Elle avait entrainé Charles à l’écart avec toute la douceur et l’autorité dont elle était encore capable. Totalement dépassée par les évènements elle regrettait même de ne pas avoir réagit plus tôt mais espérait tout de même parvenir à apaiser un peu l’ethelred qui semblait réellement secoué. Et par maternelle pour un sou, Prim tente de panser les plaies du jeune homme, se fend d’attentions un peu maladroites et le couve de tendresses innocentes espérant si ce n’était compenser, éluder ce qui venait de se passer.

« You need some rest and a good company, not more alcohol. » Qu’elle souffle avec un petit sourire, ton qui prenait les accents de sa grande soeur lorsqu’elle la conseillait, aussi douce qu’autoritaire, en venant se blottir tout naturellement contre son épaule tandis qu’il la rejoint enfin. Elle sent que ses sens sont mis à mal par l’ingestion d’alcool, le monde tangue un peu autour d’elle et elle s’accroche aux paroles de Charles pour se rassurer sur le fait que ça irait bientôt mieux. « Uni is scary. » Répond-elle dans un rire un peu gêné, inquiétudes de la jeune femme qui remontaient à la surface, le masque de confiance s’effaçait alors que les regards s’éloignaient. Elle savait jouer, comedienne jusqu’au bout des ongles mais elle peinait aussi à garder son masque lorsque les événements la bousculaient. « Yeah probably… Well… I don’t even know. She chose for me. » Répond-elle doucement avec la petite moue de celles qui savent qu’elles avaient été imprudentes. « She was… » Elle ne sait pas trop quoi dire, indescriptible était certainement le mot juste mais il lui échappait pour le moment, perdu dans les méandres d’un esprit bien trop rempli d’émotions contraires. « I never did that before, such a kiss. » Embrasser une fille comprendrait-il certainement, mais la vérité était que c’était plutôt son premier baiser period. L’idée que ce dernier ait été partagé avec une demoiselle était un peu perturbant pour la blonde, surtout qu’elle ne pouvait pas prétendre qu’elle n’avait pas apprécié. Elle s’était toujours imaginée aimer les garçons, après tout, n’était-ce pas après eux qu’elle perdait son souffle, se fendant de minauderies à chaque instant sans pour autant attirer leur attention ? N’était-ce pas les traits masculins de Gabriel qui avaient déclenchés ses premiers émois adolescents ? « I think i liked that, this is pretty overwhelming i got to say, I don’t really know what I should think about all that. » Et perdue dans ses pensées, elle finissait par se demander si elle aurait ressenti la même chose si les lèvres qui s’étaient posées sur les siennes avaient été celles d’un homme. Mais elle n’oserait jamais exprimer cette question à voix haute.
« Oh come on, there’s no need to apologize. » Glisse-t’elle à Charles en se redressant légèrement pour l’observer du coin de l’oeil : « You certainly had your reasons, I didn’t sent any letter either. » Perdue dans son quotidien la petite Coldridge avait guetté la compagnie d’autres personnes, volatile petite fleur qui peinait à faire ses choix si elle n’avait jamais oublié l’agréable présence du Sweetlove à ses côtés à l’école, elle n’avait pas pris la peine de garder contact. « We’re here now, present for each other, it’s enough isn’t it ? » Ajoute-t’elle avec un sourire un peu plus large attirant l’attention de l’ethelred sur elle en tapotant doucement son avant bras, tactile jusqu’au bout des ongles, contact avec le jeune homme qui la rassurait autant sur son état que sur le sien. Mais les doutes se Charles ne semblaient pas être apaisés pour autant : « I’m not that good of a friend, am I ? » Les yeux de Prim s’écarquillent, elle se sent terriblement mal de voir son ami aussi affecté. Et elle voudrait le rassurer la blonde, mais avant qu’elle n’ait pu ajouter un traitre mot, le rire faux de Tim se fait entendre auprès d’eux. Il a son air des mauvais coups sur le visage, encore, et ne peut s’empêcher de s’en prendre à nouveau à Charles. Agacée, la blonde serre ses petits poings, pleine de frustration de voir ses deux amis se déchirer ainsi sans comprendre ce qui avait réellement pu se passer pour qu’ils s’éloignent ainsi.

Mais, le comportement du grymm changeant du tout au tout tandis qu’il se tourna vers elle, s’accroupissant pour poser ses bras et sa tête sur les cuisses de la blonde avec un regard brillant, tentant de se justifier de son acte abject. « You’re an arshole Timmy, I hope you know that. » Grogne-t’elle à voix basse en tentant de ne pas se laisser convaincre par les grands yeux suppliants du sorcier. « It wasn’t funny at all I don’t know what your problem is but you have to fix it. » Et si elle se voulait convaincante, son ton s’était déjà adouci à la fin de sa phrase. Parce qu’elle connaissait suffisamment Timothy pour savoir ce qu’il cachait sous ses airs de bad boy. Parce qu’elle savait que son ami était plus que ça même s’il lui prouvait tout le contraire ce soir-là. Car si elle ne comprit pas de suite le manège du grymm lorsqu’il évoqua sa soeur ainée, elle se rendit bien vite compte que ce n’était qu’un jeu de plus. « What the… » Elle jette un regard un peu paniqué autour d’elle, inquiète à l’idée que Rose la voit dans cet état, ou cette tenue même, mais bien vite elle se souvient que la dite Rose n’était plus élève depuis longtemps, et qu’elle l’avait tranquillement laissée à l’appartement quelques heures plus tôt entrain de s'occuper de Malachi. « Stop it Timmy my sister is at home. » Qu’elle s’offusque en reportant son attention sur l’allemand, jaugeant le jeune homme d’un regard qui se voulait sévère mais qui respirait l’incompréhension et le malaise entrainé par les émotions négatives qui avaient à nouveau empli l’atmosphère. Mais déjà, sans lui laisser l’occasion d’en apprendre plus il se redresse, il n’y a plus rien qui laisse transparaitre du regret dans son comportement, comme d’habitude il joue son rôle à la perfection le comédien et offre en guise de pardon déguisé, une chanson à la petite Pokeby.
Le baiser déposé sur sa joue par le Kaiser la fait légèrement rougir mais elle ne fait pas de remarque, tente de rester la plus neutre possible : « See you later ? » Demande-t’elle cependant en serrant une dernière fois l’avant bras du Kaiser dans sa main avant de tenter de faire disparaitre au plus vite le rose de ses joues, pour ne pas mettre l’un ou l’autre des garçons plus mal à l’aise. Elle lui avait déjà pardonné Prim, parce qu'elle était bien incapable de lui en vouloir bien longtemps, mais elle restait plutôt perplexe de ce qu'il s'était passé. Et alors que le grymm s’éloigna finalement vers le bar elle finit par soupirer doucement, main passée sur son visage, esprit embrumé par l’alcool, oscillant entre deux eaux. Rester là et choisir Charles, partir et choisir Tim, elle ne savait pas faire, elle avait l’impression de commettre un impair et ça la rendait anxieuse, elle ne voulait pas que l’un ou l’autre puisse lui en vouloir d’avoir fait, ou pas fait quelque chose. Mais Tim était déjà au bar, accosté par une connaissance certainement et Charles semblait encore affecté par l’évènement précédent. Il l’avait laissée avec lui non ? Elle se massa un instant les tempes, perdue avant de souffler, murmure un peu geignard : « I don’t understand Charles… I don’t understand what happened between you two but it’s making me sad seeing both of you like that. » Son regard attristé tente d’accrocher les prunelles du jeune homme, pour autant sans grand succès. « But for what it worth, I’m personally really glad having you there… » Et on ne pourrait jamais enlever cette candeur presque naïve à Prim, cette honnêteté rafraîchissante lorsqu’elle parlait à ceux qui lui étaient chers.

Un instant, elle ferme les yeux, parce que la tête lui tourne un peu et que l’alcool remonte légèrement dans sa gorge sèche, elle tente de profiter de ce calme relatif que lui offre la présence de Charles, un silence qui parvient petit à petit à calmer l’anxiété qui s’était invitée dans son coeur alors qu’elle s’était trouvée en terre de conflit. Mais bientôt, quelques accords la firent sortir de sa légère léthargie. « Oh… » Le regard de la blonde s’anime un peu alors que les premières notes d’une nouvelle chanson résonne dans le grenier. « He was right, I fudging love this song, aren't you ?» Glisse-t’elle avec un petit sourire laissant sa tête dodeliner au rythme de la musique. Elle n’osait pas réellement demander à Charles s’il avait envie de danser, n’osait pas non plus se lever et se diriger seule vers la piste et ne pouvait pas non plus se tourner vers Tim qui devait à présent être en grande conversation, Ce n’était vraiment pas comme ça qu’elle avait imaginé sa première soirée étudiante mais pouvait-elle réellement dire qu’elle était déçue ?

Une bonne compagnie ? Charles semblait l’avoir trouvé. Ainsi installé auprès de Primrose, il en oubliait tranquillement le reste, ou l’ignorait, déni agréable. Il était tellement plus simple de se concentrer sur l’accent britannique de la jeune femme, sur la mélodie de sa voix que de repenser à ce qu’il venait de se passer. Il n’y avait plus que ce paquet transparent égaré qui le gardait encore au contact de la dure réalité. Celle dans laquelle il avait été humilié et qui le faisait encore frémir lorsqu’il y pensait trop. Alors il se concentrait sur les étoiles qu’il pouvait voir de là ou il était assis, écoutant avec un certain calme la jeune Coldridge lui raconter ce qui s’était passé plus tôt, non sans grogner une nouvelle fois que malgré la bonne compagnie, un troisième verre ne serait pas de refus, juste pour être sûr. Il n’était pas motivé à se lever, cela dit, trop bien installé dans son pouf, si proche d’une fleur au parfum délicat et agréable. Le Sweetlove tourna légèrement la tête, observant de ces prunelles brillantes le visage légèrement gêné de la blonde qui avouait enfin que l’université était terrifiante. Il laissa s’échapper un petit soupire et retourna à l’observation de la voie lactée, répondant à la jeune femme d’une voix tranquille.

- Uni is less scary than life, tho, admit-il, se rappelant alors ce qui l’attendait dehors, se demandant ce qu’il ferait plus tard. Retrouverait-il son quartier Londonien ? Serait-il contraint de suivre son père dans une carrière qui ne leur avait jamais apporté autre chose que son absence ? Ou parviendrait-il à faire quelque chose, à devenir quelqu’un dans un monde qui l’observait parfois étrangement.

Charles n’était pas toujours à l’aise dans le monde des sorciers, et s’il avait pourtant parcouru du chemin depuis sa première année à Poudlard, il y avait toujours quelque chose dans cet univers qui le faisait frissonner. Une inquiétude avec laquelle il avait appris à vivre, un mystère sombre qu’il fixait de ses prunelles bleues mais ne parvenaient pas à résoudre. Le monde qu’il foulait, celui dans lequel il se réveillait chaque matin, avait encore nombre de secret pour le regard moldus qu’il avait sur la réalité. C’était parfois difficile à accepter ou à comprendre. C’était effrayant, oui. Terriblement, même et plus encore lorsqu’on était solitaire comme le pouvait l’être le blondinet. Mais puisque Primrose débarquait enfin à l’université, les choses allaient très certainement s’arranger, non ? Après tout, combien de temps avaient-ils put passer à discuter de tout cela, des complications de ce monde magique, de la complexité d’écrire avec une plume – aussi jolie et douce soit-elle – ou de la difficulté de comprendre certaine matière, Charles n’ayant toujours pas réussi à transformer ce petit moineau qu’on lui avait confié en verre à pied. Il avait beau savoir que rien ne se créé, tout se transforme, passer d’un être de chair à de l’acier froid n’avait jamais été clair pour lui, cela ne l’était toujours pas, d’ailleurs et il y avait encore bien des sujets qui méritaient des éclaircissements.

Ce n’était ni le lieu ni le moment cela dit, puis que Primrose continuait de parler de sa voix mélodique, répondant ainsi aux nombreuses questions du Londonien. Elle ne savait pas ce qu’elle avait bu ? Tiens donc, Charles espérait que Timothy ne l’avait pas lancé dans la fosse au lion sans surveiller de près de ce qui se passait. Primrose était bien trop précieuse, bien trop innocente – fornow- pour tout savoir sur le monde dans lequel elle évoluait, d’autant plus si elle fréquentait le Kaiser ou même Charles, qui n’était pas synonyme de lumière ou de bienveillance. Certains pensait que l’innocence n’existait pas, qu’il n’y avait que des degrés de culpabilité. Il suffisait pourtant de voir Prim pour savoir que cela était faux. Il n’y avait qu’à voir la façon dont réagissait la sorcière, dont elle découvrait la vie estudiantine, avec une naïveté légère, une vision rafraîchissante sur le monde. Il suffisait d’entendre le son de sa voix raconter sa soirée, ce baiser échanger. Un petit sourire étira les lèvres du dealer, amusé par les confessions de la Coldridge. Le jeune homme ne savait pas réellement si c’était d’avoir embrasser une fille qui faisait cet effet là à son amie ou si c’était d’avoir embrasser tout court, il ne poserait pas la question, ne souhaitait pas ajouter davantage de gêne à la sorcière. Si le né-moldu n’était pas étouffé par la compassion ou par l’empathie, il n’en restait pas moins prévoyant lorsqu’il s’agissait de ces amis, personnes déjà bien rares dans son entourage. Elle ajouta cependant qu’elle pensait l’avoir apprécié, sans pour autant savoir quoi en penser.

- Well, if you liked it, that’s it. No need to think more about it., assura-t-il, d’un ton léger, avant de se rappeler à lui des pensées misérables. This is Uni life, you take what you can, you enjoy life while you can. And who knows, maybe you'll see her at the library and you'll become fried.. or more. She was h-pretty, se rattrapa t-il. Il espérait bien que cette soirée allait ouvrir quelques possibilités à la blonde, il espérait cependant qu'elle ne trouve rien de plus qu'une amie envers la Wright qu'elle avait embrassé. Enfin, il n'avait rien à dire, il ne pouvait que le souhaiter.

Charles n’avait pas été là pour Primrose à la fin de ses études chez les Poufsouffles, il n’avait pas été là pour l’accueillir à Hungcalf. Il n’avait pas été là pour son amie et cela le rendait profondément triste, lui rappelant l’état d’esprit lamentable dans lequel il s’était trouvé à la fin de sa propre scolarité. Rejeté par son meilleur ami, éloigné avec violence par le Kaiser, il en avait négligé ces autres connaissances, ne se raccrochant qu’à Summer, étoile isolée dans ce monde de cinglé. Malgré les mots de Primrose, malgré les efforts qu’elle mettait pour tenter de le rassurer, Charles n’en restait pas moins déçu de lui-même, de son comportement, de lui. Comment pouvait-il juger Timothy lorsqu’il n’était pas mieux lui-même ? Une déception, c’était bien cela qu’il était. Il l’avait vu dans le regard bleu de son père, lorsque ce dernier était venu le chercher au commissariat du quartier, il l’avait senti dans les trémolos de sa voix d’ordinaire si stable. Mais même le contact rassurant des doigts de la jeune femme sur la peau de son bras ne permettait pas à Charles de se détourner de ces mauvaises pensées. Des pensées surement encouragées par les évènements qui s’étaient déroulés plus tôt avec Vicky et Timothy, des évènements qui le ramenait quelques années en arrières, au jour ou tout avait changé. Lui aussi, était un piètre ami, le Kaiser n’était pas le seul. Prim méritait très certainement mieux, pourtant elle restait là. Le regard de Charles quitta le ciel étoilé pour glisser vers le visage rassurant de la jeune femme. Elle restait là, compréhensive, soutenait qu’ils étaient là tout les deux maintenant, que c’était ce qui comptait. Il aurait aimé y croire, mais il n’était pas certain de le pouvoir. Et si cela aussi finissait mal ?

Ce fut à ce moment de la réflexion du dealer que Timothy débarqua. Charles aurait presque pu le remercier – non – d’avoir interrompu ses pensées et ce même si les mots qui s’échappaient de la bouche du Kaiser sonnaient comme le claquement d’un fouet. Il était terrible, le pire. Un bruyant soupire se fit entendre, frustration et fatigue de l’étudiant en architecture magique. Il était au bout, il était fatigué, il ne voulait plus rien à voir avec son ancien ami qui s’emblait d’ailleurs bien plus intéressé par Prim que par lui – ce que Charles pouvait comprendre, il était pitoyable alors que Primrose rayonnait, et cela même lorsqu’elle rappelait à Tim qu’il n’était qu’un con. Et puisque Tim l’ignorait royalement, Charles en fit tout autant, s’appliquant de nouveau à se perdre dans le ciel étoilé, écoutant toutefois les excuses du sang-mêlé d’une oreille distraite. Il ne devait pas faire attention à lui, il avait déjà perdu trop de temps avec tout cela. Ils n’étaient plus amis, c’était une réalité que Charles avait encore du mal à accepter, et pourtant c’était terriblement vrai et les mots qu’avaient prononcé Vicky plus tôt, en accrochant une plume rouge dans sa crinière blonde, ne faisaient pas de sens pour le dealer. Rien n’avait de sens. Le jeune homme quitta sa contemplation céleste avec surprise lorsque Tim souffla que Rose était là, la grande sœur de Prim. Il s’était redressé et sans avoir le temps de vérifier les dires du Grymm, reçu entre les mains le paquet de sa marchandise égarée. Il comprit alors l’action du Kaiser et glissa, silencieusement et discrètement, le petit sachet dans la poche de son jean. Il observa ensuite le petit cinéma de l’allemand, regard brillant, expliquant d’une petite voix que la prochaine musique allait très certainement plaire à la sorcière. Charles ne détourna pas ses prunelles céruléennes lorsque le regard clair du Kaiser se posa sur lui. Il affronta ce regard avec courage, se demandant ce qui pouvait bien se passer dans la tête de l’allemand à ce moment là – et d’une certaine manière, ce qui s’y passait en général.

Et puis, un petit pincement se fit ressentir dans sa cage thoracique, alors que son ancien ami déposa un baiser sur la joue de Primrose et que cette dernière posait ses mains sur l’avant-bras du sorcier, comme pour l’empêcher de partir et le garder là, avec eux. Il observait, silencieux, jaloux de cette affection qu’ils avaient l’un pour l’autre. Charles ne doutait pas avoir gagné celle de la sorcière, après ce qu’elle lui avait dit, après qu’elle ait posé ses doigts sur son avant-bras. Mais qu’en était-il de celle de l’allemand ? En voulait-il vraiment ? Serait-il un jour capable d’en avoir ce serait-ce qu’un peu ? Timothy s’éloigna et Charles se laissa tomber en arrière sur le pouf, s’allongea dans toute sa longueur avant de passer une main fatiguée sur un visage qui l’était tout autant. Il soupira, réponse silencieuse aux mots de Prim. Il ne pouvait pas lui dire ce qu’il s’était passé, parce que c’était bien trop récent, blessure ouverte et encore à vive malgré les années passées. L’eau n’avait pas coulé sous le pont brisé de leur amitié et Charles craignait que cela ne change jamais. Alors il ne répondit rien à la blonde, la remerciant silencieusement de ne pas insister, prenant de cette amitié sans problème qu’elle voulait bien lui offrir malgré tout.

- I’m glad too, laissa-t-il échapper.

Des mots honnêtes qui le soulageait et le rassurait. Oui, il était content de retrouver Primrose, de la voir dans ce monde universitaire qu’elle avait si longtemps espéré rejoindre. Et puis la musique changea et l’enthousiaste de la sorcière se fit sentir. C’était une musique pop sorcière qui ressemblait à quelques musiques moldus qui passaient à la radio et devenaient des titres internationaux en quelques jours seulement, des hits qui faisaient danser toute la planète au rythme des basses et des synthé. Ce n’était pas du tout le type de musique du sorcier. Il se leva pourtant et tendit une main à la blonde. Il ne savait pas danser non plus, mais il ne pouvait que s’imaginer que Prim allait apprécier le geste qu’il faisait, alors il allait faire l’effort, pour elle, rien que pour elle.

- Alright come on ! Before I change my mind, cause I’m a terrible dancer, souffla-t-il, d’un ton bien plus léger qu’il n’aurait pu l’espérer. Why don’t you lead ? suggérât-il, le regard brillant.

Prim avait eu raison, une bonne compagnie était bien plus efficace qu’un verre de Whisky. L’alcool aurait pourtant aidé le nageur à se sentir plus à l’aise alors qu’il se dirigeait avec son amie vers d’autres danseurs. Des danseurs tous plus doués que lui, plus alcoolisés aussi. Il s’arrêta un instant, hésitant.

- You don’t want a last drink before that ? questionna-t-il, dernière tentative avant d’être lancé dans la fosse au lion. Maybe.. Maybe Tim is a better dancer than me, laissa-t-il échapper finalement, se retenant de chercher l’allemand du regard. Se retenant de dire quoi que ce soit de plus, laissant ses prunelles bleues observer la jeune femme qu’il avait devant lui, espérant qu’elle lui accorderait un dernier verre, redoutant qu’elle l’abandonne là, tout seul, pour trouver un partenaire de danse bien plus compétent qu’il ne l’était lui.
 

Une fois que Tim eut quitté le duo, l’atmosphère devint quelques instants un peu plus lourde. Parce qu’elle sentait bien que Charles ruminait, parce qu’elle même s’inquiéter de ce qui avait bien pu se passer entre les deux sorciers. Cependant, elle comprenait bien que ni l’un ni l’autre ne souhaitait en parler, elle voyait la douleur, nul besoin d’être doté du troisième oeil pour ça, l’empathie de la gamine suffisait largement. Elle voyait la douleur et la colère aussi, et au fond, ce qui ressemblait à des regrets mais qui était-elle pour les forcer à faire un pas l’un vers l’autre ? Et si ça ne la dérangeait pas d’être présente pour son ami qui avait été secoué par ce qu’il s’était passé quelques minutes auparavant, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’un peu d’amusement ne pouvait pas lui faire de mal, tout pour oublier, tout pour arrêter d’y penser. Le changement d’ambiance musicale sembla tomber comme une excuse toute trouvée : rien de mieux qu’une danse pour laisser les doutes et la mauvaise humeur derrière soi. Elle ne voulait cependant pas forcer la main au jeune homme, elle lâcha l’information, faussement innocemment, s’agitant légèrement dans son coussin, balançant la tête en rythme alors que ses talons commençaient à taper les notes sur le parquet abimé. C’est ainsi Charles le premier qui se mit sur ses pieds, répondant à sa requête silencieuse, lui proposant de l’accompagner sur la piste de danse. « Oooh Charles I love you you know that ? » S’exclame-t’elle le plus naturellement du monde, le sourire jusqu’aux oreilles dans un éclat de satisfaction candide alors qu’elle attrape sa main pour se remettre sur ses pieds en vitesse. Un peu en perte d’équilibre elle met quelques instants à retrouver ses repères avant de tirer un peu sur sa robe pour la faire redescendre à une longueur (presque) décente sur ses cuisses et passe une main dans ses cheveux pour s’assurer qu’ils soient bien en place. « You’ll be more than enough, I’m sure. » Tente-t’elle de le rassurer d’une voix qui se voulait enjouée. Ravie que Charles accepte de danser, elle trépigne un peu et remue déjà légèrement au rythme de la musique alors que les deux jeunes gens se dirigent vers les autres danseurs.

Cependant, avant même qu’ils se mêlent aux étudiants, Charles fait part de ses réserves, de son inquiétude même de ne pas être à la hauteur. Léger froncement de sourcils la blonde fait un pas en arrière pour se retrouver aux côtés du jeune homme. Son regard glisse sur la foule, remarque sans grand mal le visage du Kaiser entouré d’un groupe d’ami mais elle ne s’y attarde pas, concentrant toute son attention sur le Sweetlove. Ses deux mains se posent sur les avants bras du sorcier et elle se rapproche pour pouvoir lui parler doucement malgré la musique qui résonnait dans leurs oreilles : « Stop it Chuck, you’re the one who is here, you’re the one I want to dance with, so we’re going to dance, and we’re going to forget him for few minutes, can you do this for me ? » Souffle-t’elle dans un murmure, regard clair plongé dans celui du jeune homme, voix qui se voulait plus mature que d’ordinaire, presque adulte mais qui ne dure pas car une lueur d’innocence reprend vite sa place au fond de ses pupilles et son ton se fait à nouveau candide : « Please ? » Elle bat quelques fois des cils face à sorcier, grands yeux clairs qui se font implorants, cherchent à le convaincre d’embrasser quelques instants d’insouciance avec elle. Il a toujours eu cette lueur de gravité au fond des yeux Charles, cette lueur qui donnait l’impression qu’il en avait déjà trop vécu pour son âge Cependant, il y a bien quelque chose qu’elle peut faire pour l’aider un peu. « Wait for me a second would you ? you’d be a gem. » Elle dépose un baiser sur la joue du jeune homme avant de s’éclipser furtivement vers le bar, pressant le pas sur ses talons hauts pour ne pas rater toute la musique. Quelques mots au barman, un large sourire et elle se fait servir deux shooters aux saveurs un peu moins girly que ceux qu’elle avait bu précédemment, mais parfaits pour donner un petit coup de boost à Charles.

Quelques secondes plus tard, elle réapparait à la lisière de la piste improvisée où se déhanchaient, parfois plutôt lascivement, quelques élèves et vient fourrer un verre à shooter dans la main du Sweetlove, son jumeau bien accroché entre ses doigts. « Okay here is for you, bottoms up ! » Palabre emprunté sans vergogne à la demoiselle qui l’avait initiée elle entrechoque son verre à celui de l’ethelred avant de basculer la tête en arrière pour le boire d’un trait. Légère grimace, elle serre les dents et sent sa vision devenir floue durant quelques instants, couleurs qui se mélangeaient, lumières qui devenaient plus intenses elle vacille un peu mais parvient à se reprendre rapidement. Elle sent son esprit un peu embrumé mais il y a aussi cette petite boule d’angoisse liée aux tensions qui existaient entre ses deux amis qui se délie alors que la boisson fait son chemin dans son oesophage libérant une chaleur agréable dans tout son corps. « You feel better ? » Demande-t’elle dans un sourire. Pourtant, c’est sans réellement attendre la réponse du principal intéressé qu’elle l’entraine au milieu des danseurs dans un rire cristallin. Et elle danse comme si personne ne la regardait la Coldridge, se laissant emporter par le rythme pop de la musique. Enfin, pas exactement, parce qu’elle voulait faire la belle Prim, elle faisait rouler ses hanches au rythme des basses, glissait parfois ses mains dans ses cheveux, faisait mine de ne pas regarder autour d’elle mais elle voulait se montrer, elle voulait marquer les esprits. L’alcool l’aidait à ne pas trop s’inquiéter du regard des autres, relâchait l’appréhension, relâchait ses muscles et elle dansait, sourire aux lèvres, laissant de temps en temps ses yeux se fermer pour vivre le rythme. Parfois elle jetait un coup d’oeil à Charles et bientôt elle vient se rapprocher fortement de lui, essayant de lui transmettre son enthousiasme contagieux : « Come on hun' just move it’s not difficult ! No need to overthink ! Look at me ! » Qu’elle s’amuse en attrapant une des mains du jeune homme, le guidant dans un rire fluet à la faire tourner sur elle même avant de continuer à se déhancher près de lui, à la limite d’une décence innocente. C’était tout ce qu’il lui fallait, un peu de musique et quelques pas de danse et elle espérait que Charles prenait autant de plaisir qu’elle, qu’il se détendait un peu.

Et si cette soirée n’était pas celle qu’elle avait imaginé, tous les scénarios rayés les uns après les autres, elle ne pouvait pas dire qu’elle ne s’était pas amusée. Elle ne pouvait pas dire qu’elle avait ris, elle ne pouvait pas dire qu’elle n’avait pas été surprise, charmée, elle ne pouvait pas dire qu’elle n’avait pas plongé la tête la première dans le monde étudiant : et elle était ravie. Ravie tandis qu’elle tournoyait encore quelques fois accrochée au bras de Charles, ravie aussi d’avoir répondu au défi, fourbe, de Tim, ravie d’avoir retrouvé ses deux amis même si elle aurait préféré qu’ils se soient retrouvés eux-aussi.

I don’t know what your problem is but you have to fix it. Timothy ne réagit pas à ces mots, aussi douloureux et vrais soient-ils, ce n’était pas vraiment le moment de discuter de son problème avec Primrose, et puis, elle ne se doutait pas d’à quel point ils étaient nombreux, ses problèmes. Une idée stupide lui vint à l’esprit en regardant la Pokeby qui perdait déjà de sa colère face à son air innocent, savait-elle pour le décès de sa mère ? Lui avait-il dit ? Il n’en avait pas le souvenir. Il secoue un peu la tête, ces pensées n’avaient pas leur place ici, maintenant.

Il était si facile d’apaiser la Coldridge, de se faire pardonner, c’était un exercice qu’il maitrisait. Tout comme celui de la distraire, évidemment, Rose n’avait rien à faire ici, dans une fête au grenier, mais l’idée de se faire surprendre par un proche dans ce genre de situation restait effrayante. On vérifiait d’abord, on revenait à la raison plus tard. Il remarque l’air un peu perdu de la jeune femme alors qu’elle se rend compte qu’il joue – une fois de plus – la comédie. Pourtant, il refuse de se sentir coupable de se jouer ainsi de son amie, il la protégeait à sa façon. Ce n’était pas vraiment la soirée idéale pour Prim, mais eh, au moins c’était mouvementé ? Il sourit avec plus de douceur alors qu’elle s’accroche à son avant-bras, les joues de la jeune fille se colorent de rose et Timothy passe sans doute plus de secondes qu’il ne le faut, ainsi, figé au-dessus d’elle, admirant la Pokeby, sa candeur, son innocence qui ne durerait sans doute pas longtemps à l’intérieur de ses murs. Une nouvelle fois, l’envie de la protéger se fait ressentir, il n’a pas vraiment envie de la laisser avec Charles, surtout vu la façon dont ce dernier l’avait regardé précédemment. Mais il ne pouvait pas rester non plus. Si ce n’est que pour accorder à la jeune femme une fin de soirée agréable.

« See you later. » confirme-t-il, il restait de toute façon, il ne serait pas loin. Mais tant que Charles était là, il préférait s’éloigner. Il se relève et, après un dernier sourire, il se dirige vers le bar et reprend une bière, il avait fait disparaitre le boa vert. De ses prunelles claires il regarde la foule, les danseurs sur la piste, ceux qui riaient aux éclats, ceux qui s’embrassaient dans un coin, ceux qui avaient trop bu et qui ne tarderaient pas à vomir. Comparé à ce qu’il faisait croire, ce genre de fête n’était pas vraiment sa tasse de thé, mais le personnage qu’il s’était créer aimait s’amuser et draguer, il aimait ne pas finir la nuit seul et ne disait jamais non à la compagnie d’une jolie demoiselle. Alors il sourit en rejoignant un groupe de personnes qu’il connaissait, il discute, rit et fait bonne figure.

La conversation est facile, et il peut garder un œil sur la Pokeby. Un sourire satisfait étire les lèvres du Kaiser alors qu’il aperçoit de loin la tête blonde de Prim dodeliner au rythme de la musique, il avait vu juste, évidemment.  Restait à voir si Charles l’inviterait à danser, il ne lisait pas sur les lèvres, mais il pouvait presque deviner ce que dirait le Sweetlove. Il allait prendre sur lui, il allait inviter Primrose à danser, il la préviendrait sans doute qu’il était un mauvais danseur…Timothy détourne le regard. Il y’avait des pensées qui devaient rester à l’arrière de son esprit, les souvenirs de jours meilleurs, du corps de Charles pressé contre le sien alors qu’il tentait vainement de lui apprendre quelques pas de danse, ils finissaient toujours par se déconcentrer. Sans trop s’en rendre compte, Timothy croise ses bras, il sentait comme un vide dans sa poitrine, c’était subtil mais douloureux, ça lui serrait la gorge un peu. C’était toujours la même chose avec Charles, toujours. C’était le Kaiser qui insultait, qui humiliait, qui souriait à la fin de leurs altercations, mais c’était aussi toujours lui qui était en manque, lui qui était seul, lui qui perdait finalement. Il se risque à les regarder de nouveau. Charles et Primrose dansaient au loin, un sourire amusé étire ses lèvres à la façon dont la jeune femme se déhanche, il se serait sans doute gentiment moqué de Prim si elle avait été à sa portée, mais elle ne l’était pas, et son sourire meurt alors qu’elle se rapproche un peu trop de Charles, que leurs corps se frôlent et que – pour une raison qu’il ne saisissait pas -, son souffle se coupait un instant. Le vide dans sa poitrine grandissait, et Timothy se sentait mal, un peu comme lorsque Pol avait embrassé Charles mais ce n’était pas vraiment ça, ce n’était pas de la colère, ni de la jalousie mal placée.

Juste du manque.

« Tim ? You alright ? », la voix inquiète de Susan le sort de ses contemplations, Timothy relâche immédiatement ses bras et relaxe sa posture, peut-être un peu trop rapidement.  « Yeah, of course, you know me, always happy, why you asking ? », répondit-il avait un grand sourire, il est un peu trop enthousiaste sans doute, et la Lufkin fronce un peu plus les sourcils, elle semble hésiter mais finit par capituler devant son air faussement joyeux. Timothy est prêt à inventer une excuse pour partir, ne se sentant pas vraiment capable de jouer la comédie plus que ça, mais un sourire éclaire le visage de son amie et elle prend sa main. « Let’s dance then, Mr Always Happy. » annonce-t-elle, n’attendant pas de réponse de sa part. Il n’hésite qu’un moment avant de serrer la main de son amie, s’y raccrochant presque et se laisse entrainer vers la piste de danse. Il ne sait pas si Susan avait compris ce qu’il se passait – lui ne comprenait toujours pas en tout cas – mais elle choisit un endroit qui ne lui permet pas d’avoir Charles et Prim dans son champ de vision. Il ne s’en plaint pas, en ce moment précis, Susan était exactement ce dont il avait besoin et il sourit en s’imprégnant de la musique, son corps bouge en rythme, s’accorde avec celui de la Lufkin, leur complicité était au rendez-vous, et bientôt les rires s’échangent en même temps que les pirouettes théâtrales et légèrement ridicules. Ça lui est égal, et son regard brille de gratitude pour son amie, accueillant tout le réconfort qu’elle lui offrait.

But the emptiness in his chest was still there.

Charles n’avait pas besoin de plus que l’enthousiasme de son amie pour se déclarer certain d’avoir fait la bonne action. Offrir à Primrose de danser était une façon pour le jeune homme de se rattraper. Récupérer ces années où il n’avait pas été présent, mais surtout apporter un peu de joie dans cette soirée qui avait été jusqu’à maintenant une déception. La déception de voir que deux amis proches s’étaient éloignés et que ni l’un ni l’autre - malgré l’évidente douleur de cette distance - n’étaient en mesure de faire le premier pas afin de tenter de réparer ce qui avait été brisé. Alors le sorcier ne voulait qu’une chose : montrer à la jeune Coldridge qu’il n’y avait pas que cela. Qu’une fête estudiantine pouvait toujours s’avérer amusante, que le début d’un tel évènement ne fixait pas la fin dans le marbre. Alors malgré ses piètres qualités de danseur, il s’était lancé, se laissant guider par un instinct qu’il ne soupçonnait jusqu’alors même pas. Il n’avait pas bu beaucoup pourtant, pas assez même, pour se lever si rapidement et offrir la piste de danse à son ami. Peut-être était-ce de ce rire qu’il s’enivrait et qui le poussait ainsi à se montrer bien plus courageux qu’il ne l’était en réalité.  Peut-être bien, il n’était pas trop en mesure de le dire. Il se laissait déjà guider par les boucles blondes de la jeune femme. Il essayait de se rassurer dans l’énergie que semblait avoir retrouvé la sorcière, s’inspirant de ce zèle qui la faisait presque piétiner sur place, malgré la hauteur de ses talons. Charles suivait docilement, observant la silhouette devant lui d’un regard bien plus appuyé qu’il ne l’aurait surement voulu, se laissant guider. Il allait réussir à faire quelques pas, right ? Ne serait-ce que pour faire plaisir à la jeune femme, ne pas la planter la, sur la piste de danse alors que c’était lui qui lui avait proposé. Le Sweetlove n’était pas du genre à fuir – sauf s’il y avait quelqu’un de vraiment, vraiment indésirable dans son champ de vision (Timcoucou) – alors il ne fit que s’arrêter.

Le doute le gagnait doucement. Chaque pas qu’il faisait en direction des autres danseurs se faisaient plus lourd, comme si son corps même savait qu’il n’était pas bon danseur. Ce n’était pas faute d’avoir essayé, cependant. Il pouvait se souvenir de la musique résonnant contre les murs de pierres de Poudlard, il se remémorait le regard brillant de son partenaire de danse, de son ami, du meilleur qu’il n’avait jamais eu. Il se souvenait de la puissance du moment, de l’odeur de Timothy. De.. Il ne pouvait pas. Il n’était pas bon danseur, il ne ferait que se ridiculiser et il emmènerait Primrose avec lui. Il ne pouvait pas faire ça, elle méritait mieux. Et Charles savait que la Kaiser était un bien meilleur danseur que lui. Tout le monde devait le savoir, d’ailleurs. Un coup d’œil suffisait pour savoir que le corps de l’allemand avait la souplesse des bons danseurs. Le Britannique, en revanche…

Alors le sorcier s’était arrêté, levant des prunelles brillantes vers la Pokeby. Elle voulait danser, elle aimait cela, Charles n’en doutait pas. Mais lui avait besoin d’un peu plus, finalement. Il avait besoin du feu de l’alcool, du courage de la brûlure. Les paroles de Prim le rassuraient un peu, certes, mais le mais persistait, bien ancré dans son esprit. Oh qu’il était misérable, pitoyable, même. Finalement Tim avait bien fait de le repousser, il était ennuyeux, manquait de courage et n’était même pas capable de profiter d’une compagnie comme celle de Prim. Il était trop coincé pour se laisser aller sur le rythme pop d’une musique sorcière, pas plus qu’il n’était en mesure de se laisser aller, de laisser sur le bord de la route ces problèmes et de laisser la musique l’entraîner dans un autre monde. Il ne savait pas faire ça, le Sweetlove. Même s’il en avait envie, cela ne passait pas, comme un blocage perdu qui l’empêchait d’avancer, de se laisser porter.

Il resta bien entendu immobile lorsque Prim se dirigea vers le bar – que pouvait-il faire, de toute façon ? - , l’observant d’un œil curieux. Et son regard s’intensifia un peu plus lorsque la blonde revint, deux shots entre ces doigts. Ses prunelles bleues brillèrent alors que l’odeur parfumée de l’alcool choisi parvint aux narines du dealer. Alright, avec ça, tout irait mieux.

- Bottoms up ! s’exclama-t-il, écho parfait des mots de la jeune femme, pas le moins du monde surpris qu’elle les ait déjà entendus. Il n’avait ni le temps, ni l’état d’esprit pour savoir ce que Primrose savait ou non de la vie universitaire. Elle voulait danser, de cela il en était certain, et il s’en contenterait pour l’instant. Le sorcier but son verre d’un coup et la puissance de l’alcool ne mit pas longtemps à faire son effet, dévalant son œsophage, lui rappelant subtilement qu’il n’avait rien à perdre, qu’il devait s’amuser, qu’il devait lâcher prise. Un signe de tête bref suffit pour répondre à la question de la sorcière. Il allait mieux, assez en tout cas pour commencer doucement à se remuer. Il ne serait jamais capable de bouger comme la jeune femme, mais cette raideur et cette stabilité avait cela de bon qu’il pouvait la voir danser. Elle était à l’aise, et cette aisance se transmettait peu à peu au londonien, qui s’abandonnait lui aussi à la musique, tentant de suivre Primrose. Il se laissait guider, le Charles, il tournerait en rond autrement, perdu qu’il était. Il suivait les pas de la blonde, la laissait lui attraper la main pour tourner. Il ne suivait pas trop le rythme de la musique, mais il s’amusait. Il s’amusait comme il ne s’était pas amusé depuis longtemps, il se laissait porter, lâchait du lest. Au rythme de ses pas, un sourire se dessinait sur son visage, et ses prunelles brillaient d’une lueur rarement visible. De la joie, peut-être. Celle d’être là, d’avoir retrouver Prim. Parce que c’était bien ce dont il devait retenir de cette soirée. Prim. Lorsqu'il croisa son regard, d'ailleurs, les lèvres du sorcière mimèrent des remerciements silencieux. il ne crierait pas à travers la foule pour passer au dessus de la musique, un thank you silencieux suffirait. La reconnaissance qui brillait dans son regard aussi.