- InvitéInvité
sometimes, all the time (nathaniel iii)
Dim 25 Avr 2021 - 21:19
sometimes, all the time,
23 janvier 2021, 22:45. (mood)
do you miss me now that you are all alone?
once your party cools down, call your girl back home
it don't seem right that I can only reach you when you decide.
(tenue) Les lieux de pouvoir ont toujours été des espaces de quiétude dans ton quotidien. Là où vibrent les puissants, les ballets sociaux s’orchestrent de façon si ordonnée qu’on les croirait souvent répétés et astreints à une chorégraphie planifiée d’avance – mais c’est que les êtres humains habitués au pouvoir et travaillant vers des buts sont prévisibles dans leurs actions, déclinées à l’infini. Les désirs criblent l’âme de certitudes et de marches à suivre, et si tous les hauts placés des différents organes gouvernementaux que tu côtoies ne sont pas tous taillés du même bois, ils ont des nœuds bien similaires. Parmi ceux-ci, tu ne fais pas exception, si on oublie quelques avantages attribués par une nature double et des instincts roublards. Surtout, une volonté de mettre les heures derrière le travail – nulle famille à rentrer abreuver de ton affection, aucune obligation pour sertir ton horaire de trous à temps inévitables. Il y a les tâches à accomplir, les buts à avancer, les intérêts à satisfaire. T’es qu’un pion sur l’échiquier (allons, peut-être une tour, au moins), mais qu’est-ce que t’es à l’aise lorsque tu fends les cases d’ivoire, Lubia. Un intérêt depuis l’adolescence pour les coulisses du pouvoir, attisées par la faim lupine qui te tenaille l’âme depuis tes dix-sept ans – elle a besoin de proies, et toi, t’es trop heureuse de les lui donner.
T’es frustrée, Lubia. T’es frustrée, et inquiète, et tu t’astreins avec une énergie tissée de rage à tes tâches, le contrôle implacable de tes facultés mis en exergue. On n’aurait jamais cru que tu serais capable de mettre les bouchées doubles au travail, toi qui dévores tout ce qui se trouve devant toi, et pourtant – t’es insatiable, t’as besoin de boucler tes dossiers, de faire des gains, de découvrir des secrets sur les bonnes personnes pour les faire chanter mieux encore qu’un maître d’orchestre. Pour l’heure, tu es en attente d’un collègue, et tu as fini par quitter ton antre personnel pour arpenter les couloirs autour de ton Département. L’Insubmersible ne te tente pas, et tu as envoyé un texto à @Zahia Saouli pour qu’elle prenne Rufus avec elle pour la balade de Shy.
Les entrailles du Ministère ne vibrent plus de leurs bruits ordinaires, mais au silence typique des fins de soirées au cœur du pouvoir sorcier, une tension se glisse entre les murs, suinte des baies vitrées ponctuant le hall principal, où tu marches pour l’instant. Dans l’air, ou dans tes membres, Lubia, la tension? T’en sais rien, tu ne veux pas le savoir, au demeurant. Tu te défouleras bien sur un sac de frappe plus tard pour diffuser l’énergie en trop qui se glisse dans tes muscles, de savoir que dans quelques jours, le loup russe vivra sa première pleine lune et qu’il refuse obstinément tes tentatives de contact. Si tu n’étais pas si débordée, tu ferais probablement le pied de grue devant son logis, mais il semble avoir renforcé la sécurité, depuis. Damn men and their fucking egos. Damné soit-il, lui, spécifiquement, qui ignore tes appels à la raison depuis près d’un mois. Appels bloqués, textos demeurés sans réponse et messages envoyés par patronus, ignorés – et c’est que tu ne peux pas lui écrire ce que tu as à lui dire, ce serait trop dangereux, pour deux lycans non-fichés par le Ministère. Depuis plus de quinze ans, c’est ta paranoïa qui te sauve, et tu n’es pas prête à mettre en danger ta propre peau pour protéger un loupiot incapable de marcher sur son propre orgueil pour demander de l’aide.
Tes phalanges font rouler tes précieux dés taillés dans de l’ivoire de dragon, appréciant le son lourd des pièces scintillant d’un léger voile diaphane contre tes paumes. Tu as tôt fait de faire le tour des boyaux les plus importants de la Bête, un regard accroché sur tel bureau pour regretter qu’une connaissance ou une autre ne s’y trouve pas. Tu leur aurais volontiers proposé une partie de dés pour faire passer le temps – qu’est-ce qu’il est lent, l’idiot de juriste auquel tu as dû demander un avis juridique, et encore, qu’il se considère heureux que t’aies pris le temps de le faire. D’ordinaire, tu aurais passé outre et haussé les épaules si on t’avait attrapée, mais c’est chose connue, dans ton Département, qu’on t’a embauchée pour une certaine efficacité (et un léger dédain des normes internationales) typiquement russe.
Tu finis par rejoindre tes quartiers, certaine que le gratte-papier aura enfin pondu quelque chose de potable – oubliant au passage ta gratitude qu’il travaille de nuit, lui aussi – et t’arrêtes presque dans tes pas lorsque tu vois la silhouette du juge face à ton bureau. Tu avances, observant son profil, la façon qu’ont ses pommettes de creuser des ombres dans ses joues sous la lumière diffuse de la nuit. Beau, et tellement fatigué – tu le vois, dans son maintien, dans les brumes sous ses yeux, et peut-être qu’un autre jour, ça te toucherait. Plus tard, peut-être, mais pour l’heure tu n’as que des reproches à faire à ces hommes qui osent t’ignorer. Et tu sais, Lubia. Tu sais, tu as vu son visage se fendre, en novembre, mais t’avais cru qu’il accepterait ta douceur au lieu de te fuir. Tout le monde te fuit, apparemment. Tu fais un caprice? Peut-être. Tant pis. Tous pareils. Qu’est-ce que t’as à te faire chier de la présence des hommes, vraiment. Tu ravales ta première remarque, dure, pour mieux le rejoindre. Gardant pour toi les tiens, il se souvient d’où je travaille injustes que tu lui servirais bien – si tu n’avais pas vu ses yeux, lorsqu’il a mis son épouse en terre. Alors tu te tais, tu prends sur toi, et te contentes d’un léger « Nathaniel. » Pas de sobriquet affectueux, non – si tu tais tes plaintes acerbes, tu peux au moins lui éviter l’affront de faire comme si de rien n’était. « Voulais-tu entrer? » et si tu ne souris pas, tes prunelles ne sont pas tout à fait dénuées d'affection.
- InvitéInvité
Re: sometimes, all the time (nathaniel iii)
Mer 28 Avr 2021 - 0:45
23 janvier 2021 - 22:45
Et plus j'ai d'envies et plus je me perds
Si tu sais, dis-moi, pour toi, c'est quoi
Un homme au pire, au mieux, perdu
Regarde-moi dans les yeux, qu'est-ce que tu vois? Dis-moi
Un homme, c'est quoi un homme, pour toi?
Et plus j'ai d'envies et plus je me perds
Si tu sais, dis-moi, pour toi, c'est quoi
Un homme au pire, au mieux, perdu
Regarde-moi dans les yeux, qu'est-ce que tu vois? Dis-moi
Un homme, c'est quoi un homme, pour toi?
Tristesse. La période qui avait suivi le décès de Morgane avait probablement été la plus dure à vivre de toute mon existence. La plus cruelle aussi. Même la perte de ma mère n'avait pas été si dure, ou plutôt j'y étais suffisamment préparé, avait forgé une épaisse carapace. Instinct de protection fraternel, je devais à l'époque veiller sur Evan avant de penser à mon propre chagrin. Idéal pour ne pas avoir à trop souffrir. Avec le départ de mon épouse, je m'étais retrouvé directement face à la violence du chagrin. Frappé de plein fouet par tant d'émotions que mon corps n'avait pu le supporter. Détruit. La tristesse me transperçait l'âme, me laissait vide de toute énergie, avalait toute émotion positive pour mieux me laisser vulnérable face à mes angoisses et ma dépression. L'enterrement et les jours qui suivirent furent teintés par cette profonde tristesse. La voix qui se fend, le regard qui se trouble, l'âme qui se brise. Colère Allant de paire avec la tristesse, l'insidieuse colère se cachait en embuscade. Traitresse d'émotion qui me poussait à des accès de violence. Souvent contre moi-même. Parfois verbalement, dans l'intimité, contre celui qui avait malheureusement une place peu envieuse. Mon elfe de maison, Tolky, qui n'a pourtant jamais cessé de veiller sur moi. Il a subi cette rage en silence, attendant que je finisse mes crises pour pallier aux besoins de soins pour moi-même ou pour les meubles qui m'entouraient. Une fois cette période passée, le travail fut mon refuge. Lieu salvateur, familier, rassurant, mon bureau devenait encore un peu plus ma seconde demeure, m'offrant un cadre dans lequel je pouvais me noyer sans avoir à culpabiliser. Déni. Préférant ignorer les protestations de mon coeur et de mon âme, mon esprit se renferma. Se concentra sur les affaires en cours, sur les tâches à accomplir. C'était tellement plus doux d'oublier - impossible -, tellement plus simple de feindre que tout allait pour le mieux. Se couper de tout et de tous pour ne pas souffrir. Jusqu'aux fêtes de Noël, la solitude et la dépression m'entourèrent de leurs tentacules dévastatrices, m'éloignant de ceux que j'aimais, de ceux que j'aurais aimé voir, de ceux qui auraient pu me faire du bien. Et puis la proximité de ma famille, bienveillante et aimante - malgré le détachement presque outrancier du patriarche Wakefield -, m'aida à apaiser mes maux. Énergie nouvelle. Le début de cicatrisation d'une plaie béante. Et plus les jours passaient, plus mon âme s'éveillait. Jusque là perdue dans les méandres de mon chagrin, elle semblait prête à rejoindre d'autres âmes. Ou plutôt une âme en particulier. Depuis les fêtes, son visage m'apparaissait constamment. La louve aux traits acérés. Aux crocs cachés derrière un sourire féroce. Aux mots aussi affutés que ne l'étaient ses griffes. Alors, la médisante Frustration fit son entrée. Il aurait été si simple d'aller la voir. D'aller toquer à la porte de son bureau. D'aller errer près de son bateau - souvenirs houleux de tendresse. Mais la culpabilité me rongeait. L'abandon était net. L'abandon était cruel. Je n'avais donné aucune nouvelle. Me complaire dans mon malheur était plus facile. Alors, je tentais d'ignorer ma frustration. Ce désir retrouvé et sans fin de sentir la chaleur de sa peau contre la mienne. D'entendre son coeur battre au côté du mien - mais est-il encore capable de battre?. Plusieurs fois, je manquais de m'arrêter devant son bureau, plusieurs fois je rebroussais chemin, plusieurs fois je me maudissais pour cette faiblesse de l'esprit. Lâche. Ce soir, une nouvelle fois, mes pas me menèrent jusqu'à son antre au Ministère. Mon regard se fixant sur la porte, comme persuadé qu'il pouvait voir à travers le bois et observer la silhouette de la louve. Mes sens d'extralucides semblaient m'avoir temporairement abandonnés eux aussi. Rien ne me venait. Le vide. Le silence. La frustration. Et enfin... l'Espoir. L'espoir sous la forme d'une voix qui résonna à mes côtés. Un espoir troublé et triste. Mes traits tirés se tournèrent vers elle, mes iris de glace retrouvant le chemin des siennes. La colère grondait sous l'indifférence de la louve. Chacun de ses mots lui coûtait, me coûtait. I missed you too. semblaient lui dire mes yeux. Quant à moi, aucun mot ne souhaitait sortir de ma bouche. Ma gorge serrée m'en empêchait. Ma culpabilité me sciait en deux. Un signe de tête en guise de simple réponse, je la suivais à l'intérieur de son antre. A peine la porte était-elle fermée que je fis la seule chose dont je rêvais depuis plusieurs jours, plusieurs semaines. Je la pris dans mes bras. Étreinte éternelle, douce, emplie d'une émotion à peine contenue. Fébrile aussi, fragilité d'un homme qui avait été brisé, qui recherchait désespérément un espoir auquel se raccrochait, une âme à laquelle se confier. Plus fort encore. Et si je te lâchais, t'enfuierais-tu loin de moi? Ne m'abandonne pas... La serrant contre moi, quelques mots franchirent enfin la barrière de mes lèvres, aveu de faiblesse, murmures blessés: "Je suis désolé..." Désolé de t'avoir abandonnée. De t'avoir fait croire que je t'avais oubliée. Ce n'était pas moi. Ce n'était pas vraiment moi. Et si j'avais eu encore des larmes à offrir, j'en aurais volontiers fait don à la louve. Tout contre elle, m'enivrant de son odeur, j'avais l'impression de revivre. Comme si pendant trois mois, ma vie avait été mise entre parenthèses. Comme si l'orage était enfin passé, et que le beau temps était revenu. La vie était plus forte que tout. L'amour transcendait tout. Is it really love? Is it?
@Lubia Savčenko
- InvitéInvité
Re: sometimes, all the time (nathaniel iii)
Mer 28 Avr 2021 - 13:26
sometimes, all the time,
23 janvier 2021, 22:45. (mood)
do you miss me now that you are all alone?
once your party cools down, call your girl back home
it don't seem right that I can only reach you when you decide.
(tenue) Le prénom du juge effleure les murs silencieux qui vous entourent, écorche tes lèvres. Tu le fixes détourner le regard vers toi, te percuter – tu vois sa lassitude, sa fatigue, et si tu lui cèdes un ton neutre, tes prunelles claires ne cachent pas les reproches. Tes pas résonnent, précis, loin de se presser, et tu l’invites à entrer, tiraillée entre ton envie de lui montrer l’étendue de ton déplaisir et celle de le protéger. Écrase l’instinct de croiser les bras, de presser tes lippes l’une contre l’autre et de lui asséner ton ressenti. Évite de lui faire prendre pour deux – mais t’en as terriblement envie. Immobile, tu le laisses te rejoindre sans te crisper, mais sans épouser ses gestes. (( sois là pour lui, tagueuletagueuletagueuletagueule. )) « je suis désolé … » Ta bouche s’appuie en un pli dur contre lui. « Pas autant que moi. », souffles-tu platement, refusant de t’adonner pleinement à ses bras et de lui céder ta propre étreinte. Au plus, tu lui accordes ta chaleur, le corps qui se colle au sien sans que tes mains se lacent derrière son dos, t’as de la rancœur à revendre et il ne suffit pas de ce simulacre d’excuses pour t’amadouer. Accepter la peine sans en faire de même pour la demande de pardon, si elle en était seulement une, t’aimerais lui ouvrir la tête pour fixer l’univers enfumé qui doit être le sien, entre fantasmes oniriques et visions d’avenir. Sa rigueur pour seule protection contre la folie – est-ce que ça t’est arrivé, de te prendre les tempes et de te demander si tu ne perdais pas la raison, Nathaniel? la solitude de se voir étreint de mille voix et de bribes d’avenir, de ses proches, peut-être, d’inconnus, certainement – devoir démêler les approximations du voyant des envies de l’homme, et se demander lequel devait primer dans sa psyché.
t’es désolé pour quoi, nathaniel?
ça te manque, le bruit des vagues contre la carène?
ça te rappelle la texture de tes visions contre ton crâne?
Mais t’es pas un être rempli de pitié – peut-être que ce serait plus facile, si tu l’étais, peut-être que ce serait plus doux, si on t’avait appris à accepter des miettes, mais t’as toujours été vorace, Lubia. T’acceptes pas les restes, surtout lorsqu’ils te viennent comme une arrière-pensée.
combien de fois t’es passé, nathaniel?
retirer ton masque, t’en avais envie –
t’as fait demi tour – ton âme t’interdit le répit.
Tu maîtrises ton envie de lui faire des reproches de justesse, choisissant de ne pas lui mentir. T’as un peu envie d’en découdre, de lui faire payer le prix du double abandon – mais il n’a qu’un seul d’entre eux à te créditer, n’est-ce pas? Sauf que l’autre, tu ne mettras pas la main sur lui. Plus facile, d’appuyer sur celui qui est là, même si ça te parait tellement traître, d’enfoncer un doigt accusateur sur son torse alors même qu’il te l’offre. Te l’offre-t-il seulement, faisant l’économie de tout le reste, des mots qui t’apaiseraient peut-être (pas), te laissant le loisir de remplir les silences par tes fantasmes et tes colères? Non. Tu connais ce jeu, en maîtrises les codes et les tactiques. En dire juste assez pour que l’autre s’imagine un univers entier derrière, qui corresponde toujours à ses propres besoins, et se retrouver à promettre la lune pour trois pauvres mots. Les cœurs des hommes et leurs silences.
« Es-tu … » tu réalises le poids de ton inexpérience avec le deuil. T’es attachée à si peu de gens, et t’as jamais perdu qui que ce soit. Pas ainsi, avec une peine aussi publique, une blessure à ciel ouvert qui laisse tout voir en dedans. Les failles, la solitude, les regrets, peut-être – pour une rare fois, tu ne fais que deviner. T’en sais rien. Que peut-on dire, face à cette tristesse? Les mots te semblent tellement creux. La vacuité des phrases que l’on prononce face au deuil t’a toujours laissée inconfortable. Tu ne sais pas quoi dire, pour accepter sa peine et ce simulacre d’excuses, incertaine de même vouloir le faire. Y’a rien à dire, mais t’as envie de lui souffler que son retrait t’a blessée, même si c’est égoïste, même si tu ne penses qu’à toi, encore. Y’a toujours quelque chose, n’est-ce pas? La morsure, la mort, la fuite, l’abandon, derrière. Peut-être que c’est toi, Lubia. Tu choisis de rester contre lui, tes bras acceptant enfin de l'enserrer pour le garder en place et lui refuser tes yeux. Tes yeux, dans lesquels il lirait la tendresse – et l’agressivité de l’affront. Tu pourrais recomposer ton masque, tu pourrais faire semblant, mais t’en as pas envie – ni de lui mentir, ni de le blesser. Alors tu les caches, les lèvres tout près de son oreille, pour mieux dissimuler l’acier de tes prunelles. « Es-tu de retour? »
pourquoi t’es là, nathaniel –
une envie passagère, le temps que ton esprit quitte ses troubles –
redevienne linéaire, et que tes barreaux se redessinent.
- InvitéInvité
Re: sometimes, all the time (nathaniel iii)
Mer 26 Mai 2021 - 20:08
23 janvier 2021
Do you think about me sometimes?
Even though I am never home all the time
Do you think about me sometimes?
À l'autre bout du monde, il ne manque que toi
Le coeur perdu, l'âme en morceaux, l'esprit ne savait plus comment réagir face à ceux qui cherchaient à tout prix à m'atteindre. A m'aider. A me tendre la main. Qu'il était difficile d'accepter ses propres faiblesses, d'accepter que les autres pouvaient être le soutien qui manquait à ma vie. La louve dans mes bras, la vie semblait reprendre possession de mon coeur. Je m'animais enfin. Je sortais de cette torpeur maladive et cruelle dans laquelle je m'étais enfoncé depuis des mois. Pourtant, la réalité était bien loin de la fiction. Ces instants de retrouvailles, je les avais idéalisés, rêvés, attendus avec férocité. Le mur de froideur que Lubia semblait avoir dressé entre nous me retenait de pleinement apprécier cette étreinte. Je la sentais si tendue sous mes doigts, contre moi. Si proche et pourtant si loin. Quelques mois de séparation nous avaient cruellement blessés, et nos âmes rancunières avaient du mal à se rejoindre. De simples mots d'excuse ne suffiraient pas à l'apaiser, à apaiser la rancœur et la tristesse. Pourtant, c'était tout ce que j'étais capable de lui donner en cet instant précis. Des émotions contradictoires se battant au fond de mon esprit. Lutter contre l'envie de m'enfuir. De ne pas affronter son regard et ses reproches. Ses murmures ne firent que renforcer mon sentiment de culpabilité. Celui qui ne me lâchait pas depuis que son visage hantait à nouveau mes rêves. L'un contre l'autre, et pourtant nous ne pouvions être plus éloignés. Nos cœurs séparés par la cruauté de la vie. Elle n'acceptait pas mes excuses, mais l'aurais-je fait à sa place? Je l'avais lâchement abandonnée, refusant de la laisser me rejoindre. Le châtiment, aussi dur était-il, était amplement mérité. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'épargne. La pitié n'était réservée qu'aux faibles, et la louve savait que je ne me laissais pas facilement abattre. Hurt me. Kill me if that's what you need. But don't spare me. Il y avait son regard d'acier. Celui qui se faisait aussi dur que ses mots. Que ses pensées. Je l'imaginais aisément. La colère grondait sous sa poitrine et pourtant... Elle trouva la force de me lancer quelques mots. La maladresse qui en transparaissait sonnait comme un aveu de tendresse à mon égard. Même si la rancoeur et l'envie de se battre étaient là. Toujours présentes. Le poids du deuil ne disparaitrait pas en quelques mois. Il me faudrait peut-être un an, des années, pour réellement m'en défaire. Peut-être qu'en acceptant d'ouvrir mon coeur, peut-être qu'en laissant d'autres conquérir cet organe si bien retranché derrières ses murailles je finirais par être en paix avec ce deuil... La louve finit par accepter l'étreinte. Mais alors que je m'apprêtais à répondre à lui répondre, des images envahirent mon esprits. Submergé par l'invasion sordide d'une vision d'avenir de la louve, je me tendais imperceptiblement, ravalant les quelques mots qui auraient pourtant consentis à se frayer un chemin jusqu'à elle. Car la diplomate venait de m'apparaître. Tenue provocatrice. Odieusement charmante. Cruellement séduisante. Mais tout ce cirque, ce n'était pas pour moi. C'était pour l'autre. Celui qui ne lui avait apporté que violence et regrets. Alors pourquoi? Envahi par la colère et la rancœur de la louve, mes prunelles se durcirent. L'affreuse jalousie remplaça un temps la tristesse. Tout se confondait dans mon esprit. Les barrières tombaient peu à peu sous le joug de mon affection pour elle, sous le joug de ma possessivité naissante pour elle. Plus froid que je n'aurais voulu, je me défaisais de notre étreinte. Une expression indifférente et indescriptible sur le visage. Mes prunelles s'habillant de colère, qui, finalement, n'était que la soeur jumelle de ma tristesse. "Si tu as quelque chose à dire, Lubia, dis-le. Je ne suis pas en sucre. Je suis peut-être brisé, mais je ne suis pas encore à l'agonie." Mon cœur lui hurlait de ne pas m'épargner. "Si je suis de retour, ce n'est pas pour moi." C'est pour toi. Pour ceux qui comptaient réellement. Ma voix, dure et sèche, tremblait pourtant d'émotion. Une émotion à peine contenue. Volontairement offerte à la diplomate, comme offrande à la déesse slave pour l'apaiser. Tu restes la faiblesse de mon fort intérieur et moi, maître en ta demeure... Peu à peu, toutes les barrières de mon esprit s'abaissaient, dévoilant la férocité de mes sentiments, la force de mes désirs. Vérité mise à nue. Alors, je me demandais depuis combien de temps je n'avais pas été honnête avec moi-même. Je me voilais la face depuis une éternité. Tout me revint en mémoire. Le décès de ma mère, cette envie d'abandonner tout sentiment pour me préserver, cette volonté de ne plus rien ressentir. Parce que ça faisait trop mal. Et pourtant, avec elle, j'avais découvert que ressentir était aussi enivrant, exaltant, excitant. Brisant mon immobilité, un pas me suffit à la rejoindre. Un souffle me suffit à m'emparer de ses lèvres, mes mains encadrant son visage. Une pression de mon corps contre le sien, brusque et passionnée, l'amena à heurter le mur de son dos. Pourtant, le fait de l'avoir blessé ne m'effleurait pas l'esprit, ne m'émouvait même pas. Rien ne comptait plus que mon désir pour elle. Non, je ne l'avais pas oubliée. Non, elle n'était pas qu'une vulgaire remplaçante de celle que j'avais perdue. Non, elle n'était pas qu'un réceptacle de mon désir. La louve était beaucoup plus que ça. Elle était mon âme-soeur, mon tout, mon échappatoire, ma raison de vivre. You're so fucking mine. Now you know it.
@Lubia Savčenko
- InvitéInvité
Re: sometimes, all the time (nathaniel iii)
Ven 28 Mai 2021 - 23:42
sometimes, all the time,
23 janvier 2021, 22:45. (mood)
do you miss me now that you are all alone?
once your party cools down, call your girl back home
it don't seem right that I can only reach you when you decide.
(tenue)Tes bras l’enlacent, le gardent en place pour éviter de croiser son regard. Que dit-on à un nouveau veuf lorsqu’on a été sa maîtresse? Que dit-on à un veuf lorsqu’on n’a jamais ressenti de culpabilité vis-à-vis de son épouse? Qu’est-ce que tu lui devais, à elle? Sororité féminine? N’importe quoi. Ça se sent le long de tes muscles, qui se crispent pour le garder en place et lui éviter la coupure de tes yeux qui ne demandent qu’à le taillader. Sous tes doigts, il se raidit sans que tu en comprennes la raison, et tu fronces les sourcils alors que c’est à lui de reculer. Exposée alors que tu ne souhaitais pas l’être, tu relèves le menton, soutenant ses cérulés en le défiant de reculer le premier. Tu vois la cruelle indifférence sur ses traits, et les tiens s’en habillent aussi rapidement. Détachée en apparence, juste assez pour blesser, toi aussi. S’il veut te rejoindre sur tes plates-bandes de jeu, il devra relever le niveau – this isn’t the junior league, your honor.
« Si tu as quelque chose à dire, Lubia, dis-le. Je ne suis pas en sucre. Je suis peut-être brisé, mais je ne suis pas encore à l'agonie. » T’en as beaucoup à dire. Des reproches, qui une fois invités te paraissent presque futiles. Alors tu les gardes derrière tes dents, agacée qu’il les demande alors que tu voudrais les lui lancer pour qu’il voie ce que ça fait, se faire gifler avec les mots. « Si je suis de retour, ce n'est pas pour moi. » T’entends tout dans sa voix – la glace que tente de réchauffer l’émotion, mais tu ne crois pas ses mots. Tes doigts se glissent dans tes cheveux courts, et un soupir qui se désincarne en rire finit par franchir tes lèvres. T’as les paupières qui se plissent, la tête qui se penche, un peu, avec le regard par en dessous qui cherche à percer son armure. Croit-il réellement ce qu’il te dit (naïf monstre d’arrogance.) ou tente-t-il de te charmer (séducteur maladroit.) ? Les deux perspectives allument un brasier sous le feu de ta rancœur. Ignorée, la peine qui a gardé tes remarques soigneusement rangées derrière tes lippes pleines. « “ce n’est pas pour moi” et puis quoi encore … si c’était pas pour toi t’aurais cherché à savoir comment j’allais, moi, avant de revenir. Tu m’aurais prévenue que tu avais besoin de temps plutôt que de m’ignorer comme une malpropre. » Tes mots sont aussi durs que ta voix, et c’est sans compassion que tu le regardes – t’as jamais eu de compassion pour les menteurs qui se font prendre la main dans le sac, et encore moins pour les naïfs.
Il a le pas du conquérant, le juge. Celui qui avance sans réfléchir sur ce qu’il détruira, pourvu qu’il puisse dresser son étendard bien haut sur le corps d’une nation à réclamer, mais t’as rien de l’épouse de soldat parti au loin qui se terre dans sa demeure en espérant que la violence de l’ennemi ne lui passe pas dessus. T’es née avec les crocs, et la vie t’a donné des griffes – et l’envie de t’en servir. Constamment à deux doigts de te laisser submerger par l’agressivité lupine, t’as appris à la canaliser, à l’utiliser, à t’en faire une alliée – forcer l’autre à baisser les yeux parce que t’as moins peur. Mais c’est faux Lubia, t’as la peur au ventre alors qu’il avance vers toi, et tu hallucines de sa présomption. Ses lèves contre les tiennes goûtent le ciel, mais tu le repousses avec violence alors que vous vous êtes à peine effleurés, la main levée pour décocher une claque retenue in extremis. « Tu vois? Encore, tu penses qu’à toi », craches-tu, la colère te dévorant le ventre. La rage contre Éphrem, la rancœur contre lui, mais t’as que le juriste sous la main et s’il faut qu’il mange pour deux, tant pis – il n’avait qu’à ne pas se mettre à table, s’il avait pas l’intention de déguster.
Soufflant, tu lèves une main pour l’interrompre d’avance, ayant la ferme intention de terminer tes reproches avant qu’il ne puisse répliquer. « Tu penses que je suis restée là à me morfondre de ton absence comme une putain de vierge éplorée, cволочь*? Non, t’es parti pour toi, parce que t’en avais besoin.» Ta voix fend l’air comme un couperet, cherchant la jugulaire, l’espace entre les côtes, pour le faire réagir – non pas avec les lèvres, chercher ton contact charnel, c’est trop facile. Tu veux qu’il parle, qu’il arrête de se cacher derrière des voiles de rigueur et de bienséance. Enfin, ton ton s’adoucit. « eбать* Nathaniel je suis une adulte je comprends que t’aies eu besoin de temps seul sans ta maîtresse après le décès de ta femme. » Maîtresse. Le terme te parait presque vulgaire, car tu n’as jamais songé à Morgane, de son vivant – jamais pensé à te définir par rapport à son statut matrimonial. Pourquoi le souligner aujourd’hui, alors? Maybe it would be easier if you saw me as your villain.
« mais viens pas me faire croire que t’es pas de retour pour toi. T’es de retour parce que t’avais envie d’être ici, pas par envie altruiste ou je sais pas quoi. T’as pas pensé à moi du tout, t’as pensé à ce dont toi t’avais besoin. Je suis pas un putain de chien que tu peux appeler quand t’en as envie et ignorer quand t’en veux pas. Ce que tu cherches, j’en sais rien, parce que t’as pas été foutu de me parler depuis novembre. » Lui, le loup russe, tous deux emmurés dans leur silence d’homme indépendant à la con, ces rustres qui se murent dans les prisons de leur psychés malmenées plutôt que de demander à l’aide. Qu’est-ce que t’es conne de perdre ton temps avec eux, Lubia. « T’as cru quoi, que tu pouvais m’ignorer et revenir comme une fleur avec tes yeux et tes pommettes, dire à peine deux-trois phrases et que je t’ouvrirais les bras et que tout irait bien? Vous êtes tous pareils. I don’t know why I fucking bother with men. »
*connard
*fuck(superbe crackship par rosie )
- InvitéInvité
Re: sometimes, all the time (nathaniel iii)
Jeu 24 Juin 2021 - 0:42
I don't care who you are
Where you're from
What you did
As long as you love me
Si l'ire de la louve couvait dans ses prunelles d'acier et menaçait de sortir à tout instant, la mienne se cachait encore derrière les barrières de mon esprit, en embuscade. Enveloppée dans une armure de tristesse et de retenue. Attendant désespérément le coup de poignard qui me libérerait. La blessure qui m'ouvrirait le coeur pour le saigner à blanc, pour le vider de toutes ces émotions qui me détruisaient à petit feu. Malgré ma peine qui hurlait à l'aide, ma fierté refusait tout aveu de faiblesse, et, pris dans des habitudes mielleuses trop ancrées, je lui servais de belles paroles de politicien, qui n'eurent pour conséquences que de mettre des braises sur sa rancoeur. Il n'y avait rien à répondre à ses mots, parce qu'il n'y avait aucune excuse à la hauteur de ce qu'elle attendait. Mais était-ce ce qu'elle souhaitait, des excuses? La dureté de ses propos ne fit qu'accentuer cette envie presque suicidaire de la pousser à bout, de la pousser à me faire mal. Sans me rendre compte que c'était moi que je poussais à bout. Une vision inattendue et dévastatrice, liée à notre étreinte, déclencha chez moi une réaction empreinte de colère et de jalousie. L'insidieuse jalousie. Celle qui balayait toutes les convenances par les fenêtres, qui faisait ressortir le pire chez les hommes. J'aurais du le savoir, j'aurais du le voir venir. Cédant la place à l'esprit furieux de la jalousie, mon âme voulut prendre ce dont elle avait besoin sur l'instant. Cette envie de la posséder. De se rassurer en la possédant. Au moment même où je fondais sur elle, l'erreur me sauta aux yeux. Mais c'était trop tard. Et tandis qu'elle me repoussait, mon coeur se brisait tout autant que mon accès de jalousie. Je l'aurais mérité, cette gifle. que je me disais, fermant les yeux par réflexe. Il y avait de la souffrance dans mon regard alors que j'observais la colère dans le regard de la louve. Je savais avoir franchi une ligne rouge, ligne que nous n'avions jamais eu à définir jusqu'ici. Les règles du jeu avaient changé, tout comme notre relation. Chaque vérité, chaque mot, chaque insulte qui franchit alors le seuil de ses lèvres s'accumulèrent dans mon esprit comme autant de coups de poignard. J'encaissais. Couche après couche. Coup après coup. T'es parti pour toi. Pure vérité. Parce que c'était trop dur de voir la pitié dans leur regard, la compassion. Parce que je pensais être assez fort pour tout gérer seul. Parce que j'avais l'arrogance de penser que rien ne pourrait me faire vaciller à nouveau. Je voulais lui hurler tout ça, mais aucun mot ne sortit. Immobile face aux assauts de la louve. Immobile face à sa demande de réaction de ma part. Je comprends que t’aies eu besoin de temps seul sans ta maîtresse après le décès de ta femme. C'était là où j'avais eu tord. Tord de laisser à distance ceux qui comptaient. Tord de les laisser croire que je me complaisais dans ma solitude. C'était faux. T’as pas été foutu de me parler depuis novembre. Le cœur du problème. Parler, s'exprimer, se faire violence pour se livrer. Rien n'était facile dans ce monde d'homme aux cœurs torturés, aux âmes blessées. Mon coeur se serra. Mon sang bouillonnait. Un étrange bourdonnement au creux de mes oreilles. Une migraine terrible. Mes muscles se raidissaient. La perte de contrôle était toute proche, assez pour que je me rende compte du tsunami qui était en approche. Et tandis qu'elle m'achevait avec ses derniers mots, je m'appuyais sur son bureau, baissant la tête pour tenter d'apaiser l'ire naissant sous chaque parcelle de ma peau. "Qu'est-ce que tu crois, Lubia?" que je commençais sur un ton doucereux et dangereux si peu habituel, mes mains s'agrippant avec force au bureau. Repoussant brusquement le meuble, je fixai mon regard sur elle. Il n'y avait plus de filtre dans mes iris glaciales, il n'y avait plus que l'angoisse, la colère, la tristesse. Émotions à l'état pure qui avait pris tout contrôle. "Que je ne regrette pas de vous avoir tous abandonné? DE T'AVOIR ABANDONNEE?" Mouvement de violence, le bureau se retrouva balancé sur le côté tandis que je hurlais d'une voix brisée: "QUE JE NE SOUFFRE PAS CHAQUE SECONDE DE CHAQUE MINUTE?" Ne tenant pas en place, animal en cage, animal blessé, je faisais les cent pas dans la pièce, passant une main nerveuse dans mes cheveux. Je voyais rouge, n'étais plus capable d'écouter des mots d'apaisement, n'étais même plus capable d'entendre la voix de la raison en moi. "ELLE EST MORTE, LUBIA. MORTE. JE N'AI RIEN VU. RIEN." La vérité était là, mon aveu de faiblesse, mon aveu d'impossibilité de l'aider, de la sauver. Un sentiment de culpabilité dévastateur. L'une des chaises eut le même destin que le bureau et finit sa course contre le mur, inconscient du bruit qui pouvait être entendu en dehors de la pièce. "POURQUOI?" que je hurlais à nouveau, balançant mon poing contre le mur, comme persuadé que cela apaiserait cette souffrance qui affluait dans mes veines. "Pourquoi est-ce que je n'ai pas pu l'aider?" que je répétais alors que ma voix se brisait à nouveau. Mon front se colla au mur et je glissais doucement pour finir à terre, les poings contre le mur. Des larmes de colère coulaient le long de mes joues, l'apaisement était encore loin.
@Lubia Savčenko
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Re: sometimes, all the time (nathaniel iii)
Sam 17 Juil 2021 - 21:38
C'est moi le scandale, fatal, désigné
C'est moi ton moral, mis à mal, écrasé.
(tenue)De justesse, la main freine, les griffes rêvent d’écorcher, mais tu les retiens avant de l’égratigner avec tes mots. Réalistes, blessants, calculés – colériques. I don’t know why I fucking bother with men. et il semble s’abreuver à ta tension, le juge, les muscles qui se bandent pendant qu’il s’appuie contre ton bureau. Tu regardes ses doigts se crisper sur le bois, menaçant de tout envoyer valser pour faire du bruit, pour montrer qu’il a le contrôle ou qu’il aimerait bien le perdre sans savoir le demander,
mais c’est qu’il faudrait parler la langue des émotions, nathaniel,
et tu ne connais que celle qu’on prend pour commander.
Dans la douceur de sa voix, la menace ne prend même pas la peine de se voiler. « Qu'est-ce que tu crois, Lubia? » elle ne fend pas l’air, elle le lèche, l’embaume, présage le danger. La violence des cœurs en berne est prévisible, rassurante. Elle grignote patience et retenue comme une peau chagrinée qui n'en a pas fini de se retirer, les laisser nus et seuls, proies de leurs instincts sauvages – mais c'est un idiome que tu connais, Lubia. Corbeau blanc mêlant les palabres de sept langages européens, l'esprit qui se tord en eux avec agilité pour tracter ou se moquer, et si tes mots traduisent si souvent le bon sens pragmatique qui te caractérise, tu comprends mieux que plusieurs le goût entêtant et visqueux de vouloir ramper hors de ses propres muscles pour hurler son désarroi à l'univers.
Les pattes du bureau crissent contre le plancher, se plaignent d’être déracinés par le juge enragé. « Que je ne regrette pas de vous avoir tous abandonnés? DE T'AVOIR ABANDONNEE? » Sans broncher, tu accueilles sa voix qui monte comme un vent d'ouragan se lève, tes doigts se tordant autour des cordages de ton esquif - t'as l'habitude des tempêtes, Lubia. Il faut baisser les voiles, un peu, ne pas laisser trop de surface pour qu'elle morde, la laisser passer sans tenter de trop lui résister - on s'éclate sur le dos d'un orage en tentant de le maîtriser. Parfois, il suffit de laisser la pluie couler sur son visage, et accepter la chaleur terrifiante de la foudre.
Le meuble s’effondre à tes pieds, mais tu ne bronches pas, te contentant de fixer ton regard d’acier sur le président du magenmaggot. Trois centimètres de plus, et tu y laissais des orteils, mais tu te contentes d’expirer doucement. Accepter la foudre, accueillir la pluie. « QUE JE NE SOUFFRE PAS CHAQUE SECONDE DE CHAQUE MINUTE? ELLE EST MORTE, LUBIA. MORTE. JE N'AI RIEN VU. RIEN. » Le sorcier bouge comme un prisonnier las de sa geôle, ne l’ayant jamais acceptée, comme s’il souhaitait grimper hors de ses os un instant pour cesser de les porter et se reposer, pétri de lassitude. Être d’excès, pris entre retenue maladive et absence de contrôle qui trahit davantage qu’il ne veut l’admettre, et tu te tais, l’observant chercher des objets lourds à balancer dans la pièce, une de tes chaises inconfortables s’éclatant une patte contre un des murs de la pièce. Tu fixes sa rage sans mot dire, vis la profondeur de son désarroi en silence, car même s’il méritait le doux réconfort d’une étreinte, tu sais qu’il n’en a pas besoin. « POURQUOI? » et tu entends un craquement – des phalanges, pas du mur contre lequel son poing se balance avec maladresse.
« Pourquoi est-ce que je n'ai pas pu l'aider? » Lentement, tu approches, bien à sa vue pour éviter une surprise et le pic d’agressivité l’accompagnant. « Parce que la vie c’est pas ta salle de tribunal, Nathaniel », souffles-tu près de lui. « Même toi, tu ne peux pas tout contrôler. » Cruelle, sans compassion, peut-être parce que tu ne comprends pas tout à fait ce que ça fait subir, un cœur qui se serre de la sorte, mais t’as rien d’autre à lui offrir. « Assurdiato ». Et tu te relèves, rejoignant une des étagères où sont disposés des éléments d’urbanité auxquels on s’attend en pénétrant dans des bureaux de hauts fonctionnaires et diplomates – des prix, des trésors offerts en cadeau par d’autres représentants. Tu en saisis un, un bol superbe réparé par la technique ancestrale du kitsungi – maybe our cracks will become gilded as well, te dis-tu, pincement au cœur à l’appui. Ton poids passe contre ta jambe arrière, et tu donnes un élan à ton bras pour mieux lancer la porcelaine contre le mur, à quelques pas de l’endroit où le juriste est prostré. Les fragments éclatés balaient la salle en une pluie couleur d’ivoire et d’or, et tu lui jettes un œil, l’invitant à te rejoindre. Tu saisis un autre objet, qui s’échoue au sol avec fracas sans se rompre, stupide figurine de bronze qui a au moins le mérite de provoquer un bruit prodigieux qu’on n’entendra pas hors de la bulle assourdissante créée.
« Mais t’as le droit de dire que t’es en colère », souffles-tu, lui tendant une série de figurines de ta terre natale. Matriochka Qu’il joue avec, qu’il les défasse, qu’il les balance, qu’il en fasse ce qu’il souhaite, l’éclopé du cœur, t’en as rien à faire. T’as de la colère à lui offrir, de la rage d’avoir été ignorée, de la tendresse – et surtout, cet endroit, pour l’heure, où son précieux contrôle ne signifie rien, où sa rigide retenue ne sert à personne, et où ses satanés principes n’ont pas besoin de cacher son âme.
nathaniel, as-tu fini d'exister en pointillé?(superbe crackship par rosie )
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Re: sometimes, all the time (nathaniel iii)
Ven 6 Aoû 2021 - 15:15
« Pourquoi est-ce que je n'ai pas pu l'aider? » Question cruelle et violente que je m'imposais. Rengaine terrible, car qui pourrait dire de qui je pouvais parler? De ma mère? De ma femme? Un double deuil impossible à gérer pour la première, un deuil complexe pour la deuxième. Les fêlures de mon âme se faisaient plus nombreuses à mesure que des malheurs arrivaient dans ma vie. A quoi donc se raccrocher alors? A ce qui me paraissait le plus stable dans ma vie: mon travail. Pour ne pas sombrer. Pour ne pas perdre le contrôle. Pour ne pas en arriver à laisser s'exprimer ces émotions trop longtemps contenues dans un esprit de fer. La colère me rendait presque fou, aveugle que j'étais de ce qui se passait autour. Incapable de me rendre compte de l'orage que j'imposais à la louve toute proche. Lubia, dont la présence attisait les braises de ma colère et de ma détresse, autant qu'elle apaisait mon âme. La tempête faisait rage dans le bureau, de nombreux objets innocents y perdirent la vie. Mais la tempête faisait rage aussi dans mon esprit. Mes émotions libérées de leur carcan, elles laissaient la place au flot des visions entreposées méthodiquement dans mon labyrinthe mental. Ma migraine n'en fut que plus forte encore. Je luttais. Cherchais une sortie. Cherchais une solution à un problème impossible. L'impasse. Et la chute. Pourquoi était-ce si dur de s'avouer vaincu? On ne m'avait pas appris à perdre. Échoué au pied du mur, la main meurtrie par mes accès de violence, je sentis plus que ne vis Lubia s'avancer vers moi. Sa voix me parvint dans le brouillard, et si j'entendis ce qu'elle avait à dire, mon esprit refusait d'y adhérer, hermétique à tout ce qui pourrait s'apparenter à des aveux de faiblesse. Au fond de moi, je savais qu'elle avait raison. L'admettre était bien plus complexe et douloureux. Des pensées noires m'assaillirent, les mêmes qui m'avaient mené au bord du gouffre le soir du décès de Morgane. Que se serait-il passé si je n'avais pas eu des proches pour m'épauler? Me serais-je laissé aller à abandonner ma propre vie, à en finir avec ma souffrance? Perdu dans mes pensées, un bruit de vaisselle brisée me ramena brusquement à la réalité, sursautant presque face à la violence du geste. Mon regard fut attiré dans le sien, une lueur curieuse s'y alluma, même si derrière le voile de mes prunelles translucides étaient tapis la détresse et la colère. D'autres objets y passèrent. L'invitation était claire. Elle était prête à me laisser détruire son bureau tout entier pour apaiser la colère qui me tiraillait. Should we destroy the world just to be at peace? Attrapant les figurines Matriochka qu'elle me tendait de ma main gauche, j'observais un temps les couleurs chatoyantes de l'objet. Étrange petites poupées emboitées les unes dans les autres, signifiant les différentes couches de l'esprit. Chacun y voyait ce qu'il voulait. Les membres d'une famille, les facettes d'une personnalité, les aspérités de l'âme. Je ne voyais sur le coup qu'un récipient pour ma colère. Me levant péniblement, un soupir s'échappa d'entre mes lèvres. "Seulement si tu le dis aussi." que je lui soufflais en retour. Êtres de souffrance, nos épidermes en feu, nos âmes écorchées. Lui désignant la Matriochka dans ma main, je la balançais à l'autre bout de la pièce, la faisant éclater en une multitude de fragments colorés. J'espérais que tous ces objets n'avaient aucune valeur pour elle. La magie pouvait en réparer certains, mais pas la majorité. Fermant les yeux pour prendre une profonde inspiration, je serrais les poings pour les empêcher de trop trembler, la fureur coulant dans mes veines. L'orage semblait s'apaiser, pour un temps. Sans vraiment m'en rendre compte, je venais d'offrir l'homme brisé à la louve. Mon regard coula sur elle à nouveau. "Tu as raison, Love, les hommes ne te méritent pas. Je ne te mérite pas. Je suis désolé." que je murmurais d'une voix rauque, cette fois pourtant, un peu plus sincère. Résigné. Lucide malgré la tristesse. Le surnom affectif était apparu comme une déclaration d'amour inattendue, sans même avoir réfléchi. Juste... instinctif. Le poing en sang, je ne ressentais pourtant aucune douleur, l'adrénaline m'empêchant pour le moment de la ressentir. Épuisé par l'orage qui venait d'avoir lieu, je restais immobile, comme sonné. Homme fier aux pieds d'argile. Il fallait que je lui fasse comprendre, il fallait que je m'ouvre à elle. C'était ce qu'attendait la belle slave, c'était ce dont j'avais besoin. Détournant le regard - c'était bien plus facile de parler sans affronter ses prunelles d'acier -, je me raclais la gorge comme pour me donner du courage."Je suis revenu parce que j'ai besoin de toi, Lubia. Parce que tu... es la seule qui me fais sentir... vivant. Ne me repousse pas, je t'en supplie." Mes derniers mots étaient à peine audibles, mais l'ouïe du loup étant la plus forte du monde animal, je ne doutais pas que la slave ait tout entendu. La supplique était sincère, offerte à l'autel de mes sentiments pour elle. Tant de souffrance se cachait dans mes mots, qui prenaient l'aspect d'une confession maladroite. Finies les belles paroles d'orateur, les excuses mielleuses et les désirs inavoués. Je me mettais à nu devant elle. Désireux de lui prouver qu'elle n'était pas que "la maîtresse de", mais belle et bien Lubia, la louve qui avait su entourer de ses griffes mon coeur trop souvent malmené par la vie. Don't you dare leave me.
@Lubia Savčenko
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Re: sometimes, all the time (nathaniel iii)
Ven 13 Aoû 2021 - 20:44
C'est moi le scandale, fatal, désigné
C'est moi ton moral, mis à mal, écrasé.
(tenue) Tes doigts effleurent ses mains en lui tendant les figurines russes. Les traits simples de la matrone te fixent, yeux sombres éclairés de deux croissants de lumière peints par l’artiste créateur. La mère, emboîtée dans la sienne, dans la sienne, dans la sienne, dans les leurs – et la lignée qui s’arrête à la dernière. La dernière, qui n’attend que la suite – dans la sienne, dans la sienne, dans la sienne, dans les leurs. « Seulement si tu le dis aussi. » Le juge ne prend pas le temps de les déballer, les lance contre le mur pris pour cible. Une myriade de fragments colorés pleut sur le plancher de bois laqué de ton bureau, avec en elles le mélange des générations sans considération pour la matriarche du lot. Et la dernière, fragmentée parmi les femmes venues avant elle – condamnée à demeurer sans descendance, de porcelaine ou de chair. « Fine. », souffles-tu, mais tu ne dis rien. Le juge sait, à présent, et ça te suffit. Il y a de ces gens qui s’épanchent en cruautés pour se soulager l’âme, et tu en fais partie, parfois – mais pas lorsque la méchanceté est parfaitement inutile, et tu ne veux pas réellement blesser le cavalier.
Son soupir enveloppe la pièce, l’englobe comme un aveu qui ne veut pas se faufiler entre les lèvres. Ça lui arrive si rarement de craquer, le Wakefield. Réellement se fissurer devant toi, te laisser voir à travers les craques. Même dans ses instants de faiblesse, l’Écossais se protège derrière une épaisse chappe entre le contact épidermique et l’intensité de ses yeux qui cachent tout le reste, les cérulés polaires qui calcinent pour distraire l’attention de l’incendie, derrière. D’ordinaire il te touche, te prend le front contre le sien, comme s’il cherchait à se dissimuler autant qu’à chercher le réconfort sur ta peau. Cette version du juge te fascine, et tu évites de te rapprocher pour mieux le regarder. L’angle de la mâchoire en oblique, tu le fixes. Auscultes sa posture, ses jointures blanches et les tremblements quasi-imperceptibles de ses membres. Presque. Tes propres yeux lupins cherchent les défauts, les failles – les trouvent. La posture-cratère, les séismes le long de ses doigts, la faille des Mariannes dans son regard. « Tu as raison, Love, les hommes ne te méritent pas. Je ne te mérite pas. Je suis désolé. » Sa voix gratte l’air. « Damn right », maugrées-tu quand même en retour, malgré la lassitude qui s’insère entre ses mots. Love. Tant d’habitants de l’île d’Albion ponctuent leurs phrases de ces mots qu’on lance comme des épices sur ses interactions que tu la relèves à peine – juste le temps de noter que ton cœur se serre un peu, en l’entendant. T’aimerais qu’il puisse te le dire ainsi, aussi nonchalamment que d’autres le font, au grand jour. Encore, il se défile. Le regard qui fuit. Tes lèvres se pincent, impatientes. « Je suis revenu parce que j'ai besoin de toi, Lubia. Parce que tu... es la seule qui me fais sentir... vivant. Ne me repousse pas, je t'en supplie. »
Tu pourrais t’adoucir, un peu. Et pourtant. « Une fois, je peux l’excuser, Nathaniel. Mais je ne pardonne pas deux fois la même faute. C’est pour les cons ça. Et t’aurais pas besoin d’une conne. » Dureté sans appel, mais tes pas te mènent vers lui, pour examiner ses phalanges maculées de sang. Ça en impressionnerait, ici, les étages du Ministère étant plus connus pour leurs fonctionnaires propres sur eux et peu habitués à la vue des blessures, mais tes instincts sanguinaires t’ont déjà amenée à commettre bien pire, et sur d’autres. Tu regardes les coupures superficielles, avant de fouiller dans ton bureau renversé (et merci pour les documents maculés d’encre renversée.) pour trouver la gelée de pétrole que tu gardes pour réhydrater tes bottillons de cuir en hiver. Doucement, tu appliques la gelée sur ses phalanges, n’ayant jamais appris comment soigner magiquement des blessures, si petites soient-elles. Pour l’heure, la gelée et ton mouchoir de poche propre conviendront. Le juge a certainement assez de ressources pour être soigné discrètement par la suite s’il le souhaite. Tu fixes ostensiblement ses mains plutôt que de t’attarder sur son regard qui cache trop et qui en dit pourtant tellement. Les lèvres pincées, tu fronces les sourcils et étales la gelée froide sur sa peau, entendant ses inspirations s’affuter au contact avec les coupures. Lorsque le tissu est noué, tu ne lâches pas sa main, envie de la garder dans les tiennes et de l’attirer à toi. Ce serait facile, après la tempête – après le chaos de ta colère et de sa rancœur envers les faucheuses anonymes et le destin qu’il est condamné à voir venir sans pouvoir l’affronter. Les doigts en guise d’écrin autour de ses blessures, tu portes le mouchoir à tes lèvres, y poses un baiser. All better now.
Tes yeux cherchent les siens, trouvent la promesse et les demandes. Refusent le contact à nouveau. « Je ne peux pas. J’ai … des choses à régler. » Et lui, un deuil à faire. « Je ne te repousse pas, Nathaniel. Promis. Mais je dois régler quelque chose, d’abord. » Quelque chose dans de précieux habits d’homme d’affaire et une mine à en faire rager les plus stoïques, et c’est qu’il a toujours eu un talent pour te faire réagir davantage que les autres, Éphrem. « Et après … » tes mots restent suspendus – tu n’as pas envie de formuler des espoirs. C’est pas ton genre, et surtout pas avec un fils aîné de sang pur toujours en âge d’être fiancé en deuxième alliance. « Enfin. On verra bien. »(superbe crackship par rosie )
- InvitéInvité
Re: sometimes, all the time (nathaniel iii)
Lun 23 Aoû 2021 - 0:20
La vie ne vaut rien si tes yeux ne sont pas dans les miens. Accepter ses faiblesses était bien plus dur encore que de les exposer aux yeux de tous. Déni face à ce qui faisait de moi un être humain. Contradictions de l'esprit qui tentait coûte que coûte de me faire croire que je pouvais gérer. Que même au fond du gouffre, je pouvais m'en sortir sans égratignures. Mes déclarations maladroites, dictées par la peur de la perdre et la tristesse, n'avaient qu'un seul but: me libérer du poids de ces émotions que je n'arrivais pas -plus- à contrôler. Incapable de l'affronter véritablement. Incapable de lui faire du mal. Ms prunelles s'accrochant désespérément au vide qu'il y avait entre nous. Ses mots, encore une fois si durs, sont empreints d'une vérité qui me déchire les entrailles. Il n'y avait rien à répondre. Immobile face au chaos. Un désespoir sous la forme d'un fossé entre nous que je n'osais franchir. Comme paralysé par l'idée que la louve me laisse seul ici. Pourtant ce sont ses doigts sur ma main meurtrie qui me fit relever la tête. Juste assez pour l'observer alors qu'elle examinait attentivement mes blessures. Nul besoin de lui demander d'où lui venait un tel stoïcisme face au sang. La louve en elle devait sûrement lui avoir fait vivre des scènes bien plus sanglantes. De mon côté, j'étais plus habitué des fractures liées aux chutes de cheval qu'aux blessures de ce type. La douleur était une amie fidèle, et malgré une légère grimace lorsque la diplomate appliqua de la gelée sur mes plaies, aucune tentative de me dérober à cet exercice d'infirmerie basique. Pas besoin de mots non plus. Une barrière entre nous s'était doucement instillée, la faute à mes erreurs, la faute à sa colère, la faute à ce destin qui se jouait de nous. Ma main délicatement entourée de son mouchoir, je la cherchais du regard en vain. Si près l'un de l'autre. Et pourtant si éloignés. Avec pour seul point d'ancrage, cette main dans les siennes. J'aurais voulu la prendre dans mes bras, tout oublier et repartir à zéro, mais c''était impossible. C'était trop tôt. Il y avait de la tendresse dans les gestes de la louve, dans ce baiser sur cette main sacrifiée sur l'autel de ma frustration et ma colère. Mes prunelles glaciales rencontrèrent à nouveau les siennes, mais je n'y voyais rien. Comme si elle me bloquait tout accès. Don't close the door on me, please. Espoir et désespoir se mélangeait dans mon regard tandis que ses mots me faisaient l'effet d'une douche froide. Une gifle n'aurait pas pu faire mieux. J'avais l'amère impression de reprendre mes esprits, de me réveiller d'un cauchemar terrible. Comme lorsque je m'éveillais d'une vision plus terrible qu'une autre. "Je comprends." furent les seuls mots qui réussirent à s'échapper de ma bouche. En réalité, non, je ne comprenais pas. Je ne voulais pas comprendre. Je voulais qu'elle soit à moi, là, tout de suite. Mais la tristesse et la colère avaient cédé le pas à une froide lucidité. Pourquoi faudrait-il attendre? Mon visage se ferma aussi rapidement que mon coeur se serrait. Il n'y avait pas de promesses dans ses paroles, juste un espoir fou qui me rendait dingue et me faisait souffrir. Alors sans un mot, je lui tournais le dos pour me diriger lentement jusqu'à la porte du bureau. L'ouvrant en silence, je finis par dire, juste avant de la refermer derrière moi: "Ma porte sera toujours ouverte pour toi. Toujours. Je t'attendrai." Ce soir-là, je m'effondrais en rentrant chez moi, épuisé psychologiquement et physiquement. Ma dernière pensée fut pour Lubia. I miss her already.
@Lubia SavčenkoRP TERMINE
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