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la nuit je mens - nathaniel
Sam 13 Mar 2021 - 16:20
Mardi 16 février
@Nathaniel Wakefield
@Nathaniel Wakefield
Nouveauté de la cinquième année : les stages. Dalia les avait redoutés : à l'université il lui était facile de survoler un td, de feindre l'écoute pendant un cours, de griffonner pendant une explication trop longue. La passivité étudiante lui était confortable, elle aimait travailler sérieusement à ses heures et profitait de nombreux moments dans la journée pour rêver, amorcer des dessins ou écrire quelques rimes. Il avait pourtant fallu faire face à la réalité : son cursus devenait de plus en plus concret. Or la Pokeby n'avait aucune envie d'être médicomage. Heureusement, grâce à l'exemple de son cousin Darius, elle avait pu trouver un compromis : s'orienter dans les empoisonnements et antidotes. Cela lui permettait d'évoluer dans un domaine qui lui plaisait, elle qui était passionnée de potion et de botanique, tout en respectant le cursus imposé par sa mère, grande chirurgienne. Efisia Colacino avait observé ce choix d'un air dédaigneux, incapable d'argumenter contre la carrière peu prestigieuse de sa cadette. Dalia s'était secrètement réjoui de ce pied de nez, mais l'idée de subir des stages dans différents services médicaux ne l'enchantaient pas pour autant. Après deux stages en laboratoire d'analyse et de préparation d'antidotes, dont un obtenu grâce à Darius lui-même, l'Helvète avait passé trois semaines fort désagréables en médicomagie générale à l'hôpital magique de Londres. Le contact avec les patients et patientes, ce n'était pas fait pour elle. Elle avait d'ailleurs dû lutter péniblement contre sa nature pour ne pas recevoir de note trop mauvaise en relationnel.
Ce mois-ci, elle avait intégré l'hôpital d'Inverness, au service hématologie. L'étude des maladies du sang était relativement intéressante, mais malheureusement il fallait également faire les prises de sang. Un équilibre peu satisfaisant pour Dalia, qui devait pourtant s'en contenter. Vêtue de sa blouse blanche, un badge de stagiaire accroché au niveau de la poitrine, elle accompagnait donc un infirmier dans les rendez-vous quotidiens. Ici, les sorciers ou sorcières se présentaient pour une analyse sanguine, générale ou ciblée. Dalia avait veillé à ne pas choquer par son look : elle avait taché de mettre les vêtements les plus sobres et classiques sous sa blouse, retiré son vernis sombre et limité ses bijoux ésotériques à une bague sertie d'une opale blanche (qui facilite la communication et encourage à être avenante) et une paire de petites boucles d'oreilles discrètes. Parée de son éternel visage de blasée, elle se focalisait à voir ces interactions nécessaires comme l'étape préliminaire avant le plaisir de mener les analyses sur le sang recueilli.
Puisque tu as très bien suivi les premiers patients, je te laisse faire le prochain toute seule. Je suis dans la pièce voisine si tu as un doute. Dalia acquiesça lentement, sachant que l'infirmier considérait cette corvée comme une faveur. Elle se dirigea donc à l'accueil pour aller chercher son prochain patient. Face à la salle d'attente dont elle ignorait les regards, elle lut le document répertoriant les personnes à examiner quand son stylo s'arrêta sur le nom à appeler. Ses yeux d'opaline s'écarquillèrent légèrement et elle eut l'impression d'avoir le souffle coupé. Pourtant, il n'était pas possible de rester plantée là, silencieuse - impossible de faire machine arrière non plus, et d'ailleurs elle ne le souhaitait pas. Malgré l'affolement qui s'était emparée d'elle, elle voulait ce rendez-vous. Sans oser chercher le visage du patient dans la pièce, elle conserva son air impassible pour prononcer son nom. Mr... Nathaniel Wakefield ? Ce ne fut que le mouvement du sorcier qui la fit poser les yeux sur lui. C'était lui. Le juge. Le frère d'Evan. Dalia sentit sa gorge se serrer, aussi resta-t-elle muette. De toute façon, il n'y avait pas besoin de parler pour que le patient la suive jusque dans la salle d'examen.
La jeune femme ne savait pas ce qu'elle voulait faire dès qu'elle aurait fermé la porte. Lui dire d'emblée ses soupçons pour voir s'il allait ciller ? Lui demander sournoisement s'il connaissait une certaine Efisia ? Fondre en larmes et lui hurler sa conviction profonde ? Tout lui paraissait absurde et risqué, pour son stage, et pour sa sensibilité. Alors elle se contenta de rester froide - sa meilleure défense contre le monde - et prit une voix mécanique pour s'adresser à lui sans le regarder. Bonjour monsieur Wakefield, je suis infirmière stagiaire et je vais procéder à votre prise de sang. La phrase protocolaire qu'elle devait répéter à chaque patient - quelque part, le fait de ne pas avoir à donner son nom la soulagea.
(en anglais - léger accent franco-italien)
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Re: la nuit je mens - nathaniel
Mer 7 Avr 2021 - 20:33
16 février 2021
Ce matin j'ai pas les mots, c'est difficile
Les réponses à tes questions je les ai pas
Moi aussi j'ai peur du temps, du temps qui file
Et le passé ne nous aide pas - Si on disait (M Pokora)
Soucieux de ma santé, il était dans mes habitudes de ne jamais manquer un seul de mes check-up réguliers. Plus encore depuis le décès de Morgane, il m'apparaissait évident de vérifier que tout allait pour le mieux et que je pouvais continuer à exercer mes fonctions sans avoir à craindre de moments de faiblesse. Ironie du sort. Si la faiblesse du corps était si simple à observer et à traiter, la faiblesse de l'esprit, de l'âme était aussi secrète que destructive. Sous couvert de m'occuper de l'une d'entre elles, je dissimulais la deuxième. Habitude ancrée dans mes veines. Masque d'indifférence. Masque qui avait tendance à se fendiller beaucoup trop facilement à mon goût depuis la disparition de mon épouse. Une fois sorti du Ministère, un transplanage rapide me permit de retrouver la vision familière de l'hôpital Ste Mary, dans lequel j'entrais sans plus de cérémonie. M'annonçant à l'accueil, l'hôtesse m'indiqua la salle d'attente et je m'y rendais sans attendre, feuilletant la Gazette du Sorcier avec une attention particulière pour tous les sujets politiques. Perdu dans les paroles intrigantes d'un opposant au Ministre actuel, seule la voix annonçant mon nom me fit relever les yeux. Lesquels s'attardèrent sur la silhouette de la personne qui venait très certainement de m'appeler. Pendant quelques infinies secondes, je ne bougeais pas. Cette sensation étrange. Celle qui m'avait étreint le cœur à plusieurs reprises lors d'évènements mondains. La voilà qui revenait me hanter. Fantôme du passé. Car il y avait chez cette jeune femme qui me faisait face des traits terriblement familiers. Des traits qu'elle ne devrait sûrement pas porter. Je devais certainement me tromper. Après tout... N'existe-t-il pas des milliards de personnes sur terre? Probablement que certaines d'entre elles devaient se ressembler, n'est-ce pas? Soucieux de ne rien montrer, je me levais avec une lenteur toute calculée avant de la suivre sans un mot. Pourtant quelque chose clochait. Cette tension que je sentais en elle était inhabituelle, même pour une stagiaire qu'on aurait jetée dans la fosse aux lions. Ma sensibilité d'extralucide me mettait en garde. Elle n'était pas ce qu'elle semblait être. Méfiance soudaine. Et si on essayait de me jouer un mauvais tour? Ce ne serait pas la première fois.
Une fois dans la salle d'examen, je prenais place sur le siège prévu pour les patients, observant chaque geste de la demoiselle, détaillant chaque trait de son visage, de la couleur de ses yeux à celle de ses cheveux. Si en effet, on pouvait y trouver des similitudes avec les traits de ma propre mère, j'y décelais aussi d'autres détails troublants. Qui me rappelaient quelqu'un que j'avais bien connu, à une époque. C'était... perturbant. Pourtant, je me forçais à chasser ces pensées. Après tout, elle pouvait très bien être une cousine inconnue. Ou une jeune femme ressemblant étrangement à des personnes proches. Tout était possible. Sauf l'impensable. Who are you? La froideur dans sa voix. Tactique familière pour éviter de se dévoiler aux autres. Toujours silencieux, mon regard bleu glacial braqué sur elle, je l'écoutais cacher ses peurs et ses secrets derrière quelques mots mécaniques. Et puis il y avait cette musique italienne dans sa voix, indice qui ne faisait qu'accentuer ce malaise qui me prenait la concernant. Relevant la manche de ma chemise pour qu'elle puisse avoir accès à mon bras et qu'elle puisse faire son travail, je ne la quittais pas du regard. L'étudiante préparait le matériel nécessaire à la prise de sang, et si ses mains ne tremblaient pas, sa détresse émotionnelle était terriblement évidente pour mes sens d'extralucide. Souhaitant apaiser son esprit autant que le mien, ma main vint s'arrimer à son bras avec douceur et fermeté. Force tranquille. Don't you be afraid, child. Des images confuses accaparèrent mes pensées quelques micros secondes. Suffisamment claires cependant pour confirmer ce lien à l'italie et à cette personne que j'avais connu il y a des années. Mais il n'était pas question de l'embêter avec des questions personnelles. "Est-ce que tout va bien, Mademoiselle?" demandai-je avec une voix douce et compatissante. Afin de ne pas la braquer ou de lui faire peur, je relâchais doucement son bras mais gardais le contact visuel. Tout en retenue, comme d'habitude. "Prenez votre temps, je ne suis pas pressé." que je rajoutais avec bienveillance. Il n'y avait pas de défiance dans mon attitude, à peine une certaine méfiance naturelle envers les étrangers. Mais je n'avais rien contre la jeune femme et jamais personne ne me surprendrait à être condescendant ou irrespectueux avec des stagiaires. Je faisais partie de ces mentors justes, bienveillants et exigeants. Pas de ceux qui préféraient exploiter ceux qu'ils jugeaient plus faibles.
@Elsbeth Ballarini
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Re: la nuit je mens - nathaniel
Mar 13 Avr 2021 - 18:03
C'était forcément une blague de l'univers. Une mauvaise réponse du karma ; à force de se faire une obsession sur cette histoire, le monde mettait directement ce Nathaniel sur sa route pour se foutre d'elle. Pour la torturer. A moins que ce soit un signe ? Pourquoi ne serait-ce pas un coup de pouce, justement, un moyen de confirmer ce qu'elle pressentait ? Bonjour monsieur Wakefield, je suis infirmière stagiaire et je vais procéder à votre prise de sang. Dalia répéta machinalement la phrase d'accroche obligatoire, sans regarder le sorcier au regard perçant - comme le sien ? Elle concentrait toute son énergie dans ses mains, placées devant elle au-dessus des instruments, pour les forcer à ne pas ciller. Sous son masque de froideur, sa tête bouillonnait. Elle ne savait même plus par quelle pensée commencer pour mettre de l'ordre dans sa confusion.
Tandis qu'elle préparait la prise de sang, heureuse d'avoir déjà mémorisé les gestes à faire, elle devinait du coin de l'oeil que le sorcier relevait sa manche, prêt à recevoir sa piqûre. Lui aussi semblait habitué à la procédure. Dalia n'arrivait pas à raisonner, elle se sentait vide, vide avec le crâne au bord de l'explosion. Il était beau. Elle l'avait déjà remarqué sur la photographie de sa mère, mais elle préférait son air plus âgé, plus grave, coupant, presque effrayant. Comme pour l'interrompre dans ses plans sur la comète, le juge Wakefield lui toucha le bras. Le contact la surprit tant qu'elle se figea, les yeux d'opaline relevés sur lui. Est-ce que tout va bien, Mademoiselle ? Clairement, le contact physique avec les patients, ce geste paternaliste et sexiste, le terme de demoiselle, elle avait tout ça en horreur... sauf que sa voix semblait si douce. Le paradoxe de cet instant parut complètement absurde à la sorcière, qui fut soulagée lorsque l'homme retira sa main la seconde suivante.
Elle ne se sentait pas l'énergie de feindre l'aisance ou même d'esquisser un sourire poli. Alors elle ne mentit qu'à moitié, meilleur moyen d'être crue. ...Excusez-moi monsieur, je débute, formula-t-elle lentement. Je suis un peu nerveuse. C'était peu dire, mais Dalia savait qu'elle cachait assez bien son agitation, ayant plus l'air craintive que conspiratrice. Prenez votre temps, répondit le juge, je ne suis pas pressé. Il paraissait bienveillant, presque sincère. Cela troubla encore plus l'Helvète, qui ne savait pas trop si elle pouvait se laisser aller à le croire gentil. C'était un Wakefield, d'une haute famille de sang-pur, et juge par-dessus le marché. Il ne devait probablement pas être très doux. Il ne pouvait pas. Il devait être dur et intransigeant, comme Aaron Ballarini, son... père. Méfiante même face à l'agneau innocent, Dalia retrouva un peu de contenance, devenant louve à son tour, et revêtit son costume de stagiaire exemplaire.
Elle finit donc de préparer ce qu'il lui fallait, les mains gantées, les yeux rivés sur ce qu'elle faisait. Le silence lui permit de se recentrer. Elle savait qu'elle n'obtiendrait aucune réponse de cette entrevue, alors autant taire son noeud de questions et laisser son intuition à l'écoute. La sorcière prépara trois petits flacons, les étiquetta et les déposa sur son plateau. Je dois vous poser des questions de routine pour remplir votre dossier, annonça-t-elle de sa voix lasse en ouvrant la chemise qui portait le nom de Nathaniel Wakefield. Vous êtes bien né le 16 juin 1976 ? Si sa date de naissance ne lui apprenait rien, la sienne pouvait peut-être lui parler. Peut-être. Sa mère avait-elle eu une aventure avec lui, lorsqu'ils étudiaient ensemble à Hungcalf ?
(en anglais - léger accent franco-italien)
Tandis qu'elle préparait la prise de sang, heureuse d'avoir déjà mémorisé les gestes à faire, elle devinait du coin de l'oeil que le sorcier relevait sa manche, prêt à recevoir sa piqûre. Lui aussi semblait habitué à la procédure. Dalia n'arrivait pas à raisonner, elle se sentait vide, vide avec le crâne au bord de l'explosion. Il était beau. Elle l'avait déjà remarqué sur la photographie de sa mère, mais elle préférait son air plus âgé, plus grave, coupant, presque effrayant. Comme pour l'interrompre dans ses plans sur la comète, le juge Wakefield lui toucha le bras. Le contact la surprit tant qu'elle se figea, les yeux d'opaline relevés sur lui. Est-ce que tout va bien, Mademoiselle ? Clairement, le contact physique avec les patients, ce geste paternaliste et sexiste, le terme de demoiselle, elle avait tout ça en horreur... sauf que sa voix semblait si douce. Le paradoxe de cet instant parut complètement absurde à la sorcière, qui fut soulagée lorsque l'homme retira sa main la seconde suivante.
Elle ne se sentait pas l'énergie de feindre l'aisance ou même d'esquisser un sourire poli. Alors elle ne mentit qu'à moitié, meilleur moyen d'être crue. ...Excusez-moi monsieur, je débute, formula-t-elle lentement. Je suis un peu nerveuse. C'était peu dire, mais Dalia savait qu'elle cachait assez bien son agitation, ayant plus l'air craintive que conspiratrice. Prenez votre temps, répondit le juge, je ne suis pas pressé. Il paraissait bienveillant, presque sincère. Cela troubla encore plus l'Helvète, qui ne savait pas trop si elle pouvait se laisser aller à le croire gentil. C'était un Wakefield, d'une haute famille de sang-pur, et juge par-dessus le marché. Il ne devait probablement pas être très doux. Il ne pouvait pas. Il devait être dur et intransigeant, comme Aaron Ballarini, son... père. Méfiante même face à l'agneau innocent, Dalia retrouva un peu de contenance, devenant louve à son tour, et revêtit son costume de stagiaire exemplaire.
Elle finit donc de préparer ce qu'il lui fallait, les mains gantées, les yeux rivés sur ce qu'elle faisait. Le silence lui permit de se recentrer. Elle savait qu'elle n'obtiendrait aucune réponse de cette entrevue, alors autant taire son noeud de questions et laisser son intuition à l'écoute. La sorcière prépara trois petits flacons, les étiquetta et les déposa sur son plateau. Je dois vous poser des questions de routine pour remplir votre dossier, annonça-t-elle de sa voix lasse en ouvrant la chemise qui portait le nom de Nathaniel Wakefield. Vous êtes bien né le 16 juin 1976 ? Si sa date de naissance ne lui apprenait rien, la sienne pouvait peut-être lui parler. Peut-être. Sa mère avait-elle eu une aventure avec lui, lorsqu'ils étudiaient ensemble à Hungcalf ?
(en anglais - léger accent franco-italien)
- InvitéInvité
Re: la nuit je mens - nathaniel
Mar 27 Avr 2021 - 22:45
Touché par l'évidente détresse de la jeune fille, mon premier réflexe fut de tenter de la rassurer, une main posée sur son bras en signe de ma bienveillance certaine, inconscient même que ce geste puisse être mal interprété. Mû par la volonté sincère de ne pas la brusquer, j'avais suivi mon instinct en lui offrant quelques mots qui je l'espérais pouvaient l'apaiser. Mon intention n'avait jamais été de la mettre mal à l'aise, mais là encore, la maladresse était peut-être mienne. En voulant faire "bien", en voulant aider, peut-être cela provoquait-il l'effet inverse. La jeunesse de la stagiaire face à moi n'aurait pas du me déstabiliser, et pourtant... Elle paraissait si fragile. Si vulnérable. Et son aura si familière. Finalement, Clarence devait avoir raison, je devais me reposer. La fatigue me jouait des tours. Les quelques mots d'excuse de la jeune stagiaire contenaient cette nervosité dont elle parlait. Mais il y avait autre chose dont elle ne parlait pas. Des secrets. Un secret. Habitué aux petites manigances de mes collègues dans la politique, j'avais appris il y a longtemps à repérer les signes évidents de dissimulation d'informations. Mes mots continuèrent à se faire bienveillants et avenants, cherchant par là à éviter qu'elle ne se braque à nouveau. La brune sembla reprendre de l'assurance et mes prunelles claires l'observèrent à nouveau alors qu'elle continuait ses préparations. Ses attitudes, cette façon qu'elle avait de se replier derrière son masque de façade, derrière cette froide mascarade. La ronde des âmes perdues. Des chemins qui étaient inexorablement liés mais ne se croisaient jamais... Il y avait des questions dans mes iris. Des questions qui resteraient sans réponses pour le moment. Sa question me surprit. La regardant quelques secondes sans rien dire, je me retenais de demander pourquoi de telles questions devaient encore m'être posées alors que je venais dans cet hôpital depuis des années... Mais soit. Peut-être était-ce pour entraîner les stagiaires à recevoir de nouveaux patients. Je finis par répondre, un demi-sourire sur les lèvres: "C'est exact, en effet." What do you want to know? Ma date de naissance n'était pas une information cruciale. A minima, cela ne faisait que lui apprendre que j'avais abandonné la trentaine depuis quelques années maintenant et que j'étais passé dans cette catégorie floue qui suivait celle de la jeunesse idéaliste. Ma curiosité alla ensuite aux autres questions qu'elle me poserait. Et si pendant un instant, je me plaisais à penser à mon lieu de naissance ou mon lieu d'habitation, je fus frappé soudainement par une cruelle vérité. Veuf. Sans enfants. Le drame d'une vie froidement inscrit sur un morceau de papier administratif. Mon mince sourire s'effaça doucement et je reprenais ce masque d'indifférence, celui qui me permettait de me protéger de tout. "Qu'avez-vous besoin de vérifier en dehors de ma date de naissance?" Cette fois, ma voix était un peu plus pressante, un soupçon de tristesse s'en dégageant. La pièce me semblait trop petite, oppressante. Impassible face à l'évidence d'une crise d'angoisse que je ne contrôlais pas. Mon coeur manquait un, puis deux battements. Presque en apnée. Si je n'avais pas eu autant de contrôle, j'aurais probablement quitté la pièce. Can you help?
@Elsbeth Ballarini
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