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Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Sam 25 Aoû 2018 - 6:29
C'était la fin du monde. L'apocalypse. L'explosion nucléaire. J'avais pleuré sans interruption depuis, même durant mes maigres heures de sommeil. Je n'arrivais pas à calmer mes larmes, à reprendre mes esprits. J'étais en feu, j'avais mal partout, de corps et d'âme, j'étais anéantie, brisée, détruite. J'avais rompu avec mon premier grand amour... alors que nous nous aimions toutes les deux d'un amour profond et sincère.
Ça avait été difficile pour nous deux. Une terrible épreuve dont je n'arrivais pas à me remettre. Le pire dans cette situation était que je ne pouvais en parler à personne. Notre couple étant protégé par un Fidelitas, j'avais l'interdiction de me confier à qui que ce soit. Qui plus est, je savais que notre gardien du secret était revenu de Roumanie, mais je n'avais pas eu l'audace de lui demander de l'aide. Je voulais qu'il puisse profiter de son retour, il avait autre chose à gérer… Mais j'étais épuisée de pleurer, de me morfondre toute seule chez moi, dans mon coin. J'avais besoin de parler, de vider mon sac à quelqu'un d'autre que George qui me fixait de son œillade blasée.
En Roumanie, avant de se quitter, il avait donné un moyen de le joindre, ce que je faisais, avec beaucoup d'hésitation. Je laissais alors beaucoup de "si" et de "éventuellement" ou encore "à la limite" dans mon message à l'aide. Je refusais de le déranger alors qu'il devait être avec sa bien-aimée… Par le grand Merlin qu'est-ce que je souhaiterais moi aussi être avec ma bien-aimée… à cette pensée, je recommençais à pleurer. Ainsi, je lui confiais l'adresse de mon nouvel appartement, même si les cartons n'étaient pas encore tous déballés. Qu'importe le bordel qu'il y avait, la force me manquait pour tout ranger convenablement pour le moment.
Après l'effort que ça venait de me demander, je réussissais à me tourner et rester effondrée sur mon canapé tout en poussant un livre qui me gênait, le posant à terre. Mon appartement était comme un genre de vieille bibliothèque mal rangée, un véritable capharnaüm de papiers et d'histoires en tout genre. C'était difficile de poser un pied devant l'autre sans buter sur un livre. Même dès l'entrée, les bibliothèques étaient placées contre le mur à droite en entrant, pourtant elles étaient vides, les ouvrages disposés à terre attendaient patiemment qu'on veuille bien les trier.
Il fallait au moins que je réussisse à me doucher avant qu'il n'arrive, sinon c'était clair qu'il allait fuir et ne jamais vouloir me revoir. Il me fallut du temps pour rassembler la force de me relever, puis de trainer ma carcasse jusqu'à la salle de bain. Une fois lavée et habillée, je retournais m'écrouler sur mon canapé en poussant un énorme soupir, me retenant de ne pas recommencer à pleurer. J'avais la gorge serrée, une grosse boule m'empêchant de prendre la parole pour le moment autrement qu'en couinant de douleur.
La tête posée sur l'accoudoir du canapé, les yeux dans le vague perdus sur le mur nu devant moi, je ne savais pas combien de temps s'était écoulé jusqu'à ce que j'entende la sonnette retentir. Usant de mes quelques forces, le dos vouté, je me rendais jusqu'à l'entrée pour ouvrir, mon regard rougis par mes pleures se posant sur le dhampire. Toujours trop faible pour parler, je me contentais d'un vague signe de la main pour l'accueillir et l'inviter à entrer dans ce désordre qu'était mon chez moi. Je n'avais même pas pris la peine de couvrir mes épaules et mes cuisses. Vêtue d'un simple top et de mon mini short, les imposantes cicatrices de mon attaque étaient parfaitement visibles et étudiables.
Ça avait été difficile pour nous deux. Une terrible épreuve dont je n'arrivais pas à me remettre. Le pire dans cette situation était que je ne pouvais en parler à personne. Notre couple étant protégé par un Fidelitas, j'avais l'interdiction de me confier à qui que ce soit. Qui plus est, je savais que notre gardien du secret était revenu de Roumanie, mais je n'avais pas eu l'audace de lui demander de l'aide. Je voulais qu'il puisse profiter de son retour, il avait autre chose à gérer… Mais j'étais épuisée de pleurer, de me morfondre toute seule chez moi, dans mon coin. J'avais besoin de parler, de vider mon sac à quelqu'un d'autre que George qui me fixait de son œillade blasée.
En Roumanie, avant de se quitter, il avait donné un moyen de le joindre, ce que je faisais, avec beaucoup d'hésitation. Je laissais alors beaucoup de "si" et de "éventuellement" ou encore "à la limite" dans mon message à l'aide. Je refusais de le déranger alors qu'il devait être avec sa bien-aimée… Par le grand Merlin qu'est-ce que je souhaiterais moi aussi être avec ma bien-aimée… à cette pensée, je recommençais à pleurer. Ainsi, je lui confiais l'adresse de mon nouvel appartement, même si les cartons n'étaient pas encore tous déballés. Qu'importe le bordel qu'il y avait, la force me manquait pour tout ranger convenablement pour le moment.
Après l'effort que ça venait de me demander, je réussissais à me tourner et rester effondrée sur mon canapé tout en poussant un livre qui me gênait, le posant à terre. Mon appartement était comme un genre de vieille bibliothèque mal rangée, un véritable capharnaüm de papiers et d'histoires en tout genre. C'était difficile de poser un pied devant l'autre sans buter sur un livre. Même dès l'entrée, les bibliothèques étaient placées contre le mur à droite en entrant, pourtant elles étaient vides, les ouvrages disposés à terre attendaient patiemment qu'on veuille bien les trier.
Il fallait au moins que je réussisse à me doucher avant qu'il n'arrive, sinon c'était clair qu'il allait fuir et ne jamais vouloir me revoir. Il me fallut du temps pour rassembler la force de me relever, puis de trainer ma carcasse jusqu'à la salle de bain. Une fois lavée et habillée, je retournais m'écrouler sur mon canapé en poussant un énorme soupir, me retenant de ne pas recommencer à pleurer. J'avais la gorge serrée, une grosse boule m'empêchant de prendre la parole pour le moment autrement qu'en couinant de douleur.
La tête posée sur l'accoudoir du canapé, les yeux dans le vague perdus sur le mur nu devant moi, je ne savais pas combien de temps s'était écoulé jusqu'à ce que j'entende la sonnette retentir. Usant de mes quelques forces, le dos vouté, je me rendais jusqu'à l'entrée pour ouvrir, mon regard rougis par mes pleures se posant sur le dhampire. Toujours trop faible pour parler, je me contentais d'un vague signe de la main pour l'accueillir et l'inviter à entrer dans ce désordre qu'était mon chez moi. Je n'avais même pas pris la peine de couvrir mes épaules et mes cuisses. Vêtue d'un simple top et de mon mini short, les imposantes cicatrices de mon attaque étaient parfaitement visibles et étudiables.
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Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Lun 27 Aoû 2018 - 14:19
J'avais appris la nouvelle de mes deux amies respectives. Le couple Adora et Abigail n'avait pas tenu le poids du secret. Quelque part, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était peut-être mieux ainsi. Quand je voyais ce que mon union avec Scylla nous avait coûté, je n'osais imaginer ce qu'aurait donné la leur. C'était sans doute bien pessimiste de ma part, mais trop de malheur rendait méfiant. Je ne leur souhaitais pas d'être malheureuses. La douleur de la séparation serait peut-être moins vive si elle avait lieu tôt. Le monde dans lequel nous vivions n'aimait pas ce qui débordait du chemin... Enfin, je n'en savais rien. Tout ceci était bien triste et je ne pouvais que compatir au malheur de ces deux femmes chères à mes yeux.
Abigail m'avait invité à venir la voir. J'avais naturellement accepté. La demoiselle avait besoin de soutien, sans doute d'une oreille à qui parler et tant qu'il y aurait le Fidelitas, je serais le seul à même de remplir cette fonction. Cela ne me posait aucun problème. Leur confiance m'avait profondément touché et je me sentais tout particulièrement impliqué dans tout ce qui arrivait désormais.
Il devait être aux alentours de onze heures quand je me présentais chez Abigail. La demoiselle qui m'ouvrit était à l'image de ce que je présageais : un zombi ambulant l'air totalement vidé de sa substance. Abigail n'avait jamais été particulièrement expressive, mais là, la peine était criante. Je la détaillais brièvement derrière les verres teintés de mes lunettes de soleil avant d'entrer. La première chose qui m'interpella chez elle, ce furent les cicatrices. J'ignorais d'où elles venaient, mais ce qui était sûr, c'est qu'elles étaient fraîches. Sans mot dire, je remettais néanmoins ce sujet à plus tard. Ce n'était pas la priorité du moment.
L'appartement de la jeune femme était d'un désordre sans nom. Je devinais sans mal qu'elle était en plein déménagement, mais quand même. Pour moi dont le métier tournait autour de l'ordre et de la propreté, c'était tout bonnement scandaleux. Arrivé au salon, je pris donc l'initiative de la suite.
« Allonge toi, je vais faire du thé.
Abigail n'était visiblement pas capable de grand chose. Ma première tâche consisterait donc à mettre un peu d'ordre dans son environnement pour que son esprit ait la place de se libérer à son tour. Cela pouvait sembler superflu, mais j'étais intimement persuadé que la propreté aidait à l'éclaircissement des pensées. Je récupérais donc un plaid sur le canapé et le posa sur ses épaules.
« Et que je ne t'entende pas râler.
Ajoutais-je, afin de couper court à toute protestation. Je me débarrassais ensuite de la veste de mon costume, la plia soigneusement sur le dossier du canapé, puis retroussa les manches de ma chemise jusqu'aux coudes. J'allais ensuite au coin cuisine afin de faire chauffer de l'eau.
Comme le bazar semblait s'étendre à chaque recoins de la maison, je m’évertuais à lancer des sorts dans tous les sens, afin que les objets se rangent d'eux même à leur place. L'absence de vaisselle abandonnée dans l'évier m'amenait à penser qu'elle n'avait pas mangé. J'entrepris donc de lui préparer quelque chose avec ce que je trouvais dans le frigo. Des œufs, du lait et une poignée de farine, ça faisait des pancakes faciles. Cinq minutes plus tard, je revenais avec un thé et une assiette pleine sur un plateau.
« Je devrais te bricoler une table basse...
Fis-je en constatant que son appartement n'en comportait pas. Mon regard se promena un instant alentour. Je ramenais deux cartons et une planche devant le canapé pour fabriquer un semblant de table, estimant que cela irait bien pour le moment.
« Allé bichette, mange un peu...
J'allais m'asseoir à côté d'elle et pris ma tasse entre les mains.
Abigail m'avait invité à venir la voir. J'avais naturellement accepté. La demoiselle avait besoin de soutien, sans doute d'une oreille à qui parler et tant qu'il y aurait le Fidelitas, je serais le seul à même de remplir cette fonction. Cela ne me posait aucun problème. Leur confiance m'avait profondément touché et je me sentais tout particulièrement impliqué dans tout ce qui arrivait désormais.
Il devait être aux alentours de onze heures quand je me présentais chez Abigail. La demoiselle qui m'ouvrit était à l'image de ce que je présageais : un zombi ambulant l'air totalement vidé de sa substance. Abigail n'avait jamais été particulièrement expressive, mais là, la peine était criante. Je la détaillais brièvement derrière les verres teintés de mes lunettes de soleil avant d'entrer. La première chose qui m'interpella chez elle, ce furent les cicatrices. J'ignorais d'où elles venaient, mais ce qui était sûr, c'est qu'elles étaient fraîches. Sans mot dire, je remettais néanmoins ce sujet à plus tard. Ce n'était pas la priorité du moment.
L'appartement de la jeune femme était d'un désordre sans nom. Je devinais sans mal qu'elle était en plein déménagement, mais quand même. Pour moi dont le métier tournait autour de l'ordre et de la propreté, c'était tout bonnement scandaleux. Arrivé au salon, je pris donc l'initiative de la suite.
« Allonge toi, je vais faire du thé.
Abigail n'était visiblement pas capable de grand chose. Ma première tâche consisterait donc à mettre un peu d'ordre dans son environnement pour que son esprit ait la place de se libérer à son tour. Cela pouvait sembler superflu, mais j'étais intimement persuadé que la propreté aidait à l'éclaircissement des pensées. Je récupérais donc un plaid sur le canapé et le posa sur ses épaules.
« Et que je ne t'entende pas râler.
Ajoutais-je, afin de couper court à toute protestation. Je me débarrassais ensuite de la veste de mon costume, la plia soigneusement sur le dossier du canapé, puis retroussa les manches de ma chemise jusqu'aux coudes. J'allais ensuite au coin cuisine afin de faire chauffer de l'eau.
Comme le bazar semblait s'étendre à chaque recoins de la maison, je m’évertuais à lancer des sorts dans tous les sens, afin que les objets se rangent d'eux même à leur place. L'absence de vaisselle abandonnée dans l'évier m'amenait à penser qu'elle n'avait pas mangé. J'entrepris donc de lui préparer quelque chose avec ce que je trouvais dans le frigo. Des œufs, du lait et une poignée de farine, ça faisait des pancakes faciles. Cinq minutes plus tard, je revenais avec un thé et une assiette pleine sur un plateau.
« Je devrais te bricoler une table basse...
Fis-je en constatant que son appartement n'en comportait pas. Mon regard se promena un instant alentour. Je ramenais deux cartons et une planche devant le canapé pour fabriquer un semblant de table, estimant que cela irait bien pour le moment.
« Allé bichette, mange un peu...
J'allais m'asseoir à côté d'elle et pris ma tasse entre les mains.
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Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Lun 27 Aoû 2018 - 15:08
Faire entrer Thomas chez moi, c'était comme faire entrer de la vie dans mon univers totalement vide. J'étais si désemparée que je ne voyais même plus les couleurs, tout autour de moi était en noir et blanc. Je le remarquais maintenant que le dhampire était présent, car lui, il était clairement scintillant, teinté d'un éclat que je ne lui avais jamais remarqué. Ironique lorsqu'on connaissait ses origines. Je clignais même des yeux en les plissant légèrement comme si on venait d'ouvrir mes rideaux pour faire apparaître les rayons du soleil alors que j'étais à peine éveillée. Je le laissais entrer et juger de mon intérieur sans me préoccuper un seul instant de ce qu'il pourrait en penser. D'ordinaire, je savais accueillir les gens, ceux qui pouvaient rentrer dans ma chambre à l'époque se comptaient sur les doigts de la main, ça n'allait pas être bien différent ici. Ainsi, je savais soigner les formes lorsqu'il le fallait.
Mais… depuis quelques jours, il n'y avait plus rien. Ni forme, ni couleur, ni son. Tout était sans dessus dessous, l'appartement étant totalement au diapason de ce que j'étais devenue.
Au moins, j'avais pris une douche. C'était un bon début.
Je ne répondais même pas à ce qu'il disait, je protestais encore moins. J'étais un automate à qui il parlait. La chaleur du plaid posé sur mes épaules m'apportait une certaine chaleur, me faisant alors réaliser que j'avais un peu froid. J'allais sans doute tomber malade. Grand bien m'en fasse, je garderai le lit encore quelques jours…
En silence, je m'emballais dans le plaid, comme si je cherchais un cocon dans le quel me réfugier, ou plutôt, comme si j'essayais d'imiter celui que j'avais pu avoir avec Adoración. L'avantage d'être petite, c'était que je pouvais m'emmitoufler dans presque tout. Sans m'offusquer qu'il fasse du rangement à ma place, je m'effondrais de tout mon poids sur mon canapé.
Retour à la case départ.
Mon visage à moitié caché par la couverture, je me remettais à fixer le mur en face de moi en soupirant longuement tandis qu'un livre volant me passant à quelques centimètres du visage pour aller rejoindre une étagère. Enfer… j'allais devoir tout re trier. Mais pas maintenant. Maintenant, j'ai déprime.
D'aucun pourrait prétendre que ma crise pourrait ressembler à celle d'une adolescente. Que c'est superflu, que j'en faisais trop, que j'exagérais, qu'il n'y avait pas de raison de me mettre dans un état pareil. C'était peut-être vrai, mais mon esprit trop atrophié par la douleur n'arrivait pas à raisonner convenablement. Adora était tout pour moi depuis des mois, avant même que je n'ose poser mes lèvres sur les siennes. Ça avait été inespéré que nous puissions passer du temps ensemble. C'était comme un rêve… un rêve que ce tyran de destin m'avait retiré. Comme on pourrait offrir la chose la plus incroyable à quelqu'un, puis la lui reprendre alors qu'il n'a même pas eu le temps de réaliser qu'il l'avait.
Elle me manquait. C'était un gouffre à mon cœur, et je n'arrivais pas à le combler malgré toutes les larmes que je pouvais verser. J'avais tant envie de courir pour la rejoindre…
Je l'aurai sans doute mieux accepté si elle m'avait rejetée, comme pour la première fois. Je me serai fait une raison et j'aurai continué ma vie habituelle, sans me préoccuper de tomber à nouveau amoureuse… Mais non. C'était indubitable. Nous nous aimions. Profondément. Peut-être même plus que pour la plupart des gens. Et nous n'avions même pas le droit de le partager ensemble... Nous étions condamnées à nous contempler derrière un mur de verre alors que nos cœurs ne demandaient qu'à être enfin réunis.
Je sentais de nouvelles larmes couler le long de mes joues alors que je me recroquevillais sur moi-même. Je ne me rendais même pas compte de l'odeur du thé et des pancakes qui se rependait dans mon appartement. J'étais si anesthésiée que mon esprit ne s'éveilla même pas. Ou juste une fraction de seconde lorsque le cadre d'une photo me passait à nouveau devant le visage. Une fois hors de mon champ de vision, il se rendormit à nouveau.
Le cadre en question tournoya dans le salon, pour aller à l'entrée, puis revenir au salon et tourner ensuite autour de Thomas dans la cuisine, comme s'il cherchait où se ranger. Mon Gardien du Fidelitas n'allait avoir aucun mal à le prendre dans sa main et à regarder la photographie magique, donc vivante, que le cadre s'appliquait à protéger.
C'était nous deux, ensemble, en Allemagne. C'était l'un des rares souvenirs matériel que j'avais de nous. Le cliché reflétait la complicité que nous avions pu avoir toutes les deux, à l'abri des regards indiscrets. Ces coups d’œil brillant de bonheur et de complicités, nos sourires, nos accolades amoureuses… Il y avait un goût de bonheur parfait. C'était sans doute trop parfait.
Je connaissais rapidement son histoire. Je savais qu'elle n'avait pas eu de chance dans sa vie sentimentale, ni même avec son mariage. Je m'étais promis qu'avec moi, rien de tout ça ne lui arriverait. Et nous voilà là. J'étais une moins que rien, incapable d'aimer convenablement la femme de ma vie.
Je me pliais davantage sur moi-même à ces pensées alors que je voyais Thomas monter une table basse de fortune avec mes cartons, puis s'installer à côté de moi. J'essayais de me redresser en étouffant mes sanglots, sans grand succès.
Était-ce seulement humain d'être capable de pleurer autant ?
Le nœud dans ma gorge me faisait souffrir le martyr, et c'est en me torturant que je réussissais à couiner quelque chose qui ressemblait à :
- M…er…ci…
Toutefois, je regardais le thé et les pancakes comme s'il s'agissait de la chose la plus insignifiante de l'univers. Et pourtant, j'étais une jeune femme éveillée qui appréciait observer le moindre détail. Cette vivacité que je cachais aux premiers abords, cette chaleur, cette volonté… tout ça, c'était envolé, parti.
Remuant encore un peu pour me remettre assise, je restais emballée dans mon plaid, recroquevillée, les pieds sur mon canapé, tournée sur le côté, j'appuyais l'ensemble de mon corps sur le dossier. Ma tête, trop lourde pour mes épaules et ma nuque, se laissait mollement tomber sur le sommet du dossier. Je voulais parler. Je voulais dire tout ce que j'avais sur le cœur, communiquer ma peine, la partager pour enfin me faire exorciser.
Mais alors que j'ouvrais la bouche pour essayer de repousser cette boule de feu au fond de ma gorge, je ne parvenais à n'émettre aucun son. En revanche, je réussissais à pleurer à nouveau. Comme un flux que je ne pouvais pas arrêter. Cachant mon visage dans mes mains, je sanglotais le plus silencieusement possible, et réussissait à articuler un simple mot.
- Pardon…
Mais… depuis quelques jours, il n'y avait plus rien. Ni forme, ni couleur, ni son. Tout était sans dessus dessous, l'appartement étant totalement au diapason de ce que j'étais devenue.
Au moins, j'avais pris une douche. C'était un bon début.
Je ne répondais même pas à ce qu'il disait, je protestais encore moins. J'étais un automate à qui il parlait. La chaleur du plaid posé sur mes épaules m'apportait une certaine chaleur, me faisant alors réaliser que j'avais un peu froid. J'allais sans doute tomber malade. Grand bien m'en fasse, je garderai le lit encore quelques jours…
En silence, je m'emballais dans le plaid, comme si je cherchais un cocon dans le quel me réfugier, ou plutôt, comme si j'essayais d'imiter celui que j'avais pu avoir avec Adoración. L'avantage d'être petite, c'était que je pouvais m'emmitoufler dans presque tout. Sans m'offusquer qu'il fasse du rangement à ma place, je m'effondrais de tout mon poids sur mon canapé.
Retour à la case départ.
Mon visage à moitié caché par la couverture, je me remettais à fixer le mur en face de moi en soupirant longuement tandis qu'un livre volant me passant à quelques centimètres du visage pour aller rejoindre une étagère. Enfer… j'allais devoir tout re trier. Mais pas maintenant. Maintenant, j'ai déprime.
D'aucun pourrait prétendre que ma crise pourrait ressembler à celle d'une adolescente. Que c'est superflu, que j'en faisais trop, que j'exagérais, qu'il n'y avait pas de raison de me mettre dans un état pareil. C'était peut-être vrai, mais mon esprit trop atrophié par la douleur n'arrivait pas à raisonner convenablement. Adora était tout pour moi depuis des mois, avant même que je n'ose poser mes lèvres sur les siennes. Ça avait été inespéré que nous puissions passer du temps ensemble. C'était comme un rêve… un rêve que ce tyran de destin m'avait retiré. Comme on pourrait offrir la chose la plus incroyable à quelqu'un, puis la lui reprendre alors qu'il n'a même pas eu le temps de réaliser qu'il l'avait.
Elle me manquait. C'était un gouffre à mon cœur, et je n'arrivais pas à le combler malgré toutes les larmes que je pouvais verser. J'avais tant envie de courir pour la rejoindre…
Je l'aurai sans doute mieux accepté si elle m'avait rejetée, comme pour la première fois. Je me serai fait une raison et j'aurai continué ma vie habituelle, sans me préoccuper de tomber à nouveau amoureuse… Mais non. C'était indubitable. Nous nous aimions. Profondément. Peut-être même plus que pour la plupart des gens. Et nous n'avions même pas le droit de le partager ensemble... Nous étions condamnées à nous contempler derrière un mur de verre alors que nos cœurs ne demandaient qu'à être enfin réunis.
Je sentais de nouvelles larmes couler le long de mes joues alors que je me recroquevillais sur moi-même. Je ne me rendais même pas compte de l'odeur du thé et des pancakes qui se rependait dans mon appartement. J'étais si anesthésiée que mon esprit ne s'éveilla même pas. Ou juste une fraction de seconde lorsque le cadre d'une photo me passait à nouveau devant le visage. Une fois hors de mon champ de vision, il se rendormit à nouveau.
Le cadre en question tournoya dans le salon, pour aller à l'entrée, puis revenir au salon et tourner ensuite autour de Thomas dans la cuisine, comme s'il cherchait où se ranger. Mon Gardien du Fidelitas n'allait avoir aucun mal à le prendre dans sa main et à regarder la photographie magique, donc vivante, que le cadre s'appliquait à protéger.
C'était nous deux, ensemble, en Allemagne. C'était l'un des rares souvenirs matériel que j'avais de nous. Le cliché reflétait la complicité que nous avions pu avoir toutes les deux, à l'abri des regards indiscrets. Ces coups d’œil brillant de bonheur et de complicités, nos sourires, nos accolades amoureuses… Il y avait un goût de bonheur parfait. C'était sans doute trop parfait.
Je connaissais rapidement son histoire. Je savais qu'elle n'avait pas eu de chance dans sa vie sentimentale, ni même avec son mariage. Je m'étais promis qu'avec moi, rien de tout ça ne lui arriverait. Et nous voilà là. J'étais une moins que rien, incapable d'aimer convenablement la femme de ma vie.
Je me pliais davantage sur moi-même à ces pensées alors que je voyais Thomas monter une table basse de fortune avec mes cartons, puis s'installer à côté de moi. J'essayais de me redresser en étouffant mes sanglots, sans grand succès.
Était-ce seulement humain d'être capable de pleurer autant ?
Le nœud dans ma gorge me faisait souffrir le martyr, et c'est en me torturant que je réussissais à couiner quelque chose qui ressemblait à :
- M…er…ci…
Toutefois, je regardais le thé et les pancakes comme s'il s'agissait de la chose la plus insignifiante de l'univers. Et pourtant, j'étais une jeune femme éveillée qui appréciait observer le moindre détail. Cette vivacité que je cachais aux premiers abords, cette chaleur, cette volonté… tout ça, c'était envolé, parti.
Remuant encore un peu pour me remettre assise, je restais emballée dans mon plaid, recroquevillée, les pieds sur mon canapé, tournée sur le côté, j'appuyais l'ensemble de mon corps sur le dossier. Ma tête, trop lourde pour mes épaules et ma nuque, se laissait mollement tomber sur le sommet du dossier. Je voulais parler. Je voulais dire tout ce que j'avais sur le cœur, communiquer ma peine, la partager pour enfin me faire exorciser.
Mais alors que j'ouvrais la bouche pour essayer de repousser cette boule de feu au fond de ma gorge, je ne parvenais à n'émettre aucun son. En revanche, je réussissais à pleurer à nouveau. Comme un flux que je ne pouvais pas arrêter. Cachant mon visage dans mes mains, je sanglotais le plus silencieusement possible, et réussissait à articuler un simple mot.
- Pardon…
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Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Lun 27 Aoû 2018 - 15:38
Je ne m'attendais pas à ce que Abigail saute sur le petit déjeuner que je venais de lui préparer. L'état post rupture, je le connaissais bien. Généralement, on n'avait envie de rien si ce n'est retrouver la personne qui nous manque. On n'a pas faim, on est sans force. Parfois, on a même envie de se laisser mourir (et puis généralement les besoins vitaux finissent par nous ramener dans le droit chemin au bout d'un moment). Il n'y avait aucun mal à ça. Je n'étais pas là pour l'obliger à quoique ce soit, juste pour l'accompagner et lui montrer qu'il y avait des gens pour prendre soin d'elle.
Comme je m'y attendais, elle ne toucha pas à la nourriture, mais se mit à pleurer. La voyant, je reposais sur la table basse improvisée ma tasse de thé, après en avoir bu une gorgée. Puis, je passais mon bras autour de les épaules avant de l'attirer contre moi, comme le ferait un père avec sa fille dans pareille situation.
« Allons, c'est rien. Pleure un coup.
Lui dis-je, tout en attirant à nous la boite de mouchoir la plus proche. J'imaginais qu'il n'était pas facile pour elle de parler. Qu'à cela ne tienne : je le ferais à sa place et par écho, cela la soulagera peut-être.
« La première fois que j'ai eu à endurer une rupture j'avais quinze ans. La nana s'appelait Angélique et elle était élève à Poufsouffle.
Lui dis-je en serrant son épaule d'un geste chaleureux. J'avais la voix de ceux qui racontent les histoires un peu comme des confidences.
« On est resté ensemble deux semaines. Y'a des mecs de Serpentard qui on commencé à se payer sa tête, alors elle a décidé qu'il valait mieux qu'on reste ami. Tu parles...
D'un nouveau coup de baguette magique, je fis venir à moi ma tasse de thé et pris une gorgée.
« Après il y a eu... Brittany... Emily, Hailey, Emma... Hem... Alyssa... Non, avant Taylor, puis Alyssa... Chloé... Et... Bon, j'en oublie peut-être quelques unes...
Mon regard se reporta brièvement sur le cadre photo qui n'arrivait pas à trouver sa place et que j'avais décidé de garder dans la main d'ici à ce que je sache quoi en faire. Je pris un moment avant de poursuivre, momentanément perdu dans mes pensées.
« Mais le pire, ça a été Amber. Quand on s'est quitté j'ai cru que le monde s'effondrait sous mes pieds. Je n'avais plus envie de rien. Mes amis n'arrêtaient pas de me dire « T'en fais pas, une de perdue, dix de retrouvées », comme si j'en avais quelque chose à foutre...
Mon regard sombre se posa sur la demoiselle. Avec un mouchoir propre, j'essuyais les larmes aux coins de ses yeux.
« C'était le vide complet. J'étais persuadé de ne plus jamais pouvoir aimer et que, de toute façon, ça n'avait aucune importance puisqu'elle n'était plus là.
Abigail savait où j'en étais maintenant. Pas besoin de lui rappeler pour qu'elle comprenne l'issue de mon raisonnement. Alors, tandis que ma main lui caressait doucement l'épaule, je me penchais sur elle pour demander.
« Ça te dit quelque chose ?
Comme je m'y attendais, elle ne toucha pas à la nourriture, mais se mit à pleurer. La voyant, je reposais sur la table basse improvisée ma tasse de thé, après en avoir bu une gorgée. Puis, je passais mon bras autour de les épaules avant de l'attirer contre moi, comme le ferait un père avec sa fille dans pareille situation.
« Allons, c'est rien. Pleure un coup.
Lui dis-je, tout en attirant à nous la boite de mouchoir la plus proche. J'imaginais qu'il n'était pas facile pour elle de parler. Qu'à cela ne tienne : je le ferais à sa place et par écho, cela la soulagera peut-être.
« La première fois que j'ai eu à endurer une rupture j'avais quinze ans. La nana s'appelait Angélique et elle était élève à Poufsouffle.
Lui dis-je en serrant son épaule d'un geste chaleureux. J'avais la voix de ceux qui racontent les histoires un peu comme des confidences.
« On est resté ensemble deux semaines. Y'a des mecs de Serpentard qui on commencé à se payer sa tête, alors elle a décidé qu'il valait mieux qu'on reste ami. Tu parles...
D'un nouveau coup de baguette magique, je fis venir à moi ma tasse de thé et pris une gorgée.
« Après il y a eu... Brittany... Emily, Hailey, Emma... Hem... Alyssa... Non, avant Taylor, puis Alyssa... Chloé... Et... Bon, j'en oublie peut-être quelques unes...
Mon regard se reporta brièvement sur le cadre photo qui n'arrivait pas à trouver sa place et que j'avais décidé de garder dans la main d'ici à ce que je sache quoi en faire. Je pris un moment avant de poursuivre, momentanément perdu dans mes pensées.
« Mais le pire, ça a été Amber. Quand on s'est quitté j'ai cru que le monde s'effondrait sous mes pieds. Je n'avais plus envie de rien. Mes amis n'arrêtaient pas de me dire « T'en fais pas, une de perdue, dix de retrouvées », comme si j'en avais quelque chose à foutre...
Mon regard sombre se posa sur la demoiselle. Avec un mouchoir propre, j'essuyais les larmes aux coins de ses yeux.
« C'était le vide complet. J'étais persuadé de ne plus jamais pouvoir aimer et que, de toute façon, ça n'avait aucune importance puisqu'elle n'était plus là.
Abigail savait où j'en étais maintenant. Pas besoin de lui rappeler pour qu'elle comprenne l'issue de mon raisonnement. Alors, tandis que ma main lui caressait doucement l'épaule, je me penchais sur elle pour demander.
« Ça te dit quelque chose ?
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Lun 27 Aoû 2018 - 16:30
Pleurer un coup ? Dans mon état normal j'aurai pu lui rétorquer que ça faisait des heures entières que je "pleurais un coup". J'aurai même pu en être amusée et en rire. Mais présentement, je n'avais pas la force de sourire. Se laisser aller c'était bien plus facile. Je pleurais alors contre son épaule tout en passant mes bras autour de sa nuque en m'accrochant à lui. Mon corps était parcouru de spasmes et de tremblements, comme un réflexe de survie, comme s'il souhaitait me garder en vie. Et même si sur l'instant je n'en avais rien à faire, j'écoutais mon ami. Pourquoi me racontait-il tout ça ? Pour comparer une amourette de ses quinze ans au grand amour que je venais de perdre ? Était-ce seulement comparable ? Et franchement, avait-il eu autant de conquêtes ? Enfin, ça ne devait pas être bien important, et ce n'était pas tant ce qu'il me disait qui me calmait, mais le son de sa voix. Lovée ainsi contre lui, je sentais ses cordes vocales vibrer contre mon visage, ça me berçait presque.
En un petit instant d'espoir, j'inspirais son odeur, mais je ne rencontrais que la sienne. Évidemment. Pourtant, j'étais persuadée que j'aurai pu sentir son odeur à elle, car notre proximité de l'instant me rappelait tous ces moments similaires que j'avais pu avoir avec elle.
Je le laissais essuyer mes joues en essayant de respirer profondément pour calmer mes sanglots. J'y arrivais, en partie. Il arrivait que de nouvelles larmes échappent à mes yeux, comme l'amour que je voulais lui porter, à elle, m'échappait. Il débordait et ne pouvait pas être satisfait.
Jamais plus…
J'écoutais ce qu'il avait à me dire, et, comme si le mécanisme s'enclenchait après des millénaires d'inactivité, j'essayais de réfléchir à sa question. Tout était embrumé dans mon esprit, et je le montrais par un léger froncement de sourcils.
Étais-je persuadée de ne plus jamais pouvoir aimer ? Est-ce que ça n'avait plus d'importance ? Il me fallut du temps pour répondre, de manière peut-être un peu inattendue pour le dhampire contre lequel je m'appuyais.
- Si, c'est quelque chose... Et j'aime encore…
La gorge me brûlait horriblement et je m'étouffais presque à avoir prononcé simplement ces deux mots. Oui, j'aimais encore. J'aimais ma famille, ma sœur, mes amis… j'aimais Thomas qui était venu me voir en sachant pertinemment ce qui l'attendait. Il fallait du courage pour le faire. Oui mais voilà, ce n'était pas le même amour, et il était clair que c'était un amour fort et sincère, pur, nu. Était-ce seulement possible d'aimer de la sorte deux fois dans sa vie ?
Je venais me passer une main sur le front, comme si cette idée me donnait le vertige alors que je fuyais soigneusement le regard de mon interlocuteur, trop faible pour pouvoir le supporter. Je savais que je n'y lirais aucun jugement, peut-être même que de la compassion, mais rien à faire, je n'y arrivais pas.
Un spasme parcourut mon corps alors que je répondais d'une voix toujours tremblante.
- Mais… peut-être… pas comme ça… oui…
Comme si ça allait pouvoir m'aider à mieux me rappeler d'elle, je m'installais plus confortablement contre l'épaule du dhampire tandis que je plaçais le plaid sur moi comme je le jugeais le plus approprié. Je ne faisais toujours pas attention aux cicatrices qu'il pouvait observer sans le moindre mal, d'autant plus maintenant que nous étions collés l'un contre l'autre. Au moins, ma rupture avait eu cet effet de me faire oublier mon traumatisme, pour quelques heures.
- Je l'aime Thomas… je l'aime tellement… Et je sais qu'elle m'aime aussi… alors…
Ma vue se troublait de nouvelles larmes. J'étais épuisée de tant pleurer, pourtant je n'arrivais pas à faire autre chose. J'aurai apprécié pouvoir tout arrêter, tout effacer, et tout continuer, comme si de rien n'était.
- Alors pourquoi est-ce qu'il a fallu qu'on se sépare ?
Évidemment, entre nous deux, j'étais la mieux placée pour répondre à cette question. Nous en avions longuement parlé toutes les deux, c'était un commun accord, un sacrifice que nous faisions toutes les deux pour rendre service à l'autre. Pourtant, lorsque je l'avais embrassée pour la première fois, j'étais prête à tout endurer pour elle, à tout sacrifier. Malgré les difficultés, nous aurions pu parler autrement, trouver une autre solution. Le déni me faisait croire que nous n'avions pas pris la bonne décision, que nous pouvions encore faire machine arrière.
- Je n'ai pas trouvé les bons mots… je n'ai pas pu la retenir… j'aurai dû trouver une autre solution… j'aurai dû faire des compromis… j'aurai dû…
Ce fut l'avalanche dans ma tête. Toutes les solutions que je n'avais pas réussi à envisager à ce moment me sautait dessus, comme si j'avais été la dernière des incapables. Une moins que rien qui s'était laissée emporter par le courant plutôt que de lutter, et qui s'en plaignait maintenant.
En un petit instant d'espoir, j'inspirais son odeur, mais je ne rencontrais que la sienne. Évidemment. Pourtant, j'étais persuadée que j'aurai pu sentir son odeur à elle, car notre proximité de l'instant me rappelait tous ces moments similaires que j'avais pu avoir avec elle.
Je le laissais essuyer mes joues en essayant de respirer profondément pour calmer mes sanglots. J'y arrivais, en partie. Il arrivait que de nouvelles larmes échappent à mes yeux, comme l'amour que je voulais lui porter, à elle, m'échappait. Il débordait et ne pouvait pas être satisfait.
Jamais plus…
J'écoutais ce qu'il avait à me dire, et, comme si le mécanisme s'enclenchait après des millénaires d'inactivité, j'essayais de réfléchir à sa question. Tout était embrumé dans mon esprit, et je le montrais par un léger froncement de sourcils.
Étais-je persuadée de ne plus jamais pouvoir aimer ? Est-ce que ça n'avait plus d'importance ? Il me fallut du temps pour répondre, de manière peut-être un peu inattendue pour le dhampire contre lequel je m'appuyais.
- Si, c'est quelque chose... Et j'aime encore…
La gorge me brûlait horriblement et je m'étouffais presque à avoir prononcé simplement ces deux mots. Oui, j'aimais encore. J'aimais ma famille, ma sœur, mes amis… j'aimais Thomas qui était venu me voir en sachant pertinemment ce qui l'attendait. Il fallait du courage pour le faire. Oui mais voilà, ce n'était pas le même amour, et il était clair que c'était un amour fort et sincère, pur, nu. Était-ce seulement possible d'aimer de la sorte deux fois dans sa vie ?
Je venais me passer une main sur le front, comme si cette idée me donnait le vertige alors que je fuyais soigneusement le regard de mon interlocuteur, trop faible pour pouvoir le supporter. Je savais que je n'y lirais aucun jugement, peut-être même que de la compassion, mais rien à faire, je n'y arrivais pas.
Un spasme parcourut mon corps alors que je répondais d'une voix toujours tremblante.
- Mais… peut-être… pas comme ça… oui…
Comme si ça allait pouvoir m'aider à mieux me rappeler d'elle, je m'installais plus confortablement contre l'épaule du dhampire tandis que je plaçais le plaid sur moi comme je le jugeais le plus approprié. Je ne faisais toujours pas attention aux cicatrices qu'il pouvait observer sans le moindre mal, d'autant plus maintenant que nous étions collés l'un contre l'autre. Au moins, ma rupture avait eu cet effet de me faire oublier mon traumatisme, pour quelques heures.
- Je l'aime Thomas… je l'aime tellement… Et je sais qu'elle m'aime aussi… alors…
Ma vue se troublait de nouvelles larmes. J'étais épuisée de tant pleurer, pourtant je n'arrivais pas à faire autre chose. J'aurai apprécié pouvoir tout arrêter, tout effacer, et tout continuer, comme si de rien n'était.
- Alors pourquoi est-ce qu'il a fallu qu'on se sépare ?
Évidemment, entre nous deux, j'étais la mieux placée pour répondre à cette question. Nous en avions longuement parlé toutes les deux, c'était un commun accord, un sacrifice que nous faisions toutes les deux pour rendre service à l'autre. Pourtant, lorsque je l'avais embrassée pour la première fois, j'étais prête à tout endurer pour elle, à tout sacrifier. Malgré les difficultés, nous aurions pu parler autrement, trouver une autre solution. Le déni me faisait croire que nous n'avions pas pris la bonne décision, que nous pouvions encore faire machine arrière.
- Je n'ai pas trouvé les bons mots… je n'ai pas pu la retenir… j'aurai dû trouver une autre solution… j'aurai dû faire des compromis… j'aurai dû…
Ce fut l'avalanche dans ma tête. Toutes les solutions que je n'avais pas réussi à envisager à ce moment me sautait dessus, comme si j'avais été la dernière des incapables. Une moins que rien qui s'était laissée emporter par le courant plutôt que de lutter, et qui s'en plaignait maintenant.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mar 28 Aoû 2018 - 14:59
Abigail sanglotait toujours dans un flot ininterrompu de larmes. Je l'écoutais me raconter sa peine de cœur, la tenant toujours contre mon épaule dans un geste tout à la fois compatissant et affectueux. L'incompréhension régnait et elle commençait déjà à se blâmer pour ce qui était arrivé. Je supposais sans grand mal qu'il s'agissait de sa première histoire d'amour. Pas forcément l'idéal je suppose... Les deux femmes avaient fait un choix particulièrement difficile en entamant leur relation : les premières histoires marquaient toujours par l'intensité des sentiments déployés. On découvrait tout et on n'avait pas forcément de matière pour comparer avec des modalités différentes... Que pouvait-il en être dans une relation secrète avec une femme d'une autre génération que soi ? Je n'étais pas contre sur le principe, mais disons que ce n'était pas le plus facile pour commencer.
« Ne te blâme pas comme ça. Lui répondis-je, serrant un peu ma main autour de son épaule. Tu ne peux pas réécrire l'histoire, ça te fait juste encore plus de mal.
Et ça ne changera rien, pensais-je. L'espoir était le pire ennemi du cœur brisé... Quand on imagine que tout va s'arranger alors que manifestement, non. Ça maintient la blessure ouverte. Il n'y a rien de pire... Mais peut-on l'éviter ?
« Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous Abi.
Fis-je alors, tout en posant le cadre photo sur la place libre du canapé à côté de moi, face contre le coussin. Si ça ne tenait qu'à moi, je lui retirerais tout souvenirs pour qu'elle passe rapidement à autre chose. Il fallait éviter de ressasser. La solitude et l’inactivité confortait dans le malheur. On avait l'impression d'en avoir besoin alors qu'en vérité, ça nous faisait juste du mal. Un mal que l'on souhaitait pour soi bien souvent d'ailleurs... Mais bon, connaissant Abigail, ce serait sans doute trop violent.
« Mais je suppose que si vous avez choisi de vous séparer en dépit de sentiments réciproques, c'était bien pour une raison... Qu'est-ce qu'il y a eu ? C'est indiscret si je demande ?
Je pourrais réconforter Abigail sans demander de détail. Après tout, connaître l'histoire n'allait pas changer les mots que je pouvais lui dire. Les peines de cœur se ressemblent et le véritable enjeu de la post rupture, c'est d'arriver à faire de la perte quelque chose dont on pourra se rappeler sereinement plus tard, comme une période de la vie où il y aura eu du bon, tandis que la douleur s'en sera allé.
Néanmoins, je ne voulais pas faire preuve de maladresse ou lui dire des choses totalement hors sujet faute de faits concrets. Si j'avais ma petite idée sur ce qui s'était passé, ce n'était qu'une hypothèse... Et au delà de ça, Abigail avait peut être envie de parler du sujet, tout simplement. Le sortilège de Fidelitas agissait toujours. J'étais donc le seul et le premier à entendre son histoire.
« Ne te blâme pas comme ça. Lui répondis-je, serrant un peu ma main autour de son épaule. Tu ne peux pas réécrire l'histoire, ça te fait juste encore plus de mal.
Et ça ne changera rien, pensais-je. L'espoir était le pire ennemi du cœur brisé... Quand on imagine que tout va s'arranger alors que manifestement, non. Ça maintient la blessure ouverte. Il n'y a rien de pire... Mais peut-on l'éviter ?
« Je ne sais pas ce qui s'est passé entre vous Abi.
Fis-je alors, tout en posant le cadre photo sur la place libre du canapé à côté de moi, face contre le coussin. Si ça ne tenait qu'à moi, je lui retirerais tout souvenirs pour qu'elle passe rapidement à autre chose. Il fallait éviter de ressasser. La solitude et l’inactivité confortait dans le malheur. On avait l'impression d'en avoir besoin alors qu'en vérité, ça nous faisait juste du mal. Un mal que l'on souhaitait pour soi bien souvent d'ailleurs... Mais bon, connaissant Abigail, ce serait sans doute trop violent.
« Mais je suppose que si vous avez choisi de vous séparer en dépit de sentiments réciproques, c'était bien pour une raison... Qu'est-ce qu'il y a eu ? C'est indiscret si je demande ?
Je pourrais réconforter Abigail sans demander de détail. Après tout, connaître l'histoire n'allait pas changer les mots que je pouvais lui dire. Les peines de cœur se ressemblent et le véritable enjeu de la post rupture, c'est d'arriver à faire de la perte quelque chose dont on pourra se rappeler sereinement plus tard, comme une période de la vie où il y aura eu du bon, tandis que la douleur s'en sera allé.
Néanmoins, je ne voulais pas faire preuve de maladresse ou lui dire des choses totalement hors sujet faute de faits concrets. Si j'avais ma petite idée sur ce qui s'était passé, ce n'était qu'une hypothèse... Et au delà de ça, Abigail avait peut être envie de parler du sujet, tout simplement. Le sortilège de Fidelitas agissait toujours. J'étais donc le seul et le premier à entendre son histoire.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mer 29 Aoû 2018 - 12:46
Fort heureusement, mon ami avait la gentillesse de me laisser mouiller son épaule. Je fondais totalement contre lui, me laissant aller pleinement à mon désarroi. Je sentais son emprise sur moi, sur mon épaule, et c'était peut-être tout ce qui me raccrochait au monde réel à l'instant. Mes nombreuses cicatrices à cet endroit rendaient le contact d'autant plus sensible, pourtant je ne disais rien. Il ne me faisait pas mal, et je devais m'habituer aux sensations que me procurait ma nouvelle peau.
J'aurai tout donné pour réécrire l'histoire, comme il disait. Pour revenir en arrière, changer mon discours, essayer avec d'autant plus de ferveur de trouver une autre solution que celle-ci. Pourquoi étions nous venues à cette conclusion ? Elle nous faisait du mal à toutes les deux, alors pourquoi ? Pourquoi avoir pris la décision de souffrir continuellement alors que nous nous aimions ? Ça n'avait pas de sens, tout du moins, pour moi. Sur le moment, ça paraissait pourtant être tout ce qu'il y avait de plus logique, un sacrifice qui nous coûtait à toutes les deux. Au moins, je me consolais un peu avec ça… mais maintenant, j'étais persuadée que c'était la plus grosse erreur de ma vie. J'étais prête à transplaner pour la rejoindre, la serrer dans mes bras et m'excuser, m'excuser encore et encore de l'avoir fait souffrir, de m'être éloignée d'elle, de ne pas avoir su trouver les mots justes, d'avoir été incapable de la soulager.
Dans les légendes moldu, il se disait la plupart du temps que les dragons ne tombaient amoureux qu'une seule fois. Ils partageaient leurs chants d'amour une seule fois, et se reproduisait toujours avec le même partenaire, jusqu'à ce que la mort les sépare. Ensemble, ils partageaient leurs souvenirs, qu'ils pouvaient se transmettre par la pensée, mais aussi leurs connaissances. Ils se complétaient, ils étaient comme les deux faces d'une pièce… ou comme le Yin et le Yang.
J'avais eu la naïveté de croire que c'était ce qui nous correspondait, Adoración et moi. Et jamais dans ces contes et légendes j'avais eu connaissance qu'un dragon était tombé amoureux du mauvais partenaire et qu'il avait une peine de cœur. Il fallait certes de tout pour faire un monde, mais étrangement, j'avais du mal à croire que ça puisse leur arriver. Alors pourquoi aux Humains ? Pourquoi à moi ?
J'essayais de calmer le flot de mes pensées alors que j'écoutais Thomas tenter de me calmer, et surtout de vouloir en apprendre plus.
Je n'avais aucune envie d'en parler. Non pas que je ne lui faisais pas confiance, bien au contraire, il n'était pas le Gardien du Fidelitas pour rien… Mais c'était douloureux, et j'allais retourner le couteau dans la plaie à revivre cette discussion… Pourtant… je voyais aussi ça comme un genre d'exorcisme. Parler, c'était la première étape. Je ne le savais que trop bien puisque ça faisait deux mois que je luttais contre ma terreur du loup-garou et que j'étais hantée par mon accident. La situation n'était-elle pas similaire avec ma rupture ?
Me redressant pour le libérer de mon petit poids plume, je me cachais dans mon plaid en essuyant mes larmes tout en m'affaissant contre le dossier du canapé. Par où commencer ? Je fronçais légèrement les sourcils après avoir inspiré une grande bouffée d'air pour me calmer et me donner du courage.
- C'est confus…
Essayant de rassembler mes idées, je clignais plusieurs fois des yeux.
- Je n'y connais rien hein… mais… enfin, tu me diras si je me trompe. J'imagine qu'être en couple, c'est se compléter. Être heureux, se soutenir, ne pas ressentir de manque, ou très peu… tu vois ?
Continuant de m'enrouler dans mon plaid, si c'était encore possible, je venais me frotter les yeux pour éviter de recommencer à pleurer. Je luttais de toutes mes forces, et il pouvait le voir sans mal.
- On n'avait pas entièrement ça… nous étions malheureuses du poids du secret, nous voulions le partager avec notre entourage, mais c'était trop risqué pour nous deux… elle s'éloignait de son fils, et moi des dragons… Réunies nous étions bien, et séparées, c'était comme si nous étions au bord d'un gouffre et qu'il nous manquait sans cesse quelque chose. Et cette chose, ce n'était pas l'autre…
Les dragons avaient embrasé ma vie depuis que j'étais bébé, c'était même le seul brasier qui m'animait vraiment. Thomas était le mieux placé pour le savoir, il avait pu voir la différence de mon comportement entre l'avant, et l'après discussion draconique. Cette passion brûlante avait consumé mon couple. Nous étions toutes les deux fautives de ce qui était arrivé.
- Pourtant… je me sentais prête à tout sacrifier pour elle, à la soutenir et à l'aider. Tous ces secrets que nous nous sommes confiés, le Fidelitas… Ce n'était pas irréfléchi… Tout était sincère, absolument tout. Notre amour est encore présent, chez l'une, comme chez l'autre… mais… on ne peut pas…
Je plongeais mon visage sur mes genoux repliés contre ma poitrine. Ainsi totalement enfoncée dans mon canapé, je combattais toujours pour ne pas fondre en larmes une nouvelle fois. Lorsque je relevais la tête pourtant, l'une s'échappa du coin de mes yeux tandis que je serrais mes poings sur le plaid, laissant mes phalanges devenir blanches. J'en tremblais.
Nous ne nous étions pas disputées, nous n'avions aucun réel différent, nous nous aimions… en fait, sur le papier, tout allait bien et la raison de notre rupture paraissait étrange. Et elle l'était. En tout cas à mon sens, même si ça m'avait paru logique le jour j. Mais c'est lorsque nous perdons quelque chose que nous nous rendons compte à quel point nous y tenions.
- Ma vie c'est devenu de la merde… Je suis refaite de la tête aux pieds à cause de ce loup-garou, je ne ressemble plus à rien…. Je suis incapable d'utiliser ma baguette parce que j'ai trop peur... Je suis poursuivie par des chimères qui m'empêchent de dormir … et maintenant, j'ai perdu la femme de ma vie… Je suis une incapable, faible et idiote…
N'étant pas du genre à me dévaloriser, la peine était trop forte pour que je puisse raisonner convenablement. Je m'embourbais alors de tous mes malheurs. Non pas pour chercher à ce qu'on me plaigne et qu'on fasse particulièrement à moi. Simplement que je n'avais plus aucun espoir de me réconcilier avec la vie, et avec moi-même.
Accoudée sur mon genou, je posais la paume de ma main droite devant mes yeux en sanglotant à nouveau. Des pleures que j'essayais toujours de contenir du mieux que je le pouvais.
J'aurai tout donné pour réécrire l'histoire, comme il disait. Pour revenir en arrière, changer mon discours, essayer avec d'autant plus de ferveur de trouver une autre solution que celle-ci. Pourquoi étions nous venues à cette conclusion ? Elle nous faisait du mal à toutes les deux, alors pourquoi ? Pourquoi avoir pris la décision de souffrir continuellement alors que nous nous aimions ? Ça n'avait pas de sens, tout du moins, pour moi. Sur le moment, ça paraissait pourtant être tout ce qu'il y avait de plus logique, un sacrifice qui nous coûtait à toutes les deux. Au moins, je me consolais un peu avec ça… mais maintenant, j'étais persuadée que c'était la plus grosse erreur de ma vie. J'étais prête à transplaner pour la rejoindre, la serrer dans mes bras et m'excuser, m'excuser encore et encore de l'avoir fait souffrir, de m'être éloignée d'elle, de ne pas avoir su trouver les mots justes, d'avoir été incapable de la soulager.
Dans les légendes moldu, il se disait la plupart du temps que les dragons ne tombaient amoureux qu'une seule fois. Ils partageaient leurs chants d'amour une seule fois, et se reproduisait toujours avec le même partenaire, jusqu'à ce que la mort les sépare. Ensemble, ils partageaient leurs souvenirs, qu'ils pouvaient se transmettre par la pensée, mais aussi leurs connaissances. Ils se complétaient, ils étaient comme les deux faces d'une pièce… ou comme le Yin et le Yang.
J'avais eu la naïveté de croire que c'était ce qui nous correspondait, Adoración et moi. Et jamais dans ces contes et légendes j'avais eu connaissance qu'un dragon était tombé amoureux du mauvais partenaire et qu'il avait une peine de cœur. Il fallait certes de tout pour faire un monde, mais étrangement, j'avais du mal à croire que ça puisse leur arriver. Alors pourquoi aux Humains ? Pourquoi à moi ?
J'essayais de calmer le flot de mes pensées alors que j'écoutais Thomas tenter de me calmer, et surtout de vouloir en apprendre plus.
Je n'avais aucune envie d'en parler. Non pas que je ne lui faisais pas confiance, bien au contraire, il n'était pas le Gardien du Fidelitas pour rien… Mais c'était douloureux, et j'allais retourner le couteau dans la plaie à revivre cette discussion… Pourtant… je voyais aussi ça comme un genre d'exorcisme. Parler, c'était la première étape. Je ne le savais que trop bien puisque ça faisait deux mois que je luttais contre ma terreur du loup-garou et que j'étais hantée par mon accident. La situation n'était-elle pas similaire avec ma rupture ?
Me redressant pour le libérer de mon petit poids plume, je me cachais dans mon plaid en essuyant mes larmes tout en m'affaissant contre le dossier du canapé. Par où commencer ? Je fronçais légèrement les sourcils après avoir inspiré une grande bouffée d'air pour me calmer et me donner du courage.
- C'est confus…
Essayant de rassembler mes idées, je clignais plusieurs fois des yeux.
- Je n'y connais rien hein… mais… enfin, tu me diras si je me trompe. J'imagine qu'être en couple, c'est se compléter. Être heureux, se soutenir, ne pas ressentir de manque, ou très peu… tu vois ?
Continuant de m'enrouler dans mon plaid, si c'était encore possible, je venais me frotter les yeux pour éviter de recommencer à pleurer. Je luttais de toutes mes forces, et il pouvait le voir sans mal.
- On n'avait pas entièrement ça… nous étions malheureuses du poids du secret, nous voulions le partager avec notre entourage, mais c'était trop risqué pour nous deux… elle s'éloignait de son fils, et moi des dragons… Réunies nous étions bien, et séparées, c'était comme si nous étions au bord d'un gouffre et qu'il nous manquait sans cesse quelque chose. Et cette chose, ce n'était pas l'autre…
Les dragons avaient embrasé ma vie depuis que j'étais bébé, c'était même le seul brasier qui m'animait vraiment. Thomas était le mieux placé pour le savoir, il avait pu voir la différence de mon comportement entre l'avant, et l'après discussion draconique. Cette passion brûlante avait consumé mon couple. Nous étions toutes les deux fautives de ce qui était arrivé.
- Pourtant… je me sentais prête à tout sacrifier pour elle, à la soutenir et à l'aider. Tous ces secrets que nous nous sommes confiés, le Fidelitas… Ce n'était pas irréfléchi… Tout était sincère, absolument tout. Notre amour est encore présent, chez l'une, comme chez l'autre… mais… on ne peut pas…
Je plongeais mon visage sur mes genoux repliés contre ma poitrine. Ainsi totalement enfoncée dans mon canapé, je combattais toujours pour ne pas fondre en larmes une nouvelle fois. Lorsque je relevais la tête pourtant, l'une s'échappa du coin de mes yeux tandis que je serrais mes poings sur le plaid, laissant mes phalanges devenir blanches. J'en tremblais.
Nous ne nous étions pas disputées, nous n'avions aucun réel différent, nous nous aimions… en fait, sur le papier, tout allait bien et la raison de notre rupture paraissait étrange. Et elle l'était. En tout cas à mon sens, même si ça m'avait paru logique le jour j. Mais c'est lorsque nous perdons quelque chose que nous nous rendons compte à quel point nous y tenions.
- Ma vie c'est devenu de la merde… Je suis refaite de la tête aux pieds à cause de ce loup-garou, je ne ressemble plus à rien…. Je suis incapable d'utiliser ma baguette parce que j'ai trop peur... Je suis poursuivie par des chimères qui m'empêchent de dormir … et maintenant, j'ai perdu la femme de ma vie… Je suis une incapable, faible et idiote…
N'étant pas du genre à me dévaloriser, la peine était trop forte pour que je puisse raisonner convenablement. Je m'embourbais alors de tous mes malheurs. Non pas pour chercher à ce qu'on me plaigne et qu'on fasse particulièrement à moi. Simplement que je n'avais plus aucun espoir de me réconcilier avec la vie, et avec moi-même.
Accoudée sur mon genou, je posais la paume de ma main droite devant mes yeux en sanglotant à nouveau. Des pleures que j'essayais toujours de contenir du mieux que je le pouvais.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Jeu 6 Sep 2018 - 16:49
Abigail prit un peu de distance pour rassembler ses idées et me faire part de sa façon de voir les choses. De mon côté, je me contentais d'acquiescer tout en l'écoutant attentivement. Je n'avais rien à redire sur sa manière de percevoir les relations de couple : c'était à la discrétion de chacun. Ce qui m'intéressait, c'était surtout la manière dont elle mettait cela en relation avec les raisons de la rupture et pour expliquer ce qui s'était passé.
Le sujet du Fidelitas fut immédiatement posé sur la table. Elle évoquait le poids du secret, le fait de ne pas pouvoir partager son bonheur avec ses proches de peur que cela amène au dévoilement de celui-ci (un risque bien réel hélas). J'imaginais sans mal qu'à force d'être coincées dans cette bulle, la relation avait asphyxié.
On s'imagine parfois qu'il suffit d'être en compagnie de l'autre pour être heureux, mais un couple a besoin des apports de l'extérieur pour croître en bonne santé. Il faut que chacun vive épanoui, autrement le lien s'étiole et pourrit. Si je comprends bien ce qu'était en train de me dire Abigail, son couple avait connu pareil étouffement.
Là où la chose créait de la peine, c'était à constater combien Abigail s'accablait du poids de ce fatal constat. Qu'y pouvait-elle au fond ? Le monde était ainsi fait qu'il devenait injuste envers les marginaux, ceux qui sortent des sentiers battus. Connaissant Adora, elle avait opté pour cette décision dans l'optique du « moindre mal ». Sans doute pensait-elle l'issue inéluctable. A partir de là, il n'y avait qu'un pas à faire pour aboutir à une prise de décision radicale. La force d'Adora, c'était de l'avoir prise en toute conscience. Je la reconnaissais bien là, ma chère amie. Deux cœurs brisés pour un seul amour : un tragique cruellement ordinaire.
Sans rien dire de plus, je vins caresser doucement l'épaule de la jeune femme. Je sentais sa tension et le sanglot jamais loin. Elle avait besoin de reprendre contenance : je la laissais faire.
Quand elle enchaîna, je constata qu'elle ne m'avait pas tout dit. Des marques sur son corps vinrent les explications : j'écarquillais les yeux de stupeur au moment où elle évoqua un loup garou. Voilà donc la raison pour laquelle son odeur avait changé : le souvenir de son passage au bar en Roumanie s'imposa à moi comme un éclair au milieu d'un champ. Abigail s'était faite attaquer par un loup garou et je n'étais pas au courant. C'était invraisemblable.
« Abigail, ça suffit. Fis-je alors, revenant près d'elle pour passer mon bras autour de ses épaules. Je ne veux plus t'entendre te dévaloriser de la sorte.
Mon intonation était toute à la fois douce et ferme. C'était une réplique de la famille des réprimandes faites avec affection. Elle n'avait d'autorité que la volonté naturelle de redonner à cette âme morcelée son unité en dressant autour d'elle un cadre rassurant.
« La vie est pleine de ces batailles qu'on ne gagne pas toujours. La seule chose qui compte c'est la capacité que tu auras à te remettre des épreuves qui te tombent sur la tête. C'est tout. Je ne te dirais pas que c'est la dernière fois de ta vie que tu souffriras, parce que c'est faux... Mais la peine fait partie de toi et c'est une des choses qui te rendent humaine.
En terme de cicatrices, il y avait celles du cœur et celles du corps. Abigail portait les deux à présent. Elle devait apprendre à vivre avec.
« Tu pleures à cause d'un chagrin d'amour... C'est cruel et douloureux, mais toujours préférable à ceux qui ne pleurent jamais parce qu'ils sont incapable d'aimer, crois moi.
Je cherchais un mouchoir à lui offrir dans la poche intérieure de ma veste.
« Adora et toi vous quittez pour votre bien à toutes les deux. C'est aussi un acte d'amour. Dis toi cela. Tu seras toujours aimée.
Ça faisait mal, mais probablement pas aussi mal que si sa chère et tendre l'avait placé face à l'évidence d'un amour qui n'existe plus. Laissant échapper un soupir silencieux, mon regard se promena un moment au hasard dans la pièce, jusqu'à se poser sur la baguette de la jeune femme qui reposait sur une étagère non loin. Je me levais alors et la pris dans mes mains, faisant mine de l'inspecter.
« C'est quoi le problème avec ta baguette ?
Le sujet du Fidelitas fut immédiatement posé sur la table. Elle évoquait le poids du secret, le fait de ne pas pouvoir partager son bonheur avec ses proches de peur que cela amène au dévoilement de celui-ci (un risque bien réel hélas). J'imaginais sans mal qu'à force d'être coincées dans cette bulle, la relation avait asphyxié.
On s'imagine parfois qu'il suffit d'être en compagnie de l'autre pour être heureux, mais un couple a besoin des apports de l'extérieur pour croître en bonne santé. Il faut que chacun vive épanoui, autrement le lien s'étiole et pourrit. Si je comprends bien ce qu'était en train de me dire Abigail, son couple avait connu pareil étouffement.
Là où la chose créait de la peine, c'était à constater combien Abigail s'accablait du poids de ce fatal constat. Qu'y pouvait-elle au fond ? Le monde était ainsi fait qu'il devenait injuste envers les marginaux, ceux qui sortent des sentiers battus. Connaissant Adora, elle avait opté pour cette décision dans l'optique du « moindre mal ». Sans doute pensait-elle l'issue inéluctable. A partir de là, il n'y avait qu'un pas à faire pour aboutir à une prise de décision radicale. La force d'Adora, c'était de l'avoir prise en toute conscience. Je la reconnaissais bien là, ma chère amie. Deux cœurs brisés pour un seul amour : un tragique cruellement ordinaire.
Sans rien dire de plus, je vins caresser doucement l'épaule de la jeune femme. Je sentais sa tension et le sanglot jamais loin. Elle avait besoin de reprendre contenance : je la laissais faire.
Quand elle enchaîna, je constata qu'elle ne m'avait pas tout dit. Des marques sur son corps vinrent les explications : j'écarquillais les yeux de stupeur au moment où elle évoqua un loup garou. Voilà donc la raison pour laquelle son odeur avait changé : le souvenir de son passage au bar en Roumanie s'imposa à moi comme un éclair au milieu d'un champ. Abigail s'était faite attaquer par un loup garou et je n'étais pas au courant. C'était invraisemblable.
« Abigail, ça suffit. Fis-je alors, revenant près d'elle pour passer mon bras autour de ses épaules. Je ne veux plus t'entendre te dévaloriser de la sorte.
Mon intonation était toute à la fois douce et ferme. C'était une réplique de la famille des réprimandes faites avec affection. Elle n'avait d'autorité que la volonté naturelle de redonner à cette âme morcelée son unité en dressant autour d'elle un cadre rassurant.
« La vie est pleine de ces batailles qu'on ne gagne pas toujours. La seule chose qui compte c'est la capacité que tu auras à te remettre des épreuves qui te tombent sur la tête. C'est tout. Je ne te dirais pas que c'est la dernière fois de ta vie que tu souffriras, parce que c'est faux... Mais la peine fait partie de toi et c'est une des choses qui te rendent humaine.
En terme de cicatrices, il y avait celles du cœur et celles du corps. Abigail portait les deux à présent. Elle devait apprendre à vivre avec.
« Tu pleures à cause d'un chagrin d'amour... C'est cruel et douloureux, mais toujours préférable à ceux qui ne pleurent jamais parce qu'ils sont incapable d'aimer, crois moi.
Je cherchais un mouchoir à lui offrir dans la poche intérieure de ma veste.
« Adora et toi vous quittez pour votre bien à toutes les deux. C'est aussi un acte d'amour. Dis toi cela. Tu seras toujours aimée.
Ça faisait mal, mais probablement pas aussi mal que si sa chère et tendre l'avait placé face à l'évidence d'un amour qui n'existe plus. Laissant échapper un soupir silencieux, mon regard se promena un moment au hasard dans la pièce, jusqu'à se poser sur la baguette de la jeune femme qui reposait sur une étagère non loin. Je me levais alors et la pris dans mes mains, faisant mine de l'inspecter.
« C'est quoi le problème avec ta baguette ?
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Ven 7 Sep 2018 - 17:16
Même si j'essayais de garder contenance et de calmer mes sanglots, j'appréciais la proximité que m'offrait Thomas. J'avais besoin d'une épaule sur laquelle m'effondrer, ce que je faisais. Toutefois, je me retenais encore beaucoup, guidée encore et toujours par ma timidité. Je ne voulais être un fardeau pour personne, la preuve avec ma rupture avec Adoración, néanmoins, même au bord du gouffre, je ne voulais pas être un poids pour le dhampire non plus alors j'essayais le plus souvent de me redresser pour paraître courageuse. J'y arrivais, un peu.
Mais lorsqu'il m'interrompait d'une voix autoritaire mais ferme et passait à nouveau son bras autour de mes épaules, je réussissais à poser ma tête au creux de son cou sans pleurer à nouveau. Je tremblotais et je sentais la boule dans ma gorge toujours aussi incendiaire, mais au moins, je réussissais à retenir mes larmes. Il avait raison, je ne devais pas me dévaloriser, ce n'était pas mon genre, pourtant, je ne voyais pas comment expliquer la situation différemment. Je ne me sentais plus capable de rien, la preuve avec l'état de mon intérieur qui ressemblait davantage à un dépotoir d'une adolescente que l'appartement d'une jeune fille passionnée de dragon.
Et la fatalité voulait que mon ami ait raison sur toute la ligne. Nous nous étions séparées parce que nous nous aimions, aucune des deux n'avaient été égoïstes. Nous avions partagés nos doutes et nos craintes et nos objectifs respectifs. Nous nous aimions tellement qu'il n'y avait que cette issue de possible. Par amour. Maintenant que j'avais à nouveau les idées en place, je m'en souvenais de manière bien plus logique que lors de mes explications. Pourtant, je me redressais, quittant à nouveau l'épaule du dhampire pour laisser à nouveau quelques larmes couler en silence le long de mes joues, sans toutefois provoquer une nouvelle crise. Je ne répondais rien, ou simplement en hochant légèrement du menton. Je savais que parler allait à nouveau provoquer la machine infernale. Je serai toujours aimée… mais Adoración aussi le sera toujours. Je m'en voulais, terriblement de ne pas avoir pu être à la hauteur… mais c'était une maigre consolation. Je gardais le silence un instant, le temps d'être certaine de ne pas à nouveau retomber dans les pleurs, je déglutissais douloureusement et venait essuyer une joue d'un revers de la main.
- Ce que je regrette surtout… tu vois… elle n'a pas eu de chance… le père de son fils semblait être un vrai con, je ne parle pas de son mariage foireux… et maintenant moi… Elle ne fait que souffrir en amour alors que je m'étais promis de la rendre heureuse, qu'elle n'ait plus à vivre ça… et j'en ai été incapable…
Ma voix s'étouffait à la fin de mes explications et je venais presser mon index et mon majeur sur mes paupières pour m'empêcher de pleurer à nouveau. Je restais ainsi immobile pendant plusieurs secondes avant de relever le visage en me secouant légèrement tout en clignant frénétiquement, toujours dans le but de lutter contre ce mal qui me rongeait de l'intérieur.
- Je suis incapable de rendre heureux qui que ce soit. Je ne réussis qu'à m'occuper de moi depuis que je suis gamine à cause de ma timidité. Je suis vraiment nulle en relation, capable de rien…
Me pliant en deux, je venais poser mon menton sur mes genoux remontés contre moi et je poussais un long soupir, réussissant à reprendre le contrôle de mes sanglots, pour le moment. Mon regard plongé dans le vide, je regardais sans grand intérêt les pancakes que Thomas m'avait préparé ainsi que la tasse de thé posée juste à côté. Tiens… ça sentait bon en fait…
À sa question, mes yeux foncés se redressèrent sur mon invité et ma baguette entre ses mains. Je répondais simplement, comme si c'était une évidence, sortant un bras de mon plaid , révélant une nouvelle fois mes grandes cicatrices. Je me penchais pour attraper la petite fourchette dans le but de découper un petit morceau de pancake. Au moins, il fallait goûter, c'était la moindre des politesses.
- Il y a un poil de loup-garou à l'intérieur…
Mais lorsqu'il m'interrompait d'une voix autoritaire mais ferme et passait à nouveau son bras autour de mes épaules, je réussissais à poser ma tête au creux de son cou sans pleurer à nouveau. Je tremblotais et je sentais la boule dans ma gorge toujours aussi incendiaire, mais au moins, je réussissais à retenir mes larmes. Il avait raison, je ne devais pas me dévaloriser, ce n'était pas mon genre, pourtant, je ne voyais pas comment expliquer la situation différemment. Je ne me sentais plus capable de rien, la preuve avec l'état de mon intérieur qui ressemblait davantage à un dépotoir d'une adolescente que l'appartement d'une jeune fille passionnée de dragon.
Et la fatalité voulait que mon ami ait raison sur toute la ligne. Nous nous étions séparées parce que nous nous aimions, aucune des deux n'avaient été égoïstes. Nous avions partagés nos doutes et nos craintes et nos objectifs respectifs. Nous nous aimions tellement qu'il n'y avait que cette issue de possible. Par amour. Maintenant que j'avais à nouveau les idées en place, je m'en souvenais de manière bien plus logique que lors de mes explications. Pourtant, je me redressais, quittant à nouveau l'épaule du dhampire pour laisser à nouveau quelques larmes couler en silence le long de mes joues, sans toutefois provoquer une nouvelle crise. Je ne répondais rien, ou simplement en hochant légèrement du menton. Je savais que parler allait à nouveau provoquer la machine infernale. Je serai toujours aimée… mais Adoración aussi le sera toujours. Je m'en voulais, terriblement de ne pas avoir pu être à la hauteur… mais c'était une maigre consolation. Je gardais le silence un instant, le temps d'être certaine de ne pas à nouveau retomber dans les pleurs, je déglutissais douloureusement et venait essuyer une joue d'un revers de la main.
- Ce que je regrette surtout… tu vois… elle n'a pas eu de chance… le père de son fils semblait être un vrai con, je ne parle pas de son mariage foireux… et maintenant moi… Elle ne fait que souffrir en amour alors que je m'étais promis de la rendre heureuse, qu'elle n'ait plus à vivre ça… et j'en ai été incapable…
Ma voix s'étouffait à la fin de mes explications et je venais presser mon index et mon majeur sur mes paupières pour m'empêcher de pleurer à nouveau. Je restais ainsi immobile pendant plusieurs secondes avant de relever le visage en me secouant légèrement tout en clignant frénétiquement, toujours dans le but de lutter contre ce mal qui me rongeait de l'intérieur.
- Je suis incapable de rendre heureux qui que ce soit. Je ne réussis qu'à m'occuper de moi depuis que je suis gamine à cause de ma timidité. Je suis vraiment nulle en relation, capable de rien…
Me pliant en deux, je venais poser mon menton sur mes genoux remontés contre moi et je poussais un long soupir, réussissant à reprendre le contrôle de mes sanglots, pour le moment. Mon regard plongé dans le vide, je regardais sans grand intérêt les pancakes que Thomas m'avait préparé ainsi que la tasse de thé posée juste à côté. Tiens… ça sentait bon en fait…
À sa question, mes yeux foncés se redressèrent sur mon invité et ma baguette entre ses mains. Je répondais simplement, comme si c'était une évidence, sortant un bras de mon plaid , révélant une nouvelle fois mes grandes cicatrices. Je me penchais pour attraper la petite fourchette dans le but de découper un petit morceau de pancake. Au moins, il fallait goûter, c'était la moindre des politesses.
- Il y a un poil de loup-garou à l'intérieur…
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Ven 7 Sep 2018 - 22:29
Adora avait eu l'occasion de me parler de son passé à plusieurs reprises. Je connaissait l'histoire autour de son premier mariage, celle de son fils et le reste. Évidemment, aux yeux d'une jeune femme comme Abigail, cela devait avoir l'air d'épreuves insurmontables... Mais Adora était une femme solide. Elle vivait ces épreuves avec sagesse et demeurait pragmatique quoi qu'il advienne. Cela pouvait paraître abstrait pour une oreille jeune, mais le temps et l'expérience changeait beaucoup la manière dont on vivait les épreuves de la vie. Si j'étais inquiet du bien être de ma collègue et amie, ce n'était que par bienveillance, mais je craignais bien davantage pour Abigail.
« Tu n'es pas responsable de son histoire, Abi. Lui dis-je avec bienveillance. Adora a pris des décisions très fortes étant jeune. C'est une époque qui l'a profondément marqué, mais c'est aussi grâce à cela qu'elle est devenu une femme forte et que vous avez pu vous rencontrer... Mais à la fin, il n'y a qu'elle que ça regarde.
A s'imaginer des responsabilités, Abigail transformait la rupture en échec personnel. C'était sans doute le pire qu'elle puisse faire. L'amour ne devait jamais se transformer en un genre de quête ou de devoir à accomplir. Il n'y avait rien de pire que d'essayer de soigner quelque chose dans sa relation... Cela dit, je savais bien que la jeune femme se laissait simplement aller à sa peine et que ce genre de pensées ne venaient qu'en réaction à celle-ci. Elle voulait donner du sens à une issue bien pragmatique que ses sentiments n'avaient pas envie de comprendre.
« Tu n'es pas nulle, ni incapable. Pour une timide tu t'en sors même plutôt bien... J'esquissais un petit sourire tandis que mon regard détaillait le bois rosé de sa baguette magique. Moi, j'aurais jamais eu les couilles d'aborder ma prof.
C'est vrai que le séducteur que j'étais pouvait saluer la prouesse. Ce n'était déjà pas à la portée de tout le monde de se déclarer... Mais alors à sa professeure... Et sans connaître ses sentiments en retour : il fallait avoir de sacrés tripes.
« Je ne vais pas te faire l'inventaire de tout ce que tu as réussi à surmonter, madame « j'affronte des loup-garou et je négocie avec des centaures ».
Je sentais qu'elle reprenait peu à peu le contrôle sur ses émotions, alors une pointe d'humour ne me sembla pas inapproprié sur le moment. Cependant, comme la conversation en revenait à sa baguette magique, je me sentis traversé par un vent de perplexité.
« Depuis quand les poils agressent les gens Abi ?
Demandais-je à travers une question qui n'en était pas une. Je revenais m'asseoir près d'elle, la baguette en main. Cette histoire de poil tenait du symbole, je n'étais pas complètement idiot... Mais d'en arriver au point de ne plus oser la tenir, j'admettais avoir du mal à comprendre.
« Expecto patronum.
Un chat argenté jaillit du bout de la baguette de la jeune femme, pour s'en aller gambader joyeusement à travers tout l'appartement. Sa forme lumineuse apportait un peu de chaleur à cette terne atmosphère. Je reportais néanmoins mon attention sur la baguette et constata :
« Elle est moins vive que la mienne... ça fait drôle. Il faut dire que je suis au sycomore avec de la harpie. On ne fait pas plus rapide comme association.
Je tirais ma propre baguette de la poche intérieure de ma veste et la lui présenta, m'attendant à ce qu'elle m'imite en lançant un sortilège.
« Tu n'es pas responsable de son histoire, Abi. Lui dis-je avec bienveillance. Adora a pris des décisions très fortes étant jeune. C'est une époque qui l'a profondément marqué, mais c'est aussi grâce à cela qu'elle est devenu une femme forte et que vous avez pu vous rencontrer... Mais à la fin, il n'y a qu'elle que ça regarde.
A s'imaginer des responsabilités, Abigail transformait la rupture en échec personnel. C'était sans doute le pire qu'elle puisse faire. L'amour ne devait jamais se transformer en un genre de quête ou de devoir à accomplir. Il n'y avait rien de pire que d'essayer de soigner quelque chose dans sa relation... Cela dit, je savais bien que la jeune femme se laissait simplement aller à sa peine et que ce genre de pensées ne venaient qu'en réaction à celle-ci. Elle voulait donner du sens à une issue bien pragmatique que ses sentiments n'avaient pas envie de comprendre.
« Tu n'es pas nulle, ni incapable. Pour une timide tu t'en sors même plutôt bien... J'esquissais un petit sourire tandis que mon regard détaillait le bois rosé de sa baguette magique. Moi, j'aurais jamais eu les couilles d'aborder ma prof.
C'est vrai que le séducteur que j'étais pouvait saluer la prouesse. Ce n'était déjà pas à la portée de tout le monde de se déclarer... Mais alors à sa professeure... Et sans connaître ses sentiments en retour : il fallait avoir de sacrés tripes.
« Je ne vais pas te faire l'inventaire de tout ce que tu as réussi à surmonter, madame « j'affronte des loup-garou et je négocie avec des centaures ».
Je sentais qu'elle reprenait peu à peu le contrôle sur ses émotions, alors une pointe d'humour ne me sembla pas inapproprié sur le moment. Cependant, comme la conversation en revenait à sa baguette magique, je me sentis traversé par un vent de perplexité.
« Depuis quand les poils agressent les gens Abi ?
Demandais-je à travers une question qui n'en était pas une. Je revenais m'asseoir près d'elle, la baguette en main. Cette histoire de poil tenait du symbole, je n'étais pas complètement idiot... Mais d'en arriver au point de ne plus oser la tenir, j'admettais avoir du mal à comprendre.
« Expecto patronum.
Un chat argenté jaillit du bout de la baguette de la jeune femme, pour s'en aller gambader joyeusement à travers tout l'appartement. Sa forme lumineuse apportait un peu de chaleur à cette terne atmosphère. Je reportais néanmoins mon attention sur la baguette et constata :
« Elle est moins vive que la mienne... ça fait drôle. Il faut dire que je suis au sycomore avec de la harpie. On ne fait pas plus rapide comme association.
Je tirais ma propre baguette de la poche intérieure de ma veste et la lui présenta, m'attendant à ce qu'elle m'imite en lançant un sortilège.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Ven 7 Sep 2018 - 23:04
Je savais Adora forte, je la savais capable de surmonter bien des épreuves, je savais tout ce que me disait Thomas. Je me plaisais même à croire naïvement que j'en savais plus sur elle que lui. Mais au fond, plus je me projetais et plus je me voyais comme un fardeau aux côtés de la jeune femme, et cette rupture me paraissait une nouvelle fois évidente, mais pas pour les bonnes raisons. Elle m'aurait suggéré tout cela non pas pour que nous puissions avancer à nouveau, mais pour se débarrasser de moi. Après tout, je lui avais fait vivre un enfer la nuit avec mes terreurs et mes douleurs. Je n'avais pas été assez capable de prendre sur moi-même. Posant mon front sur mes genoux, je me recroquevillais à nouveau, parcourue de soubresauts de chagrin que j'essayais de contenir. C'était une véritable épreuve que je me devais d'accepter et de surmonter, mais c'était si pénible… mon esprit endolori partait dans tous les sens et je n'arrivais pas à le rassembler convenablement. Je ne doutais pas des sentiments de l'enseignante envers moi. Simplement de sa patience à me supporter.
- Si ça se trouve… je n'ai pas été à la hauteur pour elle… j'ai été lassante et pas assez mature…
J'avais pourtant fait tout ce qui avait été en ma possession pour être ce que j'avais toujours su être d'ordinaire : une femme prévoyante, sérieuse et calme. Thomas lui-même me connaissait sous ses traits. Malheureusement, avec Adoración j'avais toujours ce brin de nervosité qui me rendait maladroite, ou un peu idiote. Si c'était ce qui l'avait charmé au début, c'était peut-être ce qui l'avait agacé à la fin. Je n'en savais rien… mon esprit occultait tout le bon sens et surtout toute la longue et pénible conversation que j'avais eue avec elles. Tout ceci ne rentrait même pas en ligne de compte, je le savais, mais pourtant, je n'arrivais pas à entendre raison.
Je relevais toutefois le visage à la mention de ce courage que je croyais disparu et perdu à jamais. Un rapide sourire timide vint même se peindre sur mon visage pour disparaître aussitôt à la mention des centaures. Cette nuit que j'avais passée avec le concierge était un souvenir très fort et très plaisant. Vivre une telle aventure, ce n'était pas donné à tout le monde. Encore une fois, je venais essuyer mes joues à nouveau humide, inlassablement.
- Je n'ai pas réfléchis tu sais… j'ai agis, parce que…
Je m'interrompais sans réussir à trouver le bon terme. Parce que quoi ? J'étais euphorique ce jour-là ? Est-ce que c'était une excuse ?
- Parce que j'étais amoureuse… je … suis amoureuse…
Glissant ma main dans mes cheveux, je venais nerveusement me les attraper pour les serrer, me mordant la lèvre inférieure. Ça devenait pénible pour moi de lutter sans arrêt, je préférerai continuer à pleurer, comme je le faisais depuis des jours, ça semblait être le plus simple… pourtant, c'était tout aussi épuisant que d'essayer de garder contenance et de vouloir surmonter ce mal. Et je ne fis qu'enfoncer ma tête dans mes épaules à sa remarque concernant le poil. Il me fallut plusieurs secondes pour répondre.
- Depuis quand la peur est-elle rationnelle ?
Je ne voyais pas bien ce que je pouvais dire d'autre… je savais que ma peur de ma baguette était infondée et idiote. J'avais la sensation de trahir ma plus fidèle amie, pourtant, c'était au-dessus de mes forces. J'arrivais de temps en temps à la porter dans mes vêtements, dans la poche prévue à cet effet, mais entre mes doigts, c'était comme un choc électrique, ou tenir une flamme entre les mains. À chaque fois j'avais la sensation de ne plus être seule et que j'allais me faire attaquer.
Avec courage, j'allais porter mon tout petit bout de pancake à mes lèvres quand le dhampire invoqua son patronus. Observant alors le chat argenté, je cessais tout mouvement, la fourchette en plein trajet entre l'assiette et ma bouche. Bien sûr, Thomas ne savait pas, et il n'avait pas fait exprès… mais ce sortilège me renvoyait tous mes échecs dans la figure. Je n'avais pas de patronus, et je n'avais pas réussi à lui faire prendre forme avec Adora car aucun souvenir heureux n'avait été assez fort… Je pensais que le souvenir de notre premier baiser à Sainte Mangouste suffirait, mais hélas je n'avais pas eu l'occasion de tester à nouveau. Et cet instant, aussi merveilleux soit-il, était devenu un véritable poison à mon cœur. Comme dégoûtée, je reposais ma part de pancake en croisant les bras sur mon ventre sous mon plaid et je détournais le visage du patronus et de Thomas, pleurant cette fois en silence.
J'étais une bonne à rien.
Écoutant ce qu'il disait à propos de ma baguette, je lui aurai bien répondu, j'aurai bien poursuivi la conversation. Mais je m'étais repliée malgré moi, comme une huitre, et je redevenais cette Abigail qu'il avait connu dans cette salle de cours servant de dépôt, timide et ne parlant que très peu, recroquevillée comme si j'avais peur qu'il me mange. Je n'étais pas vexée, je n'étais pas en colère.
J'étais dépassée.
Et, j'étais bonne à rien.
- Si ça se trouve… je n'ai pas été à la hauteur pour elle… j'ai été lassante et pas assez mature…
J'avais pourtant fait tout ce qui avait été en ma possession pour être ce que j'avais toujours su être d'ordinaire : une femme prévoyante, sérieuse et calme. Thomas lui-même me connaissait sous ses traits. Malheureusement, avec Adoración j'avais toujours ce brin de nervosité qui me rendait maladroite, ou un peu idiote. Si c'était ce qui l'avait charmé au début, c'était peut-être ce qui l'avait agacé à la fin. Je n'en savais rien… mon esprit occultait tout le bon sens et surtout toute la longue et pénible conversation que j'avais eue avec elles. Tout ceci ne rentrait même pas en ligne de compte, je le savais, mais pourtant, je n'arrivais pas à entendre raison.
Je relevais toutefois le visage à la mention de ce courage que je croyais disparu et perdu à jamais. Un rapide sourire timide vint même se peindre sur mon visage pour disparaître aussitôt à la mention des centaures. Cette nuit que j'avais passée avec le concierge était un souvenir très fort et très plaisant. Vivre une telle aventure, ce n'était pas donné à tout le monde. Encore une fois, je venais essuyer mes joues à nouveau humide, inlassablement.
- Je n'ai pas réfléchis tu sais… j'ai agis, parce que…
Je m'interrompais sans réussir à trouver le bon terme. Parce que quoi ? J'étais euphorique ce jour-là ? Est-ce que c'était une excuse ?
- Parce que j'étais amoureuse… je … suis amoureuse…
Glissant ma main dans mes cheveux, je venais nerveusement me les attraper pour les serrer, me mordant la lèvre inférieure. Ça devenait pénible pour moi de lutter sans arrêt, je préférerai continuer à pleurer, comme je le faisais depuis des jours, ça semblait être le plus simple… pourtant, c'était tout aussi épuisant que d'essayer de garder contenance et de vouloir surmonter ce mal. Et je ne fis qu'enfoncer ma tête dans mes épaules à sa remarque concernant le poil. Il me fallut plusieurs secondes pour répondre.
- Depuis quand la peur est-elle rationnelle ?
Je ne voyais pas bien ce que je pouvais dire d'autre… je savais que ma peur de ma baguette était infondée et idiote. J'avais la sensation de trahir ma plus fidèle amie, pourtant, c'était au-dessus de mes forces. J'arrivais de temps en temps à la porter dans mes vêtements, dans la poche prévue à cet effet, mais entre mes doigts, c'était comme un choc électrique, ou tenir une flamme entre les mains. À chaque fois j'avais la sensation de ne plus être seule et que j'allais me faire attaquer.
Avec courage, j'allais porter mon tout petit bout de pancake à mes lèvres quand le dhampire invoqua son patronus. Observant alors le chat argenté, je cessais tout mouvement, la fourchette en plein trajet entre l'assiette et ma bouche. Bien sûr, Thomas ne savait pas, et il n'avait pas fait exprès… mais ce sortilège me renvoyait tous mes échecs dans la figure. Je n'avais pas de patronus, et je n'avais pas réussi à lui faire prendre forme avec Adora car aucun souvenir heureux n'avait été assez fort… Je pensais que le souvenir de notre premier baiser à Sainte Mangouste suffirait, mais hélas je n'avais pas eu l'occasion de tester à nouveau. Et cet instant, aussi merveilleux soit-il, était devenu un véritable poison à mon cœur. Comme dégoûtée, je reposais ma part de pancake en croisant les bras sur mon ventre sous mon plaid et je détournais le visage du patronus et de Thomas, pleurant cette fois en silence.
J'étais une bonne à rien.
Écoutant ce qu'il disait à propos de ma baguette, je lui aurai bien répondu, j'aurai bien poursuivi la conversation. Mais je m'étais repliée malgré moi, comme une huitre, et je redevenais cette Abigail qu'il avait connu dans cette salle de cours servant de dépôt, timide et ne parlant que très peu, recroquevillée comme si j'avais peur qu'il me mange. Je n'étais pas vexée, je n'étais pas en colère.
J'étais dépassée.
Et, j'étais bonne à rien.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Lun 10 Sep 2018 - 18:19
Je m'abstins de commenter les remarques successives d'Abigail concernant le fait d'être à la hauteur ou assez mature. Ce genre de raisonnement ne menait à rien. Dans une relation, il ne devait jamais être question de remise en question profonde de sa personnalité. On pouvait bien faire des petits ajustements sur des détails, de sorte à ménager la sensibilité de l'autre, mais à partir du moment où l'on se mettait en tête de changer radicalement pour les beaux yeux de l'être aimé, c'est qu'il y avait un problème de fond.
Cela dit, je savais qu'Abigail disait cela uniquement sous le coup de l'émotion. Elle était toujours en train de vouloir expliquer le pourquoi du comment et de préférence en se faisant du mal. Donc bon... Rien de porteur ni de légitime à apporter au débat, selon moi. Je n'allais pas passer l'après midi à la persuader du fait qu'elle n'y était probablement pour rien (elle le comprendrait très bien toute seule une fois que ses émotions se seront apaisées).
« C'est pas anodin la différence d'âge. Constatais-je simplement. Mais quand tu sors avec une petite jeune, tu sais dans quoi tu t'engages.
Une fois de plus, j'essayais de lui faire comprendre le fait qu'elle ne devait pas dédaigner à Adora la responsabilité de ce qui s'était passé dans leur relation. Cette dernière n'avait pas trouvé Abigail dans un carton devant sa porte un beau matin : elle avait eu le loisir d'apprendre à la connaître suffisamment en amont pour savoir dans quoi elle s'engageait... J'imagine que sa jeunesse lui plaisait bien (autrement elle n'aurait pas répondu à ses avances)... Pour être moi même amateur de jeunes femmes, ce constat me paraissait évident.
« Avant que vous ne vous mettiez ensemble, on en a parlé tous les deux. Fis-je. Je peux t'assurer qu'elle a longuement pesé le pour et le contre avant de prendre sa décision.
Peut-être qu'Abigail avait l'impression qu'Adora avait décidé de vivre sa vie pleinement, histoire de ne pas reproduire les erreurs du passé et éprouver des regrets. C'était effectivement vrai, pour autant la décision n'avait rien d'irréfléchie. La professeure de sortilège demeurait une femme sage et pondérée. Elle n'agissait pas sur un coup de tête, ni ne se lançait à corps perdu dans des histoires romantiques pour le plaisir de célébrer la beauté de la chose... Surtout pour des sujets aussi importants.
Enfin bref...
Pour l'heure, j'étais plutôt intrigué par cette histoire de baguette magique. La réponse d'Abigail ne m'éclairait pas des masses sur le sujet. Très bien, la peur est irrationnelle... Mais pourquoi sa baguette magique ? Je trouvais ça quand même un peu étrange. Elle devait bien se dire quelque chose au moment d'envisager de la prendre en main, non ? Est-ce qu'elle craignait que ça la rapproche de la malédiction, ou quelque chose comme ça ? Je n'en avais pas la moindre idée.
« Si ça te pose un problème, tu peux toujours en acheter une nouvelle. Je sais qu'on est tous attaché à nos baguette, surtout quand c'est la première, mais bon...
Se priver de magie deviendrait bientôt vraiment handicapant pour elle : la rentrée approchait à grand pas. Il lui faudrait une baguette pour pouvoir suivre les cours... Je ne voyais pas comment elle pourrait s'en passer.
Cela dit, je constatais bientôt l'attitude repliée de la jeune femme. J'ignorais ce que j'avais bien pu dire ou faire pour la perturber de la sorte, mais il était évident que quelque chose était mal passé. Il y a quelques minutes encore, nous discutions normalement et là...
« Qu'est-ce qu'il y a Abi ? Demandais-je, avant de faire disparaître mon patronus d'un geste. Tu es encore en train de ressasser ?
Cela dit, je savais qu'Abigail disait cela uniquement sous le coup de l'émotion. Elle était toujours en train de vouloir expliquer le pourquoi du comment et de préférence en se faisant du mal. Donc bon... Rien de porteur ni de légitime à apporter au débat, selon moi. Je n'allais pas passer l'après midi à la persuader du fait qu'elle n'y était probablement pour rien (elle le comprendrait très bien toute seule une fois que ses émotions se seront apaisées).
« C'est pas anodin la différence d'âge. Constatais-je simplement. Mais quand tu sors avec une petite jeune, tu sais dans quoi tu t'engages.
Une fois de plus, j'essayais de lui faire comprendre le fait qu'elle ne devait pas dédaigner à Adora la responsabilité de ce qui s'était passé dans leur relation. Cette dernière n'avait pas trouvé Abigail dans un carton devant sa porte un beau matin : elle avait eu le loisir d'apprendre à la connaître suffisamment en amont pour savoir dans quoi elle s'engageait... J'imagine que sa jeunesse lui plaisait bien (autrement elle n'aurait pas répondu à ses avances)... Pour être moi même amateur de jeunes femmes, ce constat me paraissait évident.
« Avant que vous ne vous mettiez ensemble, on en a parlé tous les deux. Fis-je. Je peux t'assurer qu'elle a longuement pesé le pour et le contre avant de prendre sa décision.
Peut-être qu'Abigail avait l'impression qu'Adora avait décidé de vivre sa vie pleinement, histoire de ne pas reproduire les erreurs du passé et éprouver des regrets. C'était effectivement vrai, pour autant la décision n'avait rien d'irréfléchie. La professeure de sortilège demeurait une femme sage et pondérée. Elle n'agissait pas sur un coup de tête, ni ne se lançait à corps perdu dans des histoires romantiques pour le plaisir de célébrer la beauté de la chose... Surtout pour des sujets aussi importants.
Enfin bref...
Pour l'heure, j'étais plutôt intrigué par cette histoire de baguette magique. La réponse d'Abigail ne m'éclairait pas des masses sur le sujet. Très bien, la peur est irrationnelle... Mais pourquoi sa baguette magique ? Je trouvais ça quand même un peu étrange. Elle devait bien se dire quelque chose au moment d'envisager de la prendre en main, non ? Est-ce qu'elle craignait que ça la rapproche de la malédiction, ou quelque chose comme ça ? Je n'en avais pas la moindre idée.
« Si ça te pose un problème, tu peux toujours en acheter une nouvelle. Je sais qu'on est tous attaché à nos baguette, surtout quand c'est la première, mais bon...
Se priver de magie deviendrait bientôt vraiment handicapant pour elle : la rentrée approchait à grand pas. Il lui faudrait une baguette pour pouvoir suivre les cours... Je ne voyais pas comment elle pourrait s'en passer.
Cela dit, je constatais bientôt l'attitude repliée de la jeune femme. J'ignorais ce que j'avais bien pu dire ou faire pour la perturber de la sorte, mais il était évident que quelque chose était mal passé. Il y a quelques minutes encore, nous discutions normalement et là...
« Qu'est-ce qu'il y a Abi ? Demandais-je, avant de faire disparaître mon patronus d'un geste. Tu es encore en train de ressasser ?
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mar 11 Sep 2018 - 8:54
Je restais muette à tout le discours de mon ami concernant ma bien-aimée, et même ma baguette. Ses paroles m'allaient droit au cœur et réussissaient à me rassurer. Je retrouvais enfin un peu de cette contenance qui me manquait tant. Le fait qu'Adoración ait parlé de ses sentiments à Thomas avant de venir me voir avait quelque chose qui me rassérénais. Pourtant, je ne doutais pas des sentiments qu'elle pouvait avoir à mon égard. Je ne pouvais pas croire qu'une personne puisse à ce point simuler l'amour. Bien sûr, tout était possible et il y avait des psychopathes partout sur terre, mais ma très chère Adora n'en faisait pas partie. Je réussissais enfin à essuyer mes larmes et ne plus les laisser couler alors que j'avais la tête détournée de mon Gardien et de son patronus.
J'arrivais à retrouver mes esprits, comme on arrivait à rassembler les pièces dispersées d'un grand puzzle, ou qu'on arrivait à recoller les morceaux d'un verre brisé. Il y avait toujours les stries entre les fragments, et ça serait toujours visible, mais au moins, ce n'était plus séparé.
Sans répondre immédiatement, je m'extrayais de mon plaid pour me relever et marcher en silence et mollement jusqu'à ma cuisine. J'en sortais un verre pour le remplir d'eau et le boire d'une traite. Je le remplissais ensuite une seconde fois et le posais. J'en sortais un second que je remplissais aussi, puis je revenais au salon, les mains chargées des deux verres. Je posais l'un d'eux sur la table, à l'attention du dhampire, avant de reprendre place sur mon canapé, sans pour autant me recouvrir du plaid. Ainsi, je laissais mon invité avoir tout le loisir d'observer les stigmates de mon accident.
Les yeux d'abord baissé sur l'eau transparente dans mon verre, je les relevais avec une détermination pouvant paraître étrange alors que tantôt j'avais été abattue. Ma voix tremblait encore de la tristesse qui ne restait pas bien loin, et qui le restera sans doute à jamais.
- Je le promets Thomas… lorsque j'aurai terminé mes études, que j'aurai mes D.E.F.I.S en main… je partirai à sa recherche, je la retrouverai... Ça n'aura été qu'une parenthèse de 2 ans dans notre relation. Je jure que je le ferai.
Abandonner n'était pas forcément dans mon vocabulaire, Thomas le savait puisque nous avions négocié avec des centaures et que j'avais pris mon courage à deux mains pour leur faire face. De la même manière, tourner le dos à ma relation n'était pas envisageable. J'aimais Adoración de toute mon âme, il fallait être idiot pour ne pas s'en douter, et j'étais du genre à tenir mes promesses. J'ignorais encore si ça allait être une décision judicieuse, mais je n'avais pas envie de le savoir ou d'être raisonnée, à quoi est-ce que ça allait servir ?
Je voulais la revoir, pouvoir lui reparler, la toucher à nouveau. Et de toute façon pourquoi ne serait-ce pas une bonne idée ? Nous nous étions séparées pour bien des points, qui seront réglés d'ici deux ans. Qui plus est, je restais la Abigail timide et invisible aux yeux du monde, pourquoi est-ce que ça changerait ? J'avais vécu plus de vingt ans dans l'ombre, qu'est-ce que c'était deux ans à côté de cela ?
Ainsi oui, je me faisais la promesse qu'une fois nos soucis réglés, et moi devenue plus mature, j'irais la retrouver. J'irai la rejoindre pour l'embrasser à nouveau, pouvoir encore la serrer contre moi et lui dire combien j'étais désolée, à quel point elle m'avait manqué.
J'étais confiante en l'avenir, je n'allais pas pouvoir retomber amoureuse de sitôt, pas avec une telle blessure. De toute façon, qui accepterait de partager la vie d'une personne déjà amoureuse ? Ça n'avait pas de sens.
Trempant mes lèvres dans l'eau pour reprendre une gorgée, je répondais avec la même détermination en ce qui concernait ma baguette. Ma baguette, c'était ma baguette, et en changer sans la moindre considération était un acte sorcier odieux. Surtout que la mienne m'était restée fidèle.
- Quelle genre de sorcière serai-je en la remplaçant de la sorte ? Non… je dois lutter contre mes craintes. En changer, c'est trop simple. Depuis quand dans la vie nous pouvons effacer ce qui nous arrange pour les remplacer sans le moindre état d'âme ?
Je parlais presque de ma baguette comme s'il s'agissait d'un être vivant et doué d'intelligence, et c'était bien parce que j'étais profondément persuadée que c'était le cas. La baguette choisi son sorcier, et certaines avaient de la volonté et se manifestaient par bien des manières. Pour moi, ça allait au-delà de la magie. Je voulais faire face à mes problèmes, je voulais les combattre, et ça allait passer par la reprise de ma baguette et de mes pouvoirs magiques.
Puis, perdant de cette assurance, je me remettais à fondre sur mon canapé en remuant un peu les épaules comme si les cicatrices s'étaient réveillées et me faisaient souffrir. Je reposais mon verre à côté de mes pancakes et de mon thé. D'un geste nerveux, je revins m'entourer de mon plaid sans pour autant m'emballer dedans comme précédemment. Il me fallait du courage pour tout avouer… mais n'était-ce pas le début de mon exorcisme ?
- Je ressasse sans arrêt… Par exemple, je n'ai pas de Patronus, j'étais absente durant ces cours à Poudlard…
Je marquais un petit temps d'arrêt tandis que je sentais ma gorge se nouer encore une fois, pourtant, retenir mes larmes n'étaient plus aussi difficile et douloureux.
- Adora m'aidait à rattraper mon retard, mais je n'ai jamais réussi à lui faire prendre forme.
Les souvenirs de ces cours particuliers qui nous avaient indéniablement rapprochées me sautèrent au visage, mais je réussissais à en sourire doucement, et non pas à les voir comme douloureux. La perspective de retrouver la femme de ma vie à la fin de mes études me redonnait peut-être le courage dont j'avais besoin.
- Il faut croire que je suis dénuée de souvenir heureux assez fort…
J'arrivais à retrouver mes esprits, comme on arrivait à rassembler les pièces dispersées d'un grand puzzle, ou qu'on arrivait à recoller les morceaux d'un verre brisé. Il y avait toujours les stries entre les fragments, et ça serait toujours visible, mais au moins, ce n'était plus séparé.
Sans répondre immédiatement, je m'extrayais de mon plaid pour me relever et marcher en silence et mollement jusqu'à ma cuisine. J'en sortais un verre pour le remplir d'eau et le boire d'une traite. Je le remplissais ensuite une seconde fois et le posais. J'en sortais un second que je remplissais aussi, puis je revenais au salon, les mains chargées des deux verres. Je posais l'un d'eux sur la table, à l'attention du dhampire, avant de reprendre place sur mon canapé, sans pour autant me recouvrir du plaid. Ainsi, je laissais mon invité avoir tout le loisir d'observer les stigmates de mon accident.
Les yeux d'abord baissé sur l'eau transparente dans mon verre, je les relevais avec une détermination pouvant paraître étrange alors que tantôt j'avais été abattue. Ma voix tremblait encore de la tristesse qui ne restait pas bien loin, et qui le restera sans doute à jamais.
- Je le promets Thomas… lorsque j'aurai terminé mes études, que j'aurai mes D.E.F.I.S en main… je partirai à sa recherche, je la retrouverai... Ça n'aura été qu'une parenthèse de 2 ans dans notre relation. Je jure que je le ferai.
Abandonner n'était pas forcément dans mon vocabulaire, Thomas le savait puisque nous avions négocié avec des centaures et que j'avais pris mon courage à deux mains pour leur faire face. De la même manière, tourner le dos à ma relation n'était pas envisageable. J'aimais Adoración de toute mon âme, il fallait être idiot pour ne pas s'en douter, et j'étais du genre à tenir mes promesses. J'ignorais encore si ça allait être une décision judicieuse, mais je n'avais pas envie de le savoir ou d'être raisonnée, à quoi est-ce que ça allait servir ?
Je voulais la revoir, pouvoir lui reparler, la toucher à nouveau. Et de toute façon pourquoi ne serait-ce pas une bonne idée ? Nous nous étions séparées pour bien des points, qui seront réglés d'ici deux ans. Qui plus est, je restais la Abigail timide et invisible aux yeux du monde, pourquoi est-ce que ça changerait ? J'avais vécu plus de vingt ans dans l'ombre, qu'est-ce que c'était deux ans à côté de cela ?
Ainsi oui, je me faisais la promesse qu'une fois nos soucis réglés, et moi devenue plus mature, j'irais la retrouver. J'irai la rejoindre pour l'embrasser à nouveau, pouvoir encore la serrer contre moi et lui dire combien j'étais désolée, à quel point elle m'avait manqué.
J'étais confiante en l'avenir, je n'allais pas pouvoir retomber amoureuse de sitôt, pas avec une telle blessure. De toute façon, qui accepterait de partager la vie d'une personne déjà amoureuse ? Ça n'avait pas de sens.
Trempant mes lèvres dans l'eau pour reprendre une gorgée, je répondais avec la même détermination en ce qui concernait ma baguette. Ma baguette, c'était ma baguette, et en changer sans la moindre considération était un acte sorcier odieux. Surtout que la mienne m'était restée fidèle.
- Quelle genre de sorcière serai-je en la remplaçant de la sorte ? Non… je dois lutter contre mes craintes. En changer, c'est trop simple. Depuis quand dans la vie nous pouvons effacer ce qui nous arrange pour les remplacer sans le moindre état d'âme ?
Je parlais presque de ma baguette comme s'il s'agissait d'un être vivant et doué d'intelligence, et c'était bien parce que j'étais profondément persuadée que c'était le cas. La baguette choisi son sorcier, et certaines avaient de la volonté et se manifestaient par bien des manières. Pour moi, ça allait au-delà de la magie. Je voulais faire face à mes problèmes, je voulais les combattre, et ça allait passer par la reprise de ma baguette et de mes pouvoirs magiques.
Puis, perdant de cette assurance, je me remettais à fondre sur mon canapé en remuant un peu les épaules comme si les cicatrices s'étaient réveillées et me faisaient souffrir. Je reposais mon verre à côté de mes pancakes et de mon thé. D'un geste nerveux, je revins m'entourer de mon plaid sans pour autant m'emballer dedans comme précédemment. Il me fallait du courage pour tout avouer… mais n'était-ce pas le début de mon exorcisme ?
- Je ressasse sans arrêt… Par exemple, je n'ai pas de Patronus, j'étais absente durant ces cours à Poudlard…
Je marquais un petit temps d'arrêt tandis que je sentais ma gorge se nouer encore une fois, pourtant, retenir mes larmes n'étaient plus aussi difficile et douloureux.
- Adora m'aidait à rattraper mon retard, mais je n'ai jamais réussi à lui faire prendre forme.
Les souvenirs de ces cours particuliers qui nous avaient indéniablement rapprochées me sautèrent au visage, mais je réussissais à en sourire doucement, et non pas à les voir comme douloureux. La perspective de retrouver la femme de ma vie à la fin de mes études me redonnait peut-être le courage dont j'avais besoin.
- Il faut croire que je suis dénuée de souvenir heureux assez fort…
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mar 11 Sep 2018 - 13:16
Abigail s'était relevée avec une détermination nouvelle. J'ignorais quel genre de raisonnement elle s'était fait pour en arriver là, mais de le constater me fit plaisir. Qu'elle parvienne à se restructurer un peu était positif (ou, en tout cas, c'était un bon début), même si je me doutais qu'elle passerait sans doute encore de longs moments à pleurer la perte d'Adora, de manifester un élan de volonté allait dans le bon sens. J’acquiesçais donc simplement après sa promesse, tout en me disant qu'en deux ans elle aurait le temps de passer à autre chose et de connaître de nouvelles personnes (et pourquoi pas rencontrer quelqu'un). Dans tous les cas, ce serait l'occasion de mûrir.
Concernant la baguette, Abigail semblait déterminée à ne pas en changer. Personnellement, je n'avais pas d'avis là dessus. Je ne voyais aucun inconvénient à ce que l'on se dispense de souffrances inutiles quand on en avait la possibilité. Cela dit, j'imagine que de s'obliger à affronter ses peurs était le luxe de ceux qui ne sont pas souvent accablés par le sort. Abigail avait affronté une épreuve difficile et violente dernièrement, à présent, elle souhaitait en sortir par la grande porte : très bien, pourquoi pas. Cela dit, il allait falloir qu'elle se remette en selle dans ce cas là... Et ça tombait bien, car j'étais dans les parages pour le lui rappeler.
« Dans ce cas je veux te voir la prendre aujourd'hui.
Fis-je simplement, le regard animé d'un air de défi, avant de poser sa baguette sur la table basse improvisée. Elle aurait peur, maintenant la peur qu'elle ressentait n'était pas réelle. Je pense qu'il n'y avait rien d'extravagant dans ma demande et il y avait même fort à parier qu'en dédramatisant assez la chose, ça ne serait plus aussi terrible qu'en premier lieu. Cette histoire de patronus était d'ailleurs une occasion parfaite de pratiquer.
« Le patronus est un sortilège difficile, c'est pas une nouvelle.
Fis-je, avant de prendre ma propre baguette magique en main. En effet, il était courant que des sorciers adultes ne sachent pas invoquer un patronus corporel. A Hungcalf, la chose était un peu plus rare car les étudiants avaient un niveau plus élevé que la moyenne, mais la société civile se composait surtout de personnes directement sorties de Poudlard (comme moi) pour qui l'invocation d'un patronus corporel demeurait une performance.
« Ce n'est pas juste une question de « souvenir suffisamment heureux ». Fis-je en mimant les guillemets. C'est comme pour le sortilège de désillusion, il faut aussi de la conviction et de la concentration.
Je me tournais légèrement vers elle pour expliquer.
« J'ai appris à faire un patronus corporel assez tôt et à une époque où j'étais plutôt nul en tout. Je peux t'assurer qu'à ce moment là, je n'avais pas spécialement connu le grand amour et mon quotidien se résumait surtout à des aller retour à l'infirmerie pour cause de baston. Donc enlève toi de la tête l'idée qu'il te faudrait nécessairement débloquer un souvenir ultime pour y arriver.
Dans mon cas, j'avais réussi à produire un patronus pour pouvoir montrer au monde que je valais quelque chose. J'avais travaillé comme un chien toutes les nuits pendant des semaines et ça n'avait pas été facile... Mais j'y étais quand même arrivé et c'est pourquoi j'étais intimement convaincu qu'Abigail pourrait y arriver aussi.
« Le souvenir doit te donner une force que tu vas transmettre au patronus au moment de l'invocation, pour qu'il puisse ensuite te servir de bouclier. Ce qui va compter, c'est l'intensité de ce sentiment positif. Le fait de penser à un souvenir particulièrement heureux est effectivement indispensable, mais il faut surtout que tu ressentes vraiment au fond de toi cette positivité. Donc... De la concentration. Il faut que tu mettes de côté le doute et tous les sentiments négatifs qui vont se mettre sur ton chemin. J'ajoutais d'un ton léger : Et je dis ça parce que mademoiselle a des problème de confiance en elle et que Thomas Cioban ne se trompe sans doute pas en disant que c'est peut-être à cause de ça qu'elle n'y arrive pas.
Je laissais échapper un petit ricanement (gentiment moqueur) avant de conclure.
« Et ne commence pas à te dire que tu es décidément trop nulle ou je ne sais pas quoi. Tout s'apprend, même la confiance en soi... Alors profite de l'occasion. Travailler sur du positif ça t'aiderait peut-être à te remettre les idées en place, tu ne crois pas ? Moi je te prends en duel quand tu veux.
Concernant la baguette, Abigail semblait déterminée à ne pas en changer. Personnellement, je n'avais pas d'avis là dessus. Je ne voyais aucun inconvénient à ce que l'on se dispense de souffrances inutiles quand on en avait la possibilité. Cela dit, j'imagine que de s'obliger à affronter ses peurs était le luxe de ceux qui ne sont pas souvent accablés par le sort. Abigail avait affronté une épreuve difficile et violente dernièrement, à présent, elle souhaitait en sortir par la grande porte : très bien, pourquoi pas. Cela dit, il allait falloir qu'elle se remette en selle dans ce cas là... Et ça tombait bien, car j'étais dans les parages pour le lui rappeler.
« Dans ce cas je veux te voir la prendre aujourd'hui.
Fis-je simplement, le regard animé d'un air de défi, avant de poser sa baguette sur la table basse improvisée. Elle aurait peur, maintenant la peur qu'elle ressentait n'était pas réelle. Je pense qu'il n'y avait rien d'extravagant dans ma demande et il y avait même fort à parier qu'en dédramatisant assez la chose, ça ne serait plus aussi terrible qu'en premier lieu. Cette histoire de patronus était d'ailleurs une occasion parfaite de pratiquer.
« Le patronus est un sortilège difficile, c'est pas une nouvelle.
Fis-je, avant de prendre ma propre baguette magique en main. En effet, il était courant que des sorciers adultes ne sachent pas invoquer un patronus corporel. A Hungcalf, la chose était un peu plus rare car les étudiants avaient un niveau plus élevé que la moyenne, mais la société civile se composait surtout de personnes directement sorties de Poudlard (comme moi) pour qui l'invocation d'un patronus corporel demeurait une performance.
« Ce n'est pas juste une question de « souvenir suffisamment heureux ». Fis-je en mimant les guillemets. C'est comme pour le sortilège de désillusion, il faut aussi de la conviction et de la concentration.
Je me tournais légèrement vers elle pour expliquer.
« J'ai appris à faire un patronus corporel assez tôt et à une époque où j'étais plutôt nul en tout. Je peux t'assurer qu'à ce moment là, je n'avais pas spécialement connu le grand amour et mon quotidien se résumait surtout à des aller retour à l'infirmerie pour cause de baston. Donc enlève toi de la tête l'idée qu'il te faudrait nécessairement débloquer un souvenir ultime pour y arriver.
Dans mon cas, j'avais réussi à produire un patronus pour pouvoir montrer au monde que je valais quelque chose. J'avais travaillé comme un chien toutes les nuits pendant des semaines et ça n'avait pas été facile... Mais j'y étais quand même arrivé et c'est pourquoi j'étais intimement convaincu qu'Abigail pourrait y arriver aussi.
« Le souvenir doit te donner une force que tu vas transmettre au patronus au moment de l'invocation, pour qu'il puisse ensuite te servir de bouclier. Ce qui va compter, c'est l'intensité de ce sentiment positif. Le fait de penser à un souvenir particulièrement heureux est effectivement indispensable, mais il faut surtout que tu ressentes vraiment au fond de toi cette positivité. Donc... De la concentration. Il faut que tu mettes de côté le doute et tous les sentiments négatifs qui vont se mettre sur ton chemin. J'ajoutais d'un ton léger : Et je dis ça parce que mademoiselle a des problème de confiance en elle et que Thomas Cioban ne se trompe sans doute pas en disant que c'est peut-être à cause de ça qu'elle n'y arrive pas.
Je laissais échapper un petit ricanement (gentiment moqueur) avant de conclure.
« Et ne commence pas à te dire que tu es décidément trop nulle ou je ne sais pas quoi. Tout s'apprend, même la confiance en soi... Alors profite de l'occasion. Travailler sur du positif ça t'aiderait peut-être à te remettre les idées en place, tu ne crois pas ? Moi je te prends en duel quand tu veux.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mar 11 Sep 2018 - 17:01
Le silence dont faisait preuve le dhampire était assez éloquent sur le fond de sa pensée. J’aurai presque pu m’en vexer. Que croyait-il ? Que ce n’était qu’une amourette de passage ? Certes, en deux ans il pouvait arriver beaucoup de chose. Mais pour ainsi dire, il ne m’était jamais rien arrivé en vingt-cinq ans… alors deux de plus ? Et même si je me doutais que le premier amour était toujours le plus marquant, j’en étais persuadée, je le savais au fond de moi, au fond de mes tripes… Adoración était la femme de ma vie, et même si, dans le scénario le plus improbable, je tombais amoureuse d’une autre personne, jamais cette personne prendrait la place d’Adora dans mon cœur. Jamais.
Mais le regard de défi que me lançais mon ami me fit légèrement tressaillir. Non pas de peur, mais d’une certaine forme de vie et d’envie. C’était un peu comme cette nuit que nous avions passé ensemble dans la forêt. Je savais que c’était cette facette de ma personnalité qu’il voulait retrouver aujourd’hui… mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Restant entourée de mon plaid comme s’il s’agissait d’un bouclier, je fixais longuement ma baguette alors que j’écoutais le cours accéléré dont j’avais le droit concernant les patronus. Ça ressemblait au discours que m’avait donné Adoración. Des flashs de ce moment me revinrent à l’esprit, juste derrière mes yeux grands ouverts. Je revoyais sa manière de manier sa baguette, ses sourires encourageant, son regard autoritaire me scrutant. J’en frissonnais de plaisir et d’amour alors que la voix de Thomas s’estompa à mes oreilles.
D’ordinaire, j’étais toujours une élève attentive, mais il m’arrivait d’avoir mes moments de faiblesse et d’égarement. Et ça avait été ce côté de moi qui avait interpellé le professeure de Sortilèges et qui l’avait poussé à me proposer des cours particuliers.
Sa présence me manquait… son odeur, sa douceur, sa voix… tout me manquait…
Mais le petit ricanement de mon invité m’arrachait à mes souvenirs. Je clignais des yeux alors que je revenais sur terre. Merde, qu’est-ce qu’il avait dit ?
Je lui souriais bêtement à sa taquinerie, enfin, s’en avait sans doute été une, essayant de reprendre la conversation au vol et de me remémorer ce qu’il essayait de m’enseigner. Merde, crotte, chiotte… en plus, c’était intéressant ! J’avais de réelles lacunes avec le patronus, ce n’était pas le moment de rêvasser.
À son envie de vouloir me faire positiver et éviter que je me dégrade, je fronçais les sourcils en hochant la tête, faussement concentrée, encore à moitié plongée dans ma mémoire.
- Heu oui oui bien sûr. Positiver.
Puis, je le fixais d’un air d’autoroute. Qui est-ce que ça surprendrait que je n’avais rien suivi ? Certainement pas Thomas qui me connaissait bien. Il m’avait aidé pour le sortilège de désillusion, il savait lorsque j’étais concentrée et déterminée, et lorsque j’étais perdue. Je me redressais alors comme un i sur mon canapé, sans me débarrasser de mon plaid.
- Ho heu… oui… un duel. Ok.
Sans la moindre hésitation, je me relevais alors, me débarrassant enfin de mon plaid, puis je fis face à mon ami en levant mes petits poings devant mon visage, comme si je m’apprêtais à le boxer… Okay, boire un verre, ou deux, de trop avec Sterenn, ça n’avait pas fait bon ménage dans mon cerveau. Réfléchissant à quoi dire pour dissiper mon malaise, je rétorquais, après avoir regardé à ma droite, puis à ma gauche, un peu confuse.
- En garde… Fils de vampire !
Mais le regard de défi que me lançais mon ami me fit légèrement tressaillir. Non pas de peur, mais d’une certaine forme de vie et d’envie. C’était un peu comme cette nuit que nous avions passé ensemble dans la forêt. Je savais que c’était cette facette de ma personnalité qu’il voulait retrouver aujourd’hui… mais c’était plus facile à dire qu’à faire. Restant entourée de mon plaid comme s’il s’agissait d’un bouclier, je fixais longuement ma baguette alors que j’écoutais le cours accéléré dont j’avais le droit concernant les patronus. Ça ressemblait au discours que m’avait donné Adoración. Des flashs de ce moment me revinrent à l’esprit, juste derrière mes yeux grands ouverts. Je revoyais sa manière de manier sa baguette, ses sourires encourageant, son regard autoritaire me scrutant. J’en frissonnais de plaisir et d’amour alors que la voix de Thomas s’estompa à mes oreilles.
D’ordinaire, j’étais toujours une élève attentive, mais il m’arrivait d’avoir mes moments de faiblesse et d’égarement. Et ça avait été ce côté de moi qui avait interpellé le professeure de Sortilèges et qui l’avait poussé à me proposer des cours particuliers.
Sa présence me manquait… son odeur, sa douceur, sa voix… tout me manquait…
Mais le petit ricanement de mon invité m’arrachait à mes souvenirs. Je clignais des yeux alors que je revenais sur terre. Merde, qu’est-ce qu’il avait dit ?
Je lui souriais bêtement à sa taquinerie, enfin, s’en avait sans doute été une, essayant de reprendre la conversation au vol et de me remémorer ce qu’il essayait de m’enseigner. Merde, crotte, chiotte… en plus, c’était intéressant ! J’avais de réelles lacunes avec le patronus, ce n’était pas le moment de rêvasser.
À son envie de vouloir me faire positiver et éviter que je me dégrade, je fronçais les sourcils en hochant la tête, faussement concentrée, encore à moitié plongée dans ma mémoire.
- Heu oui oui bien sûr. Positiver.
Puis, je le fixais d’un air d’autoroute. Qui est-ce que ça surprendrait que je n’avais rien suivi ? Certainement pas Thomas qui me connaissait bien. Il m’avait aidé pour le sortilège de désillusion, il savait lorsque j’étais concentrée et déterminée, et lorsque j’étais perdue. Je me redressais alors comme un i sur mon canapé, sans me débarrasser de mon plaid.
- Ho heu… oui… un duel. Ok.
Sans la moindre hésitation, je me relevais alors, me débarrassant enfin de mon plaid, puis je fis face à mon ami en levant mes petits poings devant mon visage, comme si je m’apprêtais à le boxer… Okay, boire un verre, ou deux, de trop avec Sterenn, ça n’avait pas fait bon ménage dans mon cerveau. Réfléchissant à quoi dire pour dissiper mon malaise, je rétorquais, après avoir regardé à ma droite, puis à ma gauche, un peu confuse.
- En garde… Fils de vampire !
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mar 11 Sep 2018 - 18:45
Abigail semblait avoir complètement décroché de la conversation. Cela ne dura que quelques instants au cours desquels je vis son regard se dissoudre dans le néant, avant qu'elle ne raccroche la fin et me serve un bredouillage à peu près adapté au contexte. Plissant les yeux, je répliquais d'un ton mi vexé mi amusé.
« Tu n'as rien écouté de ce que je viens de dire petite insolente.
Je soufflais entre les dents d'un air contrarié (même si c'était largement feint) histoire de générer un peu de culpabilité en elle. Cependant, elle semblait avoir prit au pied de la lettre cette histoire de duel et se dressait à présent devant moi les poings serrés et prête à se battre. Personnellement, j'avais plutôt dans l'idée de mener un duel magique, mais visiblement mademoiselle préférait la jouer à l'ancienne.
Je pense que si j'avais eu assez de self control, j'aurais répliqué par un haussement de sourcil éloquent... Mais la situation était à ce point ridicule que je pouffais simplement de rire. Puis, après avoir esquissé un « non » de la tête éloquent, je me levais à mon tour.
« Tu es sérieuse là ? Tu penses arriver à quoi avec tes petits poings d'enfant ?
Je la provoquais comme c'était d'usage. D'ailleurs, elle ne s'était pas gêné pour me traiter de « fils de vampire ». J'étais bien tenté de lui signaler que d'énoncer une vérité ne constituait généralement pas une insulte, mais bon... Elle faisait de son mieux la pauvre. Il fallait l'encourager.
« Je suis sympa, je te laisse le premier coup.
Dis-je alors en lui présentant mon épaule.
« Va-y frappe.
Comme il y avait toujours des chances pour qu'elle se dégonfle, j'insistais.
« Va-y franchement, ça ne me fera pas mal. Mon visage s'éclaira d'un sourire provocateur qui dévoilait allègrement mes canines pointues. Tu as fait la maligne, maintenant tu assumes.
« Tu n'as rien écouté de ce que je viens de dire petite insolente.
Je soufflais entre les dents d'un air contrarié (même si c'était largement feint) histoire de générer un peu de culpabilité en elle. Cependant, elle semblait avoir prit au pied de la lettre cette histoire de duel et se dressait à présent devant moi les poings serrés et prête à se battre. Personnellement, j'avais plutôt dans l'idée de mener un duel magique, mais visiblement mademoiselle préférait la jouer à l'ancienne.
Je pense que si j'avais eu assez de self control, j'aurais répliqué par un haussement de sourcil éloquent... Mais la situation était à ce point ridicule que je pouffais simplement de rire. Puis, après avoir esquissé un « non » de la tête éloquent, je me levais à mon tour.
« Tu es sérieuse là ? Tu penses arriver à quoi avec tes petits poings d'enfant ?
Je la provoquais comme c'était d'usage. D'ailleurs, elle ne s'était pas gêné pour me traiter de « fils de vampire ». J'étais bien tenté de lui signaler que d'énoncer une vérité ne constituait généralement pas une insulte, mais bon... Elle faisait de son mieux la pauvre. Il fallait l'encourager.
« Je suis sympa, je te laisse le premier coup.
Dis-je alors en lui présentant mon épaule.
« Va-y frappe.
Comme il y avait toujours des chances pour qu'elle se dégonfle, j'insistais.
« Va-y franchement, ça ne me fera pas mal. Mon visage s'éclaira d'un sourire provocateur qui dévoilait allègrement mes canines pointues. Tu as fait la maligne, maintenant tu assumes.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mar 11 Sep 2018 - 19:35
Je rougissais un peu de honte à la remarque de mon Gardien du Fidelitas. J’enfonçais un peu ma tête dans mes épaules, mais néanmoins, j’osais lui tirer de manière affectueuse la langue. Tant qu’à être traitée d’insolente, autant essayer de l’être jusqu’au bout. J’étais certes gênée de ne pas l'avoir écouté parce que c’était très impoli de ma part, mais aussi parce que j’avais beaucoup d’estime pour lui. Qui plus est, il m’avait beaucoup aidée avec le sortilège de désillusion, ce n’était donc pas impossible qu’il puisse beaucoup m’aider pour le sortilège du patronus. J’y croyais même. Cela dit, la situation prenait une tournure imprévue, et, aussi étrange que cela puisse paraître, ça me changeait un peu les idées. Même si Adoración restait dans mes pensées et dans mon cœur, je réussissais, pour la première fois depuis notre rupture, à faire autre chose que pleurer, à me relever, et à me sentir un peu plus légère. C’était un petit rien, mais pour moi, c’était un pas de géant.
Voyant mon ami se redresser et me faire face, je commençais à sautiller sur place en agitant les poings devant moi. Évidemment je ressemblais davantage à un singe handicapé qu’à la boxeuse professionnelle que je me représentais dans ma tête, mais à sa gentille insulte, je baissais mes mains le long de mon corps en penchant la tête sur le côté.
- Mais héééé j’suis pas une enfant !
Je savais que ça avait eu pour unique but de me provoquer, et ça avait au moins eu l’effet de m’arracher un rapide sourire, le premier vrai de la journée. Une victoire pour Thomas. J’étais habituée à être traitée comme une gamine, la provocation m’amusait donc plus qu’elle ne me vexait. Lorsqu’il me fit face en me montrant son épaule, je reprenais ma pose de boxeuse thaïlandaise. Je le fixais, cachée derrière mes poings, jusqu’à voir ses canines particulièrement pointues à son sourire provocateur. Interdite, je cessais tout mouvement, comme si on m’avait mise en pause. Je restais ainsi plusieurs secondes. Si on avait joué à 1, 2, 3, soleil, il était certain que j’en serai sortie vainqueur. Puis, comme si la statue que j’étais devenue reprenait vie, je sautais un peu en arrière, me campant sur mes jambes, le pointant de mon index droit. Oui, c’était mal poli de montrer du doigt, mais j’en avais rien à faire. Un grand sourire victorieux était affiché sur mes lèvres, bien que théâtrale et exagéré.
- MOUAHAHAH J’EN ETAIS SÛRE !!!
Comme une enfant qui venait d’ouvrir son cadeau de Noël, je sautillais frénétiquement sur place en ramenant mes mains devant ma bouche, retenant un rire.
- J’le savais, j’le savaiiiis, t’es un dhampiiiiiire !!
Je passais réellement du coq à l’âne, surtout côté émotionnel. D’adulte dépressive, je devenais une enfant survoltée. Je n’étais pas persuadée que c’était la meilleure des thérapies pour mon petit cœur pas habitué à vivre autant d’émotion, mais au moins, pour la toute première fois, je surmontais mes problèmes, enfin. Je riais alors, aussi amusée que nerveuse par cette confirmation de ce que je supposais depuis de longues semaines, il me fallut plusieurs minutes pour me remettre de mes émotions. Je riais, comme si c’était un caprice, que je vidais toutes les mauvaises ondes que j’avais accumulées, tout en tournoyant sur moi-même.
Une fois que mon cerveau put enfin se rebrancher à tout le reste, je continuai à mimer mon agitation pour me rapprocher de mon invité avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, jusqu’à me retrouver tout proche de lui. Je relevais alors mes poings et lui frappais l’épaule, comme il me l’avait demandé.
Sauf qu’il était une personne que j’aimais et que je respectais. Ainsi, mon coup de poing n’aurait même pas fait pleurer un nouveau né tant il avait été doux et délicat. Il avait aussi été si lent que je gardais mes doigts fermés sur son épaule, et, enfonçant la tête dans mes épaules, je relevais des yeux de chat potté sur lui, papillonnant des paupières comme si je venais de lever la main sur mon propre père. C’était évidemment un outrage pour moi. Et pour mieux faire passer le geste, je lui fis un grand sourire forcé et maladroit, montrant toutes mes jolies dents blanches, dans l’espoir de ne pas recevoir un retour de bâton trop sévère.
- Oups... j'ai glissé
Voyant mon ami se redresser et me faire face, je commençais à sautiller sur place en agitant les poings devant moi. Évidemment je ressemblais davantage à un singe handicapé qu’à la boxeuse professionnelle que je me représentais dans ma tête, mais à sa gentille insulte, je baissais mes mains le long de mon corps en penchant la tête sur le côté.
- Mais héééé j’suis pas une enfant !
Je savais que ça avait eu pour unique but de me provoquer, et ça avait au moins eu l’effet de m’arracher un rapide sourire, le premier vrai de la journée. Une victoire pour Thomas. J’étais habituée à être traitée comme une gamine, la provocation m’amusait donc plus qu’elle ne me vexait. Lorsqu’il me fit face en me montrant son épaule, je reprenais ma pose de boxeuse thaïlandaise. Je le fixais, cachée derrière mes poings, jusqu’à voir ses canines particulièrement pointues à son sourire provocateur. Interdite, je cessais tout mouvement, comme si on m’avait mise en pause. Je restais ainsi plusieurs secondes. Si on avait joué à 1, 2, 3, soleil, il était certain que j’en serai sortie vainqueur. Puis, comme si la statue que j’étais devenue reprenait vie, je sautais un peu en arrière, me campant sur mes jambes, le pointant de mon index droit. Oui, c’était mal poli de montrer du doigt, mais j’en avais rien à faire. Un grand sourire victorieux était affiché sur mes lèvres, bien que théâtrale et exagéré.
- MOUAHAHAH J’EN ETAIS SÛRE !!!
Comme une enfant qui venait d’ouvrir son cadeau de Noël, je sautillais frénétiquement sur place en ramenant mes mains devant ma bouche, retenant un rire.
- J’le savais, j’le savaiiiis, t’es un dhampiiiiiire !!
Je passais réellement du coq à l’âne, surtout côté émotionnel. D’adulte dépressive, je devenais une enfant survoltée. Je n’étais pas persuadée que c’était la meilleure des thérapies pour mon petit cœur pas habitué à vivre autant d’émotion, mais au moins, pour la toute première fois, je surmontais mes problèmes, enfin. Je riais alors, aussi amusée que nerveuse par cette confirmation de ce que je supposais depuis de longues semaines, il me fallut plusieurs minutes pour me remettre de mes émotions. Je riais, comme si c’était un caprice, que je vidais toutes les mauvaises ondes que j’avais accumulées, tout en tournoyant sur moi-même.
Une fois que mon cerveau put enfin se rebrancher à tout le reste, je continuai à mimer mon agitation pour me rapprocher de mon invité avec la subtilité d'un éléphant dans un magasin de porcelaine, jusqu’à me retrouver tout proche de lui. Je relevais alors mes poings et lui frappais l’épaule, comme il me l’avait demandé.
Sauf qu’il était une personne que j’aimais et que je respectais. Ainsi, mon coup de poing n’aurait même pas fait pleurer un nouveau né tant il avait été doux et délicat. Il avait aussi été si lent que je gardais mes doigts fermés sur son épaule, et, enfonçant la tête dans mes épaules, je relevais des yeux de chat potté sur lui, papillonnant des paupières comme si je venais de lever la main sur mon propre père. C’était évidemment un outrage pour moi. Et pour mieux faire passer le geste, je lui fis un grand sourire forcé et maladroit, montrant toutes mes jolies dents blanches, dans l’espoir de ne pas recevoir un retour de bâton trop sévère.
- Oups... j'ai glissé
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mer 12 Sep 2018 - 11:36
Les protestations de la jeune femme me laissèrent de marbre. Installé en posture de combat, le visage partiellement caché par mes poings levés, je semblait prêt à en découdre (même s'il était évident que je ne tenterais rien contre Abigail). Ce petit scénario m'excitais comme un gosse, j'avais toujours aimé « chahuter » quand j'étais jeune (encore que, dans ma jeunesse, il s'agissait plutôt de bastons réelles).
Cela dit, l'ouverture des hostilités fut reportée lorsque Abigail remarqua mes crocs. A cet instant, les deux neurones de la déduction se connectèrent dans son esprit et elle devina (enfin) ma nature. Je devais bien admettre trouver la chose tout à fait négligeable dans le contexte (j'avais plutôt envie de me castagner que de parler génétique pour être franc). D'autant qu'il me semblait que tout le monde était au courant maintenant. Avec le scandale et mon renvoi, la vérité avait éclaté au grand jour et à peu près tout le monde savait, désormais, que je suis un dhampire.
« Bravo Sherlock, mieux vaut tard que jamais.
La provoquais-je dans un rire grinçant, changeant périodiquement mon pied d'appuis, toujours en posture menaçante.
« Tu vas voir ce qu'il en coûte d'insulter le fils d'un vampire.
Ajoutais-je alors, avant de lui adresser un clin d’œil. Abigail avait l'air heureuse. Elle riait et sautillait comme une gamine. Je crois que ce moment de légèreté lui faisait du bien. Sans doute n'avait-elle pas rit de bon cœur depuis la rupture... Mais l'esprit humain a besoin de ces moments de détente. Il n'est pas fait pour demeurer éternellement dans le regret et la peine (ou alors il flétrit). Donc j'étais très heureux d'assister à ce moment de regain de vitalité. C'était exactement ce que je voulais, en venant ici.
Finalement, la jeune femme joua le jeu (presque) jusqu'au bout en m'adressant un coup de poing digne d'un caneton paraplégique. J'aurais voulu qu'elle y mette du cœur (après tout, même en y allant au maximum elle risquait à peine de m'égratigner). Je n'étais pas un humain ordinaire et elle... Elle était bâtie comme un étendoir à linge.
« Trop tard.
Répliquais-je en guise de sentence. A ces mots, j'approchais vers elle d'un pas menaçant. Puis, je l'attrapais par la taille, pour ensuite la soulever sur mon épaule (façon homme des cavernes). Elle n'était pas plus lourde qu'une alouette et maintenant que je la tenais ainsi, elle ne pouvait pas se débattre.
« C'est ça de faire la maligne Abi.
Fis-je, avant de m'en aller la balader à travers tout l'appartement, tenant ses jambes d'un bras et agressant son flanc de chatouilles de ma main libre. Après un moment de ce petit manège, je m'en retournais derrière le canapé et la laissa retomber (à peu près) délicatement sur les coussins de celui-ci. Le sentiment de l'avoir gentiment torturé ainsi me faisait rire et je ne me gênais pas pour affirmer crânement ma victoire.
Cela dit, l'ouverture des hostilités fut reportée lorsque Abigail remarqua mes crocs. A cet instant, les deux neurones de la déduction se connectèrent dans son esprit et elle devina (enfin) ma nature. Je devais bien admettre trouver la chose tout à fait négligeable dans le contexte (j'avais plutôt envie de me castagner que de parler génétique pour être franc). D'autant qu'il me semblait que tout le monde était au courant maintenant. Avec le scandale et mon renvoi, la vérité avait éclaté au grand jour et à peu près tout le monde savait, désormais, que je suis un dhampire.
« Bravo Sherlock, mieux vaut tard que jamais.
La provoquais-je dans un rire grinçant, changeant périodiquement mon pied d'appuis, toujours en posture menaçante.
« Tu vas voir ce qu'il en coûte d'insulter le fils d'un vampire.
Ajoutais-je alors, avant de lui adresser un clin d’œil. Abigail avait l'air heureuse. Elle riait et sautillait comme une gamine. Je crois que ce moment de légèreté lui faisait du bien. Sans doute n'avait-elle pas rit de bon cœur depuis la rupture... Mais l'esprit humain a besoin de ces moments de détente. Il n'est pas fait pour demeurer éternellement dans le regret et la peine (ou alors il flétrit). Donc j'étais très heureux d'assister à ce moment de regain de vitalité. C'était exactement ce que je voulais, en venant ici.
Finalement, la jeune femme joua le jeu (presque) jusqu'au bout en m'adressant un coup de poing digne d'un caneton paraplégique. J'aurais voulu qu'elle y mette du cœur (après tout, même en y allant au maximum elle risquait à peine de m'égratigner). Je n'étais pas un humain ordinaire et elle... Elle était bâtie comme un étendoir à linge.
« Trop tard.
Répliquais-je en guise de sentence. A ces mots, j'approchais vers elle d'un pas menaçant. Puis, je l'attrapais par la taille, pour ensuite la soulever sur mon épaule (façon homme des cavernes). Elle n'était pas plus lourde qu'une alouette et maintenant que je la tenais ainsi, elle ne pouvait pas se débattre.
« C'est ça de faire la maligne Abi.
Fis-je, avant de m'en aller la balader à travers tout l'appartement, tenant ses jambes d'un bras et agressant son flanc de chatouilles de ma main libre. Après un moment de ce petit manège, je m'en retournais derrière le canapé et la laissa retomber (à peu près) délicatement sur les coussins de celui-ci. Le sentiment de l'avoir gentiment torturé ainsi me faisait rire et je ne me gênais pas pour affirmer crânement ma victoire.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Jeu 13 Sep 2018 - 21:24
Thomas pouvait se moquer tant qu'il le voulait, j'étais tout de même fière de ma découverte du jour. Et même s'il ne le voyait peut-être pas tout de suite, il comprendrait peut-être plus tard : je n'avais utilisé que les indices qu'il m'avait donné, en m'investissant dans la lecture des livres de sa, supposée, mère. Je n'avais pas écouté les rumeurs à son propos, même après le scandale avant les vacances d'été. N'était-ce pas là un signe de confiance absolu ? Tout du moins, c'était l'image que j'aurai aimé qu'il ait de moi. Il avait déjà ma pleine confiance, le Fidelitas en attestait sans conteste, mais je n'étais pas certaine de l'inverse.
Pourtant lorsqu'il proféra des menaces, je me sentais moins fière. Je me ramassais sur moi-même mais ne cherchais pas à fuir : sans doute était-ce même instinct de faire face qui m'avait poussé à sauter sur le loup-garou. Je le laissais alors approcher, campée sur mes positions et lorsqu'il se jeta sur moi, j'esquissais un mouvement de côté, comme pour fuir. Toutefois, je me laissais attraper. Après tout, j'étais toujours en dépression et je ne me sentais pas de courir, mon corps étant trop habitué à avoir fusionné avec le canapé ou mon lit.
Sentant ses bras se fermer autour de ma taille, j'essayais de me débattre, sans réelle conviction, jusqu'à être projetée comme un fétu de paille sur son épaule. Je ne pouvais m'empêcher de rire, mais si, tout au fond de mon être, une voix me hurlait qu'elle aurait préféré que tout ceci se passe avec Adoración. Remuant plusieurs minutes sur son épaule, je finissais par me laisser tomber comme un vulgaire chiffon dans un soupir las. Ainsi, mon visage terminait au milieu du dos du dhampire et mes mains pouvaient toucher ses cuisses. Je me laissais ainsi transporter, faisant l'état des lieux de mon appartement. Même si le salon était rangé, ma chambre était restée un véritable capharnaüm. Il allait aussi falloir que j'y remédie… un jour.
Cette pensée disparut aussi vite qu'elle était venue alors que Thomas faisait demi-tour pour me ramener au canapé. Sentant que j'étais en train de glisser alors qu'il me déposait, je m'agrippais comme un koala à ses vêtements jusqu'à verrouiller mes doigts derrière sa nuque. Sentant le canapé me réceptionner avec plus ou moins de douceur, je ne lâchais pas mon Gardien et profitais du mouvement pour venir lui embrasser la joue en utilisant la force de mes bras juvéniles pour rester accrochée.
- Merci Thomas.
Inutile de préciser pourquoi je le remerciais. C'était pour tout ce qu'il venait de faire depuis sa venue chez moi. Plongeant un instant mon regard dans le sien, je lui souriais avant de le lâcher et de me tortiller comme un poisson pour me remettre correctement assise. Même s'il avait un charme naturel qui pouvait attirer n'importe qui, mon instinct s'était toujours méfié de cela en sa présence. Ma rupture n'allait rien y changer, toujours amoureuse d'Adoración, mon geste avait été purement affectif, sans aucun sous-entendu. Ça ne m'avait même pas frôlé l'esprit d'ailleurs.
Me penchant en avant, je me décidais enfin à goûter au morceau de pancakes que j'avais découpé plus tôt. Son goût doux et sucré vint réveiller mes papilles, elles aussi endormies depuis trop longtemps.
- T'es bon cuisinier… faudrait que je t'invite plus souvent.
Avec un regard en biais et un rapide sourire, je revenais alors sur ma baguette posée sur la table basse de fortune. Reposant ma fourchette après avoir avalé mon petit bout de sucrerie, je soupirais. Thomas m'avait mise au défi, mais comment lutter contre la peur qui me retournait les tripes ? J'y réfléchissais depuis des semaines, sans succès… je ne voyais qu'une solution, me faire violence. Mais la simple idée de tenir ma baguette entre mes doigts me donnait envie de vomir.
Pourtant lorsqu'il proféra des menaces, je me sentais moins fière. Je me ramassais sur moi-même mais ne cherchais pas à fuir : sans doute était-ce même instinct de faire face qui m'avait poussé à sauter sur le loup-garou. Je le laissais alors approcher, campée sur mes positions et lorsqu'il se jeta sur moi, j'esquissais un mouvement de côté, comme pour fuir. Toutefois, je me laissais attraper. Après tout, j'étais toujours en dépression et je ne me sentais pas de courir, mon corps étant trop habitué à avoir fusionné avec le canapé ou mon lit.
Sentant ses bras se fermer autour de ma taille, j'essayais de me débattre, sans réelle conviction, jusqu'à être projetée comme un fétu de paille sur son épaule. Je ne pouvais m'empêcher de rire, mais si, tout au fond de mon être, une voix me hurlait qu'elle aurait préféré que tout ceci se passe avec Adoración. Remuant plusieurs minutes sur son épaule, je finissais par me laisser tomber comme un vulgaire chiffon dans un soupir las. Ainsi, mon visage terminait au milieu du dos du dhampire et mes mains pouvaient toucher ses cuisses. Je me laissais ainsi transporter, faisant l'état des lieux de mon appartement. Même si le salon était rangé, ma chambre était restée un véritable capharnaüm. Il allait aussi falloir que j'y remédie… un jour.
Cette pensée disparut aussi vite qu'elle était venue alors que Thomas faisait demi-tour pour me ramener au canapé. Sentant que j'étais en train de glisser alors qu'il me déposait, je m'agrippais comme un koala à ses vêtements jusqu'à verrouiller mes doigts derrière sa nuque. Sentant le canapé me réceptionner avec plus ou moins de douceur, je ne lâchais pas mon Gardien et profitais du mouvement pour venir lui embrasser la joue en utilisant la force de mes bras juvéniles pour rester accrochée.
- Merci Thomas.
Inutile de préciser pourquoi je le remerciais. C'était pour tout ce qu'il venait de faire depuis sa venue chez moi. Plongeant un instant mon regard dans le sien, je lui souriais avant de le lâcher et de me tortiller comme un poisson pour me remettre correctement assise. Même s'il avait un charme naturel qui pouvait attirer n'importe qui, mon instinct s'était toujours méfié de cela en sa présence. Ma rupture n'allait rien y changer, toujours amoureuse d'Adoración, mon geste avait été purement affectif, sans aucun sous-entendu. Ça ne m'avait même pas frôlé l'esprit d'ailleurs.
Me penchant en avant, je me décidais enfin à goûter au morceau de pancakes que j'avais découpé plus tôt. Son goût doux et sucré vint réveiller mes papilles, elles aussi endormies depuis trop longtemps.
- T'es bon cuisinier… faudrait que je t'invite plus souvent.
Avec un regard en biais et un rapide sourire, je revenais alors sur ma baguette posée sur la table basse de fortune. Reposant ma fourchette après avoir avalé mon petit bout de sucrerie, je soupirais. Thomas m'avait mise au défi, mais comment lutter contre la peur qui me retournait les tripes ? J'y réfléchissais depuis des semaines, sans succès… je ne voyais qu'une solution, me faire violence. Mais la simple idée de tenir ma baguette entre mes doigts me donnait envie de vomir.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Jeu 20 Sep 2018 - 18:25
La réaction d'Abigail me surpris un peu. J'imagine que je ne m'attendais pas à ce qu'une jeune femme si timide puisse se montrer tactile. Cependant, cela ne me dérangea pas le moins du monde et je répliquais à son remerciement par un sourire tout simple, attendant qu'elle me relâche pour me redresser. Après cela, la demoiselle me fit le plaisir de se nourrir un peu. Je la regardais faire (non sans éprouver un brin de satisfaction), tout en revenant m'asseoir sur le canapé.
« Bobonne, c'est un peu mon métier. Fis-je d'un ton partagé entre sérieux et plaisanterie. Heureusement d'ailleurs, parce que Scylla ne sait pas cuisiner du tout... La dernière fois qu'elle a voulu faire un gâteau, j'ai bien cru qu'elle allait foutre le feu à mon four... Et ne va pas lui répéter ça, hein...
Avertissais-je la jeune femme d'un air faussement sévère. Je n'avais pas envie que Scylla se mette en tête de me prouver qu'elle pouvait être bonne cuisinière... C'était un coup à devoir bouffer des parpaings fabriqués à base de farine pendant des mois et finir avec un cancer d'un endroit choisi au hasard de mon système digestif.
Enfin... Je laissais Abigail manger à son aise, mais sans manquer de remarquer les petits coups d’œils qu'elle jetait de temps à autre à sa baguette magique. Cette histoire de traumatisme n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd... Et si j'avais mis au défi la jeune femme de la tenir (au moins une fois), elle allait le faire.
« Si tu prends ta baguette et que tu lances un sort avec... Je te dis un truc super important me concernant. Fis-je, avec tout le sérieux d'un véritable négociateur. Il y a des chances pour que ça te fasse sourire...
Mon sérieux avait progressivement mué en un genre de sourire un peu sournois (ceux que l'on a quand on se rend maître des règles d'une situation).
« Enfin, si ça ne te fait pas sourire... Y'a moyen que je me sente un peu vexé. Ajoutais-je en aparté, avant de conclure. Le sort de ton choix... Même un lumos à la con, je m'en fous, du moment que tu prends ta baguette et que tu me lances un sort.
« Bobonne, c'est un peu mon métier. Fis-je d'un ton partagé entre sérieux et plaisanterie. Heureusement d'ailleurs, parce que Scylla ne sait pas cuisiner du tout... La dernière fois qu'elle a voulu faire un gâteau, j'ai bien cru qu'elle allait foutre le feu à mon four... Et ne va pas lui répéter ça, hein...
Avertissais-je la jeune femme d'un air faussement sévère. Je n'avais pas envie que Scylla se mette en tête de me prouver qu'elle pouvait être bonne cuisinière... C'était un coup à devoir bouffer des parpaings fabriqués à base de farine pendant des mois et finir avec un cancer d'un endroit choisi au hasard de mon système digestif.
Enfin... Je laissais Abigail manger à son aise, mais sans manquer de remarquer les petits coups d’œils qu'elle jetait de temps à autre à sa baguette magique. Cette histoire de traumatisme n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd... Et si j'avais mis au défi la jeune femme de la tenir (au moins une fois), elle allait le faire.
« Si tu prends ta baguette et que tu lances un sort avec... Je te dis un truc super important me concernant. Fis-je, avec tout le sérieux d'un véritable négociateur. Il y a des chances pour que ça te fasse sourire...
Mon sérieux avait progressivement mué en un genre de sourire un peu sournois (ceux que l'on a quand on se rend maître des règles d'une situation).
« Enfin, si ça ne te fait pas sourire... Y'a moyen que je me sente un peu vexé. Ajoutais-je en aparté, avant de conclure. Le sort de ton choix... Même un lumos à la con, je m'en fous, du moment que tu prends ta baguette et que tu me lances un sort.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Sam 22 Sep 2018 - 21:26
Amusée par ses propos, je réussissais à sourire un peu en secouant la tête en guise de promesse. Je ne dirai rien à Scylla, et de toute façon je ne voyais pas vraiment ou, quand et comment j'allais la revoir. Notre rencontre à Sainte-Mangouste avait été tout à fait par hasard et je n'avais dans le fond pas vraiment de raison de la revoir, sauf si Thomas était accompagné la prochaine fois que je le verrai. Mais m'imaginer la jeune femme mettre le feu aux fourneaux avait un je ne sais quoi d'amusant à mon esprit. Ma mère m'avait toujours appris à cuisiner, d'abord en participant par le jeu pour l'aider, puis en m'encourageant à le faire. Ça m'avait beaucoup aidé pour la confiance en moi ainsi que pour mon indépendance. Je ne la remercierai jamais pour ça.
Me penchant en avant pour attraper la tasse de thé encore tiède, je m'abreuvais de quelques gorgées que j'accueillais avec délice en fermant un petit instant les yeux. Mais les paroles de mon Gardien m'intriguèrent et je rouvris un regard brillant de défis, un court instant, sur lui. Je n'avais peut-être pas la force pour le relever, mais l'idée déjà, me redonnais un peu d'énergie. Pourtant je n'étais pas tout à fait convaincue d'arriver à un résultat probant.
- J'ai passé des mois à t'observer lorsque nous étions ensemble et à fouiller dans les livres de ta mère. Même si ça m'a instruite, c'était un jeu de piste intéressant.
Je le fixais, un peu dubitative, puis reprenais. Non, je ne voyais vraiment pas ce qui pouvait être super important de plus que le fait qu'il était un dhampire.
- Qu'est-ce que tu veux que j'apprenne de plus sur toi ?
Incertaine que cette nouvelle révélation puisse réellement me faire sourire, ou m'apporter quoique ce soit de plus, je fixais ma baguette. C'était un défi. J'aimais les défis, surtout lorsqu'ils venaient de Thomas. Ça avait toujours payé… alors pourquoi ne pas essayer après tout ? Et ce sale con avait réussi à piquer ma curiosité. Elle allait me perdre celle-là un jour. Enfin, je savais que la peur de ma baguette était irrationnelle, je devais absolument surmonter ce problème avant la reprise des cours. C'était mon urgence, avant de me remettre de ma rupture et de mon accident.
Hésitante, je réfléchissais rapidement à un sort avant d'attraper ma baguette dans un geste précipité. Comme si elle était en train de me brûler les doigts, je serrais les dents en fermant les yeux, toute crispée. L'agitant dans les airs, dans le but d'effectuer un sortilège de désillusion, celui qui nous avait rapproché tous les deux, le mouvement était bien trop hasardeux et imprécis, la baguette étant habituée à bien plus de rigueur de ma part. Ce ne fut pas du tout le sortilège escompté qui en sorti, mais une véritable tornade qui balaya l'ensemble de mon appartement en une fraction de seconde, mettant toutes mes affaires sens dessus-dessous. Seul mon canapé ne bougeait pas, mais moi, je me fis percuter par une bonne dizaine de livres avant de recevoir un pancake en pleine figure et de renverser mon thé sur mes cuisses, ayant pour effet de me faire grimacer. Heureusement qu'il était tiède.
Me penchant en avant pour attraper la tasse de thé encore tiède, je m'abreuvais de quelques gorgées que j'accueillais avec délice en fermant un petit instant les yeux. Mais les paroles de mon Gardien m'intriguèrent et je rouvris un regard brillant de défis, un court instant, sur lui. Je n'avais peut-être pas la force pour le relever, mais l'idée déjà, me redonnais un peu d'énergie. Pourtant je n'étais pas tout à fait convaincue d'arriver à un résultat probant.
- J'ai passé des mois à t'observer lorsque nous étions ensemble et à fouiller dans les livres de ta mère. Même si ça m'a instruite, c'était un jeu de piste intéressant.
Je le fixais, un peu dubitative, puis reprenais. Non, je ne voyais vraiment pas ce qui pouvait être super important de plus que le fait qu'il était un dhampire.
- Qu'est-ce que tu veux que j'apprenne de plus sur toi ?
Incertaine que cette nouvelle révélation puisse réellement me faire sourire, ou m'apporter quoique ce soit de plus, je fixais ma baguette. C'était un défi. J'aimais les défis, surtout lorsqu'ils venaient de Thomas. Ça avait toujours payé… alors pourquoi ne pas essayer après tout ? Et ce sale con avait réussi à piquer ma curiosité. Elle allait me perdre celle-là un jour. Enfin, je savais que la peur de ma baguette était irrationnelle, je devais absolument surmonter ce problème avant la reprise des cours. C'était mon urgence, avant de me remettre de ma rupture et de mon accident.
Hésitante, je réfléchissais rapidement à un sort avant d'attraper ma baguette dans un geste précipité. Comme si elle était en train de me brûler les doigts, je serrais les dents en fermant les yeux, toute crispée. L'agitant dans les airs, dans le but d'effectuer un sortilège de désillusion, celui qui nous avait rapproché tous les deux, le mouvement était bien trop hasardeux et imprécis, la baguette étant habituée à bien plus de rigueur de ma part. Ce ne fut pas du tout le sortilège escompté qui en sorti, mais une véritable tornade qui balaya l'ensemble de mon appartement en une fraction de seconde, mettant toutes mes affaires sens dessus-dessous. Seul mon canapé ne bougeait pas, mais moi, je me fis percuter par une bonne dizaine de livres avant de recevoir un pancake en pleine figure et de renverser mon thé sur mes cuisses, ayant pour effet de me faire grimacer. Heureusement qu'il était tiède.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Ven 28 Sep 2018 - 19:35
J'observais la jeune femme du coin de l’œil, l'expression parée de cet air de chat qui m'allait si bien, tandis qu'elle mettais en lumière la réalité de sa petite enquête parallèle (enquête que j'avais largement contribué à monter de toute pièce, on s'en souvenait). Pour avoir lu les ouvrages rédigés par ma mère, Abigail savait désormais sur moi plus de choses que la plupart des gens. A dire vrai, même Scylla ignorait la majeure partie des informations présentées dans les bouquins. Il fallait dire qu'il y était davantage question de biologie que de caractère (et je ne m'étais jamais amusé à détailler à Scylla l’acuité de ma rétine dans le noir ou bien mes besoins quotidiens en calories) ... Mais l'on pouvait néanmoins comprendre un peu mieux ma façon de fonctionner une fois ces éléments en tête. C'est pourquoi j'accueillis sa dernière remarque avec un air tout à fait particulier. Certes, Abigail en savait long, mais pour l'heure elle ignorait encore l'essentiel. J'étais assez excité à l'idée de lui révéler la nouvelle, mais cela dépendrait de sa performance avec la baguette (car oui, j'étais ce genre d'homme là).
« On verra.
Glissais-je sournoisement, en observant tantôt la baguette, tantôt la jeune femme. L'hésitation était palpable... Je pouvais presque l'entendre penser : pourquoi ne pas essayer ? C'est un défi, après tout, qu'est-ce que je risque ? J'hésite, je ne sais pas... Abigail était ce genre de fille. Elle avait ses craintes, ses angoisses, mais si on la prenait par le bon bout, elle n’hésitait pas à tester ses limites.
Finalement, après un ultime moment de flottement, je vis la jeune femme empoigner sa baguette magique et l'agiter vivement (sans doute dans l'idée de lancer un sortilège, même si la précipitation de son geste n'augurait rien de bon). Naturellement, le manque de concentration et de précision déclencha une véritable tornade dans la pièce. Je terminais à la renverse à même le sol, un livre ouvert sur le visage et un pancake étalé sur ma chemise.
« Haha, non... Lançais-je en me redressant, constatant le malheur (j'avais autant envie de rire que pleurer). Une Tyrwhitt qui n'a pas un mois... Sérieux...
J'ôtais le pancake de ma chemise (et le reposais dans un coin de l'assiette) et pris un moment pour me recueillir sur la tâche de sucre et de gras en plein milieu du vêtement. Puis, d'un coup de baguette magique, je fis disparaître l'objet du conflit et adressait un sourire amical à Abigail (comme une manière de lui signifier que tout allait bien).
« Ce n'est pas exactement ce que tu avais l'intention de faire, je parie.
Je réprimais un petit sourire, mais celui-ci s'accentua bientôt, jusqu'à exploser en un franc éclat de rire.
« Bon... Tu as fait ce que je te demandais... Après, ça n'a pas marché, m'enfin... Je ne suis pas élitiste, alors on va considérer que tu as rempli ta part du contrat.
Sans rien ajouter de plus, je me relevais afin de reprendre place sur le canapé (non sans avoir ajusté ma cravate et le tombé de mon costume au préalable). Après quoi, mon bras retrouva sa place sur le dossier et j'orientais mon regard en direction d'Abigail.
« Scylla et moi allons avoir un bébé.
« On verra.
Glissais-je sournoisement, en observant tantôt la baguette, tantôt la jeune femme. L'hésitation était palpable... Je pouvais presque l'entendre penser : pourquoi ne pas essayer ? C'est un défi, après tout, qu'est-ce que je risque ? J'hésite, je ne sais pas... Abigail était ce genre de fille. Elle avait ses craintes, ses angoisses, mais si on la prenait par le bon bout, elle n’hésitait pas à tester ses limites.
Finalement, après un ultime moment de flottement, je vis la jeune femme empoigner sa baguette magique et l'agiter vivement (sans doute dans l'idée de lancer un sortilège, même si la précipitation de son geste n'augurait rien de bon). Naturellement, le manque de concentration et de précision déclencha une véritable tornade dans la pièce. Je terminais à la renverse à même le sol, un livre ouvert sur le visage et un pancake étalé sur ma chemise.
« Haha, non... Lançais-je en me redressant, constatant le malheur (j'avais autant envie de rire que pleurer). Une Tyrwhitt qui n'a pas un mois... Sérieux...
J'ôtais le pancake de ma chemise (et le reposais dans un coin de l'assiette) et pris un moment pour me recueillir sur la tâche de sucre et de gras en plein milieu du vêtement. Puis, d'un coup de baguette magique, je fis disparaître l'objet du conflit et adressait un sourire amical à Abigail (comme une manière de lui signifier que tout allait bien).
« Ce n'est pas exactement ce que tu avais l'intention de faire, je parie.
Je réprimais un petit sourire, mais celui-ci s'accentua bientôt, jusqu'à exploser en un franc éclat de rire.
« Bon... Tu as fait ce que je te demandais... Après, ça n'a pas marché, m'enfin... Je ne suis pas élitiste, alors on va considérer que tu as rempli ta part du contrat.
Sans rien ajouter de plus, je me relevais afin de reprendre place sur le canapé (non sans avoir ajusté ma cravate et le tombé de mon costume au préalable). Après quoi, mon bras retrouva sa place sur le dossier et j'orientais mon regard en direction d'Abigail.
« Scylla et moi allons avoir un bébé.
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Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Sam 29 Sep 2018 - 14:33
Le dhampire gardait le suspense sur sa révélation, et ma nature ne pouvait que me pousser à aller dans son sens et à relever le défi, aussi petit soit-il. Il fallait bien commencer quelque part avant de faire les pas de géant. Et même si ça avait échoué et que j'avais invoqué une brusque tornade, au moins, le résultat était là… pour la première fois depuis mon accident, j'avais osé toucher ma baguette et la manipuler.
Décollant le pancakes de devant mes yeux, je voyais mon ami râler à cause de la tache sur sa chemise. J'en rougissais, confuse et me redressais pour me pencher vers lui avant qu'il ne se relève.
- Je… je suis désolée… Est-ce que ça va ?
En plus il avait eu la gentillesse de donner un coup de baguette pour tout nettoyer et voilà le résultat, tout était à refaire, retour à la case départ. C'était même pire que lorsqu'il était arrivé. Poussant un soupir, je me baissais pour attraper mes livres et les ranger dans l'étagère, renonçant visiblement à utiliser à nouveau ma baguette, l'air un peu déprimée.
- Non… je voulais lancer un sortilège de désillusion…
Pour le coup, Thomas avait de quoi rire de moi. Lui qui m'avait aidé à m'entrainer assidument sur ce sortilège, le geste que j'avais fait ne ressemblais en rien à ce que j'avais appris. Me remémorant tous ces événements, tout comme le début de ma relation avec Adoración, je sentais à nouveau la tristesse et la dépression m'envahir. Même si j'appréciais grandement l'aide de mon Gardien, je savais au fond de moi qu'il allait me falloir plus d'une visite pour passer à autre chose. Il allait me falloir du temps… beaucoup de temps, si ce n'était pas ma vie entière. J'en avais fait le serment, je la retrouverai à la fin de mes études. Elle avait sa place bien particulière dans mon cœur, et je savais que rien n'allait pouvoir la chasser de cet endroit. Rien.
Les bras chargés de mes livres, je les rangeais un à un avec délicatesse tout en écoutant le dhampire magnanime d'une oreille un peu distraite, perdue dans mes pensées. Au moins, il était bon joueur et voyait mon effort comme une victoire. C'était un peu mon cas aussi, même si ça n'avait pas été suffisant. Cependant, la nouvelle qui m'annonça m'ébranla. J'en lâchais mes livres qui tombèrent tous à mes pieds avant de le regarder avec de grands yeux ronds. Incrédule, il me fallut un instant avant de sourire, mon visage s'illuminant enfin de cette bonne humeur qui me caractérisait si bien d'habitude.
- Naaannn ?! C'est vrai ? C'est trop cool ! Je suis tellement contente pour vous !
Un peu plus, et je me serai permise de lui sauter dans les bras, mais j'avais conscience que la réaction allait être un peu disproportionnée. En réalité, en dehors d'Aileas, je n'avais pas trop la fibre bébé, j'étais même sans doute un peu nulle avec ces petits êtres de chaires. Je me savais bien plus à l'aise avec les bébés animaux qu'humains. Enfin là en l'occurrence dhampire. Retroussant le nez en signe de réflexion, je haussais un sourcil.
- Il sera dhampire aussi ?
J'étais curieuse de savoir comment pouvait se dérouler une hybridation alors que l'un des deux parents l'était déjà. Non pas que je veuille faire des recherches scientifiques là-dessus, simplement que j'aimais en apprendre. Et puisque grâce à la mère de Thomas il allait m'être possible de faire une thèse entière sur le dhampire, autant que je termine de peaufiner certains détails. Sait-on jamais.
Baissant un peu les yeux, me sentant rougir à la pensée qui venait de me traverser, j'ouvrais la bouche pour poser une nouvelle question, puis je renonçais. Je refermais alors mes lèvres, rappelant un peu un poisson hors de l'eau.
Après tout, Scylla avait une grande famille, l'interrogation ne devait même pas se poser. Balayant mon appartement du regard, j'observais le capharnaüm que j'avais réussi à faire toute seule comme une grande, et je poussais un nouveau soupir, un peu rapide et sec, comme pour me donner du courage.
- Bah… tu devrais aller t'occuper de Scylla plutôt que de moi alors. Je ne vais pas te retenir plus longtemps. Désolée de t'avoir dérangé…
Décollant le pancakes de devant mes yeux, je voyais mon ami râler à cause de la tache sur sa chemise. J'en rougissais, confuse et me redressais pour me pencher vers lui avant qu'il ne se relève.
- Je… je suis désolée… Est-ce que ça va ?
En plus il avait eu la gentillesse de donner un coup de baguette pour tout nettoyer et voilà le résultat, tout était à refaire, retour à la case départ. C'était même pire que lorsqu'il était arrivé. Poussant un soupir, je me baissais pour attraper mes livres et les ranger dans l'étagère, renonçant visiblement à utiliser à nouveau ma baguette, l'air un peu déprimée.
- Non… je voulais lancer un sortilège de désillusion…
Pour le coup, Thomas avait de quoi rire de moi. Lui qui m'avait aidé à m'entrainer assidument sur ce sortilège, le geste que j'avais fait ne ressemblais en rien à ce que j'avais appris. Me remémorant tous ces événements, tout comme le début de ma relation avec Adoración, je sentais à nouveau la tristesse et la dépression m'envahir. Même si j'appréciais grandement l'aide de mon Gardien, je savais au fond de moi qu'il allait me falloir plus d'une visite pour passer à autre chose. Il allait me falloir du temps… beaucoup de temps, si ce n'était pas ma vie entière. J'en avais fait le serment, je la retrouverai à la fin de mes études. Elle avait sa place bien particulière dans mon cœur, et je savais que rien n'allait pouvoir la chasser de cet endroit. Rien.
Les bras chargés de mes livres, je les rangeais un à un avec délicatesse tout en écoutant le dhampire magnanime d'une oreille un peu distraite, perdue dans mes pensées. Au moins, il était bon joueur et voyait mon effort comme une victoire. C'était un peu mon cas aussi, même si ça n'avait pas été suffisant. Cependant, la nouvelle qui m'annonça m'ébranla. J'en lâchais mes livres qui tombèrent tous à mes pieds avant de le regarder avec de grands yeux ronds. Incrédule, il me fallut un instant avant de sourire, mon visage s'illuminant enfin de cette bonne humeur qui me caractérisait si bien d'habitude.
- Naaannn ?! C'est vrai ? C'est trop cool ! Je suis tellement contente pour vous !
Un peu plus, et je me serai permise de lui sauter dans les bras, mais j'avais conscience que la réaction allait être un peu disproportionnée. En réalité, en dehors d'Aileas, je n'avais pas trop la fibre bébé, j'étais même sans doute un peu nulle avec ces petits êtres de chaires. Je me savais bien plus à l'aise avec les bébés animaux qu'humains. Enfin là en l'occurrence dhampire. Retroussant le nez en signe de réflexion, je haussais un sourcil.
- Il sera dhampire aussi ?
J'étais curieuse de savoir comment pouvait se dérouler une hybridation alors que l'un des deux parents l'était déjà. Non pas que je veuille faire des recherches scientifiques là-dessus, simplement que j'aimais en apprendre. Et puisque grâce à la mère de Thomas il allait m'être possible de faire une thèse entière sur le dhampire, autant que je termine de peaufiner certains détails. Sait-on jamais.
Baissant un peu les yeux, me sentant rougir à la pensée qui venait de me traverser, j'ouvrais la bouche pour poser une nouvelle question, puis je renonçais. Je refermais alors mes lèvres, rappelant un peu un poisson hors de l'eau.
Après tout, Scylla avait une grande famille, l'interrogation ne devait même pas se poser. Balayant mon appartement du regard, j'observais le capharnaüm que j'avais réussi à faire toute seule comme une grande, et je poussais un nouveau soupir, un peu rapide et sec, comme pour me donner du courage.
- Bah… tu devrais aller t'occuper de Scylla plutôt que de moi alors. Je ne vais pas te retenir plus longtemps. Désolée de t'avoir dérangé…
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mer 3 Oct 2018 - 17:49
Je voyais le dépit se frayer un chemin sur les traits d'Abigail. Cette jeune femme avait tendance à se laisser abattre beaucoup trop facilement et c'était sans doute son principal défaut (dans le sens où ça l'empêchait vraiment d'avancer). Il n'y avait pas de mal à douter de soit, mais face à l'échec, le mieux était d'adopter une posture d’apprenant (ou alors de révolte)... Mais surtout pas de se laisser déprimer. Enfin, c'est ce que je pensais.
« Tu lanceras un sortilège de désillusion quand tu arriveras à tenir ta baguette sans trembler, c'est pas plus compliqué que ça.
Fis-je avec un ton de parent bougon, tout en achevant d'épousseter la manche de ma veste. Mon regard la scruta encore, tandis qu'elle changeait la place des objets en cultivant sa morosité. Je comprenais son état de déprime : il n'y avait aucun problème là dessus. C'est juste que je ne voulais pas qu'elle s'enferme dans une spirale défaitiste ou autre chose du même genre. Je connaissais bien ce type de fonctionnement (Adora m'avait justement aidé à dépasser ça, autrefois) et c'était pourquoi ma méfiance devenait si vive quand on arrivait au sujet.
Cela dit, mon annonce eut au moins l'effet escompté. Abigail chassa aussitôt son air triste pour arborer une expression pleine de surprise et de joie (il va sans dire que j'étais ravi), au point même d'en lâcher ses livres. J'ouvrais les bras (plein de fierté), avant de répondre.
« Ouais. Les gènes vampires sont dominants... Il sera dhampire comme papa. Mon sourire prit une curieuse teinte. Peut-être un peu moins que papa. En tout cas, je lui souhaite.
Le silence retomba sur nos tête après cette dernière réplique. Je devenais presque pensif, me rappelant des raisons pour lesquelles j'avais toujours évité de procréer. Le monde magique n'était pas tendre avec les hybrides. Il était bien rare que de telles particularités se perpétuent au delà d'une génération ou deux (nous étions des accidents, rarement des lignées). Cependant, je chassais bien vite ces sombres pensées de ma tête (et de mon visage), récupérant un sourire radieux et une posture insouciante. Je m'étais donné pour objectif de chasser la honte de ma vie... Pour l'enfant à venir. Il était désiré et il serait fier. C'était mon but et à ce titre, je devais abandonner mes vieilles représentations (être un peu fier de mon sang, pour une fois).
« Oui, oui, je vais y aller... Fis-je alors, en consultant ma montre. Mais tu ne m'as pas dérangé, arrête un peu. Je suis venu parce-que j'en avais envie.
Je me levais et jeta un dernier regard à l'appartement de l'étudiante.
« Adora était aussi mon amie. J'eus un sourire en biais, mais ne laissa pas le temps au silence de s'installer. D'ailleurs, Scylla et moi allons bientôt prendre un logement tous les deux. J'espère que tu viendras nous voir. Ça te changera les idées... Enfin, si tu veux.
« Tu lanceras un sortilège de désillusion quand tu arriveras à tenir ta baguette sans trembler, c'est pas plus compliqué que ça.
Fis-je avec un ton de parent bougon, tout en achevant d'épousseter la manche de ma veste. Mon regard la scruta encore, tandis qu'elle changeait la place des objets en cultivant sa morosité. Je comprenais son état de déprime : il n'y avait aucun problème là dessus. C'est juste que je ne voulais pas qu'elle s'enferme dans une spirale défaitiste ou autre chose du même genre. Je connaissais bien ce type de fonctionnement (Adora m'avait justement aidé à dépasser ça, autrefois) et c'était pourquoi ma méfiance devenait si vive quand on arrivait au sujet.
Cela dit, mon annonce eut au moins l'effet escompté. Abigail chassa aussitôt son air triste pour arborer une expression pleine de surprise et de joie (il va sans dire que j'étais ravi), au point même d'en lâcher ses livres. J'ouvrais les bras (plein de fierté), avant de répondre.
« Ouais. Les gènes vampires sont dominants... Il sera dhampire comme papa. Mon sourire prit une curieuse teinte. Peut-être un peu moins que papa. En tout cas, je lui souhaite.
Le silence retomba sur nos tête après cette dernière réplique. Je devenais presque pensif, me rappelant des raisons pour lesquelles j'avais toujours évité de procréer. Le monde magique n'était pas tendre avec les hybrides. Il était bien rare que de telles particularités se perpétuent au delà d'une génération ou deux (nous étions des accidents, rarement des lignées). Cependant, je chassais bien vite ces sombres pensées de ma tête (et de mon visage), récupérant un sourire radieux et une posture insouciante. Je m'étais donné pour objectif de chasser la honte de ma vie... Pour l'enfant à venir. Il était désiré et il serait fier. C'était mon but et à ce titre, je devais abandonner mes vieilles représentations (être un peu fier de mon sang, pour une fois).
« Oui, oui, je vais y aller... Fis-je alors, en consultant ma montre. Mais tu ne m'as pas dérangé, arrête un peu. Je suis venu parce-que j'en avais envie.
Je me levais et jeta un dernier regard à l'appartement de l'étudiante.
« Adora était aussi mon amie. J'eus un sourire en biais, mais ne laissa pas le temps au silence de s'installer. D'ailleurs, Scylla et moi allons bientôt prendre un logement tous les deux. J'espère que tu viendras nous voir. Ça te changera les idées... Enfin, si tu veux.
- InvitéInvité
Re: Au bord du gouffre [Thomas][Terminé]
Mer 3 Oct 2018 - 19:41
Je n'étais pas le genre de femme à me laisser abattre au premier échec venu. Il était vrai que Thomas m'avait plus souvent vue en proies au doute qu'assurée, comme lorsque nous étions dans la forêt, face aux centaures. Ça, c'était moi. Souvent, j'étais dans des instants de faiblesses et de doutes, de ceux qui peuvent envahir n'importe qui pour des raisons propres de tout à chacun. Ainsi, les paroles de mon ami me firent le résultat d'un petit électrochoc pour que j'évite d'être prise dans mes tourments. J'étais davantage une femme combative, le fait que je ne veuille pas changer de baguette en était la preuve. Faire face était davantage dans ma nature malgré mes petits airs timides et réservés. Il allait me falloir du temps pour tenir ma baguette convenablement, ou une situation extraordinaire… mais peut-être que ce genre de situation allait me rendre service justement.
Aux explications de mon Gardien, je fronçais légèrement les sourcils, montrant que je réfléchissais à ce qu'il disait. Ainsi, l'enfant sera dhampire et non pas humain, même si les gênes des créatures de la nuit s'estomperaient. Toutefois, je croyais voir comme un doute chez mon ami, comme s'il redoutait que son enfant subisse ce qui lui est arrivé aussi. Avec un sourire compatissant, car via les livres écrits par sa mère, je connaissais quelques anecdotes, j'essayais de me montrer rassurante à mon tour.
- Il y aura sûrement des moments difficiles mais il sera bien entouré, par toi déjà.
Regardant à droite, puis à gauche, je fis lentement la moue.
- Et bon si jamais vous avez besoin d'aide, vous pouvez venir me demander.
Je lui souriais. Je tenais sincèrement à les aider et à leur venir en aide. Même si je ne la connaissais pas très bien, j'appréciais Scylla, et je la respectais profondément par le biais de Thomas. Ainsi, j'espérais que le dhampire puisse comprendre par ces mots que j'avais sincèrement envie de le revoir, après tout, Adoración n'était pas notre premier lien. Je n'avais donc pas à m'en faire même si je me doutais qu'il allait avoir moins de disponibilités. Je ne voulais pas le perdre de vue, je l'appréciais sincèrement, et profondément, je voulais moi aussi lui rendre service si je le pouvais, même si hélas, j'en doutais. Je n'avais pas son âge, ni la sagesse d'Adora. Je ne voyais pas très bien en quoi je pouvais lui venir en aide, mais bon… au moins, c'était dit. Lui souriant, un peu maladroite, ne pouvant passer par-dessus ma timidité, je m'étais excusée en cela. Je l'écoutais ensuite, perdant mon sourire, mes yeux se perdant un peu dans la vague alors qu'il nommait mon ex-compagne. Elle manquait tant… mais sans doute l'avais-je trop pleuré à présent, il me fallait réussir à tourner la page. Si tant est que c'était possible.
- Je viendrai avec grand plaisir, j'attendrai impatiemment votre invitation. Et comme dit, si vous avez besoin de quoique ce soit, j'essayerai de vous aider. Vraiment.
Sans le chasser pour autant, je continuais de discuter avec lui de choses et d'autres, de certaines banalités. Puis vins le moment où il était temps de se séparer. Refermant la porte de mon appartement derrière lui, l'ayant regardé jusqu'à ce qu'il disparaisse au coin de la rue, je soupirai. Maintenant que j'avais pu véritablement pleurer mon chagrin, y poser des mots, je me sentais un peu mieux. Toujours lourde, mais il y avait du mieux. Au moins, je tenais debout et j'avais retrouvé mes moyens de réflexions. Il me fallait laisser le temps au temps.
Fin du RP
Aux explications de mon Gardien, je fronçais légèrement les sourcils, montrant que je réfléchissais à ce qu'il disait. Ainsi, l'enfant sera dhampire et non pas humain, même si les gênes des créatures de la nuit s'estomperaient. Toutefois, je croyais voir comme un doute chez mon ami, comme s'il redoutait que son enfant subisse ce qui lui est arrivé aussi. Avec un sourire compatissant, car via les livres écrits par sa mère, je connaissais quelques anecdotes, j'essayais de me montrer rassurante à mon tour.
- Il y aura sûrement des moments difficiles mais il sera bien entouré, par toi déjà.
Regardant à droite, puis à gauche, je fis lentement la moue.
- Et bon si jamais vous avez besoin d'aide, vous pouvez venir me demander.
Je lui souriais. Je tenais sincèrement à les aider et à leur venir en aide. Même si je ne la connaissais pas très bien, j'appréciais Scylla, et je la respectais profondément par le biais de Thomas. Ainsi, j'espérais que le dhampire puisse comprendre par ces mots que j'avais sincèrement envie de le revoir, après tout, Adoración n'était pas notre premier lien. Je n'avais donc pas à m'en faire même si je me doutais qu'il allait avoir moins de disponibilités. Je ne voulais pas le perdre de vue, je l'appréciais sincèrement, et profondément, je voulais moi aussi lui rendre service si je le pouvais, même si hélas, j'en doutais. Je n'avais pas son âge, ni la sagesse d'Adora. Je ne voyais pas très bien en quoi je pouvais lui venir en aide, mais bon… au moins, c'était dit. Lui souriant, un peu maladroite, ne pouvant passer par-dessus ma timidité, je m'étais excusée en cela. Je l'écoutais ensuite, perdant mon sourire, mes yeux se perdant un peu dans la vague alors qu'il nommait mon ex-compagne. Elle manquait tant… mais sans doute l'avais-je trop pleuré à présent, il me fallait réussir à tourner la page. Si tant est que c'était possible.
- Je viendrai avec grand plaisir, j'attendrai impatiemment votre invitation. Et comme dit, si vous avez besoin de quoique ce soit, j'essayerai de vous aider. Vraiment.
Sans le chasser pour autant, je continuais de discuter avec lui de choses et d'autres, de certaines banalités. Puis vins le moment où il était temps de se séparer. Refermant la porte de mon appartement derrière lui, l'ayant regardé jusqu'à ce qu'il disparaisse au coin de la rue, je soupirai. Maintenant que j'avais pu véritablement pleurer mon chagrin, y poser des mots, je me sentais un peu mieux. Toujours lourde, mais il y avait du mieux. Au moins, je tenais debout et j'avais retrouvé mes moyens de réflexions. Il me fallait laisser le temps au temps.
Fin du RP
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