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Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 0:11
Je suis un Pokeby | personnage inventé
« Je ne sais pas si j'ai la vocation. Je ne sais même pas si la notion de vocation existe.
Ce que je sais, c'est que je dois apprendre à me sentir chez moi quelque part. »
Ce que je sais, c'est que je dois apprendre à me sentir chez moi quelque part. »
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MY STORY IS NOT LIKE THE OTHERS
Prologue : 12 £.
Baker Street de Gerry Rafferty sonne dans la radio de l’épicerie. Il commence à se faire tard et les rares clients restants dans le magasin sont tous là pour acheter de quoi tenir la seconde partie de leur soirée. Sur mon tapis de caisse, je vois défiler tour à tour vodkas, rhums blanc ou ambré ou encore liqueurs de genièvre, pour les plus courageux. Mon dieu, je ne peux vraiment pas blairer Rafferty. Entre deux coups d’œil au miroir de sécurité qui donne sur le rayon des alcools et des snacks au fromage, je regarde le match sur la petite lucarne posée à côté de la caisse. Ce soir, c’est les Celtics contre les Rangers. Le match de l’année, qu’ils disent.
« Qui gagne ?, me demande benoîtement un client en posant sa bouteille de téquila sur le comptoir.
– Match nul pour l’instant, réponds-je en passant le code barre du flacon sous le lecteur. Ça fera douze livres. »
Sans sourciller et sans n’émettre aucune objection quant au prix définitivement trop élevé de son tord-boyaux, le client pose un billet de vingt livres. J’ouvre machinalement la caisse. « Cinq, deux et un qui font vingt ». Je lui tends la bouteille et sa monnaie. Il met la bouteille dans son sac à dos, la monnaie dans sa poche, me fait un bref sourire en signe d’au revoir et quitte le négoce aussi rapidement qu’il était venu. A la télé, un arrêt de jeu sur blessure. J’en profite pour frotter mes yeux asséchés par la lumière nue des néons et par la fatigue. Une bouteille de vodka, que c’est original. Rebelote : billet, caisse enregistreuse, monnaie, sourire, dégage. Le regard vide fixé sur la boîte à images, je me surprends à penser que le football devient vite chiant quand on connaît ce qui se fait de l’autre côté du miroir. Pour avoir joué au Quidditch, force est d’admettre que même le plus mauvais des matchs est plus rythmé et imprévisible que celui que je suis en train de regarder dans mon épicerie près des docks de Dundee.
Quelques minutes passent encore. Baker Street a laissé la place à Ride Like the Wind de Christopher Cross. Toujours aussi cheesy, mais au moins il y a une vraie ligne de basse. Sans même m’en rendre compte, mon pied bat le rythme alors que mes yeux ne se détachent de la télé que pour se poser sur l’éternel miroir donnant sur les alcools. Heureusement pour moi, les clients ne sont pas d’humeur délinquante et je n’ai pas à intervenir avec ma bombe au poivre pour les faire dégager. C’est déjà ça. J’entends alors les portes coulissantes du magasin qui s’ouvrent, laissant voler jusqu’à ma nuque une brise fourbe et glaciale. Je grelotte sans pour autant m’attarder sur celui ou celle qui vient d’entrer. Mais j’entends alors, soudainement, une voix féminine. Un raclement de gorge à peine forcé, censé captiver mon attention. Je me retourne alors.
C’est elle. Reconnaissable entre mille, ce qui est le comble pour quelqu’un capable d’adopter l’apparence de n’importe qui. Sa crinière de rouquine et son regard sévère qu’elle affiche sur tous les visages qu’elle enfile sont inimitables. J’écarquille les yeux, évidemment surpris, surpris qu’elle soit là aussi tard, dans cette épicerie. Elle vient pour moi, c’est évident : pourquoi une sorcière aussi talentueuse qu’elle viendrait faire des courses tardives dans une épicerie moldue comme celle-là ? Mais pourquoi vient-elle me voir ?
« Sid ?, lâchai-je alors, interloqué. Qu’est-ce...
– Toi. Faut qu’on parle. »
Oh, je crois savoir pourquoi. Ça va saigner.
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1ère partie : Un monde à part.
Je me souviens de mon arrivée à Poudlard comme si c’était hier. Pourtant, je n’ai jamais eu très bonne mémoire. Mais c’est typiquement le genre de moments que l’on garde gravé dans son esprit jusqu’à la fin. Je me souviens de ce soir où l’on sentait déjà, dans les courants du vent, la fin de l’été approcher. Je me souviens des barques qui nous avaient emmenés, moi et les autres, sur le Loch et sur lequel nous avions tous pu admirer l’école qui contemplait, de toute son audace, la vallée au-dessus de laquelle elle s’était nichée des siècles auparavant.
Ce n’était certainement pas dans mon petit quartier de Dundee que je pouvais voir ce genre de choses. Même au cinéma, ces choses ne s’y trouvent pas. Une fois descendus de nos embarcations, les jeunes gens que nous étions avions été escortés jusqu’à la grande salle de l’école où nous attendaient tous les autres élèves et nos professeurs. Nos futurs professeurs. Au plafond, des centaines de bougies flottantes. Si ma première réaction était évidemment l’émerveillement de voir l’impossible devenir possible, je dois avouer aujourd’hui que je sentais déjà quelque chose poindre au fond de moi. Le sentiment d’être étranger à tout cela.
J’avoue avoir poussé un cri la première fois que j’ai entendu le Choixpeau parler. Mettez-vous deux secondes à la place d’un enfant de moldus qui ne comprend pas vraiment ce qu’il fait là, à ce moment précis, et qui ignore tout de ce qui l’attend. Quelques élèves, coutumiers de ce monde qui était pour moi étrange et absurde, n’ont pas retenu leurs rires narquois. Rapidement, ça a été à monde tour de m’asseoir et de laisser le Choixpeau magique sur ma caboche. Pour être honnête, j’avais vraiment peur qu’il découvre que je n’étais qu’un imposteur, une erreur dans le processus de recrutement, et qu’il décide de me sucer le cerveau... Alors que le couvre-chef enchanté frôle mes bouclettes, celui-ci commence à émettre un frémissement rauque venant de ce qui semble être du fond de sa gorge. Ça a une gorge, ce truc-là ?
« Hmph ! Enfin un juste défi pour mes talents !, s’exclame le Choixpeau. Je constate que tu ne risques pas d’être aussi facile à placer que certains de tes camarades. Je vois des choses très intéressantes, une volonté de comprendre le monde qui t’entoure et de trouver la place que tu dois y tenir. Oui, la maison Serdaigle serait un choix judicieux pour toi. »
Le Choixpeau magique reste muet un moment. Est-ce Serdaigle la maison qui a été choisie pour moi ? Je n’ai pas réellement le temps de me poser la question.
« Cependant, je vois aussi des valeurs propres à la maison d’Helga Poufsouffle, reprend-t-il subitement. Je sens que tu sauras te montrer un ami fidèle et honnête, prêt à faire beaucoup pour ceux et celles à qui tu tiens. Un choix périlleux, à n’en point douter... »
La salle est totalement silencieuse, complètement focalisée sur moi. Ou, plutôt, sur le chapeau qui parle sur ma soupière. Est-ce qu’il réfléchit ? Mais comment peut-il réfléchir, bon sang !? C’est un chapeau !
« Je vois... Serdaigle ! »
Les élèves à la table des Serdaigle se lèvent comme un seul homme et m’acclament. Je suppose que c’est là que je dois me rendre. Je me sens un peu perdu mais soulagé d’avoir passé ce qui me semblait être une vraie épreuve. C’est à partir de ce moment-là que j’ai vraiment commencé ma scolarité à Poudlard. Après que tout le monde a été réparti dans les quatre maisons de l’école, nous avons mangé. J’ai pu poser des question à mes aînés, comprendre un peu mieux ce que l’on allait faire de nos futures années dans cet immense château écossais qu’aucune carte ne localise.
Je me souviens aussi très bien de mon premier cours de vol. J’étais certes surpris que les balais volants existent pour de vrai, moi qui croyais que ce n’étaient que des éléments de contes de fées jusqu’à ce que je me retrouve véritablement devant un vrai balai. Mais j’étais surtout fasciné. Petit, j’étais un gamin turbulent et un peu casse-cou. Savoir qu’on allait m’autoriser et même m’encourager à prendre un balai pour m’envoler à plusieurs mètres au-dessus du sol et à voguer entre les obstacles et les élèves, ça a réveillé cette fibre-là mieux que toutes les bêtises du monde que j’ai pu commettre (et imaginer commettre) à Dundee. C’est au moment de mon premier envol que j’ai compris que c’était fait pour moi. Dès que j’avais un moment de libre, entre deux cours ou après, j’allais dans le parc, enfourchais un vieux Brossdur 5 d’occasion que mes parents avaient consenti à me payer et je pouvais faire le tour de château pendant des heures, admirer l’horizon pendant que mes jambes pendaient à plus de trente mètres au-dessus du sol.
C’est pendant les cours de vol que j’ai rencontré Sid. Aussi bien que je me souvienne, c’étaient nous deux qui étions les meilleurs dans tout le cours. Bien sûr, je restais le meilleur mais au début, elle était quand même très proche de moi sur beaucoup de points. En tout cas, le vol sur balai a été le point de départ de notre amitié. Enfin, surtout de la mienne vu qu’elle ne me supportait pas au début et que ça ne s’arrange que petit à petit. Et ça a aussi été le point de départ de notre rivalité. Elle est devenue batteuse dans l’équipe de Quidditch de Serpentard et moi dans celle de Serdaigle, et disons qu’on avait tendance à vouloir montrer à l’autre qui était le patron. Surtout pendant les matchs.
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2ème partie : Vic’.
Je venais de rentrer de Poudlard. Alors que je venais de terminer mes BUSE, l’été ne faisait que commencer. A cette époque, nous vivions dans le nord de Dundee, dans une rue pleine de petites maisons en briques rouges comme il en existe des milliers en Écosse. J’étais rentré en tout début de soirée et mes parents avaient tenu à me féliciter pour mes examens en me préparant un vrai repas de fête, comme ceux qu’on n’avait qu’à Noël. Noël, d’ailleurs, je ne le fêtais plus à la maison puisque j’étais toute l’année à Poudlard, vacances comprises. C’était certes ennuyeux, surtout que je ne voyais pas vraiment mes petits frères grandir. Mais, au moins, mes venues ne donnaient pas de grain à moudre aux voisins et ils étaient finalement tous convaincus du monde qu’avaient créé mes parents. Officiellement, je passais l’année entière dans une école privée réputée pour accueillir des enfants... difficiles. L’ironie, c’est que je ne m’étais sans doute jamais plus assagi que pendant mes années à Poudlard.
Le ventre plein, je m’étais éclipsé un bref instant pour prendre un peu l’air sur le toit de la maison. Je pouvais y accéder à l’envi quand j’avais besoin d’être un peu seul via le velux de ma chambre. Et Merlin sait que l’on peut avoir besoin d’un break quand on vit avec trois frères et deux parents dans une maison aussi petite que la nôtre, d’autant plus quand le foyer est en effervescence à cause du retour d’un des siens ! J’étais donc assis sur les tuiles, à contempler les étoiles et à profiter du fait que je n’avais pas besoin, les examens étant terminés, de penser à grand-chose. Mais un bruit en direction du velux donnant sur ma chambre vient me tirer de ma rêverie. Je me retourne, espérant qu’ils ne soient pas tous à ma recherche, et je vois une petite crinière blonde sortir du trou. Victor.
« Qu’est-ce que tu fais, morveux ?, lancé-je à Vic’ avec toute l’affection que peut un avoir un garçon pour son petit frère. Va pas te casser la gueule.
– D’une, énumère le blondinet, je suis pas un morveux.De deux, j’ai sans doute plus l’habitude que toi de faire ça maintenant que t’es parti. »
Je ne peux pas vraiment m’empêcher de sourire devant sa voix de jeune morveux en pleine mue. Il sort et s’assoit juste à côté de moi. Je sens qu’il a, comme d’habitude, un tas de questions à me poser. Je ne peux pas lui en vouloir : je serais tout aussi curieux si j’étais à sa place. Peu de moldus peuvent se vanter d’avoir un membre de la famille doté de pouvoirs magiques. Et si j’ai eu, les premiers mois durant lesquels j’ai étudié à Poudlard, tout un tas de questions, je n’ose même pas imaginer ce qui doit bien se trimballer dans la tête de Vic’, ou même de Xander ou de Marv’. Et les parents, n’en parlons pas.
« Maman m’a dit que tu as très bien travaillé cette année, dis-je au gamin pour lancer la conversation. Et les gonzesses, ça marche ?
– Mais j’ai que douze ans !, assène-t-il comme une évidence dont je n’aurais miraculeusement pas été mis au courant. Une façon très commune qu’il a de montrer toute sa maturité, en somme. Et toi aussi, tu as bien travaillé, à ce qu’il paraît.
– Juste ce qu’il faut, je suppose. Je ne sais pas vraiment quoi dire car je ne sais jamais vraiment comment aborder le sujet de ce que j’apprends avec ma famille. Ils ne doivent pas vraiment comprendre. C’étaient des gros examens, il fallait que je m’y mette pour de bon.
– Travailler à l’école, c’est pas ton genre de trucs, pourtant, déclare-t-il tout penaud sur un air faussement naïf. Ça a l’air de bien te réussir, chez les sorciers. »
Je souffle du nez. J’apprécie que ce n’est pas parce que je suis absent dix mois sur douze que mes frères font attention à ne pas me froisser, tout comme j’apprécie que Vic’ reconnaisse que je m’améliore sur de nombreux points depuis que je suis à Poudlard. Lui qui est le plus intelligent et le plus travailleur, j’ai tendance à valoriser son point de vue concernant ma vie d’élève davantage que ceux de Marvin et d’Alexander. Sans compter ceux de papa et maman qui, s’ils ont le goût du travail, savent les premiers qu’ils n’ont jamais vraiment brillé dans les études. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser que Victor n’a pas tout à fait raison : je ne travaille pas forcément parce que je me vois quelque part après Poudlard.
« Disons que pour moi, les choses sont un peu différentes, osé-je ajouter. Beaucoup m’attendent au tournant.
– Parce que t’es pas un enfant de sorciers ? »
Je baisse la tête et croise le regard de mon petit frère. Décidément, pour un moldu de chez moldu, il a l’air de comprendre au moins autant de choses que moi, sorcier, après cinq années passées à étudier la magie ! Mieux encore, il a tapé dans le mille sans que je ne lui souffle quoi que ce soit. Depuis mon arrivée à Poudlard, j’ai pris conscience de deux choses. La première, c’est qu’il y a tout un autre monde. Il n’est pas forcément parallèle au nôtre, moi et les autres nés-moldus en sont la preuve vivante. Mais en tout cas, le monde des sorciers est très difficilement soluble dans le monde des moldus, et beaucoup font tout en leur pouvoir pour que ça reste comme ça. La deuxième chose que j’ai apprise, et c’est la plus importante, c’est que je ne me sentirai jamais vraiment chez moi dans le monde des sorciers. Ni à Poudlard, ni après, quel que soit le futur qui m’y attend.
Je vois les autres élèves. Les sang-mêlé, les sang-pur. Ils savent ce qu’il se passe, ils ont conscience de ce qu’ils sont. Sid, même si elle n’a pas totalement été acceptée dans la partie de sa famille qui est de sang-pur (une bonne bande de cons, si vous voulez mon avis), elle sait ce qu’elle a à faire. Elle a de l’assurance, elle sait par cœur ce qu’elle veut et elle déploie tout ce qu’elle peut déployer pour y arriver. Elle a beau me tanner, me dire que je dois redoubler d’efforts et me coller des séries interminables de coups de pied au cul, une évidence s’impose : le monde des sorciers, ce n’est pas chez moi. Chaque « sang-de-bourbe » que j’entends souffler dans les couloirs après mon passage, chaque regard méprisant qui vient frapper mon visage de sorcier par inadvertance, chaque remarque condescendante qui vient me préciser que tout ce que je fais, un autre le fera forcément mieux que moi... Tout ça, c’est la preuve que je n’ai peut-être rien à foutre là. Et tous les encouragements du monde, même de la part de Sidney, ne peuvent rien y changer.
Victor se relève. Il a entendu la voix de maman dans la cuisine qui annonce qu’il reste du gâteau.
« Tu sais, ici, ça sera toujours ta maison, termine Vic’. Ce bougre génial. Comment a-t-il pu devenir aussi intelligent ? Si jamais ça marche pas à Pouledart, tu pourras toujours faire ta vie chez nous, à Dun'. »
Je souris. Déjà parce que malgré tout son génie, il n’a toujours pas intégré le nom de l’endroit où je vis ma vie d’apprenti sorcier. Mais aussi parce que j’ai le meilleur petit frère du monde et que ce soir, sous les étoiles, je ne le passerais avec mes camarades sorciers pour rien au monde.
Je me relève pour descendre. J’ai faim et je pense prendre deux parts de gâteau.
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3ème partie : Crise de foi.
« Monsieur Lennox, nous ne prenons pas les altercations entre élèves à la légère ici, à Poudlard. La voix tranchante du directeur résonne dans son office et son ton inquisiteur finit de nouer ma gorge. A vrai dire, nous avons tendance à sanctionner avec la plus grande sévérité ce genre d’écarts aux règles de l’école. »
Nerveusement, je mords l’intérieur de ma joue. Mes mains tremblent encore sous l’effet de la colère et de l’adrénaline. Sur celle de droite, des égratignures sur les métacarpes, signe et preuve du coup de poing que j’ai balancé sur ce Serpentard il y a une demi-heure. Si je regrette, à ce moment-là, d’avoir perdu le contrôle et de m’être soumis à ma volonté de vengeance, j’excuse sans problème mes propres agissements tant ceux-ci me paraissent justifiés dans le contexte. Je me promenais, tout seul, dans les couloirs, sans rien demander à personne. Et ce Serpentard, ce con de Serpentard, vient se pointer pour me parler de la rencontre de Quidditch entre nos deux maisons, me provoquer. D’habitude, j’ai tendance à railler en retour, je considère que c’est de bonne guerre et je ne relève pas. Mais là, c’était différent. Quelque chose en plus. Il a lâché le mot de trop.
« Il m’a traité de sang-de-bourbe. »
Ce mot de trop. Je me suis tu, un court instant, regardant son regard plein d’orgueil mal placé. J’ai tiqué, perdu les pédales, pété un boulon, tout ce que vous voulez. En tout cas, le coup est parti tout seul. Il est tombé par terre, la tronche ensanglantée. Il l’a bien mérité, et aucune remontrance ou sanction disciplinaire ne saura me faire changer d’avis sur la question. Et surtout, aucune grosse voix, celle du directeur de l’école ou non, ne m’empêchera de penser que j’étais dans mon bon droit de lui coller une droite.
« C’est ce que les témoins de l’incident ont dit, concède le magister. Toutefois, renchérit-il, nous ne supportons l’usage de la violence dans aucun contexte et pour–
– Je ne regrette rien, réponds-je en le coupant sous le coup de la colère. Je présenterai aucune excuse, je retire pas mon geste et je serais même prêt à le refaire si j’étais à nouveau confronté à la situation. »
Sur le coup, je regrette ce que je viens de dire. Pas parce que ce n’est pas ce que je pense, mais justement parce que c’est précisément ce que je pense. Et ce que je pense, pour le coup, pourrait me valoir un aller-simple pour le monde des moldus. Le directeur me fixe de son regard perçant. Je sens qu’il voudrait me concéder que c’est une réaction normale quand on est traité de la sorte, mais son rang et son rôle l’en empêchent. Il doit sévir, en dépit de tout.
« Étant données les circonstances de l'incident, je pense qu’il n’y aura pas besoin de conseil de discipline, argumente le directeur. Néanmoins, il n’est pas question de laisser un acte violent impuni, surtout si son auteur ne le regrette pas, comme vous dites. »
Ça m’aurait étonné.
« D’abord, je suspends votre participation pour les deux prochains matchs. Ensuite, vous aurez un mois de retenue. Je laisserai au directeur de votre maison le soin de vous diriger pendant ce mois. Et je retire cent points à Serdaigle. »
Pour ce qui est des suspensions de match, je comprends la peine. Il n’aurait certainement pas aimé que je profite de la prochaine confrontation avec Serpentard pour que je règle quelques comptes avec ma batte et mes cognards. Une possibilité qui m’a traversé l’esprit, pour être honnête. Il faudra que j’explique à Sid que je ne pourrai pas lui botter le cul demain.
« S’il venait à mes oreilles que vous avez recommencé, je serai bien plus sévère. Vous n’aurez plus votre place dans l’équipe et vous passerez en conseil de discipline en vue d’être exclu de l’école. Me suis-je bien fait comprendre ? »
J’opine du chef. Ce n’est pas comme si j’avais le choix, de toute façon. Je vais devoir être plus prudent quant à mon comportement. D’un signe de la main, il m’invite à me diriger vers la sortie du bureau. Au moment de passer le pas de la porte, le directeur m’interpelle une dernière fois.
« Lennox. Je me retourne. Je comprends votre colère, mais ne faites rien que vous pourriez regretter.
– Voyons, m’sieur. Je me force à sourire, malgré l’envie de partir en trombe histoire de montrer ma désapprobation. Agir d’abord et réfléchir ensuite ? C’est pas mon genre ! »
Je sors de son bureau après avoir affronté sa mine désapprobatrice et me dirige vers les couloirs. Je sais que je m’en suis plutôt bien sorti et je n’ai pas envie de tenter ma chance. En regagnant les couloirs, je croise celui que j’ai cogné. Il porte encore du sang sur ses vêtements et a même une boule de coton dans le nez. Je connais ce genre de tactiques dignes d’un Serpentard. Il veut montrer à quel point il a été amoché avant d’aller à l’infirmerie se faire soigner. Au moins, je ne lui ai pas cassé le nez. Il me regarde d’un air narquois, convaincu d’avoir gagné. Vu que sa stratégie était certainement de me provoquer assez fort pour m’évincer du terrain demain, je dirais que c’est le cas. Mais je m’en fous. J’ai refusé de me laisser marcher sur les pieds.
Sid m’attend, le visage renfrogné et ses cheveux me semblent arborer un roux plus foncé que d’habitude. Je me dirige vers elle. On a dû tout lui raconter. En tout cas, j’espère qu’on lui a raconté le plus important. Auquel cas, j’ai assez confiance en elle pour savoir qu’elle n’est pas énervée contre moi mais contre l’autre tâche. Je la regarde dans le blanc des yeux sans rien dire. Pas besoin de m’expliquer. Elle me prend par la main, celle que j’ai égratignée en décochant mon coup de poing. Elle la regarde, peut-être pour s’assurer que je ne me suis rien cassé. Je crois ne jamais avoir regardé Sid dans les yeux aussi longtemps (et je crois qu’elle n’a jamais été aussi longtemps en ma présence sans me coller un coup de pied au derrière). Si une personne peut bien comprendre la portée de l’insulte que j’ai essuyée, c’est bien elle.
« Tu veux m’engueuler ?, lui demandé-je enfin. Elle secoue la tête en guise de réponse. Je souris. T’as faim ? »
Elle opine du chef. Sans mot dire, on commence à marcher pour se rendre à la grande salle. Nous sommes restés ensemble pendant deux heures cet après-midi-là, sans rien se dire. Pas besoin d’expliquer ; pas besoin de comprendre.
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Epilogue : Back to School.
« Toi. Faut qu’on parle. »
Quand Sidney Pond dit qu’il faut qu’on parle, on parle. Même quand je n’en ai pas envie. Je sais de quoi on va parler, de toute façon, et je ne pense pas avoir grand-chose de nouveau à dire sur le sujet. Quand j’ai obtenu mes ASPIC, j’ai décidé après mûre réflexion de ne pas aller à Hungcalf. A vrai dire, j’ai même décidé de retourner à Dundee. Je ne me sentais pas à ma place chez les sorciers. J’ai mis ma baguette dans un tiroir de mon bureau, dans la chambre que j’occupe depuis chez mes parents, j’ai rangé mon balai volant dans un placard de la maison et j’ai cherché du boulot. Chez les moldus.
Ça n’a pas été facile. La couverture qui me servait à Poudlard ne faisait que me desservir ici. J’avais fait le tour des usines du coin, sans grand succès. Finalement, j’avais réussi à décrocher un boulot dans une épicerie que tenait Gurmeet, un moldu sans histoire. C’était courageux de sa part de me laisser en charge du magasin et de la caisse alors que tout ce qu’il pensait savoir de moi, c’était que j’avais grandi au milieu de délinquants en devenir. J’ai toujours fait en sorte de ne pas le décevoir et, finalement, il me fait assez confiance pour me confier les clés du magasin auquel je peux, par conséquent, accéder à toute heure.
Ça fait maintenant deux ans que je tiens le magasin quatre soirs par semaine, au minimum. J’ai pris un appartement pas très loin du foyer familial. Victor, lui, est parti étudier à Londres cette année. La littérature médiévale. Marvin et Alexander, eux, vivent toujours chez nos parents. Maman est tombée malade. Elle est tombée dans les pommes au travail, d’un coup. Depuis, elle ne travaille plus et une partie de mon salaire vient soutenir celui de notre père qui n’hésite plus à enchaîner les heures supplémentaires dès qu’elles se présentent. Si j’ai pu me demander si je pouvais aller étudier à Hung’, la condition de mon foyer m’a toujours empêché de sauter le pas, entre autres choses.
« Je sais pourquoi t’es là, déclaré-je à Sidney. Tu sais que j’irai pas, hein ?
– Ce que je sais, neuneu, c’est que tu meurs d’envie d’y aller mais que tu n’oses pas, me répond-t-elle avec toute l’assurance dont elle sait faire preuve dans ce genre de confrontations. »
Je me déplace, sors de mon creux posé derrière la caisse. Je m’assure qu’il n’y ait personne dans le magasin qui se trouve dans les angles morts inexploités par les miroirs de sécurité. Je n’ai pas envie que quelqu’un apprenne l’existence du monde des sorciers alors qu’il hésitait seulement entre vodka et téquila. Personne. Je me dirige vers l’entrée et je verrouille les portes coulissantes, au moins le temps que restera Sid. Au passage, je prends deux bières que je prends soin de consigner sur une note.
« J’ai pas envie d’aller me faire chier dans une fac, me décidé-je alors à lui révéler tout en décapsulant nos deux bières fraîches. Plutôt, j’ai pas envie de risquer ma situation pour faire des études sans aucune garantie que ça marche pour moi. Hungcalf ou pas, d’ailleurs, m’empressè-je d’ajouter.
– Risquer un boulot payé au lance-pierres ?, réplique-t-elle en jouant faussement l’interloquée. Aussi surprenant que cela puisse paraître, tu n’es pas la personne la plus débile que je connaisse. Il y en a de plus cons qui sont à l’université et ils s’en sortent pas trop mal.
– Ah ben n’en dis pas plus, tu m’as convaincu !, décroché-je avec une pointe d’ironie dans la voix (dans le sens où je surjoue entièrement le sarcasme, évidemment) et en sirotant ma bière.
– Ce que je veux dire, Tim, c’est que tu as toutes tes chances à Hungcalf, insiste-t-elle. Et tu vaux mieux qu’une vie à te griller les yeux avec ces néons et à te faire braquer tous les trois mois.
– Pardon !?, crié-je en feignant l’étonnement, visiblement amusé par les propos de ma consœur. Serait-ce un compliment de ta part ? T’es malade ?
– Tu me fatigues, Lennox. »
Je ris devant son air désabusé et ses yeux qui roulent si fort qu’elle pourrait en perdre le sens de l’orientation. Cela l’exaspère davantage de voir que je prends notre conversation avec légèreté. Toutefois, je suis plus sérieux que j’en ai l’air. J’ai abandonné le monde des sorciers parce que je ne m’y sentais pas à ma place. En quoi cela serait-il différent aujourd’hui ? Je n’ai pas forcément gagné en maturité, Sid m’en soit témoin ; et je n’ai pas forcément changé d’avis sur les sorciers, tout comme je n’ai pas oublié certaines choses que j’ai dû traverser pendant mes sept années à Poudlard.
« Comment va ta mère ?, me demande-t-elle.
– Encore très fatiguée, concédé-je en reprenant très vite mon sérieux. Sa biothérapie n’arrange pas grand-chose, mais les docs sont confiants.
– Je sais que c’est en partie pour ça que tu ne veux pas revenir.Je sais aussi que ta mère veut que tu continues les études. Kenny aussi, même s’il comprend pas grand-chose. »
Alors qu’elle termine sa phrase, j’entends frapper aux portes du magasin. Un client en quête d’alcool. Je me dirige vers l’entrée de l’épicerie et crie assez fort pour qu’il entende à travers la porte qu’il y a une épicerie encore ouverte deux rues plus loin. J’entends à peine ce qu’il dit, bien que je comprenne qu’il se plaigne. Puis il s’éloigne en traînant des pieds.
« Et l’esprit commerçant, avec ça !, décoche sardoniquement Sidney.
– L’esprit commerçant, il t’emmerde. »
Je me repose à ma place, reprends une gorgée de bière. Elle a raison. Tout le monde, mes parents et Victor les premiers, m’encouragent souvent à essayer de reprendre des études. Et pour être honnête, je ne compte certainement pas jouer les employés de commerce toute ma vie.
« Et pourquoi tu n’essaierais pas un an ?, finit par proposer Sid. Si vraiment tu ne te sens pas de continuer, tu pourras toujours retourner au boulot.
– Je sais pas. J’aimerais croire que c’est possible, franchement, j’aimerais, m’assurè-je de le souligner. Mais je sais pas. Avec ma mère, c’est pas si facile de prendre une décision, comme ça...
– Si tu lui en parles, je suis sûre qu’elle sera de mon avis.
– Évidemment, n’empêche qu’il y a une réalité autour avec laquelle je dois composer. »
Nous finissons tous deux nos bouteilles, sans rien dire de bien plus signifiant. La bière m’assomme un peu. Je finirai plus tôt ce soir, j’espère que Gurmeet ne m’en voudra pas. Après un quart d’heure à parler de tout et de rien, je décide de fermer boutique. J’éteins les néons, vide la caisse enregistreuse et nous sortons tous les deux du magasin. Après avoir rabattu le rideau de fer devant l’épicerie, je m’allume une cigarette. Une vilaine habitude moldue que j’ai adoptée il y a quelques mois.
« Tu veux aller boire un verre ?, demandé-je alors à Sid.
– J’aimerais bien mais je dois rentrer. J’ai cours demain.
– OK.
– Tu me promets d’y réfléchir, hein ?, me réclame-t-elle. »
Je lui fais oui de la tête. Elle me sourit puis disparaît dans son tourbillon. Si le monde des sorciers a des qualités, c’est surtout par rapport aux possibilités de se déplacer en un claquement de doigts. J’écrase ma cigarette et je rentre, à pied, chez moi.
Dans les jours qui suivent, après mûre réflexion et de nombreuses discussions familiales, j’ai décidé de soumettre ma candidature à Hungcalf.
Baker Street de Gerry Rafferty sonne dans la radio de l’épicerie. Il commence à se faire tard et les rares clients restants dans le magasin sont tous là pour acheter de quoi tenir la seconde partie de leur soirée. Sur mon tapis de caisse, je vois défiler tour à tour vodkas, rhums blanc ou ambré ou encore liqueurs de genièvre, pour les plus courageux. Mon dieu, je ne peux vraiment pas blairer Rafferty. Entre deux coups d’œil au miroir de sécurité qui donne sur le rayon des alcools et des snacks au fromage, je regarde le match sur la petite lucarne posée à côté de la caisse. Ce soir, c’est les Celtics contre les Rangers. Le match de l’année, qu’ils disent.
« Qui gagne ?, me demande benoîtement un client en posant sa bouteille de téquila sur le comptoir.
– Match nul pour l’instant, réponds-je en passant le code barre du flacon sous le lecteur. Ça fera douze livres. »
Sans sourciller et sans n’émettre aucune objection quant au prix définitivement trop élevé de son tord-boyaux, le client pose un billet de vingt livres. J’ouvre machinalement la caisse. « Cinq, deux et un qui font vingt ». Je lui tends la bouteille et sa monnaie. Il met la bouteille dans son sac à dos, la monnaie dans sa poche, me fait un bref sourire en signe d’au revoir et quitte le négoce aussi rapidement qu’il était venu. A la télé, un arrêt de jeu sur blessure. J’en profite pour frotter mes yeux asséchés par la lumière nue des néons et par la fatigue. Une bouteille de vodka, que c’est original. Rebelote : billet, caisse enregistreuse, monnaie, sourire, dégage. Le regard vide fixé sur la boîte à images, je me surprends à penser que le football devient vite chiant quand on connaît ce qui se fait de l’autre côté du miroir. Pour avoir joué au Quidditch, force est d’admettre que même le plus mauvais des matchs est plus rythmé et imprévisible que celui que je suis en train de regarder dans mon épicerie près des docks de Dundee.
Quelques minutes passent encore. Baker Street a laissé la place à Ride Like the Wind de Christopher Cross. Toujours aussi cheesy, mais au moins il y a une vraie ligne de basse. Sans même m’en rendre compte, mon pied bat le rythme alors que mes yeux ne se détachent de la télé que pour se poser sur l’éternel miroir donnant sur les alcools. Heureusement pour moi, les clients ne sont pas d’humeur délinquante et je n’ai pas à intervenir avec ma bombe au poivre pour les faire dégager. C’est déjà ça. J’entends alors les portes coulissantes du magasin qui s’ouvrent, laissant voler jusqu’à ma nuque une brise fourbe et glaciale. Je grelotte sans pour autant m’attarder sur celui ou celle qui vient d’entrer. Mais j’entends alors, soudainement, une voix féminine. Un raclement de gorge à peine forcé, censé captiver mon attention. Je me retourne alors.
C’est elle. Reconnaissable entre mille, ce qui est le comble pour quelqu’un capable d’adopter l’apparence de n’importe qui. Sa crinière de rouquine et son regard sévère qu’elle affiche sur tous les visages qu’elle enfile sont inimitables. J’écarquille les yeux, évidemment surpris, surpris qu’elle soit là aussi tard, dans cette épicerie. Elle vient pour moi, c’est évident : pourquoi une sorcière aussi talentueuse qu’elle viendrait faire des courses tardives dans une épicerie moldue comme celle-là ? Mais pourquoi vient-elle me voir ?
« Sid ?, lâchai-je alors, interloqué. Qu’est-ce...
– Toi. Faut qu’on parle. »
Oh, je crois savoir pourquoi. Ça va saigner.
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1ère partie : Un monde à part.
Je me souviens de mon arrivée à Poudlard comme si c’était hier. Pourtant, je n’ai jamais eu très bonne mémoire. Mais c’est typiquement le genre de moments que l’on garde gravé dans son esprit jusqu’à la fin. Je me souviens de ce soir où l’on sentait déjà, dans les courants du vent, la fin de l’été approcher. Je me souviens des barques qui nous avaient emmenés, moi et les autres, sur le Loch et sur lequel nous avions tous pu admirer l’école qui contemplait, de toute son audace, la vallée au-dessus de laquelle elle s’était nichée des siècles auparavant.
Ce n’était certainement pas dans mon petit quartier de Dundee que je pouvais voir ce genre de choses. Même au cinéma, ces choses ne s’y trouvent pas. Une fois descendus de nos embarcations, les jeunes gens que nous étions avions été escortés jusqu’à la grande salle de l’école où nous attendaient tous les autres élèves et nos professeurs. Nos futurs professeurs. Au plafond, des centaines de bougies flottantes. Si ma première réaction était évidemment l’émerveillement de voir l’impossible devenir possible, je dois avouer aujourd’hui que je sentais déjà quelque chose poindre au fond de moi. Le sentiment d’être étranger à tout cela.
J’avoue avoir poussé un cri la première fois que j’ai entendu le Choixpeau parler. Mettez-vous deux secondes à la place d’un enfant de moldus qui ne comprend pas vraiment ce qu’il fait là, à ce moment précis, et qui ignore tout de ce qui l’attend. Quelques élèves, coutumiers de ce monde qui était pour moi étrange et absurde, n’ont pas retenu leurs rires narquois. Rapidement, ça a été à monde tour de m’asseoir et de laisser le Choixpeau magique sur ma caboche. Pour être honnête, j’avais vraiment peur qu’il découvre que je n’étais qu’un imposteur, une erreur dans le processus de recrutement, et qu’il décide de me sucer le cerveau... Alors que le couvre-chef enchanté frôle mes bouclettes, celui-ci commence à émettre un frémissement rauque venant de ce qui semble être du fond de sa gorge. Ça a une gorge, ce truc-là ?
« Hmph ! Enfin un juste défi pour mes talents !, s’exclame le Choixpeau. Je constate que tu ne risques pas d’être aussi facile à placer que certains de tes camarades. Je vois des choses très intéressantes, une volonté de comprendre le monde qui t’entoure et de trouver la place que tu dois y tenir. Oui, la maison Serdaigle serait un choix judicieux pour toi. »
Le Choixpeau magique reste muet un moment. Est-ce Serdaigle la maison qui a été choisie pour moi ? Je n’ai pas réellement le temps de me poser la question.
« Cependant, je vois aussi des valeurs propres à la maison d’Helga Poufsouffle, reprend-t-il subitement. Je sens que tu sauras te montrer un ami fidèle et honnête, prêt à faire beaucoup pour ceux et celles à qui tu tiens. Un choix périlleux, à n’en point douter... »
La salle est totalement silencieuse, complètement focalisée sur moi. Ou, plutôt, sur le chapeau qui parle sur ma soupière. Est-ce qu’il réfléchit ? Mais comment peut-il réfléchir, bon sang !? C’est un chapeau !
« Je vois... Serdaigle ! »
Les élèves à la table des Serdaigle se lèvent comme un seul homme et m’acclament. Je suppose que c’est là que je dois me rendre. Je me sens un peu perdu mais soulagé d’avoir passé ce qui me semblait être une vraie épreuve. C’est à partir de ce moment-là que j’ai vraiment commencé ma scolarité à Poudlard. Après que tout le monde a été réparti dans les quatre maisons de l’école, nous avons mangé. J’ai pu poser des question à mes aînés, comprendre un peu mieux ce que l’on allait faire de nos futures années dans cet immense château écossais qu’aucune carte ne localise.
Je me souviens aussi très bien de mon premier cours de vol. J’étais certes surpris que les balais volants existent pour de vrai, moi qui croyais que ce n’étaient que des éléments de contes de fées jusqu’à ce que je me retrouve véritablement devant un vrai balai. Mais j’étais surtout fasciné. Petit, j’étais un gamin turbulent et un peu casse-cou. Savoir qu’on allait m’autoriser et même m’encourager à prendre un balai pour m’envoler à plusieurs mètres au-dessus du sol et à voguer entre les obstacles et les élèves, ça a réveillé cette fibre-là mieux que toutes les bêtises du monde que j’ai pu commettre (et imaginer commettre) à Dundee. C’est au moment de mon premier envol que j’ai compris que c’était fait pour moi. Dès que j’avais un moment de libre, entre deux cours ou après, j’allais dans le parc, enfourchais un vieux Brossdur 5 d’occasion que mes parents avaient consenti à me payer et je pouvais faire le tour de château pendant des heures, admirer l’horizon pendant que mes jambes pendaient à plus de trente mètres au-dessus du sol.
C’est pendant les cours de vol que j’ai rencontré Sid. Aussi bien que je me souvienne, c’étaient nous deux qui étions les meilleurs dans tout le cours. Bien sûr, je restais le meilleur mais au début, elle était quand même très proche de moi sur beaucoup de points. En tout cas, le vol sur balai a été le point de départ de notre amitié. Enfin, surtout de la mienne vu qu’elle ne me supportait pas au début et que ça ne s’arrange que petit à petit. Et ça a aussi été le point de départ de notre rivalité. Elle est devenue batteuse dans l’équipe de Quidditch de Serpentard et moi dans celle de Serdaigle, et disons qu’on avait tendance à vouloir montrer à l’autre qui était le patron. Surtout pendant les matchs.
______________
2ème partie : Vic’.
Je venais de rentrer de Poudlard. Alors que je venais de terminer mes BUSE, l’été ne faisait que commencer. A cette époque, nous vivions dans le nord de Dundee, dans une rue pleine de petites maisons en briques rouges comme il en existe des milliers en Écosse. J’étais rentré en tout début de soirée et mes parents avaient tenu à me féliciter pour mes examens en me préparant un vrai repas de fête, comme ceux qu’on n’avait qu’à Noël. Noël, d’ailleurs, je ne le fêtais plus à la maison puisque j’étais toute l’année à Poudlard, vacances comprises. C’était certes ennuyeux, surtout que je ne voyais pas vraiment mes petits frères grandir. Mais, au moins, mes venues ne donnaient pas de grain à moudre aux voisins et ils étaient finalement tous convaincus du monde qu’avaient créé mes parents. Officiellement, je passais l’année entière dans une école privée réputée pour accueillir des enfants... difficiles. L’ironie, c’est que je ne m’étais sans doute jamais plus assagi que pendant mes années à Poudlard.
Le ventre plein, je m’étais éclipsé un bref instant pour prendre un peu l’air sur le toit de la maison. Je pouvais y accéder à l’envi quand j’avais besoin d’être un peu seul via le velux de ma chambre. Et Merlin sait que l’on peut avoir besoin d’un break quand on vit avec trois frères et deux parents dans une maison aussi petite que la nôtre, d’autant plus quand le foyer est en effervescence à cause du retour d’un des siens ! J’étais donc assis sur les tuiles, à contempler les étoiles et à profiter du fait que je n’avais pas besoin, les examens étant terminés, de penser à grand-chose. Mais un bruit en direction du velux donnant sur ma chambre vient me tirer de ma rêverie. Je me retourne, espérant qu’ils ne soient pas tous à ma recherche, et je vois une petite crinière blonde sortir du trou. Victor.
« Qu’est-ce que tu fais, morveux ?, lancé-je à Vic’ avec toute l’affection que peut un avoir un garçon pour son petit frère. Va pas te casser la gueule.
– D’une, énumère le blondinet, je suis pas un morveux.De deux, j’ai sans doute plus l’habitude que toi de faire ça maintenant que t’es parti. »
Je ne peux pas vraiment m’empêcher de sourire devant sa voix de jeune morveux en pleine mue. Il sort et s’assoit juste à côté de moi. Je sens qu’il a, comme d’habitude, un tas de questions à me poser. Je ne peux pas lui en vouloir : je serais tout aussi curieux si j’étais à sa place. Peu de moldus peuvent se vanter d’avoir un membre de la famille doté de pouvoirs magiques. Et si j’ai eu, les premiers mois durant lesquels j’ai étudié à Poudlard, tout un tas de questions, je n’ose même pas imaginer ce qui doit bien se trimballer dans la tête de Vic’, ou même de Xander ou de Marv’. Et les parents, n’en parlons pas.
« Maman m’a dit que tu as très bien travaillé cette année, dis-je au gamin pour lancer la conversation. Et les gonzesses, ça marche ?
– Mais j’ai que douze ans !, assène-t-il comme une évidence dont je n’aurais miraculeusement pas été mis au courant. Une façon très commune qu’il a de montrer toute sa maturité, en somme. Et toi aussi, tu as bien travaillé, à ce qu’il paraît.
– Juste ce qu’il faut, je suppose. Je ne sais pas vraiment quoi dire car je ne sais jamais vraiment comment aborder le sujet de ce que j’apprends avec ma famille. Ils ne doivent pas vraiment comprendre. C’étaient des gros examens, il fallait que je m’y mette pour de bon.
– Travailler à l’école, c’est pas ton genre de trucs, pourtant, déclare-t-il tout penaud sur un air faussement naïf. Ça a l’air de bien te réussir, chez les sorciers. »
Je souffle du nez. J’apprécie que ce n’est pas parce que je suis absent dix mois sur douze que mes frères font attention à ne pas me froisser, tout comme j’apprécie que Vic’ reconnaisse que je m’améliore sur de nombreux points depuis que je suis à Poudlard. Lui qui est le plus intelligent et le plus travailleur, j’ai tendance à valoriser son point de vue concernant ma vie d’élève davantage que ceux de Marvin et d’Alexander. Sans compter ceux de papa et maman qui, s’ils ont le goût du travail, savent les premiers qu’ils n’ont jamais vraiment brillé dans les études. Malgré tout, je ne peux m’empêcher de penser que Victor n’a pas tout à fait raison : je ne travaille pas forcément parce que je me vois quelque part après Poudlard.
« Disons que pour moi, les choses sont un peu différentes, osé-je ajouter. Beaucoup m’attendent au tournant.
– Parce que t’es pas un enfant de sorciers ? »
Je baisse la tête et croise le regard de mon petit frère. Décidément, pour un moldu de chez moldu, il a l’air de comprendre au moins autant de choses que moi, sorcier, après cinq années passées à étudier la magie ! Mieux encore, il a tapé dans le mille sans que je ne lui souffle quoi que ce soit. Depuis mon arrivée à Poudlard, j’ai pris conscience de deux choses. La première, c’est qu’il y a tout un autre monde. Il n’est pas forcément parallèle au nôtre, moi et les autres nés-moldus en sont la preuve vivante. Mais en tout cas, le monde des sorciers est très difficilement soluble dans le monde des moldus, et beaucoup font tout en leur pouvoir pour que ça reste comme ça. La deuxième chose que j’ai apprise, et c’est la plus importante, c’est que je ne me sentirai jamais vraiment chez moi dans le monde des sorciers. Ni à Poudlard, ni après, quel que soit le futur qui m’y attend.
Je vois les autres élèves. Les sang-mêlé, les sang-pur. Ils savent ce qu’il se passe, ils ont conscience de ce qu’ils sont. Sid, même si elle n’a pas totalement été acceptée dans la partie de sa famille qui est de sang-pur (une bonne bande de cons, si vous voulez mon avis), elle sait ce qu’elle a à faire. Elle a de l’assurance, elle sait par cœur ce qu’elle veut et elle déploie tout ce qu’elle peut déployer pour y arriver. Elle a beau me tanner, me dire que je dois redoubler d’efforts et me coller des séries interminables de coups de pied au cul, une évidence s’impose : le monde des sorciers, ce n’est pas chez moi. Chaque « sang-de-bourbe » que j’entends souffler dans les couloirs après mon passage, chaque regard méprisant qui vient frapper mon visage de sorcier par inadvertance, chaque remarque condescendante qui vient me préciser que tout ce que je fais, un autre le fera forcément mieux que moi... Tout ça, c’est la preuve que je n’ai peut-être rien à foutre là. Et tous les encouragements du monde, même de la part de Sidney, ne peuvent rien y changer.
Victor se relève. Il a entendu la voix de maman dans la cuisine qui annonce qu’il reste du gâteau.
« Tu sais, ici, ça sera toujours ta maison, termine Vic’. Ce bougre génial. Comment a-t-il pu devenir aussi intelligent ? Si jamais ça marche pas à Pouledart, tu pourras toujours faire ta vie chez nous, à Dun'. »
Je souris. Déjà parce que malgré tout son génie, il n’a toujours pas intégré le nom de l’endroit où je vis ma vie d’apprenti sorcier. Mais aussi parce que j’ai le meilleur petit frère du monde et que ce soir, sous les étoiles, je ne le passerais avec mes camarades sorciers pour rien au monde.
Je me relève pour descendre. J’ai faim et je pense prendre deux parts de gâteau.
_________
3ème partie : Crise de foi.
« Monsieur Lennox, nous ne prenons pas les altercations entre élèves à la légère ici, à Poudlard. La voix tranchante du directeur résonne dans son office et son ton inquisiteur finit de nouer ma gorge. A vrai dire, nous avons tendance à sanctionner avec la plus grande sévérité ce genre d’écarts aux règles de l’école. »
Nerveusement, je mords l’intérieur de ma joue. Mes mains tremblent encore sous l’effet de la colère et de l’adrénaline. Sur celle de droite, des égratignures sur les métacarpes, signe et preuve du coup de poing que j’ai balancé sur ce Serpentard il y a une demi-heure. Si je regrette, à ce moment-là, d’avoir perdu le contrôle et de m’être soumis à ma volonté de vengeance, j’excuse sans problème mes propres agissements tant ceux-ci me paraissent justifiés dans le contexte. Je me promenais, tout seul, dans les couloirs, sans rien demander à personne. Et ce Serpentard, ce con de Serpentard, vient se pointer pour me parler de la rencontre de Quidditch entre nos deux maisons, me provoquer. D’habitude, j’ai tendance à railler en retour, je considère que c’est de bonne guerre et je ne relève pas. Mais là, c’était différent. Quelque chose en plus. Il a lâché le mot de trop.
« Il m’a traité de sang-de-bourbe. »
Ce mot de trop. Je me suis tu, un court instant, regardant son regard plein d’orgueil mal placé. J’ai tiqué, perdu les pédales, pété un boulon, tout ce que vous voulez. En tout cas, le coup est parti tout seul. Il est tombé par terre, la tronche ensanglantée. Il l’a bien mérité, et aucune remontrance ou sanction disciplinaire ne saura me faire changer d’avis sur la question. Et surtout, aucune grosse voix, celle du directeur de l’école ou non, ne m’empêchera de penser que j’étais dans mon bon droit de lui coller une droite.
« C’est ce que les témoins de l’incident ont dit, concède le magister. Toutefois, renchérit-il, nous ne supportons l’usage de la violence dans aucun contexte et pour–
– Je ne regrette rien, réponds-je en le coupant sous le coup de la colère. Je présenterai aucune excuse, je retire pas mon geste et je serais même prêt à le refaire si j’étais à nouveau confronté à la situation. »
Sur le coup, je regrette ce que je viens de dire. Pas parce que ce n’est pas ce que je pense, mais justement parce que c’est précisément ce que je pense. Et ce que je pense, pour le coup, pourrait me valoir un aller-simple pour le monde des moldus. Le directeur me fixe de son regard perçant. Je sens qu’il voudrait me concéder que c’est une réaction normale quand on est traité de la sorte, mais son rang et son rôle l’en empêchent. Il doit sévir, en dépit de tout.
« Étant données les circonstances de l'incident, je pense qu’il n’y aura pas besoin de conseil de discipline, argumente le directeur. Néanmoins, il n’est pas question de laisser un acte violent impuni, surtout si son auteur ne le regrette pas, comme vous dites. »
Ça m’aurait étonné.
« D’abord, je suspends votre participation pour les deux prochains matchs. Ensuite, vous aurez un mois de retenue. Je laisserai au directeur de votre maison le soin de vous diriger pendant ce mois. Et je retire cent points à Serdaigle. »
Pour ce qui est des suspensions de match, je comprends la peine. Il n’aurait certainement pas aimé que je profite de la prochaine confrontation avec Serpentard pour que je règle quelques comptes avec ma batte et mes cognards. Une possibilité qui m’a traversé l’esprit, pour être honnête. Il faudra que j’explique à Sid que je ne pourrai pas lui botter le cul demain.
« S’il venait à mes oreilles que vous avez recommencé, je serai bien plus sévère. Vous n’aurez plus votre place dans l’équipe et vous passerez en conseil de discipline en vue d’être exclu de l’école. Me suis-je bien fait comprendre ? »
J’opine du chef. Ce n’est pas comme si j’avais le choix, de toute façon. Je vais devoir être plus prudent quant à mon comportement. D’un signe de la main, il m’invite à me diriger vers la sortie du bureau. Au moment de passer le pas de la porte, le directeur m’interpelle une dernière fois.
« Lennox. Je me retourne. Je comprends votre colère, mais ne faites rien que vous pourriez regretter.
– Voyons, m’sieur. Je me force à sourire, malgré l’envie de partir en trombe histoire de montrer ma désapprobation. Agir d’abord et réfléchir ensuite ? C’est pas mon genre ! »
Je sors de son bureau après avoir affronté sa mine désapprobatrice et me dirige vers les couloirs. Je sais que je m’en suis plutôt bien sorti et je n’ai pas envie de tenter ma chance. En regagnant les couloirs, je croise celui que j’ai cogné. Il porte encore du sang sur ses vêtements et a même une boule de coton dans le nez. Je connais ce genre de tactiques dignes d’un Serpentard. Il veut montrer à quel point il a été amoché avant d’aller à l’infirmerie se faire soigner. Au moins, je ne lui ai pas cassé le nez. Il me regarde d’un air narquois, convaincu d’avoir gagné. Vu que sa stratégie était certainement de me provoquer assez fort pour m’évincer du terrain demain, je dirais que c’est le cas. Mais je m’en fous. J’ai refusé de me laisser marcher sur les pieds.
Sid m’attend, le visage renfrogné et ses cheveux me semblent arborer un roux plus foncé que d’habitude. Je me dirige vers elle. On a dû tout lui raconter. En tout cas, j’espère qu’on lui a raconté le plus important. Auquel cas, j’ai assez confiance en elle pour savoir qu’elle n’est pas énervée contre moi mais contre l’autre tâche. Je la regarde dans le blanc des yeux sans rien dire. Pas besoin de m’expliquer. Elle me prend par la main, celle que j’ai égratignée en décochant mon coup de poing. Elle la regarde, peut-être pour s’assurer que je ne me suis rien cassé. Je crois ne jamais avoir regardé Sid dans les yeux aussi longtemps (et je crois qu’elle n’a jamais été aussi longtemps en ma présence sans me coller un coup de pied au derrière). Si une personne peut bien comprendre la portée de l’insulte que j’ai essuyée, c’est bien elle.
« Tu veux m’engueuler ?, lui demandé-je enfin. Elle secoue la tête en guise de réponse. Je souris. T’as faim ? »
Elle opine du chef. Sans mot dire, on commence à marcher pour se rendre à la grande salle. Nous sommes restés ensemble pendant deux heures cet après-midi-là, sans rien se dire. Pas besoin d’expliquer ; pas besoin de comprendre.
________
Epilogue : Back to School.
« Toi. Faut qu’on parle. »
Quand Sidney Pond dit qu’il faut qu’on parle, on parle. Même quand je n’en ai pas envie. Je sais de quoi on va parler, de toute façon, et je ne pense pas avoir grand-chose de nouveau à dire sur le sujet. Quand j’ai obtenu mes ASPIC, j’ai décidé après mûre réflexion de ne pas aller à Hungcalf. A vrai dire, j’ai même décidé de retourner à Dundee. Je ne me sentais pas à ma place chez les sorciers. J’ai mis ma baguette dans un tiroir de mon bureau, dans la chambre que j’occupe depuis chez mes parents, j’ai rangé mon balai volant dans un placard de la maison et j’ai cherché du boulot. Chez les moldus.
Ça n’a pas été facile. La couverture qui me servait à Poudlard ne faisait que me desservir ici. J’avais fait le tour des usines du coin, sans grand succès. Finalement, j’avais réussi à décrocher un boulot dans une épicerie que tenait Gurmeet, un moldu sans histoire. C’était courageux de sa part de me laisser en charge du magasin et de la caisse alors que tout ce qu’il pensait savoir de moi, c’était que j’avais grandi au milieu de délinquants en devenir. J’ai toujours fait en sorte de ne pas le décevoir et, finalement, il me fait assez confiance pour me confier les clés du magasin auquel je peux, par conséquent, accéder à toute heure.
Ça fait maintenant deux ans que je tiens le magasin quatre soirs par semaine, au minimum. J’ai pris un appartement pas très loin du foyer familial. Victor, lui, est parti étudier à Londres cette année. La littérature médiévale. Marvin et Alexander, eux, vivent toujours chez nos parents. Maman est tombée malade. Elle est tombée dans les pommes au travail, d’un coup. Depuis, elle ne travaille plus et une partie de mon salaire vient soutenir celui de notre père qui n’hésite plus à enchaîner les heures supplémentaires dès qu’elles se présentent. Si j’ai pu me demander si je pouvais aller étudier à Hung’, la condition de mon foyer m’a toujours empêché de sauter le pas, entre autres choses.
« Je sais pourquoi t’es là, déclaré-je à Sidney. Tu sais que j’irai pas, hein ?
– Ce que je sais, neuneu, c’est que tu meurs d’envie d’y aller mais que tu n’oses pas, me répond-t-elle avec toute l’assurance dont elle sait faire preuve dans ce genre de confrontations. »
Je me déplace, sors de mon creux posé derrière la caisse. Je m’assure qu’il n’y ait personne dans le magasin qui se trouve dans les angles morts inexploités par les miroirs de sécurité. Je n’ai pas envie que quelqu’un apprenne l’existence du monde des sorciers alors qu’il hésitait seulement entre vodka et téquila. Personne. Je me dirige vers l’entrée et je verrouille les portes coulissantes, au moins le temps que restera Sid. Au passage, je prends deux bières que je prends soin de consigner sur une note.
« J’ai pas envie d’aller me faire chier dans une fac, me décidé-je alors à lui révéler tout en décapsulant nos deux bières fraîches. Plutôt, j’ai pas envie de risquer ma situation pour faire des études sans aucune garantie que ça marche pour moi. Hungcalf ou pas, d’ailleurs, m’empressè-je d’ajouter.
– Risquer un boulot payé au lance-pierres ?, réplique-t-elle en jouant faussement l’interloquée. Aussi surprenant que cela puisse paraître, tu n’es pas la personne la plus débile que je connaisse. Il y en a de plus cons qui sont à l’université et ils s’en sortent pas trop mal.
– Ah ben n’en dis pas plus, tu m’as convaincu !, décroché-je avec une pointe d’ironie dans la voix (dans le sens où je surjoue entièrement le sarcasme, évidemment) et en sirotant ma bière.
– Ce que je veux dire, Tim, c’est que tu as toutes tes chances à Hungcalf, insiste-t-elle. Et tu vaux mieux qu’une vie à te griller les yeux avec ces néons et à te faire braquer tous les trois mois.
– Pardon !?, crié-je en feignant l’étonnement, visiblement amusé par les propos de ma consœur. Serait-ce un compliment de ta part ? T’es malade ?
– Tu me fatigues, Lennox. »
Je ris devant son air désabusé et ses yeux qui roulent si fort qu’elle pourrait en perdre le sens de l’orientation. Cela l’exaspère davantage de voir que je prends notre conversation avec légèreté. Toutefois, je suis plus sérieux que j’en ai l’air. J’ai abandonné le monde des sorciers parce que je ne m’y sentais pas à ma place. En quoi cela serait-il différent aujourd’hui ? Je n’ai pas forcément gagné en maturité, Sid m’en soit témoin ; et je n’ai pas forcément changé d’avis sur les sorciers, tout comme je n’ai pas oublié certaines choses que j’ai dû traverser pendant mes sept années à Poudlard.
« Comment va ta mère ?, me demande-t-elle.
– Encore très fatiguée, concédé-je en reprenant très vite mon sérieux. Sa biothérapie n’arrange pas grand-chose, mais les docs sont confiants.
– Je sais que c’est en partie pour ça que tu ne veux pas revenir.Je sais aussi que ta mère veut que tu continues les études. Kenny aussi, même s’il comprend pas grand-chose. »
Alors qu’elle termine sa phrase, j’entends frapper aux portes du magasin. Un client en quête d’alcool. Je me dirige vers l’entrée de l’épicerie et crie assez fort pour qu’il entende à travers la porte qu’il y a une épicerie encore ouverte deux rues plus loin. J’entends à peine ce qu’il dit, bien que je comprenne qu’il se plaigne. Puis il s’éloigne en traînant des pieds.
« Et l’esprit commerçant, avec ça !, décoche sardoniquement Sidney.
– L’esprit commerçant, il t’emmerde. »
Je me repose à ma place, reprends une gorgée de bière. Elle a raison. Tout le monde, mes parents et Victor les premiers, m’encouragent souvent à essayer de reprendre des études. Et pour être honnête, je ne compte certainement pas jouer les employés de commerce toute ma vie.
« Et pourquoi tu n’essaierais pas un an ?, finit par proposer Sid. Si vraiment tu ne te sens pas de continuer, tu pourras toujours retourner au boulot.
– Je sais pas. J’aimerais croire que c’est possible, franchement, j’aimerais, m’assurè-je de le souligner. Mais je sais pas. Avec ma mère, c’est pas si facile de prendre une décision, comme ça...
– Si tu lui en parles, je suis sûre qu’elle sera de mon avis.
– Évidemment, n’empêche qu’il y a une réalité autour avec laquelle je dois composer. »
Nous finissons tous deux nos bouteilles, sans rien dire de bien plus signifiant. La bière m’assomme un peu. Je finirai plus tôt ce soir, j’espère que Gurmeet ne m’en voudra pas. Après un quart d’heure à parler de tout et de rien, je décide de fermer boutique. J’éteins les néons, vide la caisse enregistreuse et nous sortons tous les deux du magasin. Après avoir rabattu le rideau de fer devant l’épicerie, je m’allume une cigarette. Une vilaine habitude moldue que j’ai adoptée il y a quelques mois.
« Tu veux aller boire un verre ?, demandé-je alors à Sid.
– J’aimerais bien mais je dois rentrer. J’ai cours demain.
– OK.
– Tu me promets d’y réfléchir, hein ?, me réclame-t-elle. »
Je lui fais oui de la tête. Elle me sourit puis disparaît dans son tourbillon. Si le monde des sorciers a des qualités, c’est surtout par rapport aux possibilités de se déplacer en un claquement de doigts. J’écrase ma cigarette et je rentre, à pied, chez moi.
Dans les jours qui suivent, après mûre réflexion et de nombreuses discussions familiales, j’ai décidé de soumettre ma candidature à Hungcalf.
RÉSERVEZ VOTRE AVATAR
- Code:
<bottin><pris>●</pris> <b>michael provost</b> ━ @"timothy lennox"</bottin>
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 0:21
Bienvenue ici !
Bon courage pour le reste de ta fiche !
Bon courage pour le reste de ta fiche !
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 9:41
IS THIS JUST FANTASY ? Caught in a landsliiiide, nNo escape from realityyyyy
Merci pour la chanson dans la tête
Bienvenue parmi nous avec cet avatar beaucoup trop cute
Merci pour la chanson dans la tête
Bienvenue parmi nous avec cet avatar beaucoup trop cute
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 10:03
Bienvenue ici
J'ai aussi eu la chanson dans la tête
Bon courage pour la rédaction de ta fiche
Si tu as des questions, n'hésite pas
J'ai aussi eu la chanson dans la tête
Bon courage pour la rédaction de ta fiche
Si tu as des questions, n'hésite pas
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 11:26
bienvenue et bon courage pour ta fiche très bon choix d'avatar
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 12:17
LA CHANSON !
Bienvenue parmi nous ! Heureuse de voir que Sidney a ramené une nouvelle tête par ici, j'ai hâte d'en lire plus. Si tu as la moindre question ou demande, n'hésite pas à venir toquer dans nos mps, on sera là pour te guider.
Bienvenue parmi nous ! Heureuse de voir que Sidney a ramené une nouvelle tête par ici, j'ai hâte d'en lire plus. Si tu as la moindre question ou demande, n'hésite pas à venir toquer dans nos mps, on sera là pour te guider.
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 13:50
Coucou toi !!! bienvenue sur Hung' (oui je ne suis pas encore validé mais je me permets, c'est toujours agréable de se faire souhaiter la bienvenue ) Je t'ai lu et.. j'ai accroché dès le début
et je crois que je te demanderai un lien parce que j'aime beaucoup tout ce que j'ai découvert de Tim au travers de tes mots !!! Nos deux personnages sont un peu aux antipodes et je pense que c'est ce qui peut être marrant à jouer XD Je te souhaite bon courage pour le reste de ta ficheLennox, comme le gars dans Macbeth ou la meuf qui chante "Sweet Dreams".
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 14:52
Bienvenue sur le forum et bonne chance pour la suite de ta fiche !
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 15:50
Bienvenue sur le forum
Hâte de voir ce petit perso en jeu
Hâte de voir ce petit perso en jeu
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Sam 9 Nov 2019 - 19:00
Hello you !
Comme les autres, je suis sous le charme . Finis nous vite tout ça qu'on puisse venir t'embeter
Comme les autres, je suis sous le charme . Finis nous vite tout ça qu'on puisse venir t'embeter
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Dim 10 Nov 2019 - 13:12
Vouiiiiii bienvenue à mon BFF de RP
La mère Sidney a très très hâte de pouvoir faire évoluer nos liens héhé
(J'te rafraîchirai la mémoire bien assez tôt en te faisant tomber de ton balai, tu vas voir si j'suis pas meilleure que toi, sale gosse !)
La mère Sidney a très très hâte de pouvoir faire évoluer nos liens héhé
(J'te rafraîchirai la mémoire bien assez tôt en te faisant tomber de ton balai, tu vas voir si j'suis pas meilleure que toi, sale gosse !)
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Dim 10 Nov 2019 - 16:46
Un poto de quidditch
Bienvenue chez toi
Ton personnage me semble fort sympathique, hâte de le voir en jeu
Bienvenue chez toi
Ton personnage me semble fort sympathique, hâte de le voir en jeu
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Mar 12 Nov 2019 - 13:56
Hellcome
J'espère que tu te plairas parmi nous
J'espère que tu te plairas parmi nous
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Mer 13 Nov 2019 - 15:32
Oswald Derby a écrit:IS THIS JUST FANTASY ? Caught in a landsliiiide, nNo escape from realityyyyy
Merci pour la chanson dans la tête
une joueur de quidditch,
bienvenue parmi-nous.
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Mer 13 Nov 2019 - 16:35
ta nouvelle et grande famille
★ Le Staff de Hungcalf a l'immense plaisir de te compter parmi ses
★ Lorsque la paperasse sera enfin bouclée, tu pourras enfin commencer tes rps, faire ta fiche de liens, créer tes moyens de communication ou bien développer l'histoire de ton personnage dans ta bibliothèque personnelle.
★ Si le quidditch est ta passion (ou ton passe temps-favori, osef), n'hésite pas à agrandir les rangs de l'équipe de ta maison. Tu souhaites t'investir dans un club ou une association ? Alors viens donc en rejoindre un, c'est de ce côté. Tu peux également faire un tour du côté de notre marché aux liens pour te faire des amis ! *-*
★ Si tu te cherches un copain ou une idée de RP, n'hésite pas à passer ici pour trouver un partenaire ! Et quand tu auras amassé plein de gallions, une boutique avec plein d'objets et d'avantages est à ta disposition ! *--* D'ailleurs, si tu as pris un scénario ou que tu as privilégie un groupe qui manque de membres, viens te recenser ici pour acquérir tes gallions !
★ T'es paumé(e) ? Tu te demandes qui sont les étudiant(e)s qui sont dans la même filière ou la même année que toi ? Tu ne sais pas qui aime les femmes ou les hommes ici ? Tu aimerais savoir si ton voisin est un sang-pur ou un né-moldu ? Bah ne cherche plus ! Pour ça, y'a les : Référentiels de Hungcalf !
Have fun sur Hung !
PS : C'est une bien belle fiche que tu nous as pondu là, elle était très agréable à lire! Tu dépeins parfaitement ton petit Tim! Sache que nous avons un Lennox sur le forum (peut-être un lointain cousin?), mais ça ne pose pas de soucis. C'est donc avec plaisir que je te valide! Juste une petite précision: Hungcalf est une université d'élite, et même s'il y a des élèves plus cons que d'autres, ils ont tous de grandes aptitudes dans au moins une matière.
- InvitéInvité
Re: Is this real life !? - Timothy Lennox
Mer 13 Nov 2019 - 16:48
Message de Mme Référentiels
Timothy, je t'informe que tu es bien référencé(e) ici. Le référentiel de Hungcalf peut être utile pour savoir qui est du même sang que toi, qui vient de quelle école, ou encore qui suit les mêmes cours que toi ! Le référentiel amoureux, lui, te permet de savoir qui est de la même orientation que toi, et quels sont les ships du moment Tout cela est rempli manuellement donc n'hésite pas à me contacter en cas d'oubli, d'erreur ou de modification à faire.
Amuse toi bien sur le forum
attention, dans ton profil, tu as mis vol dans tes options obligatoires et facultatives, à la place de théâtre
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