TERMINÉ - Ça passe ou ça casse
Mer 5 Oct 2022 - 5:57
« Eh bien allez-y, impressionnez-moi. »
Adossé contre une statue de chérubin, bras croisés, mains dans les poches, car il faisait tout de même frisquet en ce début d'octobre, l'apothicaire le plus en demande de tout Inverness (qui sait) observait sa candidate du jour. C'était la sixième personne à qui il faisait passer "quelques tests", comme il en avait informé son guérisseur/surveillant en chef le matin même. Et Ambrosius comptait bien voir cette sixième candidate se révéler tout aussi incompétente que les précédentes et pouvoir rejeter sa candidature.
S'il avait finalement accepté de prendre un assistant dans son atelier, il était toutefois hors de question qu'il accepte une personne incapable de différencier une malva silvestris d'une hedera helix au premier coup d'oeil. Certes, la crise cardiaque qui l'avait terrassé à la fin d'août pesait encore lourdement sur son quotidien au point où ses activités étaient encore ralenties par une fatigue chronique et des spasmes nerveux qu'il ne contrôlait pas, mais la présence d'une autre personne dans sa boutique représentait une conséquence beaucoup plus fâcheuse que toutes les autres.
La clientèle de la Lunar Society tenait à son anonymat, et Phineass Burgess, ou plutôt Ambrosius Redgrave, tenait à leur offrir pleine satisfaction sur ce plan. Lui-même comprenait la valeur de la discrétion.
Les pieds plantés dans l'herbe jaunie qui poussait follement sur la tombe d'un certain Louis Stevensons, l'apothicaire jugeait sévèrement la jeune femme qui l'avait accompagné jusqu'au cimetière. Elle s'était présentée pile à l'heure à la boutique pour son entrevue, ni en avance, ni en retard, c'était déjà mieux que les autres candidats, et elle n'avait pas hurlé en se faisant hurler dessus par une oie empaillée de fort méchante humeur depuis quelques jours. Elle avait aussi suivi la grande silhouette carrée de l'apothicaire quand il l'avait invitée à sa suite et qu'il avait pris la direction du cimetière. Il préférait commencer ses entrevues là, en mettant ses candidats au défi de cueillir tous les ingrédients nécessaires à une commande fictive qu'il leur plaçait entre les mains. Il s'évitait ainsi le désordre dans son atelier pour la portion pratique.
De toute façon, jusque là, aucun candidat ne s'était montré à la hauteur pour la deuxième étape. Redgrave les avait plantés là, dans le cimetière, en repartant sans un mot, mais avec quelques grognements.
« Je vous rappelle que les vapeurs de dictame doivent être recueillies avant que le soleil ne soit trop haut dans le ciel », fit l'homme, déjà désireux de retourner à ses préparations. Distraitement, il se frotta l'avant-bras droit où une vieille cicatrice l'élançait.
@Dalia Colacino
Adossé contre une statue de chérubin, bras croisés, mains dans les poches, car il faisait tout de même frisquet en ce début d'octobre, l'apothicaire le plus en demande de tout Inverness (qui sait) observait sa candidate du jour. C'était la sixième personne à qui il faisait passer "quelques tests", comme il en avait informé son guérisseur/surveillant en chef le matin même. Et Ambrosius comptait bien voir cette sixième candidate se révéler tout aussi incompétente que les précédentes et pouvoir rejeter sa candidature.
S'il avait finalement accepté de prendre un assistant dans son atelier, il était toutefois hors de question qu'il accepte une personne incapable de différencier une malva silvestris d'une hedera helix au premier coup d'oeil. Certes, la crise cardiaque qui l'avait terrassé à la fin d'août pesait encore lourdement sur son quotidien au point où ses activités étaient encore ralenties par une fatigue chronique et des spasmes nerveux qu'il ne contrôlait pas, mais la présence d'une autre personne dans sa boutique représentait une conséquence beaucoup plus fâcheuse que toutes les autres.
La clientèle de la Lunar Society tenait à son anonymat, et Phineass Burgess, ou plutôt Ambrosius Redgrave, tenait à leur offrir pleine satisfaction sur ce plan. Lui-même comprenait la valeur de la discrétion.
Les pieds plantés dans l'herbe jaunie qui poussait follement sur la tombe d'un certain Louis Stevensons, l'apothicaire jugeait sévèrement la jeune femme qui l'avait accompagné jusqu'au cimetière. Elle s'était présentée pile à l'heure à la boutique pour son entrevue, ni en avance, ni en retard, c'était déjà mieux que les autres candidats, et elle n'avait pas hurlé en se faisant hurler dessus par une oie empaillée de fort méchante humeur depuis quelques jours. Elle avait aussi suivi la grande silhouette carrée de l'apothicaire quand il l'avait invitée à sa suite et qu'il avait pris la direction du cimetière. Il préférait commencer ses entrevues là, en mettant ses candidats au défi de cueillir tous les ingrédients nécessaires à une commande fictive qu'il leur plaçait entre les mains. Il s'évitait ainsi le désordre dans son atelier pour la portion pratique.
De toute façon, jusque là, aucun candidat ne s'était montré à la hauteur pour la deuxième étape. Redgrave les avait plantés là, dans le cimetière, en repartant sans un mot, mais avec quelques grognements.
« Je vous rappelle que les vapeurs de dictame doivent être recueillies avant que le soleil ne soit trop haut dans le ciel », fit l'homme, déjà désireux de retourner à ses préparations. Distraitement, il se frotta l'avant-bras droit où une vieille cicatrice l'élançait.
@Dalia Colacino
- InvitéInvité
Re: TERMINÉ - Ça passe ou ça casse
Sam 8 Oct 2022 - 8:54
Quel mois de septembre pourri. La vertigineuse angoisse de l'attente et de l'incertitude. D'ordinaire Dalia n'était pas forcément fan de la rentrée, elle n'était pas de celles qui sont motivées par le renouveau de la reprise et les bonnes résolutions scolaires, mais au moins elle avait un cadre et un but. Elle savait ce qu'elle devait faire. Son chemin était tracé. Mais ça, c'était avant. Pour la première fois de toute son existence de princesse en cage, la ténébreuse ne savait rien. Elle avait fait quelques intérims aux Trois corneilles durant l'été, sans avoir trop l'occasion de démontrer ses talents - elle avait surtout tenu la caisse et rangé les rayons. Elle espérait être rappelée mais la période estivale étant passée on n'avait plus besoin d'elle pour le moment. Elle avait bien déposé un cv à la Lunar Society, mais l'air bougon de son propriétaire lui avait directement fait comprendre qu'il ne la rappellerait pas. C'était donc mort à Inverness.
Il lui faudrait alors se résoudre à postuler à Glasgow ou Manchester, mais elle n'en avait pas envie. L'utilisation de poudre de cheminette avait un certain coût, c'était salissant et surtout c'était polluant. Il lui faudrait donc déménager pour vivre près de son lieu de travail, mais elle n'avait déjà eu aucune envie de venir vivre en Écosse alors si elle devait quitter Inverness elle irait plutôt en Italie ! Mais cela voudrait dire aussi renoncer à de nombreuses amitiés - et ses soeurs étudiaient encore à Hungcalf. Quand elle avait songé à renoncer à son mode de vie pour rester libre, Dalia n'avait pas vraiment pensé à ce problème-là. Ou alors il lui faudrait postuler comme simple serveuse à la Moufette ou quelque chose comme ça. Mais elle, ce qu'elle voulait faire, c'était des potions, et de la botanique. Elle s'était donc morfondue tout le mois, lorgnant avec amertume sur ses petites économies. Heureusement la plupart des soirées, étudiantes ou à la colocation, ne lui coûtaient pas grand chose.
Et puis à la fin du mois, un hibou était arrivé. Dalia avait découvert avec stupéfaction et perplexité qu'elle était conviée à un entretien d'embauche par Ambrosius Redgrave, le patron de la Lunar Society Apothecary. Après avoir cligné des yeux sans y croire pendant une bonne minute face au parchemin, elle sautilla de joie et fila réfléchir à sa tenue pour le jour j. Elle avait opté pour de la sobriété : jean classique, haut noir à manches longues et épaules légèrement bouffantes, chaussures fermées et résistantes. Par-dessus elle avait même enfilé un tablier prévu pour la manipulation de plantes ou d'ingrédients, ses gants en écaille de dragon dans la poche ventrale. Cheveux tressés sans que rien ne dépasse, pas de bijoux trop voyants. Il ne fallait pas agacer le vieil homme par un look trop affirmé - pour le moment.
Elle s'était présentée à l'heure, et avait simplement levé un sourcil arrogant à la vue de l'oie empaillée qui lui avait hurlé des insanités lors de son entrée dans la boutique. Elle s'était présentée avec sérieux et, sans montrer de surprise, avait suivi l'homme imposant jusqu'au cimetière, en espérant que le lieu ne fût pas un mauvais présage. Il lui avait formulé la commande imaginaire à honorer, et l'observait adossé contre une statue sans aucune notion de respect pour les sépultures. Eh bien allez-y, impressionnez-moi. Soyez impressionnée, voulait-il dire. Dalia comprenait bien sa façon de procéder : il la jugeait sévèrement pour voir si elle flancherait, désarçonnée. Sauf qu'il n'était pas plus impressionnant que le patriarche Wakefield, et que sa demande n'était pas plus impossible à réaliser qu'une des énigmes habituelles du professeur de potions de Hungcalf.
Il s'agissait donc de préparer un remède contre les ulcères gastriques à base de dictame. Dalia avait déjà repéré les ingrédients disponibles au cimetière, lieu finalement particulièrement bien choisi. Écorce de sorbier, moly, dictame et veracrasse. Il ne manquerait plus qu'un peu d'hydromel pour rendre le tout buvable. Forte de son expérience en médicomagie et de son affinité avec les plantes, la jeune femme se sentait dans son élément. Même, elle appréciait sincèrement cette épreuve : cela lui donnait le sentiment d'être de retour à Hungcalf et de devoir se concentrer pour obtenir des points en la faveur de sa maison. Sauf que là, les points étaient des pièces de monnaie pour se payer à manger.
Je vous rappelle que les vapeurs de dictame doivent être recueillies avant que le soleil ne soit trop haut dans le ciel, lança Ambrosius avec lassitude. Dalia choisit de ne l'écouter que d'une oreille. Elle était occupée à récolter du moly avec une petite serpe et des gants. Elle fourra les petites fleurs jaunes dans une des poches de son tablier multifonctions et se mit en quête de dictame. Elle préleva quelques feuilles pour sa cueillette personnelle - c'était toujours pratique - et entreprit d'en recueillir les vapeurs à l'aide de sa baguette. L'opération était délicate et nécessitait toute concentration. Il ne fallait rien brûler, et il fallait récupérer les gouttelettes dans un tube à essai. Le travail était plus aisé à quatre mains mais quelque chose disait à la ténébreuse que l'apothicaire ne lèverait pas le petit doigt pour l'aider.
Vous récoltez vous-même vos ingrédients ou vous les commandez, généralement ? demanda la jeune femme, le regard toujours rivé sur ce qu'elle faisait. Elle aimait bien l'idée de devoir vagabonder pour trouver elle-même des ingrédients frais mais elle supposait qu'une boutique aussi importante (pour Inverness) devait forcément commander une grande partie de ses fournitures. Ambrosius ne devait pas souvent user de sa serpe, agenouillé dans les fougères - surtout vu son âge.
Il lui faudrait alors se résoudre à postuler à Glasgow ou Manchester, mais elle n'en avait pas envie. L'utilisation de poudre de cheminette avait un certain coût, c'était salissant et surtout c'était polluant. Il lui faudrait donc déménager pour vivre près de son lieu de travail, mais elle n'avait déjà eu aucune envie de venir vivre en Écosse alors si elle devait quitter Inverness elle irait plutôt en Italie ! Mais cela voudrait dire aussi renoncer à de nombreuses amitiés - et ses soeurs étudiaient encore à Hungcalf. Quand elle avait songé à renoncer à son mode de vie pour rester libre, Dalia n'avait pas vraiment pensé à ce problème-là. Ou alors il lui faudrait postuler comme simple serveuse à la Moufette ou quelque chose comme ça. Mais elle, ce qu'elle voulait faire, c'était des potions, et de la botanique. Elle s'était donc morfondue tout le mois, lorgnant avec amertume sur ses petites économies. Heureusement la plupart des soirées, étudiantes ou à la colocation, ne lui coûtaient pas grand chose.
Et puis à la fin du mois, un hibou était arrivé. Dalia avait découvert avec stupéfaction et perplexité qu'elle était conviée à un entretien d'embauche par Ambrosius Redgrave, le patron de la Lunar Society Apothecary. Après avoir cligné des yeux sans y croire pendant une bonne minute face au parchemin, elle sautilla de joie et fila réfléchir à sa tenue pour le jour j. Elle avait opté pour de la sobriété : jean classique, haut noir à manches longues et épaules légèrement bouffantes, chaussures fermées et résistantes. Par-dessus elle avait même enfilé un tablier prévu pour la manipulation de plantes ou d'ingrédients, ses gants en écaille de dragon dans la poche ventrale. Cheveux tressés sans que rien ne dépasse, pas de bijoux trop voyants. Il ne fallait pas agacer le vieil homme par un look trop affirmé - pour le moment.
Elle s'était présentée à l'heure, et avait simplement levé un sourcil arrogant à la vue de l'oie empaillée qui lui avait hurlé des insanités lors de son entrée dans la boutique. Elle s'était présentée avec sérieux et, sans montrer de surprise, avait suivi l'homme imposant jusqu'au cimetière, en espérant que le lieu ne fût pas un mauvais présage. Il lui avait formulé la commande imaginaire à honorer, et l'observait adossé contre une statue sans aucune notion de respect pour les sépultures. Eh bien allez-y, impressionnez-moi. Soyez impressionnée, voulait-il dire. Dalia comprenait bien sa façon de procéder : il la jugeait sévèrement pour voir si elle flancherait, désarçonnée. Sauf qu'il n'était pas plus impressionnant que le patriarche Wakefield, et que sa demande n'était pas plus impossible à réaliser qu'une des énigmes habituelles du professeur de potions de Hungcalf.
Il s'agissait donc de préparer un remède contre les ulcères gastriques à base de dictame. Dalia avait déjà repéré les ingrédients disponibles au cimetière, lieu finalement particulièrement bien choisi. Écorce de sorbier, moly, dictame et veracrasse. Il ne manquerait plus qu'un peu d'hydromel pour rendre le tout buvable. Forte de son expérience en médicomagie et de son affinité avec les plantes, la jeune femme se sentait dans son élément. Même, elle appréciait sincèrement cette épreuve : cela lui donnait le sentiment d'être de retour à Hungcalf et de devoir se concentrer pour obtenir des points en la faveur de sa maison. Sauf que là, les points étaient des pièces de monnaie pour se payer à manger.
Je vous rappelle que les vapeurs de dictame doivent être recueillies avant que le soleil ne soit trop haut dans le ciel, lança Ambrosius avec lassitude. Dalia choisit de ne l'écouter que d'une oreille. Elle était occupée à récolter du moly avec une petite serpe et des gants. Elle fourra les petites fleurs jaunes dans une des poches de son tablier multifonctions et se mit en quête de dictame. Elle préleva quelques feuilles pour sa cueillette personnelle - c'était toujours pratique - et entreprit d'en recueillir les vapeurs à l'aide de sa baguette. L'opération était délicate et nécessitait toute concentration. Il ne fallait rien brûler, et il fallait récupérer les gouttelettes dans un tube à essai. Le travail était plus aisé à quatre mains mais quelque chose disait à la ténébreuse que l'apothicaire ne lèverait pas le petit doigt pour l'aider.
Vous récoltez vous-même vos ingrédients ou vous les commandez, généralement ? demanda la jeune femme, le regard toujours rivé sur ce qu'elle faisait. Elle aimait bien l'idée de devoir vagabonder pour trouver elle-même des ingrédients frais mais elle supposait qu'une boutique aussi importante (pour Inverness) devait forcément commander une grande partie de ses fournitures. Ambrosius ne devait pas souvent user de sa serpe, agenouillé dans les fougères - surtout vu son âge.
Re: TERMINÉ - Ça passe ou ça casse
Dim 6 Nov 2022 - 4:54
L'air frais lui piquait doucement les joues, au niveau des pommettes. Le ciel couvert de nuages s'éclaircissait à l'est, au-delà des montages, les dernières traces de rosée s'évaporaient de seconde en seconde. L'élancement, vieux et familier, à la cicatrice qui ornait son bras droit lui rappela de nombreux automnes perdus.
Tandis que sa pensée vagabondait, l'apothicaire le plus grognon d'Écosse avait les yeux fixés sur sa candidate du jour. Il ne perdait pas une miette de ses gestes. Son choix de tenue pour l'entretien lui avait déjà fait gagner quelques points au mérite dans l'esprit d'Ambrosius. Le noir, c'était bien, classique, sobre, pas trop salissant; le jeans résistait aux écorchures et le tablier assurait une certaine protection contre les inévitables éclaboussures. Mais il y avait plus que le choix vestimentaire chez cette... Dana? Donna? Enfin bref, à la voir aller entre les tombes, il la sentait dans son élément, à collecter les différents ingrédients nécessaires à la préparation du remède contre les ulcères. Elle n'hésitait pas, mais prenait le temps d'observer les plantes à cueillir, ne fauchait pas le plant complet quand seules quelques éléments étaient nécessaires.
Et puis surtout, elle semblait savoir utiliser ses outils. Trop souvent, Ambrosius avait vu des apprentis apothicaires agiter des outils à la dernière mode, inutilement sophistiqués, et abîmer leurs ingrédients. Daelyn? ou peut-être était-ce Dahlia? avait le geste précis et ferme. Le vieil homme ne manqua pas de remarquer qu'elle cueillait plus que le nécessaire, mais il ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'elle se serve au passage. Le cimetière n'était pas, après tout, sa réserve personnelle. Il la garderait toutefois à l'oeil dans l'arrière-boutique, tout à l'heure.
Mis dans de meilleures dispositions par le (relativement) bon travail de la candidate, l'apothicaire consentit à lâcher quelques informations. Sa voix bourrue flotta au-dessus des stèles, jusqu'à Dalia. « Le climat écossais fournit un grand nombre de végétaux et d'animaux très utiles, et la région est plutôt généreuse sur ce plan, je me targue d'en tirer le meilleur en toute saison. J'ai mes endroits. Pour tout le reste, j'ai d'excellents fournisseurs, fiables, discrets, et qui savent quelle qualité je recherche. Ce qu'on trouve en catalogue ou chez les grands fournisseurs ne vaut rien. » Il s'était rapproché en parlant pour mieux regarder comment progressait la cueillette de vapeur.
« Hm », souffla-t-il par le nez, un son qui pouvait passer pour un grognement appréciateur. L'homme, qui n'était plus dans sa prime jeunesse, mais-pouvait-encore-très-bien-s'agenouiller-dans-les-fougères-merci, se pencha vers la jeune femme et, du bout du doigt, alla accentuer l'inclinaison de la baguette qu'elle tenait à la main. Le flot de vapeur se fit plus fluide. En se redressant, il ne masqua pas son agacement d'entendre tous ses os craquer. « Le sorbier est par là. » Le doigt qu'il tendit pointait vaguement en direction d'un bosquet de plusieurs arbres.
« Le travail chez moi sera très différent des Trois corbacs, vous en avez conscience? » Il se fichait comme d'une guigne de l'expérience de ses candidats, il préférait l'évaluer lui-même, mais si la jeune femme avait pris de mauvais plis chez la concurrence, il ne pourrait aucunement travailler avec elle.
-HRP- @Dalia Colacino
Tandis que sa pensée vagabondait, l'apothicaire le plus grognon d'Écosse avait les yeux fixés sur sa candidate du jour. Il ne perdait pas une miette de ses gestes. Son choix de tenue pour l'entretien lui avait déjà fait gagner quelques points au mérite dans l'esprit d'Ambrosius. Le noir, c'était bien, classique, sobre, pas trop salissant; le jeans résistait aux écorchures et le tablier assurait une certaine protection contre les inévitables éclaboussures. Mais il y avait plus que le choix vestimentaire chez cette... Dana? Donna? Enfin bref, à la voir aller entre les tombes, il la sentait dans son élément, à collecter les différents ingrédients nécessaires à la préparation du remède contre les ulcères. Elle n'hésitait pas, mais prenait le temps d'observer les plantes à cueillir, ne fauchait pas le plant complet quand seules quelques éléments étaient nécessaires.
Et puis surtout, elle semblait savoir utiliser ses outils. Trop souvent, Ambrosius avait vu des apprentis apothicaires agiter des outils à la dernière mode, inutilement sophistiqués, et abîmer leurs ingrédients. Daelyn? ou peut-être était-ce Dahlia? avait le geste précis et ferme. Le vieil homme ne manqua pas de remarquer qu'elle cueillait plus que le nécessaire, mais il ne voyait pas d'inconvénient à ce qu'elle se serve au passage. Le cimetière n'était pas, après tout, sa réserve personnelle. Il la garderait toutefois à l'oeil dans l'arrière-boutique, tout à l'heure.
Mis dans de meilleures dispositions par le (relativement) bon travail de la candidate, l'apothicaire consentit à lâcher quelques informations. Sa voix bourrue flotta au-dessus des stèles, jusqu'à Dalia. « Le climat écossais fournit un grand nombre de végétaux et d'animaux très utiles, et la région est plutôt généreuse sur ce plan, je me targue d'en tirer le meilleur en toute saison. J'ai mes endroits. Pour tout le reste, j'ai d'excellents fournisseurs, fiables, discrets, et qui savent quelle qualité je recherche. Ce qu'on trouve en catalogue ou chez les grands fournisseurs ne vaut rien. » Il s'était rapproché en parlant pour mieux regarder comment progressait la cueillette de vapeur.
« Hm », souffla-t-il par le nez, un son qui pouvait passer pour un grognement appréciateur. L'homme, qui n'était plus dans sa prime jeunesse, mais-pouvait-encore-très-bien-s'agenouiller-dans-les-fougères-merci, se pencha vers la jeune femme et, du bout du doigt, alla accentuer l'inclinaison de la baguette qu'elle tenait à la main. Le flot de vapeur se fit plus fluide. En se redressant, il ne masqua pas son agacement d'entendre tous ses os craquer. « Le sorbier est par là. » Le doigt qu'il tendit pointait vaguement en direction d'un bosquet de plusieurs arbres.
« Le travail chez moi sera très différent des Trois corbacs, vous en avez conscience? » Il se fichait comme d'une guigne de l'expérience de ses candidats, il préférait l'évaluer lui-même, mais si la jeune femme avait pris de mauvais plis chez la concurrence, il ne pourrait aucunement travailler avec elle.
-HRP- @Dalia Colacino
- InvitéInvité
Re: TERMINÉ - Ça passe ou ça casse
Ven 11 Nov 2022 - 12:31
Vous récoltez vous-même vos ingrédients ou vous les commandez, généralement ? demanda la jeune femme, agenouillée pour prélever les vapeurs de dictame. Elle ne se formalisait pas du côté bourru du sorcier et ne perdait pas de vue son objectif : se renseigner sur son potentiel futur emploi. Ce serait une telle opportunité d'être employée dans une apothicairerie et une chance de pouvoir rester à Inverness qu'elle n'allait pas s'arrêter en si bon chemin juste parce que le patron était désagréable. Dalia n'était pas là pour être dorlotée, mais bien pour être embauchée. Le climat écossais fournit un grand nombre de végétaux et d'animaux très utiles, et la région est plutôt généreuse sur ce plan, je me targue d'en tirer le meilleur en toute saison. J'ai mes endroits. Pour tout le reste, j'ai d'excellents fournisseurs, fiables, discrets, et qui savent quelle qualité je recherche. Ce qu'on trouve en catalogue ou chez les grands fournisseurs ne vaut rien, répondit Mr Redgrave, ne surprenant pas la jeune femme. Elle s'était fait la même réflexion avec Murphy Fraser lors de son stage à l'infirmerie. Préparer les potions le plus possible soi-même était toujours de meilleure qualité que commander des choses déjà toutes faites dans les catalogues.
Hm, grogna l'homme, qui s'était approché. Dalia lui jeta un regard de côté et elle le vit se pencher vers elle. Il appuya légèrement sur sa baguette pour en changer l'inclinaison et elle suivit le mouvement, constatant l'amélioration de l'émission de vapeur. Dalia se demanda si cette rectification était bon ou mauvais signe sur l'issue de son entretien d'embauche. Elle ne dit rien et acheva son recueil dans le tube à essais. Le sorbier est par là, mentionna le sorcier en désignant un endroit du cimetière où se tenaient plusieurs arbres. Docile, la ténébreuse se redressa et rangea son tube de vapeurs de dictame dans une des poches prévues à cet effet sur son tablier. Elle se dirigea donc à l'endroit indiqué et sortit une petite serpe pour recueillir l'écorce. Le travail chez moi sera très différent des Trois corbacs, vous en avez conscience ? lança alors l'apothicaire.
J'y compte bien, sir, répondit spontanément Dalia, un léger sourire dans la voix. Elle se demanda si elle avait bien fait de répondre ainsi, alors elle préféra développer, toujours concentrée sur le sorbier. Je suis consciente que travailler dans un magasin implique des tâches administratives et de manutention, mais j'ai choisi ce métier avant tout pour faire des potions et manipuler des plantes, expliqua-t-elle honnêtement. Aux Trois Corneilles je faisais surtout de l'accueil clientèle ou du rangement, fit-elle avec une moue dépitée en se tournant vers Mr Redgrave. Elle espérait ne pas faire que cela dans sa boutique, mais vu la teneur de ce drôle d'entretien elle supposait que ce ne serait pas le cas. Et s'il fallait toutefois accomplir ces tâches ingrates, elle en avait l'expérience.
Hm, grogna l'homme, qui s'était approché. Dalia lui jeta un regard de côté et elle le vit se pencher vers elle. Il appuya légèrement sur sa baguette pour en changer l'inclinaison et elle suivit le mouvement, constatant l'amélioration de l'émission de vapeur. Dalia se demanda si cette rectification était bon ou mauvais signe sur l'issue de son entretien d'embauche. Elle ne dit rien et acheva son recueil dans le tube à essais. Le sorbier est par là, mentionna le sorcier en désignant un endroit du cimetière où se tenaient plusieurs arbres. Docile, la ténébreuse se redressa et rangea son tube de vapeurs de dictame dans une des poches prévues à cet effet sur son tablier. Elle se dirigea donc à l'endroit indiqué et sortit une petite serpe pour recueillir l'écorce. Le travail chez moi sera très différent des Trois corbacs, vous en avez conscience ? lança alors l'apothicaire.
J'y compte bien, sir, répondit spontanément Dalia, un léger sourire dans la voix. Elle se demanda si elle avait bien fait de répondre ainsi, alors elle préféra développer, toujours concentrée sur le sorbier. Je suis consciente que travailler dans un magasin implique des tâches administratives et de manutention, mais j'ai choisi ce métier avant tout pour faire des potions et manipuler des plantes, expliqua-t-elle honnêtement. Aux Trois Corneilles je faisais surtout de l'accueil clientèle ou du rangement, fit-elle avec une moue dépitée en se tournant vers Mr Redgrave. Elle espérait ne pas faire que cela dans sa boutique, mais vu la teneur de ce drôle d'entretien elle supposait que ce ne serait pas le cas. Et s'il fallait toutefois accomplir ces tâches ingrates, elle en avait l'expérience.
Re: TERMINÉ - Ça passe ou ça casse
Lun 19 Déc 2022 - 4:43
La lumière du jour gagnait en force au fur et à mesure que l'astre accélérait sa progression à l'horizon, ou du moins le semblait-il au vieux revêche qui suivait sa potentielle employée tandis qu'elle collectait les derniers ingrédients de la liste qu'il lui avait imposée. Il ne l'aurait pas admis sous la torture (mais peut-être en échange de quelques gallions, qui sait), mais la jeunette semblait avoir les connaissances et la main pour aider à l'apothicairerie sans nuire au travail très exigeant que devait accomplir le professionnel.
Ambrosius, qui aimait le silence, ne savait toutefois pas quoi penser de ses questions. D'un côté, ses questions étaient pertinentes et concernaient directement l'ouvrage, d'un autre côté, son récent séjour à l'hôpital et l'entrevue qu'il avait dû subir au ministère cette année le rendaient pour le moins circonspect aussitôt qu'on lui posait des questions. Curiosité légitime ou tentative de lui extirper des informations?
Le sourire avait lequel la petite accueillit la perspective d'un travail différent des Trois Corbacs ne put cependant faire autrement que de flatter Ambrosius dans le sens du poil. Il passa d'ailleurs la main sur ses joues rêches. « La comptabilité et la manutention font partie de ce travail, vous n'y échapperez pas si vous souhaitez vous lancer en affaires un jour. » Il n'était toutefois pas question que quelqu'un d'autre que lui-même mette le nez dans ses registres. « Les bons comptes font les bonnes affaires. »
Il jaugea les items récoltés par Dalia en haussant un seul sourcil. « Maintenant que nous avons tout. Rentrons. » Et il lui tourna le dos pour prendre la direction de la sortie du cimetière. Il aurait pu transplaner, mais il n'avait jamais apprécié la sensation de tourbillonnement, et puis son satané soigneur lui avait suggéré de marcher davantage. « Dépêchons. » Puisqu'il n'allait lui-même pas très vite, l'ordre paraissait superflu, mais Ambrosius n'aurait toléré aucune remarque. Il ne dit d'ailleurs pas un mot sur le chemin du retour, désireux de savoir si la recrue pouvait soutenir le silence, si précieux dans son atelier. Il ne rouvrit la bouche qu'en arrivant devant la porte de sa boutique, qu'il déverrouilla à l'aide d'une de ces grosses clés antiques dont les Moldus étaient si friands.
« Votre client arrive dans deux heures » dit-il en s'effaçant pour laisser entrer la jeune fille. Il pointa du menton le rideau derrière le comptoir; l'atelier se trouvait derrière.
@Dalia Colacino
Ambrosius, qui aimait le silence, ne savait toutefois pas quoi penser de ses questions. D'un côté, ses questions étaient pertinentes et concernaient directement l'ouvrage, d'un autre côté, son récent séjour à l'hôpital et l'entrevue qu'il avait dû subir au ministère cette année le rendaient pour le moins circonspect aussitôt qu'on lui posait des questions. Curiosité légitime ou tentative de lui extirper des informations?
Le sourire avait lequel la petite accueillit la perspective d'un travail différent des Trois Corbacs ne put cependant faire autrement que de flatter Ambrosius dans le sens du poil. Il passa d'ailleurs la main sur ses joues rêches. « La comptabilité et la manutention font partie de ce travail, vous n'y échapperez pas si vous souhaitez vous lancer en affaires un jour. » Il n'était toutefois pas question que quelqu'un d'autre que lui-même mette le nez dans ses registres. « Les bons comptes font les bonnes affaires. »
Il jaugea les items récoltés par Dalia en haussant un seul sourcil. « Maintenant que nous avons tout. Rentrons. » Et il lui tourna le dos pour prendre la direction de la sortie du cimetière. Il aurait pu transplaner, mais il n'avait jamais apprécié la sensation de tourbillonnement, et puis son satané soigneur lui avait suggéré de marcher davantage. « Dépêchons. » Puisqu'il n'allait lui-même pas très vite, l'ordre paraissait superflu, mais Ambrosius n'aurait toléré aucune remarque. Il ne dit d'ailleurs pas un mot sur le chemin du retour, désireux de savoir si la recrue pouvait soutenir le silence, si précieux dans son atelier. Il ne rouvrit la bouche qu'en arrivant devant la porte de sa boutique, qu'il déverrouilla à l'aide d'une de ces grosses clés antiques dont les Moldus étaient si friands.
« Votre client arrive dans deux heures » dit-il en s'effaçant pour laisser entrer la jeune fille. Il pointa du menton le rideau derrière le comptoir; l'atelier se trouvait derrière.
@Dalia Colacino
- InvitéInvité
Re: TERMINÉ - Ça passe ou ça casse
Jeu 22 Déc 2022 - 17:38
La comptabilité et la manutention font partie de ce travail, vous n'y échapperez pas si vous souhaitez vous lancer en affaires un jour. Les bons comptes font les bonnes affaires, lui dit Mr Redgrave avec un ton péremptoire. Dalia ne s'était encore jamais imaginée propriétaire d'une apothicairerie elle-même, mais pourquoi pas ? N'était-ce pas une évolution probable ? Encore fallait-il qu'elle commence par être embauchée en tant qu'employée, déjà. Elle ne savait même pas quand cet étrange entretien prendrait fin. Quand le vieux en aurait assez vu, sans doute. Maintenant que nous avons tout. Rentrons. Il la faisait revenir à la boutique au lieu de la remercier sur-le-champ, c'était déjà un bon point. Dalia rangea ses instruments et se redressa pour rejoindre l'apothicaire sur le chemin.
Dépêchons. Elle ne sut s'il disait ça pour elle, alors qu'elle allait à la même allure que lui, ou pour lui-même. En tout cas elle suivit son rythme, en silence. Il aurait été inutile de lui demander comment elle s'en sortait : il la renverrait bien assez vite s'il n'était pas satisfait. La jeune femme était plutôt satisfaite d'avoir l'occasion de mener la commande à terme en se rendant à l'atelier pour préparer sa potion.
Votre client arrive dans deux heures, indiqua l'homme bourru après avoir ouvert la porte de l'échoppe. Deux heures, c'était suffisant mais pas tant que ça, il ne faudrait pas traîner et ne pas faire d'erreur. Bien. La sorcière pénétra donc dans la boutique et se dirigea directement dans l'atelier derrière le comptoir. Elle déposa ses ingrédients sur la table disponible, tout en observant les lieux d'un rapide coup d'oeil : pas le temps de s'émerveiller, il fallait se mettre au travail.
Les lèvres pincées et les doigts levés vers les étagères, Dalia cherchait l'hydromel dans les rayonnages pour parfaire sa potion anti-ulcère gastrique. La commande en soi n'avait rien de palpitant, mais elle était simplement heureuse de pouvoir exercer ses talents - surtout si elle pouvait décrocher un salaire par la même occasion. Une fois ce dernier ingrédient récupéré, elle s'affaira pendant les deux heures données, silencieuse, concentrée, minutieuse.
Quand elle eut fini, elle s'essuya le front d'un revers de manche et sortit de l'atelier avec la fiole. Mr Redgrave ? Pas peu fière, elle voulait que le doyen valide sa préparation avant de la donner au client, s'il avait le temps. Elle ne doutait pas de son résultat, mais elle était là pour impressionner l'apothicaire, après tout.
Dépêchons. Elle ne sut s'il disait ça pour elle, alors qu'elle allait à la même allure que lui, ou pour lui-même. En tout cas elle suivit son rythme, en silence. Il aurait été inutile de lui demander comment elle s'en sortait : il la renverrait bien assez vite s'il n'était pas satisfait. La jeune femme était plutôt satisfaite d'avoir l'occasion de mener la commande à terme en se rendant à l'atelier pour préparer sa potion.
Votre client arrive dans deux heures, indiqua l'homme bourru après avoir ouvert la porte de l'échoppe. Deux heures, c'était suffisant mais pas tant que ça, il ne faudrait pas traîner et ne pas faire d'erreur. Bien. La sorcière pénétra donc dans la boutique et se dirigea directement dans l'atelier derrière le comptoir. Elle déposa ses ingrédients sur la table disponible, tout en observant les lieux d'un rapide coup d'oeil : pas le temps de s'émerveiller, il fallait se mettre au travail.
Les lèvres pincées et les doigts levés vers les étagères, Dalia cherchait l'hydromel dans les rayonnages pour parfaire sa potion anti-ulcère gastrique. La commande en soi n'avait rien de palpitant, mais elle était simplement heureuse de pouvoir exercer ses talents - surtout si elle pouvait décrocher un salaire par la même occasion. Une fois ce dernier ingrédient récupéré, elle s'affaira pendant les deux heures données, silencieuse, concentrée, minutieuse.
Quand elle eut fini, elle s'essuya le front d'un revers de manche et sortit de l'atelier avec la fiole. Mr Redgrave ? Pas peu fière, elle voulait que le doyen valide sa préparation avant de la donner au client, s'il avait le temps. Elle ne doutait pas de son résultat, mais elle était là pour impressionner l'apothicaire, après tout.
Re: TERMINÉ - Ça passe ou ça casse
Lun 9 Jan 2023 - 3:28
Bien, aurait bien répondu Ambrosius au Bien prononcé par Dalia. Bien, bien, bien, c'était bien que la jeune femme n'ait pas demandé plus d'explications et se soit aussitôt mise au travail.
Profitant de sa liberté retrouvée, et parce que, même s'il ne l'aurait pas admis à lui-même, la marche l'avait incroyablement fatigué, le vieil apothicaire alla s'asseoir derrière son comptoir. Un petit mouvement de la main écarta le rideau qui séparait l'atelier de la boutique. De son trône, il pouvait aisément garder un oeil sur l'arrière-boutique tout en faisant ses comptes dans le grand cahier qu'il sortit d'un mince tiroir verrouillé par un sortilège et posa sur la surface de bois devant lui. Avec un demi-soupir, il enfila ses lunettes.
Pendant plusieurs minutes, il n'y eut dans la boutique que le son de la plume grattant le parchemin et les bruits provenant de l'atelier, où s'activait la candidate au poste d'assistance. Dalia paraissait savoir ce qu'elle faisait et le faisait efficacement. À tout le moins, le septuagénaire appréciait le volume sonore raisonnable de cette préparation.
Ambrosius reposa toutefois sa plume après une dizaine de minutes, sentant que son coeur avait retrouvé un rythme plus solide et régulier. Il voulait surveiller les moindres gestes posés par la jeune sorcière pour s'assurer qu'elle avait les capacités et les techniques. Pas question d'avoir à superviser un apprenti de plus à la Lunar Society! Les affaires avaient bien repris avec la rentrée scolaire et la stabilisation de la situation politique, et l'apothicaire avait du retard à rattraper s'il voulait demeurer compétitif dans Inverness-shire. Il rangea le livre dans son tiroir, posa ses lunettes et réactiva le sortilège.
Tranquillement, les mains dans le dos et l'air toujours aussi sévère (à croire que c'était son expression permanente), l'apothicaire franchit la porte menant de la boutique à l'atelier. La candidate n'avait pas perdu son temps : elle avait disposé ses ingrédients en bon ordre sur sa surface de travail dégagée. Il ne s'avança pas davantage, conscient qu'elle avait besoin de son espace, mais il ne perdit pas une miette de sa préparation, notant mentalement de petites choses à corriger pour ne rien perdre des ingrédients et de leur potentiel magique. Mais il paraissait tout de même satisfait quand, après un quart d'heure, il retourna dans sa boutique où il s'activa lui-même à mesurer et mélanger des ingrédients pour compléter des commandes. L'oie empaillée avait pour sa part replongé dans le sommeil.
Il retourna deux fois dans l'arrière-boutique, mais ne fit aucun commentaire, hochant la tête, fronçant les sourcils, puis repartant s'occuper de ses commandes. il mesurait, grain par grain, des baies de gui quand il entendit le pas de Dalia revenir vers lui. Il se tourna vers elle au moment où elle l'appelait. Il tendit la main droite pour cueillir la fiole tandis que sa main gauche faisait voler les lunettes du comptoir vers sa main, puis son nez.
La couleur de la potion le surprit, mais il n'en montra rien. Il déboucha plutôt le flacon pour sentir la préparation, d'une narine, puis de l'autre, avec une petite pause entre les deux inspirations pour analyser l'odeur. De l'hydromel, intéressant. « Hmm. » Il tourna ensuite la fiole vers une lampe et fit tourner le liquide pour examiner la texture. Parfaitement lisse. « Hm hm. » Il prit une cuiller en étain et y versa quelques gouttes de la potion, avant de la placer au-dessus de la flamme d'une lampe allumée près de la caisse. De la main gauche, il tâta sa veste et en tira un flacon minuscule qu'il pencha au-dessus de la cuiller jusqu'à ce qu'une goutte tombe dedans. Aucun grésillement, aucune fumée. Il rangea le flacon, agita la main et la cuiller fut de nouveau propre.
Ambrosius retira ses lunettes en se tournant vers la candidate du jour puis il sembla l'examiner à nouveau, cette fois avec intérêt, bien que ses sourcils demeurèrent froncés.
« Bien » fit-il enfin. « À l'avenir, si vous désirez ajouter des ingrédients de votre crû, faites-m'en part en amont. L'hydromel est un ajout intéressant, vous aviez raison pour cette fois. Vous commencerez jeudi. Présentez-vous à 7h30, je viendrai vous ouvrir. »
Il leva une main et un rouleau de parchemin quitta une armoire pour voguer vers la première employée de la Lunar Society. « Tous les détails de l'emploi, y compris vos horaires et votre salaire sont là. Rapportez une copie signée de l'entente de confidentialité. »
@Dalia Colacino
Profitant de sa liberté retrouvée, et parce que, même s'il ne l'aurait pas admis à lui-même, la marche l'avait incroyablement fatigué, le vieil apothicaire alla s'asseoir derrière son comptoir. Un petit mouvement de la main écarta le rideau qui séparait l'atelier de la boutique. De son trône, il pouvait aisément garder un oeil sur l'arrière-boutique tout en faisant ses comptes dans le grand cahier qu'il sortit d'un mince tiroir verrouillé par un sortilège et posa sur la surface de bois devant lui. Avec un demi-soupir, il enfila ses lunettes.
Pendant plusieurs minutes, il n'y eut dans la boutique que le son de la plume grattant le parchemin et les bruits provenant de l'atelier, où s'activait la candidate au poste d'assistance. Dalia paraissait savoir ce qu'elle faisait et le faisait efficacement. À tout le moins, le septuagénaire appréciait le volume sonore raisonnable de cette préparation.
Ambrosius reposa toutefois sa plume après une dizaine de minutes, sentant que son coeur avait retrouvé un rythme plus solide et régulier. Il voulait surveiller les moindres gestes posés par la jeune sorcière pour s'assurer qu'elle avait les capacités et les techniques. Pas question d'avoir à superviser un apprenti de plus à la Lunar Society! Les affaires avaient bien repris avec la rentrée scolaire et la stabilisation de la situation politique, et l'apothicaire avait du retard à rattraper s'il voulait demeurer compétitif dans Inverness-shire. Il rangea le livre dans son tiroir, posa ses lunettes et réactiva le sortilège.
Tranquillement, les mains dans le dos et l'air toujours aussi sévère (à croire que c'était son expression permanente), l'apothicaire franchit la porte menant de la boutique à l'atelier. La candidate n'avait pas perdu son temps : elle avait disposé ses ingrédients en bon ordre sur sa surface de travail dégagée. Il ne s'avança pas davantage, conscient qu'elle avait besoin de son espace, mais il ne perdit pas une miette de sa préparation, notant mentalement de petites choses à corriger pour ne rien perdre des ingrédients et de leur potentiel magique. Mais il paraissait tout de même satisfait quand, après un quart d'heure, il retourna dans sa boutique où il s'activa lui-même à mesurer et mélanger des ingrédients pour compléter des commandes. L'oie empaillée avait pour sa part replongé dans le sommeil.
Il retourna deux fois dans l'arrière-boutique, mais ne fit aucun commentaire, hochant la tête, fronçant les sourcils, puis repartant s'occuper de ses commandes. il mesurait, grain par grain, des baies de gui quand il entendit le pas de Dalia revenir vers lui. Il se tourna vers elle au moment où elle l'appelait. Il tendit la main droite pour cueillir la fiole tandis que sa main gauche faisait voler les lunettes du comptoir vers sa main, puis son nez.
La couleur de la potion le surprit, mais il n'en montra rien. Il déboucha plutôt le flacon pour sentir la préparation, d'une narine, puis de l'autre, avec une petite pause entre les deux inspirations pour analyser l'odeur. De l'hydromel, intéressant. « Hmm. » Il tourna ensuite la fiole vers une lampe et fit tourner le liquide pour examiner la texture. Parfaitement lisse. « Hm hm. » Il prit une cuiller en étain et y versa quelques gouttes de la potion, avant de la placer au-dessus de la flamme d'une lampe allumée près de la caisse. De la main gauche, il tâta sa veste et en tira un flacon minuscule qu'il pencha au-dessus de la cuiller jusqu'à ce qu'une goutte tombe dedans. Aucun grésillement, aucune fumée. Il rangea le flacon, agita la main et la cuiller fut de nouveau propre.
Ambrosius retira ses lunettes en se tournant vers la candidate du jour puis il sembla l'examiner à nouveau, cette fois avec intérêt, bien que ses sourcils demeurèrent froncés.
« Bien » fit-il enfin. « À l'avenir, si vous désirez ajouter des ingrédients de votre crû, faites-m'en part en amont. L'hydromel est un ajout intéressant, vous aviez raison pour cette fois. Vous commencerez jeudi. Présentez-vous à 7h30, je viendrai vous ouvrir. »
Il leva une main et un rouleau de parchemin quitta une armoire pour voguer vers la première employée de la Lunar Society. « Tous les détails de l'emploi, y compris vos horaires et votre salaire sont là. Rapportez une copie signée de l'entente de confidentialité. »
@Dalia Colacino
- InvitéInvité
Re: TERMINÉ - Ça passe ou ça casse
Dim 22 Jan 2023 - 17:13
Quand elle le vit concentré sur une tâche minutieuse alors qu'elle l'appelait, elle regretta un peu le volume de sa voix, craignant de déranger le vieux bougon. Heureusement il ne dit rien et il attrapa ses lunettes pour récupérer la fiole. L'inspection commença. L'odeur d'abord, la texture ensuite, la combustion enfin. Le tout ponctué de grognements que la ténébreuse décida d'interpréter comme positifs, bien que rien ne respire la satisfaction sur le visage ridé de l'apothicaire. Elle l'observa faire ses vérifications, les mains jointes, attentive et patiente.
Finalement, Ambrosius lui jeta un regard qui sembla durer une éternité. Dalia se demanda même si c'était bien elle qu'il regardait et faillit se tourner pour voir ce qui se trouvait derrière elle. Mais le sorcier reprit enfin la parole. Bien. C'était tout. C'était tout ? Un seul mot, une seule syllabe, pour la féliciter de son travail. Venant d'un ours mal léché comme lui, c'était probablement suffisant.
À l'avenir, si vous désirez ajouter des ingrédients de votre crû, faites-m'en part en amont, ajouta-t-il. Un reproche, quand même. Cela aurait été trop facile sinon. Feignant l'obéissance, la jeune femme acquiesça. Bien sûr monsieur. Mais le sorcier ajouta une nouvelle remarque. L'hydromel est un ajout intéressant, vous aviez raison pour cette fois. Elle retint in extremis un sourire de victoire et se contenta de hocher silencieusement la tête.
Vous commencerez jeudi. Présentez-vous à 7h30, je viendrai vous ouvrir. Elle venait d'être embauchée. Elle avait réussi l'entretien. Elle avait un travail ! Dissimulant sa joie, Dalia continuait d'acquiescer à tout ce que disait l'apothicaire. Entendu. Il envoya un parchemin jusqu'à elle. Tous les détails de l'emploi, y compris vos horaires et votre salaire sont là. Rapportez une copie signée de l'entente de confidentialité.
Elle n'osa pas déplier le rouleau devant lui, préférant lire les détails une fois rentrée chez elle - avec une Guinness pour fêter ça. Le contentement et la fierté d'avoir enfin décroché un emploi, un emploi dans le domaine qu'elle aimait, avec un employeur certes désagréable mais qui avait l'air très compétent, la firent balbutier, avant qu'elle ne se ressaisisse. Je... Bien. Je n'y manquerai pas. Tais toi donc, avant de passer pour une débutante trop excitée par l'opportunité donnée. Be professionnal. Merci. A jeudi.
Dalia rangea le rouleau dans sa besace et prit congé, saluant Ambrosius d'un geste respectueux de la tête. Une fois sortie, elle fit quelques pas dans la rue, s'assura que personne n'était là pour la regarder, et trépigna de joie sur place, les poings serrés et la bouche grimaçant dans un large sourire. Yes ! La voici officiellement employée de la Lunar Society.
(rp terminé - merci @Ambrosius Redgrave )
Finalement, Ambrosius lui jeta un regard qui sembla durer une éternité. Dalia se demanda même si c'était bien elle qu'il regardait et faillit se tourner pour voir ce qui se trouvait derrière elle. Mais le sorcier reprit enfin la parole. Bien. C'était tout. C'était tout ? Un seul mot, une seule syllabe, pour la féliciter de son travail. Venant d'un ours mal léché comme lui, c'était probablement suffisant.
À l'avenir, si vous désirez ajouter des ingrédients de votre crû, faites-m'en part en amont, ajouta-t-il. Un reproche, quand même. Cela aurait été trop facile sinon. Feignant l'obéissance, la jeune femme acquiesça. Bien sûr monsieur. Mais le sorcier ajouta une nouvelle remarque. L'hydromel est un ajout intéressant, vous aviez raison pour cette fois. Elle retint in extremis un sourire de victoire et se contenta de hocher silencieusement la tête.
Vous commencerez jeudi. Présentez-vous à 7h30, je viendrai vous ouvrir. Elle venait d'être embauchée. Elle avait réussi l'entretien. Elle avait un travail ! Dissimulant sa joie, Dalia continuait d'acquiescer à tout ce que disait l'apothicaire. Entendu. Il envoya un parchemin jusqu'à elle. Tous les détails de l'emploi, y compris vos horaires et votre salaire sont là. Rapportez une copie signée de l'entente de confidentialité.
Elle n'osa pas déplier le rouleau devant lui, préférant lire les détails une fois rentrée chez elle - avec une Guinness pour fêter ça. Le contentement et la fierté d'avoir enfin décroché un emploi, un emploi dans le domaine qu'elle aimait, avec un employeur certes désagréable mais qui avait l'air très compétent, la firent balbutier, avant qu'elle ne se ressaisisse. Je... Bien. Je n'y manquerai pas. Tais toi donc, avant de passer pour une débutante trop excitée par l'opportunité donnée. Be professionnal. Merci. A jeudi.
Dalia rangea le rouleau dans sa besace et prit congé, saluant Ambrosius d'un geste respectueux de la tête. Une fois sortie, elle fit quelques pas dans la rue, s'assura que personne n'était là pour la regarder, et trépigna de joie sur place, les poings serrés et la bouche grimaçant dans un large sourire. Yes ! La voici officiellement employée de la Lunar Society.
(rp terminé - merci @Ambrosius Redgrave )
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