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Fall like an angel, pretty girl.
Mar 21 Avr 2020 - 7:32
Fall like an angel, pretty girl.
Anna & Theophilus
Theophilus était là, dans son bureau à Sainte-Marie, à attendre inlassablement que la mort l'emporte avec ses autres victimes. Le temps passait lentement et s'il y avait bien une chose dont il détestait c'était de perdre son temps et là, clairement, il s'agissait bel et bien de ce qu'il redoutait le plus. Chaque seconde qui filait se transformait en minute et les minutes se transformaient à leur tour en heures. Tout cela s'avérait être une perte de temps incroyable à ses yeux. Plutôt que de s'occuper de manière constructive pour ne pas perdre une seule seconde, il était là dans son fauteuil, les jambes croisées, carnet de notes posé sur sa cuisse droite avec son stylo coincé entre son index et son majeur droit en agitant frénétiquement celui-ci. Son regard émeraude était obnubilé par la porte. Le temps semblait s'être arrêté à ses yeux. Il pouvait entendre les aiguilles de son horloge murale fonctionner lentement comme pour le narguer. Ouais, c'était ça : Chronos le narguait. Il se foutait royalement de sa gueule. C'était insultant et pourtant, Theo n'était pas l'genre de type à se laisser marcher sur les pieds, mais comment se faire respecter face à un être omniprésent qui n'existe probablement pas ou du moins, qui est le fruit de notre imagination? Une chose impossible, nous sommes d'accord.
Un long soupire s'extirpe de la barrière de ses lèvres tout en laissant tomber sa tête contre le dossier de son fauteuil levant les yeux au ciel en signe de prière muette. Le Gilbert n'en peut plus d'attendre, c'était une évidence même. D'habitude une personne impatiente dans la vie de tous les jours, c'était une véritable torture de rester clouer dans ce stupide fauteuil. Pourquoi ne tombait-il jamais sur des patients qui arrivaient en avance ? Pas que la jeune femme était en retard, juste... Il était au bout du rouleau avec cette pression au boulot, sa dernière nomination au poste de chef de service en psychomagie et surtout... son divorce qui restait un sujet tabou. Il y avait aussi sa mère qui, pas loin de lui, son état mental se détériore de jour en jour même si au fond, c'était devenu en quelque sorte une "habitude". Il avait eu le droit à bien des années pour faire son deuil. D'ailleurs, Theo n'était pas l'genre de personne à aller consulter un psychomage car déjà là, tous ceux qu'il connaissait, celui-ci travaillait déjà avec eux et ça serait d'autant plus bizarre d'aller parler de sa vie privée. Au final, ça serait de tendre un poignard aux autres pour se retrouver en position de faiblesse. La vulnérabilité, ce n'est pas un état d'esprit auquel celui-ci se referait. Il la niait même.
Les quatre murs qui l'entouraient semblaient se rapprocher de plus en plus. Il n'était pas claustrophobe, mais Theo commençait à avoir chaud surtout dans son costume. Il haïssait aussi en porter. Il était inconfortable dans ce genre de vêtement, mais le psychomage était obligé par question de principe. Il n'allait quand même pas débarquer en jean et t-shirt pour faire des consultations, si ? Pour se sentir plus à l'aise, il déboutonna le premier bouton de sa chemise et ce fut exactement à ce moment même que des coups furent portés à la porte le faisant sursauter. Il se contenta de soupirer avant d'énoncer haut et forte un « entrez » à la personne qu'il présumait être sa patiente : Anna Reed.
Un long soupire s'extirpe de la barrière de ses lèvres tout en laissant tomber sa tête contre le dossier de son fauteuil levant les yeux au ciel en signe de prière muette. Le Gilbert n'en peut plus d'attendre, c'était une évidence même. D'habitude une personne impatiente dans la vie de tous les jours, c'était une véritable torture de rester clouer dans ce stupide fauteuil. Pourquoi ne tombait-il jamais sur des patients qui arrivaient en avance ? Pas que la jeune femme était en retard, juste... Il était au bout du rouleau avec cette pression au boulot, sa dernière nomination au poste de chef de service en psychomagie et surtout... son divorce qui restait un sujet tabou. Il y avait aussi sa mère qui, pas loin de lui, son état mental se détériore de jour en jour même si au fond, c'était devenu en quelque sorte une "habitude". Il avait eu le droit à bien des années pour faire son deuil. D'ailleurs, Theo n'était pas l'genre de personne à aller consulter un psychomage car déjà là, tous ceux qu'il connaissait, celui-ci travaillait déjà avec eux et ça serait d'autant plus bizarre d'aller parler de sa vie privée. Au final, ça serait de tendre un poignard aux autres pour se retrouver en position de faiblesse. La vulnérabilité, ce n'est pas un état d'esprit auquel celui-ci se referait. Il la niait même.
Les quatre murs qui l'entouraient semblaient se rapprocher de plus en plus. Il n'était pas claustrophobe, mais Theo commençait à avoir chaud surtout dans son costume. Il haïssait aussi en porter. Il était inconfortable dans ce genre de vêtement, mais le psychomage était obligé par question de principe. Il n'allait quand même pas débarquer en jean et t-shirt pour faire des consultations, si ? Pour se sentir plus à l'aise, il déboutonna le premier bouton de sa chemise et ce fut exactement à ce moment même que des coups furent portés à la porte le faisant sursauter. Il se contenta de soupirer avant d'énoncer haut et forte un « entrez » à la personne qu'il présumait être sa patiente : Anna Reed.
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Re: Fall like an angel, pretty girl.
Ven 24 Avr 2020 - 0:12
Fall like an angel, pretty girl.
Lundi 27 avril
@Theophilus Gilbert
@Theophilus Gilbert
Anna arriva par transplanage devant l’entrée de l’Hôpital Sainte-Marie. Elle était déjà passée plus d’une fois devant ce bâtiment, parfois dans des états peu recommandables au terme de certaines soirées trop arrosées. Les mains dans les poches de sa veste en cuir, elle observa longuement la bâtisse, la mort dans l’âme. L’idée de ne pas se rendre à ce rendez-vous lui avait traversé plus d’une fois l’esprit, mais ce n’était pas vraiment comme si elle pouvait se le permettre… Les psychomages qui s’étaient occupés de son cas à Washington l’avaient jugée trop atteinte psychiquement pour mettre fin au suivi psychologique qu’elle avait été forcée d’entamer après avoir été attaquée par un loup-garou. Si elle refusait de s’y rendre, Merlin sait ce qui pouvait advenir d’elle.
Deux sorciers s’étaient jusqu’à maintenant penchés sur son dossier. Une femme, puis un homme. Cette première spécialiste avait refusé de poursuivre les consultations avec Anna après le dimanche 9 février, jour où cette dernière l’avait vivement insultée et avait maudit sa descendance. Personne ne pensait réellement que les menaces proférées par la métisse, qui n’était pas dans son état normal ce jour-là, soient réellement corrélées au fait que le fils unique de sa psychomage ait trouvé la mort 7 heures plus tard, étouffé par un Moremplis. Du moins… Personne en dehors de la mère endeuillée. Contrairement à sa prédécesseure, le sorcier qui avait pris le relai avait réussi à obtenir d’Anna non pas des propos injurieux, mais quelques réponses à ses questions.
Dans le dossier de la demoiselle, il était entre autres écrit que les questions concernant l’attaque qu’elle avait vécue la menaient à se renfermer sur elle-même (sans compter la fois où elle s’était laissé emporter, ce fameux 9 février). Le second psychomage avait donc opté pour une autre approche : il l’avait interrogée sur ses études, ses amis et sa famille. Concernant ce dernier point, il était noté que toutes les questions au sujet d’Henry Reed étaient à formuler avec un grand soin et qu’en aucun cas les termes « père » et « papa » ne devaient être employés, sans quoi Anna coupait court à la conversation. Dans les informations générales, il était inscrit qu’elle avait passé un peu plus d’un mois et demi en observation à l'hôpital.
Cela faisait plus d’un mois que la Grymm était arrivée à Inverness, et pourtant, cela n’allait être que son premier rendez-vous avec ce psychomage dont elle ignorait tout, si ce n’était le nom : Theophilus Gilbert. Elle se voyait déjà installée face à un vieux à longue barbe blanche, et cette perspective ne la réjouissait guère. A contrecœur, elle pénétra dans l’hôpital. Anna détestait les hôpitaux. S’approchant du guichet qui se trouvait proche de l’entrée, elle annonça le nom de la personne avec laquelle elle avait rendez-vous et dut se retenir de ne pas lever les yeux au ciel devant l’enthousiasme de l’hôtesse d’accueil. Cette dernière s’était exclamée qu’elle était « pile à l’heure ! » ce à quoi Anna avait répondu sur un ton blasé :
« Wow, sensas’, faites péter l’champagne. »
Elle suivit ensuite l’interne qui avait été chargé de l’accompagner jusqu’au bureau de Theophilus Gilbert. Elle tenta de mémoriser le chemin qu’elle empruntait, car il lui faudrait l’emprunter à plus d’une reprise : elle devait subir une consultation par semaine minimum, voire plus selon l’appréciation du médicomage dont elle était la patiente. Elle aurait dû le rencontrer plus tôt, mais le côté administratif de la procédure avait pris plus de temps que prévu. Arrivée devant la porte qui lui avait été désignée, elle n’hésita pas et toqua contre le panneau de bois. Une voix lui intima d’entrer, ce qu’elle fit. Quand elle se retrouva nez à nez avec un sorcier relativement jeune qui, selon elle, devait avoir entre 35 et 40 ans, Anna se figea. Elle lâcha :
« Ah merde, l’interne a dû se planter. » Elle fit un pas en arrière et, voyant le nom qui était affiché sur un diplôme accroché à l’un des murs, elle prit conscience du fait que, non, l’interne ne s’était pas "planté". « Heu… Attendez… C’est vous Theophilus Gilbert ? J’vous imaginais clairement centenaire ! Vos parents vous aimaient pas pour vous refiler un blase aussi nul, ou ça s’passe comment ? »
Codage par Libella sur Graphiorum
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Re: Fall like an angel, pretty girl.
Lun 27 Avr 2020 - 6:17
Fall like an angel, pretty girl.
Anna & Theophilus
La porte de son bureau s'ouvrit au même moment qu'il déboutonnait le premier bouton de sa chemise. À ce moment-là, il ressemblait un peu à une personne enfermée dans une cave depuis des années à l'état plus que pitoyable. C'était comme s'il vivait dans un univers sombre coincé entre quatre murs et que là, soudainement, son ange gardien ouvre la porte de la délivrance. C'était un peu le cas actuellement, sauf que la pièce n'était pas plongée dans une obscurité totale et que, la seule délivrance qu'Anna lui avait fait était d'arrêter d'attendre. En parlant du loup, la voici en train de l'observer. Selon les airs de la jeune femme, Theo pouvait décrypter que celle-ci semblait, à première vue, être confuse, mais de quoi ? Il ne serait pas quoi dire. L'étudiante releva le regard et tomba nez à nez avec son diplôme. Assez facile à savoir car c'est l'unique chose accrochée au mur. C'était un peu comme un signe de supériorité dans le sens où, il est le seul à régner. Aucune peinture, aucun autre cadre partage le mur où son diplôme règne et, en l'occurrence, lui.
Lorsque Anna lui annonça que la secrétaire avait probablement dû se tromper, ses sourcils se froncèrent automatiquement. Theo en doutait fortement car la description qu'on lui avait donnée sur sa future patiente semblait concorder parfaitement avec la silhouette bloquée à l'encadrement de sa porte et puis... Marie ne se trompait jamais. Elle connaissait l'hôpital comme sa poche ainsi que l'horaire du Gilbert, ce qui était un peu épeurant au fond. Le psychomage s'amusait à croire que la femme devait craquer pour lui, mais si seulement il savait que Marie était attirée par le même sexe qu'elle et non l'opposé. Le médicomage a souvent tendance à croire que le monde tourne autour de lui et de sa petite personne ce qui est, bien évidemment, faux.
Finalement, la Reed s'avança de nouveau en direction du psychomage qui avait un maigre sourire étiré sur ses lèvres plutôt pulpeuses. Celui-ci arrêta immédiatement d'agiter frénétiquement son stylo entre son index et son majeur lorsque la jeune femme passa un commentaire sur le fait qu'elle s'attendait à un vieux style centenaire dû au prénom peu commun du Gilbert. Son sourire passa par de nombreuses autres facettes : un sourire crispé par l'énonciation de son prénom puis embarrassé ne sachant pas trop quoi répondre préférant plutôt gratter sa mâchoire où sa barbe s'étendait comme un virus. Quelques secondes passèrent et il poussa un petit soupire à lui-même avant d'utiliser sa magnifique répartie plutôt historique.
« On va recommencer du début par ce qu'on appelle la base fondamentale de la politesse : bonjour, ça va ? Oui toi ? Parfaitement bien. Pour ce qui en est de mon prénom, c'est vrai que Theophilus est un nom peu commun, mais faut croire que ma mère avait un faible pour les prénoms originaux et un peu merdiques. » Conclut-il avec un sourire un peu hypocrite sur les bords. Il ajouta plus pour lui-même : « En plus, je hais quand on m'appelle par mon prénom au complet... »
À première vue, Theophilus semblait être un homme plutôt respectable dans son costume, mais il est indéniable que celui-ci paraissait inconfortable dans ce type de vêtement en réajustant à plusieurs reprises le col de sa chemise un peu trop serrée à son goût. Le psychomage tenait dans sa main gauche un bout de son carnet de notes tandis que celle de droite était occupée à tenir fermement son stylo qu'il apporta à sa bouche pour "croquer" le capuchon de celui-ci utilisant sa bouche pour tenir le bout de plastique pour ensuite pouvoir écrire. C'était une manie que le quarantenaire possédait depuis bien longtemps - un peu trop même - de devoir constamment occuper ses dents et sa bouche. Il lui arrivait - en situation de stress - de se ronger les ongles. Dégoûtant ? Peut-être bien, mais fallait dire que l'avis des autres lui passait six pieds au-dessus de la tête.
« Instralley-vous » Dit-il maladroitement ayant toujours le capuchon de son stylo en bouche, trop occupé à rédiger l'entête de sa feuille avec la date, l'heure et l'identité de sa patiente qui était, en l'occurrence, Anna Reed. « Vous allez bien en cette journée merdique à devoir consulter un psy' ? » demanda Theo après avoir récupéré le bout de plastique sans relever pour autant les yeux de son cahier.
Lorsque Anna lui annonça que la secrétaire avait probablement dû se tromper, ses sourcils se froncèrent automatiquement. Theo en doutait fortement car la description qu'on lui avait donnée sur sa future patiente semblait concorder parfaitement avec la silhouette bloquée à l'encadrement de sa porte et puis... Marie ne se trompait jamais. Elle connaissait l'hôpital comme sa poche ainsi que l'horaire du Gilbert, ce qui était un peu épeurant au fond. Le psychomage s'amusait à croire que la femme devait craquer pour lui, mais si seulement il savait que Marie était attirée par le même sexe qu'elle et non l'opposé. Le médicomage a souvent tendance à croire que le monde tourne autour de lui et de sa petite personne ce qui est, bien évidemment, faux.
Finalement, la Reed s'avança de nouveau en direction du psychomage qui avait un maigre sourire étiré sur ses lèvres plutôt pulpeuses. Celui-ci arrêta immédiatement d'agiter frénétiquement son stylo entre son index et son majeur lorsque la jeune femme passa un commentaire sur le fait qu'elle s'attendait à un vieux style centenaire dû au prénom peu commun du Gilbert. Son sourire passa par de nombreuses autres facettes : un sourire crispé par l'énonciation de son prénom puis embarrassé ne sachant pas trop quoi répondre préférant plutôt gratter sa mâchoire où sa barbe s'étendait comme un virus. Quelques secondes passèrent et il poussa un petit soupire à lui-même avant d'utiliser sa magnifique répartie plutôt historique.
« On va recommencer du début par ce qu'on appelle la base fondamentale de la politesse : bonjour, ça va ? Oui toi ? Parfaitement bien. Pour ce qui en est de mon prénom, c'est vrai que Theophilus est un nom peu commun, mais faut croire que ma mère avait un faible pour les prénoms originaux et un peu merdiques. » Conclut-il avec un sourire un peu hypocrite sur les bords. Il ajouta plus pour lui-même : « En plus, je hais quand on m'appelle par mon prénom au complet... »
À première vue, Theophilus semblait être un homme plutôt respectable dans son costume, mais il est indéniable que celui-ci paraissait inconfortable dans ce type de vêtement en réajustant à plusieurs reprises le col de sa chemise un peu trop serrée à son goût. Le psychomage tenait dans sa main gauche un bout de son carnet de notes tandis que celle de droite était occupée à tenir fermement son stylo qu'il apporta à sa bouche pour "croquer" le capuchon de celui-ci utilisant sa bouche pour tenir le bout de plastique pour ensuite pouvoir écrire. C'était une manie que le quarantenaire possédait depuis bien longtemps - un peu trop même - de devoir constamment occuper ses dents et sa bouche. Il lui arrivait - en situation de stress - de se ronger les ongles. Dégoûtant ? Peut-être bien, mais fallait dire que l'avis des autres lui passait six pieds au-dessus de la tête.
« Instralley-vous » Dit-il maladroitement ayant toujours le capuchon de son stylo en bouche, trop occupé à rédiger l'entête de sa feuille avec la date, l'heure et l'identité de sa patiente qui était, en l'occurrence, Anna Reed. « Vous allez bien en cette journée merdique à devoir consulter un psy' ? » demanda Theo après avoir récupéré le bout de plastique sans relever pour autant les yeux de son cahier.
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Re: Fall like an angel, pretty girl.
Dim 3 Mai 2020 - 19:19
Fall like an angel, pretty girl.
« On va recommencer du début par ce qu'on appelle la base fondamentale de la politesse : bonjour, ça va ? Oui toi ? Parfaitement bien. »
Pourquoi la tutoyait-il ? Ou était-ce simplement des formules de politesse lancées en guise d’exemple ? Anna plissa les yeux, comme pour essayer de le cerner. Quel psychomage normalement constitué tutoyait ses patients ? Trop absorbée par les réflexions qui fusaient dans son esprit, elle ne pensa même pas à s’excuser et à saluer le sorcier. Après tout, il avait très bien réussi à faire tout seul l’échange de questions-réponses qui lui tenait apparemment tant à coeur. D’ailleurs, il n’avait pas réellement laissé à Anna l’occasion de le saluer comme il se devait car, déjà, il reprenait la parole :
« Pour ce qui en est de mon prénom, c'est vrai que Theophilus est un nom peu commun, mais faut croire que ma mère avait un faible pour les prénoms originaux et un peu merdiques. »
*Un peu ? Un peu beaucoup ouais...* pensa la Grymm.
Le professionnel avoua ensuite qu’il n’aimait pas qu’on l’appelle par son prénom au complet. Anna l’observa de haut en bas. Elle remarqua qu’il tentait vainement de réajuster le col de sa chemise. Son entêtement et ses échecs successifs étaient navrants. On aurait dit un enfant qui avait été obligé par sa maman à revêtir une chemise pour un mariage et qu’il essayait par tous les moyens de rendre le vêtement moins inconfortable. Ce n’est pas la seule chose qu’elle retint de sa petite inspection : il ne portait pas de bague. Célibataire ; intéressant.
« Installey-vous »
Ah ! Le vouvoiement : le retour. Il fallait donc croire que le précédent tutoiement était bel et bien simplement utilisé pour exemplifier les formules de politesse. La manière dont il coinçait le bouchon de son stylo entre ses dents avait le don d’agacer Anna. Elle n’aimait pas quand les gens avaient des tics. Celui qui l’exaspérait le plus, c’était de voir les gens se ronger les ongles. Prenant place face au psychomage, la Grymm était bien décidée à passer l’heure qui allait suivre à se perdre dans ses pensées sans les partager avec la personne qui se trouvait devant elle.
Anna avait souvent procédé ainsi lors des séances de psychothérapie qu’elle avait faites jusque-là : ils pouvaient certes la forcer à suivre de telles séances, mais ils ne pouvaient pas l’obliger à y participer activement. Se perdre dans ses pensées n’était pas bien compliqué pour quelqu’un qui pensait autant que la demoiselle. D’ailleurs, elle était déjà en pleine réflexion, se demandant simultanément si le mot « tic » avait un quelconque rapport avec les « tiques » et s’il était vrai que les « tiques » mâles mourraient immédiatement après l’accouplement. Quelqu’un lui avait fait part de ce fait lors d’une soirée alcoolisée et, depuis, elle ne pouvait s’empêcher d’imaginer les êtres humains dans la même situation. Beaucoup d’hommes seraient morts par sa faute. Cette pensée la fit sourire.
« Vous allez bien en cette journée merdique à devoir consulter un psy' ? »
Il l’avait extirpée de ses pensées de la manière la plus agaçante qui soit : en lui posant une question à laquelle elle ne voulait pas répondre. Elle le fixa un instant, puis fit glisser ses yeux sur son col entrouvert. Elle se demandait s’il était bien foutu : après tout, il semblait être plutôt bien conservé pour un « Theophilius ». Dommage qu’il soit son psy’ : si elle l’avait rencontré dans d’autres circonstances, elle n’aurait pas hésité à ... Bref, vous avez l’idée. Aux yeux de la métisse, il n’y avait qu’un moyen de savoir si le sorcier était aussi musclé qu’il semblait l’être : vérifier.
« Vous savez, Theophilius, si vous vous sentez à l’étroit dans votre chemise, vous pouvez toujours l’enlever mh ? » lâcha Anna par pure provocation, prononçant un peu plus fort que le reste le prénom complet du psychomage, juste pour l’embêter.
Elle n’aurait pas dit non à un petit strip-tease. Elle avait délibérément évité de répondre à la question qu’il lui avait posée. Ses pensées se bousculèrent à nouveau dans sa tête. On lui reprochait souvent de s’y perdre, mais elle était persuadée que tout le monde s’y égarerait si les autres personnes pensaient autant qu’elle. Chaque petit chose qui lui venait en tête la menait à penser à une multitude d’autres choses, et ainsi de suite... Parfois, elle ne parvenait pas elle-même à comprendre certaines de ses pensées, donc elle comprenait que cela soit difficile pour les autres de la suivre. D’ailleurs, ce à quoi elle songeait à cet instant précis la poussa à parler pour une toute autre raison que lors de sa dernière prise de parole.
« Mais maintenant, sérieusement, est-ce que quelqu’un sur cette base terre apprécie réellement d’aller raconter sa vie à une personne dont elle ne sait rien, si ce n’est le nom ? » Il devait sans doute être déconcertant pour Theophilius qu’elle soit ainsi passée de "déshabille-toi" à "ça ferait chier à tout le monde de se retrouver à ma place là-maintenant !". « Si c’est vraiment aussi simple que ça, alors faites-le, vous, déballez-moi toutes les emmerdes auxquelles vous avez dû faire face ! »
Codage par Libella sur Graphiorum