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Priyian#3 + tightrope walkers
Mar 15 Sep 2020 - 11:22
vendredi 2 octobre 2020
Tu as fini tôt aujourd’hui. Trop tôt sans doute. Ca fait deux semaines demain que le mariage est passé, et depuis tu es dans un drôle d’état second. L’esprit ailleurs, tu portes le poids d’un contre coup sur les épaules. C’est comme si tu avais donné les derniers instants de bonheur instinctif pendant le mariage de Murphy et que tu es vidée de tout cela. Tu as déjà ressenti ça, quand tu t’es retrouvée toute seule dans l’aéroport Viennois. Tu te sentais brisée, seule, et sans destination. Aujourd’hui tu as une destination, tu n’es pas seule parmi les tiens, mais tu t’effrites comme un rocher qui prendrait les embruns de la mer en plus de toutes les intempéries. C’est sans doute la métaphore la plus proche de la réalité. A chaque fois que ton bonheur te semble à portée de main, il semble s’éloigner tout aussi vite… Nuage qui court dans le vent, tu restes la petite fille au cerf volant qui ne va jamais assez vite, qui aimerait s’envoler, mais reste les pieds sur terre. Tu aurais pu avoir des ailes, des plumes, te transformer en oiseau, tu es faite de chaire, tu a deux jambes, deux bras… Ils ne permettent pas de voler.
Pour t’isoler tu as prétexter la fatigue de la rentrée, la quantité de devoir et de lecture en retard. Après tout c’était facile, tu as du participer à l'enterrement de vie de jeune fille, ainsi qu’au mariage, tu ne t’es pas concentrée réellement sur tes cours depuis la reprise. C’était tout trouvé, et clairement efficace. Peut être plus que tu ne l’aurais voulu en réalité. Sebastian Donovan ne s’est pas rendu compte que depuis environ deux semaines, tu es au abandonnée absente. A vrai dire déjà depuis son refus de participer au mariage en qualité de “compagnon”, tu fais preuve d’une certaine distance même si vous avez encore partager de bons moments complices. Mais depuis que tu es rentrée chez toi le dimanche suivant les noces, tu as pris soin de ne pas croiser sa personne. Tu as enregistré le refus qu’il t’a opposé comme une preuve, peut être la première, que vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde. Depuis avril vous avancez à petit pas, tu nies l’évidence qu’il faut avoir la vraie discussion, celle que tu as regretté de ne jamais avoir eu avec Evan. L’avoir vu lui, avec Alice, au mariage n’a définitivement pas arrangé ton état. Tu aurais voulu ne jamais avoir à contempler à nouveau cette cicatrice, tu craignais de la voir se réouvrir, et maintenant elle est de nouveau béante. Cette fois ci ce n’est pas la faute du grand ecossais, mais du grand irlandais. Les raisons cependant sont tout à fait les mêmes… Cette même peur de ne pas aller dans la même direction, de suivre ce chemin qui pourrait vous rendre heureux que si vous restez ensemble. I'm not lookin' for somebody, With some superhuman gifts. Some superhero, Some fairy-tale bliss, Just something I can turn to, somebody i can miss. Encore faut il le vouloir. Evan ne le voulait pas, mais tu ne sais pas si Baz lui pense différemment ou non. Les mots n’ont jamais été prononcés, et vous évoluez dans un avenir incertain, dans lequel tu n’oses rien demander, rien exiger car pas légitime. Ca te ronge petit à petit, entamant ton humeur, volant parfois des heures de sommeil, t’interdisant le repos de l’âme que tu éprouves quand tu t’épanches sur des feuilles de papier.
Tu as profiter jusqu’au dernières heures d’un soleil timide cet après midi, mais quand il finit par faire trop froid et à tomber une espèce de crachin caractéristique tu t’es retranchée à l’intérieur de la maison. Une douche fini de chasser la terre sur ta peau, mais tu ne te sens pas plus requinquée. Il est 19h passée quand tu te décides que ça a trop duré. Cette situation, ces interrogations sans réponse, et le fait qu’il ne semble se douter de rien, et gober ce besoin d’être seule, comme si il ne te connaissait pas, n’avait rien appris des derniers mois, commence doucement à te rendre amère, triste, et un brin névrosée. Peut être même plus qu’un brin.
Tu hésites, tournes les choses dans ta tête, réfléchis, pèse le pour et le contre, mais c’est cette impulsivité caractéristique qui te pousse à te rhabiller convenablement, d’un pantalon et d’une chemise, sécher tes longs cheveux noirs, et finir par reprendre la direction de Hungcalf.
Chez lui tu n’y as pas été souvent. Et pour cause, votre relation est somme toute secrète. Il n’y a que très peu de gens réellement au courant, ce n’est pas comme si tu étais farcie d’amie à l’université de toute façon, sans parler que la seule que tu te sois réellement faite est fiancée au même homme qui t’as fait du mal par le passé. Ironie du sort. Ou pas, plutôt un acharnement de se dernier qui prend un malin plaisir à te torturer. Peut être le karma. Une ancienne toi qui a épuisé la réserve de méfaits attribués à ce corps. Allez savoir.
Toc, toc, toc Ta main cogne sur le bois. Il doit être là, normalement à cette heure ci il a fini depuis longtemps. La main légèrement crispée sur la anse de ton sac à main tu attends. Ton ventre se tord, loin des papillons que tu éprouves généralement quand tu sais que tu vas le voir. Oui tu es loin d’éprouver une quelconque excitation quand à voir l’homme que tu aimes. En réalité tu as besoin de savoir si lui aussi t’aime en retour, mais pas que. Il y a trop de non dits, trop d’inconnu dans l’équation pour que tu puisses faire convenablement le vide dans ton esprit. C’est exactement comme si tu te noyais dans la masse d’informations contradictoires. Ton coeur perdu tournoie sans arrêt, et ne semble pas trouver de prise pour se retenir.
Enfin la porte s’ouvre, c’est bien lui qui te fait face. Incapable de mentir ton visage ne s’ouvre pas dans un sourire familier, il exprime que trop l’équilibre instable dans lequel il se trouve. « Hi... » Eclat de voix qui se perd dans le silence du couloir vide. « May I come in ? » Toujours demander, rien imposer, et ça te tue à petit feu. « I think we need to talk. »
@Sebastian Donovan
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Re: Priyian#3 + tightrope walkers
Lun 5 Oct 2020 - 4:28
Part I. (Mood) (Baz's Lair) Regrettablement assujetti à l’attente d’une missive qui ne viendrait peut-être pas, Sebastian avait décidé d’occuper ses dix doigts — qui lui réclamait une application cathartique — au classement de nombreux vinyles usagés, tous éparpillés entre la table basse du salon et le tapis berbère qui débordait de la même pièce jusqu’au vestibule. Profitant de la clémente déréliction du week-end précédent, il avait dépoussiéré sa table tournante — rapporté il y a longtemps depuis Galway — et invité @Mehdi Saouli à faire l’écoute de quelques albums variés, tous chinés au cours de l’été, puis il n’avait plus trop eu la motivation de les ranger ensuite, appréciant en quelque sorte la mosaïque de propositions qu’ils formaient, lui rappelant que ce choix — d’activité ainsi que de compagnie — n’avait rien d’anodin.
Avec l’Algérien, il n’était jamais question de morceler une attention que chaque note, chaque fréquence et chaque gamme réclamaient être entière. La musique ne pouvait être réduite à sa fonction de trame, elle devenait le motif de la vigilance de son auditeur et pour cette raison, accaparait merveilleusement bien un esprit qui se réclamait d’une pause à des boucles morales plus difficiles, sans que le fait de les verbaliser ne soit requis. Les deux hommes avaient tout de même profité de l'occasion pour échanger un peu, d’abord sur ce retour du pianiste prodige sur les bancs d’école, puis vaguement encore des variations atmosphérique au Cochon à plumes, quartier général du clan Saouli, suivant les tempêtes et les accalmies d’un va-et-vient tantôt programmé, tantôt fortuit. Zahia et Inès avaient été évoquées en demi-teintes, sans plus, là où les premiers singles populaires de Portishead et les motifs rapides de l'Op n°35 de Chostakovitch avaient suscité quelques passions plus vibrantes.
Achevant de classer la majorité des pochettes qu’il anticipait conserver, l’Irlandais venait tout juste de poser l’aiguille sur ce troisième album studio de Genesis, « Nursery Cryme », le préféré de son défunt patriarche, lorsqu’il entendit quelques coups francs être frappés contre la porte d’entrée. Pouvait-il s’agir de cette levée d’interdit qu’il attendait de moins en moins sagement, allant même jusqu’à envisager de l’enfreindre ?
« Hi... » La porte s’était ouverte sur cette âme qui occupait le plus clair de ses pensées dans l’instant et sitôt le portail de bois dégagé de son giron, un élan tout naturel avait poussé l’aîné Donovan à prendre une grande enjambé, un geste hélas rapidement converti en demi-pas, suivant cette découverte d’un regard parfaitement éteint chez Priya, elle dont les prunelles sombres brillaient pourtant en toutes circonstances. « May I come in ? » La mine du chef s’était temporairement ternie, traversée par les rides d’une inquiétude familière que d’autres expériences avaient creusés sans qu'elles ne soient ensuite parfaitement comblées. « I think we need to talk. »
La mâchoire du marmiton s’était crispée — puis peut-être bien que ses poings aussi — laissant un bouillonnement désagréable s’installer au creux de son estomac vide, un contrecoup somatique venu souligner de façon indélicate son propre manque de sagacité dans cette affaire. Une inspiration profonde était ensuite venue nourrir cette hardiesse qu’il devinait déjà nécessiter pour la suite, la physionomie entière de Priya érigeant entre eux une barrière qu’une absence longue de deux semaines parvenait à épaissir jusqu’à la rendre physiquement tangible.
He should have known no good ever comes from this sort of complacency.
Sans faire de réponse audible, le trentenaire avait d’abord hoché ostensiblement la tête, puis il s’était écarté du seuil de l’appartement afin que la belle puisse s’y frayer un passage. Se détachant un instant d’un regard qui lui semblait trahir des sentiments — des intentions ? — potentiellement chagrinantes, il avait machinalement rabattu le verrou de l’entrée avant de fendre insensiblement le court sillage de cette amoureuse dont le parfum prenait des effluves plus affligeantes que véritablement épicées.
— Would you like to sit down ? proposa t-il d’un ton pondéré tandis que le tourne-disque achevait de taire les dernières notes d’un morceaux affectionné.
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Re: Priyian#3 + tightrope walkers
Mar 6 Oct 2020 - 17:05
(tenue)Voilà, tu es devant chez lui maintenant. Tu dois affronter la réalité et aller de l’avant. Aussi difficile que ça puisse paraître. Tu as l’impression de devoir affronter seule une armée, pourtant tu as assez tergiverser. Sans doute as tu trop attendu. En vain, mais de toute façon tu ne savais pas après quoi tu attendais. Qu’il vienne ? Que cette discussions finisse sur le tapis d’elle même ? C’est clair que ce n’est pas en fuyant qu’on arrive à avancer. On fait plutôt marche arrière même, se faisant dans sa tête les pires plans mental. La porte s’est finalement ouverte, pas seule non… Il y a derrière le chef cuisinier qui te regarde, t’attendait il ?
Tu n’es pas capable de sourire, mais tu n’es pas la seule. Tu vois son visage crispé, inquiet, sans doute un reflet du tiens. Tu n’as jamais été une bonne menteuse, tu ne sais pas faire semblant. Ton être est tout entier, ou il n’est rien. Ne pas lui parler pendant des semaines et te présenter maintenant chez lui. Voilà les deux facettes.
Il se passe un long instant avant qu’un nouveau mot soit prononcé. Tu as conscience que le we need to talk n’est sans doute pas très engageant. A la proposition de t’asseoir tu ne sais pas bien comment réagir. Tu n’es pas réellement tranquille au point de tenir en place assise. Surtout face à lui, pourtant tu te contraints à poser tes fesses sur le tissus du canapé. Tu n’as pas quitté ta veste, tu es assise droite comme un piquet. Tu as besoin que ça sorte. A peine entendu la musique en fond s’éteindre, le silence s’installe finalement.
Si jusque là tu regardais par terre, tu finis par lever les yeux et croiser le regard inquiet de l’homme face à toi. Malgré tout, malgré la peur qui secoue tes entrailles et toi toute entière, tu es heureuse de le voir. Tu aurais presque envie de nier tout ce qui agite ton cerveau pour fondre dans une étreinte, retrouver la chaleur de son coeur, les effluves de sa peau.
« Baz je... » La voix est haut perchée, plus que tu ne l’aurais voulu. Tu prends une inspiration. Et reprends. « Je pense que tu as compris que quelque chose qui cloche depuis le mariage de Murph. Je pensais que ça ne serait pas si important que tu ne viennes pas avec moi, mais j’avais tord. » Ainsi donc les premiers mots sont jetés, posés là pour celui qui voudra bien les écouter, les comprendre aussi. Tu ne lui laisses pas le temps cependant de formuler la moindre question, il faut que tu continues pour arriver à lui avouer tout ce que tu as sur le coeur. « J’ai eu le temps de réfléchir. Peut être trop de temps pour réfléchir, mais j’en suis venue à plusieurs conclusions. J’ai besoin que tu m’écoutes jusqu’à la fin, parce que je ne suis pas sûre d’arriver au bout de ce que je veux te dire si tu m'interromps. » Dans ses prunelles tu attends la confirmation muette qu’il va répondre à ta demande et ne pas te couper. Tu es sûre de ne pas y arriver si tu ne lances pas tout d’un bloc. Tu sais déjà par où commencer, parce que tu as répéter ce moment dans ta tête. Tu as peur, tellement peur d’être rejetée à nouveau, de tout perdre, y compris tes espoirs. Tu l’as déjà vécu une fois, mais où iras tu maintenant ? Tu avais pris la décision de fuir Vienne des années plutôt. Mais cette fois où fuirais tu ? Inverness c’est chez toi, mais tu ne supporterais sans doute pas de rester ici tu le sais. Sans doute fallait il y réfléchir avant non ? Avant de t’embarqer dans cette histoire, coeur et âme. Maintenant il faut assumer tant qu’il est temps.
« La première chose que je dois te dire c’est que je suis incapable de me passer de toi, et je ne le veux pas. J’ai attendu trop longtemps, j’ai l’impression d’avoir attendu toute ma vie après toi, et c’est exactement l’effet que ça m’a fait ce jour d’avril où tu m’as embrassé. » C’est un moment heureux à se rappeler. Celui d’une douce après midi de printemps encore timide, à l’abris du reste du monde vous avez commencé à être deux. Tu es obligée de marquer une pause, faisant passer par ce regard qui reprend vie, tes sentiments pour lui. Tu veux qu’il comprenne que chacun des mots prononcés ne l’est pas à la légère. « La deuxième... C’est que je suis malheureuse. Ca fait des mois que je marche dans tes pas, je ne prends que ce que tu veux bien me donner, n’agit que si tu as commencé le mouvement parce que j’ai peur que si tu mesures l’étendue de ce que moi je veux… Tu ne partes. » Que tu te retrouves toute seule encore une fois, parce que tes sentiments le ferait fuir. Tu ne l’accuses pas, pas plus que tu ne te blâme pour ce qui est entrain de se passer. Le fait est que vous n’avez jamais discuté de vous, de la suite, de votre futur ensemble, et finalement, tu as peur que vous ne soyez pas sur la même longueur d’onde. Le Sebastian Donovan que tu ne connais ne fais jamais rien sans y avoir réfléchis, pour ça il te fait grandement penser à ton frère. Mais justement, tu ne sais pas à quoi il a réfléchis. Voilà le coeur du problème. « La troisième, c’est que ça… » De la poche de ta veste légère tu sors le mot que tu as reçu peu de temps avant de partir de la maison. Tu le garde dans ta main, finissant par le déplier et poser à nouveau tes yeux sur l’encre noire. Tu t’octroies cette pause pour trouver le courage de continuer ton déballage. Tu n’es pas encore au bout de tes peines. « Ce n’est plus possible. Tu n’as pas besoin de demander la permission pour me voir, pour passer à la maison... Tu l’as depuis toujours, depuis mon premier crush sur toi quand on était ados. Je sais que c’est moi qui t’ait dit que j’avais besoin de me reposer, mais en deux semaines j’ai eu le temps d’envisager tous les scénario, y compris les pires. » Peut être que maintenant tu l’accuse. En réalité tu avais besoin qu’on se secoue les puces plus qu’on te laisse seule à ressasser. Tu n’es peut être pas assez grande pour le faire toute seule, ou du moins pas aussi vite qu’il ne le faudrait. C’est une demande que tu lui fais, une prière même, supplique envers l’homme que tu aimes de ne pas rester passif à tes caprices, de ne pas te laisser seule même quand tu le lui demandes. Parce qu’en réalité tu ne veux pas être seule.
« C’est pendant le mariage que ça m’a sauté aux yeux. J’étais seule, et… Je vais te dire quelque chose que je n’ai jamais dit à personne. » Les yeux à nouveau baissé tu torture le papier entre tes doigts à présent. Tu te sens vaciller, ta voix n’est plus aussi sûre, et à la mesure d’une chandelle battue au vent parfois elle risque de s’éteindre. Les larmes seraient bien volontaires à se montrer aussi, mais tu ne veux pas te laisser submerger. « Si je suis revenue ici c’est parce que je n’en pouvais plus d’être seule Baz. Pendant des années j’ai partagé le quotidien de gens partout dans le monde, ils avaient tous une histoire différente, mais un endroit vers lequel retourner avec une famille qui les attendaient. Moi je n’étais que simple spectatrice de ses histoires qu’ils écrivent sans même s’en rendre compte. Aujourd’hui je n’arrive plus à mettre le moindre mot sur papier parce que mon histoire elle ne s’écrit pas, elle est en arrêt, elle retient son souffle depuis que je suis revenue. » Livre ouvert, opération à coeur ouvert, peut être même cerveau ouvert. Il a des mensonges qu’on sert à tout le monde, ceux qu’on se sert à soi même. S’en est un de ceux là. Tes yeux papillonnent à mesure que tu parles. Mais la conclusion est proche. « J’ai besoin de vivre mon histoire, notre histoire. » Tiens bon la barre, et tiens bon le vent…
Grande inspiration. Tu as déjà beaucoup parlé. « Je sais aussi qu’il faut que je sois implacable sur ce que je vais te dire, sur ce qu’il faudra faire. S’il te plait ne m’en veux pas, mais j’ai déjà souffert pour des raisons similaires, et je ne peux pas recommencer, encore moi avec toi... » Tu réprimes la larme, elle ne coulera pas, tu refuses. Tu veux être forte, et avancer quelque soit la décision, quelque soit sa réponse, par cette situation a suffisamment duré. Mais tu n’oses plus vraiment le regarder. « J’ai besoin de savoir si tu envisages un avenir pour nous, si je peux espérer qu’il existe, et que je ne sois pas la seule à le faire. Parce que si c’est le cas, si je suis la seule à le voir, on en reste là. Je n’ai plus ni le courage, ni le temps de me perdre en chemin si ça n’en vaut pas la peine. » Tu n’auras qu’une dernière chose à dire, une ultime question finalement qui pourrait faire basculer la balance encore hésitante entre les deux côtés. « Can you love me the way I want you too ? The way I love you ? » Tu ne lui as jamais dit, sans doute que c’est la façon la plus cruelle, la plus décisive aussi. Finalement tout aurait pu se résumer à cette phrase, écho d’un passé qui aujourd’hui est mort, enfoui sous les feu du soleil d’été, des feuilles d'automne, et du froid de l’hiver. Il ne reste plus que les fleurs timides du printemps, le renouveau que tu demandes qu’on accorde enfin à ton coeur.
Aussi dur que ce fût, tout est dit. Tu es toujours là, toujours assise, même si tu rêverais de faire les cents pas qui au moins donnerait à ton corps un exécutoire pendant que ton esprit attend la réponse. LA réponse. Celle qui définira la suite. Tu lui donnes les pleins pouvoirs, tu sais bien que ce n’est pas un débat, que tu ne pourras jamais donner des arguments qui feront que si jusqu’à aujourd’hui il ne t’aimait pas, demain ça sera peut être le cas. Tu sais que ça ne fonctionne pas ainsi. Tu arrêtes de le dévisager, tu te sens idiote. Pourrais tu partir, le planter là ? Ne pas savoir, changer de continent, de monde… Y’aurait il un monde parallèle dans lequel Priya Chaffinch n’aimerait pas Sebastian Donovan ? Ou est ce c’est le destin qui pousse vos deux êtres à êtres réunis ? Toi qui vois dans le futur, tu n’es pas capable de deviner le tiens tant tu en as peur. La vision du petit garçon te frappe à nouveau en plein fouet. Ce petit garçon serait il le tient aussi ? Celui d’une autre ? Qu’est ce qui s’est passé pendant le temps où tu n’étais pas là pour que son coeur soit si endommagé à lui aussi?
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Re: Priyian#3 + tightrope walkers
Sam 24 Oct 2020 - 6:21
Sebastian avait attendu en silence que Priya fasse d’abord le choix d’un siège, la laissant s’installer dans un tout autre type d’inconfort, celui qui allait l’empêcher de profiter de la bourrure du canapé qu’elle avait instinctivement privilégié. Son regard s’était accroché un moment à ce buste bien droit, puis encore à cette physionomie trahissant une nervosité qu’il craignait de devenir contagieuse, si bien que le chef opta simplement pour prendre appui sur l’accoudoir opposé à l’indo-britannique, laissant au moins un de ses pieds reposer au sol, comme si ce contact pouvait encore suffir à lui garantir deux types d’aplomb indispensables ; l’équilibre et le sang-froid. À ce stade, quiconque aurait sans doute deviné que les besoins d’espace de la demoiselle s'étendaient à la fois au domaine physique et vocal, puis il convenait à l’aîné Donovan de lui offrir les deux.
Les premières modulations claires de la Pokeby s’étaient donc fait porteuses d’une récrimination (prévisible) en demi-teinte, puis encore d’une requête de ne pas être interrompue avant que le dernier mot ne fut prononcé et que le signal ne lui soit donné. L’expression du trentenaire s’était légèrement renfrognée sous le coup de l’appel au silence, davantage par inquiétude que par contrariété, puis il avait hoché imperceptiblement la tête à quelques reprises avant de croiser les bras de façon bien mécanique, dans un confort qu’il estimait prudent.
« La première chose que je dois te dire c’est que je suis incapable de me passer de toi, et je ne le veux pas. J’ai attendu trop longtemps, j’ai l’impression d’avoir attendu toute ma vie après toi, et c’est exactement l’effet que ça m’a fait ce jour de mai où tu m’as embrassé. » L’évocation de ce souvenir précieux et la déclaration qui l’accompagnait avait d’abord creusé une fossette timide sur le visage du marmiton, dont les traits étaient demeurés malgré tout assez solennels. Il savait bien que la remembrance ne servirait qu’à amortir la suite et pour tout dire, la même prémisse lui avait déjà été douloureuse ; l’héritage et les obligations d’Alice ayant au final triomphés de ses volontés et sentiments pour lui.
« La deuxième... C’est que je suis malheureuse. »
Le choix du sentiment énoncé lui avait bien sûr fait mal, car l’Irlandais n’était pas étranger aux difficultés — voir défis — d’intégration, d’inspiration et d’adaptation que sa récente amoureuse affrontait sans relâche depuis son retour en sol Écossais, mais c’est la suite qui acheva de compresser le muscle responsable de sa circulation sanguine en imprimant un air résolument interloqué sur son front ainsi qu’à la surface de ses iris. Il n’était déjà plus aussi aisé pour Baz d’être soigneusement attentif au discours de la cadette Chaffinch, son esprit luttant pour se dégager de quelques conjonctures et réflexions tandis que la belle persistait à lui exposer les causes d’un mal-être où son manque de clairvoyance et de prévenance étaient pointées du doigt. Serrant un peu plus les dents, le cuistot avait fini par baisser les yeux, mais malgré le fait qu'il entendait plus qu’il n’écoutait réellement désormais, l’annonce d’une confidence éminemment plus importante l’obligea à reconsidérer un contact visuel qu’il aurait été bêtement inconsidéré de ne pas offrir.
« Si je suis revenue ici c’est parce que je n’en pouvais plus d’être seule Baz. Pendant des années j’ai partagé le quotidien de gens partout dans le monde, ils avaient tous une histoire différente, mais un endroit vers lequel retourner avec une famille qui les attendaient. » Le chef avait relevé encore un peu plus ostensiblement la tête, ravalant de façon bien somatique une réactivité qu’il n’avait guère de mal à contenir, mais qui allongeait la profondeur de son souffle à chaque nouvel énoncé. Sans le souhaiter — car pouvait-elle prétendre ici à l’ignorance ? — Priya malmenait tout un assortiment d’insécurités autant que de certitudes chez le trentenaire, de celles qu’elle ne pouvait choisir d’adresser à l’amoureux et à l’orphelin tout à la fois, du moins pas sans risquer d’ébranler sévèrement l’un ou l’autre, hélas rassemblé ici en un seul être.
« Can you love me the way I want you too ? The way I love you ? »
Cette question plus que complexe avait fait suite à tant d’aveux, de requêtes et de tergiversations sensibles que Sebastian avait taciturnement attendu que s’écoule la durée de plusieurs secondes avant de conclure qu’il s’agissait bien là d’une finalité, puis qu’il lui revenait désormais de faire réponse à cet ensemble de déclarations où vulnérabilité et responsabilités allaient de pair. Il avait donc exhalé lourdement avant de frotter sa paume dominante sur toute la longueur de ses joues mal rasées, fixant alternativement Priya et les détails du tapis sous leur pieds.
— That sure is a lot to take in.
Renonçant enfin à son premier appui, le cuisinier avait d’abord effectué quelques pas en sourdine autour de la table basse du salon, puis il en avait chassé deux pochettes musicales — les condamnant à un vol plané jusqu’à un siège libre — afin d’en soulever un coin ainsi libéré, qu’il tira aussitôt au-devant de son invitée. Prudemment, il s’installa à l’angle du meuble puis face à la Pokeby, ses mains agitées demeurant nerveusement liées, leur mouvement agissant comme catalyseur d’une énergie dont il était impatient de se départir, mais qu’il ne pouvait précipiter au risque d'entacher (davantage) une relation qu’il jugeait précieuse, ou était-ce désormais plutôt précaire ?
Retrouvant le contact des prunelles de l’écrivaine, l’ancien lion fit le choix d’adresser l’évidence d’abord.
— I'm sorry. La tranquillité de son ton ne laissait planer aucun doute à l’égard à sa sincérité. I’m sorry you had to go through this while keeping it to yourself. I can only imagine how hard it must have been.
Pour tout un éventail de raisons, l’Irlandais n’avait d’ailleurs pas besoin d’imaginer ce genre de caillot émotif, lui-même n’étant que bien peu porté sur les confidences partagées, en partie parce qu’il craignait qu’une effusion de cette nature ne lui coûte l'assurance dont il dépendait pour fonctionner au quotidien. Cela dit, Priya n’avait-elle pas justement connue les heures les plus précaires de son existence, assez pour comprendre de quoi relevait aujourd’hui ce caractère plus résilient que confrontant ?
— I believe the Priya who capsized my heart fifteen years ago is one who knows her own mind, one who was wiling to pursue her dreams and who could imagine what most of us won't ever be able to conceive. Il chérissait très certainement le souvenir de cette présence rassurante, dans un moment ou son univers entier (ou presque) avait été à reconstruire. Alors, quand l'extraordinaire femme qu'elle est devenue me demande du temps pour elle... Et pourtant, il n’oubliait pas non plus qu’elle était partie, emportant avec elle ce sentiment d’avoir eu, au yeux de quelqu’un d’autre, une importance qui pouvait outrepasser les obligations du sang. I take it for granted that she knows best about her own well-being and for that, I choose to respect her demands without making them about me.
Trop conscient d’avoir laissé quelques accents paternalistes teinter son discours, Baz avait attendu quelques secondes pour poursuivre, profitant de l'occasion pour adopter une posture un peu plus relâchée.
— La vérité, c’est que je ne suis tout simplement pas legilimens Shini. Il avait aussitôt levé sur elle un regard plus démuni que véritablement critique, soucieux à son tour de ne pas la laisser l’interrompre. And I also do not wish for you to feel left out, even less have you worried about how I might react to... whatever it is you're holding back right now.
La perspective d'attrister ou décevoir les êtres les plus importants de son microcosme se définissait comme une crainte féroce à l’esprit du Donovan, davantage que n’importe quels épanchements ou désirs amoureux contenus jusque-là par l’auteure. Allongeant enfin deux mains déliées vers celles de l’étudiante, le cuisto fit en sorte de les couvrir entièrement avant de reprendre, le regard fixé sur cet enchevêtrement de doigts fins et de paluches rugueuses.
— Look, I wouldn't feel comfortable making you any kind of promises about what the future might hold, but what I know for sure is this : you may feel lonely and you’re certainly allowed to, but you’re not alone. Suivant cette affirmation, les prunelles de la Chaffinch furent à leur tour victimes d’une prise d’otage, Sebastian ayant choisi de s’y plonger pour accentuer l’importance de la justification qui restait à venir. Pri’, of all places possible, doesn't the simple fact of having chosen Inverness means you know where to find people ready to welcome you? That family you can come back to at the end of the day, it’s right here. Of course, since that day lasted more or less ten years, none of us were exactly waiting at the door... Il avait fait l’effort d’habiller ses traits d’un sourire plus léger afin que cette image soit reçue pour ce qu’elle était ; une taquinerie sans méchanceté, un répit aux hématomes relationnels. But we never left. Your parents, your brothers, Alex, Murphy, Jude…
L'énumération avait pris fin avec son souffle, retranchant ainsi par choix un dernier élément à cette liste.
— Me.
Ses mains enserraient maintenant celles de sa moitié avec un peu plus de force qu’il ne l’aurait fallu, le laissant à pétrir — sans trop le réaliser — cet épiderme aux teintes caramélisées qui lui avait manqué, le tout dans un geste aussi familier que sécurisant pour lui.
— So if you're done with being a spectator, then quit being one, because I don't see how restraining your feelings or keeping me at a distance would do us any good.
Qu’importe le choix de la caresse, Sebastian savait bien qu’aucune gestuelle ne suffisait à imprimer une présence définitive sur le corps de la jeune femme.
And yet he was trying to.
- InvitéInvité
Re: Priyian#3 + tightrope walkers
Dim 25 Oct 2020 - 20:33
Ta conclusion est injuste. Tu le sais, ce que tu lui demandes alors que tu viens de lui envoyer tout ça au visage est malgré tout fondé. Cette phrase, écho d’une scène passée, tu l’as déjà entendue. Elle a mis fin à la relation avec Evan, tu n’as pas laissé au doute le temps de s’installer, tu n’as pas essayé de le faire changer d’avis ? A quoi bon, tu sais qu’on ne peut pas créer des sentiments là où n’y en a pas. Alors tu as besoin de savoir, de te protéger, avant qu’il ne soit trop tard, si ce n’est déjà pas le cas.
Sur son visage tu as vu différentes émotions passer tu en as conscience. Tu as dit des choses qui vont à l’encontre de ce qu’il est. Tu sais la vie qu’il a eu, tu connais la nature des épreuves qu’il a dû affronter, ce qui l’a rendu si spectateur, manquant cruellement si ce n’est de combativité mais tout simplement d’égo. Celui là même qui pousse à se battre pour son propre bonheur et pas juste celui des autres.
Tu ne dis plus rien, te contentant de respirer sentant ton cœur battre la chamade à tes oreilles. Tu ne sais pas ce qu'il va te dire, pour une fois tu aurais aimé avoir une vision, être capable d'anticiper. Mais vos peaux sont encore loin d'entrer en contact et même là la vision n'est pas assurée.
Il finit par se lever après son commentaire qui aurait pu dans une autre situation te tirer un sourire. Il déplace même le meuble, venant s'asseoir en face de toi alors que tu es absolument crispée de ton côté. Les mains prises l'une dans l'autre, les jointures blanches à cause de la pression qui chasse le sang. “... I can only imagine how hard it must have been. ” Tu ne veux pas qui s'excuse, pas même qu'il te prenne en pitié. Ce n'est pas pour ça que tu lui as tout raconter. Que lui dise ces mots, te semble pas concevable et faux. Au regard de ce que lui a subi c'est comparer une égratignure avec une hémorragie. Ce n'est pas ce que tu veux. Tu perds patience. Tu le laisses parler, les yeux baissés ne sachant si tu dois rire ou pleurer.
Et la suite n'arrange pas ton état nerveux. Est ce que tu pourrais enfin en finir avec cette image utopique que les gens ont de toi ? "Priya Chaffinch femme indépendante et déterminée, avec le monde à ses pieds elle est prête à conquérir le monde…" La seule vérité c'est que tu as eu le courage de pousser la porte de ta maison. Le reste s'est fait tout seul. Alors oui c'est sûr qu'avec cette image si parfaite qu'il a de toi, il pouvait espérer que tu t'en sortes seule, que tu sois capable de tirer sur la ficelle de ton parachute avant de t'écraser au sol. Terrible erreur. Tu gardes le silence, le laissant déballer ce qu'il a sur le cœur parce que toi tu as eu le droit de le faire. Voilà une preuve qu'il se trompe sur toi, il a le nez dessus mais ne voit pas la vérité en face.
Sûr qu'il ne lit pas dans les pensées. Toi non plus bien que tu donnerais cher pour savoir ce qu'il a en tête. Ça ne veut pas pour autant dire que tu peux tout déballer sans risque. A vrai dire tu es même complètement sûre du contraire. Si tu avais pris ton courage à deux mains plus tôt, dans un contexte moins difficile pour toi que se serait il passé ? Tu n'aurais pas été capable de poser cet ultimatum qui pourtant te trotte en tête depuis de nombreuses semaines. La peur t'aurait maintenu dans cet état non défini qui ne te convient pas mais qui vaut mieux que de risquer d'être séparée de lui.
Au moment où il te parle de promesse tu ne peux pas retenir tes mots. "Je ne t'ai jamais demandé de me faire de promesses…" Ta voix est faible, douce, c'est un murmure las. Un instant tu le dévisage s'accrochant dans son regard, l'instant d'après tu ne l'écoute plus regardant à nouveau tes genoux. As tu parlé dans le vide ? La déception enfle en toi. Tu ne pouvais pas espérer qu'il te réponde "je t'aime aussi." Ça aurait été trop facile, sans doute que si ça avait été le cas vous ne seriez sans doute pas en train d'avoir cette discussion.
Ses mains enserrent les tiennes mais tu as envie de les dégager, te sentant ainsi prisonnière. Tu pourrais trop vite retombée dans le travers d'obtempérer et que tes paroles retombent comme un soufflé sorti trop tôt du four. Ses derniers mots te font plus de mal que de bien. Ta réponse ne tarde pas à fuser. "Baz… le fait que tu ne réponde pas à ma question me donne raison. J'avais peur de te perdre en te parlant de ce que je ressens, mais tu vas me perdre si tu ne dis rien." Tu prends une grande inspiration. "Je n'ai pas besoin que tu me fasse la liste des personnes qui sont importante dans ma vie, je ne te parle pas d'eux… Je te parle de toi Baz, seulement de toi…" Tu marques une pause observant ses traits puisant un peu de courage. "La seule chose que j'ai besoin de savoir a cet instant c'est si tu as jamais envisagé un futur pour nous." Un instant tes yeux papillonnent et tombent sur vos mains. Les tiennes sont glacées, les siennes brûlantes. "Est ce que pour toi ce n'est qu'une passade de laquelle tu vas te réveiller dans deux matins, lassé et prêt à faire la même chose avec une autre, ou est ce que tu es prêt à ne serait ce qu'essayer ?" Merlin, que c'était plus simple à 10 ans quand il suffisait de cocher une case : you would be my boyfriend, yes or no. "J'ai besoin de savoir ce qu'il en est de ton côté, je ne peux pas me lancer à l'aveugle dans une histoire perdue d'avance." Tu ne veux plus marcher sur des œufs, tu veux avancer avec lui et sans te priver. "Est ce qu'on peut faire des projets, même des petits, est ce que je peux organiser un week end ? Aller avec toi chez mes parents…? Aller à un mariage ? " Pour avancer ensemble il faut que l'autre soit d'accord. Ce n'est pas une décision que tu peux prendre seule. Tu sais bien que le mariage de Murphy c'était sans doute pas l'endroit où il voulait se présenter. Est ce qu'il savait qu'il y aurait Alice et Evan ? La question de pose mais ce n'est pas ta priorité. "Je te demande pas de me faire de promesse, juste de me dire ce que tu ressens." Le sang pulse toujours à tes oreilles. Peu importe la réponse, il faut que tu sois fixée. Tu ne le laisseras pas éluder, pas faire l'autruche. Si il ne dit rien, ne parle pas de lui, tu pourras toujours prendre ça pour une réponse viable.
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