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wrapped up in the clothes of my mother and my father (soledad)
Sam 18 Juil 2020 - 0:36
icons @vocivus
whatever you think you've become
don't worry about it dear it's where you come from
don't worry about it dear it's where you come from
becomes the color - emily wells
Manoir des Wynne, Île d'Anglesey, Pays de Galles
(cliquer ici pour voir à quoi ressemble le manoir)
Ta prise sur ta baguette ne faiblit alors que sorts après sorts viennent frapper le tissu du mur. Les moisissures qui entachent le papier-peint disparaissent pour réapparaitre plus nombreuses encore quelques secondes plus tard, comme multipliées. Aucun sortilège parmi ton arsenal pourtant extensif ne semble avoir d'effet, et il te reste encore à traiter les autres pièces de l'étage. Comme si l'entreprise n'était pas suffisamment pénible, il te faut composer avec les commentaires bien-intentionnés mais non sollicités émanant des nombreux tableaux qui occupent la pièce. Un en particulier se montrait particulièrement bavard. Ta chère arrière-arrière-arrière-grand-mère Angharad, du haut de son portrait mondain, se plaisait à jouer les maitresses de maison plus d'un siècle après sa mort. Témoin non désiré de tes efforts pour rendre la pièce présentable, elle critiquait sans vergogne tous tes choix. Solliciter les services d'un briseur de sorts aurait été autrement plus simple que tes multiples tentatives (toutes infructueuses) de sauver ce qu'il reste de ton manoir, mais tu répugnais à laisser un membre du ministère pénétrer ta demeure et découvrir son état de délabrement. Ton nom avait déjà été suffisamment sali comme ça. La plupart familles de sorciers - ou, en tout cas, celles pour qui prestige et réputation avaient encore de l'importance - n'avaient qu'une vague idée du degré de ruine dans lequel ta famille se trouvait ; mais c'est autre chose d'en avoir la preuve concrète, de le constater de ses propres yeux. Tu ne pouvais pas compter sur une personne extérieure pour garder le secret, encore moins un collègue de travail. Une autre se serait probablement débarrassée d'un tel fardeau à la première occasion, vendant ce manoir décrépi et remboursant ainsi une partie de ses dettes, mais pas toi. Tout ce qui reste de ta famille et de ton héritage est ici, entre ces quatre murs.
Malgré les vitres et murs de pierre qui t'isolent de l'extérieur, tu peux distinguer d'une oreille distraite le fracas des vagues contre la roche. Perché sur un éperon rocheux battu par les vents, relié au reste de l'île par une route étroite et sinueuse, le manoir des Wynne et son architecture médiévale font figure d'étrangeté au milieu de ce paysage de bout du monde, dominé par la nature et les éléments. Cloîtrée depuis maintenant deux heures dans cette pièce poussiéreuse, tentant vainement de défaire les maléfices qui empoisonnent ses murs depuis des années, tu ne rêves que de pouvoir sentir le vent sur ton visage et humer les embruns. Abandonner juste un instant cette bâtisse qui semble de détester mais dont tu n'auras jamais le coeur de te séparer. La frustration commence à se faire sentir, pourtant pas un juron ni même un soupir ne quitte tes lèvres. Comme si tes manières étaient si profondément ancrées en toi que même en privé tu ne saurais perdre ta contenance.
Tu es à deux doigts de déclarer l'antique papier-peint irrécupérable et d'y mettre le feu en désespoir de cause quand une voix masculine au fort accent gallois te tire de tes pensées. Tant mieux, tu aurais sans doute regretté une telle impulsivité. Tu tournes la tête vers le portrait de cette chère Angharad et vers l'homme en armure qui vient d'apparaitre à l'intérieur du cadre : Owain ap Llywelyn, 11ème seigneur de Wynne, combattant aussi redoutable avec une baguette magique qu'avec une épée mais également témoin malheureux de la conquête anglaise. Encore aujourd'hui, alors qu'il ne reste de lui que ce portrait, le personnage continue d'impressionner. « Fy ngeneth i, il y a une certaine demoiselle Ruiz qui attend à la porte. Tout à fait charmante, si je peux me permettre de d'exprimer en ces termes. » Sa voix puissante contraste avec le clin d'oeil charmeur qui vient appuyer sa remarque. Tu lèves brièvement les yeux au ciel, mais ton sourire est plein d'humour. Visiblement, rien ni même la mort ne saurait départir le chevalier de ses manières de séducteur. Nul doute qu'il avait dû embarrasser la jeune femme de compliments mais, étant donné son parler très daté et son accent quasi incompréhensible pour le non initié, il y avait de fortes chances qu'elle n'en ait pas compris un mot. Nulle personne extérieure à la famille ne pouvait en effet pénétrer le domaine sans autorisation. Le portrait de sir Owain avait été placé au-dessus de la grande porte qui marquait le début du domaine et la limite de la zone de transplanage. Tout visiteur devait lui décliner son identité et n'était autorisé à passer qu'avec l'autorisation d'un des descendants. « Merci sir, vous pouvez la laisser passer. C'est moi qui l'ai invité. » Le regard d'un portrait peint est toujours moins expressif que celui d'un être de chair et de sang, mais tu peux sans problème lire la surprise dans ses yeux. Les visiteurs étaient rares au manoir, les invités encore plus. En fait, depuis la mort de ton père quelques mois plus tôt, Rhiannon était la seule visiteuse régulière mais, depuis trente ans maintenant qu'elle fréquentait le manoir, plus personne ne la considérait comme une étrangère.
Ta rencontre avec Soledad Ruiz avait été une vraie surprise, tout autant que ce goût nouveau pour les vêtements que tu t'es découvert en enfilant pour la première fois une de ses créations. Prendre soin de ton apparence avait toujours été un impératif personnel, quelque-chose que tu faisais pour renvoyer une certaine image et non par coquetterie. C'est ta mère, cette étrangère, la vraie coquette. On trouvait des photos d'elle partout dans la maison, arborant des tenues toutes plus chics et élégantes les unes que les autres. Les placards de la chambre parentale conservaient encore aujourd'hui la plupart de ses vêtements tels des reliques. Combien de fois t'étais-tu prise à admirer ces tenues, osant à peine toucher de tes doigts d'enfant ? Plus tard, tu t'es persuadée que chaque minute passée à assembler vêtements, accessoires et chaussures, à réaliser coiffure et maquillage, était un devoir et pas un plaisir. Mais peut-être que, finalement, tu appréciais de te faire belle un peu pour toi aussi et pas juste pour les autres ? Prendre du temps pour soi, faire ce qu'il te plait ; un concept encore complexe pour le bourreau de travail que tu es.
En revanche, tu ne sais toujours pas ce qui t'est passé par la tête quand, lors de votre dernière rencontre, tu as proposé de faire vos prochains essayages ici. Sur le moment, la raison est de l'ordre du confort et du pratique. Maintenant, seule dans cette grande maison, tu te demandes si tu ne te sentais pas juste en mal de compagnie.
Arrivée en bas des escaliers, l'anxiété remonte d'un coup. Tu sais pourtant que la jeune styliste n'est pas du genre à juger sur ce genre de choses. D'ailleurs, tu n'as pas vraiment à rougir de l'état du rez-de-chaussée puisque celui-ci a été remis en état il y a peu. Au moment de souhaiter la bienvenue à ton invité, tu espères que ton sourire ne trahit rien de tes émotions. « Mademoiselle Ruiz, je vous en prie. » Tu la guides jusqu'au salon et la laisses s'asseoir sur l'un des fauteuils capitonnés qui jouxte la cheminée (éteinte en cette saison). Les biscuits et le service à thé que tu as préparé sont posés sur la table basse. Votre dernier elfe de maison a quitté les lieux il y a de ça quelques mois déjà. Avec le décès de ton père et plus qu'une seule personne à servir, la pauvre créature ne savait plus quoi faire de ses journées. La remercier de ses services était la seule chose à faire. « Thé ou café ? » Malgré ton inconfort, il n'était pas question de manquer à tes devoirs d'hôte. Avec un peu de chance, la conversation et les essayages te feront bien vite oublier ton inquiétude. « J'ose espérer que vous n'avez pas été trop importunée à votre arrivée ? »
- InvitéInvité
Re: wrapped up in the clothes of my mother and my father (soledad)
Sam 14 Nov 2020 - 10:53
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Manoir des Wynne, Île d'Anglesey, Pays de Galles
(cliquer ici pour voir à quoi ressemble le manoir)
La rencontre de deux personnes aussi différentes que Nerys et toi aurait pu paraître exubérante et totalement fausse. Mais tu étais le genre de personne à te foutre des conventions et à faire taire les mauvaises langues disant qu’une bonne entente ou une amitié entre deux personnes si différentes n’était pas possible. Tu avais tout de suite décelé chez cette femme une force de caractère et surtout une beauté si singulière que tu avais rapidement ressenti le besoin de lui proposer de porter tes créations. C’est pour cette raison que tu l’as abordée et que tu as joué de ton bagou pour la convaincre d’essayer tes créations. Elle s’était laissée convaincre et elle n’avait pas eu à le regretter. Elle sublimait les robes que tu faisais et vice-versa. C’était comme si tu les avais confectionnées pour une seule personne, Nerys. Cette rencontre fut donc un véritable coup de foudre professionnel. Une fois la rencontre terminée, tu t’étais mise à faire de nombreux croquis en pensant à cette femme divine. Tu en avais fait des dessins et puis vint le temps de la confection. Tu avais donc rapidement mis le pied à l’étrier et un nombre significatif de tenues fut créé.
Tu ne pouvais plus attendre une seule seconde, tu avais donc pris rendez-vous avec elle pour qu’elle les essaie. Tu fus tout de même soulagée qu’elle réponde positivement. Pour la première fois de ta vie, tu étais fébrile. L’assurance qui te caractérisait s’était légèrement envolée. Elle était toujours là, mais elle s’était cachée derrière une certaine anxiété. Tu avais peur que les robes que tu avais confectionnées ne plaise pas à Nerys. Tu ne voyais personne d’autre pour les porter. La jolie brune t’avais invité à venir dans son manoir pour procéder aux essayages. Tu ne savais pas qu’elle était dans le même étais que toi. En tout cas, l’impatience avait pris le dessus lorsque le jour de cette nouvelle rencontre fut arrivé. Tu espérais que tout se passerait bien. Ne voulant pas être en retard, tu avais donc pris le soin de préparer à l’avance les différentes tenues pour ne pas en oublier. Une fois devant la grille du domaine, tu fus accueillie par un portrait. Un homme charmeur et ayant de bonnes manières. Il avait fini par t’abandonner pour aller voir Nerys afin d’annoncer ta venue et pouvoir t’ouvrir la grille. Il ne mit guère longtemps avant de revenir et te dire de sa voix suave que tu pouvais la rejoindre à l’entrée du manoir. Tu le remercias chaleureusement, charmeuse à ton tour. C’était ta nature, tu ne pouvais t’en empêcher. Une fois entrée dans la demeure de cette jolie brune, tu t’avanças vers elle pour la saluer chaleureusement. Tu t’interdisais de lui montrer ton anxiété. Non, tu voulais qu’elle te voit comme la Soledad forte et sûre d’elle comme lors de la première rencontre.
« - Bonjour Mademoiselle Wynne, je suis ravie de vous revoir. »
Tu t’installas rapidement sur un fauteuil capitonné présenté par Nerys. Tu étais stressée et en même temps impatiente qu’elle passe les différentes créations que tu avais pu faire. Mais en attendant, il te fallait patienter. Elle te proposa d’ailleurs une tasse de café ou bien de thé. Tu n’allais tout de même pas décliner son offre.
« - Je veux bien une tasse de thé, merci. »
Cette femme dégageait une prestance et une force telle qu’elle t’intimidait légèrement. Elle ne mit guère longtemps avant de s’installer, te demandant si tu n’avais pas été importunée pour venir jusqu’ici. Tu lui fis un doux sourire, repensant au portrait qui t’avait accueillie à la grille. Tu ne pouvais vraiment pas mentir, cet homme avait été des plus charmants et il ne t’avait aucunement importuné. Non, il avait été respectueux et gentil avec toi. Un véritable gentleman.
« - Oh non bien au contraire, ce chevalier a été des plus courtois. Un véritable gentleman. »
Tu pris la tasse de thé proposé par la jeune femme, en buvant une ou deux gorgées tout en scrutant la demeure. C’était une bâtisse impressionnante et le rez-de-chaussée était tout à fait charmant. Tu étais sûre d’une chose, tu ne pourrais jamais avoir un endroit aussi grand, tu finirais par t’y perdre.
« - Votre demeure est somptueuse. »
Tu étais la plus sincère possible. En tout cas, même si l’anxiété était là, tu étais ravie de revoir Nerys. Tu espérais qu’il en était de même pour elle.
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