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dans le noir de l'oeil (dimitri)
Mar 28 Déc 2021 - 20:16
dans le noir de l'oeil (ft. @Dimitri Majewski)
(tenue)✧ Circe ne se souvient plus de la dernière fois qu'elle a porté une autre couleur que le noir. Même ici, dans ce lieu d'oubli et de débauche, la voilà assise au bar, jambes élégamment croisées et verre de whisky en main - vêtue de la couleur qui ne la quitte plus depuis trop longtemps déjà. On n'attendait pas d'elle plus de deux années de deuil, le temps traditionnellement requis d'une femme lorsqu'elle perd son mari, et ses parents désespère de la voir ainsi - probablement impatients de pouvoir la remarier sans passer pour des monstres. Alors Circe gagne du temps comme elle peut ; difficile d'accepter le remariage, quand l'arrangement qu'elle avait avec Idriss était parfait en tout point. Elle soupire de lassitude et finit son verre d'une traite, sans réellement en goûter les arômes ; elle ressasse le passé, et s'en rend bien compte - mais l'invitation de mariage reçue de la par d'Evan a fait ressurgir les souvenirs d'une époque qu'elle a enterré avec son défunt mari. Elle est heureuse pour ses amis, mais cette joie se teinte d'une amertume qu'elle prend soin de dissimuler, au risque d'être mal perçue. Idriss aurait dû assister à ce mariage, lui aussi. Quel con, vraiment, de l'avoir abandonné comme ça - la voilà harcelée de messages subliminaux par ses proches : et toi Circe, y a-t-il quelqu'un dans ta vie ? es-tu prête à te lancer à nouveau ? tu ne peux pas passer le reste de ta vie endeuillée ! au bras de qui viendras-tu au mariage ? Et les réponses sont dans l'ordre : non, absolument pas, elle viendra probablement seule et consommera sa peine au bar. Bah ; elle sait bien jouer les veuves éplorées mais dignes, elle trouvera une façon de s'attirer la sympathie plutôt que la pitié. Rien que d'y penser, ça l'accable de fatigue. L'approche d'une silhouette familière la sort de ses pensées lugubres ; redressant la tête, elle ne peut empêcher un sourire désabusé de se frayer un chemin sur ses lèvres. Fallait qu'elle tombe sur lui ici bien sûr ; il a l'air accablé de fatigue lui aussi, tient. Elle accroche son regard, tire le tabouret à côté du sien et tapote dessus, l'invitant à prendre place avec elle - trêve, qu'elle murmure avec les yeux. « allez, ne laisses pas une dame boire toute seule, » ricane-t-elle avec dérision. « ça fait longtemps qu'on a pas trinqué ensemble. » ils étaient amis avant, en quelques sortes, puis y a eu son contrat avec le Styx, et la découverte du rôle de Dimitri dans tout cela, et la paranoïa a pris le pas ; elle a envie de faire semblant que rien de tout ça ne s'est passé.
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Re: dans le noir de l'oeil (dimitri)
Jeu 6 Jan 2022 - 10:36
Accoudé à la rambarde, ton doigt bat un rythme effréné. La grande arène est vide de sa populace pleine d’hormones qui n’arrive à faire autre chose que faire couler du sang ou parier pour qu’il n’en coule encore plus. Le lieu esseulé fait remonter nombre de souvenirs d’une autre vie. En Russie tu passais plus de temps dans ce genre de lieu que chez toi où régnait une atmosphère sinistre à faire pleurer un mort.@Circe Hallowstone
Tu espères en vain une illumination, une aide, un coup de pouce divin qui pourrait débloquer ton cerveau embrouillé par trop de tergiversation. L’étau se resserre sur toi, te prend à la gorge, tu te sens fébrile, coincé, et les nombreuses cigarettes que tu enchaînes sans même plus y songer t’emportent avec elles dans un nuage de fumée blanche. L’enquête n’avance plus malgré les cas qui ne font que augmenter au fil de cette année scolaire. Il n’y a plus d’autres morts, heureusement, sans doute parce que les né moldus ne partagent pas ce même univers de dépravation que les mages. Cependant, il y a du monde à l’hôpital avec des symptômes similaires. Tu as peur que les responsables du désastre ne soient pas satisfaits et qu’ils fassent tout pour développer un nouveau variant qui ferait des ravages chez les sangs mêlés. A leur place c’est ce que tu ferais. Tu les connais leurs revendications sang pur même si tu es loin de partager leurs idéaux féodaux. Un mince sourire se colle sur tes lèvres quand tu penses que certains trouvent cet endroit cruel et dénué de vie, quand d’autres décident pour leur bon plaisir de tuer pour purifier. Qui est cruel ? Le Styx donne sa chance à tout le monde, tandis que l’autre purge la plèbe. Tu soupires.
Tes pas te ramènes vers le bar, tu n’es pas d’humeur à parler. Une énième cigarette portée à tes lèvres, ta démarche nonchalante te menant par habitude, tu n’as pas de destination, fantôme qui erre dans les couloirs vides, mais tu y vas quand même.
Arrivé au comptoir, sans même avoir besoin de demander quoi que ce soit, un vodka apparaît. Ca ne sera pas suffisant pour noyer ton cerveau, peut être une baignoire serait plus adaptée. Est ce que le fait de se noyer dans un bain d’alcool a déjà tenté quelqu’un autant que toi ?
La voix s’élève non loin de toi. Alerte, tu sors de ta bulle de méditation le regard méfiant, prêt à en découdre. Ta fatigue t’empêche d’être réceptif et tu te laisses surprendre, voilà qui n’est pas prudent. Instinctivement tu ériges à nouveau les barrières de ton esprit, refusant d’encourir le moindre affront. On ne peut jamais faire confiance à celui qu’on en face et quand il s’agit de Circe il n’y a aucune exception. Sans un mot, tu t'installes à côté d’elle, face au mur de bouteilles.
« Que fêtons nous ? »
Tu tournes légèrement ton visage vers la jeune femme. Il y a une douce ironie dans ta voix. Personne ici n’a jamais rien à fêter. A part son anniversaire peut être.
Pourtant vous avez partagé, vous avez en commun, une ancienne maison, un ancien collègue et mari, les Grymm, le ministère, cette double identité naturelle pour deux personnages tels que vous.
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Re: dans le noir de l'oeil (dimitri)
Dim 9 Jan 2022 - 20:42
Peut-être est-ce la fatigue, ou la surprise, ou un mélange des deux qui fait obéir Dimitri aussi vite ; peut-être est-ce juste un reste de la familiarité qui régnait entre eux à l'époque où ni l’un ni l'autre n'avait pris l'habitude de fourrer leurs nez dans des affaires qui vont à l'encontre de leurs travails. Quoi qu'il en soit, il ne conteste pas, même pas un tout petit peu, et prend place à côté de Circe. C'est idiot, songe-t-elle, qu'ils en soient arrivé à se regarder avec méfiance plutôt qu'avec camaraderie ; si Circe avait rejoint l'organisation plutôt que d'y être liée par un contrat, les choses auraient sûrement été plus simple, la méfiance moins lourde — mais madame aime être indépendante tout en ayant un œil sur toutes les pièces importantes de l'échiquier. Il peut être fort utile d'avoir toutes les cartes en main ; la preuve, la simple présence de Dimitri avec elle fait apparaître un nouveau verre de whisky devant elle, qu'elle prend du bout des doigts, faisant tourner le liquide ambré et tinter les glaçons contre le cristal. Les bonnes alliances et les bonnes informations offrent confort matériel et sécurité. Lorsque Dimitri demande ce qu'ils fêtent, l'ironie de sa voix n'échappant pas à la sorcière, un sourire désabusé relève le coin de ses lèvres un instant. Que fêter dans un lieu pareil, à part un pari gagné ? Qu'ont-ils en commun à fêter, eux qui se regarde encore en chien de faïence à chaque fois qu'ils se croisent ? « Pour être honnête, j'ai pas grand-chose à fêter. Peut-être un deuxième enterrement de vie de jeune fille dans quelques mois, si mon cher père parvient à ses fins, » soupire-t-elle. « ça compte, un enterrement de vie de jeune fille, dans le cadre d'un remariage ? peu importe. Fêtons la fin d'une sale journée et le début d'une autre journée encore plus sale, dans ce cas. Ou bien ne fêtons rien du tout et buvons comme des trous sans la moindre excuse valable, ça me va aussi. » Elle fait tinter son verre contre le sien et boit une gorgée, la brûlure de l'alcool accueillie avec soulagement. Y a des fissures dans la façade fière et digne dont elle se pare habituellement ; une vulnérabilité remontée à la surface avec toutes ces maudites discussions de mariages, de projets d'avenirs, d'alliances prestigieuses, de parade sociale- « est-ce que ça te manques, parfois, les premières années à Hungcalf ? j'ai l'impression qu'il y avait moins de mensonges et de faux-semblants à l'époque. moins de contraintes, de complications. » elle laisse s'échapper un rire bref et amer ; c'est surement le filtre de la mélancolie qui teinte ses souvenirs d'une simplicité naïve. Elle mentait déjà beaucoup, à l'époque - mais elle a ce sentiment stupide que le poids des choses était moins dur à supporter (parce qu'elle avait son mari, sûrement). « et maintenant regardes-nous : on joue double-jeu à un tel point que même ce bref moment d'honnêteté paraît fou de ma part, alors qu'on se connait depuis des années. » mais se connaissent-ils réellement ? qui sont-ils quand tous les masques tombent ?
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