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Ca, c'est mon lit | Cia (terminé)
Dim 3 Oct 2021 - 21:06
1er septembre, en fin d'après-midi
Quand je m'étais réveillé ce matin là, je me sentais frais, pour une fois. En même temps, la veille, j'avais enchainé le trajet depuis Paris jusqu'à Inverness après une nuit blanche de débauche. Le fait d'être reposé et d'être complètement sobre me faisait du bien. Et puis j'avais plutôt bien dormi. Je tourne la tête vers le lit en face du miens, légèrement défait, comme si son occupant l'avait fermé en vitesse ce matin, sans vouloir faire de bruit. Je souris à cette idée, et repense à la soirée d'hier soir. C'était étrange, mais ... est-ce que je m'étais fait un ami ? J'ai encore du mal à savoir si je n'ai pas rêvé une partie de ce qu'il s'est passé, cette rencontre avec @Alexander Gold a l'air trop belle pour être vraie. Lui et moi, on s'est trop bien compris l'un l'autre pour que je trouve ça normal. Il y a forcément baleine sous gravillon.
Je finis par jeter un coup d'œil à l'heure, et mon pouls s'accélère sous le coup de panique. Tu m'étonnes que je me sens reposé, j'ai dormi 15 heures ! Il est 13h12, et je dois être présent pour ma rentrée à 13h30. Je bondis alors hors du lit et dans le premier pantalon qui me passe sous la main, enfile un sweat floqué aux couleurs de ma maison comme le veux le règlement, attrape mon téléphone, ma baguette, mon casque, et part en vitesse de la chambre sans prendre la peine d'essayer de coiffer ma chevelure de toute façon rebelle. Je ne sais par quel miracle je suis arrivé à temps.
Quelques heures plus tard, la tête pleine d'informations concernant mon futur emploi du temps, un système de tutorat , un futur forum des associations étudiantes, et bien entendu le grand moment sur les thèses et l'importance d'avoir dès à présent trouvé un sujet pour éviter un retard qui s'accumulerait en plus du reste de nos études, ce qui n'était pas mon cas, bien entendu. Mon casque sur les oreilles, je faisais donc le trajet du retour, et arrivait dans la chambre. Pas d'Alexander dans les parages, en revanche, un tas de fringues que je ne reconnaissais pas était étalé sur mon lit défait. Un peu interloqué, je marque un temps de pause, et c'est au moment où un jeune sort de la salle de bain commune que je me rappel qu'on a un troisième colocataire. Je baisse alors mon casque pour le mettre autour de mon cou. Ca, c'est mon lit. Le ton est sec et froid. Non Luka, c'est toujours pas comme ça qu'on dit bonjour.
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Re: Ca, c'est mon lit | Cia (terminé)
Sam 16 Oct 2021 - 18:21
1er septembre 2021 - 17h30
Première journée de cours à Hungcalf. Premiers cours. Tout était fascinant, enthousiasmant, passionnant. Les professeurs n'avaient pas manqués de s'être montré patients avec leurs nouveaux élèves et j'appréciais l'effort de certains étudiants plus âgés qui nous avaient volontiers guidé dans le dédale de couloirs et d'étages de l'Université. Mon sens de l'orientation étant plutôt bon, il me faudrait peu de temps pour connaître les lieux comme ma poche. Et je n'avais pas peur de demander mon chemin quand c'était nécessaire. Encore un vieux cliché sur les mecs, ça. Une fois la journée terminée, il me restait une mission de la plus haute importance. Apparemment l'administration s'était plantée dans le partage des chambres. Je n'étais pas dans la bonne chambre. Fallait donc que je déménage. Great. Merci à la paperasse merdique. Mais bon, je n'ai pas trop râlé. Parce que mon colocataire actuel était un idiot de joueur de Quiddtich qui s'amusait à refaire des chorégraphies de balai sur son lit et ronflait comme un boutefeu chinois. Bref, quand j'ai su que j'allais rejoindre la chambre d'@Alexander Gold, que j'avais rencontré à mon arrivée ici, ouais, j'étais ravi. Au moins, lui, je savais que je pouvais lui faire confiance. Et qu'il me respectera. Quant à l'autre colocataire, on verrait bien. Une fois mes affaires rassemblées, j'emmenais le tout dans ma nouvelle chambre, avisant mon lit et l'espace libre pour ranger tout mon bordel. En attendant de faire mon lit, je posais mes fringues sur un des autres lits avant de passer dans la salle de bain pour poser ma trousse de toilette. Au moment où je revenais dans la chambre, je me stoppais net. Mes prunelles incisives se posèrent sur une silhouette inconnue. Surement le troisième lot de la chambre. Et il semblait aimable comme une porte de prison. Yeah, génial. Sinon, bonjour, tu connais? Je soupirais en levant les yeux au ciel avant de lancer sur un ton à la fois agacé et cynique: "Oh c'est un lit, vraiment? Non parce que vu c'était en bordel, je me suis dit qu'un peu plus ou un peu moins..." S'il voulait jouer à ce jeu, pas de problèmes. C'était pas parce qu'il était plus vieux que j'allais m'écraser. Récupérant mes affaires avec un sourire moqueur, je balançais le tout sur le mien. Oui, j'aimais le bordel. Mais c'était organisé dans ma tête. "Oh sinon, si ça t'intéresse, moi c'est Ciaran. Et bonjour." que je finis par rajouter en haussant les épaules, cette fois sans vraiment d'animosité. Si on devait apprendre à vivre sous le même toit, fallait peut-être éviter de se prendre la tête dès le premier jour, non? Laissant tomber mes fringues, je préférais ranger mes carnets et mon matériel de dessin/peinture sur le bureau qui m'était réservé.
@Luka Agreste
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Re: Ca, c'est mon lit | Cia (terminé)
Dim 17 Oct 2021 - 0:31
Je ne retiens pas un soupir dépité et hautain au possible lorsque mon second coloc me répond. Je l'observe de la façon la plus méprisante que j'ai en stock, le regardant de haut en bas, avant de lever les yeux au ciel et de commencer moi même à virer ses affaires de mon lit el les jetant au sol sans ménagement, sans me soucier de savoir si certaines choses étaient fragiles ou non.
Oh, on avait à faire à un rebêle des bacs à sables ? Supeeeeer, j'avais que ça à foutre de faire du babysitting d'ado à la con. Ca, ça sortait tout droit de Poudlard et des jupes de sa mère, il sentait encore le lait en poudre à plein nez. Et ça se croyait malin parce que ça avait intégré la prestigieuse université Hungcalf. Spoiler alert gamin, ici t'es un gars comme les autres, et tu vas vite apprendre à arrêter de te sentir supérieur quand tu vas te taper ton premier "troll" en devoirs parce que tu te seras pensé au dessus du lot par excès d'ego. Et hors de question que je t'entende sangloter sur ton sort de pauvre petit étudiant martyrisé par des vilains professeurs qui comprennent pas que le passage à la fac s'accompagne obligatoirement de soirées et que tu peux pas tout suivre parce qu'on te prend plus par la main comme on le faisait au collège. Bah ouais mon grand, t'es encore un ado, mais bienvenue dans le monde des adultes. Et dans ce monde là, tu fous pas TES affaires sur MON lit.
Premièrement, il va changer de ton tout de suite le minot, parce que je suis pas ton pote. Deuxièmement, non, ça m'intéresse pas, j'en ai rien à foutre de toi et de ton prénom. Troisièmement, va falloir que tu apprennes très vite la notion d'espace privé, parce que la prochaine fois que une de tes affaires se retrouve dans les miennes, je la fait cramer. Est-ce que j'ai était assez clair ?
Mon ton est aussi glacial et cinglant que mon regard est noir. En s'y penchant, on pourrait presque y remarquer des éclairs. Je déteste qu'un gamin se donne le droit de se comporter d'une façon aussi insupportable. Faut vraiment pas que je devienne parent un jour, parce que je serai un vrai tiran. Pourtant j'ai pas été élevé de cette façon, mais c'est physique. J'ai même pas besoin de me forcer à jouer le rôle du connard froid et condescendant avec lui, ça sort tout seul, rien que son comportement incroyablement immature suffit à me hérisser le poil et à me mettre sur la défense. Il a intérêt à se calmer très vite l'anarchiste en couche culotte, ou c'est moi qui vais m'en charger. Parce que si Alex et moi, ça semble être les prémisses d'une réelle amitié, j'ai pas signé pour jouer à Pascal le grand frère. Qu'il me prenne donc pour un connard, comme 98% des gens qui me parlent, c'est mon rôle préféré.
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Re: Ca, c'est mon lit | Cia (terminé)
Mer 24 Nov 2021 - 19:34
C'était clair, le mec m'avait même pas laissé m'exprimer que déjà, il me détestait. Ok, j'aurais peut-être pas du en rajouter. Ok, j'aurais peut-être du m'aplatir pour ne pas partir du mauvais pied avec lui. Sauf que non, mon côté lunatique avait horreur qu'on me prenne de haut et qu'on se permette de me rabaisser alors que j'avais - presque - rien fait. Les affaires que j'avais posées sur son lit, c'était temporaire, il ne devait pas être là. Mes paroles partirent presque instantanément, piqué à vif. Je n'aimais pas être mis sous pression, j'avais tendance à me mettre sur la défensive et à attaquer. Alors oui, il méritait pas que je fasse des efforts. Surtout quand il me répondit sur un ton qui ne me plut pas, mais alors PAS DU TOUT. Son regard noir, haineux, rencontra le mien, tout aussi noir. Il n'avait pas besoin d'être aussi blessant avec moi. Peut-être que j'aurais du rester avec l'autre joueur de Quidditch, au moins, j'avais pas peur qu'il me tue dans mon sommeil. J'en parlerai à Alexander. Pour toute réponse à son discours de rageux, j'haussais les épaules et continuais à m'occuper de ranger les affaires que j'avais entassées sur mon lit et qu'il avait jetées par terre. J'allais pas me monter la tête pour lui, hein? Mais il semblait que mon corps en avait décidé autrement. Entre les premiers jours très anxiogènes et toutes ces histoires de chambres, mes nerfs avaient été mis à rude épreuve. Et j'avais ENCORE oublié de prendre mes médocs. J'en avais pas envie, ça me soulait grave de devenir amorphe avec ces trucs prescrits par les psys. Le problème, c'était les crises qui pouvaient arriver n'importe quand. Alors quand je vis mes mains se mettre à trembler et la migraine s'installer d'un coup, je sus que c'était la merde. Franchement pas intéressé qu'il me voit en pleine crise - il pourrait croire que je me fous de sa gueule -, je filais vers la salle de bain et claquais la porte pour la fermer. Une nouvelle poussée de migraine, associée à des images traumatisantes, me transperça le crâne et je grimaçais en m'accrochant au lavabo. Sans me rendre compte que je faisais tomber dans un grand bruit tout ce qui était posé sur le côté de l'évier, je finis par m'accroupir pour tenter de gérer la crise au mieux. Pas maintenant, sérieux. Pas maintenant. Les yeux fermés, je n'entendais pas ce qui se passait dans la chambre à côté, ni même si la porte de la salle de bain s'ouvrait...
@Luka Agreste
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Re: Ca, c'est mon lit | Cia (terminé)
Sam 11 Déc 2021 - 14:26
À ma grande satisfaction, le jeune homme décide de ne pas me répondre. Visiblement, l'avertissement a été compris, et il ramasse simplement en silence ses affaires que j'ai balancé au sol. Il faut dire que je n'y suis pas allé de main morte. Dans le fond, je m'en veux un peu. J'y ai peut être été un peu trop fort pour une simple histoire de vêtements déposés sur mon lit. Mais je l'ai ressenti comme une violation de mon espace personnel, et qu'il me réponde d'une façon aussi immature a fini de me retourner le cerveau. Je suis vraiment un sale con quand je m'y met, mais j'ai pas spécialement l'intention de changer.
Je m'applique donc à faire mon lit une fois que je l'ai débarrassé du contenu envahissant, avant de m'asseoir dessus et ficher mon casque anti bruit sur mes oreilles, histoire de signifier, si jamais le jeune gamin avait l'idée saugrenue de me reparler, que la conversation était désormais terminée. Une musique vient jouer fort dans l'appareil, et doucement, je redescend en pression alors que je m'isole de nouveau dans mon monde. D'ici une heure, je quitterai la chambre pour aller faire une vente d'herbe en ville, et j'en profiterai surement pour fumer un peu, j'en ai bien besoin avec le stress de la rentrée et surtout la pression autour de la thèse, mais d'ici là, je fais confiance à de la guitare saturée pour m'aider à oublier un peu l'incident du nouveau colocataire.
La musique baisse doucement en volume alors qu'elle arrive sur la fin, et un grand bruit parvient jusqu'à moi. Je connais assez cette chanson pour savoir qu'il n'en fait pas partie, et pour avoir passé le système de filtration de mon casque, il devait être vraiment important. Je me redresse alors d'un coup, et remarque que le gamin n'est plus là. Il n'est pas passé dans mon champ de vision, il n'est donc pas sorti, ce qui veut dire qu'il est forcément dans la salle de bain, et que le bruit viens de là. Est-ce que c'est vraiment mon problème ? J'ai envie de croire que non, mais je me lève quand même et vais ouvrir la porte pour comprendre ce qui est à l'origine de ce bouquant.
La vision me saisit. Un garçon tremblant, accroupi au sol, presque en boule sur lui même, tentant de gérer ce qui ressemble à une crise d'angoisse. C'est donc à ça que je ressemble vu de l'extérieur ? Sauf que là ... C'est moi qui en suit la cause. Et merde ... Je joues le connard pour être tranquille, mais je n'en suis pas un, pas vraiment. Je ne peux pas rester insensible devant le mal être du gamin, surtout quand c'est ma faute. Fait chier, pourquoi il a décidé de me mettre devant une version de mini moi ? Fait chier .... Je m'accroupis pour être à son niveau. Hey ... Ciaran, c'est ça ? Oui, parce que j'ai eu beau lui dire que je me fichais bien de son nom, en réalité, c'est une information que j'ai directement enregistré. Concentre toi sur ta respiration. Elimine toutes les autres pensées de ton esprit. Pense simplement expiration, inspiration. Profondément. On va dire que j'ai un doctorat en gestion de crises d'angoisses à force d'en faire.
@Ciaran O'Donnell
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Re: Ca, c'est mon lit | Cia (terminé)
Mar 28 Déc 2021 - 17:36
La crise avait débuté sans prévenir, comme d'habitude. Pourtant, j'aurais du le voir venir. J'aurais du faire en sorte d'éviter les ennuis pour ne pas me stresser en plus. Sauf que non, buté et impulsif, il avait fallu que je fasse le malin. Et voilà, j'étais bien puni maintenant. Une fois parvenu dans la salle de bain, je me laissais glisser à terre, envoyant promener ce qu'il se trouvait sur l'évier. Position presque fœtale, recroquevillé sur moi-même, ma tête entre mes mains. La migraine me défonçait le crâne. Les images terribles de l'accident tournaient en boucle dans ma tête. Il n'y avait pas d'échappatoire, pas de voie de sortie. J'étais seul et il faudrait que je me débrouille pour en sortir sans trop de dégâts. Gérer une crise semblait évident quand on en avait vécu des centaines depuis sa plus tendre enfance, et pourtant, chacune d'entre elles était différente. Chacune pouvait avoir une origine différente, apparaître dans des lieux différents, au contact de personnes diverses et variées. Aujourd'hui, fallait que ça arrive aujourd'hui. Le cœur manquant de s'arrêter tellement il battait vite, je sentais déjà l'eau de ma sueur couler le long de ma colonne. Mon corps se défendait comme il pouvait. On aurait dit qu'il combattait une maladie infectieuse très grave. Respiration coupée, saccadée, je peinais à reprendre pied. Mais tout à coup, à travers l'orage des souvenirs traumatisants me parvint une voix. Une voix que je ne connaissais pas bien, mais qui semblait s'adresser à moi. Avec douceur. Les mots me parlaient. Mon prénom. Respiration. Oui, se concentrer sur la respiration. C'était pas bête. Me forçant à prendre de longues inspirations et expirations, mes tremblements s'atténuèrent petit à petit. Ma migraine aussi me laissa un peu tranquille. Finalement, je relevais doucement la tête, la mine fatiguée, trempé comme si je venais de faire un marathon. Oh. C'était l'autre coloc. C'était lui qui m'avait parlé? Une moue gênée, je baissais les yeux. Je pensais pas qu'il serait venu m'aider, vu comme il m'avait parlé. "Désolé... pour toute à l'heure... J'voulais vraiment pas t'embêter avec mes trucs..." soufflais-je d'une voix un peu rauque. Volontairement, je ne parlais pas de ce qu'il venait de se passer. Mais quand même, ça m'intriguait. Sa réaction n'était pas celle de ceux qui n'avaient jamais vu de crises d'angoisse. @Aveleen O’Donnell par exemple, savait comment se comporter parce qu'elle m'avait aidé de nombreuses fois. "Comment tu savais quoi faire?" demandais-je doucement, un sourire timide sur les lèvres. Je ne bougeais pas encore, épuisé par la crise. Peu importait que je ne connaisse pas son nom ou que je ne connaisse rien de lui, la curiosité était plus forte. Et finalement, ce serait utile d'avoir quelqu'un dans la chambre qui savait comment gérer de telles crises. Au moins, je pourrais dormir sur mes deux oreilles.
@Luka Agreste
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Re: Ca, c'est mon lit | Cia (terminé)
Mer 16 Fév 2022 - 19:32
Il y a à peine quelques minutes, j'étais en train de passer mes nerfs sur un gamin qui avait eu l'audace de poser trois affaires sur mon lit. Oui, j'avais peut-être était un peu excessif. Et voilà que maintenant je me retrouvais accroupi à côté de lui dans la salle de bain exigüe de la chambre que nous allions partager, en train de lui faire faire des exercices de respiration afin de faire passer une crise d'angoisse dont j'étais très probablement la cause. On appel ça le karma, clairement.
Néanmoins, je n'étais pas réellement le connard que je laissais croire aux autres, et en voyant ce petit gars au sol, je n'avais pas vraiment d'autre choix que de l'aider. Non seulement parce que je me sentais coupable de son état actuel, mais même en temps normal, je n'aurais pas pu faire comme si de rien était alors que je suis le premier à insulter ceux qui passe à côté de moi en m'ignorant quand je suis dans le même état. Ne serait-ce que par intégrité personnelle, je me devais de rester avec lui.
Alors je suis là, je lui parle beaucoup plus doucement, et je lui donne le rythme de respiration, forçant la mienne afin qu'il puisse se caler dessus et tout doucement revenir à la normale, faisant passer sa crise. Et quand il revient vraiment à lui, je peux lire la surprise dans ses yeux quand il comprend qui est la personne qui est venu l'aider. Je peux comprendre qu'il ne s'attendait pas à ça vu la façon dont je l'avais traité juste avant. T'excuses pas, c'est moi qui suis un vrai con quand je m'y met. Je lui dis alors en passant doucement un doigt sur son menton pour lui relever la tête et lui sourire de façon bienveillante. L'espace d'une seconde, j'ai l'image d'une petite fille à la place du jeune homme, alors que mon être reconnait dans ma posture le rôle de grand frère qui m'a été volé beaucoup trop tôt. C'est facile, j'ai quinze ans d'expérience à gérer les miennes. Je lui réponds avec naturel sans me départir de mon sourire, alors que je lève pour attraper un gobelet propre, sans doute prévu pour se rincer les dents à l'origine, que je rempli avec l'eau du robinet. Je m'installe un peu plus confortablement à côté de lui en m'asseyant en tailleur et lui donne le verre d'eau. Moi c'est Luka. Mais tu peux m'appeler tête de con si ça te fait plaisir.
@Ciaran O'Donnell
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Re: Ca, c'est mon lit | Cia (terminé)
Ven 18 Mar 2022 - 23:05
Mes crises étaient régulièrement violentes, très intenses et j'avais pour habitude de prendre sur moi pour les affronter. Même chez mes parents adoptifs, me cacher pour les faire passer était devenu habituel. Parce que je ne supportais pas tellement qu'on puisse me voir dans cet état. Pas aussi faible. Parce qu'avec l'adolescence, mon côté secret et solitaire s'était accentué. J'arrivais toujours à m'en sortir. Malgré tout, je me rendais bien compte qu'il faudrait que je trouve de vraies solutions pour la gestion de mes angoisses. Aveleen n'était malheureusement pas tout le temps présente pour me venir en aide, et les potions anxiolytiques, ça allait bien deux minutes, mais ce n'était plus vraiment efficace. Une vraie solution serait de retourner voir un psychomage, mais là, il faudrait que je prenne sur moi, et c'était très compliqué. Je soupirais doucement alors que je revenais à moi, mon regard embrumé et pas tout à fait assuré. Mon rythme cardiaque était toujours très élevé. Ma respiration, quant à elle, s'était calmée, en se calquant sur celle de mon colocataire. Celui-là même que je regardais d'un air curieux. Je ne pensais pas qu'il viendrait à mon aide, et encore moins qu'il aurait les bons réflexes pour m'accompagner durant ma crise. Finalement, l'ethelred ne me semblait plus aussi imbuvable. Mon regard brillait de reconnaissance, alors que je m'excusais pour mon comportement de sale gosse d'il y a quelques minutes. Bon, je n'avais fait que répondre à sa propre attitude. Reflet miroir pour mieux se protéger. Demi-sourire tandis que mon corps tremblait encore, légèrement. Les conséquences physiques de mes crises étaient impressionnantes, il me fallait souvent de nombreuses minutes pour réussir à m'en remettre. "Faut dire que j't'ai un peu encouragé aussi... J'peux être chiant quand je m'y mets." Mes paroles, sincères, semblaient hésitantes. Je me laissais faire alors qu'il me relevait la tête avec gentillesse. La lueur dans son regard me rappelait celle qu'il y avait dans les prunelles de ma soeur quand elle prenait soin de moi. Etait-ce ainsi que devait se comporter un grand frère? Mes propres frères adoptifs, beaucoup plus âgés que moi, n'avaient jamais complètement rempli ce rôle. Et si je me plaisais à dire que je n'avais pas besoin de leur affection ou de leurs encouragements, c'était en réalité tout l'inverse. Un besoin d'affection évident, la peur d'être abandonné, l'envie de rendre fier. Tant de choses qui me manquaient au quotidien. Oh. Je pris un air surpris en l'écoutant. Comment j'aurais pu imaginer qu'il devait affronter les mêmes difficultés que moi? Je me sentais con d'un coup, à avoir pensé que personne ne me comprendrait vraiment. Et encore moins lui, avec qui je venais de me prendre la tête. "Au moins... on pourra s'entraider si besoin... Moi aussi ça fait des années, mais c'est un peu de ma faute aussi, je tourne en bourrique mes psychomages et je ne prends pas mes traitements..." Haussement d'épaules avec un demi-sourire. Je savais bien que je ne pouvais pas reporter la faute sur les autres ou sur des facteurs extérieurs. J'étais suffisamment intelligent pour me remettre en question. Enfin... ça m'empêchait pas d'avoir un comportement typique d'ado en crise quand je devais me confronter à certains adultes. Ma main attrapa le verre qu'il me tendait et je le bus rapidement, tout en posant mon regard clair sur lui. "Enchanté, Luka tête de con." que je rétorquais doucement, une pointe d'humour taquin dans la voix, avant de reprendre: "Mais bon, trop la flemme d'utiliser un nom aussi long. J'pense que je vais rester sur Luka." Je frissonnais une fois de plus, mon t-shirt trempé n'aidant clairement pas à me réchauffer. Je finis de boire mon verre. Ma respiration avait repris son rythme normal et je savais que la crise était complètement passée. Réflexe d'enfant, je posais ma tête sur l'épaule de Luka qui était assis juste à côté de moi. Juste pour profiter de sa chaleur, juste pour me rassurer un peu. "T'es dans quelle filière?" lui demandais-je avant de bailler longuement. La crise m'avait épuisée.
@Luka Agreste
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Re: Ca, c'est mon lit | Cia (terminé)
Ven 20 Mai 2022 - 17:09
Ce gamin a une aura assez incroyable. Il en faut quand même beaucoup pour me faire passer de mon mode antisocial destructeur à celui de grand frère protecteur, et pourtant cela s'est fait naturellement avec lui. Peut-être aussi que c'est parce que je me suis senti coupable - et à juste raison - de l'état dans lequel il venait de se mettre. Peu importe ce qu'on pouvait m'avoir fait comme crasse, au final la seule personne qui méritait de souffrir, à mes yeux, c'était moi. De toute façon, j'aurai été bien incapable de me rebeller efficacement contre ceux qui me faisaient du mal, j'étais trop occupé à faire tout seul pire qu'eux tous réunies pour ma propre santé mentale et physique. J'ai beau jouer le gros con au quotidien, je sais que dans le fond, c'est pas qui je suis, mais franchement, c'est trop tard pour que j'essai de changer quoi que ce soit.
Pourtant je me retrouve là, sur le carrelage froid de ma nouvelle salle de bain, à sourire à un gars qui a le même âge qu'aurai Sylvia aujourd'hui. Ca pourrait être elle qui rentre à la fac et se tape une connasse en guise de colocataire ... Tous les gamins sont chiants, c'est pas une raison. que je lui rétorque avec un clin d'œil, aussi pour éviter de préciser que j'ai clairement eu une réaction disproportionnée. J'allais pas mourir parce qu'il y avait trois vêtements sur mon lit. Si l'introverti maladif que je suis a vécu ça comme une micro agression, ça n'excuse pas d'avoir réagi avec une vrai agression en bonne et due forme ensuite. Mais on ne va pas rentrer dans un jeu de ping pong à chacun reprendre la faute pour soit, je n'ai pas la force pour ça, et lui non plus, probablement. Je lui explique alors que si j'ai su quoi faire, c'est parce que j'ai l'avantage - si on peut dire ça comme ça - de l'expérience dans le domaine. Sa réponse est si innocente que je ne peux pas m'empêcher de sourire. Décidément, entre lui et Alexander le muet, il semble que j'ai phagocyté tout le potentiel cynique de cette chambre pour le garder pour moi, les deux autres sont des vrais oursons en guimauve. C'est bien, on se complète, moi je prends trop de médicaments et j'irais jamais voir un psy de ma vie. je réponds sur le ton de la rigolade, alors que ce que je dis n'a pas grand chose d'une blague. Je flirt chaque jour dangereusement avec la limite des médicaments que je peux prendre. Mais pour le moment, il est plus important de m'occuper de lui que d'exposer l'une de mes toxicomanies, alors je lui donne un verre d'eau avant de m'installer à côté de lui en me présentant. Je rigole à nouveau quand il saisit la perche que je viens de lui tendre. Fair enough ! Et puis il vient poser sa tête contre mon épaule, et j'ai l'impression de fondre devant tant de douceur. C'est clairement à ce moment là que mon cerveau valide l'option "on l'adopte". C'est bon, maintenant c'est acté, t'es mon petit frère. Je suis en littérature magique, je rentre en septième année pour devenir historien, et toi ?
@Ciaran O'Donnell
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