« Les hommes rêvent du retour plus que du départ. » Paulo Coelho
Entre là où tout commence et là où tout fini, il n’y a qu’un pas, un petit pas. Je l’avais vu, l’avais connu, l’avais franchit. Ma mélancolie avait prit le dessus, et imperceptiblement, petit à petit, j’avais faillit. Et j’avais fuit. De nouveau, souhaitant simplement tenter d’être heureuse, mais comprenais enfin, après quelques semaines éloignée de tous, tant les profs que les élèves, de mes amis. Des personnes comme Lust, Météo, et jusqu’à ma propre sœur Velvet. J’avais fuit. Et après tout, je ne savais faire que ça. Truman Capote disait « on ne fuit pas les autres, on se fuit soi-même ». Sauf que je n’avais pas réussi à me quitter, j’étais toujours là, trop près, trop moi. Cette fille qui me dégoutait, me faisait pitié, mais que voulais-je fuir ? J’aime être portée sur le sexe, l’alcool, la drogue, c’est comme ça, c’est ce que je suis point. Je ne peux pas changer, je ne veux pas changer. Mais je ne supporte pas d’être celle que je suis. C’est étrange, et un peu pathétique, je l’accorde. Après tout, la souffrance morale ne s’explique pas, elle est juste un fardeau. Et je crois que ce monde à également beaucoup à faire avec mon affliction. Je vis tellement mieux parmi les moldus, ils sont simples, agréables. Mes quelques semaines à Londres avaient été un soulagement, bien sûr, j’étais allée me renseignée sur mon état…
La définition de ce mot, mélancolie, tellement de fois prononcé pour me qualifiait me laissait perplexe : « Affection mentale très fréquente caractérisée par une dépression plus ou moins marquée, un sentiment d'incapacité, un dégoût de l'existence pouvant aller jusqu'aux idées de suicide, de l'anxiété et de l'insomnie et parfois des idées délirantes d'auto-accusation, d'indignité, etc. ». Bon, déjà très fréquente, je n’étais donc pas un cas à part, cela me soulageait et me rendait encore plus mal, je n’avais rien de différent, même ça n’était pas bien à moi. Cela ne me rendait pas unique, mais presque… banale. Une dépression. Non, vraiment ? Qu’est-ce qui aurait pu vous faire penser que je déprimais ? Sentiment d’incapacité ? Vouloir se coucher en se levant le matin, c’est normal, non ? Dégout de l’existence, je crois que je suis née avec, mais je n’ai jamais eu d’idée de suicide, trop de personnes seraient heureuses de se débarrasser de moi et je ne veux pas leur faire ce plaisir, pour les deux ou trois qui reste, je ne voulais pas les faire trop souffrir, car je les aimais. Tout simplement et jamais je n’aurais eu envie de leur faire du mal, bien que ce fut déjà le cas, bien souvent. De l’anxiété, je ne sais pas si l’on peut qualifier cela ainsi, j’ai toujours été nerveuse, d’où la prise régulière d’une dose de calme de substitution, et l’insomnie se combattait dans les bras de jeunes hommes différents, certains récurrents, d’autres non… Idées délirantes d’auto-accusation et d’indignité. Alors là je ne suis pas d’accord, ce ne sont pas des idées délirantes, ce sont juste des observations issues de faits concrets et de fait, mesurables.
La musique dans les oreilles, j’avançais. Enfin. Je rentrais. Chez moi. Hungcalf. Je voyais le profil du château se dessiner dans les ténèbres, encadré d’une brume nuageuse de couleurs claires. Très transylvaniesque. Non, ne cherchez pas, ce mot n’existe pas, un rapport avec la Transylvanie, vous savez, là où vit le Comte Dracula… Pf, ne cherchez pas… Je m’arrêtais quelques instants, le temps de poser ma malle et de fouiller dans mon sac afin de sortir un paquet de cigarettes, je délogeais l’une d’elle pour la porter galamment à mes lèvres, avant de l’allumer, et de recommencer à marcher. Bien sûr, j’aurais pu transplaner jusqu’à devant la grille d’entrée, mais je détestais ça. Tout comme ma « capacité spéciale », j’avais décidé de me faire discrète sur ce point. Pourquoi ? A cause d’un branleur, lors d’une soirée, qui avait eut la l’idiotie de raconter qu’il avait vu une sorte de renard clair, petit, avec de grandes oreilles, dès lors, ils avaient cherchés ce que c’était, un fennec. Mais dans ce cas, qu’est-ce que cet animal serait venu faire ici ? Et n’étant pas déclarée, j’avais eu peur, étrangement, je n’étais pas rassurée par leur gueule de bois du lendemain matin, leur sensation onirique ou leur amnésie. Personne ne savait ce qui aurait pu leur passer par la tête…. Quelles recherches ils auraient pu entreprendre, je n’avais pas envie d’être découverte, tuée, ou même tout simplement traquée, c’était l’une des choses qu’ils m’avaient incitées à partir, en plus de mon état. Et Velvet. Elle me manquait. Tellement. D’un petit coup de baguette, ma malle commença à léviter à côté de moi, beaucoup moins ennuyeux… J’étais lassée, je voulais tout simplement rentrer. Chez moi.
Mes quelques semaines d’absence avaient été… Particulières. Je m’étais beaucoup transformée, pour pouvoir passer inaperçue… même si mon animagus n’est pas du tout discret, j’avais vécu dans un petit hôtel miteux, mais au moins, j’avais pu me laver, ma chambre était parfaite, un ou deux petit coup de baguette magique et le tout était devenu propre, et les rats avaient fuit. J’avais participé à des soirées, bien entendu, avait fini mes nuits avec quelques personnes, mais rarement, contrairement à mon habitude. J’avais étudié également, un peu, je m’étais assagie. Mais méfiez vous du loup qui dort habitants d’Hungcalf, je comptais désormais redevenir la reine de la nuit que j’étais, partageant ce trône avec quelques excellents ami(e)s. Une nouvelle mélodie s’éleva dans mes écouteurs, d’un geste rapide, je changeais de chanson. Celle-ci était trop triste, une ballade parlant d’une solitude que rien ne combat. Bien sûr, cela avant que le guitariste et chanteur du groupe ne tombe sur la femme sans qui, désormais, sa vie n’aurait plus aucun sens. Ahh, s’il savait qu’elle le tromperait sûrement avec le bassiste, ou le batteur, et qu’ainsi, leur groupe spliterait, qu’il finirait ruiné et mourrait d’une overdose alors qu’il tentait d’oublier. Oublier. Quel bonheur. Quel désenchantement. Quelle tristesse. Quelle félicité. Je n’avais pas perdu mon esprit de contradiction, ce sentiment éternel de ne pas savoir ce qu’elle veut, de tout savoir, de tout ignorer. Esprit trop philosophique s’il en est, Velvet et moi avions hérité de cela de notre père, toujours en train de s’interrogé sur la vie, l’amour, la mort. Et malgré le fait qu’avec mes parents, aucun lien ne nous liait vraiment, mis à part ceux du sang, mais que représentaient-ils ? Rien. Ma pureté n’avait d’égal que les problèmes psychologiques de tous les liens de consanguinité malsaine qu’avaient connue mes ancêtres.
Alors que je passais la grille d’entrée, j’allumais une nouvelle cigarette, autant entretenir mon futur cancer non ? Et je respirais. J’étais rentrée. Mais une question me trottait dans la tête : comment cela se faisait-il que les personnes habitant entre ces murs me manquaient tous autant les uns que les autres ? Ou presque… Les talons de mes bottes faisaient remuer les gravillons menant à l’entrée de notre chère école alors que je marchais de pas presque feutrés. Et enfin arrivée, je m’attardais dans la cour. Jusqu’à m’assoir sur un petit muret de pierres froides et lisses, j’aimais la vue que l’on avait d’ici, bien que je préférais celle provenant des tours, car beaucoup plus profonde, lointaine. Je laissais mes bras se reposer sur mon jean. Je frissonnais. Un courant d’air froid s’était faufilé jusqu’au hall d’entrée. Je passais outre. Continuant à me laisser porter par ce que j’entendais, fermant les yeux, portant régulièrement la cigarette à mes lèvres. Jusqu’à ce que m’interrompe. Un bruit s’était fait entendre, et mon ouïe était assez bien développée, peut-être une déformation due à mon animal fétiche qui sait… Je tirais de manière légère une nouvelle taffe de nicotine et demandait, d’une voix légère :