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il est bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons ▬ pv Euphrosyne.
Jeu 6 Jan 2011 - 18:54
Il ne savait pas vraiment si les quelques mots qu’elle venait de lui jeter aussi simplement - comme si c’était tout à fait commun d’être mariée mais d’entretenir des relations avec d’autres hommes – l’affectaient. D’ailleurs, pourquoi aurait-il été touché ? Il ne l’aimait pas. Il ne pouvait pas l’aimer, il ne savait pas comment aimer. Il fallait voir les choses en face : elle n’était qu’une poupée de plus, une jolie fille à la peau douce qu’il jetait farouchement dans son lit. Mais il lui arrivait de penser à elle. Il lui arrivait de se retourner brusquement quand il pensait avoir reconnu son parfum dans les couloirs de Hungcalf. Il lui arrivait de compter les jours, les heures, les minutes avant de la retrouver – certes, dénudée dans son appartement, mais de la retrouver tout de même elle toute entière.
Il fronça les sourcils : cela ne voulait absolument rien dire. La forteresse de glace avait retrouvé toute sa solidité autour de son cœur. Il resserra sa prise sur son bras, ses jointures blanchissaient. Il voulait simplement qu’elle lui explique cette putain d’histoire de mariage. En réalité, son seul souci était qu’il n’avait pas le temps d’avoir en plus des emmerdes avec son mec. Son visage était fermé, ses traits tirés. Bordel.
Zadig ignora son sanglot étouffé, son regard autrefois un peu hautain qu’elle s’empressait maintenant de détourner. Enfin, elle ouvrit la bouche. Il s’attendait à un déferlement d’excuses, de justifications, d’apologies, d’arguments, d’explications mais elle n’articula qu’une simple phrase. « Il vaudrait peut-être mieux rentrer. Tu es trempé. Je t'expliquerai à l'intérieur, si tu le veux toujours. »
Après tout, c’était lui qui avait exigé des explications - et il les voulait maintenant. Impatient comme jamais, il détestait qu’on le fasse attendre ; mais elle l’entrainait déjà vers le château. Il haussa les épaules. Ils seraient mieux au chaud. Il refoula son agacement et la suivie, les mains machinalement enfouies dans les poches de son jean. Quelques minutes plus tôt il aurait effleuré ses fesses d’une main, l’aurait arrêtée sur ses hanches ou posée sur ses épaules. Il aurait prit sa paume dans la sienne, il l’aurait taquinée. Mais toutes ces envies impulsives s’étaient envolées. Il ne ressentait rien, ni colère, ni injustice, ni tristesse : juste l’irritation de ne pas avoir eu immédiatement ses explications.
Il tira la lourde porte du château vers lui, la faisant entrer. Gentleman après tout. Il ne savait pas vraiment où aller, mais rester sur le sas d’entrée ou vaquer furtivement dans le hall était un peu étrange. Alors il prit viscéralement la direction des grands escaliers de marbre ; elle le suivait, sans piper mot. Le jeune homme les grimpait sans grande impulsion de son attitude toujours aussi détachée, comme si en réalité cette discussion n’était qu’une convenance qui l’ennuyait plus qu’autre chose.
Ils arrivèrent au premier étage. Sans vraiment y réfléchir il s’engagea dans le couloir qui était étrangement désert. Zadig ouvrit instinctivement la première porte qu’il aperçut et un énorme souffle d’air chaud le repoussa immédiatement en arrière. Etonné, il s’élança à l’intérieur : il n’avait en réalité jamais visité cette pièce depuis son arrivée à Hungcalf. Tout y rappelait le feu et l’exaltation : les murs de couleur chaude, le confinement de l’architecture, et surtout – combien même ! - la température. Il sentait ses extrémités lui picoter, retrouvant ses sensations dans le bout des doigts. Elle voulait être à l’abri et au chaud : ils y étaient !
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Re: il est bien peu de monstres qui méritent la peur que nous en avons ▬ pv Euphrosyne.
Dim 9 Jan 2011 - 18:22
Euphrosyne ne parvenait pas vraiment à imaginer ce qu'il pouvait ressentir. Qu'aurait-elle fait, sa place ? Elle serait probablement partie sans demander son reste, dans une pareille situation. S'il lui avait avoué être marié et déjà dépendant de quelqu'un, assurément qu'elle n'aurait pas voulu en savoir plus. Elle était curieuse, parfois trop, mais jamais assez pour ce genre de chose. Avec un soupir bas, elle suivit son ami qui s'avançait vers le château, ses mains profondément enfoncées dans ses poches. Il ne semblait pas vouloir la toucher, elle ne pouvait pas l'en blâmer. Elle ne savait pas où il l'emmenait, peu lui importait, il faisait déjà plus chaud ici et l'air était bien plus sec qu'à l'extérieur où la pluie continuait de se déverser. Comme une parfaite image de ce qu'elle avait sur le cœur. Elle le suivait sans mot dire, ne sachant pas comment s'y prendre. Devait-elle détendre l'atmosphère, devait-elle rire ou plutôt pleurer d'une telle ironie du sort ? Elle commençait à croire que dès qu'elle touchait le bonheur, il lui filait entre les doigts. Et en plus c'était de sa faute, elle aurait pu se taire et ne rien lui avouer. Mais elle tenait à lui, hélas, et elle étai bien trop franche. Hélas bis.
Zadig arrêta sa marche et poussa la première porte venue. Aussitôt, une bouffée de chaleur leur parvint. La jeune femme haussa un sourcil mais ne dit rien et suivit son ami dans cette pièce étrange aux couleurs chaudes. L'idée saugrenue que cette pièce n'avait rien de chaste lui effleura l'esprit mais elle la chassa rapidement. Elle n'avait pas envie d'avoir de telles idées, surtout dans l'instant présent. Elle observait le Wright, il s'assit et elle l'imita, se tordant les mains. La gêne était palpable, elle avait perdu son assurance initiale, cette motivation qu'elle avait de tout lui dire. Mais il attendait des explications, aussi ne pouvait-elle pas faire de détour ou tenter d'amener la chose de façon délicate. Elle n'y arriverait pas. Elle soupira, franchement cette fois, puis haussa les épaules. Par où commencer ? L'histoire était longue et elle en était blasée. « Ça fait deux ans que je suis mariée. Et je pense que tu connais celui qui partage ma vie, de vue du moins. Il s'appelle Lachésis, c'est un Wright lui aussi. » Elle marqua une pause, regardant fixement le mur, comme si elle racontait une histoire qui ne la concernait pas le moins du monde. « Dire que je ne l'aime pas serait un euphémisme. La vérité est que je le méprise, qu'il me dégoûte et que je l'ai en parfaite répulsion. Ce qui n'aide pas à faire de notre mariage une union stable, mais je crois que je préfère ça. Parce que laisse-moi te dire une chose, le mariage, je ne voyais pas ça comme ça. »
La Summerbee tenta un sourire timide, voulant alléger la tension entre eux. Mais Zadig restait impassible. « Mon père est à la tête d'une certaine fortune, j'ai baigné dedans et je pense pouvoir dire que mes parents ne sauraient pas vivre sans. C'est pour cette raison que j'ai accepté la demande de Lachésis. Je sais qu'il a fait du chantage à mon père : s'il n'acceptait pas de me donner à lui, Lachésis aurait fait couler son entreprise. Je sais qu'il en était capable, parce que rien ne peut lui résister. Et surtout parce qu'il connaît des gens capables de tout. » Nouveau haussement d'épaules. Elle avait tellement raconté cette histoire qu'elle ne parvenait même plus à feindre la tristesse. « Mon père n'a pas eu besoin de me dire qu'il avait donné ma main, je l'ai compris le jour où je l'ai vu, après son entretien avec Lachésis. Je savais depuis un certain temps qu'il avait un projet douteux, j'en avais donc la certitude pour le coup. Je n'ai même pas attendu que mon père m'annonce la chose, je lui ai simplement dit que oui, je le ferai, que j'accepterai sa demande. Lachésis n'a jamais caché son désir de me posséder, aujourd'hui c'est chose faite. Enfin, presque. » Elle sourit avec un certain triomphe. Elle portait son nom, mais il n'avait jamais eu l'occasion de la faire sienne physiquement. Elle avait accepté ce mariage à la condition de ne jamais être dans l'obligation de partager son lit et même si Lachésis n'avait pas été d'accord, elle avait imposé ses règles elle aussi. « Si j'ai accepté ce chantage vicieux, c'était dans l'unique but de préserver ma famille. Je me fous de l'argent, mais je sais que ça compte pour eux. Surtout pour mon père, parce qu'il a passé sa vie à bosser pour atteindre une telle apogée. Personne ne mérite de voir ses projets sabotés. » Personne, sauf elle, visiblement. Elle n'avait jamais aimé Lachésis, au contraire. Malgré toutes les avances qu'il avait pu lui faire, elle avait toujours su dire non. Sauf ce jour-là. « Voilà, je pense que tu sais tout. Je ne te demande pas de me comprendre, c'est incompréhensible de toute façon. Est-ce que tu me détestes ? » Elle avait posé la question par curiosité plus que par peur. Les choses avaient changé, bien sûr. Mais pas sentiments à son égard. Elle resta dans l'attente d'une réaction, ses mèches blondes mouillées et éventées. Elle avait l'air d'une paysanne, quelle importance. Elle avait perdu bien plus que es idéaux aujourd'hui en optant pour la sincérité ; elle avait perdu un petit bout de son cœur. Et elle ne parvenait pas à se dire que c'était mieux comme ça.
Zadig arrêta sa marche et poussa la première porte venue. Aussitôt, une bouffée de chaleur leur parvint. La jeune femme haussa un sourcil mais ne dit rien et suivit son ami dans cette pièce étrange aux couleurs chaudes. L'idée saugrenue que cette pièce n'avait rien de chaste lui effleura l'esprit mais elle la chassa rapidement. Elle n'avait pas envie d'avoir de telles idées, surtout dans l'instant présent. Elle observait le Wright, il s'assit et elle l'imita, se tordant les mains. La gêne était palpable, elle avait perdu son assurance initiale, cette motivation qu'elle avait de tout lui dire. Mais il attendait des explications, aussi ne pouvait-elle pas faire de détour ou tenter d'amener la chose de façon délicate. Elle n'y arriverait pas. Elle soupira, franchement cette fois, puis haussa les épaules. Par où commencer ? L'histoire était longue et elle en était blasée. « Ça fait deux ans que je suis mariée. Et je pense que tu connais celui qui partage ma vie, de vue du moins. Il s'appelle Lachésis, c'est un Wright lui aussi. » Elle marqua une pause, regardant fixement le mur, comme si elle racontait une histoire qui ne la concernait pas le moins du monde. « Dire que je ne l'aime pas serait un euphémisme. La vérité est que je le méprise, qu'il me dégoûte et que je l'ai en parfaite répulsion. Ce qui n'aide pas à faire de notre mariage une union stable, mais je crois que je préfère ça. Parce que laisse-moi te dire une chose, le mariage, je ne voyais pas ça comme ça. »
La Summerbee tenta un sourire timide, voulant alléger la tension entre eux. Mais Zadig restait impassible. « Mon père est à la tête d'une certaine fortune, j'ai baigné dedans et je pense pouvoir dire que mes parents ne sauraient pas vivre sans. C'est pour cette raison que j'ai accepté la demande de Lachésis. Je sais qu'il a fait du chantage à mon père : s'il n'acceptait pas de me donner à lui, Lachésis aurait fait couler son entreprise. Je sais qu'il en était capable, parce que rien ne peut lui résister. Et surtout parce qu'il connaît des gens capables de tout. » Nouveau haussement d'épaules. Elle avait tellement raconté cette histoire qu'elle ne parvenait même plus à feindre la tristesse. « Mon père n'a pas eu besoin de me dire qu'il avait donné ma main, je l'ai compris le jour où je l'ai vu, après son entretien avec Lachésis. Je savais depuis un certain temps qu'il avait un projet douteux, j'en avais donc la certitude pour le coup. Je n'ai même pas attendu que mon père m'annonce la chose, je lui ai simplement dit que oui, je le ferai, que j'accepterai sa demande. Lachésis n'a jamais caché son désir de me posséder, aujourd'hui c'est chose faite. Enfin, presque. » Elle sourit avec un certain triomphe. Elle portait son nom, mais il n'avait jamais eu l'occasion de la faire sienne physiquement. Elle avait accepté ce mariage à la condition de ne jamais être dans l'obligation de partager son lit et même si Lachésis n'avait pas été d'accord, elle avait imposé ses règles elle aussi. « Si j'ai accepté ce chantage vicieux, c'était dans l'unique but de préserver ma famille. Je me fous de l'argent, mais je sais que ça compte pour eux. Surtout pour mon père, parce qu'il a passé sa vie à bosser pour atteindre une telle apogée. Personne ne mérite de voir ses projets sabotés. » Personne, sauf elle, visiblement. Elle n'avait jamais aimé Lachésis, au contraire. Malgré toutes les avances qu'il avait pu lui faire, elle avait toujours su dire non. Sauf ce jour-là. « Voilà, je pense que tu sais tout. Je ne te demande pas de me comprendre, c'est incompréhensible de toute façon. Est-ce que tu me détestes ? » Elle avait posé la question par curiosité plus que par peur. Les choses avaient changé, bien sûr. Mais pas sentiments à son égard. Elle resta dans l'attente d'une réaction, ses mèches blondes mouillées et éventées. Elle avait l'air d'une paysanne, quelle importance. Elle avait perdu bien plus que es idéaux aujourd'hui en optant pour la sincérité ; elle avait perdu un petit bout de son cœur. Et elle ne parvenait pas à se dire que c'était mieux comme ça.