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beds are burning (gaphy)
Jeu 4 Avr 2019 - 15:17
Samedi 7 décembre 2013
“And a goal for the Arrows !” La foule autour de moi se lève, les cris des supporters se joignant à ceux du commentateur alors que les joueurs passent devant nous sur leurs balais, célébrant leur nouveau but. Tout le stade est levé, à part moi. Je suis délibérément assise, regardant d’un oeil mort le match se déroulant devant mes yeux, buvant distraitement le champagne de la coupe qui ne cesse de se remplir. Légèrement alcoolisée, je sens mon âme engourdie, mais ma tristesse et ma frustration sont bien réveillées, elles. Je ne sais franchement pas ce que je fais ici. Le Quidditch, ce n’est pas mon truc. Enfin, j’appréciais regarder le sport avant. Avant qu’Oz disparaisse et me laisse plus seule que jamais. Depuis plus d’un an, je n’ai jamais reposé un pied dans un stade. Car ça fait remonter trop de souvenirs. Les matches qu’il disputait, portant fièrement les couleurs des Wright, les entraînements, et surtout les heures passées sur les gradins à travailler ou discuter et traîner. Ce soir, c’est la première fois. J’ai reçu des billets VIP pour un match des Flèches d’Appleby. Son club préféré.
Depuis quelques mois, je reçois régulièrement des places gratuites, des maillots, des fanions et des posters aux couleurs bleu clair et argent. A chaque arrivée du hibou portant le colis, mon coeur se serre et la tristesse vient nourrir la colère qui bout au fond de moi. Je ne savais pas quoi en faire. Je n’ai jamais su quoi en faire. La première fois que j’ai reçu ces goodies, je les ai lancées contre le mur, la tasse se fracassant en plusieurs morceaux. Le reste a trouvé sa place dans la cheminée de la salle commune. Une fois, Lynn était présente lorsque j’ai reçu le colis, et n’a rien trouvé mieux que m’interroger sur la provenance de ce cadeau. Pour elle, j’avais un admirateur secret. J’ai eu envie de lui répondre que l’admirateur devrait faire plus de recherches sur mes goûts s’il était si intéressé. A la place, je me suis contentée de lever les yeux au ciel. Une autre piste de ma cousine était bien plus probable, mais surtout beaucoup plus effrayante. Ce pourrait-il qu’Oz m’envoie ces cadeaux ? Pourquoi me les enverrait-il ? Veut-il me revoir, est-il dans les parages ? Beaucoup trop de questions et d’appréhension créées par cette hypothèse. Mais je n’ai pas réussi à me l’ôter de la tête. Effrayée mais aussi pleine d’espoir, j’ai décidé d’accepter l’invitation tacite ce soir. Si j’ai reçu une place, c’est certainement car il a la deuxième, et voudrait faire la paix comme avant ? Incertaine, je suis allée trouver ma place. Mais aucun signe du Wright. Tentant de cacher ma déception, j’ai fait de mon mieux pour retenir les larmes qui menaçaient de couler.
Le match enfin terminé, mon corps suffisamment alcoolisé, je décide d’aller demander des comptes à l’organisateur du match. Il faut que je trouve qui est la personne qui m’a offert cette place, si ce n’est pas Oz. Parce qu’il n’a acheté qu’une seule place, c’est certain. Les personnes assises à côté de moi ne m’ont pas adressé un seul regard, preuve que je ne devais retrouver personne ce soir. Mais j’ai besoin de savoir. Alors, après un peu d’insistance de ma part (merci l’alcool), j’ai découvert que c’est un joueur du club qui m’a envoyé cette place. Un certain Fawley. Je ne connais aucun joueur de Quidditch professionnel, il doit y avoir une erreur. Non non, me répète la dame derrière son bureau. Aucune erreur. Il doit être dans le salon vip, je peux le retrouver, qu’elle me dit. Alors, perdue et désorientée, je prends le chemin indiqué. La vision floue, je peux tout de même voir les joueurs encore en tenue fêter leur victoire, des sourires aux lèvres. Plissant un peu les yeux, je discerne le nom du joueur qui m’a invitée ici en lettres argentées. Fawley. Je ne connais pas de Fawley. Qu’est-ce qu’il me veut ? Sans réfléchir, mes pas me portent jusqu’à lui, et je le tire par le bras pour qu’il se retourne vers moi. “Did you send me this ?” Aveugle au fait que je suis certainement en train de me donner en spectacle, je tends le billet vers le visage du joueur, à deux doigts de son nez. “What do you want ?” Furie rousse, boule de nerfs, qui ne cherche que des réponses à ses questions, certainement maladroitement énoncées.
@gary fawley
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Re: beds are burning (gaphy)
Mer 10 Avr 2019 - 15:31
Les tuniques bleu ciels virevoltent dans les airs, la légère brise commune à Appleby caressant les capes même à l'arrêt. Le ciel arbore son habituelle mine maussade pour compléter le tableau. Une journée ordinaire comme beaucoup d'autres dans la petite bourgade du Nord de l'Angleterre. Ordinaire, pas tout à fait. C'est qu'aujourd'hui, c'est jour de match. Et pas le petit match de Dylan, 12 ans, dans l'équipe de cricket du district. Non. C'est qu'aujourd'hui c'est jour de match. Pour les Flèches d'Appleby, l'illustre équipe de Quidditch. Alors forcément, la petite ville et celles alentours sont en effervescence pour soutenir les joueurs. Il y a évidemment l'attrapeuse, la tête d'affiche, celle qui fait chavirer le cœur de tous les supporters, de tout âge et de tout sexe, la grande star de l'équipe. Elle est de toute les opérations commerciales pour promouvoir le club. Il y a les autres joueurs bien sûr, aimés, adulés, à qui on demande des autographes quand on a la chance de les croiser, ou qui s'affiche sur les posters de l'équipe.
Et puis il y a les coqueluches du public.
Ce genre de joueur que chaque fan se doit d'aimer - sinon êtes vous seulement fan de l'équipe ? - ce genre de joueurs qui ne sont pas toujours les plus beaux à voir jouer mais qui n'abandonnent jamais rien pour leur équipe, qui se battent jusqu'à la dernière seconde. Vous savez bien de quels joueurs il s'agit. Ce sont ceux qui donnent des frissons, qui font battre le cœur des supporters, à qui on dédie une chanson, deux chansons, à qui on passerait tout. Et si ce joueur aime autant le club que les fans, vous pouvez être sûr alors qu'entre eux, c'est pour la vie. Gary est de cette trempe. Le voilà déjà à sa treizième saison avec les Flèches, lui qui avait débarqué à dix-huit ans, à peine sorti de l'adolescence et du château de Poudlard. Il n'avait jamais quitté le club et ne comptait pas s'envoler ailleurs de sitôt. Il avait tout connu avec le club : le banc de touche, les débuts brouillons mais pleins d'ardeurs, les grands soirs de derby contre Wimbourne où ses cris supplantaient même les commentaires enthousiastes des journalistes en tribunes, les défaites amères mais aussi les victoires délicieuses, un nectar dont on ne finit jamais de se délecter. Jamais. Voilà qui avait motivé Gary toute sa vie durant, toute sa carrière durant. Et depuis son divorce et ses états-d'âmes sur ce fameux rival slash ami slash il n'est pas sûr lui-même, sur toute une partie de sa famille qu'il ne connaît pas, il ne lui reste vraiment plus que sa carrière. Plus que cette quête incessante de victoire. Il n'a pas le choix, de toute façon. En tant que capitaine, c'est à lui de montrer l'exemple et d'emmener son équipe vers les sommets. Il sera le premier à célébrer et le dernier à tomber, n'abandonnant le navire sous aucun prétexte.
Cet après-midi-là, c'est par une victoire nette et sans bavure que le match s'achève. Comme une lettre à la poste, certains diraient. Voilà alors toute l'équipe non loin du salon VIP, célébrant avec son équipe, la famille des joueurs et les quelques fans privilégiés qui se pressent autour d'eux pour une séance d'autographes improvisée. Gary ne refuse jamais, c'est la moindre des choses, pense-t-il, après tout le soutien des fans dont il a été le témoin pendant de nombreuses années. Alors qu'il discute avec ses coéquipiers, quelqu'un tire Gary par le bras et il se retourne brusquement, incrédule. Une jeune femme est plantée devant lui, l'air furieuse et il n'y comprend rien. Il ne connaît pas cette fille et même s'il ne veut pas se rendre ridicule, son agacement ne fait que monter. "Excuse me ?" fait-il avant que la rousse ne lui tende quelque chose sous les yeux, manquant de peu de le frapper au nez. Obligé de plisser les yeux, il distingue des bouts de papier dans les mains de la jeune femme mais si proche de ses yeux, il ne peut véritablement déchiffrer de quoi il s'agit. Se raclant la gorge, il récupère l'objet d'un mouvement fluide. "Not that I don't want to help you with whatever this is, but it's better if I can actually see what it is you're throwing at my face." Commente-t-il sans retenue avec une pointe de sarcasme.
Alors qu'il éloigne ces bouts de papiers doux et rugueux à la fois, il remarque enfin qu'il s'agit de billets. Des billets pour le match d'aujourd'hui, dans le box VIP. Des billets qu'il a demandé et envoyé à...
"Oh." Murmure-t-il presque, l'agacement envolé. "You must be Murphy."
Jetant un oeil par-dessus son épaule et constatant que certaines des personnes présentes regardent leur échange, il soupire et se retourne vers celle qui fait partie de sa famille. L'une de ces cousines dont il n'avait jamais entendu que le nom, celle, parmi d'autres comme Isalynn et... Etait-ce Finnick ?, qu'il voulait connaître et en même temps non car après trente ans passé à écouter son père lui dire que les Fraser sont la honte de la famille et qu'ils "ne méritent pas notre attention, Gareth", il ne sait pas si, maintenant qu'il est devant le fait accompli, c'était une bonne idée. Presque mal-à-l'aise, il se rapproche de la rousse et baisse le ton de sa voix. "D'you mind if we have this conversation somewhere more private ?" Il lance un autre regard vers le groupe de personnes semblant faire comme si de rien n'était mais tentant malgré tout d'écouter cette conversation. "I'm Gary, by the way. I'm er-..." Il marque une pause, les mots si étrangers à sa bouche qu'il peine à les prononcer. Il se reprend. "I'm yer cousin. The English one." précise-t-il au cas où le mot cousin n'aide en rien la demoiselle.
@Murphy Fraser
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Re: beds are burning (gaphy)
Jeu 11 Avr 2019 - 16:55
L’alcool exacerbe les sentiments. La joie, la peine, la rage, la douleur. Il les prend, les entoure, les amplifie jusqu’à ce qu’elles prennent toute la place, écrasant les autres. Donnez moi une sorcière peu habituée à en boire, une flûte de champagne auto-remplissante et la douleur d’un espoir déchiqueté, et je vous montrerai ce que j’en ferais : une scène digne des plus grands soap opéras. Attaquant presque le joueur professionnel en faute, je lui brandis mon billet de ce soir, acheté par ses soins, apparemment. “Did you send me this ?” Regards qui se retournent, rouge aux joues, flammes dans les yeux, je ne me démonte pas. Le brun attrape le morceau de parchemin, qui s’échappe de mes doigts. “Not that I don't want to help you with whatever this is, but it's better if I can actually see what it is you're throwing at my face.” Sarcasme qui vient enflammer un peu plus le brasier dans ma poitrine. Réponse sèche, glaciale. “What do you want ?” Son froncement de sourcils ne fait qu’augmenter ma frustration. Le temps qu’il met à me répondre aussi. Je trépigne d’impatience et d’énervement. Prête à lui sauter à la gorge - ou quitter cet endroit le plus vite possible -, je tape du pied sur le sol. Enfin, la compréhension sur son visage. “Oh. You must be Murphy.” Agacée par son ignorance, je lève les yeux au ciel. Duh. It's written on the paper dummy. Mais la seule réponse provenant de moi est un bref hochement de tête agrémenté d’un “yes”.
Le joueur a l’air mal à l’aise que je sois en train de créer une scène en plein milieu de tous ces gens qui célèbrent leur victoire. Et malgré l’alcool, je le ressens aussi, le malaise. Bien enfoui sous les flammes qui me lèchent le coeur. “D'you mind if we have this conversation somewhere more private ?” Prête à lui sauter encore une fois à la gorge, l’agacement à son comble, je n’ai cependant pas le temps de choisir une réponse - entre oui et non, le choix est compliqué - qu’il reprend la parole. “I'm Gary, by the way. I'm er-... I'm yer cousin. The English one.” Haussement de sourcils. Information inattendue. Colère qui s’efface brusquement pour laisser place à l’incompréhension. Mais l’agacement, toujours en bruit de fond. “Not you’re not.” Je n’ai aucun cousin qui s’appelle Gary. Mais au moins j’ai son prénom. Et son nom de famille. Je n’ai aucun cousin qui s’appelle Fawley. J’ai Isalynn, Regina et Kerr du côté Fraser, et puis j’ai mes cousines Gull. Aucun Fawley. Et surtout aucun cousin Anglais. La seule personne anglaise que je pourrais considérer comme un membre de ma famille, c’est Oz. Et bien entendu, il ne fait plus partie de ma vie. Rictus amer à cette pensée. L’agacement à son comble, je reprends rapidement. “Tell me why you sent me this.” Doigt accusateur pointé vers le bout de papier toujours dans ses mains.
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