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Bury it, and rise above [Evan]
Jeu 28 Fév 2019 - 17:15
J'avais du temps. Comme on peut avoir du temps à la fin de sa journée de cours, comme je pouvais en prendre pour réviser un peu avant de me rendre à ma prochaine activité. J'avais du temps comme pour me permettre de me reposer avant un nouveau départ.
Je n'avais rien envie de tout cela, car je me sentais toujours à part.
Encore condamnée à la solitude, je n'avais plus aucune certitude. Uniquement le désir de m'éloigner, de pouvoir ailleurs plonger.
Alors, je m'y précipitais, au troisième étage, en espérant que la salle ne soit plus en partage. Libre de ses occupants pour que je puisse y passe ce temps.
Timide et discrète, je pénétrais dans mon lieu de destination avec mille précautions. Il ne fallait pas réveiller le chat qui dormait. Pas tout de suite. Pas une seconde fois. Sinon j'allais véritablement pour lui être un mets.
L'envie d'évasion me prenait pourtant aux tripes, et je savais que je devais la satisfaire, sinon j'étais assujettie à la grippe. Cette fièvre montante qui me donnait des vertiges, avec laquelle je réfléchissais trop, je paniquais, comme si je faisais de la haute voltige.
C'est impatiente que je montais sur la scène pour y déposer mon sac et fouiller à l'intérieur, n'ayant pas le désir de partir en larsen. Voilà pourquoi je sortais un peu de matériel, obtenu il y a bien longtemps mais qui avait toujours satisfait mes envies pulsionnelles.
Dans cet appareil moldu, que j'avais légèrement modifié avec ma magie pour améliorer le rendu, j'avais composé plusieurs musiques. Rythmées selon mes envies du cœur, mes pulsions du moment, la création de l'instant. Il y en avait une en particulier que je chérissais. Souvenir de la complicité que j'avais avec ma sœur, nous nous y étions mise à deux pour la réaliser, et aujourd'hui elle avait comme un effet antidépresseur.
Prudente, j'enclenchais l'appareil qui laissait sonner la mélodie avec la discrétion du volume indiqué. Car je ne voulais pas encore une fois être violentée. Punie et rejetée.
Mais il y avait ce feu qui grondait en moi. Lorsque j'avais enfin accès au bonheur, il semblait s'amuser à me lâcher et à me laisser dans une forme de torpeur. Esseulée, je ne savais plus comment je pouvais m'échapper. Il y avait bien elle, mais par Merlin elle semblait irréelle. L'angoisse était ma croix en sa présence. Je n'avais plus personne.
Personne.
Il me restait la musique.
Alors je montais le son.
Pour pouvoir m'enfuir dans le fond.
À l'aise avec les paroles, puisque je les avais moi-même écrite, je me redressais sur mes pieds sans avoir l'intention d'entonner une barcarolle. Je faisais face à ce public invisible malgré ma personnalité toute effacée. Sans réfléchir davantage aux conséquences, parce que merde, j'entamais cette danse. Je m'enfermais dans ma bulle, concentrée, pour me défouler sans craindre le jugement dernier. Je savais cet exercice difficile, et j'appréciais pouvoir dépasser mes limites. Après tout, j'étais ici pour ça, apprendre et être meilleure ensuite.
Paupières presque closes, les veines du cou gonflées, je donnais toute la voix que j'avais, qu'importe les imprécisions, je ne chantais présentement pas pour ça. M'aérer l'esprit. Ne plus étouffer.
Je me croyais presque lors d'un concert, et donnais toute l'énergie que j'avais pour pouvoir évacuer ce malaise d'ulcère. Repousser la réflexion. Chanter à en perdre la raison. Voix d'ange qui s'exprime pour les enfers. Voix douce et délicate qui pouvait griffer comme une chatte. Aussi légère qu'un nuage mais chargés de mots lourds et sévères.
Qu'importe qui était autour. Quoique je fasse. Quoique je dise. Dans tous les cas ça me retombait dessus. Sévèrement. Autant essayer, durant 3 minutes, de ne plus se priver.
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Re: Bury it, and rise above [Evan]
Dim 3 Mar 2019 - 21:19
Installé à sa fenêtre, Evan grattait discrètement une guitare - l'instrument à cordes n'avait jamais été 'son' instrument, mais il se débrouillait de façon absolument correcte avec l'instrument de musique. Tempête dans le corps, la tête, le coeur. Les vacances de Noël avaient véritablement représenté une césure pour lui, entre ce qui lui avait semblé être une vie paisible de professeur pasdu toutentièrement organisé mais somme toute respecté par la plupart de ses pairs et apprécié de ses étudiants, et celle d'aujourd'hui. Tout était redevenu complexe, semblait-il. Le Chineur, qui avait publié des âneries sur lui et deux étudiantes, alors qu'Evan n'aurait jamais effleuré un membre du corps étudiant, même en rêve. Le retour fracassant d'Ariadne dans sa vie qui, tout baume que la médicomage soit dans son existence, amenait lui aussi son lot de complications. L'après-midi avec Murphy, leur baiser échangé et l'apparition d'une version fantômatique d'Elena, qui lui avait dit « this is not what you think, darling. In more ways than one ». Il ne le réalisait pas encore, ce sorcier perdu dans l'inconscience et le déni depuis si longtemps. Perspicace, Evan avait compris de quoi l'apparition parlait lorsqu'elle lui avait dit this is not what you think, le baiser partagé ayant été causé par l'amortencia. Mais in more ways than one? Evan était perdu. Quel degré supplémentaire ne saisissait-il pas? On avait dit de lui qu'il était subtil, perspicace, esprit et langue vif argent. Capable de saisir une infime nuance et de la retourner contre celui qui prononçait n'importe quelles paroles, mais le musicien était bloqué. Assis à la fenêtre, le pianiste tirait quelques notes de la guitare, distraitement, juste pour sentir le pincement des cordes sous ses doigts, incapable de comprendre le double sens de ce que l'apparition d'Elena avait voulu lui signifier. Sans cérémonie, il laissa la guitare derrière, ressentant le besoin de s'échapper. Le professeur jeta un regard dehors, tenté de voler, mais, consultant l'heure, préféra ne pas risquer d'arriver en retard. Parcourant ses appartements, il ressemblait à une tornade qui ne parvenait pas à se contenir, ramassant un vêtement pour le plier pour ensuite le jeter dans sa penderie, mettant de l'ordre dans ses papiers avant de renverser de l'encre sur un cahier, pestant en gaélique. Pourtant, en temps normal, Evan appréciait la sensation de perdre le contrôle des situations se présentant à lui. Il y avait quelque chose de dangereux et de diablement excitant au fait de se dire qu'il ne pouvait rien prévoir d'avance et se devait de simplement réagir, vif d'esprit.
Mais il détestait ne pas comprendre quelque chose.
Quittant ses appartements, le professeur se figea pourtant en entendant des sons. Abigail était-elle déjà arrivée? Discrètement, il se glissa dans sa salle de classe, invisible aux yeux de la petite chanteuse, emmuré par les ombres du fond de la salle alors qu'il avait accès à l'étudiante dans un moment d'abandon. Le portrait qu'elle traçait était criant de différence avec celui qu'elle présentait au monde, et bien qu'il puisse y voir un écho de certaines de ses performances en sa compagnie, l'air cru, pur, presque féroce qui habitait la petite sorcière était si honnête qu'Evan se retint de rugir d'approbation, pour ne pas la déconcentrer et la laisser compléter sa pièce en toute tranquillité. Il malmènerait son propre piano pour se passer les nerfs plus tard. En attendant, il écoutait les sons synthétiques sortant de l'appareil de la jeune femme d'un air approbateur - très différent du style que le sorcier appréciait, mais son rôle de mentor était d'accompagner, pas d'imposer ... et il fallait admettre que les sons se mariaient parfaitement à la voix de la sorcière. Lorsque, enfin, la dernière note finit de faire vibrer l'air, Evan laissa enfin sortir son approbation. « Oui!!! » rugit le professeur, renversant une chaise dans son enthousiasme. Replaçant le meuble malmené, le professeur s'avança vers l'étudiante. « Pardon de l'entrée brusque - je ne voulais pas vous couper dans votre performance. Mais je réitère : c'était formidable ». Il s'installa à son piano - c'était devenu une habitude, lorsqu'il s'adressait à Abigail, de s'asseoir : sachant qu'il était aisé d'effrayer la jeune femme, il souhaitait ne pas exacerber la différence significative de grandeur entre eux, tentant de minimiser les facteurs d'intimidation. « Bonsoir, miss Dowell. Pardonnez-moi mon avance - j'avais l'intention de malmener mon piano un brin, et j'ai entendu votre voix ... Je n'ai pas pu résister », lui avoua-t-il en inclinant la tête vers elle, sans faire de gestes brusques. L'étudiante et lui étaient parvenus à trouver un semblant d'équilibre qui, sans être totalement à l'aise, fonctionnait bien. Evan poussait énormément sa pupille, qui s'améliorait visiblement - surtout depuis qu'elle s'était enfin débarrassée de sa grippe carabinée. Jetant un oeil à l'engin, le professeur le désigna d'un geste gracieux. « Puis-je? »
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Re: Bury it, and rise above [Evan]
Lun 4 Mar 2019 - 20:47
Je me perdais dans ma musique, mes paroles, mes notes, que j'avais moi-même assemblées pour donner ce morceau que j'avais moi-même composé. Seule échappatoire que j'avais trouvée pour le moment, j'essayais de le savourer totalement, parce que j'en avais besoin. Parce que sinon, j'allais me perdre. La mélodie m'emportant, je ne prenais plus attention à ce qui se passait autour de moi. J'étais submergée, j'étais quelqu'un d'autre. Celle qui aimait faire la fête, celle qui aimait rire, boire et se montrer au grand jour. Seconde personnalité que je cachais tant et si bien à longueur de journée.
Alors lorsque le silence revint, je n'eus même pas le temps de revenir à moi qu'un rugissement tonitruant me fit grimper aux rideaux. Sursautant en manquant de m'encoubler et de tomber, je pivotais vivement en direction de mon professeur de musique. Dans son élan, il bouscula une chaise, à l'instar des cuivres que j'avais fait tomber lors de notre première rencontre. Étrange écho de ce souvenir, j'enfonçais ma tête dans mes épaules en essayant de rassembler mes esprits, rougissant très clairement alors que j'accueillais les compliments de mon mentor. Tout était brusqué dans mon esprit, et je craignais de nouvelles représailles, pourtant, monsieur Wakefield vint prendre place au piano comme il avait coutume de le faire lorsque nous étions tous les deux.
En voyant cette simple attitude, comme s'il s'était volontairement placé dans un cercle qui me mettait en sécurité de son courroux, je réussissais à me détendre légèrement.
- C'est moi qui m'excuse monsieur Wakefield… je suis moi-même bien trop en avance, je n'aurai pas dû venir sans vous demander l'autorisation.
D'un air désolé, je le lorgnais un instant, lui et son piano. Si je n'avais pas eu l'audace de venir si tôt, sans doute mon professeur aurait-il pu se détendre. Même si ça aurait été au détriment de mes propres nerfs, ça n'avait pas d'importance. Moi, j'aurai pu attendre, peut-être pas lui.
- Je suis navrée.
Répétais-je alors. Regard fuyant, j'étais pourtant flattée et touchée qu'il ait pu apprécier à ce point ma prestation. J'étais assez naïve pour croire qu'il ne me mentait pas sur ce sujet puisque nous nous étions mis d'accord tous les deux. Pour qu'il m'apprenne sans détour et qu'il me pousse encore et encore. Cela ne me dérangeait pas, bien au contraire, j'avais besoin d'arriver aux paroxysmes de mon savoir pour m'améliorer, car ce n'était jamais assez.
Lorsqu'il désigna mon appareil, je l'attrapais et m'approchais sans décoller ma tête de mes épaules. Toutefois, mes pas n'étaient eux, pas hésitant, et je lui donnais alors mon petit synthétiseur. À l'instar d'un piano, celui-ci était entièrement électronique. D'abord un peu pantelante devant mon professeur, car j'ignorais s'il connaissait ce genre d'engin, je me risquais à reprendre la parole, timidement.
- Je l'ai reçu il y a des années, c'était un cadeau de mes parents. Ça m'a permis de composer moi-même, comme ce que j'ai chanté à l'instant. J'ai un peu moins le temps maintenant.
Au-dessus des touches il y avait divers boutons avec bien des légendes. À l'époque, j'avais passé beaucoup de temps pour maitriser l'appareil et enfin obtenir des rendus potables, mais ça m'avait passionnée. La preuve que la musique était quelque chose qui m'habitait et me traversait depuis bien longtemps, et que je ne pouvais toujours pas m'en passer. Surtout pas.
Ce que je me gardais bien de dire c'était qu'il y avait plusieurs autres compositions de ma plume enregistrées dans cet appareil.
Joignant mes mains devant moi, me balançant sensiblement de droite à gauche, je regardais mon enseignant.
- Que va-t-on travailler aujourd'hui ?
Tant que l'utilisation de ma baguette n'allait pas être requise, c'était parfait pour un cours de chant salutaire.
Alors lorsque le silence revint, je n'eus même pas le temps de revenir à moi qu'un rugissement tonitruant me fit grimper aux rideaux. Sursautant en manquant de m'encoubler et de tomber, je pivotais vivement en direction de mon professeur de musique. Dans son élan, il bouscula une chaise, à l'instar des cuivres que j'avais fait tomber lors de notre première rencontre. Étrange écho de ce souvenir, j'enfonçais ma tête dans mes épaules en essayant de rassembler mes esprits, rougissant très clairement alors que j'accueillais les compliments de mon mentor. Tout était brusqué dans mon esprit, et je craignais de nouvelles représailles, pourtant, monsieur Wakefield vint prendre place au piano comme il avait coutume de le faire lorsque nous étions tous les deux.
En voyant cette simple attitude, comme s'il s'était volontairement placé dans un cercle qui me mettait en sécurité de son courroux, je réussissais à me détendre légèrement.
- C'est moi qui m'excuse monsieur Wakefield… je suis moi-même bien trop en avance, je n'aurai pas dû venir sans vous demander l'autorisation.
D'un air désolé, je le lorgnais un instant, lui et son piano. Si je n'avais pas eu l'audace de venir si tôt, sans doute mon professeur aurait-il pu se détendre. Même si ça aurait été au détriment de mes propres nerfs, ça n'avait pas d'importance. Moi, j'aurai pu attendre, peut-être pas lui.
- Je suis navrée.
Répétais-je alors. Regard fuyant, j'étais pourtant flattée et touchée qu'il ait pu apprécier à ce point ma prestation. J'étais assez naïve pour croire qu'il ne me mentait pas sur ce sujet puisque nous nous étions mis d'accord tous les deux. Pour qu'il m'apprenne sans détour et qu'il me pousse encore et encore. Cela ne me dérangeait pas, bien au contraire, j'avais besoin d'arriver aux paroxysmes de mon savoir pour m'améliorer, car ce n'était jamais assez.
Lorsqu'il désigna mon appareil, je l'attrapais et m'approchais sans décoller ma tête de mes épaules. Toutefois, mes pas n'étaient eux, pas hésitant, et je lui donnais alors mon petit synthétiseur. À l'instar d'un piano, celui-ci était entièrement électronique. D'abord un peu pantelante devant mon professeur, car j'ignorais s'il connaissait ce genre d'engin, je me risquais à reprendre la parole, timidement.
- Je l'ai reçu il y a des années, c'était un cadeau de mes parents. Ça m'a permis de composer moi-même, comme ce que j'ai chanté à l'instant. J'ai un peu moins le temps maintenant.
Au-dessus des touches il y avait divers boutons avec bien des légendes. À l'époque, j'avais passé beaucoup de temps pour maitriser l'appareil et enfin obtenir des rendus potables, mais ça m'avait passionnée. La preuve que la musique était quelque chose qui m'habitait et me traversait depuis bien longtemps, et que je ne pouvais toujours pas m'en passer. Surtout pas.
Ce que je me gardais bien de dire c'était qu'il y avait plusieurs autres compositions de ma plume enregistrées dans cet appareil.
Joignant mes mains devant moi, me balançant sensiblement de droite à gauche, je regardais mon enseignant.
- Que va-t-on travailler aujourd'hui ?
Tant que l'utilisation de ma baguette n'allait pas être requise, c'était parfait pour un cours de chant salutaire.
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Re: Bury it, and rise above [Evan]
Mer 6 Mar 2019 - 14:27
Rugissement d'approbation - cette position tellement privilégiée qu'Evan occupait et chérissait, en tant que professeur. Il était si rare de voir l'évolution d'un artiste avant même qu'il ne se produise, comme une fleur éclosant timidement au printemps, protégée par les ombres des hautes herbes. Le professeur de musique se savait privilégié, surtout en raison de la discipline qu'il enseignait - l'art offrait une fenêtre sur les jardins les plus secrets et, bien que nullement voyeur, l'Écossais aimait y jeter un oeil. Ça y est Wakefield, encore eu l'air d'un viking, et elle va encore renverser tous les instruments. Le professeur vit son étudiante sursauter, et contint un petit rire - peu cruel, il demeurait moqueur et rieur, et la scène de leur rencontre au cours de laquelle il avait trouvé Abigail parmi ses cuivres malmenés lui revint en tête. Tranquillement, Evan s'installa au piano, assis. « C'est moi qui m'excuse monsieur Wakefield… je suis moi-même bien trop en avance, je n'aurai pas dû venir sans vous demander l'autorisation ». Evan laissa un petit silence planer, observant son étudiante le lorgner. « Je suis navrée ». Levant une main pour indiquer à Abigail qu'elle n'avait rien fait de mal, il désigna la pièce d'un geste. « Si les étudiants qui veulent se pratiquer dans mon humble salle de classe devaient constamment attendre ma permission pour le faire, j'aurais de graves problèmes de discipline », fit-il remarquer à la jeune femme, sourire ironique aux lèvres. Problèmes de discipline, moi? Allons donc. Inclinant légèrement la tête, il poursuivit, souhaitant rassurer la sorcière. « Il n'y a pas de quoi être navrée - croyez bien que si j'en ressentais un besoin criant, je n'aurais aucun problème à mettre tout étudiant perturbateur à la porte pour monopoliser mon piano et la salle de cours », compléta-t-il en haussant un sourcil, souhaitant être certain que l'Ethelred comprenne qu'il n'y avait pas de mal à venir se pratiquer même hors des heures fixées de leurs rendez-vous hebdomadaires.
S'intéressant désormais à l'instrument de l'étudiante, Evan lui demanda la permission de le voir. Trottinant jusqu'à lui, personnification de la gêne en une posture comique de tortue, Abigail lui tendit le synthétiseur, que le professeur observa alors qu'elle lui expliquait son origine. Sourcils froncés alors qu'elle parlait, Evan ferma le clapet du piano afin de poser le synthétiseur à sa place, se redressant davantage pour compenser pour la légère différence de hauteur. Tirant quelques notes électroniques distraites de l'instrument, un petit sourire s'accrocha à ses lèvres - les sons et l'instrument lui rappelaient des soirées à Londres chez des musiciens moldus. Sans le faire exprès, le professeur accrocha une touche qui modifia considérablement le genre de sons tirés, et il rit comme un aventurier émerveillé découvrant un trésor secret. Le professeur en tira de petites notes simples, rythmées, pour en saisir les capacités. Se tournant à nouveau vers l'étudiante, il reprit la parole. « Vous me rappelez de bons souvenirs sans le savoir, Abigail », mentionna-t-il en souriant d'un air affable et légèrement mélancolique. « Mais mes amis musiciens moldus n'avaient pas l'avantage non-négligeable de pouvoir modifier les leurs à l'aide de la magie », ajouta-t-il en lui adressant un clin d'oeil, comprenant que l'étudiante l'avait modifié elle-même ou avec l'aide de quelqu'un, selon ses propres forces en matière de sortilèges et enchantements. La jeune femme adopta une posture d'enfant sage, mains jointes. « Que va-t-on travailler aujourd'hui ? » Evan fit basculer ses pieds pour enfourcher son banc de piano et faire face à l'étudiante. « Je pensais vous apprendre quelque chose de secret, aujourd'hui. Je vous avoue que ça n'a aucun rapport direct avec le chant, mais c'est une technique que j'ai mise à jour lors de mes propres études et qui pourrait vous intéresser ». Enthousiaste, Evan se releva, indiquant à Abigail de le suivre vers l'arrière de la salle. Manipulant un point précis des fioritures ornant le mur, Evan révéla une armoire secrète qu'il ouvrit, révélant aux yeux de l'étudiante un ensemble de potions. L'armoire avait tout à envier à la professeure Skinner, mais le sorcier n'était pas un maître potionniste, et ses potions suivaient un but précis : celui de réguler l'atmosphère de la salle de musique par un système mêlant concoctions et sortilèges.
Cette technique n'était plus connue de façon courante, mais, lors de son parcours universitaire, Evan avait approché son professeur de potions pour tenter l'expérience dans la salle de musique. Après plusieurs ratés, l'étudiant était pourtant parvenu à contrôler la densité de l'air de la salle, y créant un micro-climat qu'il contrôlait selon quels instruments avaient à être mis en valeur lors des concerts de la chorale et des étudiants de musique. Après son départ et celui du professeur de potions, il n'y avait toutefois plus eu de sorcier connaissant les techniques requises, aussi la salle en était revenue à son point de départ. Depuis son retour en tant que professeur désormais, Evan avait remis ce système en place discrètement - mais ayant perdu l'habitude de ce complexe enchevêtrement d'alchimie, de sortilèges et de sensibilité musicale, il arrivait encore parfois qu'il doive ajuster les niveaux de densité en catastrophe, de peur qu'un cor français ne défonce les tympans des étudiants présents. « Par le biais de certaines de ces potions, de sortilèges et de mes propres besoins musicaux, j'ajuste les niveaux d'humidité de la salle pour mettre en valeur certaines vibrations plus que d'autres », expliqua sommairement Evan à Abigail. Refermant l'armoire, il invita la jeune femme à prendre place dans l'un des cubicules de répétition insonorisés attenant à la salle de musique. L'endroit était bien assez grand pour qu'ils s'y tiennent tous deux confortablement, et assis, mais le sorcier eut une fois de plus une conscience aiguë de sa propre présence imposante, et tenta de prendre le moins d'espace possible pour ne pas se retrouver avec une étudiante plus nerveuse qu'il le fallait. « Sans nécessairement vous faire réaliser ce genre de sortilèges, puisque cela nécessiterait un apprentissage plus long, nous allons exercer votre voix dans des contextes où la densité de l'air varie, mais je ne veux pas risquer d'abîmer mes pauvres cuivres ... donc ce cubicule nous sera utile ce soir ». Désignant les mains d'Abigail d'un petit mouvement de tête, sous-entendant l'usage de sa baguette, le sorcier sourit. « Un sort de climat devrait suffire - pensez ... forêt humide », dit-il d'un ton affable, sachant qu'il ne s'agissait pas d'un sortilège difficile à réaliser - certains parvenaient même à l'université en ayant déjà touché aux sorts de régulation climatique à Poudlard, donc pour une étudiante de 9e année, le sort devrait être simple comme bonjour.
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Jeu 7 Mar 2019 - 19:25
Je ne mettais aucunement en doute les paroles de mon professeur quant à la disponibilité de la salle. Ainsi, il ne me venait même pas à l'esprit d'essayer de le contredire, me contentant d'un simple hochement de tête, rassérénée de ne pas l'avoir dérangé davantage. Au moins, il avait pu constater de mon talent musical lorsque j'étais seule. Cette partie de moi que j'avais tant de mal à libérer lorsque j'étais en sa présence, car pas encore totalement en confiance pour y parvenir. A présent, j'avais la certitude que je pouvais venir à mes heures perdues dès que j'en ressentais le besoin, je n'allais pas me faire crier dessus. Enfin oui. Mais pas dans le sens punitif. Enfin, j'avais la naïveté de le croire en tout cas.
Alors, je laissais le professeur roux s'amuser avec mon synthétiseur magiquement modifié. Ce vague à l'âme que je pouvais percevoir vint profondément me toucher. Au-delà d'être un musicien de renom, il était clair et net que monsieur Wakefield était au fond quelqu'un de sensible et qui ne savait s'exprimer véritablement que par les notes et la composition. C'était quelque chose que je comprenais, et à laquelle je m'identifiais, car à cet instant précis, je me sentais proche de l'enseignant comme jamais auparavant. C'était comme la musique faisait écho entre nos deux corps, et que nous nous mettions à vibrer à l'unisson pour les même tonalités et les mêmes accords. Pourtant, nous étions deux vagues de son bien distinctes. Comme quoi, il était possible de s'accorder sur un désaccord. Je me surprenais à me questionner sur l'homme penché au-dessus de mon clavier synthétique. Sous ces boucles rousses et ce sourire enjôleur, qu'est-ce qui pouvait bien se cacher comme douleurs ? En dehors de gênantes cicatrices faites par un oiseau de proie ?
Et derrière une personne comme moi, quels lourds secrets pouvaient être cachés ? Moi si petite, menue et à l'air fragile, pouvait-on soupçonner la rencontre d'un loup-garou qui avait failli me coûter la vie ? Pouvait-on soupçonner tous les traumatismes engendrés ? Pouvait-on soupçonner les responsabilités qui pesaient sur mes fines épaules ?
Je me plaisais à croire que non, mais c'était peut-être bien utopique.
Curieuse par les mystères que faisaient le professeur, je le suivais docilement jusqu'à la petite pièce secrète, continuant de me questionner sur sa personne. Une fois mes yeux posés sur les fioles, j'avais bien du mal à m'en détourner. Voilà donc l'explication de cette exceptionnelle acoustique qui régnait dans cette salle. J'en étais bluffée, et sans doute était-ce visible par mes petits yeux arrondis sur mon visage d'adolescente. Effectivement, ça n'avait pas de lien direct avec le chant, toutefois, je buvais toutes les paroles de mon enseignant avec le plus grand des respects. Je me doutais qu'il ne confiait pas ce secret à n'importe qui ou à tout le monde. Voilà pourquoi j'étais touchée, et que je me sentais si concerné. J'avais à présent un nouveau devoir qui vint rajouter du poids sur mon être, et qui m'enfonçait davantage en terre. Bientôt, j'allais sans doute pouvoir creuser ma tombe. Néanmoins, je restais religieusement silencieuse, écoutant avec une attention toute particulière ce que l'homme était en train de m'enseigner.
C'était sans nul doute un équilibre fragile à trouver pour atteindre la sonorité désirée dans une pièce aussi vaste que celle de la salle de musique. Les talents de l'écossais ne se résumaient donc pas uniquement à la musique, et bien que je m'en doutais, cela ne faisait que renforcer le respect et l'admiration que je commençais à acquérir à son égard.
- C'est extraordinaire…
Clignant des yeux alors qu'il refermait l'armoire, je le suivais à nouveau jusqu'à l'un des cubicules insonorisés, prenant calmement place contre l'un des murs, m'assurant alors de tenir convenablement mon dos droit. Intriguée, les yeux toujours arrondis comme des soucoupes, je venais à comprendre où voulais en arriver mon professeur avec ces dernières explications.
D'un geste imitant celui d'un sursaut, j'enfonçais ma tête dans mes épaules alors qu'il mentionnait encore une fois les cuivres que j'avais malmenés. Décidément, cette histoire allait sans doute me suivre jusqu'à la fin de mes études, et peut-être même au-delà. Cependant, même si je comprenais l'intention de plaisanterie qui se cachait derrière ces mots, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une forme extrême d'angoisse et de responsabilité. Mon souffle en fut coupé l'espace de quelques instants. Fort heureusement que la pièce était fermée, car je craignais véritablement un accident, surtout que je devais utiliser ma baguette…
C'était bien ma veine, me voilà dans l'un des rares cours où il ne m'était pas indispensable d'avoir mon instrument magique avec moi, et le hasard, qui aimait tant s'acharner sur moi depuis juin, fit que je devais m'en servir.
Toute hésitante que j'étais, j'en vins à dégainer ma baguette légèrement rosée, sa forme rappelant l'aile d'un dragon. À constater à quel point nous étions destinées l'une l'autre toutes les deux. Toutefois, même si le sortilège demandé n'avait rien d'extraordinaire, je le connaissais depuis de nombreuses années, je craignais un accident. Me mordant la lèvre, je réfléchissais s'il était vraiment sage pour moi d'obéir aux ordres, ou de m'exécuter avec une baguette que je ne contrôlais plus dans sa totalité. Posant alors un instant mon regard foncé sur ce professeur à l'air si enthousiaste, je décidais d'essayer de faire un effort. Après tout, je réussissais à exécuter des sortilèges bien plus difficiles avec ma baguette. Celui du patronus par exemple… Mais c'était sans compter la concentration qui m'était demandée. Concentration que je n'avais pas présentement.
Nerveuse, j'agitais ma baguette pour effectuer mon sort. Et ce fut le drame. Pour une forêt humide, ça l'était, puisque c'était un véritable orage déchaîné qui vint nous tomber sur la tête, nous détrempant en une fraction de seconde. Il y avait même le bruissement du tonnerre qui vint accompagner le tout alors que je sentais déjà l'eau s'accumuler sur le sol. Insonorisé et étanche avec ça.
Paniquée, je me redressais sur mes jambes en essayant d'interrompre le sortilège, mais ce fut un éclair qui jailli de ma baguette pour strier le cubicule, m'aveuglant pendant plusieurs secondes.
Putain de merde, à l'aide… !
Il me fallut plusieurs secondes supplémentaires pour retrouver mon calme et agiter une troisième fois ma baguette pour tout interrompre. Le calme revenu dans la petite pièce, je constatais les dégâts, les dents serrées et l'air horrifiée. Les murs dégoulinaient d'eau, le sol était détrempé par deux bons centimètres, le cubicule s'étant momentanément transformé en une petite pataugeoire. Et en son centre, mon pauvre monsieur Wakefield qui ressemblait à présent davantage à une serpillière qu'on aurait oubliée dans un sceau qu'à un fringant professeur de musique.
- Ho… mince… désolée, désolée, désolée, désolée, désolée …
Alors, je laissais le professeur roux s'amuser avec mon synthétiseur magiquement modifié. Ce vague à l'âme que je pouvais percevoir vint profondément me toucher. Au-delà d'être un musicien de renom, il était clair et net que monsieur Wakefield était au fond quelqu'un de sensible et qui ne savait s'exprimer véritablement que par les notes et la composition. C'était quelque chose que je comprenais, et à laquelle je m'identifiais, car à cet instant précis, je me sentais proche de l'enseignant comme jamais auparavant. C'était comme la musique faisait écho entre nos deux corps, et que nous nous mettions à vibrer à l'unisson pour les même tonalités et les mêmes accords. Pourtant, nous étions deux vagues de son bien distinctes. Comme quoi, il était possible de s'accorder sur un désaccord. Je me surprenais à me questionner sur l'homme penché au-dessus de mon clavier synthétique. Sous ces boucles rousses et ce sourire enjôleur, qu'est-ce qui pouvait bien se cacher comme douleurs ? En dehors de gênantes cicatrices faites par un oiseau de proie ?
Et derrière une personne comme moi, quels lourds secrets pouvaient être cachés ? Moi si petite, menue et à l'air fragile, pouvait-on soupçonner la rencontre d'un loup-garou qui avait failli me coûter la vie ? Pouvait-on soupçonner tous les traumatismes engendrés ? Pouvait-on soupçonner les responsabilités qui pesaient sur mes fines épaules ?
Je me plaisais à croire que non, mais c'était peut-être bien utopique.
Curieuse par les mystères que faisaient le professeur, je le suivais docilement jusqu'à la petite pièce secrète, continuant de me questionner sur sa personne. Une fois mes yeux posés sur les fioles, j'avais bien du mal à m'en détourner. Voilà donc l'explication de cette exceptionnelle acoustique qui régnait dans cette salle. J'en étais bluffée, et sans doute était-ce visible par mes petits yeux arrondis sur mon visage d'adolescente. Effectivement, ça n'avait pas de lien direct avec le chant, toutefois, je buvais toutes les paroles de mon enseignant avec le plus grand des respects. Je me doutais qu'il ne confiait pas ce secret à n'importe qui ou à tout le monde. Voilà pourquoi j'étais touchée, et que je me sentais si concerné. J'avais à présent un nouveau devoir qui vint rajouter du poids sur mon être, et qui m'enfonçait davantage en terre. Bientôt, j'allais sans doute pouvoir creuser ma tombe. Néanmoins, je restais religieusement silencieuse, écoutant avec une attention toute particulière ce que l'homme était en train de m'enseigner.
C'était sans nul doute un équilibre fragile à trouver pour atteindre la sonorité désirée dans une pièce aussi vaste que celle de la salle de musique. Les talents de l'écossais ne se résumaient donc pas uniquement à la musique, et bien que je m'en doutais, cela ne faisait que renforcer le respect et l'admiration que je commençais à acquérir à son égard.
- C'est extraordinaire…
Clignant des yeux alors qu'il refermait l'armoire, je le suivais à nouveau jusqu'à l'un des cubicules insonorisés, prenant calmement place contre l'un des murs, m'assurant alors de tenir convenablement mon dos droit. Intriguée, les yeux toujours arrondis comme des soucoupes, je venais à comprendre où voulais en arriver mon professeur avec ces dernières explications.
D'un geste imitant celui d'un sursaut, j'enfonçais ma tête dans mes épaules alors qu'il mentionnait encore une fois les cuivres que j'avais malmenés. Décidément, cette histoire allait sans doute me suivre jusqu'à la fin de mes études, et peut-être même au-delà. Cependant, même si je comprenais l'intention de plaisanterie qui se cachait derrière ces mots, je ne pouvais m'empêcher de ressentir une forme extrême d'angoisse et de responsabilité. Mon souffle en fut coupé l'espace de quelques instants. Fort heureusement que la pièce était fermée, car je craignais véritablement un accident, surtout que je devais utiliser ma baguette…
C'était bien ma veine, me voilà dans l'un des rares cours où il ne m'était pas indispensable d'avoir mon instrument magique avec moi, et le hasard, qui aimait tant s'acharner sur moi depuis juin, fit que je devais m'en servir.
Toute hésitante que j'étais, j'en vins à dégainer ma baguette légèrement rosée, sa forme rappelant l'aile d'un dragon. À constater à quel point nous étions destinées l'une l'autre toutes les deux. Toutefois, même si le sortilège demandé n'avait rien d'extraordinaire, je le connaissais depuis de nombreuses années, je craignais un accident. Me mordant la lèvre, je réfléchissais s'il était vraiment sage pour moi d'obéir aux ordres, ou de m'exécuter avec une baguette que je ne contrôlais plus dans sa totalité. Posant alors un instant mon regard foncé sur ce professeur à l'air si enthousiaste, je décidais d'essayer de faire un effort. Après tout, je réussissais à exécuter des sortilèges bien plus difficiles avec ma baguette. Celui du patronus par exemple… Mais c'était sans compter la concentration qui m'était demandée. Concentration que je n'avais pas présentement.
Nerveuse, j'agitais ma baguette pour effectuer mon sort. Et ce fut le drame. Pour une forêt humide, ça l'était, puisque c'était un véritable orage déchaîné qui vint nous tomber sur la tête, nous détrempant en une fraction de seconde. Il y avait même le bruissement du tonnerre qui vint accompagner le tout alors que je sentais déjà l'eau s'accumuler sur le sol. Insonorisé et étanche avec ça.
Paniquée, je me redressais sur mes jambes en essayant d'interrompre le sortilège, mais ce fut un éclair qui jailli de ma baguette pour strier le cubicule, m'aveuglant pendant plusieurs secondes.
Putain de merde, à l'aide… !
Il me fallut plusieurs secondes supplémentaires pour retrouver mon calme et agiter une troisième fois ma baguette pour tout interrompre. Le calme revenu dans la petite pièce, je constatais les dégâts, les dents serrées et l'air horrifiée. Les murs dégoulinaient d'eau, le sol était détrempé par deux bons centimètres, le cubicule s'étant momentanément transformé en une petite pataugeoire. Et en son centre, mon pauvre monsieur Wakefield qui ressemblait à présent davantage à une serpillière qu'on aurait oubliée dans un sceau qu'à un fringant professeur de musique.
- Ho… mince… désolée, désolée, désolée, désolée, désolée …
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Ven 8 Mar 2019 - 17:48
Satisfait de constater qu'Abigail suivait ses explications, mais surtout, qu'elle semblait saisir l'ampleur de l'ensemble complexe permettant à la salle d'être caractérisée par une acoustique aussi impressionnante, Evan avait refermé l'armoire aux potions atmosphériques pour se diriger vers un cubicule avec Abigail, ne voulant pas risquer l'intégrité de sa salle de classe - qu'il partageait, après tout, avec le professeur de théâtre qui était déjà bien patient envers les frasques de son collègue. Le professeur de musique se permit une référence légère aux fameux cuivres, mais vit que l'étudiante se renfrogna à cette mention - culpabilisation extrême, noté. Tranquillement, comme on demanderait à quelqu'un de nous tenir une porte, il indiqua à Abigail de jeter un sortilège régulateur de climat dans la salle, mais vit immédiatement que sa demande pourtant si simple tracassait l'étudiante. Sans être particulièrement cruel, Evan demeurait pourtant quelqu'un qui aimait pousser les gens hors de leur zone de confort, et si Abigail était mal à l'aise, diables, il faudrait bien qu'elle se décide à le lui avouer. En attendant, son mentor musical la laisserait baigner dans son malaise, priant qu'un jour, la grise s'ouvrirait - à lui, à autrui, peu importait, au final. Suivant du regard la baguette, Evan observa la jeune femme se mordre une lèvre avant de lui jeter un coup d'oeil, comme si elle attendait une réaction de sa part et, souriant, il se contenta d'attendre qu'elle s'exécute.
Et quelle exécution.
Craquement de tonnerre dans la pièce, micro-climat tu parles, il s'agissait plutôt d'un micro-ouragan déchaîné par les bons soins de la sorcière, dont la baguette produisit un éclair avant qu'elle ne parvienne enfin à faire disparaître l'orage. « Ho… mince… désolée, désolée, désolée, désolée, désolée … » Evan jeta un regard à la pièce - ils avaient tous deux l'air de chiens mouillés, les pieds dans l'eau, avant de laisser échapper un gloussement amusé par la situation. Il tira sa propre baguette d'une de ses poches et, d'un mouvement gracieux, fit disparaître l'eau de la salle, remerciant le ciel d'avoir demandé à Abigail de passer dans un cubicule plutôt que de s'exécuter dans sa salle de classe. Le professeur s'occuperait des moulures malmenées plus tard. En attendant, Evan essora l'eau imbibant leurs tenues mutuelles à l'aide d'un sortilège. « Bon je vous avoue que quand j'ai dit tropical, je pensais à l'air, pas à une tempête, mais enfin ... » Le pianiste invita sa protégée à quitter le cubicule - tant pis, ils tenteraient l'expérience une prochaine fois. Se souvenant des réactions épidermiques d'Abigail chaque fois qu'il faisait une plaisanterie au sujet de ses maladresses, Evan prit un instant pour la regarder dans les yeux. « Il n'y a pas de mal, miss Dowell, tout est rentré dans l'ordre, ne culpabilisez pas ». Chez lui, les plaisanteries servaient à désamorcer les situations, mais elles semblaient ne constituer que de nouvelles enclumes contre lesquelles Abigail s'aplatissait. Regardant la baguette de l'étudiante, il la désigna d'un regard. « Avez-vous des soucis avec votre baguette, dites-moi? » Evan connaissait quelques anecdotes de sorciers ayant eu du mal à se lier à leur baguette à nouveau et, considérant une soirée bien particulière dans cette même pièce en compagnie de la jeune femme, il n'avait pas besoin de deviner quel était le problème - mais le professeur laisserait le loisir à l'étudiante de lui expliquer son étendue. Il s'installa à nouveau à son piano, attendant que l'Ethelred lui parle de la situation, une expression patiente et affable au visage. Peut-être cette anecdote leur permettrait-elle enfin d'accéder au lien de confiance qui semblait tellement nécessaire à l'épanouissement musical d'Abigail - s'ils pouvaient faire d'une pierre, deux coups, en traitant de sa baguette et, du même coup, améliorer ses performances musicales, le professeur s'en réjouirait. Compassion dans le regard. Courage, Abigail.
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Sam 9 Mar 2019 - 22:31
Dans un sens, j'avais de la chance que monsieur Wakefield soit le genre de professeur qui ne semblait pas prendre grand-chose au sérieux. Après la surprise passée de mon fiasco, je le voyais glousser avant de dégainer sa baguette pour arranger rapidement la situation. À l'instar d'une tortue, je gardais la tête enfoncée dans mes épaules, les bras ramenés contre ma poitrine, ma baguette logée dans mon cou. Figée, comme tétanisée, les dents serrées, j'avais du mal à relativiser malgré l'amusement que je voyais chez mon professeur. Je n'aimais pas être maladroite à ce point, pourtant il semblerait que des fois ma mauvaise étoile adorait me pourrir la vie. Décidément, monsieur Wakefield semblait être abonné à cette fameuse mauvaise étoile.
Accompagnant le professeur à l'extérieur du cubicule, j'en vins à être surprise du changement de température que je ressentais en retrouvant la grande salle de cours, et un frisson vint me parcourir l'échine avec violence. Avec gentillesse, l'écossais essayait de me rasséréné, ce qui eut pour effet de me détendre un tantinet. Évidemment, je m'en voulais fortement, comportement interne visible parce que je me pinçais nerveusement les lèvres et je ne desserrais pas la tête de mes épaules. Alors… sa question était légitime, et je me devais d'être sincère avec lui. Un long soupir traversa mes narines, ayant pour effet de décontracter mes muscles, révélant alors à nouveau mon cou.
- Et bien… c'est en rapport avec mon accident… en juin… avançant mes mains devant moi, j'observais ma baguette rosée ainsi exposée. Elle a un poil de loup-garou en son cœur et… enfin, c'est peut-être idiot mais depuis, j'ai du mal à m'en servir. Timidement et confuse, je lui lançais un regard rapide. Je suis navrée, j'aurai dû vous prévenir plus tôt…
Faisant tournoyer ma baguette entre mes doigts, je la lui tendais pour qu'il puisse l'attraper s'il le désirait. Dans mon malheur, j'avais de la chance, et je me devais d'être plus précise. Trépignant légèrement sur mes pieds de droite à gauche, je reprenais sans me dépêtrer de ma nervosité.
- On m'a beaucoup suggéré de m'en débarrasser et d'en prendre une nouvelle mais je n'en ai aucune envie, je ne trouve pas ça correct et… Enfin, regardez sa forme… elle était faite pour moi… nerveuse, je passais ma main derrière ma nuque. Elle est faite en bois de Pin Sylvestre, connu pour s'adapter aux changements de son sorcier… mais malgré ça, je fais un blocage psychologique sévère, même si ça va mieux depuis l'accident.
Car oui, au départ je ne pouvais même plus la tenir dans mes mains tant j'étais effrayée par une pseudo invocation de mon agresseur. Aujourd'hui, je pouvais la dégainer sans problème, mais le problème résidait dans l'exécution des sortilèges, monsieur Wakefield venait d'en faire les frais. Souvent, j'avais l'impression d'avoir à nouveau onze ans, de me retrouver à nouveau à Poudlard, avec une baguette et une magie que je maitrisais mal. S'était lassant… et surtout extrêmement handicapant pour mes examens de D.E.F.I.S à venir. J'étais très angoissée à cette idée, un an et demi à l'avance.
Encore une fois j'osais poser mon regard brun foncé sur le roux.
- Je suis navrée, je vous aiderai bien à tout arranger mais … j'ai peur de faire pire...
Accompagnant le professeur à l'extérieur du cubicule, j'en vins à être surprise du changement de température que je ressentais en retrouvant la grande salle de cours, et un frisson vint me parcourir l'échine avec violence. Avec gentillesse, l'écossais essayait de me rasséréné, ce qui eut pour effet de me détendre un tantinet. Évidemment, je m'en voulais fortement, comportement interne visible parce que je me pinçais nerveusement les lèvres et je ne desserrais pas la tête de mes épaules. Alors… sa question était légitime, et je me devais d'être sincère avec lui. Un long soupir traversa mes narines, ayant pour effet de décontracter mes muscles, révélant alors à nouveau mon cou.
- Et bien… c'est en rapport avec mon accident… en juin… avançant mes mains devant moi, j'observais ma baguette rosée ainsi exposée. Elle a un poil de loup-garou en son cœur et… enfin, c'est peut-être idiot mais depuis, j'ai du mal à m'en servir. Timidement et confuse, je lui lançais un regard rapide. Je suis navrée, j'aurai dû vous prévenir plus tôt…
Faisant tournoyer ma baguette entre mes doigts, je la lui tendais pour qu'il puisse l'attraper s'il le désirait. Dans mon malheur, j'avais de la chance, et je me devais d'être plus précise. Trépignant légèrement sur mes pieds de droite à gauche, je reprenais sans me dépêtrer de ma nervosité.
- On m'a beaucoup suggéré de m'en débarrasser et d'en prendre une nouvelle mais je n'en ai aucune envie, je ne trouve pas ça correct et… Enfin, regardez sa forme… elle était faite pour moi… nerveuse, je passais ma main derrière ma nuque. Elle est faite en bois de Pin Sylvestre, connu pour s'adapter aux changements de son sorcier… mais malgré ça, je fais un blocage psychologique sévère, même si ça va mieux depuis l'accident.
Car oui, au départ je ne pouvais même plus la tenir dans mes mains tant j'étais effrayée par une pseudo invocation de mon agresseur. Aujourd'hui, je pouvais la dégainer sans problème, mais le problème résidait dans l'exécution des sortilèges, monsieur Wakefield venait d'en faire les frais. Souvent, j'avais l'impression d'avoir à nouveau onze ans, de me retrouver à nouveau à Poudlard, avec une baguette et une magie que je maitrisais mal. S'était lassant… et surtout extrêmement handicapant pour mes examens de D.E.F.I.S à venir. J'étais très angoissée à cette idée, un an et demi à l'avance.
Encore une fois j'osais poser mon regard brun foncé sur le roux.
- Je suis navrée, je vous aiderai bien à tout arranger mais … j'ai peur de faire pire...
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Sam 16 Mar 2019 - 2:10
Baguette tendue, Abigail confirmait à son enseignant qu'il avait eu raison de soupçonner un lien entre l'attaque que l'Ethelred avait subie en juin et son inconfort en matière magique. Le professeur l'écoutait, mais son attention visuelle était fichée sur l'objet magique tendu par la jeune femme. Délicate, la baguette était de couleur légèrement rosée et son manche ressemblait distinctement à une aile de dragon. Poil de loup garou en son coeur, comme celle d'Evan - le coeur de la baguette aurait-il fait écho à l'attaque du lycan sur Abigail, en juin? « Je suis navrée, j'aurai dû vous prévenir plus tôt… » D'un geste rapide, Evan lui fit signe que ce n'était rien. « Des moulures, ça se remplace, ne vous tracassez pas avec ça », dit-il, accompagnant le geste par la parole, laissant la jeune femme poursuivre son explication, lui révélant que plusieurs lui avaient recommandé de se débarasser de sa baguette. Un sourire léger orna les lèvres d'Evan lorsque l'étudiante fit expressément référence à la forme de l'instrument. « Elle est faite en bois de Pin Sylvestre, connu pour s'adapter aux changements de son sorcier… mais malgré ça, je fais un blocage psychologique sévère, même si ça va mieux depuis l'accident ». Regard soucieux, Evan se permit tout de même une petite remarque amusée. « Toujours les dragons, avec vous, Abigail », fit remarquer le professeur - bien sûr qu'elle était la mieux placée pour le savoir, mais la pensée amusait grandement l'Écossais. Comme si toute la réalité obstinée de la jeune femme ne la faisait tendre que vers ce but ultime - peut-être le mentor et sa protégée etaient-ils moins différents qu'il ne l'auraient paru au premier abord.
« Je suis navrée, je vous aiderai bien à tout arranger mais … j'ai peur de faire pire... » Instinctivement, Evan aurait volontiers fait une blague en référence à la çatastrophe imminente, mais il doutait que son étudiante aux nerfs fragiles puisse le supporter - s'il faisait une autre blague, peut-être s'en voudrait-elle encore au moment de sa retraite. « Pas de souci - je dois bien prouver aux médisants que je sais me servir de ma baguette, malgré ma profession », lui fit remarquer le professeur avec un clin d'oeil léger et un sourire rempli de gentillesse. L'Écossais géant tira sa propre baguette de sa poche, son regard passant de son propre instrument à celui d'Abgail. Sa baguette était à son image - grande, élégante, d'une souplesse surprenante pour sa longueur.
« La mienne est en bois de cèdre », expliqua le sorcier à la jeune femme, incertain de la nécessité de lui préciser les propriétés de ce bois particulier. Attaché aux sorciers caractérisés par une loyauté et une grande force de caractère, et surtout, les sorciers perspicaces comme l'était Evan ... sauf lorsqu'il était question de perspicacité émotionnelle. Sourcils froncés, le sorcier ajouta toutefois, réalisant le point commun entre leurs baguettes : « elle a également un poil de loup garou en son coeur - idéal pour la métamorphose, comme vous le savez ». La jeune femme ne lui avait-elle pas révélé être un animagus, elle aussi, lors de leur dernière séance de retenue? Dans le cas d'Evan, l'effet du coeur n'avait fait qu'accentuer son potentiel - présentant un véritable don pour la métamorphose, le sorcier avait été placé dans des classes de métamorphose de 3e année dès sa première année d'études. « Je ne suis pas un spécialiste des baguettes, loin de là ... Cléo- ahem, la professeure Amonwë serait bien mieux placée que moi en la matière » - son ancienne binôme de métamorphose avait, après tout, réussi son doctorat de sciences occultes avec brio et, si elle s'était destinée à l'arithmancie, aurait probablement pu éclairer la chandelle d'Abigail avec bien plus d'efficacité qu'Evan. Sourcils froncés, il se passa une main sur le visage pour tenter d'éclaircir ses idées. « Enfin, je ne vais pas vous laisser ainsi ... Bon. Nous avons établi que les catastrophes dans ma salle de classe ne me gênent pas », commença le professeur de musique, réfléchissant à voix haute. « mais si vous devez me blesser, ne visez pas le visage je vous prie Abigail, il n'y a que lui qui n'est pas traversé de cicatrices à présent », dit-il à la blague, avec une simplicité désarmante, bouquet de mots lancés à son public. Assis sur son banc de piano, le pianiste réfléchissait et, comme souvent lorsqu'il devait faire agir ses méninges, il pianota une ou deux notes distraites. Le son de l'instrument lui donna une idée et, traversé d'un éclair d'inspiration, il se poussa pour n'occuper que la moitié du banc, faisant place à Abigail. Sans se tourner vers elle, il tapota simplement la place libérée pour qu'elle s'installe près de lui, espérant que le fait qu'il ne la regarde pas l'encourage à s'approcher. Les doigts déliés sur les touches du piano, il osait croire qu'Abigail comprendrait où il venait en venir. S'ils devaient travailler la confiance de la jeune femme envers son instrument, ils devraient travailler leur confiance entre eux d'abord - et nul instrument n'était mieux accordé que le piano pour encadrer l'harmonie entre quatre mains, deux âmes. « Je vous suis », dit-il simplement, laissant à la jeune femme le loisir de donner le rythme - on n'était pas un pianiste de renom depuis une décennie sans être capable de suivre la mélodie d'un autre à l'improviste.
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Jeu 21 Mar 2019 - 20:56
Puisqu'il me demandait de ne pas me tracasser pour ce qui venait d'arriver, alors j'essayais de ne pas me faire trop de soucis. Je commençais à connaître l'enseignant et j'avais la prétention de croire qu'il était plutôt homme de parole. Ainsi, s'il disait qu'il ne m'en voulait pas, j'essayais de lui faire confiance, le lui signifiant d'un léger hochement de tête, non sans rougir à sa remarque suivante, le regard un peu fuyant avec un léger sourire aux lèvres.
Les dragons, toujours les dragons, oui. C'était ma croix, comme celle de quelqu'un d'autre pouvait être la musique ou une toute autre obsession. Après tout, aucune n'était ridicule puisqu'elles venaient toutes du cœur. La dragonologie c'était bien la seule chose dans ma vie qui prenait toute mon obsession et pour laquelle je ne m'étais jamais excusée. Je pouvais chercher à me faire pardonner de prendre de la place dans une pièce, de ne pas être invisible, mais jamais d'aimer les dragons comme je les admirais.
Néanmoins il semblait avoir vu de l'inquiétude et de la compassion dans le regard de mon professeur. Étions-nous plus semblable qu'il n'y paraissait ? Peut-être, même si je n'en avais aucune certitude. Qui plus est, monsieur Wakefield était adulte, majeur et vacciné, je n'avais pas à me mêler de sa vie privée. Après tout, ce n'était pas mon rôle d'élève de le faire, j'avais tout de même un respect hiérarchique à respecter, comme je l'avais toujours fait… enfin… presque toujours.
Essayant de ne pas trop river mes pensées sur le premier amour de ma vie, je m'osais à un nouveau sourire à mon professeur qui s'essayait à une plaisanterie. Venant de moi, je n'aurai jamais osé médire concernant ses talents en Sortilèges, car je ne doutais de toute façon pas de ses capacités. Même si en musique les sortilèges ne sont peut-être pas primordiaux, il n'empêchait qu'avoir accès au statut de professeur d'Hungcalf demandait un certain savoir, pour sûr.
Comme s'il joignait le geste à la parole, je le voyais dégainer sa propre baguette. Mon regard brun foncé s'attarda un instant à sa contemplation, ce qui ne m'empêchait toutefois pas de l'écouter avec attention. Contrairement à la plupart des gens, je n'avais pas besoin d'observer dans les yeux mes interlocuteurs pour y être parfaitement attentive.
Ainsi, il me suggérait d'aller à la rencontre d'un professeur, toutefois, j'estimais avoir déjà bien assez d'aide concernant ma baguette, je ne voulais pas encore mêler une personne de plus. Toutefois, je retenais l'information au cas où en effet un jour j'en ressentirais l'utilité et le besoin. Toutefois, je ne pouvais m'empêcher d'enfoncer ma tête dans mes épaules lorsqu'il me précisa de ne pas pointer ma baguette vers son visage. Rougissant une nouvelle fois, je détournais le regard, gênée, mais pas intimidée.
- Je verrai, concernant le professeur Amonwë… j'ai déjà de l'aide, je voudrais éviter de trop… mêler de gens à cela… j'ai peur de me perdre sinon. Et je ferai attention je vous le promets. De toute façon, ce n'est pas mon genre de pointer ma baguette de la sorte…
Et c'était vrai. En réalité, je ne la sortais que très peu de son étui, même lorsque j'en avais la parfaite maitrise. J'abhorrais la violence sous toutes ses formes et ce n'était donc pas dans ma nature que de chercher le défi ou à pointer ma baguette contre untel pour lui faire quoique ce soit. Je n'étais pas sans savoir que malgré les nombreux effets curatifs, la baguette pouvait être considérée comme une arme, et lorsqu'on se présentait menaçant d'une quelconque façon, les ennuis allaient forcément arriver. Et les ennuis… j'en avais déjà bien trop en ce moment, je ne voulais pas en plus en attirer davantage à moi.
Le voyant se reculer sur son banc pour me laisser la moitié de la place, je n'hésitais pas bien longtemps avant de venir m'installer à côté de lui. Geste peut-être étonnant et particulièrement détaché, c'était toutefois un début de marque de confiance venant de moi. Lorsqu'il me donna l'autorisation de me lancer, je venais me pincer les lèvres. Non pas de nervosité, mais bien parce que je réfléchissais. Hors de question de me lancer sur du Chopin, du Mozart ou du Rachmaninov, bien que mon admiration pour eux était grande.
Si monsieur Wakefield souhaitait travailler la confiance entre nous et notre binôme tuteur-protégée, il me fallait trouver autre chose qu'un morceau qui était connu par cœur de nous deux. Ainsi, il me fallait donc improviser.
Après un instant d'hésitation, je venais donc placer mes doigts sur les touches pour entamer une mélodie totalement au hasard, mais non pas moins complexe. Rapidement ma main droite vint accompagner la main gauche au fur et à mesure de la mélodie, mes épaules se balançant tranquillement au rythme des notes que j'associais entre elles.
Jusqu'à aujourd'hui j'avais caché tant bien que mal à mon professeur à quel point j'étais douée à la guitare et au piano en plus de ma voix. Alors lorsque la mélodie devint plus entraînante, c'était avec une aisance particulière et presque déconcertante que j'enchaînais l'improvisation en perdant mes hésitations. Mais aussi ma timidité. Au bout de plusieurs secondes, je me permettais même de vouloir y hasarder des paroles, la voix déstabilisée uniquement par l'improvisation et non pas par ma gêne habituelle. Le ton était posé et les notes vocales assurées.
- Mmmh… I need you here with me…
Les dragons, toujours les dragons, oui. C'était ma croix, comme celle de quelqu'un d'autre pouvait être la musique ou une toute autre obsession. Après tout, aucune n'était ridicule puisqu'elles venaient toutes du cœur. La dragonologie c'était bien la seule chose dans ma vie qui prenait toute mon obsession et pour laquelle je ne m'étais jamais excusée. Je pouvais chercher à me faire pardonner de prendre de la place dans une pièce, de ne pas être invisible, mais jamais d'aimer les dragons comme je les admirais.
Néanmoins il semblait avoir vu de l'inquiétude et de la compassion dans le regard de mon professeur. Étions-nous plus semblable qu'il n'y paraissait ? Peut-être, même si je n'en avais aucune certitude. Qui plus est, monsieur Wakefield était adulte, majeur et vacciné, je n'avais pas à me mêler de sa vie privée. Après tout, ce n'était pas mon rôle d'élève de le faire, j'avais tout de même un respect hiérarchique à respecter, comme je l'avais toujours fait… enfin… presque toujours.
Essayant de ne pas trop river mes pensées sur le premier amour de ma vie, je m'osais à un nouveau sourire à mon professeur qui s'essayait à une plaisanterie. Venant de moi, je n'aurai jamais osé médire concernant ses talents en Sortilèges, car je ne doutais de toute façon pas de ses capacités. Même si en musique les sortilèges ne sont peut-être pas primordiaux, il n'empêchait qu'avoir accès au statut de professeur d'Hungcalf demandait un certain savoir, pour sûr.
Comme s'il joignait le geste à la parole, je le voyais dégainer sa propre baguette. Mon regard brun foncé s'attarda un instant à sa contemplation, ce qui ne m'empêchait toutefois pas de l'écouter avec attention. Contrairement à la plupart des gens, je n'avais pas besoin d'observer dans les yeux mes interlocuteurs pour y être parfaitement attentive.
Ainsi, il me suggérait d'aller à la rencontre d'un professeur, toutefois, j'estimais avoir déjà bien assez d'aide concernant ma baguette, je ne voulais pas encore mêler une personne de plus. Toutefois, je retenais l'information au cas où en effet un jour j'en ressentirais l'utilité et le besoin. Toutefois, je ne pouvais m'empêcher d'enfoncer ma tête dans mes épaules lorsqu'il me précisa de ne pas pointer ma baguette vers son visage. Rougissant une nouvelle fois, je détournais le regard, gênée, mais pas intimidée.
- Je verrai, concernant le professeur Amonwë… j'ai déjà de l'aide, je voudrais éviter de trop… mêler de gens à cela… j'ai peur de me perdre sinon. Et je ferai attention je vous le promets. De toute façon, ce n'est pas mon genre de pointer ma baguette de la sorte…
Et c'était vrai. En réalité, je ne la sortais que très peu de son étui, même lorsque j'en avais la parfaite maitrise. J'abhorrais la violence sous toutes ses formes et ce n'était donc pas dans ma nature que de chercher le défi ou à pointer ma baguette contre untel pour lui faire quoique ce soit. Je n'étais pas sans savoir que malgré les nombreux effets curatifs, la baguette pouvait être considérée comme une arme, et lorsqu'on se présentait menaçant d'une quelconque façon, les ennuis allaient forcément arriver. Et les ennuis… j'en avais déjà bien trop en ce moment, je ne voulais pas en plus en attirer davantage à moi.
Le voyant se reculer sur son banc pour me laisser la moitié de la place, je n'hésitais pas bien longtemps avant de venir m'installer à côté de lui. Geste peut-être étonnant et particulièrement détaché, c'était toutefois un début de marque de confiance venant de moi. Lorsqu'il me donna l'autorisation de me lancer, je venais me pincer les lèvres. Non pas de nervosité, mais bien parce que je réfléchissais. Hors de question de me lancer sur du Chopin, du Mozart ou du Rachmaninov, bien que mon admiration pour eux était grande.
Si monsieur Wakefield souhaitait travailler la confiance entre nous et notre binôme tuteur-protégée, il me fallait trouver autre chose qu'un morceau qui était connu par cœur de nous deux. Ainsi, il me fallait donc improviser.
Après un instant d'hésitation, je venais donc placer mes doigts sur les touches pour entamer une mélodie totalement au hasard, mais non pas moins complexe. Rapidement ma main droite vint accompagner la main gauche au fur et à mesure de la mélodie, mes épaules se balançant tranquillement au rythme des notes que j'associais entre elles.
Jusqu'à aujourd'hui j'avais caché tant bien que mal à mon professeur à quel point j'étais douée à la guitare et au piano en plus de ma voix. Alors lorsque la mélodie devint plus entraînante, c'était avec une aisance particulière et presque déconcertante que j'enchaînais l'improvisation en perdant mes hésitations. Mais aussi ma timidité. Au bout de plusieurs secondes, je me permettais même de vouloir y hasarder des paroles, la voix déstabilisée uniquement par l'improvisation et non pas par ma gêne habituelle. Le ton était posé et les notes vocales assurées.
- Mmmh… I need you here with me…
- Spoiler:
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Re: Bury it, and rise above [Evan]
Sam 6 Avr 2019 - 13:51
Patiemment, Evan attendait que l'oiseau accepte de s'installer. Quelle curieuse relation de mentor - sa première, en dehors des cours. Le sorcier n'aurait su dire si tous les liens de professeur à étudiant devaient passer par cette étape cruciale de confiance avant de pouvoir laisser libre cours à la création musicale ... mais peu de relations mentor-protégée devaient avoir débuté par un professeur taché d'encre vociférant en entrant dans sa salle de cours et une étudiante réduisant les instruments dudit professeur en charpie. Le souvenir le fit sourire alors qu'il tapotait le banc près de lui pour inviter l'étudiante à se joindre à lui. Le professeur de musique laissa un sourire étirer ses lèvres lorsque l'Ethelred s'installa à ses côtés, l'invitant à se lancer. Sans bouger, comme on laisse un oiseau s'approcher, figé, l'Écossais attendit que l'étudiante commence à jouer. Yeux fermés et oreille absolue aidant, il lui semblait voir les touches du clavier s'illuminer sous les doigts d'Abigail alors qu'elle improvisait un morceau. Sourire aux lèvres, Evan était heureux de voir ses soupçons au sujet de la jeune femme se voir confirmés. Abigail ne lui semblait pas souffrir d'arrogance, et lorsqu'on avait le culot de dire à un professeur de musique virtuose que les grands maîtres pianistes du passé, on les a vus et revus et rejoués, il est normal d'avoir de hautes attentes. Soit la passionnée de dragons était trop sûre d'elle et se vantait, soit elle avait bel et bien travaillé les œuvres classiques et était simplement passée à autre chose du côté de son inspiration. Des deux scénarios possibles, Evan se doutait que le second était infiniment plus plausible, mais il préférait réserver son jugement final.
La mélodie était douce, simple. Une grande mélancolie s'en dégageait et, touché, les yeux toujours fermés, le pianiste écoutait la musique, voyant les touches s'illuminer contre la paroi de ses paupières fermées comme s'il pouvait lui-même regarder les doigts de la jeune femme. Lorsqu'elle s'enhardit et chanta, le professeur de musique plaça ses propres mains sur les touches du piano et, plutôt que de simplement jouer une mélodie improvisée, il en découpa mentalement des portions pour qu'Abigail puisse l'apprendre avec lui, en tandem. Répétant des pans de partition improvisée, il laissait le temps à l'étudiante d'absorber le mouvement de ses doigts sur les touches d'ivoire, remontant le fil de la chanson plusieurs fois afin qu'elle puisse l'accompagner. Ils formaient un portrait touchant ainsi, à deux, Evan l'aurait admis s'il n'avait pas été aussi happé par la musique. Habile lorsqu'il jouait de plusieurs instruments, le professeur demeurait un pianiste. Une fois la trame jouée portion par portion, Evan lança une dernière fois le morceau afin qu'ils puissent le jouer à deux dans son entièreté. Quatre mains jointes par une pièce de musique, âmes liées par l'art et par la confiance commençant à se tisser entre le professeur et son étudiante. Lentement, les dernières notes terminant de faire vibrer l'air, le musicien se risqua à tourner légèrement la tête vers l'étudiante, sans faire de gestes brusques. « Je ne suis pas un spécialiste, mais je crois que vous devez faire la même chose avec votre baguette que ce que nous venons de faire ensemble », commença-t-il par dire. « Pensez à votre perception de votre humble professeur de musique. Je vous ai terrifiée, la première fois, et vous me semblez encore souvent apeurée en ma présence », fit-il remarquer avec un petit rire dans la voix. « Mais vous vous exposez quand même. Je crois ... qu'il n'y aura pas de solution miracle, avec votre baguette. Vous allez avoir des ratés, c'est normal. La confiance reviendra avec l'usage ». Peut-être la confiance viendrait-elle avec l'usage entre eux, également.
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Re: Bury it, and rise above [Evan]
Mar 9 Avr 2019 - 11:29
La musique avait le don de me faire parler, même si ce n’était pas le langage habituel et standard. Les mélodies pouvaient être douces, énergiques ou alors mélancoliques. Aujourd’hui, aux côtés de mon professeur, je faisais un peu de mélange… car toute ma vie était confuse.
Mon petit-ami venait de partir, en cette fin du mois de février, et j’ignorais si j’étais véritablement célibataire ou non. Voilà en tout cas quelques jours que j’essayais de me débrouiller comme je le pouvais à la ferme, en plus de toutes mes autres obligations. J’étais fatiguée, surmenée, lassée, et pourtant énergique, car mes projets m’intéressaient tous.
Et il y avait cette femme, cet échange que nous avions eu, et surtout, cette relation que nous avions toujours toutes les deux. Le fait de nous envoyer régulièrement des messages, le fait de se revoir de quelque fois, en soirée, ou même le temps d’une journée. Le temps d’un battement de cils.
Alors oui, la mélodie était inspirée de tout cela, et les paroles que je réussissais à former étaient aussi les enfants de ma vie actuelle.
Every single time, I find it harder to breathe
'Cause I need you here with me
Every day
Mais le tout était de savoir de qui avais-je besoin à mes côtés. Lui ? Elle ? Personne ? Ou alors peut-être présentement tout simplement de cet enseignant à la chevelure enflammée qui, à côté de moi, je le savais même si je ne regardais pas, écoutait mes confidences. Sans doute ne comprenait-il pas les profondes raisons de ce que j’étais en train de composer, mais peut-être que ça n’avait pas la moindre importance. Je me confiais. Voilà l’essentiel. Je commençais à lui faire confiance, parce que je remarquais ses efforts, même si je n’en avais pas l’air. Je remarquais à quel point il voulait être doux et avenant. Je remarquais à quel point il voulait me pousser dans l’art de la musique et surtout dans le chant.
La situation avait peut-être dérivé un peu aujourd’hui à cause de ma baguette, mais pourtant, sa manière d’approcher le problème me séduisait. Thérapie par la musique, pour le moment, personne n’y avait véritablement pensé en dehors de lui. Alors oui, j’étais touchée, vraiment. À mon tour de lui montrer que je pouvais faire des efforts, que je voulais faire un pas dans sa direction et ne pas rester enfermée dans ma coquille éternellement.
Voilà pourquoi lorsqu’il prit à son tour les commandes du piano, je le suivais, avec un petit sourire timide affiché sur mes lèvres. Je me sentais bien d’un coup, se confier, ça soulageait toujours, et jouer de la musique avec un tel virtuose ne pouvait que me plaire.
Avec monsieur Wakefield, j’apprenais, sans conteste, et j’appréciais grandement de pouvoir boire à son eau. De manière similaire qu’avec monsieur Helsing qui était devenu presque un idole pour moi tandis que nous partagions tous les deux des moments en cours privés.
Mes relations avec mes deux professeurs pouvaient presque être jumelles, les deux hommes se ressemblant un peu, à mon sens.
Docile, facile à vivre, je suivais les instructions musicales de mon professeur sans rechigner, amusée et même ravie de ne pas jouer des morceaux classiques, ceux que j’avais tant et si bien bouffé par trop grandes portions que j’en avais encore mal à l’estomac.
Une fois la partition acquise dans son ensemble, je suivais avec une aisance presque déconcertante l’écossais, caressant le clavier du piano du bout de mes petits doigts fins avec cette délicatesse qui m’était propre. Ne faisant qu’un avec l’instrument, voilà que je démontrais toutes mes capacités musicales, celles que je prenais soin de cacher aux yeux du monde. Non pas par vanité, mais bien au contraire parce que je n’étais pas vantarde pour vouloir me montrer à ce point en spectacle.
C’était mon jardin secret, et je le dévoilais à mon professeur avec douceur.
Tandis que les dernières notes de musique s’échappaient dans la salle, j’osais regarder l’enseignant dans les yeux alors qu’il me donnait sa leçon. Détournant pourtant mes prunelles brun foncées à sa conclusion, cette fois, je ne fuyais cependant pas.
Je n’étais plus terrorisée par lui, et je n’étais plus aussi gênée que tout à l’heure d’être à ses côtés, si proche de lui. Je baissais les yeux parce que je réfléchissais, et parce que j’étais confuse de ma propre situation, de ma relation avec ma baguette.
- Vous n’avez pas tort, dans un sens… mais ma baguette peut être une arme meurtrière … enfin, j’imagine que vous aussi mais … un nouveau sourire timide, mais tinté d’amusement et de malice vint peindre ma bouche alors que je continuais. Enfin… comment est-ce que ça se passe, lorsque nous faisons des erreurs ? Des erreurs qui peuvent blesser autrui.
J’étais, après tout, une atrophiée des relations sociales. N’ayant eu que très peu d’amis dans ma vie, dernièrement, ils avaient soit tous fuis, soit étaient si occupés que je ne les voyais plus. Mon petit-ami était parti, comme mon premier amour, et je devais gérer seule son chez lui. J’avais repoussé une femme qui me faisait profondément vibrer les entrailles.
Étais-je à ce point idiote ? Avais-je à ce point fauté pour que je me retrouve si seule ?
Alors, si monsieur Wakefield pouvait tout aussi bien répondre aussi bien pour ma baguette que pour mes relations sociales, je n’allais pas refuser.
Mon petit-ami venait de partir, en cette fin du mois de février, et j’ignorais si j’étais véritablement célibataire ou non. Voilà en tout cas quelques jours que j’essayais de me débrouiller comme je le pouvais à la ferme, en plus de toutes mes autres obligations. J’étais fatiguée, surmenée, lassée, et pourtant énergique, car mes projets m’intéressaient tous.
Et il y avait cette femme, cet échange que nous avions eu, et surtout, cette relation que nous avions toujours toutes les deux. Le fait de nous envoyer régulièrement des messages, le fait de se revoir de quelque fois, en soirée, ou même le temps d’une journée. Le temps d’un battement de cils.
Alors oui, la mélodie était inspirée de tout cela, et les paroles que je réussissais à former étaient aussi les enfants de ma vie actuelle.
Every single time, I find it harder to breathe
'Cause I need you here with me
Every day
Mais le tout était de savoir de qui avais-je besoin à mes côtés. Lui ? Elle ? Personne ? Ou alors peut-être présentement tout simplement de cet enseignant à la chevelure enflammée qui, à côté de moi, je le savais même si je ne regardais pas, écoutait mes confidences. Sans doute ne comprenait-il pas les profondes raisons de ce que j’étais en train de composer, mais peut-être que ça n’avait pas la moindre importance. Je me confiais. Voilà l’essentiel. Je commençais à lui faire confiance, parce que je remarquais ses efforts, même si je n’en avais pas l’air. Je remarquais à quel point il voulait être doux et avenant. Je remarquais à quel point il voulait me pousser dans l’art de la musique et surtout dans le chant.
La situation avait peut-être dérivé un peu aujourd’hui à cause de ma baguette, mais pourtant, sa manière d’approcher le problème me séduisait. Thérapie par la musique, pour le moment, personne n’y avait véritablement pensé en dehors de lui. Alors oui, j’étais touchée, vraiment. À mon tour de lui montrer que je pouvais faire des efforts, que je voulais faire un pas dans sa direction et ne pas rester enfermée dans ma coquille éternellement.
Voilà pourquoi lorsqu’il prit à son tour les commandes du piano, je le suivais, avec un petit sourire timide affiché sur mes lèvres. Je me sentais bien d’un coup, se confier, ça soulageait toujours, et jouer de la musique avec un tel virtuose ne pouvait que me plaire.
Avec monsieur Wakefield, j’apprenais, sans conteste, et j’appréciais grandement de pouvoir boire à son eau. De manière similaire qu’avec monsieur Helsing qui était devenu presque un idole pour moi tandis que nous partagions tous les deux des moments en cours privés.
Mes relations avec mes deux professeurs pouvaient presque être jumelles, les deux hommes se ressemblant un peu, à mon sens.
Docile, facile à vivre, je suivais les instructions musicales de mon professeur sans rechigner, amusée et même ravie de ne pas jouer des morceaux classiques, ceux que j’avais tant et si bien bouffé par trop grandes portions que j’en avais encore mal à l’estomac.
Une fois la partition acquise dans son ensemble, je suivais avec une aisance presque déconcertante l’écossais, caressant le clavier du piano du bout de mes petits doigts fins avec cette délicatesse qui m’était propre. Ne faisant qu’un avec l’instrument, voilà que je démontrais toutes mes capacités musicales, celles que je prenais soin de cacher aux yeux du monde. Non pas par vanité, mais bien au contraire parce que je n’étais pas vantarde pour vouloir me montrer à ce point en spectacle.
C’était mon jardin secret, et je le dévoilais à mon professeur avec douceur.
Tandis que les dernières notes de musique s’échappaient dans la salle, j’osais regarder l’enseignant dans les yeux alors qu’il me donnait sa leçon. Détournant pourtant mes prunelles brun foncées à sa conclusion, cette fois, je ne fuyais cependant pas.
Je n’étais plus terrorisée par lui, et je n’étais plus aussi gênée que tout à l’heure d’être à ses côtés, si proche de lui. Je baissais les yeux parce que je réfléchissais, et parce que j’étais confuse de ma propre situation, de ma relation avec ma baguette.
- Vous n’avez pas tort, dans un sens… mais ma baguette peut être une arme meurtrière … enfin, j’imagine que vous aussi mais … un nouveau sourire timide, mais tinté d’amusement et de malice vint peindre ma bouche alors que je continuais. Enfin… comment est-ce que ça se passe, lorsque nous faisons des erreurs ? Des erreurs qui peuvent blesser autrui.
J’étais, après tout, une atrophiée des relations sociales. N’ayant eu que très peu d’amis dans ma vie, dernièrement, ils avaient soit tous fuis, soit étaient si occupés que je ne les voyais plus. Mon petit-ami était parti, comme mon premier amour, et je devais gérer seule son chez lui. J’avais repoussé une femme qui me faisait profondément vibrer les entrailles.
Étais-je à ce point idiote ? Avais-je à ce point fauté pour que je me retrouve si seule ?
Alors, si monsieur Wakefield pouvait tout aussi bien répondre aussi bien pour ma baguette que pour mes relations sociales, je n’allais pas refuser.
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Mer 10 Avr 2019 - 1:47
Conseil devieuxsage qui, s'il ne savait presque rien des sciences dirigeant les baguettes, demeurait un éternel optimiste. Cynique et optimiste, avec un zeste de charme, voilà comment il se serait décrit si on le lui avait demandé. Le contact entre leurs regards en disait long, déjà - les prunelles de la cadette étaient d'ordinaire si fuyantes, en sa présence ... « Vous n’avez pas tort, dans un sens… mais ma baguette peut être une arme meurtrière … enfin, j’imagine que vous aussi mais … » Un grand sourire étira les lèvres d'Evan, qui retint derrière ses dents un commentaire rempli de verve et d'esprit, souhaitant laisser la jeune femme s'exprimer librement, elle qui semblait avoir tant de mal à le faire en sa présence. « Enfin… comment est-ce que ça se passe, lorsque nous faisons des erreurs ? Des erreurs qui peuvent blesser autrui. » L'étudiante tombait presque dans la philosophie. En y songeant, le professeur aurait pu se dire qu'il relevait presque du miracle qu'ils parviennent à travailler le chant et la musique, entre deux séances de révélation de cicatrices et d'inondation de cubicule. Glissant un regard surpris vers elle, le pianiste pianota machinalement sur le clavier de l'instrument, égrenant sa pensée de quelques notes distraites.
« J'aimerais être le mieux placé pour vous répondre », affirma le professeur, serein. Conscient de ses limites, Evan l'était ... surtout après les révélations faites par Ariadne lors de sa visite inattendue dans sa salle de classe. « On m'a mis le nez dans une erreur ancienne, récemment ... J'ai été forcé d'admettre mes torts, sans même avoir eu conscience, pendant toutes ces années, que j'avais fait du mal à quelqu'un. » Le ton était tranquille - Evan ne tentait pas de minimiser ses erreurs passées, mais il n'était pas non plus un personnage de mélodrame n'attendant que la réaction de son public. Pensif, il continua de parcourir distraitement le clavier de ses longs doigts, ponctuant ses pensées de quelques notes. « Il n'existe pas de recette miracle, vous vous en doutez bien. Pas de passe-partout universel - que le fait d'assumer, de prendre son poids, sa part de responsabilité ... ». Laissant la phrase en suspens, le pianiste se permit tout de même un regard en coin, légèrement amusé, vers sa protégée. « ... mais pas davantage que ce que vous méritez de prendre comme fardeau. Vous semblez une spécialiste dans le domaine, si je puis me permettre », compléta-t-il avec un petit éclat de malice taquine dans le regard, malgré le sérieux du sujet. Evan ne pouvait s'en empêcher - il chercherait toujours à alléger l'humeur par les facéties, la musique, le sourire. « Vous qui êtes une femme de peu de mots », poursuivit-il avec, dans la voix, la même chaleur tissée de malice affable, « vous comprendrez certainement qu'il est insuffisant de simplement dire qu'on fera mieux. Mais déjà, il faut pouvoir admettre ses torts », admit le sorcier. Reculant pour n'occuper que l'extrémité du siège, Evan se permit de faire face à l'étudiante. L'air patient, tranquille, il se permit de pousser le lien plus loin. « Aimeriez-vous en parler? »
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Ven 12 Avr 2019 - 16:56
Un léger sourire aux lèvres, j'écoutais les paroles de mon professeur, ponctuées des quelques notes de musiques posée de ci, de là. Pourra-t-on un jour prendre un véritable cours de chant sans que cela ne dérive en un cours de philosophie
En cet instant, j'en doutais très sérieusement, mais j'étais amusée aussi. Tisser des liens était particulièrement important, et si nous voulions travailler tous les deux, ensemble, et pourquoi pas, évoluer de concert, sans mauvais jeu de mot, il nous fallait nous faire confiance. Aveuglément. Que j'accepte de lui prendre la main et qu'il me guide. Que lui entende mes choix, qu'il les respecte et qu'il me conseille. Pour une sérénité totale.
Car n'était-ce pas cela l'un des très nombreux secrets de la musique ? D'atteindre un niveau de sérénité élevé ?
Aux quelques notes qu'il appuyait sur le clavier, je l'accompagnais d'une sœur, quinte, quarte, qu'importe, celle qui venait et ne dissociait pas notre instant de confidence.
A sa plaisanterie, je me permettais toutefois de me recroqueviller un peu sur moi-même. Non pas par timidité, non pas parce qu'il m'impressionnait, non pas parce que j'avais peur… mais bien parce qu'il avait mis le doigt sur un point extrêmement important de mon comportement, surtout depuis mon accident. Je me sentais coupable, et même si Aislin, ma famille, Isalynn et Levius m'avaient dit et répété que je n'y étais pour rien, je n'arrivais pas à me retirer cette idée de la tête.
Sans ma naïveté, ma bêtise et mon inattention, je n'aurai pas mis Aislin en danger. Je n'aurai pas frôlé la mort. Je n'aurai pas des mots de tête terribles. Je ne serai pas défigurée. Je ne me sentirai pas redevable envers les Gull ni envers Isalynn… je ne me sentirai pas redevable envers ce lycan que j'avais attaqué, ne serait-ce que pour me défendre.
Lorsque mon professeur termina, je me permettais de pousser un petit soupir, entêtant mon index à appuyer toujours sur la même note de manière répétée, si ce n'était pas agaçante.
- Vous pouvez vous permettre. Ce n'est pas la première fois qu'on me dit que j'endosse trop de responsabilités, surtout celles qui ne sont pas les miennes. Mais voilà, je suis comme ça. Sans arrêter de presser sur le La, je continuais. En réalité, je ne sais pas trop ce qu'il y a à dire ou à confier. Mes torts, je les accepte sans le moindre mal, les reproches aussi, et j'essaie constamment de me remettre en question. Véritable anguille que j'étais, je me faufilais parmi les mots aussi bien que parmi la foule. Que ma signature m'ait révélée comme une Ethelred n'avait rien de surprenant. Je ne suis pas très douée avec les gens, je n'ai jamais eu beaucoup d'amis avant l'année passée, j'ai toujours été très seule. Ça ne me dérange pas de l'être, mais c'est confortable de se savoir entouré, autrement que par sa famille j'entends… et… je ne sais pas… beaucoup m'ont quitté, pour des voyages, ou tout simplement parce que l'amitié a pris fin. Alors je me demandais si c'était de ma faute.
Redressant la tête, cessant enfin de presser régulièrement sur la note, je fixais mon professeur d'un air calme et serein malgré le poids de mes paroles. Difficile de savoir si le poids qui était sur mes épaules était véritablement à cause de ce que j'étais en train de confier.
- C'est assez déstabilisant en fait. Et avec ma baguette, je me sens déstabilisée. Des fois je me dis que c'est comme une relation entre deux vieilles amies qui a changé, et c'est difficile de faire comme si tout allait bien, comme s'il n'y avait rien, alors que ce n'est pas le cas.
En cet instant, j'en doutais très sérieusement, mais j'étais amusée aussi. Tisser des liens était particulièrement important, et si nous voulions travailler tous les deux, ensemble, et pourquoi pas, évoluer de concert, sans mauvais jeu de mot, il nous fallait nous faire confiance. Aveuglément. Que j'accepte de lui prendre la main et qu'il me guide. Que lui entende mes choix, qu'il les respecte et qu'il me conseille. Pour une sérénité totale.
Car n'était-ce pas cela l'un des très nombreux secrets de la musique ? D'atteindre un niveau de sérénité élevé ?
Aux quelques notes qu'il appuyait sur le clavier, je l'accompagnais d'une sœur, quinte, quarte, qu'importe, celle qui venait et ne dissociait pas notre instant de confidence.
A sa plaisanterie, je me permettais toutefois de me recroqueviller un peu sur moi-même. Non pas par timidité, non pas parce qu'il m'impressionnait, non pas parce que j'avais peur… mais bien parce qu'il avait mis le doigt sur un point extrêmement important de mon comportement, surtout depuis mon accident. Je me sentais coupable, et même si Aislin, ma famille, Isalynn et Levius m'avaient dit et répété que je n'y étais pour rien, je n'arrivais pas à me retirer cette idée de la tête.
Sans ma naïveté, ma bêtise et mon inattention, je n'aurai pas mis Aislin en danger. Je n'aurai pas frôlé la mort. Je n'aurai pas des mots de tête terribles. Je ne serai pas défigurée. Je ne me sentirai pas redevable envers les Gull ni envers Isalynn… je ne me sentirai pas redevable envers ce lycan que j'avais attaqué, ne serait-ce que pour me défendre.
Lorsque mon professeur termina, je me permettais de pousser un petit soupir, entêtant mon index à appuyer toujours sur la même note de manière répétée, si ce n'était pas agaçante.
- Vous pouvez vous permettre. Ce n'est pas la première fois qu'on me dit que j'endosse trop de responsabilités, surtout celles qui ne sont pas les miennes. Mais voilà, je suis comme ça. Sans arrêter de presser sur le La, je continuais. En réalité, je ne sais pas trop ce qu'il y a à dire ou à confier. Mes torts, je les accepte sans le moindre mal, les reproches aussi, et j'essaie constamment de me remettre en question. Véritable anguille que j'étais, je me faufilais parmi les mots aussi bien que parmi la foule. Que ma signature m'ait révélée comme une Ethelred n'avait rien de surprenant. Je ne suis pas très douée avec les gens, je n'ai jamais eu beaucoup d'amis avant l'année passée, j'ai toujours été très seule. Ça ne me dérange pas de l'être, mais c'est confortable de se savoir entouré, autrement que par sa famille j'entends… et… je ne sais pas… beaucoup m'ont quitté, pour des voyages, ou tout simplement parce que l'amitié a pris fin. Alors je me demandais si c'était de ma faute.
Redressant la tête, cessant enfin de presser régulièrement sur la note, je fixais mon professeur d'un air calme et serein malgré le poids de mes paroles. Difficile de savoir si le poids qui était sur mes épaules était véritablement à cause de ce que j'étais en train de confier.
- C'est assez déstabilisant en fait. Et avec ma baguette, je me sens déstabilisée. Des fois je me dis que c'est comme une relation entre deux vieilles amies qui a changé, et c'est difficile de faire comme si tout allait bien, comme s'il n'y avait rien, alors que ce n'est pas le cas.
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Dim 14 Avr 2019 - 22:17
Touché, Evan écoutait avec attention le flot de paroles quittant les lèvres de l'Ethelred, songeant qu'il avait peut-être enfin réussi à trouver la clef pour interagir correctement avec Abigail. Explosions + mauvaises blagues + absence de reproches + piano. C'est noté, se dit-il, goguenard, laissant la jeune femme s'exprimer sans la couper - pour une fois que ce n'était pas lui, le plus volubile des deux, il n'allait certainement pas l'interrompre dans sa lancée. Sourire aux lèvres, le professeur écoutait, fasciné, l'étudiante se livrer à lui par la parole, et une fois de plus, il se sentit éminemment privilégié - au-delà du plaisir qu'Evan ressentait à enseigner, à trouver des talents comme celui de sa protégée, l'Écossais aimait le contact humain, la chaleur, la douceur des rencontres des âmes. « Beaucoup m'ont quitté, pour des voyages, ou tout simplement parce que l'amitié a pris fin. Alors je me demandais si c'était de ma faute », disait la jeune femme, terminant d'appuyer sur le la pour le fixer calmement. Evan se sentit transpercé par les paroles de la jeune femme - version plus jeune, semblait-il, des reproches que lui avait faits Ariadne en cette même salle ... sans le ton de reproche. Il ne voyait que de la tristesse résignée chez Abigail, et, tout à coup, se sentit las. Fluide comme de l'eau, comme il aimait à croire que tous les gris l'étaient, Evan n'avait songé que bien peu de fois aux conséquences de ses actes sur les autres - à la fois sage avant l'âge et manquant profondément de discernement pour ses années et son expérience. « c'est difficile de faire comme si tout allait bien, comme s'il n'y avait rien, alors que ce n'est pas le cas », terminait la jeune femme, et Evan hocha la tête.
Laissant passer une fraction de secondes pour s'assurer qu'Abigail avait fini de s'exprimer, le professeur de musique toussota légèrement, tentant de formuler ses pensées de façon adéquate. Il n'avait jamais eu de mal à manier la parole - le géant roux était reconnu pour ses facultés d'esquive orale, mais ici, il ne cherchait pas à s'esquiver, seulement à répondre aux doutes de l'Ethelred. Lui adressant un sourire léger, Evan changea en apparence complètement de sujet. « Vous ai-je déjà mentionné que j'avais été classé chez les Ethelred lors de mes propres études, Abigail? », lui demanda-t-il d'un ton léger. « Ceux qui me connaissaient pour mes frasques de l'époque auraient prédit que je rejoigne les rouges, et ceux qui connaissaient ma passion dévorante pour la musique m'auraient plutôt vu chez les mauves ». Il n'était pas difficile, même aujourd'hui, de voir les pokeby et les wright chez le géant - et il était vrai que le professeur avait certaines affinités avec les étudiants des deux maisons. Grand comme il l'était, sa silhouette d'athlète toujours présente, extravagant, tête-brûlée s'étant calmée avec l'âge, tendances fonceuses et impulsives, on lui avait suggéré plus d'une fois de prendre la direction des wright ou des pokeby - outre le fait que le poste de directeur ne l'intéressait pas, Evan avait toujours refusé. Seulement les gris.
Sourire aux lèvres, penchant la tête vers sa protégée en un air de confidence, le professeur poursuivit. « Ils disent que nous sommes les inclassables - parce que nous sommes durs à saisir au premier regard, n'est-ce pas? » Un rire léger quitta sa bouche, et il pianota une petite gamme au passage. « Mais j'aime penser que ce qui nous définit vraiment, nous les gris », dit-il en adressant un clin d'oeil léger à la jeune femme, comme s'il créait ainsi une communauté entre eux par les simples mots, « c'est notre propension caméléon ... sans toujours le laisser paraître. Notre faculté générale à nous échapper, à nous adapter à ce que la vie peut nous lancer ». Hochant la tête, Evan revint enfin au clou de la conversation, prouvant que sa déviation avait bien un but. « Vous êtes une Ethelred. Vous êtes capable de vous adapter à cette situation, Abigail. J'ai une entière confiance en vous en la matière. Vous avez bien été capable de vous adapter aux frasques de votre tuteur de musique, après tout », compléta-t-il en lui adressant un nouveau clin d'oeil, air transpercé d'amusement au regard et aux lèvres. « Quant aux amis ... J'ai moi-même eu droit à une situation similaire, récemment - sauf que j'étais le fautif, le fuyant, dans mon cas. Je ne l'avais pas réalisé, d'abord ... j'étais jeune et bête, par opposition à vieux et bête ». Evan rit, poursuivant. Combien de fois Ariadne lui avait-elle dit qu'il était aussi doué en réflexions orales, pour le paraître, qu'obtus dans ses réflexions émotionnelles? « Je tente de colmater les fissures ».
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Mar 16 Avr 2019 - 23:15
Attentive, j'écoutais la leçon de psychologie que me donnait mon professeur. Intriguée de temps en temps, car je ne comprenais pas où il voulait en venir, je me permettais quelques haussement de sourcils sans pour autant l'interrompre. Puis, se fut un enchaînement de hochements de tête. Je ne me serai pas permise de l'interrompre, alors je lui signifiais le plus simplement du monde à quel point je le suivais et que je comprenais au fur et à mesure de son discours où il voulait m'emmener.
Je relevais également qu'il se confiait un peu à son tour, comme quoi la conversation était riche en rebondissements et en informations.
Reconnaissante, je le fixais avec une lueur presque tendre dans le regard alors qu'il arrivait à une conclusion qui le concernait lui. Peut-être que ce que je vivais après tout n'était pas si étonnant. C'était peut-être même normal. Les vies des autres entraient et sortaient de la nôtre tous les jours. Certains impactaient plus par leurs passages. Le pouvoir de l'influence pouvait être puissant. Sans pour autant en arriver là, je devais bien reconnaître qu'en mon fort intérieur, j'étais blessée.
Amoureuse pour la première fois il y avait maintenant tout juste un an, j'avais la sensation que c'était pour la vie. Aujourd'hui, lorsque je songeais à l'enseignante, mon cœur palpitait bien moins. Cependant, j'avais pu m'expliquer convenablement avec elle par écrit, ce qui m'avait aidé à faire mon deuil. Car ça avait été un véritable deuil que de me séparer d'elle.
Ma relation suivante datait de l'enfance, et j'avais clairement nié mes sentiments jusqu'au jour où ils me sautèrent au visage, car perdue de ma précédente relation. À présent esseulée, je me retrouvais presque à nouveau au point de départ.
Les amours c'étaient ce qui était le plus difficile pour moi à comprendre, car jamais avant je ne m'y étais véritablement intéressée. Et constatant les complications que je subissais, je savais pourquoi j'avais pu m'en préserver aussi longtemps. Cependant, si j'avais été un peu plus précoce, peut-être que maintenant je vivrais la situation différemment et que je m'en sortirai avec plus d'aisance et de facilité.
En amitié, c'était un peu pareil. Il y avait les résistants, ceux qui étaient avec moi envers et contre tout, et les autres, un peu plus volatile. Sûrement était-ce, encore une fois, pareil pour tout le monde. Mais, encore et toujours néophyte, j'avais du mal à véritablement m'en rendre compte.
Quelque peu distraite par mes pensées, je reposais mes doigts sur le clavier pour entamer l'excellent Sonate au clair de lune. Preuve à mon tuteur que les classiques, je les connaissais. Avec un petit sourire amusé et lointain, je me décidais enfin à prendre la parole, une fois mes pensées rassemblées.
- Merci pour votre partage. En réalité, je ne suis pas inquiète sur le fait que je vais pouvoir m'en sortir ou non… c'est juste… quand ? Passer mes D.E.F.I.S avec une baguette que je ne maitrise pas est sûrement inenvisageable. Je voudrais trouver une solution d'ici là, mais je sais qu'il ne faut pas non plus que je me précipite, au risque de faire l'effet inverse.
Mais il était vrai que l'enseignant écossais avait raison. Caméléon, je l'étais, dans presque toutes les situations. Lui-même avait pu le constater de ses propres yeux. Nature profonde qui dictait ma conduite depuis ma naissance, je ne voulais être un poids pour personne. Je préférais m'effacer. Me fondre dans le paysage pour ne plus être ni paraître.
J'en venais alors à me remémorer ce qu'il m'avait confié vis-à-vis de sa propre expérience. De ses amis qu'il avait blessé, et qu'il essayait encore aujourd'hui de recoller les morceaux.
Sans cesser ma mélodie lente et douce, je regardais le professeur du coin de l'œil, intriguée.
- Comment vous en êtes rendu compte ? Que vous avez blessé quelqu'un, alors que sur le moment vous ne le réalisiez pas ? J'avais sans doute déjà la réponse en tête, mais je souhaitais une confirmation. Comme en chant, j'avais besoin d'être rassurée pour pouvoir continuer à avancer. Et que faites-vous aujourd'hui pour améliorer les choses ?
Je n'avais pas spécialement d'amis avec qui je voulais améliorer quoique ce soit. Je n'étais pas du genre à courir après quelqu'un lorsqu'il m'avait clairement signifié que c'était terminé. Et les amitiés qu'on ne voit qu'une fois par an et bien, j'y étais habituée depuis des années à présent, je ne me formalisais donc pas pour cela.
Non, la profonde raison de mes questionnements concernait uniquement ma baguette. Ma plus vieille amie.
Je relevais également qu'il se confiait un peu à son tour, comme quoi la conversation était riche en rebondissements et en informations.
Reconnaissante, je le fixais avec une lueur presque tendre dans le regard alors qu'il arrivait à une conclusion qui le concernait lui. Peut-être que ce que je vivais après tout n'était pas si étonnant. C'était peut-être même normal. Les vies des autres entraient et sortaient de la nôtre tous les jours. Certains impactaient plus par leurs passages. Le pouvoir de l'influence pouvait être puissant. Sans pour autant en arriver là, je devais bien reconnaître qu'en mon fort intérieur, j'étais blessée.
Amoureuse pour la première fois il y avait maintenant tout juste un an, j'avais la sensation que c'était pour la vie. Aujourd'hui, lorsque je songeais à l'enseignante, mon cœur palpitait bien moins. Cependant, j'avais pu m'expliquer convenablement avec elle par écrit, ce qui m'avait aidé à faire mon deuil. Car ça avait été un véritable deuil que de me séparer d'elle.
Ma relation suivante datait de l'enfance, et j'avais clairement nié mes sentiments jusqu'au jour où ils me sautèrent au visage, car perdue de ma précédente relation. À présent esseulée, je me retrouvais presque à nouveau au point de départ.
Les amours c'étaient ce qui était le plus difficile pour moi à comprendre, car jamais avant je ne m'y étais véritablement intéressée. Et constatant les complications que je subissais, je savais pourquoi j'avais pu m'en préserver aussi longtemps. Cependant, si j'avais été un peu plus précoce, peut-être que maintenant je vivrais la situation différemment et que je m'en sortirai avec plus d'aisance et de facilité.
En amitié, c'était un peu pareil. Il y avait les résistants, ceux qui étaient avec moi envers et contre tout, et les autres, un peu plus volatile. Sûrement était-ce, encore une fois, pareil pour tout le monde. Mais, encore et toujours néophyte, j'avais du mal à véritablement m'en rendre compte.
Quelque peu distraite par mes pensées, je reposais mes doigts sur le clavier pour entamer l'excellent Sonate au clair de lune. Preuve à mon tuteur que les classiques, je les connaissais. Avec un petit sourire amusé et lointain, je me décidais enfin à prendre la parole, une fois mes pensées rassemblées.
- Merci pour votre partage. En réalité, je ne suis pas inquiète sur le fait que je vais pouvoir m'en sortir ou non… c'est juste… quand ? Passer mes D.E.F.I.S avec une baguette que je ne maitrise pas est sûrement inenvisageable. Je voudrais trouver une solution d'ici là, mais je sais qu'il ne faut pas non plus que je me précipite, au risque de faire l'effet inverse.
Mais il était vrai que l'enseignant écossais avait raison. Caméléon, je l'étais, dans presque toutes les situations. Lui-même avait pu le constater de ses propres yeux. Nature profonde qui dictait ma conduite depuis ma naissance, je ne voulais être un poids pour personne. Je préférais m'effacer. Me fondre dans le paysage pour ne plus être ni paraître.
J'en venais alors à me remémorer ce qu'il m'avait confié vis-à-vis de sa propre expérience. De ses amis qu'il avait blessé, et qu'il essayait encore aujourd'hui de recoller les morceaux.
Sans cesser ma mélodie lente et douce, je regardais le professeur du coin de l'œil, intriguée.
- Comment vous en êtes rendu compte ? Que vous avez blessé quelqu'un, alors que sur le moment vous ne le réalisiez pas ? J'avais sans doute déjà la réponse en tête, mais je souhaitais une confirmation. Comme en chant, j'avais besoin d'être rassurée pour pouvoir continuer à avancer. Et que faites-vous aujourd'hui pour améliorer les choses ?
Je n'avais pas spécialement d'amis avec qui je voulais améliorer quoique ce soit. Je n'étais pas du genre à courir après quelqu'un lorsqu'il m'avait clairement signifié que c'était terminé. Et les amitiés qu'on ne voit qu'une fois par an et bien, j'y étais habituée depuis des années à présent, je ne me formalisais donc pas pour cela.
Non, la profonde raison de mes questionnements concernait uniquement ma baguette. Ma plus vieille amie.
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Dim 21 Avr 2019 - 13:16
Sourire aux lèvres, le professeur de musique entendit le classique de Beethoven remplir l'atmosphère figée de sa salle de cours, et glissa un petit regard amusé vers celle qui était devenue sa protégée, l'air de dire vous n'en avez pas trop bouffé, du Beethoven? Ses mains se joignirent le plus naturellement du monde à celles d'Abigail, doublant les notes en un accord plus grave à l'effet plus dramatique qu'il ne l'aurait souhaité, mais le pianiste poursuivait tout de même alors que la jeune femme reprenait la parole. Hochant la tête simplement, sans la regarder, Evan fixait la surface polie du piano, son regard semblant s'y perdre. « Passer mes D.E.F.I.S avec une baguette que je ne maitrise pas est sûrement inenvisageable. Je voudrais trouver une solution d'ici là, mais je sais qu'il ne faut pas non plus que je me précipite, au risque de faire l'effet inverse ». Profitant de la pause dans le discours de l'Ethelred, Evan continua de jouer et reprit la parole. « N'êtes-vous pas en botanique et magizoologie, Dowell? Vos options obligatoires ne nécessitent que bien peu l'usage d'une baguette - vos D.E.F.I.S. sont donc en relative sécurité, vous pouvez prendre le temps nécessaire, non? Vous avez plus d'un an pour vous la réapproprier ». Il serait toujours un optimiste - pour les autres, à tout le moins. Toujours celui qui verrait obstinément le côté positif des choses, les solutions, la lumière du jour passant à travers les fractures et autres fêlures dans la ligne du temps, dans les relations, dans les âmes. Lorsque le sorcier avait été présent, n'avait-il pas toujours été aussi solaire qu'il pouvait l'être, multipliant tournures de phrases habiles, plaisanteries au degré de subtilité variable, même piques, si besoin était? On ne le changerait pas, même - et surtout - face à une étudiante si rétive.
Les notes égrenées semblaient se suspendre dans l'air, le temps qu'il les observe. Evan avait toujours été ainsi, avec la musique - comme si, le temps d'un instant, il pouvait se dédoubler, l'un d'entre eux poursuivant sa mélodie et l'autre le fixant de haut, voyant dans l'air tracé de notes les erreurs potentielles avant qu'elles ne se produisent, toujours trois pas d'avance. Trois notes d'avance. Trois chansons d'avance. Trois émotions en retard. L'étudiante poursuivait, lui demandant comment se rendre compte d'avoir blessé quelqu'un, et comment réparer les pots cassés. Passant une main aux longs doigts dans sa chevelure ambrée et indisciplinée, Evan soupira, adressant un sourire presque penaud à l'étudiante. « Je n'ai pas la plus grande introspection au monde - quoique j'imagine que le fait de le réaliser dénote certaines facultés à cet égard, mais passons le débat philosophique du dragon ou de l'oeuf », dit-il avec un rire léger dans la voix, haussant les épaules en signe de fatalité. La sonate au clair de lune terminée, Evan enchaîna avec un second titre, appris de la bande sonore d'une oeuvre moldue. Alors qu'il emplissait l'air de cette nouvelle mélodie, le professeur de musique reprit la parole. « Il faut une certaine dose d'esprit obstiné, je vous l'avoue », fit le pianiste en glissant un petit regard vers la jeune femme, avant que sa voix ne devienne songeuse. « Je crois aussi ... Qu'il faut réaliser que ce ne sont pas toutes les relations qui se ressemblent, et que, par exemple, ce n'est pas parce que votre relation avec votre baguette est devenue différente qu'elle est nécessairement mauvaise ». Le voilà qui devenait philosophe, le géant roux.
Voix rêveuse, égarée. « Présentement, je ... » Il s'interrompit, n'ayant aucune idée de la façon de poursuivre sa phrase, lui qui était d'ordinaire si doué avec les mots. « Je n'en sais rien, en fait. Je suis confus, présentement », avoua-t-il avec un petit rire d'autodérision, ses doigts caressant les touches d'ivoire sans réellement réfléchir, automatisme des membres alors que l'esprit était ailleurs, toujours. « C'est terrible, non? Vous allez perdre tout respect pour le corps professoral si je continue! » Fier, le professeur de musique l'avait toujours été, mais il se caractérisait aussi par un délicieux mélange d'autodérision - fier, mais ne se prenant jamais trop au sérieux. Le moment lui revint en tête : la petite clairière, les fleurs, l'air piquant de l'hiver sous lequel le printemps commençait à s'annoncer. Les traits de sa défunte épouse, apparition évanescente contre le fond vert de la forêt. « J'ai vu ... Une apparition. Ce n'était pas un fantôme ... Mais je suis convaincu de ne pas l'avoir imaginée », assura-t-il. Evan savait comment paraîtrait son histoire - peut-être son étudiante le quitterait-elle en se disant qu'il fallait être cinglé pour devenir un musicien d'aussi grand talent, et que c'était le secret du professeur de musique. « Ma défunte épouse, Elena. Impossible de lavoir imaginée ... Enfin, je crois. Elle a planté une énigme en moi et je ne parviens pas à la résoudre. Depuis, tout est un peu ... Confus ». Son regard fixé sur la surface du piano, les doigts du musicien quittèrent le clavier pour se passer sur son visage - Evan était fatigué, las de triturer l'énigme d'Elena seul dans sa tête, croyant devenir fou de ne pouvoir ouvrir cette boite de Pandore ... et craignant d'avoir accès à son contenu. « Je suis désolé Abigail, nous ne pourrions pas être plus loin de la leçon de chant, ou encore de la discussion portant sur votre baguette ».
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Mer 24 Avr 2019 - 11:06
Optimiste, il était certain que le professeur de musique l'était. Sans doute était-ce même un trait de caractère particulièrement prononcé chez lui, et je devais reconnaître que ça lui convenait plutôt bien. Après tout il avait toujours vu le bon côté de ma personnalité sans réellement se formaliser des mauvais, surtout de ma maladresse. Alors, même si l'impact sur la confiance que je me portais n'était pas changé à tout jamais avec les propos qu'il me tenait, je me sentais tout de même légèrement rassérénée. Il était vrai que dans mon cursus, l'usage de la baguette magique avait moins d'importance que dans d'autres matières. Néanmoins, j'étais trop habituée non pas à exceller, mais à réussir ce que j'entreprenais. Non pas que je craignais l'échec et que je le refusais, mais redoubler une année m'épuisais par avance, rien que d'y penser. Plus de dix-sept ans d'études pour parvenir à être une dragonologiste diplômée, c'était long. Très long. J'avais cette étrange sensation d'être passée à côté des plus belles années de ma vie, en les ayant assises sur les bancs des études. Évidemment, j'avais conscience de ne pas être la seule dans ce cas et surtout qu'étudier les dragons était quelque chose de complexe, mais voilà. Les études commençaient à peser sur mes petites épaules.
Alors avec aisance, d'un regard presque de défi, je me permettais quelques petites variations sur notre morceau de Beethoven, histoire de lui répondre que oui, j'en avais trop bouffé, et que puisqu'il fallait s'entraîner durant son cours, autant oser l'improvisation et la variation. Aussi, j'essayais d'atténuer le côté dramatique que l'enseignant avait donné en me joignant avec le côté grave du piano.
Au fond, tout n'était sûrement qu'une façon de penser. Au lieu de me dire que je n'avais plus qu'une année pour y arriver, il fallait que je me dise que j'en avais encore une et que ça allait sûrement suffire. Après tout, je sentais déjà le vent changer de direction, au moins concernant ma vie personnelle et sentimentale. Je devais le prendre et accepter de voguer dans son sens. Comme un bateau, je voulais être fière de ce que portais mon dos.
- N'est-ce pas le travail de toute une vie ? Que de se réapproprier la confiance de quelque chose d'aussi énigmatique qu'une baguette ? Avec un sourire en coin qui me déstabilisait moi-même, j'enchainais. De quelque chose, ou de quelqu'un ?
Alors que mon professeur entamait une nouvelle mélodie après s'être passée une main dans sa chevelure bouclée, je reconnaissais sans mal le style de Ludovico Einaudi, un pianiste que j'affectionnais tout particulièrement et dont la musique dans quelques films moldus me transportait sans cesse.
Pourtant, je n'accompagnais pas immédiatement monsieur Wakefield, comme désireuse de connaître sa propre vision d'Einaudi. Attentive pourtant, je ne pouvais m'empêcher de le regarder avec attention. Non pas en restant pendue à ses lèvres comme s'il obtenait les réponses miracles, mais bien parce que j'appréciais de plus en plus partager avec lui. Je sentais la confiance s'installer. J'aimais parler de tout et de rien avec n'importe qui, j'avais toujours cette faculté à trouver n'importe quelle conversation intéressante. Car il y avait de la richesse en chacun de nous.
Songeuse, je fixais les touches blanches et noires immobiles devant moi alors que la voix grave de mon enseignant raisonnait dans mon esprit. Toutes les relations ne se ressemblent pas.
J'en eus du mal à déglutir. Moi qui n'avais pas une grande expérience en la matière, je reconnaissais bien là que je m'étais sûrement fourvoyée, surtout dans mes relations amoureuses. D'Adoración à Levius, j'avais été une petite amie passablement encombrante malgré moi. Pas dans le sens où j'imposais mes sentiments et ma présence, mais bien parce que je découvrais comme une adolescente ce que signifiait être en couple. Qui plus est, Levius avait dû m'aimer avec mes blessures de ma relation précédente. Chose difficile s'il en est. Alors, sûrement que sans faire exprès, j'avais fait en sorte que mes deux relations se ressemblent, pour que je puisse garder un genre de repère, pour essayer de ne pas commettre d'impair… et au final était-ce ça qui m'avait perdue ?
Comme toute réponse, je me permettais enfin d'accompagner mon professeur de musique, toujours avec cette même aisance puisque je connaissais les œuvres du compositeur que nous reprenions. Hochant la tête, répondant uniquement par les notes, je gardais obstinément les lèvres pincées alors que j'étais visiblement plongée dans mes pensées sans pour autant m'empêcher d'écouter la suite de ce qu'avait à me confier l'écossais.
Un fin sourire ironique se peigna sur mes lèvres fermées alors qu'il croyait que j'allais perdre un quelconque respect pour le corps enseignant d'Hungcalf. Le secrétaire connaissait mes faiblesses et mes accidents mieux que mon mentor présentement à côté de moi. Et s'il savait… Ho oui, s'il savait à quel point j'avais été éperdument amoureuse de l'une de ses anciennes collègues… sûrement aurait-il changé de discours. Mais je ne me permettais aucune autre réaction, aucun commentaire, peu désireuse de l'interrompre, intéressée et soudainement concernée.
Ma très grande empathie me permettait d'apprécier chaque personne que je rencontrais, de comprendre les sentiments dans leurs mots, et de vouloir leur venir en aide quoiqu'il m'en coûtait. Parce que j'étais ainsi. Petit coton blanc dans un monde bien trop rocailleux et sombre. C'est donc sans jugement aucun et sans moquerie que je l'écoutais me parler de sa défunte épouse, sentant une lame me traverser douloureusement le cœur, par extension de la propre douleur qu'avait subi l'enseignant. Constatant sans le moindre mal la lassitude et la difficulté qu'il avait à comprendre le sens de ce qu'il avait vu, je me permettais de tenir une note qui vint suspendre le temps dans la salle de classe.
- Est-ce que vous voulez me faire part de cette énigme ? Sans prétention, je peux peut-être vous aider ? Lorsqu'il revint sur moi pour s'excuser, je ne pouvais m'empêcher de pouffer sensiblement tout en effectuant une gamme rythmée avec facilité de ma main droite. Je ne suis pas d'accord avec vous. Chanter, ou jouer de la musique, c'est se confier, d'une manière ou d'une autre. N'est-ce pas ce que nous faisons ? Pour encore mieux travailler ensemble plus tard, et arriver aux buts que vous nous fixerez. D'un regard complice, je le laissais considérer les sous-entendus que je venais de lui offrir dans mes paroles. Je commençais à lui faire confiance, à être à l'aise avec lui. Je ne saurai que mieux travailler dans ces conditions. Je reprenais ensuite l'une des mélodies que j'avais improvisée tout à l'heure. L'air me restait obstinément dans la tête, je voulais y poser des paroles, avant que ça ne m'agace. Mon esprit s'égara alors auprès d'un visage que j'appréciais voir en ce moment, androgyne, animal, énigmatique, mais tout aussi charmant que fragile.
- Can I tell you something just between you and me?
When I hear your voice, I know I'm finally free
Every single word is perfect as it can be
And I need you here with me
When you lift me up, I know that I'll never fall
I can speak to you by saying nothing at all
Every single time, I find it harder to breathe
'Cause I need you here with me
Alors avec aisance, d'un regard presque de défi, je me permettais quelques petites variations sur notre morceau de Beethoven, histoire de lui répondre que oui, j'en avais trop bouffé, et que puisqu'il fallait s'entraîner durant son cours, autant oser l'improvisation et la variation. Aussi, j'essayais d'atténuer le côté dramatique que l'enseignant avait donné en me joignant avec le côté grave du piano.
Au fond, tout n'était sûrement qu'une façon de penser. Au lieu de me dire que je n'avais plus qu'une année pour y arriver, il fallait que je me dise que j'en avais encore une et que ça allait sûrement suffire. Après tout, je sentais déjà le vent changer de direction, au moins concernant ma vie personnelle et sentimentale. Je devais le prendre et accepter de voguer dans son sens. Comme un bateau, je voulais être fière de ce que portais mon dos.
- N'est-ce pas le travail de toute une vie ? Que de se réapproprier la confiance de quelque chose d'aussi énigmatique qu'une baguette ? Avec un sourire en coin qui me déstabilisait moi-même, j'enchainais. De quelque chose, ou de quelqu'un ?
Alors que mon professeur entamait une nouvelle mélodie après s'être passée une main dans sa chevelure bouclée, je reconnaissais sans mal le style de Ludovico Einaudi, un pianiste que j'affectionnais tout particulièrement et dont la musique dans quelques films moldus me transportait sans cesse.
Pourtant, je n'accompagnais pas immédiatement monsieur Wakefield, comme désireuse de connaître sa propre vision d'Einaudi. Attentive pourtant, je ne pouvais m'empêcher de le regarder avec attention. Non pas en restant pendue à ses lèvres comme s'il obtenait les réponses miracles, mais bien parce que j'appréciais de plus en plus partager avec lui. Je sentais la confiance s'installer. J'aimais parler de tout et de rien avec n'importe qui, j'avais toujours cette faculté à trouver n'importe quelle conversation intéressante. Car il y avait de la richesse en chacun de nous.
Songeuse, je fixais les touches blanches et noires immobiles devant moi alors que la voix grave de mon enseignant raisonnait dans mon esprit. Toutes les relations ne se ressemblent pas.
J'en eus du mal à déglutir. Moi qui n'avais pas une grande expérience en la matière, je reconnaissais bien là que je m'étais sûrement fourvoyée, surtout dans mes relations amoureuses. D'Adoración à Levius, j'avais été une petite amie passablement encombrante malgré moi. Pas dans le sens où j'imposais mes sentiments et ma présence, mais bien parce que je découvrais comme une adolescente ce que signifiait être en couple. Qui plus est, Levius avait dû m'aimer avec mes blessures de ma relation précédente. Chose difficile s'il en est. Alors, sûrement que sans faire exprès, j'avais fait en sorte que mes deux relations se ressemblent, pour que je puisse garder un genre de repère, pour essayer de ne pas commettre d'impair… et au final était-ce ça qui m'avait perdue ?
Comme toute réponse, je me permettais enfin d'accompagner mon professeur de musique, toujours avec cette même aisance puisque je connaissais les œuvres du compositeur que nous reprenions. Hochant la tête, répondant uniquement par les notes, je gardais obstinément les lèvres pincées alors que j'étais visiblement plongée dans mes pensées sans pour autant m'empêcher d'écouter la suite de ce qu'avait à me confier l'écossais.
Un fin sourire ironique se peigna sur mes lèvres fermées alors qu'il croyait que j'allais perdre un quelconque respect pour le corps enseignant d'Hungcalf. Le secrétaire connaissait mes faiblesses et mes accidents mieux que mon mentor présentement à côté de moi. Et s'il savait… Ho oui, s'il savait à quel point j'avais été éperdument amoureuse de l'une de ses anciennes collègues… sûrement aurait-il changé de discours. Mais je ne me permettais aucune autre réaction, aucun commentaire, peu désireuse de l'interrompre, intéressée et soudainement concernée.
Ma très grande empathie me permettait d'apprécier chaque personne que je rencontrais, de comprendre les sentiments dans leurs mots, et de vouloir leur venir en aide quoiqu'il m'en coûtait. Parce que j'étais ainsi. Petit coton blanc dans un monde bien trop rocailleux et sombre. C'est donc sans jugement aucun et sans moquerie que je l'écoutais me parler de sa défunte épouse, sentant une lame me traverser douloureusement le cœur, par extension de la propre douleur qu'avait subi l'enseignant. Constatant sans le moindre mal la lassitude et la difficulté qu'il avait à comprendre le sens de ce qu'il avait vu, je me permettais de tenir une note qui vint suspendre le temps dans la salle de classe.
- Est-ce que vous voulez me faire part de cette énigme ? Sans prétention, je peux peut-être vous aider ? Lorsqu'il revint sur moi pour s'excuser, je ne pouvais m'empêcher de pouffer sensiblement tout en effectuant une gamme rythmée avec facilité de ma main droite. Je ne suis pas d'accord avec vous. Chanter, ou jouer de la musique, c'est se confier, d'une manière ou d'une autre. N'est-ce pas ce que nous faisons ? Pour encore mieux travailler ensemble plus tard, et arriver aux buts que vous nous fixerez. D'un regard complice, je le laissais considérer les sous-entendus que je venais de lui offrir dans mes paroles. Je commençais à lui faire confiance, à être à l'aise avec lui. Je ne saurai que mieux travailler dans ces conditions. Je reprenais ensuite l'une des mélodies que j'avais improvisée tout à l'heure. L'air me restait obstinément dans la tête, je voulais y poser des paroles, avant que ça ne m'agace. Mon esprit s'égara alors auprès d'un visage que j'appréciais voir en ce moment, androgyne, animal, énigmatique, mais tout aussi charmant que fragile.
- Can I tell you something just between you and me?
When I hear your voice, I know I'm finally free
Every single word is perfect as it can be
And I need you here with me
When you lift me up, I know that I'll never fall
I can speak to you by saying nothing at all
Every single time, I find it harder to breathe
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- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Sam 27 Avr 2019 - 15:51
De pianiste, il devenait philosophe, malgré l'heure et malgré sa lassitude provoquée par cette damnée énigme qui ne quittait pas son esprit. Pourtant, l'étudiante le suivait dans ses circonvolutions verbales, les détours que son âme aimait prendre pour disserter. « N'est-ce pas le travail de toute une vie ? Que de se réapproprier la confiance de quelque chose d'aussi énigmatique qu'une baguette ? De quelque chose, ou de quelqu'un ? » Le petit sourire en coin de sa protégée n'échappa au professeur, qui haussa un sourcil, amusé malgré lui, de voir la timidité de la jeune femme commencer à fondre. « Oui ... », souffla-t-il, sachant fort bien qu'il ne parlait plus de baguettes, le visage de l'Allemande s'imposant à son esprit comme un tatouage, une marque au fer rouge dont il n'aurait su se séparer. Combien d'années avait-il passées à se mentir, s'assurer que tout allait bien entre eux, et que si elle ne disait rien, c'était parce que leur relation lui convenait, à elle aussi? Comment avait-il possiblement pu être aussi sot, lui qui savait se tirer de toutes les situations? « Et si votre baguette est capricieuse, elle aussi ... », murmura-t-il, laissant la phrase en suspens. Le pianiste n'avait besoin de rien ajouter - Abigail savait, qu'il s'agissait du travail d'une existence, ne l'avait-elle pas dit elle-même? Capricieuse, Ariadne l'était, plus que toute autre âme croisée par Evan. Impérieuse, capricieuse, unique - et tellement nécessaire à son existence. Probablement à l'image d'une baguette - mais il se garderait de prononcer la comparaison en présence de la médicomage. Lentement, l'Écossais entama plutôt une nouvelle mélodie, teintant l'oeuvre d'Einaudi de sa propre interprétation - un brin de malice ne se glissait-il pas toujours dans les oeuvres qu'il interprétait, si mélancoliques soient-elles?
Il serait toujours la fissure à travers laquelle la lumière se glisserait.
Les doigts fins de la jeune femme se joignant aux siens sur les touches, le professeur profita de cet instant d'abandon musical, le temps d'un battement de coeur, pour souffler. Tenter de souffler les tracas de l'âme qui ne semblaient que le suivre ces temps-ci. Soupirant, il tenta d'expliquer à Abigail l'état dans lequel il se trouvait présentement. « Est-ce que vous voulez me faire part de cette énigme ? Sans prétention, je peux peut-être vous aider ? ». La note suspendue résonnait entre eux. « Au point où j'en suis ... », marmonna Evan, se passant une main sur le visage à nouveau, avant de s'excuser pour le détour inattendu qu'avait pris leur séance de musique. La jeune femme rétorqua pourtant du tac au tac, penchée sur la confiance accordée par un musicien lorsqu'il se produisait. Sans avoir le temps de répondre, le professeur écoutait Abigail poursuivre sa touchante mélodie - ce qu'il lui fallait pour reprendre ses esprits. La chanson terminée, un soupir quitta ses lèvres alors qu'il redressait son torse, le coude appuyé contre la surface en bois du piano. « Vous devez certainement vous souvenir que j'ai été attaqué sous ma forme d'animagus en décembre », commença le professeur - comment aurait-elle pu l'oublier? Outre le fait que l'étudiante lui avait appliqué une pommade cicatrisante, leur rencontre leur avait valu une affreuse mention dans le Chineur ... et une gêne incroyable pendant quelques temps par la suite. « J'avais été sauvé par une médicomage, qui lisait sur un banc pendant son jour de congé. Nous nous sommes revus à quelques reprises - là n'est pas l'important », poursuivit-il, coupant court aux explications fleur bleue au sujet de ses visites auprès sa sauveuse devenue convalescente.
Glissant un regard en biais vers sa protégée, Evan poursuivit. « Avez-vous été affectée par les potions dispersées aux quatre vents par les fées, en février? Ladite médicomage l'avait été - il s'agissait d'un philtre d'amortencia très réussi ». La honte le submergea presque, l'idée, le rappel qu'il avait embrassé une femme qui n'avait plus ses moyens. Se raclant la gorge, le professeur tenta de se rasséréner - allons, Wakefield. « La jeune femme est revenue à ses sens contre mes lèvres », admit Evan, penaud, se surprenant de rougir légèrement au souvenir. « Enfin, là n'est pas l'essentiel - l'apparition, Elena, m'a dit "ce n'est pas ce que tu crois, de plus d'une manière" ». Sourcils froncés, il pianota machinalement contre le clavier d'ivoire. « La première manière était plutôt claire - ma sauveuse était sous amortencia, après tout. Mais la seconde? Voire même la tierce? J'en deviens fou, je ne peux cesser d'y penser ». Agacé de se retrouver aussi démuni face à une énigme qui n'était probablement le produit que de sa propre imagination, Evan appuya un peu plus sèchement sur les touches.
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Lun 29 Avr 2019 - 12:49
D'un regard en coin, j'osais observer le grand roux qui semblait perdu dans une comparaison entre ma baguette et quelque chose de plus personnel, de plus profond le concernant. Toutefois, je ne me permettais aucune question, laissant tout le temps à autrui de se confier à son rythme s'il le souhaitait. Je n'étais pas du genre à forcer qui que ce soit ni quoique ce soit.
Tranquille, je laissais couler le temps, à l'instar de mes doigts sur les touches du piano, attentive aux réflexions de mon professeur. Quelles étranges relations je pouvais obtenir lors de mes cours privés. Il allait vraiment falloir que je me méfie, ou alors j'allais sans cesse avoir mon nom dans le Chineur à ce propos. Moi qui y avais échappé durant tant d'années, à présent il semblerait que je sois une nouvelle cible. Il fallait bien qu'ils se renouvèlent, les pauvres, dans ce bureau de commérages. Mais au fond, qu'importe ce qu'on pouvait dire de moi. Ceux qui étaient concernés connaissaient la vérité, c'était tout ce qui comptait à mes yeux.
Sans jugement, sans aucune opposition, sans sourire narquois, je laissais l'écossais me raconter ce qu'il souhaitait, cheminement que je m'imaginais, tissé au fil des notes que je laissais retentir avec douceur et timidité. Comme si je ne désirais en aucun cas briser la concentration du professeur, ne pas le tirer trop fort de ses pensées.
Pourtant, un léger froncement de sourcils fut visible sur mon visage lorsque l'énigme posée par l'apparition fut révélée. Je ne jugeais absolument pas ce que monsieur Wakefield avait pu voir. Pourquoi le ferai-je ? Nous vivions dans un monde magique où tout n'était pas toujours explicable. Alors, qui étais-je pour juger ceux qui parlaient seuls, ou qui pouvaient apercevoir les morts ? N'était-il pas possible de voir certaines créatures, comme les sombrales, lorsque nous avions vu la mort ?
Pourtant bien peu douée en énigmes, je prenais le temps de réfléchir tout en continuant une mélodie complétement hasardeuse et improvisée, traduction de mes pensées tout aussi confuses que mon mentor. Sans réagir à la frappe plus sonore qu'il venait de faire retentir dans la pièce, je venais me mordre l'intérieur de la bouche, les yeux plissés par la concentration.
Effectivement je n'avais sans doute pas l'esprit assez vif pour pouvoir tout comprendre en un claquement de doigts comme certains, toutefois, je savais lire entre les lignes. Passée experte dans ce genre d'exercice avec ma relation avec Levius, je connaissais certains autres langages, et j'avais la prétention de croire que les solutions étaient souvent bien différentes que celles que nous attendions. Penchant un peu la tête sur le côté, faisant claquer ma langue dans ma bouche, j'en venais à une conclusion, peut-être absurde quoiqu'il en soit.
- Mmh… et si… vous preniez le problème à l'envers ? Pour imager mes propos, je relevais mes doigts, cessant alors de jouer ma mélodie. Tendant le bras, je passais devant mon professeur, presque couchée sur le clavier du piano, je venais appuyer sur une touche. Un do. Puis je me redressais d'une gamme pour faire retentir le do au-dessus. Et je remontais ainsi le clavier jusqu'au dernier do le plus aiguë devant moi. Posant mes prunelles sombres sur mon professeur incrédule, je me permettais un petit sourire avant de m'expliquer. "Ce n'est pas ce que tu crois, de plus d'une manière". Plutôt que de se concentrer sur les différences, pourquoi ne pas regarder les ressemblances ? C'est ce que semble sous-entendre votre défunte épouse. Regardez, tous les do que je viens de faire raisonner sont différents, mais pourtant, ce sont tous des do, n'est-ce pas ?
Posant mes mains sur mes genoux, je prenais un instant de silence pour essayer d'améliorer mes explications que je reconnaissais confuse.
- Y aurait-il des ressemblances quelconques entre votre Elena, et votre sauveuse ?
Tranquille, je laissais couler le temps, à l'instar de mes doigts sur les touches du piano, attentive aux réflexions de mon professeur. Quelles étranges relations je pouvais obtenir lors de mes cours privés. Il allait vraiment falloir que je me méfie, ou alors j'allais sans cesse avoir mon nom dans le Chineur à ce propos. Moi qui y avais échappé durant tant d'années, à présent il semblerait que je sois une nouvelle cible. Il fallait bien qu'ils se renouvèlent, les pauvres, dans ce bureau de commérages. Mais au fond, qu'importe ce qu'on pouvait dire de moi. Ceux qui étaient concernés connaissaient la vérité, c'était tout ce qui comptait à mes yeux.
Sans jugement, sans aucune opposition, sans sourire narquois, je laissais l'écossais me raconter ce qu'il souhaitait, cheminement que je m'imaginais, tissé au fil des notes que je laissais retentir avec douceur et timidité. Comme si je ne désirais en aucun cas briser la concentration du professeur, ne pas le tirer trop fort de ses pensées.
Pourtant, un léger froncement de sourcils fut visible sur mon visage lorsque l'énigme posée par l'apparition fut révélée. Je ne jugeais absolument pas ce que monsieur Wakefield avait pu voir. Pourquoi le ferai-je ? Nous vivions dans un monde magique où tout n'était pas toujours explicable. Alors, qui étais-je pour juger ceux qui parlaient seuls, ou qui pouvaient apercevoir les morts ? N'était-il pas possible de voir certaines créatures, comme les sombrales, lorsque nous avions vu la mort ?
Pourtant bien peu douée en énigmes, je prenais le temps de réfléchir tout en continuant une mélodie complétement hasardeuse et improvisée, traduction de mes pensées tout aussi confuses que mon mentor. Sans réagir à la frappe plus sonore qu'il venait de faire retentir dans la pièce, je venais me mordre l'intérieur de la bouche, les yeux plissés par la concentration.
Effectivement je n'avais sans doute pas l'esprit assez vif pour pouvoir tout comprendre en un claquement de doigts comme certains, toutefois, je savais lire entre les lignes. Passée experte dans ce genre d'exercice avec ma relation avec Levius, je connaissais certains autres langages, et j'avais la prétention de croire que les solutions étaient souvent bien différentes que celles que nous attendions. Penchant un peu la tête sur le côté, faisant claquer ma langue dans ma bouche, j'en venais à une conclusion, peut-être absurde quoiqu'il en soit.
- Mmh… et si… vous preniez le problème à l'envers ? Pour imager mes propos, je relevais mes doigts, cessant alors de jouer ma mélodie. Tendant le bras, je passais devant mon professeur, presque couchée sur le clavier du piano, je venais appuyer sur une touche. Un do. Puis je me redressais d'une gamme pour faire retentir le do au-dessus. Et je remontais ainsi le clavier jusqu'au dernier do le plus aiguë devant moi. Posant mes prunelles sombres sur mon professeur incrédule, je me permettais un petit sourire avant de m'expliquer. "Ce n'est pas ce que tu crois, de plus d'une manière". Plutôt que de se concentrer sur les différences, pourquoi ne pas regarder les ressemblances ? C'est ce que semble sous-entendre votre défunte épouse. Regardez, tous les do que je viens de faire raisonner sont différents, mais pourtant, ce sont tous des do, n'est-ce pas ?
Posant mes mains sur mes genoux, je prenais un instant de silence pour essayer d'améliorer mes explications que je reconnaissais confuse.
- Y aurait-il des ressemblances quelconques entre votre Elena, et votre sauveuse ?
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Ven 3 Mai 2019 - 21:06
Pris entre le désir d'avancer et d'aider Abigail, Evan n'était au final parvenu qu'à s'enliser dans ses propres soucis, après avoir dispensé quelques grai d de sagesse à l'étudiante. « Mmh… et si… vous preniez le problème à l'envers ? » Tournant legerement la tête vers sa protégée, Evan fixait le vide, mais indiquait à la jeune femme qu'elle avait tout de même son entière attention, perdu entre ses souvenirs et la réalité qui demeurait obstinément une énigme. L'entendant faire résonner plusieurs Do successifs dans des gammes différentes, le professeur hocha la tête, croyant comprendre où elle souhaitait en venir. « Y aurait-il des ressemblances quelconques entre votre Elena, et votre sauveuse ? » Visage penché vers le clavier, le pianiste ne répondit d'abord pas, occupé qu'il était à fixer les touches qu'il caressait si souvent. Ses doigts recommencèrent à voler sur le clavier, agiles, alors qu'il laissait le souvenir d'Elena l'envahir et se superposer aux interactions qu'il avait eues avec Murphy. L'enthousiasme touché face au musicien lorsqu'il prenait sa forme de rossignol, l'air enjoué alors qu'il faisait entendre ses chansons roucoulantes. Un petit pli se creusa aux commissures des yeux verts d'Evan, qui s'autorisait si rarement à penser à elle. Elena. Sa tendre épouse, dont il ressentait cruellement l'absence tous les jours depuis dix ans, bien que la douleur soit devenue moins lancinante avec le temps, presque engourdie. « Une certaine affection pour les oiseaux, bien que celle qui m'a sauvé semblait les aimer davantage », dit finalement le pianiste, continuant de jouer sans mot dire, concentré et perdu à la fois, tentant de les dépareiller dans son esprit tout en traçant leurs similitudes. « Silencieuses ». Le vacarme que pouvait provoquer le silence, il y avait été habitué avec sa ballerine, qui parlait davantage par les yeux que la bouche. L'Écossais appuya plus fortement sur le clavier à nouveau. « Timides ». Le regard apeuré de Murphy lorsqu'il lui avait demandé si elle aimerait qu'il chante pour elle à nouveau. Les joues d'Elena qui avaient délicieusement rougi en acceptant sa première invitation - alors que son propre cœur avait battu si lourdement la chamade. « Douces ». La gentillesse d'Elena, toujours prête à aider son prochain avec un rire enchanteur. Murphy, qui était restée à l'hôpital jusqu'à son éveil, bien qu'il n'ait plus relevé de son service. « Le cœur rempli de bonté », conclut-il, écrasant avec violence la dernière touche, plus fort qu'il ne l'avait souhaité, parce qu'il croyait enfin comprendre ce que l'apparition avait voulu lui faire comprendre.
Vif argent. this is not what you think, darling. In more ways than one. Regard humide, les jointures blanches sous la tension, pli de regret et d'une amertume qu'il avait crus enfouis depuis longtemps au visage. Le deuil, jamais complété, vraiment, enfoui comme on cacherait un objet dont on ne sait pas comment se débarrasser mais qu'on n'ose plus regarder, avec honte et sans comprendre. Tournant enfin le visage vers sa protégée, Evan dut se racler la gorge avant d'être capable de parler à nouveau. « Croyez-vous ... qu'Elena voulait me prévenir? » Sourcils froncés, le professeur se remémora un extrait lu par Ariadne, jadis, alors qu'elle étudiait pour ses examens pendant leur parcours universitaire. Avant de se spécialiser, les futurs médicomages avaient à se familiariser avec plusieurs branches de leur discipline, dont la psychomagie faisait partie. Le transfert est le processus lors duquel des sentiments d'un sujet se retrouvent reportés sur une autre personne. « Pourrait-elle avoir tenté de me prévenir que j'avais fait ... un transfert? » Il ne posait pas réellement la question à sa spectatrice involontaire, ni vraiment au vide - besoin de réponses en son univers qui, auparavant paisible, était devenu si troublé lors des derniers mois. « Damnées soient les affaires de cœur », murmura-t-il, se passant une main sur le visage.
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Dim 5 Mai 2019 - 23:22
Silencieuse, j'écoutais mon professeur réfléchir à voix haute, aidé des notes qu'il frappait par les touches du piano. Je ne me permettais pas de bouger ou de remuer, ni même de m'aventurer à un quelconque commentaire. Comme un artiste, je le voyais rassembler les éléments pour en tisser lentement, mais sûrement, une toile. Bien que je ne puisse pas y voir les contours en détail puisque je n'étais pas légilimience et que je ne connaissais pas les deux personnes qu'évoquait monsieur Wakefield, je pouvais m'imaginer sans mal toute l'ampleur que cela pouvait prendre dans son esprit.
Pourtant, je reculais sensiblement le visage lorsque la dernière note raisonna plus fortement que les autres. Observatrice, je pouvais voir sans mal cette humidité émotionnelle dans ses yeux, et cette tension dans ses mains. J'en venais à regretter de l'avoir poussé jusqu'à ce genre de retranchement, mais au lieu de m'excuser, je préférais toujours rester silencieuse, me mordant alors la lèvre inférieure. Peut-être était-ce un mal nécessaire après tout.
J'ignorais ce que c'était de perdre quelqu'un que l'on aimait. De le perdre dans le sens de la vie. Bien sûr, j'avais perdu deux personnes particulièrement chères à mon cœur, mais ils étaient en vie. La démarche du deuil n'avait donc rien à voir, et sans doute que la douleur non plus. Je n'étais pas au fait de la date de décès de sa défunte épouse, pourtant je voyais sans la moindre difficulté le manque qu'elle creusait en le fort intérieur de mon professeur de musique. Je pouvais dès lors presque comprendre pourquoi la musique était si importante pour lui, même s'il l'avait connue avant cette femme.
La musique pouvait être un refuge.
Clignant des paupières de manière innocente, je réfléchissais à sa question en essayant de me baser sur ma propre expérience, qui était-elle bien maigre. Plutôt mal placée pour me prononcer, j'essayais tout de même de venir en aide à mon tuteur, laissant à mon tour mes doigts glisser distraitement le long du clavier de l'instrument. La mélodie improvisée m'aidait à réfléchir, m'aidant à me perdre dans mes pensées et mes souvenirs.
Alors que j'avais commencé ma relation avec Levius, je songeais encore énormément à Adoración. J'agissais avec lui comme j'avais pu le faire avec elle, bien que j'avais pleinement conscience qu'ils soient totalement différents. Qu'ils étaient bien deux personnes distinctes. Pourtant, débutante en amour et sans expérience, n'avais-je pas reporté mes craintes et mes douleurs sur Levius qui ne le méritait absolument pas ?
Et est-ce que c'était cela qui avait fini par nous perdre ?
Serais-je donc véritablement responsable de la rupture de notre belle histoire ? Est-ce que son départ n'était pas une excuse pour fuir la situation qui était devenue trop lourde sur ses épaules ? Pourquoi ne m'avait-il rien dit alors que nous nous étions fait une promesse ? En mon fort intérieur, je sentais à quel point je perdais un peu plus chaque jour foi en l'humanité.
Pourtant monsieur Wakefield me l'avait bien précisé plus tôt. Chaque relation est différente.
Mais il y a une différence entre le savoir, et s'en rendre véritablement compte.
D'un petit soupir las, je fixais mon reflet que le piano me renvoyait avec peu de précision.
- Et bien, c'est une possibilité oui. Ou aussi que cette personne n'était pas celle que vous croyez ? Je veux dire dans le sens où ce n'était pas celle qui vous était destiné ?
Je hasardais totalement, et cela se voyait dans mon attitude peu assurée. Mais en voyant le désarroi du grand roux, tandis qu'il se passait une main sur son visage, je ne pouvais m'empêcher de me sentir davantage empathique à son égard. D'un geste rempli de compassion et de tendresse, je venais lui serrer doucement le bras.
- C'est certain. Des fois j'en viens à me demander si tout cela vaut vraiment le coup d'être vécu.
J'en doutais véritablement après les deux histoires que j'avais vécues, et qui s'étaient finies en fiasco. Pourtant… Pourtant, c'était comme si mon cœur ne voulait rien savoir et qu'il appelait encore et toujours à cette affection que je désirais tant malgré moi. Encore une fois il en vint à me rappeler l'identité d'une certaine ukrainienne que je connaissais vaguement.
Pourtant, je reculais sensiblement le visage lorsque la dernière note raisonna plus fortement que les autres. Observatrice, je pouvais voir sans mal cette humidité émotionnelle dans ses yeux, et cette tension dans ses mains. J'en venais à regretter de l'avoir poussé jusqu'à ce genre de retranchement, mais au lieu de m'excuser, je préférais toujours rester silencieuse, me mordant alors la lèvre inférieure. Peut-être était-ce un mal nécessaire après tout.
J'ignorais ce que c'était de perdre quelqu'un que l'on aimait. De le perdre dans le sens de la vie. Bien sûr, j'avais perdu deux personnes particulièrement chères à mon cœur, mais ils étaient en vie. La démarche du deuil n'avait donc rien à voir, et sans doute que la douleur non plus. Je n'étais pas au fait de la date de décès de sa défunte épouse, pourtant je voyais sans la moindre difficulté le manque qu'elle creusait en le fort intérieur de mon professeur de musique. Je pouvais dès lors presque comprendre pourquoi la musique était si importante pour lui, même s'il l'avait connue avant cette femme.
La musique pouvait être un refuge.
Clignant des paupières de manière innocente, je réfléchissais à sa question en essayant de me baser sur ma propre expérience, qui était-elle bien maigre. Plutôt mal placée pour me prononcer, j'essayais tout de même de venir en aide à mon tuteur, laissant à mon tour mes doigts glisser distraitement le long du clavier de l'instrument. La mélodie improvisée m'aidait à réfléchir, m'aidant à me perdre dans mes pensées et mes souvenirs.
Alors que j'avais commencé ma relation avec Levius, je songeais encore énormément à Adoración. J'agissais avec lui comme j'avais pu le faire avec elle, bien que j'avais pleinement conscience qu'ils soient totalement différents. Qu'ils étaient bien deux personnes distinctes. Pourtant, débutante en amour et sans expérience, n'avais-je pas reporté mes craintes et mes douleurs sur Levius qui ne le méritait absolument pas ?
Et est-ce que c'était cela qui avait fini par nous perdre ?
Serais-je donc véritablement responsable de la rupture de notre belle histoire ? Est-ce que son départ n'était pas une excuse pour fuir la situation qui était devenue trop lourde sur ses épaules ? Pourquoi ne m'avait-il rien dit alors que nous nous étions fait une promesse ? En mon fort intérieur, je sentais à quel point je perdais un peu plus chaque jour foi en l'humanité.
Pourtant monsieur Wakefield me l'avait bien précisé plus tôt. Chaque relation est différente.
Mais il y a une différence entre le savoir, et s'en rendre véritablement compte.
D'un petit soupir las, je fixais mon reflet que le piano me renvoyait avec peu de précision.
- Et bien, c'est une possibilité oui. Ou aussi que cette personne n'était pas celle que vous croyez ? Je veux dire dans le sens où ce n'était pas celle qui vous était destiné ?
Je hasardais totalement, et cela se voyait dans mon attitude peu assurée. Mais en voyant le désarroi du grand roux, tandis qu'il se passait une main sur son visage, je ne pouvais m'empêcher de me sentir davantage empathique à son égard. D'un geste rempli de compassion et de tendresse, je venais lui serrer doucement le bras.
- C'est certain. Des fois j'en viens à me demander si tout cela vaut vraiment le coup d'être vécu.
J'en doutais véritablement après les deux histoires que j'avais vécues, et qui s'étaient finies en fiasco. Pourtant… Pourtant, c'était comme si mon cœur ne voulait rien savoir et qu'il appelait encore et toujours à cette affection que je désirais tant malgré moi. Encore une fois il en vint à me rappeler l'identité d'une certaine ukrainienne que je connaissais vaguement.
- InvitéInvité
Re: Bury it, and rise above [Evan]
Dim 19 Mai 2019 - 6:26
Traversé d'un souvenir conceptuel, d'une bribe de savoir héritée des études universitaires d'Ariadne, Evan évoqua l'idée qu'il avait peut-être fait un transfert. D'Elena vers Murphy? C'était possible, et Abigail semblait d'accord, bien qu'elle n'était pas la mieux placée pour en juger - étrangère à la situation, aucunement formée pour l'écouter, mais elle avait la qualité d'une oreille attentive et la patience qu'ils puissent se faire croire, tous deux, qu'il s'agissait encore d'un cours de musique, occupés qu'ils étaient à pianoter en même temps qu'ils réfléchissaient, semblant adopter les mêmes réflexes inconscients pour organiser leurs pensées. « Et bien, c'est une possibilité oui. Ou aussi que cette personne n'était pas celle que vous croyez ? Je veux dire dans le sens où ce n'était pas celle qui vous était destiné ? » Evan fronça les sourcils, pensif. Celle qui lui avait été destinée, des années auparavant, n'était-ce pas celle qu'il avait abandonnée en rompant ses fiançailles, justement? Quelles femmes (ou quels hommes?) auraient pu lui être liés par le destin? Sa fiancée? Son épouse? Ses amants?La capricieuse?S'il avait écouté le destin, il se serait marié après ses études, serait devenu auror et serait à la tête d'un département aujourd'hui, peut-être père de famille, qui sait? La dernière idée lui aurait plu, lui serrait parfois le coeur, mais n'était-il pas désormais trop tard pour le sorcier qui, du haut de ses trente-huit ans et de son dur célibat, se contentait de reporter ses affections paternelles sur des figures et non de vrais enfants. « Je ne crois plus au destin en la matière - je n'y ai jamais réellement cru, en fait », admit le pianiste. Croire qu'une personne nous est destinée, pour Evan, s'était se refuser aux possibilités des autres. Si le musicien s'était fermé avec le deuil, c'était par douleur, par déni, mais pas en croyant qu'aucun autre ne viendrait par la suite. « Damnées soient les affaires de cœur ... », murmura-t-il, dépité par son propre manque de discernement en la matière. « C'est certain. Des fois j'en viens à me demander si tout cela vaut vraiment le coup d'être vécu. »
Découragé, Evan l'était, mais le soupir dépité de la jeune femme lui serra le coeur, et le contact léger de sa main sur la sienne en un signe de compassion lui arracha un petit sourire triste. Le géant se releva, faisant signe à la jeune femme que la drôle de leçon était terminée. « Aimer quelqu'un est la chose la plus dangereuse que vous puissiez faire », dit le professeur. « Même pour vous qui souhaitez travailler avec des dragons », ajouta-t-il en lui lançant un léger clin d'oeil. « Mais le jeu en vaut la chandelle à chaque fois ». Inclinant gracieusement la tête vers sa protégée, à qui il enseignait davantage que la musique, semblait-il, le musicien quitta la salle de ses longs pas tranquilles, nouvelles réalisations au fond de l'âme et, enfin, une certaine paix au creux du coeur, pour la première fois en dix ans.
RP terminé.
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