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You can lean on me ㄨ ft. Jazmin
Mar 16 Avr 2019 - 17:00
You can lean on me
ft. @Jazmin Flores
Kiran a passé une semaine... étrange, c'est le moins qu'on puisse dire. Il n'arrive toujours pas à faire sens de ce qui lui est arrivé. Les premiers jours, il se sentait tellement - tellement en forme ! Il n'a dormi que trois petites heures et s'est réveillé ampli d'une énergie incroyable ; il se sentait invincible, comme si rien ne pouvait l'atteindre. Maintenant qu'il réfléchit à ce qu'il s'est passé, il n'arrive pas à donner le moindre sens à ses actions ; il s'est lancé dans plusieurs projets sans en finir un seul, il s'est révélé très productif et a finit une bonne partie de son travail scolaire. Il a un peu claqué son argent à droite, à gauche, dans des trucs dont il n'a même pas vraiment besoin - un chaudron au prix un peu excessif, par exemple. Il est sorti, infatigable, il a fait la fête, il a couché avec un parfait inconnu... En soit ce n'est pas inhabituel, mais son état d'esprit, à cet instant, était vraiment étrange. Il se sentait on top of the world. Et puis au bout de quelques jours, cette euphorie inexplicable s'est dissipée, et il s'est senti tout bonnement vidé. Incapable de se sortir du lit pendant la fin de la semaine, il a séché les cours et s'est contenté de broyer du noir dans sa chambre, enfermé, sortant à peine pour aller au toilette et manger un morceau de biscotte ; il a dû dormir une bonne vingtaine d'heure d'affilée, aussi... Ses colocs n'ont pas compris grand-chose à son humeur changeante, et lui non plus, pour être honnête.
Le jeune homme passe une main nerveuse dans ses cheveux et tente de se changer les idées. Il doit rejoindre Jaz dans un café en ville ; les deux cousins se sont mis d'accord pour passer un peu de temps ensemble, et se mettre à jour sur ce qui est arrivé dans leurs vies récemment. Kiran compte surtout demander à Jaz de quelle façon il peut la remercier de l'avoir accueilli chez elle quand il s'est fait jeter de chez lui par son père ; il a cru comprendre que la demoiselle est débordée, et il veut l'aider à s'en sortir, histoire qu'elle trouve le temps de souffler aussi. Il prend une douche - c'est la première fois en quatre jours qu'il se sent capable de sortir de sa chambre - et essaye de se débarrasser de la fatigue qui lui colle à la peau, sans grand succès : ses cernes sont toujours aussi marquées sous ses yeux. Tant pis, au moins il est propre, ça fera l'affaire. Il enfile un jean, un t-shirt et une veste banale, loin de son style extravagant habituel, et après s'être assuré qu'il a ses clés et son portefeuille sur lui, il sort de l'appartement en direction du petit café où Jazmin l'attend sûrement déjà.
Effectivement, il la retrouve en terrasse, toujours aussi radieuse mais semblant tout de même fatiguée. Il se laisse tomber dans la chaise en face d'elle : « Hey, » souffle-t-il en esquissant un sourire. « Comment tu vas ? » Il la regarde franchement, l'air de dire "essaye même pas de bluffer avec moi" ; il a tendance à se faire un peu de souci pour elle : elle est perfectionniste, la demoiselle, elle aime que les choses soient bien faites et elle se fatigue jusqu'à ce que tout se déroule selon ses plans, quitte à se salir les mains elle-même. Un coup de main ne lui ferait pas de mal, la plupart du temps.
- :
- Voilà, tu me dis si quelque chose ne te convient pas
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Re: You can lean on me ㄨ ft. Jazmin
Mer 17 Avr 2019 - 9:18
You can lean on me
Un long moment, que l'astre de jour n'avait pas brillé si fort. Il jaillit des rayons brûlants, dresse des faisceaux corrodants, des bribes dangereuses de son lui intense, des vibrations agressives aux apparences inoffensives. C’est un éventail, scindé par l'hostilité et l'esthétique, qui étrille les corps immobiles. Jazmin s'est abandonnée sur une chaise de la terrasse de ce café, où les serveurs lui proposent un café avant même qu'elle n'ait eu le temps d'étirer ses lèvres pour les saluer d'un sourire sage. Nombreuses, sont les fois où la belle sirène s'est échouée ici, tard dans la nuit, à sept heures du matin ou en plein après-midi. Nombreuses, sont les fois où la nymphe y a délassé chacun de ses membres physiques, défatigué chacun de ses muscles tendus et reposé son corps délabré jusqu'à ce que la dernière écaille ne finisse par y fleurir. Et puis, nombreuses, sont les fois où la créature est venue y reconstituer son visage perdu avant l'avènement de l'aube. Sa bouche, sommeillant entre les morsures des uns et le goût des autres. Ses yeux, assoupis entre la réalité et les rêves. Jazmin, elle a franchi le seuil de son point d'escale avec l'injure acide crachée de ses lèvres, les larmes de peine lui dévalant les joues, la danse attractive sur le roulement de ses hanches, la haine dégoûtée calée sur le rythme de son allure pressée et le rire séducteur qui lui sortait du cœur. L’équipage a su limer les reliefs de rage, ménager les maux mélodramatiques et apaiser les plaies-pacotilles. Un sirop à l'eau, un mojito, un shooter de vodka, un cocktail improvisé, une conversation insensée, une addition oubliée. Mais de tous leurs baumes, le café reste son préféré. « Merci, Jonathan. » elle sourit à l'employé, cet homme, qu'elle a fini par considérer intime. La brune goûte le breuvage sur l'instant, s'hydratant seulement d'un trait de caféine avant de reporter toute sa concentration sur son carnet.
Des heures, qu'elle y écrit sa douleur. Parce qu'aujourd'hui, Jazmin, elle a franchi le seuil de son point d'escale avec des songes troubles lui tordant les tripes. Et même après une matinée entière de réflexion, elle ne comprend pas encore un bout d'sens à ce qu'elle ressent. Pas un dessin d'indice pour l'aiguiller quelque part. Enfin, pas un, jusqu'à l'éclipse. Comme un coin d'ombre qui rassérène une lumière intimidante. Elle ne sait pas, ce qui a pu lui faire lever les yeux au moment même où il passait devant la terrasse en bois. Peut-être que c'est la façon dont il avance, bien moins rapide et persuasive que celle des autres passants. Sinon, peut-être que c'est la brumaille qui l'auréole, l'obscurité qu'il porte et qui contraste outrageusement avec la luminosité collective. Ou alors, c'est peut-être juste qu'il doit être là, maintenant. Parce que d'une certaine façon, Kiran a toujours été là. En elle. Partout. Dans un hochement de tête persuasif, elle attend qu'il la rejoigne, malgré son air légèrement réticent. Elle ne loupe pas un détail de ses pas qui le mènent jusqu'à elle, et se lève pour l'accueillir, passant ses deux mains dans sa nuque, lui posant un baiser amusé sur le bout de son nez. « Hey, comment tu vas ? » il s’installe, et elle sourit faisant écho au sien. « Je suis contente de te voir. Ça fait longtemps ! » trop longtemps, Kiran. Avec un grand sourire qui lui égaye le visage, la latina prend le temps de détailler le sien, et c'est inconsciemment qu'elle vérifie que rien n'ait changé. « Ça va. Je suis un peu fatiguée c’est tout. », elle n’en dit pas plus. « Et toi, tu vas bien ? T’as changé, un peu. » elle fait, le sourire pâmé alors que son menton s'appuie dans sa paume de main, l'air d'une gamine qui s'extasie devant les souvenirs
- c'est parfait p'tit chat
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Re: You can lean on me ㄨ ft. Jazmin
Mer 17 Avr 2019 - 17:19
You can lean on me
ft. @Jazmin Flores
La présence de Jazmin est instantanément réconfortante, et tandis qu'il s'approche d'elle, il sent ses épaules se dénouer et sa tête devenir plus légère. Jazmin, elle est là depuis le début - c'est sa cousine, l'une des dernières de son sang, une présence constante à ses côtés. Elle passe ses mains dans sa nuque et l'embrasse sur le bout du nez, ce qui ne manque pas de le faire sourire, et il lui retourne l'attention en l'embrassant sur le front. Il a toujours eu une affection toute particulière pour sa cousine ; elle a toujours été là pour le sortir des ennuis dans lesquels il s'enfonçait, quand ils étaient plus jeunes, et ses conseils ont toujours été avisés. Elle est une des personnes sur qui il sait qu'il pourra toujours compter. Il s'assoit face à elle, commande un café à un serveur qui passe. « Je suis contente de te voir. Ça fait longtemps ! » Son sourire s'attendrit ; c'est vrai que ces dernières semaines, ils ont été trop emmêlés dans leurs propres vies pour se dédier un peu de temps. La revoir est une véritable bouffée d'air frais pour le jeune homme. « Trop longtemps. Tu m'as manquée. » Ça fait du bien de la voir sourire.
Un instant de flottement, durant lequel ils s'observent, se dévisagent ; Kiran lit la fatigue sur les traits de son visage, discrète et cachée par la beauté habituelle de la demoiselle, mais bel et bien présente. Il ne manque pas de remarquer un petit carnet sur la table, et même si la curiosité le ronge il ne pose pas de question : dans un sens, Jaz et lui se ressemble sur le fait qu'ils ne parlent pas beaucoup de leurs problèmes, sauf en cas de dernier recours. « Ça va. Je suis un peu fatiguée c’est tout. » Un peu, un peu... Il se contente de hocher la tête, compréhensif : « Dure semaine ? N'oublie pas de prendre soin de toi quand même, hein. » Elle finira par s'enterrer elle-même sous toutes les tâches qu'elle a à accomplir, si elle ne prend pas un peu de temps pour se centrer sur elle-même. Avec un peu de chance, ce moment passé ensemble lui permettra de se vider la tête, au moins un peu. « Et toi, tu vas bien ? T’as changé, un peu. » Le jeune homme laisse s'échapper un petit reniflement amusé. Ce changement qu'elle voit, il ne sait pas s'il doit l'attribuer à sa tenue plus sobre que d'habitude, ses cernes ou le fait que ses yeux ne soient pas rougis et dilatés par la coke - il n'a rien sniffé depuis 4 jours, par pure incapacité de quitter son lit. « J'suis crevé. J'ai passé une semaine bizarre, » dit-il, songeur. Boh, ça devait juste être les effets secondaires d'un des derniers produits qu'il a testé. « J'avais la flemme de faire un effort vestimentaire, aujourd'hui, mais t'inquiète pas, les perles et les couleurs seront de retour très vite. » Du moins, il l'espère. Cette fatigue, profonde et inexplicable, est très frustrante.
Le serveur lui apporte son café, et Kiran le remercie. Il sort rapidement une cigarette et l'allume d'un claquement de briquet - vieille chose métallique qu'il recharge régulièrement à l'essence ; une des seules sources de feu qu'il ne craint pas, car il la contrôle. Il inhale doucement la fumée, sent son corps se relâcher sous l'effet de la nicotine. Il veille à ne pas souffler la fumée vers sa cousine, sachant à quel point ça peut être désagréable - même lui ça l'agace de recevoir un nuage de fumée en pleine face, et pourtant Merlin sait qu'il fume comme un pompier. « J'te l'ai déjà dit, mais merci encore. De m'avoir accueilli chez toi, j'veux dire. Je sais que le timing était pas idéal pour toi. » Ils se sont toujours aidé mutuellement, mais cette fois-ci, elle l'a véritablement tiré de la fiente de dragon dans laquelle il était enfoncé. Surtout que la pauvre était suffisamment débordée comme ça...
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Re: You can lean on me ㄨ ft. Jazmin
Lun 13 Mai 2019 - 8:58
You can lean on me
Silence radio. Quelques mots à peine, échappés sur les ondes, pour laisser entendre qu’il va bien. Qu’il est encore en vie. Et un silence dévorant pour s’étirer sur des heures, des jours même. Le temps de mesurer l’étendue des dégâts. Ceux faits au reflet, et ceux qui sont venus s’ajouter sur sa propre carcasse. De nouvelles échardes dans le palpitant, de nouvelles ratures pour entamer sa patience. La pousser dans les recoins assombris de son esprit et quelques élans d’impulsivité. Monde qui chavire sur un sourire. Pas le temps d’en demander plus de sa voix féline. Elle l’invite sans plus réfléchir, Jazmin. Parce qu’il lui a manqué, sincèrement. Plus que possible, à ses yeux. Elle qui est habituellement si détachée. « J'suis crevé. J'ai passé une semaine bizarre, j’avais la flemme de faire un effort vestimentaire, aujourd'hui, mais t'inquiète pas, les perles et les couleurs seront de retour très vite. » Une main passée dans les cheveux, comme pour dompter l’impatience et lisser les irrégularités du tempérament. « Je dois comprendre que tu n’as pas voulu faire d’effort pour moi ? » Le rictus au bout des lippes, pour accompagner la lueur brillante au fond de l’ambre. Le sourire pour captiver l'attention de Kiran, alors que les phalanges s'égarent sur sa tasse de café. Elle l’aime Kiran, il fait partie des rares. Le meilleur ami. L’âme-sœur au goût d’éternité. Celui qui est là, coûte que coûte. Les deux à se connaître par cœur. Les deux à détailler les fêlures de l’un et de l’autre, sans sourciller. Les deux à jamais poser trop de questions. Pas quand ça blesse. Pas quand ça heurte.
« J'te l'ai déjà dit, mais merci encore. De m'avoir accueilli chez toi, j'veux dire. Je sais que le timing était pas idéal pour toi. » Une gorgée chaude qui glisse dans sa gorge, le rictus toujours présent. « Qu’est-ce que je ne ferais pas pour la famille ? » Il suffit d’un mot prononcé d’un ton diabolique. Il suffit d’un claquement de la vipère pour que Kiran comprenne. Haine dépeinte envers ce père qu’elle ne reconnait plus. Un combat entamé depuis que ses sentiments sont exacerbés. Depuis qu’un seul visage trône en roi. Mais il le sait, lui, il est différent. Appartenant aux souvenirs d’une mère parti trop vite. Appartenant à quelque chose de plus beau, beaucoup moins sale que les Trejo. « Bon timing ou non, tu restes mon cousin Kiran. Si tu as un problème, tu viens me voir ; mais s’il te plaît évite d’en avoir. » Lien du sang et un lien qui fait taire les vipères. Parce qu’ils fonctionnent à deux. Parce qu’ils se disent tout. Parce qu’ils se soutiennent. L’une tombe, l’autre vient la relever. L’un doute, l’autre y croit encore plus. Ils ont tout vécu ensemble. Le meilleur. Et surtout le pire. Elle a été là, Jazmin. Pour sécher les larmes qui ont brûlé ses yeux. Pour tenir sa main quand son corps se déchirait sous la drogue. « Tu consommes encore ? », elle n’y va jamais par quatre chemins la brune. Elle s’approche un peu plus. Perchée sur la petite table. Assez pour couper court à la distance. Parle-moi Kiran.
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Re: You can lean on me ㄨ ft. Jazmin
Ven 31 Mai 2019 - 19:45
You can lean on me
ft. @Jazmin Flores
Deux regards qui se scrutent, attentifs aux signes de fatigue, de tristesse. Quand il la regarde, Kiran retrouve la familiarité de toute une partie de sa famille qu'il croyait perdue à jamais. Aux yeux de bien d'autres personnes, Jazmin est probablement la peste, la princesse froide qui méprise et qu'on déteste, mais pas pour lui. Pour lui, elle est une étreinte réconfortante, une amie de toujours, un soutient éternel. Il l'adore, sa cousine, elle aura toujours une place particulière dans son coeur. « Je dois comprendre que tu n’as pas voulu faire d’effort pour moi ? » Rictus jumeaux sur leurs visages, amusés par les taquineries qu'ils se lancent depuis toujours. Kiran ne veut pas trop l'inquiéter, elle a déjà assez à faire en ce moment, alors pour l'instant, il se garde bien de lui raconter sa semaine. « Bien sûr que si, j'ai fait un effort pour toi ! » Répond-il sur le ton de l'évidence. « La preuve, j'suis douché et habillé. Ce fut un effort considérable. J'aurais pu rester en pyjama, mais je me suis dit que tu mérites mieux que ça. » Il dit ça sur le ton de la rigolade, mais il est très sérieux en réalité. Avec la fatigue qui l'accable depuis quelques jours, il a bien failli annuler leur rendez-vous. Ce n'était pas que de la fatigue, c'était... C'était une absence totale d'envie de vivre. Il aurait voulu pouvoir mettre son existence en pause, disparaître, comme ça, le temps de retrouver la motivation de vivre. En fait, c'était un peu comme une redescente d'ecstasy, mais bien pire.
« Qu’est-ce que je ne ferais pas pour la famille ? » dit-elle après avoir siroté une gorgée de son breuvage, et son ton de voix le fait sourire contre sa cigarette. Elle n'en parle pas souvent, mais il n'a pas besoin qu'elle le lui dise pour deviner que ce n'est pas tous les jours la joie chez les Trejo. Son père n'a pas l'air très commode, au contraire, et Kiran se demande souvent comment Amara, sa tante, un membre de sa famille, a pu se retrouver liée à cet homme. Peut-être que certains des Mangalathodi trempaient dans de salles histoires, eux aussi ; après tout, prédire le futur peut se révéler utile dans certaines affaires illicites. Mais pas Amara. Il n'a que quelques vagues souvenirs avec elle, elle n'a malheureusement pas survécu très longtemps au reste de la famille, mais son âme était bien plus belle que celle de son mari, c'était certain. « Bon timing ou non, tu restes mon cousin Kiran. Si tu as un problème, tu viens me voir ; mais s’il te plaît évite d’en avoir. » Un sourire tendre se dessine sur les lèvres de l'Indien. « Tu dis ça comme si c'était facile. » Son ton se voulait boudeur, mais il paraît plutôt affectueux. « J'te revaudrai ça, tu sais. Si t'as besoin de quoi que ce soit, vraiment, hésite pas à me demander. » Il est débrouillard, Kiran ; il a toujours su comment rendre service, il ne rechigne jamais à donner un coup de main, et il connaît du monde mine de rien. Ils ont toujours fonctionné comme ça, tous les deux, et cette fois-ci ne fera pas exception.
« Tu consommes encore ? » Demande-t-elle sans passer par quatre chemin, après un court silence. Ca ne le dérange pas, pas avec elle. Elle l'a vu dans tous ses états. Défoncé au point de devoir faire un effort conscient pour respirer. Perdu dans l'ecstasy, paralysé par le trop-plein d'énergie qui agite son corps de spasmes. Tremblant, les yeux brûlés par les larmes de douleur sous le manque. Elle l'a vu au plus bas, alors parler avec elle ouvertement n'est pas un problème pour lui. « Oui, » répond-il simplement. Il marque une courte pause, avant d'ajouter, « Moins. Là, ça va faire quatre jours que je suis sobre, mais... » Il lève doucement une main et lui montre les tressautements et les tics nerveux qui la parcourent. Il arrive à se distraire, mais le manque reste là, tapi dans l'ombre, attendant son heure pour le détruire. Son don presse contre ses tempes, le prévenant du moindre mouvement dans la pièce un quart de temps avant qu'il ne se produise. « C'est désagréable, » se contente-t-il de dire, ne sachant comment expliquer son ressenti autrement.
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Re: You can lean on me ㄨ ft. Jazmin
Lun 3 Juin 2019 - 11:05
You can lean on me
Les souvenirs cognent.
Étau métallique autour du palpitant.
« Tu dis ça comme si c'était facile. » Lèvres suspendues aux réminiscences acerbes et virulentes. Le bruit des pas rapides sur le parquet glacé. Le corps qui chute à terre. Ses phalanges tremblantes recouvrant l’enveloppe de son corps. Le poids des souvenirs. Le poids des lettres dansantes à l’encre noire. Une overdose, une énième. Une autre. Pas de retour en arrière possible. Les beaux souvenirs qui s’évaporent comme un voile lugubre. Les beaux souvenirs qui ne deviennent que des visages qu’on n’arrive plus à se remémorer avec le temps. Les traits qui disparaissent. La beauté vénéneuse qui insuffle pourtant une overdose douloureuse dans ses veines. Elle se souvient de tout, Jazmin. De cette douleur forcée ; des visites à l'hôpital ; des appels restés sans réponse. Un trop plein que la princesse n'a pourtant jamais décidé de fuir. Et parfois, c'est ce qui la pousse à détester son cousin. « C'est vrai, tu es prédisposé à avoir des problèmes. Le mystère des gênes. » La peur au ventre pour Kiran. Les incompréhensions comme impératrices d’un dédale inévitable. Des discussions rythmées par les éclats de voix.
La drogue qui remporte toujours tout.
Un trophée qu'elle aurait pu jeter aux enfers.
Mais Jazmin, elle a pas essayé de se battre. Elle a accepté la sentence, le corps ébranlé au sol. Quelques larmes aux creux des yeux ; et une trachée chassée par la bile.
Instants de disgrâce que la brune cherche toujours à éviter par tous les moyens. Face à face en combustion sans comprendre pourquoi. Des lettres entre les doigts en guise d’excuse. Le besoin silencieux de le revoir ; de se dire qu’il va mieux, qu'il ira mieux. De se dire que l'amour familiale pourra peut-être tout résoudre. « J'te revaudrai ça, tu sais. Si t'as besoin de quoi que ce soit, vraiment, hésite pas à me demander. » Regard violacé par la fatigue contrastant avec le brun séducteur de ses yeux. Jazmin l’observe. Et pourtant, elle n’est pas dupe. Elle remarque les différences. Elle remarque tout. « Tu consommes encore ? » Silencieuse, elle lâche un rire sarcastique en l’entendant causer. Les prunelles qui débordent sur ses courbes scandaleuses. Cette chute de reins épousée mille fois par la bouche avide de son époux. « Oui. Moins. Là, ça va faire quatre jours que je suis sobre, mais ... » Les pulpes qui tremblent face au manque. Elle serra la mâchoire la belle, frustrée de ne pas pouvoir rien faire. Même la magie est incapable ici. « C'est désagréable. » Elle lui prend une main. « Il est encore plus désagréable de te voir écroulé dans ton propre vomi Kiran … » Peut-être que la réponse se trouve ailleurs. Peut-être qu’en effet la tentation a été plus forte. Paroles véhémentes qu’elle lui envoie en plein visage. Deux perdus en exil de leurs émotions, de leurs sentiments. Deux perdus qui ne sont plus que des chimères au milieu des vagues. Jazmin, elle serre les poings et finit par se rapprocher. Sa main qui agrippe la sienne avec plus de force. Assez pour marquer sa peau. Assez pour y laisser une traînée rosée. « Tu as pensé à faire une cure ? Écoute si c'est un soucis d'argent, tu sais que je suis là. » Pique déchirante. Comme si le fric suffisait à effacer le pire. Comme si des billets allaient ravaler la douleur et la faire taire. Ça ne fonctionne pas comme ça. Tu devrais le savoir Jazmin. Toi qui vis en permanence enfermée dans ta peine, dans ta rage. Les doigts à peine capable de frôler les berges de tes cicatrices. Le regard noirci par les ombres du diable. « Je t'ai demandé de garder un œil sur ces enfants, j'aimerais que ce soit fait correctement si tu vois ce que je veux dire. » Un visage marqué par les symptômes du pire. La latina, elle n’est pas dupe. Elle sait qu’un truc cloche. Elle sait qu’un truc vient la bouffer sur chaque parcelle de sa peau. Et même si elle ne montre rien.
Ça la tue comme ça tue Kiran.
Incompréhension qui divague et emporte tout sur son passage.
Détresse cumulée et calquée. Ce miroir, ces âmes, cette déchirure.
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Re: You can lean on me ㄨ ft. Jazmin
Dim 16 Juin 2019 - 14:23
You can lean on me
ft. @Jazmin Flores
« Il est encore plus désagréable de te voir écroulé dans ton propre vomi Kiran … » Le jeune homme baisse les yeux vers sa tasse de café presque vide et ne répond rien. Il sait, bordel. Il sait qu'il fait souffrir ses proches, il sait qu'il n'est pas beau à voir quand il est perdu dans les méandres de l’extase, perdu si loin qu'il est au bord de la mort, mais il ne peut pas faire autrement. Il ne peut plus. Il sent que Jazmin va insister un peu, il le devine à son attitude et à la façon dont elle enfonce ses ongles dans sa main et se penche vers lui. Il ne peut rien lui reprocher, elle s'inquiète, c'est tout. Mais elle ne pourrait pas comprendre. Elle ne peut pas comprendre les cauchemars - pire, les souvenirs - qui le tourmentent la nuit. Son don lui a fait assister aux morts les plus horrifiantes possibles, et il refuse de risquer de telles visions à nouveau. Il en a si peur que l'angoisse le prend aux tripes et l'asphyxie dès que son don se manifeste un peu : et si ses visions lui montraient la mort d'un de ses proches ? De Jazmin, ou Finn, ou Elena ? Et si, comme les fois précédentes, il voit leurs morts, mais ne peut rien faire pour les sauver ? Il préférerait mourir que devoir vivre avec cette culpabilité en plus. Il préfère encore ne rien savoir du tout du futur, d'où les drogues, douces ou dures. Au moins, avec ça, son esprit est trop embrumer pour créer des visions prémonitoires ou rêver de traumatismes d'enfance.
« Tu as pensé à faire une cure ? Écoute si c'est un soucis d'argent, tu sais que je suis là. » Un soupir franchit les lèvres de Kiran tandis qu'il secoue la tête. Il a déjà pensé à faire une cure, dans un de ses brefs moments de lucidité ; et après ? Comment supporter les visions, les cauchemars, les migraines à n'en plus finir ? Il a faillit en devenir cinglé, pendant sa septième année, et paradoxalement la drogue lui a permis de retrouver une partie de lui-même qu'il avait perdu juste après le décès de sa sœur. Outre la dépendance physique, il dépend surtout de ces produits psychologiquement. Il ne peut plus faire sans. Et puis, entrer en désintox maintenant serait une entrave à ses études, et il n'a pas envie d'être encore plus en retard que les autres jeunes de son âge. Il a déjà bien deux ans de décalage... « Jaz, si un jour je finis en désintox, t'auras pas à t'en occuper financièrement. Et de toutes façons je peux pas faire de cure. Pas maintenant en tout cas. » D'un point de vue réaliste, il sait bien qu'il ne va pas pouvoir passer sa vie entière à sniffer de la coke tous les matins. Une petite voix narquoise dans le fond de sa tête lui rappelle que, de toutes façons, il ne va probablement pas dépasser les 30 ans, mais Kiran enterre cette petite voix bien profondément dans son inconscient et essaye de ne plus y penser. « Je t'ai demandé de garder un œil sur ces enfants, j'aimerais que ce soit fait correctement si tu vois ce que je veux dire. » Son sang se glace dans ses veines et son visage se durcit : il se penche en avant et serre ses doigts autour de ceux de sa cousine, son regard sérieux plongés dans les pupilles sombres de sa cousine. « Jamais je ne m'approche d'eux quand je suis comme ça. Jamais. J'ai trop peur de leur faire du mal. » Il s'assure toujours d'être sobre avant d'aller voir ses petits cousins, quitte à se coller une dizaine de patch à nicotine sur les bras pour palier au manque d'autre chose. Il ne voudrait pas blesser deux des derniers membres de sa famille...
Il se détend et s'appuie à nouveau contre le dossier de sa chaise, sa main tenant toujours celle de Jazmin. Un nouveau soupir s'échappe de ses lèvres ; il ferme les yeux un instant, avant de décider de jouer franc jeu. « Un truc intéressant avec la weed, c'est que ça empêche souvent de rêver. C'est pour ça que j'ai commencer à fumer. » Ses paupières s'ouvrent à nouveau, et il plante son regard dans celui de sa cousine. Plus de masque, juste de la franchise. « Ca fait quatre nuits que je vois le corps de ma petite sœur tomber dans le vide et se disloquer au sol ; si ce n'est pas ma sœur, c'est ma mère enceinte brûlée vive dans l'incendie du manoir. » De sa main libre il tire une dernière fois sur sa cigarette avant de l'écraser nonchalamment dans le cendrier. « Chaque nouvelle vision que j'ai me donne envie de vomir d'angoisse. Dès que j'ai un mauvais pressentiment je panique à l'idée que toi ou un autre de mes proches soit en danger. J'peux pas supporter ça, » lâche-t-il, sa voix se brisant sur les derniers mots. Son regard se fait fuyant, et il se racle la gorge pour retrouver sa voix. « J'en deviendrais cinglé. C'est pour ça que je peux pas m'arrêter complètement. » Comprends-moi, s'il te plaît.
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