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Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien [PV Zephyr]
Mer 13 Juin 2018 - 11:37
Cette nuit encore une fois, je n'allais pas beaucoup dormir… mais cette nuit encore plus que les autres. Sous la lune, j'avais un rendez-vous. Voilà des années que, chaque mois, j'avais rendez-vous avec la pâle blanche du ciel obscur… mais davantage avec un autre qu'elle. Disons… qu'elle n'était que la provocatrice. L'unique témoin de nos rendez-vous secrets.
Nous nous étions connus à Poudlard. Même maison, même année. Mais, comme pour Esme, ma timidité m'avait empêchée de véritablement le connaître durant cette période. Nous nous sommes retrouvés à Hungcalf. Même année, mêmes options obligatoires ainsi qu'une facultative, et pas des moindres puisqu'il s'agissait de la dragonologie. Pourtant, nous avons continué à nous ignorer, ou à nous échanger que de simples politesses, jusqu'à cette nuit, il y a environ quatre ans. À cette période en journée, je l'avais vu changé, plus à fleur de peau, plus énervé, plus… déprimé.
Ça aurait pu être une nuit comme les autres. Une simple promenade sous ma forme Animagus, dans la forêt, comme j'aimais le faire pour me débarrasser de mes tracas de la journée. Ma seconde nature, ne faire plus qu'un avec cette environnement sauvage. Et malgré mon instinct aiguisé et ma très grande prudence, il m'avait surprise. En réalité, je crois que nous nous étions surpris l'un l'autre. Nos regards canins se sont croisés. Le temps s'était arrêté. L'intuition animale fit le reste. Je savais. Et je devinais qu'il avait su aussi. Le lendemain, c'est naturellement que nous nous sommes mis côte à côte lors de nos cours communs, et depuis, rien a changé. Nous étions devenus des amis silencieux, comme la lune. Témoins l'un l'autre de nos secrets sans pour autant les murmurer. Un regard suffisait.
Ainsi, encore une fois cette nuit, je faussais compagnie à ma colocataire. Impossible de dormir correctement en ce moment entre les épreuves de fin d'année, même si en septième année il n'y avait rien de bien extraordinaire, je me mettais beaucoup trop la pression. Il y avait aussi mes sentiments qui me réduisaient le cœur en miette et me rendaient le cerveau en purée. Alors… un peu plus, un peu moins… quelle différence ça allait faire ? Sincèrement, aucune, j'en avais bien peur.
Je déambulais donc dans les couloirs sous forme humaine, et comme si j'étais poussée par le destin, instinctivement, je me dirigeais jusqu'à la forêt. J'essayais de ne jamais prendre le même chemin afin de ne pas pouvoir être suivie trop facilement. Avec le temps, j'avais appris à brouiller les pistes et rendre la vie difficile à mes potentiels pisteurs. Une fois arrivée dans des buissons assez danses, je prenais ma seconde forme. Celle de ce grand chien au pelage corbeau, parsemé de neige. Et comme presque à chaque fois alors que je venais de me changer en Animagus, je baillais de tous mes crocs et m’ébrouai, comme si ça m'aidait à prendre conscience de ce nouveau corps. En réalité, c'était la manifestation du bien-être que ça me procurait. Au moins, moi, j'avais le choix.
Prise d'un regain d'énergie, je me mettais à courir comme une furie entre les arbres, appréciant chaque sensation que m'offrait ma neuve condition. La sensation de la terre sur mes coussinets, l'air battant mon long pelage, mes oreilles captant le moindre bruit alentour, et ma truffe détectant la moindre odeur, datant même de plusieurs jours. Voilà pourquoi j'avais tenu à être Animagi. Pour tout ce que je ne pouvais pas être en tant qu'humaine. Pour tout ce qui m'était limité sous ma véritable forme, et qui m'empêchait de véritablement comprendre les animaux, les créatures. Ne pas les comprendre, c'était un échec pour mes études. J'y remédiais ainsi, et ça facilitait beaucoup de mes observations.
D'un bond, je terminais ma course sur un rocher. Le rocher. Je m'étirais, étendant les pattes antérieures devant moi, relevant les fesses en battant la queue, et je terminais le tout en m'ébrouant encore une fois. Bon, avec mes insomnies du moment, j'étais en avance. J'en profitais donc pour me coucher confortablement sur la roche et pousser un long soupir. Je fermais les yeux et me laissais envahir par l'ambiance nocturne de la forêt. J'écoutais le moindre son, je humais la moindre odeur. Je l'attendais, je savais qu'il viendrait.
Nous nous étions connus à Poudlard. Même maison, même année. Mais, comme pour Esme, ma timidité m'avait empêchée de véritablement le connaître durant cette période. Nous nous sommes retrouvés à Hungcalf. Même année, mêmes options obligatoires ainsi qu'une facultative, et pas des moindres puisqu'il s'agissait de la dragonologie. Pourtant, nous avons continué à nous ignorer, ou à nous échanger que de simples politesses, jusqu'à cette nuit, il y a environ quatre ans. À cette période en journée, je l'avais vu changé, plus à fleur de peau, plus énervé, plus… déprimé.
Ça aurait pu être une nuit comme les autres. Une simple promenade sous ma forme Animagus, dans la forêt, comme j'aimais le faire pour me débarrasser de mes tracas de la journée. Ma seconde nature, ne faire plus qu'un avec cette environnement sauvage. Et malgré mon instinct aiguisé et ma très grande prudence, il m'avait surprise. En réalité, je crois que nous nous étions surpris l'un l'autre. Nos regards canins se sont croisés. Le temps s'était arrêté. L'intuition animale fit le reste. Je savais. Et je devinais qu'il avait su aussi. Le lendemain, c'est naturellement que nous nous sommes mis côte à côte lors de nos cours communs, et depuis, rien a changé. Nous étions devenus des amis silencieux, comme la lune. Témoins l'un l'autre de nos secrets sans pour autant les murmurer. Un regard suffisait.
Ainsi, encore une fois cette nuit, je faussais compagnie à ma colocataire. Impossible de dormir correctement en ce moment entre les épreuves de fin d'année, même si en septième année il n'y avait rien de bien extraordinaire, je me mettais beaucoup trop la pression. Il y avait aussi mes sentiments qui me réduisaient le cœur en miette et me rendaient le cerveau en purée. Alors… un peu plus, un peu moins… quelle différence ça allait faire ? Sincèrement, aucune, j'en avais bien peur.
Je déambulais donc dans les couloirs sous forme humaine, et comme si j'étais poussée par le destin, instinctivement, je me dirigeais jusqu'à la forêt. J'essayais de ne jamais prendre le même chemin afin de ne pas pouvoir être suivie trop facilement. Avec le temps, j'avais appris à brouiller les pistes et rendre la vie difficile à mes potentiels pisteurs. Une fois arrivée dans des buissons assez danses, je prenais ma seconde forme. Celle de ce grand chien au pelage corbeau, parsemé de neige. Et comme presque à chaque fois alors que je venais de me changer en Animagus, je baillais de tous mes crocs et m’ébrouai, comme si ça m'aidait à prendre conscience de ce nouveau corps. En réalité, c'était la manifestation du bien-être que ça me procurait. Au moins, moi, j'avais le choix.
Prise d'un regain d'énergie, je me mettais à courir comme une furie entre les arbres, appréciant chaque sensation que m'offrait ma neuve condition. La sensation de la terre sur mes coussinets, l'air battant mon long pelage, mes oreilles captant le moindre bruit alentour, et ma truffe détectant la moindre odeur, datant même de plusieurs jours. Voilà pourquoi j'avais tenu à être Animagi. Pour tout ce que je ne pouvais pas être en tant qu'humaine. Pour tout ce qui m'était limité sous ma véritable forme, et qui m'empêchait de véritablement comprendre les animaux, les créatures. Ne pas les comprendre, c'était un échec pour mes études. J'y remédiais ainsi, et ça facilitait beaucoup de mes observations.
D'un bond, je terminais ma course sur un rocher. Le rocher. Je m'étirais, étendant les pattes antérieures devant moi, relevant les fesses en battant la queue, et je terminais le tout en m'ébrouant encore une fois. Bon, avec mes insomnies du moment, j'étais en avance. J'en profitais donc pour me coucher confortablement sur la roche et pousser un long soupir. Je fermais les yeux et me laissais envahir par l'ambiance nocturne de la forêt. J'écoutais le moindre son, je humais la moindre odeur. Je l'attendais, je savais qu'il viendrait.
- Spoiler:
- [HRP : @Zephyr Bae Wouf !
- InvitéInvité
Re: Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien [PV Zephyr]
Jeu 14 Juin 2018 - 0:51
abigail & zephyr
under the full moon
Chaque semaine qui précède la pleine lune se déroule de la même manière, Zephyr. Tu es à fleur de peau, les émotions exacerbées. Tu ne dors pas de la nuit, et tes crises de narcolepsies en plein jour se multiplient. En somme… C’est un peu ta période menstruelle personnelle. En quelques sortes. Sauf que si c’était aussi simple à interrompre qu’en prenant un cachet ou en se foutant un bout de plastique dans le bras… Ce serait le paradis. Mais rien n’est aussi simple. Et cela ne le sera jamais, alors autant essayer de t’y habituer.
Ça fait un peu plus de quatre ans, mais t’y arrives pas. A t’y habituer. Et pour cause, ça a changé ta vie, et pas forcément en bien. Tu as perdu ta petite sœur, et par extension toute ta famille. Et c’est quelque chose qui te revient en mémoire tous les mois, sans que tu ne réussisses réellement à faire ton deuil. Jamais entièrement.
Depuis bientôt deux ans, tu ne vis plus au sein même de l’université, tu ne résides plus dans les dortoirs. Parce que tu ne supportais plus l’idée d’être enfermé dans une salle du château toute la nuit, à tourner un rond comme un lion en captivité. Tu vis en colocation, désormais, et c’est donc à toi de t’occuper de toi-même pendant les nuits de pleine lune. Bien entendu, tu prends toujours la potion tue-loup, concoctée avec soins par le professeur de potions de Hungcalf. Grâce à elle, et bien qu’elle n’empêche pas la transformation, tu gardes esprit et lucidité même sous forme lupine.
C’est donc dans cet état d’esprit et pour suivre le plan habituel, que tu quittes ton appartement en début de soirée, l’air quelque peu rembruni. Tes pas te guident jusqu’à l’immense forêt, dans laquelle tu t’engouffres sans crainte, comme peu d’humains et sorciers en sont capables. Mais d’ici quelques instant, tu sais que ces lieux redeviendront ton territoire, et que sans la potion tu serais probablement la créature la plus dangereuse des environs.
Au bout de plusieurs centaines de mètres, tu retrouves ton « lieu de transformation », comme tu l’appelles au fond de toi. Une sorte d’abri naturel créé par un amas de gros rocher, et dont l’entrée est camouflée par des branchages feuillus. Une petite cachette idéale, mais assez grande cependant pour te contenir tant sous forme humaine, qu’animale. Alors tu te faufiles parmi les buissons pour pénétrer dans la cavité. Il a plut précédemment, la terre est encore un peu humide. Lentement, tu te défais de tes vêtements, les pliants soigneusement pour les ranger dans ton sac, à l’abri de la terre et de la saleté. Afin de pouvoir te sentir humain et propre au petit matin. Entièrement nu, tu t’installes comme chaque fois : allongé sur le flanc, en position fœtale. Le regard un peu perdu, tu fixes un point invisible à travers les feuilles. Au fur et à mesure que les minutes passent, les feuilles en question s’illuminent sous la lumière de la pleine lune, jusqu’à ce que cette dernière s’étendent à travers les trous en jais argenté. Et lorsque cette luminescence presque mystique atteint ton corps, il n’y a plus de retour en arrière possible.
Si la potion tue-loup te permet de garder conscience et d’être quasiment inoffensif une fois transformé, elle n’empêche donc pas ladite transformation et… elle n’enlève aucune douleur. Et cette souffrance, tu sais qu’elle fait partie des choses auxquelles tu ne t’habitueras jamais. C’est aussi ce qui fait la différence entre les animagus, et les monstres que sont les loup-garous. La douleur du processus. Le craquement sinistre des os qui se craquellent. Les membres qui se tordent pour reprendre une autre position. La colonne vertébrale qui se brise et se repositionne, avant de s’allonger par le bas pour faire sortir une queue. La mâchoire qui s’étend et étouffe tes grognements de douleur. Les dents humaines qui tombent, que tu dois recracher pour ne pas les avaler, et qui sont remplacées par les crocs. Finalement, la peau de porcelaine qui se couvre d’un épais pelage brun chocolat, foncé.
Et au bout de dix minutes qui te semblent des heures entières passées en enfer, la transformation est achevée. Comme d’habitude, elle te laisse épuisé, le souffle court, la langue pendante. Il te faut encore quelques minutes pour réussir à te relever, tenir sur tes pattes, et finalement, tu t’extirpes de la caverne à travers les buissons. Quelques pas, tu t’ébroues frénétiquement. Peu à peu, tu sens cette force caractéristique te gagner. Puisque tu n’es pas une bête sanguinaire grâce à la potion, et bien que la transformation soit des plus douloureuses, et bien qu’au petit matin tu te sentes toujours trop différent pour ce monde… Une fois que tu es sous forme lupine tout en étant lucide, tu es… Bien. Presque… Heureux. Parce que l’humain en toi continue d’être optimiste, et que tu essaies de voir le positif dans le négatif.
Le positif, c’est tes sens sur-développés. L’ouïe qui te permets d’entendre un craquement dans les branches à plusieurs centaines de mètres. L’odorat si affûté que tu distingues la moindre espèce de fleurs et de plantes. Le positif, c’est ta force, et ta vitesse. Qui te permets de t’élancer à travers la forêt avec une agilité étonnante en dépit de ton imposante taille, bien plus grande que celle d’un loup standard, tout en sautant de rochers en rochers, de souches en souches. Et ainsi, tu suis un chemin bien particulier, presque instinctif. Parce que le loup que tu es, as rendez-vous avec une belle petite berger allemand. Abigail, une camarade. D’abord connaissance depuis… Eh bien depuis Poudlard, compatriote Poufsouffle, et maintenant camarade de classe dans le même cursus que toi. Il y a quelques années maintenant, au tout début de tes mésaventures de loup-garou, tu as croisé un chien dans les bois une nuit. En regardant au fond de ses yeux, tu l’avais tout de suite reconnue, et compris qu’Abigail était animagus. Elle aussi, avait compris, instinct animal, que le jeune homme joyeux que tu montrais renfermais un monstre au fond de lui. Le lendemain, elle s’était assise à tes côté en cours, et tu lui en avais été des plus reconnaissant : elle aurait put prendre peur, s’enfuir. Mais non. Et chaque mois, vous avez prit l’habitude de vous retrouver. Sans même rien planifier, promesse silencieuse et pourtant encore tenue à ce jour.
Au loin, tu l’aperçois, à l’endroit habituel. Allongée sur un rocher, et tu continues ta course silencieuse jusqu’à elle. Assez silencieux, juste assez pour lui sauter dessus par derrière dans un jappement joyeux, et la faire rouler avec toi dans la terre. Finalement, c’est totalement grâce à Abigail que tu as appris à t’amuser et à profiter de cette forme animale qui n’est qu’une malédiction. C’est grâce à elle que tu passes des nuits un peu meilleures, malgré la pleine lune. T’es joyeux, Zephyr, et ça se voit à ta queue touffue qui s’agite dans tous les sens alors que tu sautes tout autour de la chienne, faisant voleter quelques feuilles. Puis tu te calmes un peu, juste assez pour arrêter de bondir partout comme un chiot, et tu plonges ton regard dans le sien en penchant la tête sur le côté. Ta façon de demander : comment ça va ?
- InvitéInvité
Re: Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien [PV Zephyr]
Jeu 14 Juin 2018 - 7:57
Je le sentais venir. De manière instinctive bien évidemment, mais aussi et avant tout à l'odeur. Le loup, et d'autant plus le loup-garou, avait ce parfum caractéristique… un peu comme du musque, mais en bien plus sauvage et violent. Ça déplairait à une très grande majorité des gens. Ces soirs, sous le cycle pâle et menteur, je l'appréciais. Et entre nous, il n'y avait pas de mensonge, uniquement des secrets. Moi dans mon costume de chien, lui dans le sien, ce grand loup chocolat foncé. Lors de notre première rencontre, il y a environ quatre ans, j'avais eu peur de lui. Un canidé de cette taille était particulièrement impressionnant et inhabituel. Mais j'avais su à ce moment qu'il m'était impossible de fuir. Ma petite taille par rapport à eux ne mettait même pas en avant mon agilité ou ma vitesse. Avec les lycans, il fallait ruser, ou faire face.
Le disque lunaire était le seul témoin de ma prise de risque. D'être là, avec lui, à lui tenir compagnie, à braver ce danger comme si je n'en avais pas conscience. Une oreille redressée se tourna dans mon dos alors que j'entendais le bruissement d'un bond et de l'herbe qui cède son passage. Il me faut une fraction de seconde de plus pour me retourner en couinant alors que je l'entends japper. Je détestais quand il faisait ça ! Je sursautais à chaque fois, et apparemment, ça l'amusait puisqu'il recommençait sans arrêt… et moi comme une idiote, je me faisais avoir, sans arrêt. Tout était cyclique entre nous. La lune opaline, nos rendez-vous incessants, nos rencontres. Rien ne semblait pouvoir briser ce cercle.
Sans douleur, je me laissais bousculer, roulant à terre, glissant de mon perchoir, pour faire face au grand mâle devant moi qui se comportait comme le louveteau qu'il était… et le pire, c'était que je le suivais.
Instinct animal.
J'avais épousé ma condition d'Animagus pour vivre ce genre d'instant, même si ceux que nous passions ensemble étaient bien trop beaux pour que je puisse les espérer à l'époque. Je laissais échapper de petits aboiements joyeux alors qu'il me tournait autour. Je lui sautais dessus, je le bousculais de ma petitesse comparé à sa grandeur, le tout avec la queue remuant joyeusement. C'était étrange… de côtoyer un tel individu, et de se sentir avec lui en sécurité. J'étais décidément très mal câblée. Quel genre de personne étais-je, du haut de mon mètre soixante, à étudier les dragons avec une rare assiduité et à ne pas me sentir effrayée ? Quel genre de personne étais-je, envahie par ma timidité et ma crainte des autres, pour me rapprocher, sans même l'avoir provoqué, d'un être frappé d'une malédiction ?
C'était… comme remplir un vide immense, et se sentir vivant. Satisfaire notre solitude à tous les deux. Car nous étions à part, mais unis, nous étions un tout. Comme les moitiés de la lune qui se rassemblaient chaque mois pour la rendre pleine.
Lorsqu'enfin il se calmait et me fixait, comme à la première nuit, sa grande tête massive se penchant sur le côté, je ne me sentais pas le cœur de mentir. J'étais las. Fatiguée. Déboussolée. Avec le manque de sommeil, j'avais des migraines incessantes, comme si un avion avait élu domicile dans ma tête et que ses réacteurs m'assourdissaient, mon cœur en proie à une perceuse essayant de le trouer de part en part.
Et moi, moi, mieux que personne, savait à quel point il observait. Il l'avait sans nul doute remarqué. Passant ma queue sur ma droite alors que je posais mes fesses dans l'herbe, je poussais un très long soupir en baissant légèrement la tête, mon regard fuyant, se tournant sur la gauche, alors que je continuais de le regarder du coin de l'œil.
Cette année était marquée sous le signe du changement pour moi. Depuis le mois de février, ou mars environ, je voyais mon destin se chambouler. Ça me déplaisait, car je me complexais dans ma solitude. Il y avait des moments de joie et de bonheur que je croyais pour toujours inatteignables bien sûr, mais la douleur compensait largement. En me promenant à la bibliothèque aujourd'hui, j'avais distraitement lu dans un ouvrage que l'année 2018 était, dans l'horoscope chinois, l'année du chien. Évidemment, ça n'avait pu que m'intriguer, et j'avais lu le premier paragraphe qui s'intitulait :
J'avais trouvé tout ça si ironique que j'en avais cessé ma lecture pour ne pas me confondre plus que je ne l'étais déjà.
J'avais de grands projets, mais je vivais la plus grosse déception de ma vie, c'était ce qui m'empêchais de trouver le sommeil ces derniers jours, et de rester sereine avec les épreuves de fin d'année. Repliée, je l'étais toujours, et la solitude, je l'accueillais toujours comme un cadeau. Mais j'étais emplie de doutes et d'incertitudes terribles qui commençaient à me faire douter de moi. Fort heureusement, j'avais cette chaleur humaine inattendue, ces amies, Aislin et Esme, sur qui je pouvais compter, et ma sœur, bien évidemment. Les retards et les contretemps, j'en avais eu, comme cette matière terrible en dragonologie que j'avais mis des semaines à comprendre, ou mon absence à mon cours privé de madame Castilla. Je me focalisais dessus, et je sentais effectivement que mon âme, mon corps entier, se nourrissaient de ce qui m'arrivait. Et encore une fois, c'était aussi agréable que douloureux.
Pour finir, j'étais là, face au grand loup, solidaire, dévouée et sans exigence. J'étais fraternelle avec lui.
En signe que cette situation de mon état d'esprit, aussi déprimante soit elle, n'était pas dramatique et qu'elle était surtout passagère, je redressais la tête, en remuant l'extrémité de ma queue.
"Ça va aller, ne t'inquiète pas"
Puis je penchais ma tête à mon tour sur un côté.
"Et toi alors ?"
Je savais ces nuits douloureuses pour lui, et j'aurai aimé pouvoir l'accompagner davantage mais j'ignorais son lieu de transformation. Pour chasser notre mélancolie commune, je bondissais sur lui en venant faire mine de lui attraper la peau du cou. Intention de mise à mort chez les canidés lorsqu'elle était sévère et brusque, ici, je ne faisais qu'un innocent appel au jeu. Je le poussais de mes trente-quatre kilos tout mouillés, puis m'éloignais en courant avant de me retourner dans sa direction, penchée en avant, l'arrière-train en l'air.
"Aller viens, on court !"
Le disque lunaire était le seul témoin de ma prise de risque. D'être là, avec lui, à lui tenir compagnie, à braver ce danger comme si je n'en avais pas conscience. Une oreille redressée se tourna dans mon dos alors que j'entendais le bruissement d'un bond et de l'herbe qui cède son passage. Il me faut une fraction de seconde de plus pour me retourner en couinant alors que je l'entends japper. Je détestais quand il faisait ça ! Je sursautais à chaque fois, et apparemment, ça l'amusait puisqu'il recommençait sans arrêt… et moi comme une idiote, je me faisais avoir, sans arrêt. Tout était cyclique entre nous. La lune opaline, nos rendez-vous incessants, nos rencontres. Rien ne semblait pouvoir briser ce cercle.
Sans douleur, je me laissais bousculer, roulant à terre, glissant de mon perchoir, pour faire face au grand mâle devant moi qui se comportait comme le louveteau qu'il était… et le pire, c'était que je le suivais.
Instinct animal.
J'avais épousé ma condition d'Animagus pour vivre ce genre d'instant, même si ceux que nous passions ensemble étaient bien trop beaux pour que je puisse les espérer à l'époque. Je laissais échapper de petits aboiements joyeux alors qu'il me tournait autour. Je lui sautais dessus, je le bousculais de ma petitesse comparé à sa grandeur, le tout avec la queue remuant joyeusement. C'était étrange… de côtoyer un tel individu, et de se sentir avec lui en sécurité. J'étais décidément très mal câblée. Quel genre de personne étais-je, du haut de mon mètre soixante, à étudier les dragons avec une rare assiduité et à ne pas me sentir effrayée ? Quel genre de personne étais-je, envahie par ma timidité et ma crainte des autres, pour me rapprocher, sans même l'avoir provoqué, d'un être frappé d'une malédiction ?
C'était… comme remplir un vide immense, et se sentir vivant. Satisfaire notre solitude à tous les deux. Car nous étions à part, mais unis, nous étions un tout. Comme les moitiés de la lune qui se rassemblaient chaque mois pour la rendre pleine.
Lorsqu'enfin il se calmait et me fixait, comme à la première nuit, sa grande tête massive se penchant sur le côté, je ne me sentais pas le cœur de mentir. J'étais las. Fatiguée. Déboussolée. Avec le manque de sommeil, j'avais des migraines incessantes, comme si un avion avait élu domicile dans ma tête et que ses réacteurs m'assourdissaient, mon cœur en proie à une perceuse essayant de le trouer de part en part.
Et moi, moi, mieux que personne, savait à quel point il observait. Il l'avait sans nul doute remarqué. Passant ma queue sur ma droite alors que je posais mes fesses dans l'herbe, je poussais un très long soupir en baissant légèrement la tête, mon regard fuyant, se tournant sur la gauche, alors que je continuais de le regarder du coin de l'œil.
Cette année était marquée sous le signe du changement pour moi. Depuis le mois de février, ou mars environ, je voyais mon destin se chambouler. Ça me déplaisait, car je me complexais dans ma solitude. Il y avait des moments de joie et de bonheur que je croyais pour toujours inatteignables bien sûr, mais la douleur compensait largement. En me promenant à la bibliothèque aujourd'hui, j'avais distraitement lu dans un ouvrage que l'année 2018 était, dans l'horoscope chinois, l'année du chien. Évidemment, ça n'avait pu que m'intriguer, et j'avais lu le premier paragraphe qui s'intitulait :
"[…] c'est une année souvent inégale, faite de grands projets et de grandes déceptions […]. Idéalement, nous devrions nous montrer solidaires et dévoués sans exiger d'exclusivité ou de gratitude effrénée. C'est plutôt une année de repli où il vaut mieux réfléchir que s'enthousiasmer, c'est aussi une année de préparation, pleine de doutes et d'incertitudes mais aussi de chaleur humaine, de fraternité. Il faudra supporter quelques moments de solitude mais vous pouvez en retirer de la créativité si vous accueillez cet isolement comme un cadeau. Ne vous focalisez pas sur les retards ou les contretemps, votre âme se nourrit…"
J'avais trouvé tout ça si ironique que j'en avais cessé ma lecture pour ne pas me confondre plus que je ne l'étais déjà.
J'avais de grands projets, mais je vivais la plus grosse déception de ma vie, c'était ce qui m'empêchais de trouver le sommeil ces derniers jours, et de rester sereine avec les épreuves de fin d'année. Repliée, je l'étais toujours, et la solitude, je l'accueillais toujours comme un cadeau. Mais j'étais emplie de doutes et d'incertitudes terribles qui commençaient à me faire douter de moi. Fort heureusement, j'avais cette chaleur humaine inattendue, ces amies, Aislin et Esme, sur qui je pouvais compter, et ma sœur, bien évidemment. Les retards et les contretemps, j'en avais eu, comme cette matière terrible en dragonologie que j'avais mis des semaines à comprendre, ou mon absence à mon cours privé de madame Castilla. Je me focalisais dessus, et je sentais effectivement que mon âme, mon corps entier, se nourrissaient de ce qui m'arrivait. Et encore une fois, c'était aussi agréable que douloureux.
Pour finir, j'étais là, face au grand loup, solidaire, dévouée et sans exigence. J'étais fraternelle avec lui.
En signe que cette situation de mon état d'esprit, aussi déprimante soit elle, n'était pas dramatique et qu'elle était surtout passagère, je redressais la tête, en remuant l'extrémité de ma queue.
"Ça va aller, ne t'inquiète pas"
Puis je penchais ma tête à mon tour sur un côté.
"Et toi alors ?"
Je savais ces nuits douloureuses pour lui, et j'aurai aimé pouvoir l'accompagner davantage mais j'ignorais son lieu de transformation. Pour chasser notre mélancolie commune, je bondissais sur lui en venant faire mine de lui attraper la peau du cou. Intention de mise à mort chez les canidés lorsqu'elle était sévère et brusque, ici, je ne faisais qu'un innocent appel au jeu. Je le poussais de mes trente-quatre kilos tout mouillés, puis m'éloignais en courant avant de me retourner dans sa direction, penchée en avant, l'arrière-train en l'air.
"Aller viens, on court !"
- Spoiler:
- Défi de mots :
Costume+Perceuse+Remplir+Horoscope+Vivant+Avion
- InvitéInvité
Re: Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien [PV Zephyr]
Ven 15 Juin 2018 - 23:05
abigail & zephyr
under the full moon
Tu sais pertinemment qu’elle t’entends arriver, mais ça ne l’empêche pas de rester sur son perchoir pour que tu aies tout le loisir de la surprendre faussement. Sans doute fait-elle cela pour te faire plaisir, et ça marche. Te voilà tout joyeux, Zephyr, comme l’en prouve le battement frénétique de ta queue touffue. En retour, ta camarade canine fait de même, sautant joyeusement autour de toi, ses aboiements se mêlant aux tiens, plus graves cependant.
Et pourtant, à l’instant où tu t’enquiers silencieusement de son état, tu vois bien que quelque chose n’est pas comme d’habitude. Tu le vois, au fond de ses yeux chocolat. Elle a l’air fatiguée. En cette fin d’année, cela ne t’étonnes pas, et il est courant de traverser des périodes difficiles à vos âges. Alors même si tu t’inquiètes, tu sais bien qu’Abigail est une personne forte, assez pour se battre et essayer de s’en sortir. Comme elle le prouve également en redressant la tête et remuant la queue. Pour te montrer qu’elle peut surmonter sa déprime. Et tu comptes bien tenter de l’y aider, en lui changeant un peu les idées.
C’est pour ça que tu hoche légèrement la tête à ton tour, lorsque la question silencieuse t’es renvoyée. Et visiblement, ton amie est également d’avis de chassez ta propre déprime lunaire, puisqu’à son tour elle vient te chercher pour jouer. Tu la laisses te sauter dessus, jappant joyeusement en la sentant mâchouiller innocemment la peau de ton cou. Tu profites de la mêlée pour faire de même avec l’une de ses oreilles qui se retrouve toute trempée. Elle te bouscule, autant qu’elle le peu, vu la différence de taille et de poids, avant de bondir un peu plus loin. Sa position est un véritable appel au jeu, et tu l’imites en miroir, remuant l’arrière train à cause de tes pattes qui piétinent. Courir ? L’idée te semble merveilleuse, et tu aboies fortement pour l’approuver.
D’un bond, tu passes par dessus la chienne et fait quelques pas de l’autre côté avant de grogner doucement, amusé. « Attrape-moi si tu peux! » Sur cette invitation silencieuse et malicieuse, tu t’élances dans la course. Les feuilles craquent sous tes puissantes pattes, l’herbe ploie sous ton poids, révélant des odeurs délicieuses pour ton museau affiné. Ces nuits là, tout te semble décuplé. Il en va de même pour les sons, et tu entends parfaitement ta compagne nocturne courir à ta suite. Le vent siffle à l’intérieur de tes oreilles sous l’effet de la vitesse, et tu laisses échapper ce qui se traduirait humainement par un éclat de rire euphorique, mais qui sort actuellement comme un bref cri lupin.
En ces instants, tu bénis Merlin d’avoir fait entrer Abigail dans ta vie. Véritable lumière divine dans les ténèbres, elle a du tout au tout changé l’aspect de tes nuits lycanes. Elle a balayé la lourde solitude qui t’accablait et te faisait replonger dans cette culpabilité que tu n’as pas quitté depuis la toute première nuit. Depuis que ta sœur est morte. C’est finalement la présence de ta compagne qui te convaincs, mois après mois, que tu n’es pas condamné à rester tout seul dans l’obscurité. Que tu peux devenir quelque chose d’autre qu’un monstre sanguinaire. Sa présence, et une bonne dose de potion tue-loup. Car sans cette dernière, tu sais bien qu’Abigail ne deviendrait qu’une proie comme les autres. Un bout de viande ambulant dans lequel tu rêverais d’enfoncer tes crocs. Fort heureusement, tu fais en sorte que cela ne se produise jamais en prenant précautionneusement ton « médicament », si l’on peut dire. Et tu la remercie chaque fois, silencieusement, d’un simple regard, de t’accorder sa confiance. Bien plus précieuse qu’elle ne puisse seulement l’imaginer.
Plongé dans tes pensées, tu te rends soudainement compte que tu n’entends plus ta camarade derrière toi, et tu t’arrêtes soudainement. Tu es peut-être allé trop vite, ou alors, elle joue la carte de la furtivité pour te surprendre. Tu pencherais plus pour cette possibilité, alors tu passes toi même en mode furtif, reniflant tout autour de toi, le museau se tâchant de terre, pour tenter de la localiser à nouveau. Elle est pleine de ressources, tant sous forme humaine qu’animale, et tu ne t’ennuies jamais avec elle.
- InvitéInvité
Re: Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien [PV Zephyr]
Sam 16 Juin 2018 - 8:43
Il allait aussi bien que faire se pouvait. Tant mieux. Et alors que je lui sautais dessus pour chasser à nous deux nos dépressions, je sentais à mon oreille cette sucions. Weurk…. Je poussais un couinement de dégout tout en levant la patte pour la frotter contre ma tête. Encore une fois, je n'allais pas sortir indemne de cette escapade nocturne. Mais j'avais l'habitude, chaque mois depuis quatre un. J'étais du genre à prendre ma douche plutôt le soir, pour laver ma lassitude, la laisser dégouliner le long de mon corps pour m'en libérer. Je ne faisais exception que les lendemains de pleine lune, où je m'accordais cet instant de plaisir hygiénique à l'aurore. Elle avait pour effet de me faire passer inaperçue la journée mais aussi de me réveiller. Accompagnée d'un café, et le tour était joué pour la journée. Je secouais la tête comme pour essorer cette oreille trempée puis l'invitait à jouer. Qu'avions-nous d'autre à faire après tout ? Il fallait bien tuer le temps, ce temps qui défilait inexorablement. Nous le craignions durant un mois, puis la nuit venue, nous nous amusons comme des enfants, jusqu'à en être impatients qu'il s'en aille. Puis le cycle recommençait, encore et toujours, au rythme de la disparition, mais plutôt de l'apparition de la menteuse astrale.
Je couchais les oreilles et me rassemblais en me baissant alors que le grand loup me sautait par-dessus. Même en sachant cette action innocente, elle n'en était pas moins impressionnante. Son grognement et son regard… le voir partir comme une fusée dans les bois. Humaine, j'en serai hilare. En chienne, je me contentais d'aboiement aiguës. M'élançant à sa poursuite, je tournais mes oreilles droites sur ma tête à l'envers, pour les protéger des courants. Je n'en étais pas moins assourdie, et ce que j'entendais me ravis. Les oiseaux nocturnes chantaient à des lieux d'ici, un troupeau de créatures magiques inoffensives étaient dans la clairière d'à côté, une petite souris faisait ses provisions pour le lendemain. Et les odeurs… ces odeurs si douces qui m'enivraient comme une droguée prenant sa dose. À telles points magnifiques, que, au printemps, elles sont devenues mon amortentia. Les arbres et leurs écorces, les plantes et leurs fleurs. Leurs senteurs, toutes à chacune.
Et ce vent qui défilaient, qui s'engouffrait dans mon pelage ébène et qui me faisait me sentir vivante. Il balayait mes pensées, les chassait et les soufflait dans un coin de ma tête. L'espace d'un instant, je les oubliais, et mon cœur ne put que s'en alléger.
Libérée.
J'étais persuadée qu'il ne se rendait pas compte, ce partenaire canin, à quel point, il m'apprenait, qu'il me délivrait. Sur la tolérance. La crainte. La timidité. L'enfantillage. Les petits plaisirs. Les instants simples de bonheur. Ces moments, j'en avais besoin. Depuis toute petite, avant même de l'avoir connu. Au plus profond, tout mon être le hurlait. D'être ainsi, animal, changer de camps, et devenir la nature. Revenir aux sources. J'étais toujours triste pour ceux qui ne pouvaient pas comprendre ces sensations, pire, qui les ignoraient volontairement. Pour moi, s'en était une véritable cocaïne.
Et alors que je commençais à avoir du mal à distinguer sa queue touffue, je bifurquais. Inutile de rivaliser en vitesse et en agilité avec un loup-garou. Mais j'étais futée, et je connaissais cette partie de la forêt comme ma poche. À force d'y venir régulièrement. Chaque arbre, chaque plante, chaque nouvelle pousse, je savais où les trouver. Car je ne venais pas ici que pour lui. Pour moi aussi. Pour mes études, pour mes expériences en botanique et en astronomie. Il en faisait probablement de même. Ainsi, face à un lycan, il fallait ruser. Je savais que plus loin, il y avait ce tronc coupé, qui barrerait sa route. J'avais simplement pris un raccourci. À quelque pas de là, le petit ruisseau coulait dans toute sa tranquillité. J'entendais chaque clapotement d'eau, et davantage son odeur savoureuse de fraicheur salvatrice.
Le voilà, le grand méchant loup, qui semble revenir à lui, et réaliser qu'il m'avait semé. Mais s'il pouvait être affuté, je l'étais tout autant. Si lui il se transformait depuis quatre ans, moi, ça en faisait presque dix. Certes ce n'étaient pas les mêmes conditions, mais un Canis Lupus restait un Canis Lupus. Qu'importe ses gênes et sa taille. Et alors qu'il se rapprochait de ce tronc couché par le temps, je bondissais devant lui en gonflant mes poumons. Je laissais échapper un aboiement grave et tonitruant.
"Booouh !!"
Et pour éviter la vengeance, je m'en repartais courir en jappant joyeusement, atterrissant dans le ruisseau en bondissant. En signe de trêve, je me couchais, trempant l'entier de mes pattes et de mon ventre. C'était froid… mais j'aimais ça, et se rafraichir en tant que canidé était difficile. Je ne manquais pas une occasion de me faire plaisir. J'y plongeais même ma truffe et soufflait pour former des bulles. J'étais une gamine.
Je couchais les oreilles et me rassemblais en me baissant alors que le grand loup me sautait par-dessus. Même en sachant cette action innocente, elle n'en était pas moins impressionnante. Son grognement et son regard… le voir partir comme une fusée dans les bois. Humaine, j'en serai hilare. En chienne, je me contentais d'aboiement aiguës. M'élançant à sa poursuite, je tournais mes oreilles droites sur ma tête à l'envers, pour les protéger des courants. Je n'en étais pas moins assourdie, et ce que j'entendais me ravis. Les oiseaux nocturnes chantaient à des lieux d'ici, un troupeau de créatures magiques inoffensives étaient dans la clairière d'à côté, une petite souris faisait ses provisions pour le lendemain. Et les odeurs… ces odeurs si douces qui m'enivraient comme une droguée prenant sa dose. À telles points magnifiques, que, au printemps, elles sont devenues mon amortentia. Les arbres et leurs écorces, les plantes et leurs fleurs. Leurs senteurs, toutes à chacune.
Et ce vent qui défilaient, qui s'engouffrait dans mon pelage ébène et qui me faisait me sentir vivante. Il balayait mes pensées, les chassait et les soufflait dans un coin de ma tête. L'espace d'un instant, je les oubliais, et mon cœur ne put que s'en alléger.
Libérée.
J'étais persuadée qu'il ne se rendait pas compte, ce partenaire canin, à quel point, il m'apprenait, qu'il me délivrait. Sur la tolérance. La crainte. La timidité. L'enfantillage. Les petits plaisirs. Les instants simples de bonheur. Ces moments, j'en avais besoin. Depuis toute petite, avant même de l'avoir connu. Au plus profond, tout mon être le hurlait. D'être ainsi, animal, changer de camps, et devenir la nature. Revenir aux sources. J'étais toujours triste pour ceux qui ne pouvaient pas comprendre ces sensations, pire, qui les ignoraient volontairement. Pour moi, s'en était une véritable cocaïne.
Et alors que je commençais à avoir du mal à distinguer sa queue touffue, je bifurquais. Inutile de rivaliser en vitesse et en agilité avec un loup-garou. Mais j'étais futée, et je connaissais cette partie de la forêt comme ma poche. À force d'y venir régulièrement. Chaque arbre, chaque plante, chaque nouvelle pousse, je savais où les trouver. Car je ne venais pas ici que pour lui. Pour moi aussi. Pour mes études, pour mes expériences en botanique et en astronomie. Il en faisait probablement de même. Ainsi, face à un lycan, il fallait ruser. Je savais que plus loin, il y avait ce tronc coupé, qui barrerait sa route. J'avais simplement pris un raccourci. À quelque pas de là, le petit ruisseau coulait dans toute sa tranquillité. J'entendais chaque clapotement d'eau, et davantage son odeur savoureuse de fraicheur salvatrice.
Le voilà, le grand méchant loup, qui semble revenir à lui, et réaliser qu'il m'avait semé. Mais s'il pouvait être affuté, je l'étais tout autant. Si lui il se transformait depuis quatre ans, moi, ça en faisait presque dix. Certes ce n'étaient pas les mêmes conditions, mais un Canis Lupus restait un Canis Lupus. Qu'importe ses gênes et sa taille. Et alors qu'il se rapprochait de ce tronc couché par le temps, je bondissais devant lui en gonflant mes poumons. Je laissais échapper un aboiement grave et tonitruant.
"Booouh !!"
Et pour éviter la vengeance, je m'en repartais courir en jappant joyeusement, atterrissant dans le ruisseau en bondissant. En signe de trêve, je me couchais, trempant l'entier de mes pattes et de mon ventre. C'était froid… mais j'aimais ça, et se rafraichir en tant que canidé était difficile. Je ne manquais pas une occasion de me faire plaisir. J'y plongeais même ma truffe et soufflait pour former des bulles. J'étais une gamine.
- James BlackthornADMIN ☽ ○ ☾ Ice child of Gaïa
- » parchemins postés : 1913
» miroir du riséd : Lucky Blue Smith
» crédits : ECK ou Google est mon ami
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• Potions
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» particularité : aucune mais cherche à apprendre l'occlumancie
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Inventaire Sorcier
Inventaire Sorcier:
Re: Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien [PV Zephyr]
Sam 11 Aoû 2018 - 19:13
▬ Sujet archivé suite à la disparition d'un participant ▬
– the best –
- Dieu créa l'homme, beau. Dieu créa la femme, "elle se maquillera", dit-il.
- • Un jeu pas si innocent que ça. Cap ou pas Cap Zéphyr ? || Zéphyr
- Mieux vaut être indifférent et digne que malheureux et pathétique. | PV
- Dix points partout, souafle au centre [PV Russel]
- G.O.D, une filature, du feu de dieu ! - Aleonie