La mine renfrognée, les bois dressés vers le ciel, tu avances derrière la poussette dans laquelle ton fils ne cesse de souffler des vocalises pour t’interloquer. Son premier mot aura été ‘’papa’’ et c’est ce qu’il ne cesse de répéter. De temps à autres, en fonction des arrêts que vous réalisez aux différents stands, tu t’agenouilles vers ton fils que tu embrasses d’une formidable tendresse.
Tes bois de cervidés le font rire, il tente de les attraper à chaque fois. Tu te redresses, les yeux pointés en direction du ciel. « Je t’ai dit que je n’ai pas l’allure d’un renne » renchéris-tu auprès de l’espiègle blonde qui t’accompagne. « Côme se moque de moi. J’aurais dû prendre cette cagoule niffleur qu’il y avait au stand à l’entrée … » L’animal fétiche, la toute première créature que tu as adopté à Poudlard.
Tu balaies la foule, les gens flânent dans les allées avec une tranquillité qui détonne d’avec ton abord des autres. Tu as du mal à te sentir bien aussi entouré. Tu aimes les petits comités ou les grands groupes de personnes connues. Le lien à l’autre t’est difficile mais tu progresses de façon spectaculaire. Surtout grâce au travail qui te pousse dans tes derniers retranchements. Car en vérité tu es un orateur de qualité.
Après quelques pleurs, tu reportes ton attention vers ton fils qui réclame ta présence. Tu confies la poussette à celle que tu considères maintenant comme ta compagne. Le chemin a été long de ce côté-là mais les choses ont changé. En positif. Le petit bien installé dans ton étreinte, tu mimes des grimaces toutes plus ridicules les unes que les autres. Les éclats reviennent, la joie. Cet enfant a un pouvoir impressionnant sur ton humeur.
« On devrait se trouver rapidement. Aedan et moi sommes parmi les géants de ce village de Noël » Oui, deux hommes aux jolies hauteurs. « … Hm, Lady Kate, je crois qu’il n’y a plus de place dans le loft pour de nouvelles décorations … » indiques-tu en l’observant se tourner vers un stand dédié à l’intérieur de la maison. Par pitié, tu n’en peux plus de toutes ces babioles étincelantes.
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It's beginning to look a lot like Christmas
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Elle avait habillé, déshabillé et rhabillé son fils plusieurs fois avant qu’il ne finisse par perdre patience essaye de s’échapper des griffes inquiètes de sa mère. Sauvé par un Aedan sauvage qui fit relever le nez de la jolie blonde, Malachi était venu se planquer dans les jambes du grand brun en gloussant, quand Rose lui avait ouvert la porte. La vue du Walsh à la tignasse perdue dans sa grosse écharpe un peu ringarde avait suffi à détendre la jeune mère, qui laissa finalement sa dernière tenue à son fils, avant de l’enjoindre à aller chercher son doudou dans sa chambre et de s’installer dans sa poussette pour la promenade de l’après midi. Le petit avait obéi sans discuter, et pour cause : il n’avait d’yeux que pour Aedan, et il avait bien compris que la ballade du jour était un peu spécial, et curieux comme le sont les enfants de son âge, il ouvrait des yeux grands comme des soucoupes, attiré par le moindre point de lumière scintillant.
- Ca dépend, tu t’es lavé les dents ou pas ? Ma maman m’a dit que les garçons s’étaient comme les trolls, ça ne savait que se curer le nez.
Si il voulait la jouer comme ça, elle lui donnerait le change, il fallait dire qu’elle avait grandi avec six petites sœurs, dont une qui sortait tout juste de l’enfance, alors ce genre de répliques, elle en connaissait des centaines. Elle lui offrit un sourire charmant, avant de lui attraper le col, d’abord pour le redresser d’un mauvais pli, puis pour l’embrasser tendrement. Il lui avait manqué, la fin d’année n’avait été que course et pure folie, entre ses tours de garde à lui, les projets de cabinet à elle, elle avait eu l’impression de devoir prendre rendez vous pour avoir l’occasion de le croiser une petite heure. Alors pouvoir prendre le temps de déambuler entre les étals colorés et parfumés, sans avoir à presser le pas, c’était presque un rêve.
- J’ai dit à Kate de nous rejoindre vers la grande roue, c’est suffisamment voyant pour ne pas se perdre. Après, connaissant l’animal, elle doit surement être en train de négocier avec ton copain pour acheter d’autres décos. Elle est presque pire que Prim la dessus, c’est pour dire…
- Tata ?
Le petit garçon avait relevé le nez, curieux, et sa mère caressa sa joue un peu rouge, attrapant le bras d’Aedan pour le guider jusqu’au guichet de la roue semi immergée. Ils n’avaient plus qu’à attendre, et elle était persuadée que Malachi sera ravi de partager sa promenade avec un autre petit garçon.
- Dis … tu as prévu quoi, toi, pour noël ? Tu es de garde ?
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Morose, comme souvent, mais d’autant plus muni de ces brindilles sur le front. L’espoir des retrouvailles avec le dadais dont la taille est aussi massive que la tienne. La plainte incessante sous les moqueries du fils qui demeure aussi espiègle que tu peux l’être par moments.
Tu essaies de fuir toute cette foule et encore davantage ces emplettes dont tu ne comprends que peu l’intérêt. Tu aimes les fêtes de fin d’année, ce qu’elles apportent de joie et de bonne humeur ; mais la décoration ne doit pas être étouffante. Le sens artistique te guide plutôt vers des tonalités harmonieuses, moindres mais des pièces de qualité.
La risette naissante au creux de tes lippes démontre la réassurance permise par les dires de la belle. Sa vision du monde est tout à fait autre à la tienne. Compatible toutefois. Globalement pessimiste, ne t’attachant pas à de faux espoirs. En vain. Tu ris à l’idée que la cagoule puisse influencer le comportement de Victor, tu imagines déjà le carnage que cela engendrerait.
Tu notes que la grande roue sera votre point de ralliement, que Rose est une jeune femme de haute taille. Et puis tu reconnaitrais Aedan entre mille. Demeure en ton esprit la résignation. Celle dont fait preuve la belle Lewis à l’égard de tes dires concernant les décorations. Tu sais pourtant que des concessions sont nécessaires. Mais là, tu n’en as pas fait. Le regret s’empare de toi, sans doute feras-tu en sorte de revenir là-dessus.
Un peu effacé, tu te laisses enlacer par l’aspirant médicomage que tu viens étreindre en retour. Un rire enfreint le passage de tes lèvres. « Merci … Ce n’était pas mon idée » lui intime-tu discrètement. Tu accordes un signe de tête respectueux envers Rose dont tu sais qu’elle est une consœur soignante.
« Bonjour, Kashmiri, enchanté ». L’enthousiasme palpable, tu sais te montrer agréable et sociable. « La fameuse Lady Kate … » résumes-tu finalement, le regard entendu, la référence à la découverte de tes cachoteries par tes deux amis. « J’aperçois un stand de chocolat chaud là-bas, il doit bien y avoir de quoi manger… Des crêpes, des churros … »
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Comme cela lui arrivait souvent, Aedan avait oublié de lui répondre, et Rose était incapable de lui en vouloir. Distrait par les lumières et les sons qui s’échappaient de part et d’autres du village de Noël, il avait préféré se concentrer sur les babillages de Malachi, avant que les silhouettes distinctes de Kate et Kash ne se découpent dans la foule. Les deux blondes se tombent dans les bras, comme souvent, elles ne se sentent pas contraintes pas la pudeur hypocrite dont se drapent certains : Elles ne se voyaient pas aussi souvent qu’elles l’auraient voulu, se manquaient, souvent, et le fait de se revoir en fin méritait bien une expression de satisfaction sincère.
- Et comment, j’ai l’impression que cela fait un millénaire au moins. * elle déplia le petit bonnet avec un sourire sincère* Ok, c’est bien trop mignon, il va adorer.
Elle changea rapidement le bonnet sur la tête de son fils, lui donnant l’ancien qu’il se mit à téter distraitement, absolument fasciné par la coiffe de Kash qui s’était approché avec bien plus de retenue. Rose n’avait pas eu vraiment l’occasion de rencontrer le médicomage avant aujourd’hui, mais ne manquait pas d’information sur lui. D’ailleurs, elle serra les mains de Kash dans les siennes avec la chaleur qui lui était caractéristique, un petit sourire en coin accompagnant l’oeil qui pétille.
- Plaisir partagé. Je connaissais déjà fort bien Darius et Evan, de longue date, je rencontre enfin le dernier des quatre mousquetaires… Et je comprends mieux pourquoi Kate n’était finalement pas si pressée de te partager.
Elle était bien au courant que ce n’était pas si simple que cela, que l’histoire entre sa meilleure amie et son nouveau compagnon était autrement plus complexe, mais sa décontraction de façade avait un objectif bien précis : faire comprendre à Kash qu’elle n’était ni une menace, ni un obstacle. Elle savait bien des choses, mais ne se permettrait jamais de juger. Elle était de toute façon bien mal placée pour. Elle baissa les yeux vers son fils qui, de quelques mois l’aîné de celui de Kash, se penchait dangereusement dans sa propre poussette pour essayer de toucher les doigts du petit garçon, curieux comme un niffleur. Comme ses parents, le petit Coldridge-Muller était tout sauf un timide, et faisait de grands signes et autres sourires charmeurs pour attirer l’attention de l’autre enfant, avant de tourner la tête vers le père, le fixant de son troublant regard vairon.
- Chocolat ? Oui ! Hop hop, chocolat !
Rose gloussa en décochant un petit coup de coude à Aedan, les mains sur son bolide, prête à le faire déambuler entre les passants.
- Puisque ces messieurs ont tous la même envie, ce serait moche de vous frustrer… Mais je vous préviens, vous êtes responsable du gouter ET des lessive en cas de carnage par overdose de cacao, n’est pas Kate ?
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L’accueil offert par la blonde se fait porteur et détonne de ton caractère boudeur. Tu t’es néanmoins montré agréable et tout à fait avenant. Sincères salutations, comme le voudrait la politesse commune. La convocation des deux compères n’est pas sans te laisser indifférent, bien sûr. Deux personnalités exceptionnelles – l’une plus théâtrale que l’autre. Risette qui bien que légère témoigne de ton appréciation de ses dires.
Tendresse dans le regard, tu admires la scène qui s’offre à vous. Le petit Coldridge-Muller bien au fait de ton fils puis de ta personne à l’invitation faite. Tu pouffes de rire devant un tel enthousiasme. Les enfants sont fantastiques car capables de se réjouir de bien peu. Ce à quoi les adultes ne sont que bien trop peu enclins. Ton regard se joint à celui de ta compagne que tu gratifies avec douceur. Possessivité loin d’être déplaisante.
« Oui … A tout … Je ne suis plus à une lessive près … » La mine outrageusement marquée par la peine. Tu mimes avec brio la possibilité d’être surmené sous de telles tâches. Aedan s’empare de la question et témoigne qu’il existe plusieurs stands sur le chemin. Tu acquiesces avant de prendre le relais de la poussette jusqu’au stand dont la devanture est impressionnante. Les premières sélections opèrent tandis que tu restes toi-même incertain face au choix.
« … Je prendrais une gaufre, Nutella. Et pour le petit mettez-moi un peu de poudre chocolatée de côté, je me débrouillerais » ajoutes-tu à sa suite. « Que prendront ces dames ? » demandes-tu poliment en direction des deux jeunes femmes. Le temps d’être servi, tu t’accroupis en direction de ton fils que tu gratifies d’un immense sourire. Ses petites mains s’approchent de ton visage et attrapent ton nez, alternant avec une mèche de cheveux. Tu embrasses ses paumes avec délicatesse au rythme de ses ‘’papa’’.
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Cela ne surprenait même pas Rose une seconde que Kate ait, encore une fois, cassé sa tirelire pour recouvrir son fils de cadeaux. Kate n’avait pas franchement d’instinct maternel, pour le moment en tout cas, mais elle faisait une tatie gateau formidable. Elle gâtait son fils à outrance, bien plus que ce que la jeune mère était capable de faire elle même d’ailleurs, mais elle ne l’en empêchait pas : elle savait qu’au final, elle se faisait aussi assez largement plaisir ainsi.
- On se débrouillera pour venir entre Noël et le jour de l’An, de toute façon, on ne bougera probablement pas d’Inverness. N’est ce pas ?
Elle avait pressé doucement la main d’Aedan pour avoir une confirmation de ses propos, plus par acquis de conscience qu’autre chose : Après tout, elle ne comptait pas remonter dans les Highlands pour les fêtes, pas après le drame qu’avait été son Noël précédent dans sa famille. Ils feraient surement venir les autres sœurs de Rose pour un diner, sous l’impulsion de Prim, et puis ils feraient surement une journée de Noël avec Niamh et Cael, afin que le père et le fils puissent faire un véritable noël ensemble dans de bonnes conditions.
- Je ne pense pas qu’il se contente d’une sucette si nous prenons quelque chose de plus gros, je le connais, il va vouloir faire comme les grands … Je vais lui prendre une crêpe avec du sucre, et si il fait des confettis et en laisse la moitié, je finirai ce qu’il restera. Par contre, je veux bien une boisson chaude, peut être un cidre à la cannelle ?
Elle ne doutait pas une seule seconde que le petit garçon ferait un sorte à son dessert, elle n’aurait qu’à s’assurer que la crêpe ne serait pas trop chaude, et il pourrait la décortiquer du bout de ses petits doigts déjà habiles. Alors qu’Aedan commandait pour eux trois, elle s’était approché de Kash et Côme, nécessairement attendrie par la complicité entre le père et le tout petit. De ce que lui avait dit Kate, la maman n’était plus vraiment dans le tableau, un papa solo comme elle même avait été bien seule pendant un moment, bien que Caël n’ait jamais cherché à se défausser de son fils.
- Il est tellement mignon… Quel âge a t’il, maintenant ?
C’était le drame avec les enfants, ils grandissaient tellement vite que l’on perdait bien facilement le compte des semaines, des mois voire des années...