concernant et tout était consigné à l'intérieur. J'étais une femme de bien peu de secrets, même si les rares que j'avais étaient de taille.
Toutefois, j'étais amusée de voir que ma dernière question semblait l'avoir désarçonnée quelque peu. Voilà un élément aussi amusant qu'intéressant. Tout comme moi, ce jeune homme semblait avoir sacrifié toute sa vie pour sa vocation. Je ne pouvais que le comprendre, et il me plaisait davantage de le constater. Au moins, nous étions sur la même longueur d'onde, et sans doute capable de mieux se comprendre que n'importe qui d'autre dans notre entourage. Avec cet amusement qui ne me quittait plus pour le moment, je répliquais avec légèreté.
- Ho, au moins vous avez un chien. Ce n'est même pas mon cas voyez-vous.
Si ma vie se résumait à l'hôpital, il en allait de même pour ma vie privée. Chez moi, je n'avais rien. Tellement rien que c'était à peine meublé. Après tout, je n'y passais presque pas de temps, alors à quoi bon s'acheter des fioritures ou de la décoration ? En réalité, j'étais plus chez moi dans mon bureau que dans mon appartement à Inverness.
- Dans ce cas, quels sont vos objectifs à long terme ?
Moi, je n'étais pas de ceux-là. Si j'avais consacré ma vie à la médicomagie, c'était pour aider mon prochain, de toutes les manières possibles. Ainsi, prêter une oreille attentive à ceux qui m'entouraient était pour moi une évidence, surtout dans le monde professionnel où je mettais un point d'honneur à ne commettre aucune erreur. M'enfermer dans ma haute sphère sans prendre en compte l'avis de ceux qui soutenaient mon propre pilier aurait été une totale aberration.
Au moins, le jeune homme en face de moi était un élément dont je n'allais plus pouvoir me passer. Il était honnête, il avait les idées claires, apparemment, et il n'avait pas peur de dire ce qu'il pensait, même si cela devait me déplaire. C'était exactement de ce genre d'élément dont j'avais besoin dans mon équipe, et il était certain à présent que j'allais surveiller ses moindres faits et gestes au sein de l'hôpital.
- Oui l'important est la cohésion de groupe. Mon objectif est que les urgences atteignent un rendement optimal, ce qui est loin d'être le cas pour le moment. Alors, je compte sur vous pour me dire si quelque chose ne va pas.
Je lui accordais un petit sourire entendu. Tout à fait à l'écoute des remarques, je ne souhaitais toutefois pas en arriver à de l'insubordination… mais j'avais la naïveté de croire que je n'allais pas la subir en la personne de monsieur Abernathy. Si j'avais atteint le statut de cheffe de service, ce n'était pas non plus par hasard, et il y avait certaines choses que je ne voulais pas remettre en question. Comme mon autorité par le simple fait que j'appartenais à la gente féminine. C'était bien mal me connaître que de vouloir me faire front sur ce genre de sujet.
Quoiqu'il en soit, je n'étendais pas davantage mes pensées à ce sujet, revenant bien rapidement sur l'ébauche d'un nouveau planning. Bien peu vexée sur mon invité se permette de le corriger, je le regardais faire avec attention et intérêt. Ses idées étaient bonnes, et mes sourcils se froncèrent à la réflexion. Ces détails, je n'y avais pas pensé, je devais bien l'admettre. Non pas par manque d'expérience dans la charge de travail de nos professions respectives, mais bien par manque de connaissance du véritable fonctionnement de Sainte-Marie. Monsieur Abernathy avait ça de plus que moi qu'il travaillait ici depuis des années, il connaissait donc mieux les engrenages de la machine qu'était cet important établissement.
Récupérant la feuille, je souriais, intéressée et ravie des changements.
- Intéressant. Je vais mettre ça en place dès demain, nous verrons ce que ça donnera.
Lui accordant un clin d'œil, je rangeais avec soin le papier en ayant comme projet de retourner dessus un peu plus tard. Une fois mon entrevue terminée.
Je n'avais aucun mal à parler de moi et de mon parcours, après tout, il semblerait que nous nourrissions tous les deux la même passion pour la médicomagie et le soin aux autres, qui plus est, il n'y avait rien de secret là-dedans. Il suffisait d'ouvrir un quelconque dossier me concernant et tout était consigné à l'intérieur. J'étais une femme de bien peu de secrets, même si les rares que j'avais étaient de taille.
Toutefois, j'étais amusée de voir que ma dernière question semblait l'avoir désarçonnée quelque peu. Voilà un élément aussi amusant qu'intéressant. Tout comme moi, ce jeune homme semblait avoir sacrifié toute sa vie pour sa vocation. Je ne pouvais que le comprendre, et il me plaisait davantage de le constater. Au moins, nous étions sur la même longueur d'onde, et sans doute capable de mieux se comprendre que n'importe qui d'autre dans notre entourage. Avec cet amusement qui ne me quittait plus pour le moment, je répliquais avec légèreté.
- Ho, au moins vous avez un chien. Ce n'est même pas mon cas voyez-vous.
Si ma vie se résumait à l'hôpital, il en allait de même pour ma vie privée. Chez moi, je n'avais rien. Tellement rien que c'était à peine meublé. Après tout, je n'y passais presque pas de temps, alors à quoi bon s'acheter des fioritures ou de la décoration ? En réalité, j'étais plus chez moi dans mon bureau que dans mon appartement à Inverness.
- Dans ce cas, quels sont vos objectifs à long terme ?
- InvitéInvité
Re: Prendre son temps dans l'urgence [Terminé]
Mer 3 Avr 2019 - 19:02
L'importance de la cohésion d'équipe, Miss Eberhart semblait le comprendre aussi bien que moi et cela me confortait dans l'idée que les choses allaient changer à Sainte-Marie. Rien pour me déplaire. Je ne faisais pas partie de ceux qui avaient des idées très ancrées et qui se complaisaient dans le train-train quotidien. Sortir de sa zone de confort était parfois essentiel pour avancer. J'aquiescais silencieusement à sa remarque sur le rendement de l'hôpital qui était loin d'être optimal. Même s'il fallait penser avant tout au patient, augmenter le rendement permettait d'être plus efficace dans la prise en charge et de pouvoir sauver plus de personnes, c'était donc tout à fait essentiel. Ses dernières paroles m'arrachèrent un sourire entendu et je répliquais avec une détermination sans failles: "Vous pouvez compter sur moi, je serais là pour vous rapporter les dysfonctionnements. Tant que nous trouvons des solutions ensemble." Je n'étais pas là pour jouer au rapporteur, mais bien pour améliorer les conditions de travail de tous mes collègues. Je n'hésiterai d'ailleurs pas à leur dire d'aller la voir s'ils ont des soucis en tête ou s'ils ont repéré des problèmes dans l'hôpital qui peuvent affecter tout le monde. Le tout c'était d'agir en tant qu'équipe, et non pas individuellement, ce qui mènerait l'hôpital à sa perte, tout simplement. Après m'être permis de faire quelques ajustements sur le planning qu'elle proposait, la rousse semblait satisfaite de notre travail commun et j'en étais ravi. Petit signe de tête pour lui signifier que j'étais d'accord avec elle, nous ne pourrons vérifier qu'il est correct qu'en le mettant en place sur le terrain. Dès le lendemain donc. Une sorte d'alchimie de travail semblait s'opérer entre nous, car nous étions proches de caractère et notre passion pour notre métier était réel, sans faux-semblants. Sa question sur ma vie privée m'avait peut-être perturbée mais en tout cas, cela semblait beaucoup l'amuser, pour preuve sa remarque qui me fit sourire. "Oh mais vous oubliez votre joli petit oiseau!" que je lui fis remarquer en pointant du doigt le volatile. Certes, c'était tout aussi pathétique que mon chien, mais au moins on se comprenait. "Pour l'avenir, j'aspire comme tout le monde à être bien dans ma vie. Évoluer professionnellement comme personnellement. Pourquoi pas m'installer..." Pour l'instant, c'était très flou. Je m'apprêtais à ajouter quelque chose quand Eliott entra sans frapper dans le bureau, apparemment tendu et essoufflé. Une urgence, comme toujours. Sans un mot, je sus que je devais partir. Dernier regard à ma chef, signe de tête et un sourire. Me voici reparti sur le chemin de l'urgence, dans ce que je savais faire de mieux: aller au secours des victimes.
FIN DU RP
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