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Et je saigne encore # Ashalice
Sam 5 Mar 2022 - 22:40
Bureaux de la brigade de capture des loups-garous - 01 février 2022 - 11h30
(mood) Il a le droit de poser ses mains sur ton corps
Il a le droit de respirer ton odeur
Il a même droit au regard qui le rend plus fort
Et moi la chaleur de ta voix dans le cœur
Et ça fait mal, crois-moi
Une lame, enfoncée loin dans mon âme
Regarde en toi, même pas l'ombre d'une larme
Le retour à la réalité du quotidien fut une véritable torture. La soirée qui avait suivie le mariage ressemblait à un putain de brouillard ou un trou noir. Je savais juste que j'avais fini par me barrer pour aller me réfugier dans les bars d'Inverness, à la recherche d'une ivresse bienvenue. Fallait dire que c'était pas avec leur alcool de bourgeois que j'allais me mettre mal et je n'avais trouvé que ça pour oublier à quel point j'avais mal. J'avais été naïf de penser que tout irait bien, que je serai heureux pour elle, que je pourrais passer une bonne soirée en l'honneur du bonheur d'Alice. C'était l'inverse. Se mentir à ce point-là, c'était grave. Surtout l'évidence m'avait frappé en pleine gueule: je l'aimais plus que je n'avais voulu le croire. Et la voir si rayonnante dans les bras d'un autre m'avait tout simplement détruit. Pourquoi fallait-il qu'aimer soit si douloureux? Je comprenais mieux maintenant ceux qui évitaient à tout prix de s'attacher. Parce que c'était une vraie torture de s'en remettre par la suite, lorsqu'on se retrouvait seul. Une nouvelle année placée sous le signe de la déception et de la souffrance. Gé-nial. Quand je pensais à tous ces moments passés avec elle. Qui est-ce qui était là quand elle était au plus mal? Ses frères, son fiancé? Non. J'aurais sauté d'un pont pour elle si elle l'avait souhaité. Et ça me foutait en rogne. Je soufflais doucement, le regard vissé sur les papiers qui étaient empilés sur mon bureau. Voilà un mois que mon petit jeu consistait à éviter Alice le plus possible. A prétexter d'avoir des rendez-vous, des planques avec d'autres membres de la bridage, à éluder nos échanges. Parce que c'était trop dur de lui mentir et que si je me retrouvais face à elle, je SAVAIS que ce serait trop difficile de ne pas lui dire ce que j'avais sur le coeur. Et puis, pour ne pas la blesser. Je soupirais une fois de plus en passant une main dans mes cheveux pour les ébouriffer d'un geste nerveux. Shit. Mon portable posé sur la table restait étonnamment muet. Et puis soudain une porte claqua et une silhouette bien connue s'avança dans la pièce. Même sans regarder, je savais que c'était elle. Sa façon de se déplacer, ses pas de lionne. J'étais tenté de l'interpeller comme je l'aurais fait quelques semaines plus tôt. De la taquiner et de la faire lever les yeux au ciel. La voir sourire et l'entendre rire à mes conneries. Mais mes prunelles d'ébène ne se levèrent pas et se concentrèrent sur l'écran du téléphone, alors que je scrollais les messages reçus. Le cœur en miettes, et l'envie de me barrer encore une fois pour éviter son regard. Please, just leave me alone.
@Alice Wakefield
(mood) Il a le droit de poser ses mains sur ton corps
Il a le droit de respirer ton odeur
Il a même droit au regard qui le rend plus fort
Et moi la chaleur de ta voix dans le cœur
Et ça fait mal, crois-moi
Une lame, enfoncée loin dans mon âme
Regarde en toi, même pas l'ombre d'une larme
Le retour à la réalité du quotidien fut une véritable torture. La soirée qui avait suivie le mariage ressemblait à un putain de brouillard ou un trou noir. Je savais juste que j'avais fini par me barrer pour aller me réfugier dans les bars d'Inverness, à la recherche d'une ivresse bienvenue. Fallait dire que c'était pas avec leur alcool de bourgeois que j'allais me mettre mal et je n'avais trouvé que ça pour oublier à quel point j'avais mal. J'avais été naïf de penser que tout irait bien, que je serai heureux pour elle, que je pourrais passer une bonne soirée en l'honneur du bonheur d'Alice. C'était l'inverse. Se mentir à ce point-là, c'était grave. Surtout l'évidence m'avait frappé en pleine gueule: je l'aimais plus que je n'avais voulu le croire. Et la voir si rayonnante dans les bras d'un autre m'avait tout simplement détruit. Pourquoi fallait-il qu'aimer soit si douloureux? Je comprenais mieux maintenant ceux qui évitaient à tout prix de s'attacher. Parce que c'était une vraie torture de s'en remettre par la suite, lorsqu'on se retrouvait seul. Une nouvelle année placée sous le signe de la déception et de la souffrance. Gé-nial. Quand je pensais à tous ces moments passés avec elle. Qui est-ce qui était là quand elle était au plus mal? Ses frères, son fiancé? Non. J'aurais sauté d'un pont pour elle si elle l'avait souhaité. Et ça me foutait en rogne. Je soufflais doucement, le regard vissé sur les papiers qui étaient empilés sur mon bureau. Voilà un mois que mon petit jeu consistait à éviter Alice le plus possible. A prétexter d'avoir des rendez-vous, des planques avec d'autres membres de la bridage, à éluder nos échanges. Parce que c'était trop dur de lui mentir et que si je me retrouvais face à elle, je SAVAIS que ce serait trop difficile de ne pas lui dire ce que j'avais sur le coeur. Et puis, pour ne pas la blesser. Je soupirais une fois de plus en passant une main dans mes cheveux pour les ébouriffer d'un geste nerveux. Shit. Mon portable posé sur la table restait étonnamment muet. Et puis soudain une porte claqua et une silhouette bien connue s'avança dans la pièce. Même sans regarder, je savais que c'était elle. Sa façon de se déplacer, ses pas de lionne. J'étais tenté de l'interpeller comme je l'aurais fait quelques semaines plus tôt. De la taquiner et de la faire lever les yeux au ciel. La voir sourire et l'entendre rire à mes conneries. Mais mes prunelles d'ébène ne se levèrent pas et se concentrèrent sur l'écran du téléphone, alors que je scrollais les messages reçus. Le cœur en miettes, et l'envie de me barrer encore une fois pour éviter son regard. Please, just leave me alone.
@Alice Wakefield
- InvitéInvité
Re: Et je saigne encore # Ashalice
Sam 12 Mar 2022 - 10:29
01.02.2022 |Et je saigne encore ft. @Asher Moore
Ils étaient encore nombreux à lui présenter leurs vœux et leurs félicitations, dans les couloirs du ministère, et pour cause : Absente pendant une quinzaine de jours durant le premier mois de l’année, la toute nouvelle Madame Wakefield n’avait pas encore eu son contingent d’embrassades, de poignées de main et d’œillades intéressées ou curieuses pour pouvoir avoir l’air agacée sans paraitre impolie : bien sur, son arrivée dans l’une des familles les plus influentes du pays, a fortiori auprès d’un cadet à la réputation de forteresse imprenable, avait eu de quoi faire jaser, dans des termes élogieux ou non. Nombreux se demandaient encore si le mariage avait été conclu avant tout sur le papier, malgré les commentaires dithyrambiques sur la beauté du mariage, sur la complicité évidente entre les époux lors de la cérémonie. Après tout, un mariage d’amour chez les sangs purs relevait du fantasme, de la littérature de gare pour sorcières en mal d’émotion, et ils n’avaient pas tout à fait tort. Papiers, il y avait eu, bien sur, et pas qu’un peu, mais se limiter à cela pour parler d’eux aurait été au mieux un manque tragique d’imagination, au pire d’une idiotie crasse, et une méconnaissance des deux énergumènes composant cet appareillage éclatant. Mais ça, elle ne pouvait pas le dire, se contentant avec patience de sourire à chaque congratulation, d’exhiber sa bague à l’annulaire à chaque péronnelle qui le lui exigeait, aussi, ne grinçant des dents que lorsque l’inévitable « Et les enfants alors ? » était introduit dans la conversation par des quasi inconnus. A croire que ça ne s’arrêtait jamais.
Mais tout cela ne lui pesait pas, pas vraiment, elle avait été entrainée depuis l’enfance à endurer les intrusions dans sa vie personnelle, à les esquiver avec la souplesse d’un matador. Ils finiraient par se lasser, trouver une autre source de ragots, de plaisir ou de scandale. Non, il y avait plus désagréable dans le quotidien de la sorcière, et elle comptait bien régler la situation qui la démangeait comme une cicatrice mal refermée, une démangeaison sous la peau malgré la plaie invisible : Asher boudait. Non, pire, il l’évitait, depuis qu’elle était revenue de lune de miel, joliment mordue par les rayons du soleil subsaharien, les traits reposés comme ils ne l’avaient pas été depuis longtemps, rayonnant d’une sérénité retrouvée qui irradiait de sa personne qui avait menacé de s’éteindre, quelques mois plutôt. Alice ex-Hangbé était de retour, dans toute sa splendeur et sa gloire, ce qui ne manquait pas d’amuser ou de rassurer certains membres de la brigade, mais de toute évidence, pas tous. Et ça, ça l’agaçait au plus haut point. Leur supérieur hiérarchique lui avait demandé de se faire patiente, complaisante aussi, avec son coéquipier. Lui laisser le temps de « digérer tout ça », selon ses termes. Elle n’avait pas vraiment compris, fronçant les sourcils, réclamant des précisions. Le type baraqué lui avait rétorqué qu’elle savait très bien de quoi il parlait, mais non, elle ne voyait pas. Pas vraiment. Elle refusait de voir depuis tellement longtemps qu’elle avait occulté tous les signes, pourtant évident, en dépit de son habituelle clairvoyance. Tout ce qu’elle voyait, c’était que son meilleur ami, son presque frère, ne lui adressait plus la parole que dans des réponses lapidaires, presque toujours monosyllabiques, et qu’elle était incapable de se l’approprier ne serait-ce que quelques minutes pour discuter. Cela minait leurs relations professionnelles, et cela la minait tout court, seul ombre au tableau d’une vie qui reprenait enfin son cours sous de bons auspices.
Et ça, elle ne pouvait le tolérer plus longtemps.
Les autres membres de la brigade s’étaient esquivés en la voyant passer la porte du grand bureau, l’air décidé, le regard luisant de détermination. Elle était resplendissante dans son uniforme de travail, sa robe de laine courte et les escarpins qui élançaient sa silhouette, feignant une haute stature qu’elle n’avait pas. Elle avait fait mine de chercher quelque chose une demi seconde, mais pas plus, se dirigeant directement vers le bureau de l’autre américain, qui avait le nez baissé sur son téléphone, l’air absolument absorbé. Elle claqua la langue, agacée, dégainant son propre téléphone pour écrire un message, qui s’afficha directement sur l’écran du grand brun avec un petit « ding » distinctif, alors qu’elle le toisait, les bras croisés.( Alice – 11h32 … Tu comptes m’ignorer encore longtemps comme ça ? Parce que si c’est le cas je vais me mettre à penser à des choses désagréables SI FORT que tu n’auras pas d’autres choix que de me supplier d’arrêter. Et tu sais que j’en suis capable. )
Elle n’était pas tout à fait certaine que la légilimencie d’Asher fonctionnait ainsi, mais leur connivence frôlait parfois la télépathie, alors elle pourrait toujours essayer. Mais elle ne doutait pas qu’il finirait par céder, ne serait ce que parce qu’elle ne bougerait pas de devant son bureau tant qu’il n’aurait pas lever les yeux, et qu’à ce jeu là, elle excellait. Et ensuite, les explications sérieuses commenceraient.
- InvitéInvité
Re: Et je saigne encore # Ashalice
Mer 4 Mai 2022 - 21:40
Ses talons qui résonnaient, son parfum qui emplissait mes narines. Le monde aurait pu bruler que je n'aurais pas levé les yeux de mon téléphone. Il le fallait. Car l'ouragan qui frappait à mes portes menaçait de faire s'écrouler toutes mes barrières et de mettre à nu mes sentiments. A fleur de peau, plus que d'ordinaire, sur le qui-vive, je m'énervais pour un rien, et je savais. Je savais que si j'avais cette conversation avec elle, tout allait partir en vrille. Je pris une nouvelle inspiration, essayant de me concentrer uniquement sur ce merveilleux gif de chaton dans l'espace que m'avait envoyé un pote. La bestiole bougeait son derrière de façon complètement stupide, et vraiment, j'aurais presque trouvé ça drôle s'il n'était pas mon dernier rempart contre le regard de la vipère qui tentait de me faire de l'ombre du haut de sa - très - petite stature. Et pourtant, aujourd'hui, elle m'apparaissait immense, immense dans sa détermination. Je l'entendais s'agacer devant moi. Un soupir et un bruit caractéristique. La sonnerie qui annonçait l'arrivée d'un message. Le voilà qui pop sur mon écran de téléphone. L'ignorer. Ne pas aller lire. SURTOUT ne pas aller lire. Mais c'était plus fort que moi. La curiosité était un vilain défaut parait-il, et j'étais bourré de défauts. Mes doigts agiles s'agitèrent pour faire apparaître le fameux message devant mes yeux. Oh shit. Fallait qu'elle l'écrive. Putain. La fourbe savait qu'en suggérant l'idée que je puisse investir son esprit, je n'avais alors qu'une envie: le faire. Et bordel, je savais très bien ce qu'elle pouvait avoir en tête. Oh non. Rien que l'idée me donnait la gerbe. Une grimace s'invita sur mon visage et je fronçais les sourcils, contrarié. Un ultime soupir plus tard, et je finis enfin par lever les yeux sur elle. Mon regard sombre, orageux, rencontra alors ses prunelles déterminées qui me fusillaient. Je n'avais pas pour habitude de faire passer des infos par le regard, d'ordinaire, tout sortait verbalement. Une bonne vieille gueulante et tout allait mieux. Seulement, ce que j'avais à lui dire n'arrivait pas à franchir les barrières de mes lèvres. Alors, à des années lumières du Ash qu'elle connaissait, je me contentais de la fixer pendant plusieurs minutes, m'entraînait dans un duel de regards que je savais ne pas pouvoir gagner. Nouveau soupir, mon regard s'échappa quelques secondes pour faire le tour de la pièce et je m'adossais à mon fauteuil avant de lui demander sur un ton qui se voulait froid, mais qui malheureusement ne pouvait cacher les émotions qui m'envahissaient: "What do ya want Alice?" Tentative malheureuse de mettre de la distance, ce n'était pas avec l'un des nombreux surnoms que j'affectionnais que je m'adressais à elle. Non, son prénom, sans chichis. Juste Alice. Parce qu'après tout, elle était mariée. Je supposais donc que je n'avais plus de droit à ce genre de familiarité, si? La rancoeur, la peine, la colère, agitaient tous mes sens. Je n'étais pas à l'aise sur mon fauteuil, j'avais la bougeotte, j'avais envie de fuire. Et pourtant, je n'étais pas lâche. "Do ya wanna talk 'bout the last cases?" Essayer de dévier le sujet, de ne pas se pencher sur ce qui pouvait fâcher. La tension était palpable. Are you here to finish me?
@Alice Wakefield
- InvitéInvité
Re: Et je saigne encore # Ashalice
Sam 14 Mai 2022 - 15:11
01.02.2022 |Et je saigne encore ft. @Asher Moore
Ce qu’elle voulait ? Est-ce qu’il était sérieux ? Alice avait haussé un sourcil, une mimique qui n’était pas vraiment de bon augure quand on connaissait l’Américaine. Oh, il pouvait bien l’appeler par son prénom, croiser les bras et se donner des airs, mais non, ça ne prendrait pas. Il pouvait jouer les mecs détachés, d’être une personne qu’il n’était pas, mais elle n’était pas la bonne cliente pour ce genre de mascarade. Parce qu’ils se connaissaient, tous les deux, depuis longtemps. Avaient vécu des choses fortes, ensemble, de celles qui lient deux personnes à vie. Alors non, il ne pourrait la perdre dans un écran de fumée et une froideur factice. Il y avait un truc, et ce truc, il fallait qu’ils en parlent, et elle avait décidé que c’était aujourd’hui ou jamais. Même les autres membres de la brigade l’avaient compris, puisque le grand bureau est à présent vide de toute autre âme qui vive. Si Asher avait songé à chercher un échappatoire, il saurait que c’était désormais peine perdue.
- I do actually wanna talk, Ash’. But I don’t give a fuck about our last cases.
D’un geste de la main, elle avait fait léviter les dossiers qui encombraient le coin de bureau du traqueur pour les envoyer (au diable) sur une autre table, s’installant sur un coin de fesses, une jambe croisée sur l’autre, en appui sur son bras. Là, il n’aurait d’autre choix que de la regarder, puisqu’il n’y avait plus qu’elle a voir dans son champs de vision. Si il n’était pas content, il n’aurait qu’à se lever.
- You barely talk to me since I came back from my honey moon. You don’t text me anymore, you don’t have time for lunch break, you just … You don’t have any time left for me. For us. And it pissed me off, because you’re my partner, my buddy, not just some kind of colleague, you know ? I just …
Elle avait soupiré, sans se rendre compte que le rouge lui était discrètement monté aux joues. Il fallait qu’elle parte, vite et bien, parce qu’elle avait vu l’orage dans le regard d’Asher, et savait à quel point il pouvait être prompte à s’emporter, quand il avait ses yeux là. Ou pire encore, et c’était ce qu’il faisait ce moment : à fuir, à la planter là, sans avoir le temps de dérouler l’argumentaire qui, elle l’espérait, le ferait enfin sortir de cette réserve absolument incompréhensible. Etre aussi honnête, à la limite de la vulnérabilité, ça ne lui arrivait pas souvent. Elle ne le faisait pas pour n’importe qui, et justement, il n’était pas n’importe qui, le Moore. Ne l’avait jamais été.
- I just miss you, okay ? I really do, and I don’t understand the silence treatment. What did I do wrong ? Why don’t you want to talk to me anymore ?
Elle s’était penchée un peu pour poser sa main sur celle de l’américaine, grande, chaude. Certaines choses ne changeaient jamais.
- … Talk to me, please ?
- InvitéInvité
Re: Et je saigne encore # Ashalice
Jeu 26 Mai 2022 - 19:10
C'était le chaos dans ma tête. Au moment même où j'avais décidé de lui parler, je savais que c'était une erreur. Il y avait ses yeux, sa présence, son odeur. Tout ce que j'aimais. Tout ce qui était inaccessible. Le portable définitivement abandonné sur le bureau, je prenais une position de défense. Bras croisés, air autoritaire, toutes les solutions qui me permettraient de garder une certaine distance avec elle et mes sentiments. Seulement c'était bien plus facile à dire qu'à faire. Ma voix, sérieuse, trop sérieuse pour moi, trahissait l'orage qui grondait dans mes entrailles. Mes prunelles sombres vacillaient, laissaient apparaître l'océan de désespoir qui menaçait de me submerger. C'était la merde. La belle me répondit bien sûr. Et bien entendu qu'elle en avait rien à foutre des affaires en cours. Je savais très bien pourquoi elle était là, je m'étais attendu à ce moment... Et pourtant, lorsqu'elle commença à lister toutes les raisons pour lesquelles elle semblait à la fois si furieuse et si triste, je sentis mes jambes céder. Heureusement que j'étais assis. Elle était si proche, putain, si proche. J'en aurais presque tremblé. Il y avait tant de tristesse, de regrets dans sa voix. Chaque mot me lacérait le coeur un peu plus. Un coeur déjà bien malmené. Je sais que ce qui ne tue pas nous rend plus fort. Mais moi, mais moi je suis déjà mort. Bien sûr que ce qu'elle disait, quelque part, me faisait plaisir. Parce que ça voulait dire qu'elle tenait à moi, qu'elle m'appréciait, que j'avais de la valeur à ses yeux. Mais à ce moment précis, j'étais incapable d'apprécier la valeur de ses paroles. La désormais Wakefield semblait si vulnérable, elle s'offrait toute entière dans son honnêteté. Oh shit. Je sentis mes lèvres trembler et je détournais le regard. C'était beaucoup trop dur de l'entendre se livrer. Trop dur d'entendre qu'elle se sentait fautive. Mais la vérité c'était qu'elle n'avait rien fait de mal. Sa main sur la mienne fut un électrochoc. Comme brûlé, je retirais rapidement ma main avant de me lever d'un bond. "I can't. I just can't..." commençais-je doucement, foudroyé. "Don"t ya know why?" Ma question, appuyée par un regard frisant le désespoir, fut le cri du coeur. Mais fidèle à moi-même, je ne pouvais pas m'arrêter là. Quand je commençais à parler, je devais aller au bout de ma pensée, quitte à finir à genoux. La douleur m'attaquait de toute part mais je tenais le coup. Je commençais à faire les cent pas devant le bureau, incapable de rester statique. Tout me rendait nerveux. "I just keep imagining ya with him. Smilin' at him, laughin' with him, sharin all with him, and it kills me. It kills me. Yur perfect life. And who am I to even challenge that? Nobody." Mes paroles semblaient décousues, n'avaient pas forcément de sens. Dans mon esprit, c'était très clair, mais tout sortait dans le désordre. Des larmes menaçaient d'inonder mon visage. La tension était si forte. Je respirais bruyamment. Je me retenais encore. Mais plus pour longtemps. "I'm lost, babe. Lost. Angry. Sad. And... SHIT, Alice, it hurts so much." Ma voix se cassa. Tenir. Encore. Ne pas s'enfuir maintenant. Il fallait aller au bout des choses. Au bout de ma souffrance. Je pris une grande inspiration. Est-ce qu'elle savait? "I'm not stupid. I know what ya have with him could never have happened between us but... Don't ya see?" demandais-je en me rapprochant d'elle, mon courage fuyant en même temps que ma retenue. "I... I just..." I love you. Ma voix se brisa et je n'arrivais pas à finir ma phrase. Les mots restaient coincés au fond de ma gorge. Des larmes se mirent à couler sur mes joues et je les essuyais d'un geste rageur, ne sachant plus quoi faire de mon corps. Ne sachant plus quoi dire.
Et je saigne encore
Je souris à la mort
Tout ce rouge sur mon corps
Je te blesse dans un dernier effort
@Alice Wakefield
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