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Into the wild (Tina)
Jeu 7 Juin 2018 - 1:06
Into the wild
Tina & Matteo
« Some people feel like they don't deserve love. They walk away quietly into empty spaces, trying to close the gaps of the past. »
Le Kelpie’s camp, c’est enfin arrivé. C’est la troisième année que cet événement est organisé et il est hors de question pour le jeune italien de louper ça cette fois-ci. Les années précédentes, il avait trop occupé, les vacances avec la famille étaient prévues mais cette fois-ci, Matteo avait demandé à son père de lui laisser au moins quelques semaines de libres pour qu’il puisse se rendre à ce camp. Il n’allait pas y rester tout l’été, il avait d’autres choses à faire mais c’était un moyen de passer un moment avec ses amis loin des angoisses de l’université.
Pour Matteo, c’était l’occasion de faire comme quand il était petit avec son grand-père, camper sous une tente, allumer un feu et raconter tout un tas d’histoires au son d’une harpe ensorcelée. C’était l’un des souvenirs qu’il lui restait de son grand-père et rien que pour ça, aller à ce camp allait être génial. Il n’avait prévenu personne et ne savait pas du tout qui y allait finalement. Tous ses amis en avaient parlé depuis quelques semaines et l’italien n’avait aucune certitude de pouvoir s’y rendre alors plutôt que de donner de faux espoirs à tout le monde. Il lui aura fallu plusieurs jours avant que son père accepte. Les jumeaux voulaient aussi y aller, évidemment, c’était l’occasion de se montrer, de profiter de leur célébrité et de trouver des petites sorcières bien mignonnes. Matteo insista sur le fait que ce n’était réservé qu’aux habitants d’Inverness et aux étudiants de l’université Hungcalf, de quoi s’assurer qu’ils ne viennent pas avec lui. Passer des vacances avec ses frères, oui, mais pas au camp.
Astolfi arriva le troisième jour après l’ouverture du camp, en plein soirée. Il avait dû faire pas mal de choses avant et n’avait pas pu se libérer plus tôt. Il était bien trop fatigué pour tenter de retrouver les autres alors il alla installer sa tente quelque part pas trop loin de là où étaient installées certaines personnes. Il bougerait si c’était nécessaire, mais il n’avait pas envie de s’attarder sur l’emplacement idéal vu l’heure qu’il était. Le transplanage depuis Londres avait provoqué une fatigue inhabituelle alors aussitôt la tente mise en place, il ne perdit pas une seconde pour aller dormir.
La nuit fut courte. En effet, Matteo fut réveillé dès les premiers rayons de soleil par une chouette qui donnait des coups de bec contre la toile. Il n’eut pas d’autre choix que se lever pour lui ouvrir. Ça ne pouvait qu’être la chouette familiale étant donné sa manière insistante de faire savoir qu’elle était là. Il ouvrit le pan de la tente et caressa le haut de la tête de la chouette, lui souriant malgré tout. Elle détenait un petit paquet qu’elle laissa tomber dans la main de Matteo avant de s’envoler. Elle n’avait visiblement pas de temps à perdre. L’italien ouvrit le petit paquet et y découvrit un médaillon en or avec ses initiales dessus. M.A. Ça valait tout aussi bien pour lui que pour sa mère. Milena Astolfi. Il reconnaissait ce médaillon, puisqu’il l’avait vu autour du cou de sa mère quand il était petit. Il y avait un petit bout de parchemin avec le bijou.
Je viens de le retrouver dans de vieilles affaires. Je pense qu’il te portera chance. Profite-bien. Maman.
Il ignorait pour quelles raisons il aurait besoin de chance, après tout ce n’étaient que des vacances, mais il ne put s’empêcher d’avoir un large sourire sur son visage. Sa mère avait toujours été discrète dans la famille principalement composée d’hommes, mais elle a toujours été bienveillante. Il ne tarda pas à accrocher le médaillon autour de son cou et décida de se mettre en route. Le soleil était à peine levé mais puisqu’il était réveillé, il voulait aller faire un petit tour en direction du lac. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, comme on lui a souvent dit. Il était temps de vérifier si ce dicton disait vrai.
Tout un tas d’activités l’attendait et il ne pouvait s’empêcher d’essayer de concocter un programme dans sa tête. Matteo a toujours été très organisé, très carré. L’improvisation n’est pas vraiment dans ses habitudes. Il pouvait commencer par aller faire de la natation encadrée par les créatures du lac, ce serait une bonne façon de se mettre en forme. Ensuite, une randonnée lui permettrait de mieux connaître les alentours avant de s’adonner aux activités plus sédentaires telles que le tir à l’arc, par exemple. Ca semblait être un bon programme dans sa tête, mais d’abord il lui faudrait retrouver ses amis, sinon, ce ne serait pas aussi amusant que ce qu’il imaginait dans sa tête.
Il arriva au rebord du lac immense, illuminé par les premières lumières du jour. Il comprenait mieux le sens du dicton qu’on lui avait souvent répété. La beauté des choses se trouve lorsque la journée commence, lorsqu’il y a personne. Il regarda autour de lui et c’est une chevelure rousse qui attira son attention. Tina. Elle était donc là elle aussi. S’il eut d’abord un sourire, persuadé d’être encore dans un rêve, il réalisa qu’elle était vraiment là, plus loin. Il ignorait si la jeune femme l’avait vu, il était encore temps de faire demi-tour et d’éviter de provoquer le mauvais œil.
« Tu vas pas fuir toute ta vie, Astolfi. »
Il tentait de se donner du courage, en vain. Il était prêt à faire demi-tour lorsqu’il attrapa de sa main droite le médaillon qu’il venait de recevoir. C’était peut-être pour cela que sa mère le lui avait envoyé. Ça ne coûtait rien d’essayer. Malédiction ou pas, il ne pouvait rien arriver de grave à la jolie sorcière. Il prit son courage à deux mains puis se dirigea d’un pas décidé vers la jeune femme.
« Hey ! Tina ! »
Bien, mais peut faire mieux.
« Je ne savais pas que tu étais ici, au camp. Je vois que tu es matinale. »
Un véritable observateur ce Matteo, mais la maladresse en plus de la malédiction, ça a toujours fait de lui un piètre séducteur.
Pour Matteo, c’était l’occasion de faire comme quand il était petit avec son grand-père, camper sous une tente, allumer un feu et raconter tout un tas d’histoires au son d’une harpe ensorcelée. C’était l’un des souvenirs qu’il lui restait de son grand-père et rien que pour ça, aller à ce camp allait être génial. Il n’avait prévenu personne et ne savait pas du tout qui y allait finalement. Tous ses amis en avaient parlé depuis quelques semaines et l’italien n’avait aucune certitude de pouvoir s’y rendre alors plutôt que de donner de faux espoirs à tout le monde. Il lui aura fallu plusieurs jours avant que son père accepte. Les jumeaux voulaient aussi y aller, évidemment, c’était l’occasion de se montrer, de profiter de leur célébrité et de trouver des petites sorcières bien mignonnes. Matteo insista sur le fait que ce n’était réservé qu’aux habitants d’Inverness et aux étudiants de l’université Hungcalf, de quoi s’assurer qu’ils ne viennent pas avec lui. Passer des vacances avec ses frères, oui, mais pas au camp.
Astolfi arriva le troisième jour après l’ouverture du camp, en plein soirée. Il avait dû faire pas mal de choses avant et n’avait pas pu se libérer plus tôt. Il était bien trop fatigué pour tenter de retrouver les autres alors il alla installer sa tente quelque part pas trop loin de là où étaient installées certaines personnes. Il bougerait si c’était nécessaire, mais il n’avait pas envie de s’attarder sur l’emplacement idéal vu l’heure qu’il était. Le transplanage depuis Londres avait provoqué une fatigue inhabituelle alors aussitôt la tente mise en place, il ne perdit pas une seconde pour aller dormir.
La nuit fut courte. En effet, Matteo fut réveillé dès les premiers rayons de soleil par une chouette qui donnait des coups de bec contre la toile. Il n’eut pas d’autre choix que se lever pour lui ouvrir. Ça ne pouvait qu’être la chouette familiale étant donné sa manière insistante de faire savoir qu’elle était là. Il ouvrit le pan de la tente et caressa le haut de la tête de la chouette, lui souriant malgré tout. Elle détenait un petit paquet qu’elle laissa tomber dans la main de Matteo avant de s’envoler. Elle n’avait visiblement pas de temps à perdre. L’italien ouvrit le petit paquet et y découvrit un médaillon en or avec ses initiales dessus. M.A. Ça valait tout aussi bien pour lui que pour sa mère. Milena Astolfi. Il reconnaissait ce médaillon, puisqu’il l’avait vu autour du cou de sa mère quand il était petit. Il y avait un petit bout de parchemin avec le bijou.
Je viens de le retrouver dans de vieilles affaires. Je pense qu’il te portera chance. Profite-bien. Maman.
Il ignorait pour quelles raisons il aurait besoin de chance, après tout ce n’étaient que des vacances, mais il ne put s’empêcher d’avoir un large sourire sur son visage. Sa mère avait toujours été discrète dans la famille principalement composée d’hommes, mais elle a toujours été bienveillante. Il ne tarda pas à accrocher le médaillon autour de son cou et décida de se mettre en route. Le soleil était à peine levé mais puisqu’il était réveillé, il voulait aller faire un petit tour en direction du lac. Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, comme on lui a souvent dit. Il était temps de vérifier si ce dicton disait vrai.
Tout un tas d’activités l’attendait et il ne pouvait s’empêcher d’essayer de concocter un programme dans sa tête. Matteo a toujours été très organisé, très carré. L’improvisation n’est pas vraiment dans ses habitudes. Il pouvait commencer par aller faire de la natation encadrée par les créatures du lac, ce serait une bonne façon de se mettre en forme. Ensuite, une randonnée lui permettrait de mieux connaître les alentours avant de s’adonner aux activités plus sédentaires telles que le tir à l’arc, par exemple. Ca semblait être un bon programme dans sa tête, mais d’abord il lui faudrait retrouver ses amis, sinon, ce ne serait pas aussi amusant que ce qu’il imaginait dans sa tête.
Il arriva au rebord du lac immense, illuminé par les premières lumières du jour. Il comprenait mieux le sens du dicton qu’on lui avait souvent répété. La beauté des choses se trouve lorsque la journée commence, lorsqu’il y a personne. Il regarda autour de lui et c’est une chevelure rousse qui attira son attention. Tina. Elle était donc là elle aussi. S’il eut d’abord un sourire, persuadé d’être encore dans un rêve, il réalisa qu’elle était vraiment là, plus loin. Il ignorait si la jeune femme l’avait vu, il était encore temps de faire demi-tour et d’éviter de provoquer le mauvais œil.
« Tu vas pas fuir toute ta vie, Astolfi. »
Il tentait de se donner du courage, en vain. Il était prêt à faire demi-tour lorsqu’il attrapa de sa main droite le médaillon qu’il venait de recevoir. C’était peut-être pour cela que sa mère le lui avait envoyé. Ça ne coûtait rien d’essayer. Malédiction ou pas, il ne pouvait rien arriver de grave à la jolie sorcière. Il prit son courage à deux mains puis se dirigea d’un pas décidé vers la jeune femme.
« Hey ! Tina ! »
Bien, mais peut faire mieux.
« Je ne savais pas que tu étais ici, au camp. Je vois que tu es matinale. »
Un véritable observateur ce Matteo, mais la maladresse en plus de la malédiction, ça a toujours fait de lui un piètre séducteur.
(c) DΛNDELION
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Re: Into the wild (Tina)
Lun 11 Juin 2018 - 22:07
Des semaines. Cela faisait des semaines que je rêvais que ces laborieux examens prennent fin. Ainsi, lorsque je déposai finalement ma plume d’oie aux côtés de mes parchemins noircis, une agréable sensation de délivrance m’envahit progressivement. Les vacances allaient pouvoir commencer ! Cette année, je me rendais une semaine au Kelpie’s Camp avec mes meilleurs amis. Quelques jours d’activités et de repos bien mérités. Incapable de contenir mon impatience, je désertai donc la Grande Salle afin de m’emparer de ma valise déjà prête. J'enlaçai mes colocataires, leur promettant de leur donner de mes nouvelles avant la rentrée et rejoins hâtivement ma destination estivante. Les premiers jours se déroulèrent à merveille : entre chants au coin du feu, rires lors des randonnées dans les plaines et taquineries au bord du lac. Puis, un sorcier australien de passage en l’Écosse rapporta, par mégarde, une dizaine de Billywigs avec lui. Horribles insectes qui commencèrent à semer le trouble au sein du campement, provoquant des états de lévitation incontrôlables à quiconque serait victime de leurs piqûres. Si j’eus la chance d’être épargnée, ce ne fut pas le cas de mon acolyte préféré qui endura les effets d’une réaction allergique particulièrement sévère, signant alors la fin de son séjour parmi nous. Après cet évènement, les choses ne furent plus tout à fait les mêmes.
Réveillée aux aurores par le chant d’un oiseau souffrant, je décidai rapidement de lui venir en aide. Malgré mes efforts, je fus incapable de retrouver ce pauvre Jobarbille. Mon coeur se serra brusquement au moment où je réalisai qu’il s’était probablement déjà éteint. Une larme perla le long de ma joue et instantanément, je m’en voulus de me montrer si fragile, si émotive… Fort heureusement, personne ne rodait dans les parages.Je m’installai délicatement aux abords du lac, inondé d’une somptueuse lumière. Ma main disparut lentement au fin fond de mon sac pour en ressortir mon précieux carnet à dessin. Un automatisme. D’un trait agile, je représentais cette malheureuse créature telle que j’aurais souhaité l’apercevoir, voletant allègrement d’arbre en arbre. Et, je pense que cette conception me réconforta quelque peu. Mon esprit et mes doigts divaguaient sur mon illustration, lorsque tout à coup : « Hey ! Tina ! » Je me retournai, d’un mouvement vif et élégant, afin d’identifier à qui cette voix masculine appartenait. « Oh, Matteo ! Bonjour ! » articulai-je d’une voix mélodieuse et enjouée. Je ne l’avais pas revu depuis cette fameuse soirée et, sans qu’il ne m’ait manqué pour autant, le rencontrer ici me fit réellement plaisir. Ce sourire hésitant et ces cheveux légèrement en bataille le rendaient particulièrement charmant. Et, aussitôt, je me souvins des raisons pour lesquelles il m’attirait tant lorsque je franchis les portes de l’école de sorcellerie il y a des années de cela. Un sorcier discret, capable de passer des heures et des heures à consulter d’imposants ouvrages, mais aussi de plaisanter ouvertement avec ses amis. Mécaniquement, je commençais à représenter les imposantes colonnades de la bibliothèque, soit l’emplacement précis où je l’avais aperçu pour la première fois. « Je ne savais pas que tu étais ici, au camp. Je vois que tu es matinale. » Heureusement, ses paroles suspendirent mon élan. Cela aurait été très préoccupant si ce plan purement architectural était, par la suite, devenu un portrait réaliste.
« Euh… Eh bien, oui ! » Un éclat de rire, doux et chantant m’échappa d’emblée. Quelle perspicacité ! Néanmoins et à en croire ce petit objet nerveusement manipulé par ses longs doigts, Matteo ne semblait pas suffisamment à l’aise pour recevoir cette plaisanterie matinale. Je me mordillais donc la lèvre inférieure afin de retenir cette remarque qui me brûlait la langue dans l’unique visée de ne pas l’embarrasser de plus belle. Il était différent. Différent de l’image que je m’étais fait de lui lors de nos années à Poudlard. Et, j’étais bien incapable de déterminer si cela me plaisait toujours ou non. Je rassemblais rapidement les quelques croquis disséminés à mes côtés afin qu’il puisse s’asseoir aux abords du lac s’il le désirait. La rosée s’était dissipée et de timides rayons de soleil virent agréablement caresser nos visages. J’appréciais cet instant enchanteur, glissant mes pieds nus dans l’eau fraîche. Mon regard accrocha le sien et, d’une voix douce, je poursuivis : « Cela fait quelques jours à vrai dire. Je suppose que j’avais besoin de me ressourcer à la campagne avant de faire mes valises. »
Ces quelques mots résonnèrent étrangement dans mon esprit. Ravissement et anxiété s’emparèrent soudainement de mon coeur, accélérant chacun de mes battements. Me rendre à New York l’été dernier m’avait paru si simple, si naturel. Je ne parvenais pas à saisir pour quelles raisons ce séminaire en Italie m’effrayait autant. Peut-être parce que cette opportunité-ci avait des airs illusoires et impossibles. Une invitation exagérément belle pour être véritable… Riccardo Chailly m’avait-il réellement convié à participer aux répétitions de l’Orchestre Symphonique de Milan Giuseppe Verdi ? Je n’avais parlé à personne de cette lettre reçue à l’improviste. Pas même à Gideon. Non pas que je désirais taire cette nouvelle, simplement… Simplement, financièrement, nos parents bataillaient pour joindre les deux bouts, bien plus encore depuis la naissance de Faolan. Honte et culpabilité. Ces deux sentiments ne cessaient de m’envahir dès lors que ce mystérieux mécène faisait son apparition, finançant chacune de mes prestations musicales.
Chaque été me rapprochait d’une carrière professionnelle et chaque rentrée m’en éloignait davantage. C’était certainement cela qui me terrorisait. Cela ou la violente impression de négliger mes proches ? Une brise légère souffla sur les feuillages environnants, ainsi que mes esquisses maladroitement collectées. L’une d’entre elle parvint jusqu’à Matteo, me rappelant alors que je n’étais plus seule. Je saisis ma baguette magique et d’un sortilège informulé fit gracieusement revenir le document dans ma direction. Brutalement, je réalisai qu’il ne s’agissait pas d’une de mes ébauches, mais bel et bien de la missive paraphée par le chef d’orchestre italien. Je la repliai soigneusement avant de la placer discrètement à l’intérieur de mon sac. « Tu as aussi été réveillé par le chant du Jobarbille ? À moins que ce ne soit cette invasion de Billywigs dont tout le monde parle ? Car, il me semble que les cours de voile ne commencent pas avant dix heures du matin. » l’informai-je, un sourire affectueux se dessinant sur mes lèvres.
Réveillée aux aurores par le chant d’un oiseau souffrant, je décidai rapidement de lui venir en aide. Malgré mes efforts, je fus incapable de retrouver ce pauvre Jobarbille. Mon coeur se serra brusquement au moment où je réalisai qu’il s’était probablement déjà éteint. Une larme perla le long de ma joue et instantanément, je m’en voulus de me montrer si fragile, si émotive… Fort heureusement, personne ne rodait dans les parages.
Matteo & Tina
Don't know what to say to you now, standing right in front of you. Don't know how to fade in and out, don't know how to play it cool.
« Euh… Eh bien, oui ! » Un éclat de rire, doux et chantant m’échappa d’emblée. Quelle perspicacité ! Néanmoins et à en croire ce petit objet nerveusement manipulé par ses longs doigts, Matteo ne semblait pas suffisamment à l’aise pour recevoir cette plaisanterie matinale. Je me mordillais donc la lèvre inférieure afin de retenir cette remarque qui me brûlait la langue dans l’unique visée de ne pas l’embarrasser de plus belle. Il était différent. Différent de l’image que je m’étais fait de lui lors de nos années à Poudlard. Et, j’étais bien incapable de déterminer si cela me plaisait toujours ou non. Je rassemblais rapidement les quelques croquis disséminés à mes côtés afin qu’il puisse s’asseoir aux abords du lac s’il le désirait. La rosée s’était dissipée et de timides rayons de soleil virent agréablement caresser nos visages. J’appréciais cet instant enchanteur, glissant mes pieds nus dans l’eau fraîche. Mon regard accrocha le sien et, d’une voix douce, je poursuivis : « Cela fait quelques jours à vrai dire. Je suppose que j’avais besoin de me ressourcer à la campagne avant de faire mes valises. »
Ces quelques mots résonnèrent étrangement dans mon esprit. Ravissement et anxiété s’emparèrent soudainement de mon coeur, accélérant chacun de mes battements. Me rendre à New York l’été dernier m’avait paru si simple, si naturel. Je ne parvenais pas à saisir pour quelles raisons ce séminaire en Italie m’effrayait autant. Peut-être parce que cette opportunité-ci avait des airs illusoires et impossibles. Une invitation exagérément belle pour être véritable… Riccardo Chailly m’avait-il réellement convié à participer aux répétitions de l’Orchestre Symphonique de Milan Giuseppe Verdi ? Je n’avais parlé à personne de cette lettre reçue à l’improviste. Pas même à Gideon. Non pas que je désirais taire cette nouvelle, simplement… Simplement, financièrement, nos parents bataillaient pour joindre les deux bouts, bien plus encore depuis la naissance de Faolan. Honte et culpabilité. Ces deux sentiments ne cessaient de m’envahir dès lors que ce mystérieux mécène faisait son apparition, finançant chacune de mes prestations musicales.
Chaque été me rapprochait d’une carrière professionnelle et chaque rentrée m’en éloignait davantage. C’était certainement cela qui me terrorisait. Cela ou la violente impression de négliger mes proches ? Une brise légère souffla sur les feuillages environnants, ainsi que mes esquisses maladroitement collectées. L’une d’entre elle parvint jusqu’à Matteo, me rappelant alors que je n’étais plus seule. Je saisis ma baguette magique et d’un sortilège informulé fit gracieusement revenir le document dans ma direction. Brutalement, je réalisai qu’il ne s’agissait pas d’une de mes ébauches, mais bel et bien de la missive paraphée par le chef d’orchestre italien. Je la repliai soigneusement avant de la placer discrètement à l’intérieur de mon sac. « Tu as aussi été réveillé par le chant du Jobarbille ? À moins que ce ne soit cette invasion de Billywigs dont tout le monde parle ? Car, il me semble que les cours de voile ne commencent pas avant dix heures du matin. » l’informai-je, un sourire affectueux se dessinant sur mes lèvres.
- InvitéInvité
Re: Into the wild (Tina)
Jeu 14 Juin 2018 - 1:07
Into the wild
Tina & Matteo
« Some people feel like they don't deserve love. They walk away quietly into empty spaces, trying to close the gaps of the past. »
Fuir. Durant les quinze dernières années, ça avait souvent été la solution qu’il avait préférée plutôt que de tenter sa chance. Cette fichue malédiction ne l’avait pas vraiment aidé à trouver l’amour et souvent il s’est posé la question de s’il parviendrait un jour à être comme ses parents : marié avec un ou plusieurs enfants, avec une femme qu’il aime jusqu’à la fin de ses jours. Matteo est un romantique et il n’imagine pas autre chose que ce genre de relation avec une femme. Il ne veut pas de disputes qui mènent à la déchirure et à la séparation, il ne veut pas de tromperie, peut-être bien parce qu’il voudrait au moins avoir une femme qu’il peut aimer sans attirer sur elle ou sur lui le malheur.
Fuir Tina, c’est ce qu’il avait fait depuis le soir où il l’avait retrouvée grâce à Ravena. Retrouver était un bien grand mot puisqu’ils ne s’étaient connus que de vue à Poudlard, à vrai dire, c’est presque comme s’il l’avait rencontrée pour la première fois, tout en sachant qui elle était. Certains ne croient pas au coup de foudre, Matteo n’est pas certain d’y croire non plus, mais ce dont il est certain c’est qu’il l’a trouvée sublime et que son cœur s’était mis à battre la chamade ce soir-là, à tel point qu’il s’était interdit d’aller lui reparler en face à face. Lui avouer ses craintes quant à la malédiction, ce n’était pas possible, mais il préférait se la jouer dans un autre style. Tombé de bien trop haut en rencontrant Tina, il ne pouvait pas la laisser s’envoler aussi simplement alors il lui avait écrit une lettre dans laquelle il lui avait parlé de tout et de rien, prétextant un emploi du temps de ministre qui l’empêchait de la voir en vrai. Ce n’était pas totalement faux, mais en réalité, il aurait pu s’arranger pour trouver du temps pour elle, dans un monde sans cette fichue malchance.
Finalement, ce matin-là, il avait pris son courage à deux mains. Il n’avait d’une part aucune excuse pour la fuir et surtout très envie de prendre le risque d’aller lui parler. C’est un peu comme un rêve dans lequel on est réveillé par un cadeau de la femme de sa vie suivi de l’apparition de celle qui nous plaît. Matteo avait le sentiment qu’elle n’était pas là par hasard et puis avec ce médaillon, il se sentait bien plus courageux que d’ordinaire. Il voulait se donner une chance au moins d’essayer et de lui prouver qu’il n’est pas juste cet étudiant avec qui elle a pu échanger deux ou trois lettres. Lorsqu’il l’avait interpelée, elle était assise un carnet de croquis entre ses mains. Lorsqu’elle se tourna, elle le salua à son tour. Il n’était pas le plus doué pour choisir les bons mots qui servaient à entamer une conversation et elle l’avait probablement ressenti à en juger son petit rire. Elle s’empressa finalement de rassembler ses croquis et d’un geste presque instinctif, Matteo alla s’asseoir à ses côtés. Elle poursuivit la conversation, sortant alors Matteo de cet embarras. Il ne savait pas quoi dire tant il se sentait stupide et maladroit.
« Faire tes valises ? »
Il fut surpris par ce détail, il ignorait bien où elle voulait en venir. S’il avait dit au revoir à plusieurs de ses camarades lors des derniers jours de l’année scolaire à Hungcalf, il n’avait pas émis l’hypothèse que Tina pouvait faire partie de ceux qui ne reviendraient pas à la rentrée de Septembre. Sa gorge se noua. Il se sentait bête de ne pas être allé lui parler plus tôt car c’était peut-être la dernière fois qu’il en aurait l’occasion. Il n’en savait rien pour le moment, mais tout un tas de tableaux se dessinaient dans sa tête. Il ne posa pas davantage de questions, ce n’était pas poli d’être aussi indiscret alors qu’ils ne se connaissaient pas tant que ça. Soudain, le vent se mit à souffler légèrement, de quoi faire virevolter quelques-uns de ses croquis. Le sorcier eut à peine le temps de voir ce qu’il y avait sur ce bout de papier, il distingua seulement un nom italien qui lui fit froncer les sourcils, mais Tina avait déjà fait revenir ce papier égaré jusqu’à elle. Elle poursuivit alors la conversation, interrogeant Matteo sur ce qui l’avait éveillé si tôt.
« Une invasion de Billywigs ? Je n’en ai pas entendu parler, mais c’est bien un oiseau qui m’a réveillé en tout cas. La chouette de mes parents est venue donner des coups de bec contre la toile de ma tente pour m’apporter un paquet, t'imagines le réveil agréable. »
Bien que laissant échapper un léger éclat de rire, il continuait à triturer nerveusement ce pauvre médaillon qu’il avait mis autour de son cou. Il se demandait s’il s’agissait bien d’un porte-bonheur puisque s’il était resté dormir jusqu’à pas d’heure, il n’aurait peut-être pas eu la chance de croiser la jeune McKinnon.
« Je ne sais pas encore si je vais faire de la voile, j’ai déjà établi un petit programme assez précis pour les premiers jours, je verrai bien s’il me reste du temps, ça pourrait être sympa à faire ! »
Dit comme ça, on pourrait croire qu’il n’est pas là pour s’amuser, mais il est juste comme ça, trop organisé, ayant peur de louper quelque chose qu’il voudrait absolument faire. La gueule de bois, il ne connaît pas alors il sait que même s’il fait la fête toute la nuit, il sera en forme pour son programme millimétré du lendemain.
« Cela dit aujourd'hui, je pense y aller doucement, histoire de m’habituer aux environs je pense. Comme je suis arrivé hier soir très tard, je n'ai pas encore eu le temps de faire le tour. Et toi, tu as prévu de faire quoi ? Tu comptes rester combien de temps ici ? »
Il n’osait pas reposer la question quant à ces fameuses valises à faire ni l’interroger concernant ce parchemin qu’il avait entre aperçu. Pour le moment, rien de bizarre n’était arrivé alors il ne fallait pas tout gâcher en posant des questions gênantes. Pas d’oiseau à la trajectoire douteuse en vu, pas de monstre du lac non plus. Aucune allergie ne semblait se déclencher alors Matteo tentait de profiter au maximum de cet instant avec Tina.
« Ecoute, je sais qu’on ne s’est pas beaucoup vu depuis cette soirée, pour ne pas dire jamais. Avec mon emploi du temps chargé en huitième année, les entraînements de Quidditch et surtout… ma maladresse, légendaire, ça n’a pas été facile. J’espère que tu ne m’en veux pas... »
Maladresse est un piètre mot pour décrire la réalité, mais c’est le seul mot qu’il a trouvé pour décrire ce qui l’a poussé à rester en retrait jusqu’au bout. A vrai dire, peut-être qu'elle n'avait pas tenu rigueur de ce manque de présence, peut-être qu'elle n'y avait pas pensé comme lui il y avait pensé pendant tout ce temps. Toujours est-il qu'il se sentait désolé pour ça.
Fuir Tina, c’est ce qu’il avait fait depuis le soir où il l’avait retrouvée grâce à Ravena. Retrouver était un bien grand mot puisqu’ils ne s’étaient connus que de vue à Poudlard, à vrai dire, c’est presque comme s’il l’avait rencontrée pour la première fois, tout en sachant qui elle était. Certains ne croient pas au coup de foudre, Matteo n’est pas certain d’y croire non plus, mais ce dont il est certain c’est qu’il l’a trouvée sublime et que son cœur s’était mis à battre la chamade ce soir-là, à tel point qu’il s’était interdit d’aller lui reparler en face à face. Lui avouer ses craintes quant à la malédiction, ce n’était pas possible, mais il préférait se la jouer dans un autre style. Tombé de bien trop haut en rencontrant Tina, il ne pouvait pas la laisser s’envoler aussi simplement alors il lui avait écrit une lettre dans laquelle il lui avait parlé de tout et de rien, prétextant un emploi du temps de ministre qui l’empêchait de la voir en vrai. Ce n’était pas totalement faux, mais en réalité, il aurait pu s’arranger pour trouver du temps pour elle, dans un monde sans cette fichue malchance.
Finalement, ce matin-là, il avait pris son courage à deux mains. Il n’avait d’une part aucune excuse pour la fuir et surtout très envie de prendre le risque d’aller lui parler. C’est un peu comme un rêve dans lequel on est réveillé par un cadeau de la femme de sa vie suivi de l’apparition de celle qui nous plaît. Matteo avait le sentiment qu’elle n’était pas là par hasard et puis avec ce médaillon, il se sentait bien plus courageux que d’ordinaire. Il voulait se donner une chance au moins d’essayer et de lui prouver qu’il n’est pas juste cet étudiant avec qui elle a pu échanger deux ou trois lettres. Lorsqu’il l’avait interpelée, elle était assise un carnet de croquis entre ses mains. Lorsqu’elle se tourna, elle le salua à son tour. Il n’était pas le plus doué pour choisir les bons mots qui servaient à entamer une conversation et elle l’avait probablement ressenti à en juger son petit rire. Elle s’empressa finalement de rassembler ses croquis et d’un geste presque instinctif, Matteo alla s’asseoir à ses côtés. Elle poursuivit la conversation, sortant alors Matteo de cet embarras. Il ne savait pas quoi dire tant il se sentait stupide et maladroit.
« Faire tes valises ? »
Il fut surpris par ce détail, il ignorait bien où elle voulait en venir. S’il avait dit au revoir à plusieurs de ses camarades lors des derniers jours de l’année scolaire à Hungcalf, il n’avait pas émis l’hypothèse que Tina pouvait faire partie de ceux qui ne reviendraient pas à la rentrée de Septembre. Sa gorge se noua. Il se sentait bête de ne pas être allé lui parler plus tôt car c’était peut-être la dernière fois qu’il en aurait l’occasion. Il n’en savait rien pour le moment, mais tout un tas de tableaux se dessinaient dans sa tête. Il ne posa pas davantage de questions, ce n’était pas poli d’être aussi indiscret alors qu’ils ne se connaissaient pas tant que ça. Soudain, le vent se mit à souffler légèrement, de quoi faire virevolter quelques-uns de ses croquis. Le sorcier eut à peine le temps de voir ce qu’il y avait sur ce bout de papier, il distingua seulement un nom italien qui lui fit froncer les sourcils, mais Tina avait déjà fait revenir ce papier égaré jusqu’à elle. Elle poursuivit alors la conversation, interrogeant Matteo sur ce qui l’avait éveillé si tôt.
« Une invasion de Billywigs ? Je n’en ai pas entendu parler, mais c’est bien un oiseau qui m’a réveillé en tout cas. La chouette de mes parents est venue donner des coups de bec contre la toile de ma tente pour m’apporter un paquet, t'imagines le réveil agréable. »
Bien que laissant échapper un léger éclat de rire, il continuait à triturer nerveusement ce pauvre médaillon qu’il avait mis autour de son cou. Il se demandait s’il s’agissait bien d’un porte-bonheur puisque s’il était resté dormir jusqu’à pas d’heure, il n’aurait peut-être pas eu la chance de croiser la jeune McKinnon.
« Je ne sais pas encore si je vais faire de la voile, j’ai déjà établi un petit programme assez précis pour les premiers jours, je verrai bien s’il me reste du temps, ça pourrait être sympa à faire ! »
Dit comme ça, on pourrait croire qu’il n’est pas là pour s’amuser, mais il est juste comme ça, trop organisé, ayant peur de louper quelque chose qu’il voudrait absolument faire. La gueule de bois, il ne connaît pas alors il sait que même s’il fait la fête toute la nuit, il sera en forme pour son programme millimétré du lendemain.
« Cela dit aujourd'hui, je pense y aller doucement, histoire de m’habituer aux environs je pense. Comme je suis arrivé hier soir très tard, je n'ai pas encore eu le temps de faire le tour. Et toi, tu as prévu de faire quoi ? Tu comptes rester combien de temps ici ? »
Il n’osait pas reposer la question quant à ces fameuses valises à faire ni l’interroger concernant ce parchemin qu’il avait entre aperçu. Pour le moment, rien de bizarre n’était arrivé alors il ne fallait pas tout gâcher en posant des questions gênantes. Pas d’oiseau à la trajectoire douteuse en vu, pas de monstre du lac non plus. Aucune allergie ne semblait se déclencher alors Matteo tentait de profiter au maximum de cet instant avec Tina.
« Ecoute, je sais qu’on ne s’est pas beaucoup vu depuis cette soirée, pour ne pas dire jamais. Avec mon emploi du temps chargé en huitième année, les entraînements de Quidditch et surtout… ma maladresse, légendaire, ça n’a pas été facile. J’espère que tu ne m’en veux pas... »
Maladresse est un piètre mot pour décrire la réalité, mais c’est le seul mot qu’il a trouvé pour décrire ce qui l’a poussé à rester en retrait jusqu’au bout. A vrai dire, peut-être qu'elle n'avait pas tenu rigueur de ce manque de présence, peut-être qu'elle n'y avait pas pensé comme lui il y avait pensé pendant tout ce temps. Toujours est-il qu'il se sentait désolé pour ça.
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