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Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Jeu 27 Sep 2018 - 20:09
Retournant à la salle commune, un peu morose, je jetais mon sac sur l'un des nombreux canapés de la salle commune, pour venir m'écrouler juste à côté dans un soupir. Venant me frotter les yeux, je ressassais la dernière réunion des Dandelions & Furs, que je venais de quitter. Ça avait été un atelier extrêmement intéressant, mais il fallait utiliser sa baguette. Autant dire que je n'étais pas prête à l'utiliser convenablement. Encore moins sur les animaux. Mon accident me pourrissait véritablement la vie, et je ne croyais vraiment pas être bloquée aussi longtemps avec ma baguette. Fort heureusement la thérapie que je suivais avec Levius m'aidait beaucoup. Aaron m'encourageait aussi, à sa manière si particulière et bien à lui… mais hélas ce n'était pas suffisant pour mon niveau d'étude. J'avais l'impression de manier une baguette qui ne m'appartenait pas et je craignais vraiment de ne plus pouvoir communiquer convenablement avec elle. Que j'avais brisé cette relation si étroite et particulière qu'un sorcier peut avoir avec elle.
Me passant une main sur les paupières pour les masser tranquillement, je songeais au fait que je n'allais peut-être pas y arriver. J'avais des phases comme ça depuis ma rupture avec l'ancienne enseignante de Sortilèges. Un jour tout était blanc, le suivant tout était noir. Un temps j'arrivais à relativiser et voir de manière positive, et l'instant d'après, je tombais, comme en chute libre, pour perdre espoir. S'en était fatiguant pour moi moralement, moi qui était plutôt du genre stable et toujours joyeuse, même si réservée et dans mon coin.
Ainsi, je n'étais pas fière de l'atelier qui venait de se dérouler au club. Je n'avais vraiment pas donné le meilleur de moi-même et j'avais bien vu les regards se poser sur moi. Des œillades me jugeant, ou étant surprises. Je n'aimais pas du tout ça, déjà de par ma timidité, et parce que j'avais cette horrible impression de manquer à mon devoir. Sentiment accentué lorsque les animaux étaient concernés de près ou de loin.
Poussant un gros soupir, je venais m'accouder en posant ma joue dans la paume de ma main tout en réfléchissant à une solution que je ne trouvais définitivement pas. On m'avait déjà suggéré de racheter une baguette. C'était la solution de facilité, et franchement, je n'en avais pas envie. Je préférais faire face à mes problèmes et essayer de les résoudre de front plutôt que de leur tourner le dos et prendre le chemin aisé. J'avais le sentiment de trahir une vieille amie en l'abandonnant comme une chaussette moisie. Ce n'était vraiment pas de cette manière que je voulais conclure. Et merde quoi, elle était un peu rose, c'est tellement moche, Barbie, et drôle…
C'est en me faisant violence que je la sortais de la poche de ma veste en jean pour la poser sur la table basse juste devant moi. Ainsi, je la fixais longuement tout en réfléchissant à la suite des événements, m'enfermant dans mes pensées, hermétique à ce qui se trouvait autour de moi. Je ne réalisais donc pas qu'on m'approchait.
Me passant une main sur les paupières pour les masser tranquillement, je songeais au fait que je n'allais peut-être pas y arriver. J'avais des phases comme ça depuis ma rupture avec l'ancienne enseignante de Sortilèges. Un jour tout était blanc, le suivant tout était noir. Un temps j'arrivais à relativiser et voir de manière positive, et l'instant d'après, je tombais, comme en chute libre, pour perdre espoir. S'en était fatiguant pour moi moralement, moi qui était plutôt du genre stable et toujours joyeuse, même si réservée et dans mon coin.
Ainsi, je n'étais pas fière de l'atelier qui venait de se dérouler au club. Je n'avais vraiment pas donné le meilleur de moi-même et j'avais bien vu les regards se poser sur moi. Des œillades me jugeant, ou étant surprises. Je n'aimais pas du tout ça, déjà de par ma timidité, et parce que j'avais cette horrible impression de manquer à mon devoir. Sentiment accentué lorsque les animaux étaient concernés de près ou de loin.
Poussant un gros soupir, je venais m'accouder en posant ma joue dans la paume de ma main tout en réfléchissant à une solution que je ne trouvais définitivement pas. On m'avait déjà suggéré de racheter une baguette. C'était la solution de facilité, et franchement, je n'en avais pas envie. Je préférais faire face à mes problèmes et essayer de les résoudre de front plutôt que de leur tourner le dos et prendre le chemin aisé. J'avais le sentiment de trahir une vieille amie en l'abandonnant comme une chaussette moisie. Ce n'était vraiment pas de cette manière que je voulais conclure. Et merde quoi, elle était un peu rose, c'est tellement moche, Barbie, et drôle…
C'est en me faisant violence que je la sortais de la poche de ma veste en jean pour la poser sur la table basse juste devant moi. Ainsi, je la fixais longuement tout en réfléchissant à la suite des événements, m'enfermant dans mes pensées, hermétique à ce qui se trouvait autour de moi. Je ne réalisais donc pas qu'on m'approchait.
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Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Jeu 27 Sep 2018 - 21:29
Roseau plie mais ne rompt pas
Jeudi 27 septembre, fin d'après-midi
La journée de cours était terminée, de même que l’activité des Dandelions & Furs. Pourtant, pour Isalynn, elle avait un petit goût d’inachevé. Quelque chose la perturbait et faisait qu’elle se refusait à rentrer chez elle comme ça. Il fallait qu’elle aille voir la concernée : ayant bien remarqué qu’une des membres du club, qui, malgré sa timidité était pourtant en général particulièrement douée était très en deçà de ses capacités depuis la rentrée. S’étant quelque peu renseignée, elle savait que ce n’était pas spécifique au club, même si elle n’en connaissait pas les raisons. C’était pour cela que la rousse avait décidé de rester un peu à l’université ce soir : pour aller discuter avecAbigail Dowell , une amie de sa cousine dans leur salle commune. Bien entendu, elle était au courant de l’accident survenu en fin d’année scolaire. Un accident, si on pouvait dire les choses ainsi, qui avait failli leur être fatal. Mais, là encore, elle n’avait aucune information spécifique, Aislin s’étant murée dans le silence. Un silence qui inquiétait particulièrement la neuvième année qui s’inquiétait pour cette membre de sa famille si spéciale à ses yeux.
Après avoir achevé de soigner les créatures et les avoir rentrées avec l’aide de son professeur de SACM, la jeune femme gagna la salle commune des gris, après avoir fait le détour par la volière pour prévenir sa colocataire de ne pas s’inquiéter de son retard. Isalynn était comme ça. Elle ne voulait pas que l’on s’inquiète pour elle. Elle avait beau être passée par de rudes moments après sa rupture avec Adrian, avoir eu besoin de la présence des autres autour d’elle, maintenant qu’elle allait mieux, elle voulait les rassurer quand même. Même si elle n’était pas forcément proche des concernés. Bien que, vivre sous le même toit qu’une autre personne, ça rapprochait. Surtout que, pour l’instant, les deux femmes n’avaient pas retrouvé de colocataire supplémentaire. La maison paraissait d’autant plus grande et vide.
Elle arriva bientôt à la salle commune des Ethelred, qui avait été sa maison, son toit pendant sept ans et demi. Jusqu’à ce qu’elle se sépare de celui qui était à l’époque en dixième année et qu’elle éprouve trop de honte et de sentiments amoureux pour le croiser dans les couloirs. Aujourd’hui qu’il était parti, ayant terminé ses études, elle aurait pu revenir vivre ici. Elle était, pourtant, incapable. Elle avait trouvé un véritable havre de paix au phare. Elle y avait trouvé son chez elle. Elle poussa un petit soupir en observant la salle dans laquelle elle avait passé tant de temps, son regard se posant sur le canapé où elle s’était confiée à Eliott, peut de temps après la rentrée précédente. Avant qu’il n’abandonne son cursus pour travailler avec les dragons. Avant qu’il ne revienne en tant qu’assistant au professeur de dragonologie et qu’un fossé ne se creuse entre elle et lui. Avant qu’il ne profite de sa rupture avec Adrian pour dévoiler ses sentiments à celui-ci et se mettre en couple avec lui. Avant qu’il n’ait un stupide accident qui l’avait laissé entre la vie et la mort et avait brisé le cœur d’Adrian… Chassant ses pensées de son esprit, elle chercha du regard la jeune femme qu’elle venait voir et ne tarda pas à la trouver, sur un des confortables canapés.
Elle lui semblait quelque peu recroquevillée sur elle-même, comme si elle cherchait à disparaitre. Etonnamment, personne n’allait vers elle. Certes, elle avait beau être plutôt solitaire – Isalynn ne se souvenant pas de l’avoir vue particulièrement entourée par le passé – mais elle n’était pas non plus monstrueuse au point de faire fuir les autres… Si ? En tout cas, ce n’était pas le cas d’Isalynn qui se dirigea vers l’endroit où elle était installée. « Abigail ? » demanda-t-elle d’une voix douce pour ne pas faire trop peur à la jeune femme qui ressemblait tellement à une adolescente. A tel point que pendant quelques années, Isalynn avait été persuadée que soit Abigail avait trouvé la fontaine de Jouvence, soit elle avait été mordue et transformée en vampire. La deuxième solution était impossible, bien sûr : elle sortait en plein jour. La première… La première effleurait toujours l’esprit de la rousse de temps à autre. Ce soir, par exemple. Et cette pensée lui arracha un sourire amusé avant que les yeux bleus de la rousse ne soient attirés par la baguette rose barbie de sa camarade. « Je peux me joindre à toi ? » ajouta-t-elle après quelques instants. Elle-même s’assit, non pas sur le canapé, mais sur la table basse, juste à côté de la baguette, en penchant la tête légèrement sur le côté pour regarder la demoiselle en face d’elle. « Je te demanderais bien si ça va, mais j’ai l’impression que la réponse se lit sur ta tête… » conclut-elle dans une tentative d’humour, en souriant à la jeune femme en face d’elle.
@abigail dowell
mentionnés: @aislin gull ; @aroha hawkins ; @adrian o'connor ; Eliott Keith
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Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Ven 28 Sep 2018 - 15:25
Je ne me préoccupais plus vraiment de l'endroit où je me trouvais ni même si on souhaitait m'approcher ou non. J'étais si habituée à la solitude, à être à l'écart et à savoir me rendre invisible que même au centre d'une pièce les gens ne me voyaient pas toujours. À l'époque j'en avais souffert un peu, durant mon enfance. Puis c'est devenu une arme, et un atout particulièrement pratique en dragonologie. Sauf que les dragons, ou les animaux de manière générale, ont ce talent d'intuition qu'ont bien trop peu d'être humain. Il m'était donc plus difficile de disparaître aux yeux des créatures que de mes semblables. Ainsi, je sursautais légèrement en entendant mon prénom et en voyant Isalynn se tenir non loin moi. De mes grands yeux étonnés, je la fixais s'installer sur la table basse jusqu'à côté de ma baguette. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ?
Même si nous nous connaissions un peu par le club des Dandelions et parce que nous appartenions toutes les deux à la maison des Ethelred, je ne l'avais jamais spécialement côtoyée. Puisque je n'étais pas du genre à aller vers les autres, je n'avais pas essayé de mieux la connaître, car dans un sens, ça m'était égal. Mon entourage était devenu extrêmement vaste, à mon échelle, ces derniers mois et je ne me sentais pas le besoin d'en rajouter. Je ne cherchais pas spécialement à me faire de nouveaux amis. Toutefois, je ne refusais jamais une conversation, et j'étais certaine que la Fraser l'avait très intéressante. De ma voix fluette d'adolescente de 16 ans, je lui répondais avec un sourire poli.
- Bonjour Isalynn
Hochant la tête à sa demande de se joindre à moi, je la regardais calmement, m'interrogeant sur la véritable raison qui la poussait à venir me voir. Qui plus est, son absence régulière dans la maison des gris me faisait croire qu'elle ne devait pas vivre dans les chambres de l'université, mais plutôt à l'extérieur de celle-ci, comme moi. Alors, pourquoi était-elle ici ? Moi, je trainais souvent, par vieux réflexe, et surtout pour m'éviter d'être seule chez moi lorsque je n'avais personne pour rester avec moi. Je repoussais l'échéance de la solitude dans mon appartement, surtout de nuit.
C'est avec un sourire maladroit que je réagissais en premier lieu à son observation et sa pointe d'humour, puis je baissais les yeux, comme si soutenir son regard était trop difficile pour moi.
- Bah… ça va. Mais il y a eu mieux.
Osant un rapide coup d'œil sur elle, je fuyais à nouveau bien vite
- Mais c'est gentil de t'en soucier, merci beaucoup.
Avec un instant d'hésitation, je relevais à nouveau l'écorce de mon regard sur elle pour essayer d'entamer une discussion. La question de sa venue me tournait dans la tête pourtant je n'osais pas le lui demander.
- Et toi ? Comment vas-tu ?
Tranquillement, je m'enfonçais un peu plus dans le canapé pour essayer de me mettre à l'aise tant bien que mal. La présence de la jeune femme en face de moi m'évoquait la réunion du club que nous venions d'avoir, et je ne pouvais m'empêcher de me sentir un peu coupable. De quoi, je ne le savais pas trop, mais je m'en voulais, de ne pas avoir été à la hauteur et de ne pas avoir participé comme à l'accoutumée. Sans trop savoir pourquoi, je ressentais le besoin de l'exprimer.
- Je te prie de m'excuser… pour tout à l'heure. Je ferai plus attention la prochaine fois.
Même si nous nous connaissions un peu par le club des Dandelions et parce que nous appartenions toutes les deux à la maison des Ethelred, je ne l'avais jamais spécialement côtoyée. Puisque je n'étais pas du genre à aller vers les autres, je n'avais pas essayé de mieux la connaître, car dans un sens, ça m'était égal. Mon entourage était devenu extrêmement vaste, à mon échelle, ces derniers mois et je ne me sentais pas le besoin d'en rajouter. Je ne cherchais pas spécialement à me faire de nouveaux amis. Toutefois, je ne refusais jamais une conversation, et j'étais certaine que la Fraser l'avait très intéressante. De ma voix fluette d'adolescente de 16 ans, je lui répondais avec un sourire poli.
- Bonjour Isalynn
Hochant la tête à sa demande de se joindre à moi, je la regardais calmement, m'interrogeant sur la véritable raison qui la poussait à venir me voir. Qui plus est, son absence régulière dans la maison des gris me faisait croire qu'elle ne devait pas vivre dans les chambres de l'université, mais plutôt à l'extérieur de celle-ci, comme moi. Alors, pourquoi était-elle ici ? Moi, je trainais souvent, par vieux réflexe, et surtout pour m'éviter d'être seule chez moi lorsque je n'avais personne pour rester avec moi. Je repoussais l'échéance de la solitude dans mon appartement, surtout de nuit.
C'est avec un sourire maladroit que je réagissais en premier lieu à son observation et sa pointe d'humour, puis je baissais les yeux, comme si soutenir son regard était trop difficile pour moi.
- Bah… ça va. Mais il y a eu mieux.
Osant un rapide coup d'œil sur elle, je fuyais à nouveau bien vite
- Mais c'est gentil de t'en soucier, merci beaucoup.
Avec un instant d'hésitation, je relevais à nouveau l'écorce de mon regard sur elle pour essayer d'entamer une discussion. La question de sa venue me tournait dans la tête pourtant je n'osais pas le lui demander.
- Et toi ? Comment vas-tu ?
Tranquillement, je m'enfonçais un peu plus dans le canapé pour essayer de me mettre à l'aise tant bien que mal. La présence de la jeune femme en face de moi m'évoquait la réunion du club que nous venions d'avoir, et je ne pouvais m'empêcher de me sentir un peu coupable. De quoi, je ne le savais pas trop, mais je m'en voulais, de ne pas avoir été à la hauteur et de ne pas avoir participé comme à l'accoutumée. Sans trop savoir pourquoi, je ressentais le besoin de l'exprimer.
- Je te prie de m'excuser… pour tout à l'heure. Je ferai plus attention la prochaine fois.
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Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Dim 30 Sep 2018 - 12:10
Roseau plie mais ne rompt pas
Jeudi 27 septembre, fin d'après-midi
N’ayant jamais été particulièrement proche de la brune, Isalynn ne savait pas trop comment l’aborder. Ce n’était pas qu’elle ne s’était jamais intéressée à elle sur le plan humain. C’était simplement qu’elle n’en avait jamais eu l’occasion et que la jeune femme semblait se porter comme un charme jusque là. Cette année pourtant… Disons que Lynn observait ses camarades même si elle ne vivait plus à l’université. Elle était ainsi. Elle ne se mêlait pas forcément de la vie des autres, n’aimait pas les ragots, mais si une autre personne n’allait pas bien, elle voulait la rassurer, s’occuper d’elle. Elle était ainsi, et on ne la referait pas. Ainsi, elle s’était approchée de l’endroit où cogitait Abigail. Doucement, presque comme si la jeune fille était un animal sauvage qu’il fallait apprivoiser avant de pouvoir l’approcher. Une biche en cet instant, c’était ce qu’évoquait la demoiselle aux yeux de la rousse. Cette dernière avait commencé par la saluer avant de lui demander si elle pouvait se joindre à elle. La jeune femme accepta d’une voix toute douce, toute fluette, après avoir répondu à son salut, permettant à Lynn de s’installer plus confortablement sur la table basse. Elle aurait, certes, pu s’installer sur le canapé à côté d’elle, ou sur le fauteuil qui contribuait à encadrer la table basse. Mais si elle voulait laisser à la jeune femme son espace vital, elle n’avait pas non plus envie que les autres entendent leur conversation. Parler doucement serait plus facile ainsi.
Bien que curieuse, elle se retint de tripoter la baguette rose de la demoiselle qui évoquait presque à yeux les écailles d’un dragon. Un frisson parcourut son échine au souvenir de l’accident de son frère, neuf ans plus tôt et de celui d’Eliott à la fin de l’année scolaire. Il n’empêchait que cet objet attirait irrémédiablement la rousse qui le quitta du regard pour reporter son attention sur sa propriétaire en s’enquérant de son état de façon détournée, avec une petite pointe d’humour. Bien qu’elle n’en montre rien, la rousse était inquiète pour la jeune femme qui ne parvenait à la regarder dans les yeux, comme si elle avait peur de quelque chose ou honte. Ou qu’elle se soumettait ? Non… Impossible. Isalynn secoua la tête quelque peu incrédule à cette pensée sortie de nulle part tandis qu’Abigail répondait avant de la remercier de s’en soucier. De nouveaux, un petit regard vers elle avant de le détourner. Un petit silence, un nouveau regard et Abigail lui retournait la question.
Dubitative, Isalynn fronça les sourcils lorsque le regard d’Abigail s’abaissa à nouveau. Il y avait quelque chose qui n’allait pas. C’était sûr et certain et Lynn avait plus que jamais envie de creuser. Pour aider la jeune femme qui était amie avec sa cousine. Parce qu’il n’était pas normal que des Ethelred en laissent d’autres dans le besoin. « Je vais bien, merci. » répondit-elle à la question d’Abigail. Car c’était vrai. Si on enlevait les aspects de sa vie qui la perturbait : la paternité de son meilleur ami, sa rencontre avec Ian qui perturbait tous ses sens, l’accident d’Eliott… Ca allait parfaitement bien. Elle avait, même, entamé une réconciliation avec celle qui était sa meilleure amie à Poudlard ! C’était presque un nouveau départ, pour Isalynn qui regarda Abigail s’enfoncer dans le canapé. Pour s’y fondre ou pour y être mieux installée ? Difficile à dire comme elle ne se trouvait pas dans la tête de la jeune femme. Isalynn, quant à elle, se demandait si elle devrait prendre la parole sur la raison de sa présence, ou tourner autour du pot. Elle n’en eut pas le temps, pourtant que la jeune femme qu’elle était venue voir la devança. « Je te prie de m'excuser… pour tout à l'heure. Je ferai plus attention la prochaine fois. » « Hey ! C’est pas grave ! » réagit-elle immédiatement en posant une main sur celle d’Abigail. C’avait été instinctif. Impossible pour la rousse de retenir son geste. Elle avait eu l’impression qu’Abigail s’était sentie coupable de son échec pendant la réunion du club. Et c’était ce genre de réaction que Lynn ne voulait surtout pas. Il arrivait à tout le monde de ne pas être en forme.
La jeune femme se leva de la table basse pour s’asseoir à côté de sa camarade sur le canapé, sans pour autant avoir lâché la main. « C’est pas grave » insista-t-elle. « Ca arrive… Mais… » Comment pouvait-elle dire ce qui l’inquiétait sans brusquer la jeune femme à ses côtés ? Si elle n’avait pas envie de la considérer comme une petite chose fragile – parce que Lynn n’aurait pas aimé qu’on la traite ainsi si elle s’était retrouvée dans la position d’Abigail – elle n’avait pas non plus envie de la brusquer et de la blesser. Elle tenta alors un : « Pour tout te dire, je suis inquiète. Je ne t’ai jamais vue en difficulté avec quelque chose d’aussi basique. » elle regarda l’objet en face d’elles sur la table basse. « Y a-t-il un souci avec ta baguette ? » Elle savait que, passé un certain stade d’apprentissage, un sorcier pouvait être amené à devoir changer de baguette. Un choc aussi, pouvait provoquer ce genre de chose. Et, bien sûr, si la baguette était cassée. Un infime éclat pouvait suffire pour qu’une baguette cesse de fonctionner.
@abigail dowell
mentionnés: @ian taylor ; @sasha muller ; Eliott Keith
- InvitéInvité
Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Dim 30 Sep 2018 - 20:48
Ma question rhétorique amena cette réponse simple de la jeune femme se trouvant devant moi. Elle allait bien et me remerciait. C'était ce que le commun des mortels appelait une politesse. Personnellement, et si empathique avec mon prochain, j'étais toujours soulagée que mon interlocuteur aille bien. Aussi, je m'estimais souvent bien trop maladroite pour véritablement penser être à la hauteur en cas de besoin. Tout dépendait de qui j'avais en face évidemment, mais j'étais toujours prise au dépourvu lorsqu'en face, il y avait une détresse. Je ne savais jamais par quel bout le prendre, comment faire, comment agir, comment consoler. Et même si la réponse d'Isalynn était elle aussi une politesse, sans doute ne voulait-elle pas s'épancher sur sa vie privée, et je l'en remerciais, je l'accueillais avec un soulagement manifesté par un fin sourire à mes lèvres.
Même si elle ne m'avait rien demandé, je préférais déjà abattre la glace qui se formait entre nous deux, tout du moins, celle que je prenais bien soin à ériger autour de moi depuis mon accident. Je ne connaissais pas la rouquine plus que ça, et sa réputation m'était toujours passée très au-dessus. Je ne me fiais jamais aux rumeurs lorsque je ne connaissais pas les gens, parce que ça ne me regardait pas. Encore une fois, ce n'était qu'une question de politesse. Toutefois, elle bénéficiait de mes efforts uniquement parce qu'elle faisait partie de la même maison que moi. Nous étions une famille, et même si chacun avait sa particularité chez les Ethelred, cette façon de s'adapter à son environnement tel un caméléon, nous n'en étions pas moins une famille. Isalynn incarnait alors un peu cette grande sœur que je n'aurai jamais. Qui plus est, le feu de ses cheveux me rappelait quelque peu celui d'Aislin. J'ignorais toutefois s'il y avait un lien de parenté entre elles.
C'était pour toutes ces simples raisons que j'avais décidé de moi-même avancer le sujet, il était inutile de tourner trop longtemps autour du pot. Et pour quelle autre raison serait-elle venue me parler ? Cela avait en tout cas forcément un lien avec la réunion des Dandelions.
La compassion dont elle fit preuve en se penchant vers moi et en posant sa main sur la mienne me surprit autant qu'elle me faisait du bien. C'est pourquoi j'osais relever les yeux sur elle et ne plus fuir, comme si cette proximité me donnait le courage qui me manquait jusque-là. Elle semblait bénéficier d'une grande compassion, et ma naïveté me soufflait que je pouvais lui faire confiance. Après tout, pourquoi devrais-je me méfier d'un membre de la même maison que la mienne ?
Suivant son geste du regard comme un chien perdu, je la laissais s'installer à côté de moi, sa main toujours sur la mienne. Encore une fois, je ne pouvais m'empêcher de faire un parallèle avec ma meilleure amie que je savais aussi tactile. Au départ, je n'avais guère apprécié ces élans d'affection, bien peu habituée. Aislin avait après tout été la première véritable amie que je n'avais jamais eue, et en dehors des élans d'affection que je pouvais avoir avec ma sœur, je n'étais pas habituée. À présent, je m'étais faite une raison, et j'avais appris à reconnaître lorsque le geste venait du cœur, comme à présent avec Isalynn.
Les réflexions de la jeune femme étaient parfaitement logiques, et je ne pouvais m'empêcher de détourner le regard sur ma baguette légèrement rosée tout en poussant un imperceptible soupir.
- Je sais…
Oui, je savais que ce n'était pas commun de me voir échouer dans des sortilèges basiques, comme elle le disait si bien. Moi qui étais toujours appliquée dans ce que je faisais, j'avais l'impression d'avoir drastiquement régressé. Je me sentais même d'un niveau inférieur à ma première année à Poudlard. S'en était particulièrement éprouvant.
- Non, le souci ne vient pas de ma baguette… mais de moi.
Osant revenir sur elle, je la toisais simplement avec cette hésitation qui ne me quittait pas, et cette gêne aussi. Car je ne savais pas si je pouvais me laisser aller à quelque confidence. Tout était lié à mon accident à la fin du mois de juin. Il m'avait déjà été difficile de me confier à Fiona et Aedan, qui ne faisaient alors pas encore partie de mon cercle d'ami à ce moment-là. J'ignorais si je pouvais réitérer avec Isalynn.
Même si elle ne m'avait rien demandé, je préférais déjà abattre la glace qui se formait entre nous deux, tout du moins, celle que je prenais bien soin à ériger autour de moi depuis mon accident. Je ne connaissais pas la rouquine plus que ça, et sa réputation m'était toujours passée très au-dessus. Je ne me fiais jamais aux rumeurs lorsque je ne connaissais pas les gens, parce que ça ne me regardait pas. Encore une fois, ce n'était qu'une question de politesse. Toutefois, elle bénéficiait de mes efforts uniquement parce qu'elle faisait partie de la même maison que moi. Nous étions une famille, et même si chacun avait sa particularité chez les Ethelred, cette façon de s'adapter à son environnement tel un caméléon, nous n'en étions pas moins une famille. Isalynn incarnait alors un peu cette grande sœur que je n'aurai jamais. Qui plus est, le feu de ses cheveux me rappelait quelque peu celui d'Aislin. J'ignorais toutefois s'il y avait un lien de parenté entre elles.
C'était pour toutes ces simples raisons que j'avais décidé de moi-même avancer le sujet, il était inutile de tourner trop longtemps autour du pot. Et pour quelle autre raison serait-elle venue me parler ? Cela avait en tout cas forcément un lien avec la réunion des Dandelions.
La compassion dont elle fit preuve en se penchant vers moi et en posant sa main sur la mienne me surprit autant qu'elle me faisait du bien. C'est pourquoi j'osais relever les yeux sur elle et ne plus fuir, comme si cette proximité me donnait le courage qui me manquait jusque-là. Elle semblait bénéficier d'une grande compassion, et ma naïveté me soufflait que je pouvais lui faire confiance. Après tout, pourquoi devrais-je me méfier d'un membre de la même maison que la mienne ?
Suivant son geste du regard comme un chien perdu, je la laissais s'installer à côté de moi, sa main toujours sur la mienne. Encore une fois, je ne pouvais m'empêcher de faire un parallèle avec ma meilleure amie que je savais aussi tactile. Au départ, je n'avais guère apprécié ces élans d'affection, bien peu habituée. Aislin avait après tout été la première véritable amie que je n'avais jamais eue, et en dehors des élans d'affection que je pouvais avoir avec ma sœur, je n'étais pas habituée. À présent, je m'étais faite une raison, et j'avais appris à reconnaître lorsque le geste venait du cœur, comme à présent avec Isalynn.
Les réflexions de la jeune femme étaient parfaitement logiques, et je ne pouvais m'empêcher de détourner le regard sur ma baguette légèrement rosée tout en poussant un imperceptible soupir.
- Je sais…
Oui, je savais que ce n'était pas commun de me voir échouer dans des sortilèges basiques, comme elle le disait si bien. Moi qui étais toujours appliquée dans ce que je faisais, j'avais l'impression d'avoir drastiquement régressé. Je me sentais même d'un niveau inférieur à ma première année à Poudlard. S'en était particulièrement éprouvant.
- Non, le souci ne vient pas de ma baguette… mais de moi.
Osant revenir sur elle, je la toisais simplement avec cette hésitation qui ne me quittait pas, et cette gêne aussi. Car je ne savais pas si je pouvais me laisser aller à quelque confidence. Tout était lié à mon accident à la fin du mois de juin. Il m'avait déjà été difficile de me confier à Fiona et Aedan, qui ne faisaient alors pas encore partie de mon cercle d'ami à ce moment-là. J'ignorais si je pouvais réitérer avec Isalynn.
- InvitéInvité
Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Lun 1 Oct 2018 - 11:36
Roseau plie mais ne rompt pas
Jeudi 27 septembre, fin d'après-midi
Oui, Isalynn allait bien. Enfin… En grande partie. Mais elle n’était pas là pour parler d’elle. Au fond elle ne se confiait pas à beaucoup de personnes. L’année précédente, il s’était principalement s’agit d’Eliott en début d’année, et de Sasha tout le reste du temps. La rousse avait toujours été une meilleure oreille qu’une grande parleuse, et ça lui allait très bien comme cela. Elle n’aimait pas crier sur tous les toits ce qu’elle faisait ou quoi. Déjà que les ragots du Chineur l’embarrassaient suffisamment… Bref. Elle allait bien. Elle n’était pas au bord du burn out comme elle avait pu l’être après sa rupture avec Adrian où elle n’avait plus envie de rien. Elle répondit donc au sourire - timide ? – d’Abigail par un autre sourire qui se figea quelque peu lorsqu’Abigail s’excusa de ce qui, pour certains aurait pu passer pour de l’inattention ou du désintérêt. Lynn la rassura immédiatement. Si Abigail ne se sentait déjà pas bien, se dire que les autres pouvaient lui reprocher de ne pas être au mieux de sa forme ne risquait pas de l’aider à aller mieux. Et si Lynn savait qu’elle ne pouvait pas être proche de tous les Dandelions, elle voulait qu’ils aient confiance en elle.
Concernant Abigail, ce n’était pas uniquement ça. La brune à ses côtés était très amie avec Aislin, la cousine de Lynn. Cela rendait la jeune femme d’autant plus précieuse à ses yeux et elle savait qu’Abigail était avec Aislin en juin lors de l’incident. Si la rousse n’avait eu aucun détail, elle savait que sa cousine avait été très blessée. Mais physiquement, elle allait bien aujourd’hui. Elle en avait eu la preuve lors de la soirée au camp. Soirée où, elle-même, n’avait pas le moral. Voir sa cousine en forme l’avait quelque peu rassurée, ceci dit. Mais pour l’instant, il n’était pas question d’Aislin. Le seul point concernant la nordique qui avait hérité des traits écossais de sa famille était Abigail qu’Isalynn tentait de rassurer le mieux possible, ignorant qu’Abigail, de son côté faisait le parallèle avec la pokeby.
Isalynn partagea avec Abigail son inquiétude concernant celle-ci et ses aptitudes à la magie qui ne s’étaient pas démontrées ce jour-là. Bien entendu, Isalynn savait qu’on pouvait avoir des baisses de régime. Mais pour elle, lorsqu’il s’agissait de s’occuper de créatures magiques, ce n’était pas dans les habitudes d’Abi. Celle-ci n’avait jamais raté un seul sortilège en lien avec les créatures. Au contraire. Lynn avait plutôt été habituée à la voir tout réussir avec brio dès que cela concernait le club. Et souvent avec de bonnes idées – lorsqu’elle osait les partager avec les autres. Elle envisagea donc un problème avec la baguette de la jeune femme : baguette cassée, baguette plus suffisamment efficace… Mais Abigail nia ces éventualités, s’accusant des problèmes qu’elle rencontrait.
La rousse ne put s’empêcher de froncer les sourcils en regardant la jeune femme à ses côtés. Pourquoi se dénigrait-elle ? Qu’est-ce qu’il avait bien pu se passer ? Elle se mordilla la lèvre, ne sachant comment aborder sa supposition, mais finit par se lancer, comme ça, de but en blanc : « C’est à cause de ce qu’il s’est passé avec ma cousine ? Avec Aislin, je veux dire… » Parce que si la baguette n’avait rien, il y avait forcément un traumatisme qui expliquait qu’Abigail ne puisse pas utiliser son medium magique, n’est-ce pas ? Après tout, on ne pouvait pas perdre sa magie, pas vrai ? Seul un blocage pouvait nous empêcher de nous en servir.
@abigail dowell
mentionnés: @aislin gull
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Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Mer 3 Oct 2018 - 9:55
J’essayais tant bien que mal de faire face à la jeune femme, mais ce n’était pas chose aisée pour moi. D’autant plus que je ne la connaissais pas, mais aussi à cause de ma timidité, et de tout ce qui se passait dernièrement dans ma vie. Je devais avouer que ma tête était sur le point d’exploser tant je ressentais de sentiments contradictoires au même temps. Maintenant par exemple, j’étais heureuse de pouvoir enfin parler avec ma compatriote, car j’appréciais toujours échanger avec les Ethelred, mais j’étais aussi très angoissée de cette nouvelle relation. En ce moment, les miennes étaient particulièrement mouvementées, et un peu comme si je me croyais maudite, je craignais de ce qui pouvait arriver avec Isalynn. Qui plus est, ma nature réservée me hurlait de m’en aller et de rentrer chez moi pour m’enfermer. Oui mais voilà, être seule chez moi dans le noir me faisait peur depuis mon accident. J’aurai pu me tirer les cheveux.
Ainsi donc, je préférais me faire violence et prendre mon courage à deux mains pour crever directement l’abcès. Sans doute que la présence de la rouquine était intéressée, il ne me restait qu’à savoir quoi. Encore que… ça m’était un peu égal, je ne souhaitais juste pas que ça puisse me porter préjudice. Cela dit, en dehors des Dandelions je ne voyais pas très bien pourquoi elle venait me voir, en dehors d’un élan de gentillesse qui me surprendrait sincèrement, mais en bien. La laissant prendre place à côté de moi, je la regardais, sans essayer de chasser sa main sur la mienne. Drainer sa chaleur me faisait du bien, comme si elle me permettait de faire fondre la glace de mon âme.
Alors que je lui énonçais que le problème venait de moi, et c’était bien la vérité, je voyais comme un froncement de sourcils désapprobateur de la part d’Isalynn. Je n’en tenais pas compte davantage puisque j’écoutais ce qu’elle avait à me dire, sans jugement aucun.
- Heu… oui
Une expression de surprise affichée sur mon visage dû trahir ce que je pensais vraiment alors. Évidemment, je savais que des informations avaient fuités concernant ce qui était arrivé à la fin juin. J’ignorais cependant que ça avait pu prendre une telle ampleur que même elle était à présent au courant. Toutefois, lorsqu’elle précisa être la cousine d’Aislin, je comprenais alors mieux comment elle avait pu en entendre parler. Et je comprenais aussi mieux la ressemblance éloignée que j’avais réussi à deviner inconsciemment.
Reposant mon regard sur ma baguette rosée placée juste devant nous sur la table, je soupirais doucement pour reprendre la parole tranquillement. D’extérieur, j’avais une apparence détendue, calme et effacée, comme toujours. Mais à y voir de plus près, il était possible de voir ma tête légèrement enfoncée dans mes épaules et mon dos quelque peu voûté comme s’il avait du mal à supporter le poids qui pesait sur mes épaules.
- Il y a un poil de loup-garou à l’intérieur.
Pusiqu’elle avait entendu parler de ce qui était arrivé, j’estimais ne pas avoir besoin de lui donner de plus amples détails. Au fond, si elle en avait besoin, elle me le demanderait sans doute, surtout si elle souhaitait m’aider. Je n’en savais strictement rien et je ne demandais pas spécialement d’aide en fait, même si elle était toujours la bienvenue. Des fois, nous pouvions être surpris de voir que la solution vient par quelque chose, ou en l’occurrence, quelqu’un que nous n’attendions pas.
Me remémorant rapidement mon comportement avec ma baguette lors du voyage en Amazonie, je me plongeais à nouveau dans les méandres de mes pensées, mes yeux bruns foncés se voilant alors, montrant que j’étais partie loin.
Ainsi donc, je préférais me faire violence et prendre mon courage à deux mains pour crever directement l’abcès. Sans doute que la présence de la rouquine était intéressée, il ne me restait qu’à savoir quoi. Encore que… ça m’était un peu égal, je ne souhaitais juste pas que ça puisse me porter préjudice. Cela dit, en dehors des Dandelions je ne voyais pas très bien pourquoi elle venait me voir, en dehors d’un élan de gentillesse qui me surprendrait sincèrement, mais en bien. La laissant prendre place à côté de moi, je la regardais, sans essayer de chasser sa main sur la mienne. Drainer sa chaleur me faisait du bien, comme si elle me permettait de faire fondre la glace de mon âme.
Alors que je lui énonçais que le problème venait de moi, et c’était bien la vérité, je voyais comme un froncement de sourcils désapprobateur de la part d’Isalynn. Je n’en tenais pas compte davantage puisque j’écoutais ce qu’elle avait à me dire, sans jugement aucun.
- Heu… oui
Une expression de surprise affichée sur mon visage dû trahir ce que je pensais vraiment alors. Évidemment, je savais que des informations avaient fuités concernant ce qui était arrivé à la fin juin. J’ignorais cependant que ça avait pu prendre une telle ampleur que même elle était à présent au courant. Toutefois, lorsqu’elle précisa être la cousine d’Aislin, je comprenais alors mieux comment elle avait pu en entendre parler. Et je comprenais aussi mieux la ressemblance éloignée que j’avais réussi à deviner inconsciemment.
Reposant mon regard sur ma baguette rosée placée juste devant nous sur la table, je soupirais doucement pour reprendre la parole tranquillement. D’extérieur, j’avais une apparence détendue, calme et effacée, comme toujours. Mais à y voir de plus près, il était possible de voir ma tête légèrement enfoncée dans mes épaules et mon dos quelque peu voûté comme s’il avait du mal à supporter le poids qui pesait sur mes épaules.
- Il y a un poil de loup-garou à l’intérieur.
Pusiqu’elle avait entendu parler de ce qui était arrivé, j’estimais ne pas avoir besoin de lui donner de plus amples détails. Au fond, si elle en avait besoin, elle me le demanderait sans doute, surtout si elle souhaitait m’aider. Je n’en savais strictement rien et je ne demandais pas spécialement d’aide en fait, même si elle était toujours la bienvenue. Des fois, nous pouvions être surpris de voir que la solution vient par quelque chose, ou en l’occurrence, quelqu’un que nous n’attendions pas.
Me remémorant rapidement mon comportement avec ma baguette lors du voyage en Amazonie, je me plongeais à nouveau dans les méandres de mes pensées, mes yeux bruns foncés se voilant alors, montrant que j’étais partie loin.
- InvitéInvité
Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Lun 5 Nov 2018 - 16:24
Roseau plie mais ne rompt pas
Jeudi 27 septembre, fin d'après-midi
Peut-être parce que c’était l’amie de sa cousine, mais Isalynn voulait réellement l’aider. Ne pas la braquer, ne pas la brusquer, ou la brusquer juste ce qu’il fallait. Ent tout cas, si elle le pouvait. En avait-elle seulement les capacités, elle ne savait pas vraiment, mais elle pouvait toujours essayer. Et c’était bien ce qu’elle comptait faire. Et si en passant elle pouvait savoir exactement ce qui était arrivé à sa cousine, ça l’arrangerait grandement. Parce que pour l’instant, elle était encore dans le flou. Un flou qui la perturbait, comme elle avait pu l’être entre l’accident de son frère et le moment où celui-ci était venu lui parler. Aislin le ferait-elle seulement? Lynn n’en était pas certaine. Si les deux jeunes femmes avaient été très proches pendant l’enfance malgré la distance physique, elles s’étaient quelque peu éloignées ces dernières années, avant de se rapprocher à nouveau. Mais pas comme avant. La mort du père d’Aislin avait fait beaucoup de mal dans leur relation sans que Lynn ne comprenne vraiment. La rousse, pourtant, savait qu’elle devrait à un moment aller parler à la pokeby. Mais pas tout de suite. Pour l’instant, elle parlait avec Abigail - même si parler avec elle lui donnait l’impression de se rapprocher un peu de sa cousine - et était là pour essayer de l’aider. Ainsi, elle lui demanda si son problème avec sa baguette était dû à l’accident du mois de juin. Intuition qu’Abigail ne tarda pas à confirmer. Isalynn hocha la tête avant de voir la surprise se peindre sur le visage de l’autre Ethelred.
Elle sa demanda ce qui la surprenait tant, mais n’essaya pas de creuser. Si des rumeurs avaient fuité, c’était surtout parce que sa cousine avait passé plusieurs semaines à l’hôpital qu’elle savait qu’il s’était passé quelque chose. Elle attendit, donc, silencieuse, qu’Abigail reprenne la parole, retenant son souffle en espérant que celle-ci allait raconter ce qu’il s’était passé sans qu’Isalynn n’ait besoin de lui poser de questions. Pourtant, ce ne fut pas le cas. Lorsqu’Abigail reprit la parole, ce fut pour dire que sa baguette contenait un poil de loup-garou. La position de la jeune femme, voûtée, la tête rentrée dans les épaules, donnait à penser à Isalynn qu’il s’était passé quelque chose de réellement grave ce jour-là. Une chose pour laquelle Abigail se sentait coupable. Mais quoi? “Tu veux en parler? Ca fait du bien, de se confier.” Elle se souvenait encore comme si c’était hier du soir où Kerr était allée la voir dans sa chambre pour lui raconter l’accident avec le dragon qui avait failli lui coûter la vie. Elle se refusait toutefois à évoquer son frère avec Abigail. Si elle n’avait jamais fait de serment inviolable avec son ainé, le seul qui savait ce qu’il s’était passé était Eliott qui l’avait lu par mégarde dans son esprit. Un geste de son ami qui l’avait particulièrement choquée à l’époque. Qui la choquait encore, d’ailleurs, même si elle lui avait pardonné. “Que s’est-il passé, exactement?” demanda-t-elle encore d’une voix douce avant de préciser que: “Ni Aislin ni ma tante ne m’ont donné de précisions. Mais je pense que si tu me racontes comment ça s’est passé pour toi, on pourra trouver une solution pour t’aider…” Sans réellement attendre la réponse d’Abigail, la rousse se saisit de sa propre baguette pour lancer une sphère de silence autour d’elles. “Personne ne nous entendra.” précisa-t-elle en rangeant sa baguette.
@abigail dowell
mentionnés: @aislin gull
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Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Lun 5 Nov 2018 - 18:42
J'avais déjà raconté plusieurs fois cette histoire. Pourtant, à chaque fois elle me faisait trembler. Bien qu'à présent j'arrivais à mieux affronter mes peurs, reprendre ce récit me faisait revivre encore et encore le cauchemar de cette nuit. Ce n'était jamais un exercice plaisant et simple pour moi, mais je savais que plus j'allais le dévoiler, mieux j'allais l'affronter et ne plus le nier. Car au début c'est ce que j'essayais de faire. L'éviter, le repousser, l'ignorer. Avec le temps, j'avais finis par comprendre que ce n'était pas une solution, pas pour moi en tout cas. Car malgré mes airs timides et effacés, j'étais une battante et je savais prendre les problèmes à bras le corps. Comment m'était-il possible sinon d'affronter tous les jours des dragons ?
La proposition d'Isalynn me fit donc du bien. Néanmoins, je l'acceptais non pas dans le besoin de me confier, ça, j'avais déjà pu le faire, mais bel et bien dans le but de trouver une solution à mon problème. J'avais naïvement confiance en la jeune femme tout simplement car nous appartenions à la même maison. Et aussi étranges que puissent être plusieurs de ces membres, j'étais comprise de cette étrangeté. La maison grise avait ça d'être particulière, nous étions tous de véritables caméléon, mais au-delà de ça, une grande famille. De part ce fait, je ne me préoccupais pas de savoir si elle allait raconter mon histoire à autrui. L'idée ne m'effleura même pas l'esprit en réalité. Le fait qu'elle soit proche d'Aislin rajoutait du poids dans la balance, bien que j'ignorais pourquoi ma meilleure amie n'avait pas parlé à sa cousine de cette nuit. J'imaginais qu'elle souhaitait le garder pour elle pour n'alarmer personne.
C'est avec un long soupir que je fixais ma baguette, mes yeux se voilant alors que je revivais avec précision cette nuit.
- J'avais donné rendez-vous à Aislin non loin de la forêt en début de soirée. Nous avions l'habitude de nous retrouver là-bas, vers les serres. J'avais besoin de lui parler, ce qui pourtant n'arrive pour ainsi dire jamais. Seulement… je ne sais pas… je n'ai pas pu me confier comme je le voulais, comme si Aislin ne voulait rien savoir et préférait essayer de me changer les idées. Je ne lui en tiens pas rancune hein… mais je précise ça parce que… parce que c'est ce qui a fait que je me suis intéressée au bruit que j'ai pu entendre dans la forêt. Puisque je n'ai pas pu me livrer, et que je n'avais pas l'envie de m'amuser, j'ai préféré faire ce que je savais faire le mieux : m'intéresser à la nature.
Fronçant un peu les sourcils, je marquais un arrêt en me voyant marcher dans les bois sans crainte, mais aussi sans ces précautions pourtant nécessaires, et que je connaissais par cœur. Mon esprit était à ce moment bien trop anéanti par le refus d'Adoración pour s'éveiller et me souffler d'être prudente.
- Malgré les recommandations d'Aislin de partir, j'ai continué mon chemin. Nous sommes tombées sur une biche morte, éventrée. J'avais envie de savoir ce qui l'avait tuée, donc je me suis rapprochée de la dépouille… puis il nous a sautés dessus.
Remuant un peu les épaules, comme nerveuse, je gardais un visage un peu crispé tout en déglutissant nerveusement. Le simple fait de revoir dans mes souvenirs les traits de ce loup-garou me fit violemment frissonner.
- On a voulu s'enfuir, mais elle est tombée. Alors, quand je me suis retournée et que je l'ai vu, penché au-dessus d'elle, je n'ai pas réfléchit. J'ai bondi sur lui, sans même réaliser que je n'étais plus vraiment moi-même parce que… parce que je suis animagi.
Coulant un regard rapide sur Isalynn, je réalisais que je venais de lui révéler l'un de mes secrets. Je ne me vantais jamais d'être animagi, car voilà bien des années que je l'étais. Et en connaissant ma passion pour la faune et la flore, cette révélation n'était au final pas si étrange que cela. Mais j'aimais garder l'information pour moi. Toutefois, c'était un détail important du récit. Alors je continuais.
- Je me suis battue avec lui, sans ma baguette, uniquement dans le but de l'éloigner d'Aislin. Il m'a gravement blessée, j'ai perdu connaissance, et sans les réflexes d'Aislin pour nous faire transplaner à Sainte Mangouste, sans doute que je ne serai pas assise ici à te parler aujourd'hui.
Je mesurais mes mots. J'avais failli mourir ce jour-là. Et pour le prouver à Isalynn, je me débarrassais avec douceur de sa main sur la mienne dans le but de retirer ma veste en jean. Dessous, je portais un pull plutôt épais mais aux coutures très souples et larges. Ainsi, je levais mes doigts jusqu'à mon col et le tirait en direction de l'une de mes épaules. Emportant le T-shirt qui se trouvait dessous, je révélais à la jeune femme les nombreuses et profondes scarifications qui striaient ma peau. Elles continuaient à s'étendre sur ma nuque, mon dos, et mon bras. Ma consœur pouvait alors parfaitement deviner que ce qu'elle voyait là, ce n'était que le sommet de l'iceberg.
- Aislin a été blessée ce soir-là. Et même si aucune de nous n'avons contracté la lycanthropie, et même si elle m'a dit plusieurs fois de ne pas m'en faire, je m'en veux. Je m'en veux terriblement de ne pas l'avoir écouté, de l'avoir embarquée là-dedans. Je ne sais pas… j'aurai dû… j'aurai dû simplement prendre sur moi et la laisser me parler et jouer, qu'importe ce que je ressentais sur le moment…
Mes épaules s'affaissèrent alors qu'un nouveau soupir s'échappa de mes lèvres.
- Je m'en voudrais sans doute toute ma vie pour ça. Excuses-moi, d'avoir mis ta cousine en danger, je suis vraiment désolée, ce n'était pas dans mon attention… mais… au-delà de ça… la peur de le revoir, de le ressentir, de devoir à nouveau l'affronter…
Je secouais un peu la tête, gardant mon regard fixé sur la baguette comme si elle avait le pouvoir de l'invoquer.
- Je sais que c'est ridicule et que ça ne se peut pas, j'ai la conscience de le savoir… mais ma peur est devenue mon instinct. Manier ma baguette c'est revivre ce que j'ai vécu, à l'affronter à nouveau… je ne sais pas… à le faire réapparaître devant moi.
La proposition d'Isalynn me fit donc du bien. Néanmoins, je l'acceptais non pas dans le besoin de me confier, ça, j'avais déjà pu le faire, mais bel et bien dans le but de trouver une solution à mon problème. J'avais naïvement confiance en la jeune femme tout simplement car nous appartenions à la même maison. Et aussi étranges que puissent être plusieurs de ces membres, j'étais comprise de cette étrangeté. La maison grise avait ça d'être particulière, nous étions tous de véritables caméléon, mais au-delà de ça, une grande famille. De part ce fait, je ne me préoccupais pas de savoir si elle allait raconter mon histoire à autrui. L'idée ne m'effleura même pas l'esprit en réalité. Le fait qu'elle soit proche d'Aislin rajoutait du poids dans la balance, bien que j'ignorais pourquoi ma meilleure amie n'avait pas parlé à sa cousine de cette nuit. J'imaginais qu'elle souhaitait le garder pour elle pour n'alarmer personne.
C'est avec un long soupir que je fixais ma baguette, mes yeux se voilant alors que je revivais avec précision cette nuit.
- J'avais donné rendez-vous à Aislin non loin de la forêt en début de soirée. Nous avions l'habitude de nous retrouver là-bas, vers les serres. J'avais besoin de lui parler, ce qui pourtant n'arrive pour ainsi dire jamais. Seulement… je ne sais pas… je n'ai pas pu me confier comme je le voulais, comme si Aislin ne voulait rien savoir et préférait essayer de me changer les idées. Je ne lui en tiens pas rancune hein… mais je précise ça parce que… parce que c'est ce qui a fait que je me suis intéressée au bruit que j'ai pu entendre dans la forêt. Puisque je n'ai pas pu me livrer, et que je n'avais pas l'envie de m'amuser, j'ai préféré faire ce que je savais faire le mieux : m'intéresser à la nature.
Fronçant un peu les sourcils, je marquais un arrêt en me voyant marcher dans les bois sans crainte, mais aussi sans ces précautions pourtant nécessaires, et que je connaissais par cœur. Mon esprit était à ce moment bien trop anéanti par le refus d'Adoración pour s'éveiller et me souffler d'être prudente.
- Malgré les recommandations d'Aislin de partir, j'ai continué mon chemin. Nous sommes tombées sur une biche morte, éventrée. J'avais envie de savoir ce qui l'avait tuée, donc je me suis rapprochée de la dépouille… puis il nous a sautés dessus.
Remuant un peu les épaules, comme nerveuse, je gardais un visage un peu crispé tout en déglutissant nerveusement. Le simple fait de revoir dans mes souvenirs les traits de ce loup-garou me fit violemment frissonner.
- On a voulu s'enfuir, mais elle est tombée. Alors, quand je me suis retournée et que je l'ai vu, penché au-dessus d'elle, je n'ai pas réfléchit. J'ai bondi sur lui, sans même réaliser que je n'étais plus vraiment moi-même parce que… parce que je suis animagi.
Coulant un regard rapide sur Isalynn, je réalisais que je venais de lui révéler l'un de mes secrets. Je ne me vantais jamais d'être animagi, car voilà bien des années que je l'étais. Et en connaissant ma passion pour la faune et la flore, cette révélation n'était au final pas si étrange que cela. Mais j'aimais garder l'information pour moi. Toutefois, c'était un détail important du récit. Alors je continuais.
- Je me suis battue avec lui, sans ma baguette, uniquement dans le but de l'éloigner d'Aislin. Il m'a gravement blessée, j'ai perdu connaissance, et sans les réflexes d'Aislin pour nous faire transplaner à Sainte Mangouste, sans doute que je ne serai pas assise ici à te parler aujourd'hui.
Je mesurais mes mots. J'avais failli mourir ce jour-là. Et pour le prouver à Isalynn, je me débarrassais avec douceur de sa main sur la mienne dans le but de retirer ma veste en jean. Dessous, je portais un pull plutôt épais mais aux coutures très souples et larges. Ainsi, je levais mes doigts jusqu'à mon col et le tirait en direction de l'une de mes épaules. Emportant le T-shirt qui se trouvait dessous, je révélais à la jeune femme les nombreuses et profondes scarifications qui striaient ma peau. Elles continuaient à s'étendre sur ma nuque, mon dos, et mon bras. Ma consœur pouvait alors parfaitement deviner que ce qu'elle voyait là, ce n'était que le sommet de l'iceberg.
- Aislin a été blessée ce soir-là. Et même si aucune de nous n'avons contracté la lycanthropie, et même si elle m'a dit plusieurs fois de ne pas m'en faire, je m'en veux. Je m'en veux terriblement de ne pas l'avoir écouté, de l'avoir embarquée là-dedans. Je ne sais pas… j'aurai dû… j'aurai dû simplement prendre sur moi et la laisser me parler et jouer, qu'importe ce que je ressentais sur le moment…
Mes épaules s'affaissèrent alors qu'un nouveau soupir s'échappa de mes lèvres.
- Je m'en voudrais sans doute toute ma vie pour ça. Excuses-moi, d'avoir mis ta cousine en danger, je suis vraiment désolée, ce n'était pas dans mon attention… mais… au-delà de ça… la peur de le revoir, de le ressentir, de devoir à nouveau l'affronter…
Je secouais un peu la tête, gardant mon regard fixé sur la baguette comme si elle avait le pouvoir de l'invoquer.
- Je sais que c'est ridicule et que ça ne se peut pas, j'ai la conscience de le savoir… mais ma peur est devenue mon instinct. Manier ma baguette c'est revivre ce que j'ai vécu, à l'affronter à nouveau… je ne sais pas… à le faire réapparaître devant moi.
- InvitéInvité
Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Mer 14 Nov 2018 - 15:57
Roseau plie mais ne rompt pas
Jeudi 27 septembre, fin d'après-midi
Les deux jeunes femmes étaient à présent entourées d’un mur invisible de silence. Si elles pouvaient encore entendre en fond sonor ce qu’il se passait dans l’autre partie de la pièce, personne ne pourrait plus entendre ce qu’elles allaient se dire. Et c’était aussi bien comme cela. Elle préférait, même. Parce que ça concernait en partie ce qui était arrivée à Aislin, mais aussi parce que ce qu’allait lui révéler Abigail n’avait pas à être entendu de tous les curieux de la bande. Isalynn, après s’être réinstallée à côté de la brune, attendit patiemment que celle-ci prenne la parole, que ce soit, ou non, pour raconter ce qui était arrivé. La rousse se disait, se répétait que si Abigail ne souhaitait pas en parler, ce ne serait pas grave. Vraiment? C’était ce dont elle tentait de se persuader, en tout cas. Mais une partie d’elle-même voulait absolument savoir ce qui était arrivé à sa cousine dont elle était si proche en temps normal.
Finalement, Abigail poussa un long soupir et Isalynn la regarda un instant, tandis que la jeune fille avait le regard posé sur sa baguette. Réellement? Il semblait à Isalynn que le regard de l’autre jeune femme voyait bien au-delà de l’objet et de la table basse sur laquelle il reposait. Il lui semblait que même si un scrout à pétard était passé devant Abigail, celle-ci ne l’aurait pas vu, perdue qu’elle était dans ses pensées. Ses souvenirs? Elle ne tarda pas à le savoir, puisqu’Abigail prit la parole pour narrer cette fameuse soirée. Le rendez-vous près des serres et de la forêt, le besoin qu’avait eu Abigail de se confier, un besoin que n’avait pas vraiment écouté Aislin. A cette annonce, Isalynn fronça un instant les sourcils. Cela ne ressemblait pas à la Pokeby. Elle était plutôt du genre oreille attentive, en temps normal et ce n’était qu’après qu’elle proposait de changer les idées de la personne qui s’était confiée à elle. Y avait-il aussi quelque chose qui la turlupinait elle aussi ce soir-là? L’anniversaire de la mort de son père était pourtant passé depuis deux mois, au moment de l’accident. Ce ne pouvait donc pas être en rapport avec ça, n’est-ce pas? Mais Abigail continuait et Isalynn chassa cette pensée de son esprit. Il faudrait qu’elle en discute avec Aislin, ce serait plus simple.
En attendant, Abigail lui expliquait qu’elle avait entendu un bruit, qui l’avait poussée à s’intéresser à la nature. Isalynn esquissa un sourire, imaginant parfaitement la scène dans son esprit, avec une Aislin essayant de détourner les sombres pensées d’Abigail, Abigail qui n’était pas d’humeur et qui avait entendu un bruit. Elle imaginait aussi Aislin sauter sur cette occasion pour suivre ce bruit et achever de détourner les pensées de son amie. Mais Abigail ne tarda pas à la détromper sur ce dernier point, lui expliquant qu’Aislin, plutôt censée ce soir-là, avait tenté de convaincre Abigail de faire demi-tour… Et lui avoua qu’elles étaient tombées sur une biche morte, éventrée. Un frisson glacé parcourut l’échine d’Isalynn qui remettait les pièces du puzzle en ordre. Ce soir-là, c’était la pleine lune. Elle n’y avait pas réfléchi plus tôt, lorsqu’elle avait appris qu’Aislin avait subi une attaque cette nuit-là. Mais avec les détails que lui confiait Abigail… “Puis il nous a sauté dessus.” Nouveau frisson glacé alors que Lynn portait une main devant sa bouche pour étouffer un cri d’horreur devant ce qu’avaient dû ressentir les deux jeunes femmes.
Finalement, l’autre main d’Isalynn revint se poser sur l’une des mains d’Abigail, en soutien muet. Elle aurait compris que la dragonologiste en herbe arrête là ses confidences. Au fond, Isalynn comprenait maintenant que sa cousine ne se soit pas confiée à elle. Revivre l’attaque devait être particulièrement pénible. Pourtant, alors qu’elle s’attendant à ce que le silence s’installe entre elles, uniquement rompu par le crépitement du feu dans la cheminée, la voix d’Abigail s’éleva à nouveau pour raconter la suite de l’histoire. La chute d’Aislin, le Loup-garou penché au-dessus d’elle, l’absence de réflexion logique de la part de l’Ethelred. La révélation de son animagie. Isalynn posa sur la frêle jeune fille à ses côtés un regard surpris. Elle enviait un peu la jeune femme sur ce point mais, au final, si elle s’était souvent demandée ce que cela ferait de se transformer en animal, elle ne s’était jamais donné les moyens de l’apprendre. Peut-être parce qu’elle était persuadée que l’influence paternelle dans son sang l’empêcherait de l’être, alors que cela ne voulait rien dire. “Tu as réagit à l’instinct.” dit-elle seulement avant qu’Abigail ne reprenne, racontant la bagarre, pour éloigner le monstre d’Aislin. Sans sa baguette, forcément, puisqu’un animage sous forme animale ne pouvait en utiliser. Cela faisait sens. Abigail lui expliqua qu’elle avait été gravement blessée et que c’était Aislin qui avait pu les transporter à Sainte Mangouste. A nouveau, Isalynn voulut ouvrir la bouche, mais elle en fut incapable. D’autant que, déjà, Abigail se débarrassait de sa main, doucement, pour se déshabiller en partie et lui montrer ses cicatrices. Isalynn grimaça quelque peu, portant à nouveau la main à sa bouche, imaginant sa cousine avec ces mêmes cicatrices. Le même genre de cicatrices que celles qui marbraient le dos de son frère aîné. “Est-ce que tu en souffres encore?” demanda-t-elle. Une partie d’elle avait envie de toucher la marque, mais elle s’en abstint. Cela ne se faisait pas.
Lorsque la brune précisa qu’aucune d’entre elles n’avaient contracté la lycanthropie - annonce à laquelle Isalynn répondit par un profond soupir de soulagement - mais qu’elle s’en voulait, se considérant responsable de ce qu’il s’était passé, Isalynn s’empara des deux mains de la jeune femme avant de lâcher un: “Tu n’as pas à t’en vouloir! Rien de tout ça n’est de ta faute! Au contraire! Tu lui as sauvé la vie! Tu as réagi à l’instinct, en te transformant. Parce que tu faisais davantage confiance à ta forme animale. Parce que la magie dépend beaucoup de la peur, des sentiments.” Preuve en était qu’Abigail ne parvenait plus à utiliser sa baguette à l’heure actuelle. “Sous ta forme animale, tu avais peut-être des crocs, des griffes? En tout cas, tu étais davantage à armes égales avec le loup-garou que si tu étais restée humaine.” Et pour le coup, même si ça n’avait rien à voir, Isalynn était bien placée pour savoir que les sortilèges lancés dans le feu de l’action, en situation de danger n’étaient pas toujours efficace. Elle s’était retrouvée confrontée à cette situation l’été précédent lorsque trois hommes avaient tenté de l’agresser à l’issue d’une longue journée de travail. Isalynn, alors fatiguée et effrayée, n’avait dû sa vie sauve qu’à l’arrivée inopinée de celle qui avait été brièvement leur professeur de défense contre les forces du mal à la rentrée précédente - avant qu’elle ne disparaisse aussi subitement qu’elle était arrivée. “Tu n’as pas à t’en vouloir, même si je comprends que tu t’en veuilles. Tu ne pouvais pas savoir qu’il y aurait un loup-garou dans la forêt de l’université. Les loup-garous, élèves et professeurs, sont supposés être enfermés les soirs de pleine lune. Et pour moi, t’es absolument pas responsable de ce qui est arrivé à Aislin. Ou vous l’êtes à égalité, si tu veux. Elle aurait très bien pu te laisser aller toute seule dans la forêt. Elle ne l’a pas fait, et toi, tu as risqué ta vie pour sauver la sienne. Donc non. Ne t’excuses pas.”
Ce fut plus fort qu’elle: A ces mots, Isalynn passa un bras autour des épaules d’Abigail qu’elle attira à elle pour poser un bisou maternel sur sa tempe. Elle ne pouvait que comprendre que l’autre jeune femme, qui paraissait tellement jeune à cet instant, ait peur de le croiser à nouveau son agresseur. D’autant qu’elle n’avait aucun moyen de savoir qui était le loup-garou sous forme humaine. Et, finalement, elle craqua et évoqua ce qu’elle voulait garder pour elle avant les révélations d’Abigail: “Tu sais… Mon frère a été attaqué par un dragon, il y a quelques années. Il était dragonologiste. Il a failli y rester. Je suis la seule à qui il se soit confié à ce sujet.” Isalynn marqua un temps d’arrêt avant de poursuivre, même si les mots avaient du mal à sortir, parce qu’elle avait toujours gardé cette histoire pour elle: “Sa baguette était, et est toujours, composé d’un ventricule de coeur de dragon. Comme toi, il est passé par une période où il était incapable de se servir de sa baguette. Il a eu envie de la casser en mille morceaux. Alors si je peux t’aider, forte de cette expérience, ce sera avec plaisir.”
@abigail dowell
/part loin après son pavé/
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Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Dim 18 Nov 2018 - 21:17
Je racontais mon récit à Isalynn sans penser à mal un seul instant, en pleine confiance de cette femme que je respectais car elle était un membre émérite du club qui nous avait réunies. À aucun moment je cherchais à trahir Aislin, car je m'étais bien sûr demandée pourquoi sa cousine ne connaissait pas le récit. Si mon amie n'avait rien dit, c'était sans doute qu'elle avait ses raisons, mais Aislin pouvait en avoir des milliers. Et de toute façon au jour d'aujourd'hui, elle avait décidé de partir en voyage. Était-ce à cause de moi et de cet événement ? Elle avait beau dire que non, je ne pouvais m'empêcher de ressentir un certain doute. Ainsi, pour l'heure, j'essayais de penser à moi, à mes besoins. La sorcière à mes côtés disait qu'elle pouvait m'aider, et je la croyais, tout comme j'avais cru Aedan et le professeur Sykes. Je voulais profiter du petit entourage que j'avais pour me sortir de mon état, même si chacun apportait un tout petit quelque chose. Pour moi, c'était à chaque fois d'une grande valeur.
La culpabilité vint me ronger toutefois alors que mes prunelles brunes et sombres se posaient sur le visage de la jeune femme à côté de moi qui adoptait par moment des expressions de terreur et d'horreur. Pourtant, ce n'étaient que des mots, elle ne voyait pas les images. Moi, si. Je revivais chaque instant, ce qui me faisait cligner plusieurs fois des paupières. J'étais mal à l'aise et je sentais des picotements dans mes membres, sur mes cicatrices, comme si je subissais l'attaque, encore et encore. Je le démontrais par de légers mouvements nerveux des épaules et des jambes. Toutefois, ça ne suffisait pas à me démonter, et je terminais mon histoire non sans un soupir évident de soulagement.
Je ne prenais pas garde aux sollicitations physiques d'Isalynn. À l'évidence, c'était un trait de famille de toucher les autres, et Aislin m'avait habituée à une telle proximité. À l'époque, j'étais si réservée que le simple fait de m'imaginer toucher quelqu'un me mettait très mal à l'aise. Je comprenais que la sorcière essayait de m'apporter son soutien tant bien que mal, et je la laissais faire, car sa compassion et son empathie me touchait sur le moment. Je ne restais pas plus longtemps au contact alors que je révélais mes cicatrices qui eut pour effet une nouvelle grimace chez mon interlocutrice. Bien vite alors, je remettais le tissu en place, n'ayant pas eu à cœur de soulever celui de ma consœur. Je n'aimais pas les montrer, parce que je ne voulais pas m'en vanter. Et qu'y avait-il à vanter de toute façon ? Que j'étais devenue une horreur qui n'osait plus se regarder dans le miroir sans avoir honte ? Même si je n'étais pas particulièrement coquette, j'aimais prendre soin de mes tenues vestimentaires et de mon apparence. À présent, je faisais tout pour me cacher aux yeux des autres, encore plus que d'ordinaire.
Lentement, je me contentais de hocher la tête. Oui, j'avais réagis à l'instinct pour sauver Aislin, c'était déjà ce que Levius m'avait raconté dans le parc et lors de notre séance de psychomagie avec la pensine. J'avais beau me passer la scène encore et encore dans la tête, je ne comprenais pas ce qui m'était arrivé, ce qui m'avait poussé à agir de la sorte. Je n'avais pas réfléchis, j'avais foncé, mon seul objectif avait été de sauver mon amie. Ni plus, ni moins. Je n'avais même pas cherché à me protéger des coups et des blessures, à ce moment précis, ma vie importait bien moins que celle de la Gull.
À l'interrogation de mon interlocutrice, je hochais la tête une nouvelle fois, discrètement.
- Oui quelque fois… ce sont surtout les maux de tête le plus pénible, parce que ma nuque a été le plus touché.
Avec un léger sourire en biais, je la regardais, une étrange lueur amusée dans le regard. La nuque avait été le plus touché oui, et je n'avais sans doute pas besoin de donner un coup de magizoologie à Isalynn pour qu'elle puisse le comprendre. Un loup-garou garde un instinct de prédateur lié au loup, tout simplement, sinon il ne chanterait pas pour se faire connaitre de ses congénères. Moi sous ma forme animagus, j'avais eu le réflexe de m'attaquer à mon adversaire comme le ferait n'importe quel canidé. Dans leur langage, s'attaquer au cou, à la nuque et aux joues étaient des signes de mise à mort. Ma grande passion des animaux magiques et non magique m'avait instinctivement poussée à toucher ces points précis sur mon adversaire, comme lui.
Redressant légèrement le visage, je reprenais d'un ton un peu plus calme et rassurant.
- Mais je me soigne… il parait que ça passera… avec du temps.
C'était le diagnostic que m'avait donné Sainte Mangouste si je continuais à prendre mes médicaments et à me tartiner de pommade, ce que je faisais. Aedan m'aidait aussi beaucoup pour soulager mes douleurs. J'avais pleine confiance en lui et en ses capacités. Soigner des blessures magiques et maudites n'était pas une mince affaire, mais c'était un sujet d'étude particulièrement intéressant. Dans mon malheur, j'espérais pouvoir venir en aide dans les études du Lufkin.
En entendant le soulagement d'Isylann quant à la lycantropie, j'allais sourire une nouvelle fois mais elle vint prendre mes deux mains. Un peu surprise et gênée, j'arrondissais légèrement mon regard, accentuant mes airs enfantins. Clignant plusieurs fois des paupières, je l'écoutais contre argumenter à l'encontre de ma culpabilité. Je retrouvais en ses mots ceux qu'avaient prononcés Levius. Ce n'était pas de ma faute. Et même si ma conscience raisonnait et me disait qu'effectivement, j'avais fait mon possible, une partie de moi, quelque peu sadique, continuait de me souffler que j'aurai pu faire mieux, ou différemment. Reconnaissante et sincèrement touchée, un sourire doux se peigna sur mes lèvres. Ses mots me rassuraient, de la part de la famille d'Aislin. Qu'elle ne m'en veuille pas était pour moi un soulagement, car elle aurait très bien pu me considérer comme responsable, c'est ce que j'avais craint qu'elle ne fasse d'ailleurs. J'avais tout de même préféré lui dire la stricte vérité, car j'estimais qu'elle en avait le droit, en tant que cousine de ma meilleure amie absente.
- Merci beaucoup… Ce que tu dis là… c'est important pour moi.
J'allais continuer mais la jeune femme passa alors un bras autour de mes épaules pour m'attirer contre elle et m'embrasser la tempe. Me recroquevillant sur moi-même, révélant alors toute l'étendue de mes mimiques de jeune adolescente, je me figeais comme une petite statue penchée sur l'épaule de ma consœur. Complétement abasourdie par ce qui venait de se passer, j'essayais de me concentrer sur ce qu'elle disait, mes deux mains ramenées sous ma gorge, mes bras ramassés contre ma poitrine. Qu'est-ce qui venait de se passer là ? D'accord j'étais devenue assez à l'aise avec les contacts physiques grâce à Aislin, mais de là à me faire materner, il y avait une nette différence.
Mais mon esprit fut bien vite accaparé par les révélations d'Isalynn dès que le mot "dragon" retenti. Il n'en fallait pas plus pour que je retrouve mon sérieux et mon professionnalisme. C'était plus fort que moi, c'était instinctif, c'était dans mon sang, j'étais programmée ainsi. À la proximité de ma situation et celle de son frère, je réussissais à me redresser et me débarrasser ainsi des bras de la sorcière à mes côtés, tout en la fixant avec un air concentré, les sourcils légèrement froncés.
- Je suis désolée de l'apprendre… Comment va-t-il aujourd'hui ?
C'était le risque du métier lorsque nous envisageons la dragonologie. J'y étais préparée depuis avant mon entrée à Poudlard tant cette passion me rongeait. Un court instant, mon regard se déplaça en direction du feu de cheminée avant qu'un sourire ironique s'affiche sur mes lèvres.
- C'est idiot mais… j'aurais sans doute été moins traumatisée si ça avait été un dragon, plutôt qu'un loup-garou. Je me dis que pour ce cas-là, je suis mieux préparée… même si la finalité est la même.
C'était une douce ironie que, du haut de mon mètre cinquante-cinq et de mes cinquante kilos tout mouillés, il m'était possible de faire face à de dangereux dragons et d'avoir la conscience de pouvoir en ressortir à chaque fois blessée, ou morte. Il suffisait néanmoins d'un simple loup-garou pour que tous mes repères soient chamboulés et que je devienne une souris apeurée face au grand méchant chat. Ramenant tranquillement mes mains sur mes genoux, les frottant un peu nerveusement, je réfléchissais rapidement en un soupir tout aussi rapide. Le véritable sujet, celui de la baguette, revenait dans la conversation. J'avais besoin d'aide, je ne voulais pas changer de baguette.
- Comment vous vous y êtes pris ? Pour qu'il puisse à nouveau s'en servir ?
La culpabilité vint me ronger toutefois alors que mes prunelles brunes et sombres se posaient sur le visage de la jeune femme à côté de moi qui adoptait par moment des expressions de terreur et d'horreur. Pourtant, ce n'étaient que des mots, elle ne voyait pas les images. Moi, si. Je revivais chaque instant, ce qui me faisait cligner plusieurs fois des paupières. J'étais mal à l'aise et je sentais des picotements dans mes membres, sur mes cicatrices, comme si je subissais l'attaque, encore et encore. Je le démontrais par de légers mouvements nerveux des épaules et des jambes. Toutefois, ça ne suffisait pas à me démonter, et je terminais mon histoire non sans un soupir évident de soulagement.
Je ne prenais pas garde aux sollicitations physiques d'Isalynn. À l'évidence, c'était un trait de famille de toucher les autres, et Aislin m'avait habituée à une telle proximité. À l'époque, j'étais si réservée que le simple fait de m'imaginer toucher quelqu'un me mettait très mal à l'aise. Je comprenais que la sorcière essayait de m'apporter son soutien tant bien que mal, et je la laissais faire, car sa compassion et son empathie me touchait sur le moment. Je ne restais pas plus longtemps au contact alors que je révélais mes cicatrices qui eut pour effet une nouvelle grimace chez mon interlocutrice. Bien vite alors, je remettais le tissu en place, n'ayant pas eu à cœur de soulever celui de ma consœur. Je n'aimais pas les montrer, parce que je ne voulais pas m'en vanter. Et qu'y avait-il à vanter de toute façon ? Que j'étais devenue une horreur qui n'osait plus se regarder dans le miroir sans avoir honte ? Même si je n'étais pas particulièrement coquette, j'aimais prendre soin de mes tenues vestimentaires et de mon apparence. À présent, je faisais tout pour me cacher aux yeux des autres, encore plus que d'ordinaire.
Lentement, je me contentais de hocher la tête. Oui, j'avais réagis à l'instinct pour sauver Aislin, c'était déjà ce que Levius m'avait raconté dans le parc et lors de notre séance de psychomagie avec la pensine. J'avais beau me passer la scène encore et encore dans la tête, je ne comprenais pas ce qui m'était arrivé, ce qui m'avait poussé à agir de la sorte. Je n'avais pas réfléchis, j'avais foncé, mon seul objectif avait été de sauver mon amie. Ni plus, ni moins. Je n'avais même pas cherché à me protéger des coups et des blessures, à ce moment précis, ma vie importait bien moins que celle de la Gull.
À l'interrogation de mon interlocutrice, je hochais la tête une nouvelle fois, discrètement.
- Oui quelque fois… ce sont surtout les maux de tête le plus pénible, parce que ma nuque a été le plus touché.
Avec un léger sourire en biais, je la regardais, une étrange lueur amusée dans le regard. La nuque avait été le plus touché oui, et je n'avais sans doute pas besoin de donner un coup de magizoologie à Isalynn pour qu'elle puisse le comprendre. Un loup-garou garde un instinct de prédateur lié au loup, tout simplement, sinon il ne chanterait pas pour se faire connaitre de ses congénères. Moi sous ma forme animagus, j'avais eu le réflexe de m'attaquer à mon adversaire comme le ferait n'importe quel canidé. Dans leur langage, s'attaquer au cou, à la nuque et aux joues étaient des signes de mise à mort. Ma grande passion des animaux magiques et non magique m'avait instinctivement poussée à toucher ces points précis sur mon adversaire, comme lui.
Redressant légèrement le visage, je reprenais d'un ton un peu plus calme et rassurant.
- Mais je me soigne… il parait que ça passera… avec du temps.
C'était le diagnostic que m'avait donné Sainte Mangouste si je continuais à prendre mes médicaments et à me tartiner de pommade, ce que je faisais. Aedan m'aidait aussi beaucoup pour soulager mes douleurs. J'avais pleine confiance en lui et en ses capacités. Soigner des blessures magiques et maudites n'était pas une mince affaire, mais c'était un sujet d'étude particulièrement intéressant. Dans mon malheur, j'espérais pouvoir venir en aide dans les études du Lufkin.
En entendant le soulagement d'Isylann quant à la lycantropie, j'allais sourire une nouvelle fois mais elle vint prendre mes deux mains. Un peu surprise et gênée, j'arrondissais légèrement mon regard, accentuant mes airs enfantins. Clignant plusieurs fois des paupières, je l'écoutais contre argumenter à l'encontre de ma culpabilité. Je retrouvais en ses mots ceux qu'avaient prononcés Levius. Ce n'était pas de ma faute. Et même si ma conscience raisonnait et me disait qu'effectivement, j'avais fait mon possible, une partie de moi, quelque peu sadique, continuait de me souffler que j'aurai pu faire mieux, ou différemment. Reconnaissante et sincèrement touchée, un sourire doux se peigna sur mes lèvres. Ses mots me rassuraient, de la part de la famille d'Aislin. Qu'elle ne m'en veuille pas était pour moi un soulagement, car elle aurait très bien pu me considérer comme responsable, c'est ce que j'avais craint qu'elle ne fasse d'ailleurs. J'avais tout de même préféré lui dire la stricte vérité, car j'estimais qu'elle en avait le droit, en tant que cousine de ma meilleure amie absente.
- Merci beaucoup… Ce que tu dis là… c'est important pour moi.
J'allais continuer mais la jeune femme passa alors un bras autour de mes épaules pour m'attirer contre elle et m'embrasser la tempe. Me recroquevillant sur moi-même, révélant alors toute l'étendue de mes mimiques de jeune adolescente, je me figeais comme une petite statue penchée sur l'épaule de ma consœur. Complétement abasourdie par ce qui venait de se passer, j'essayais de me concentrer sur ce qu'elle disait, mes deux mains ramenées sous ma gorge, mes bras ramassés contre ma poitrine. Qu'est-ce qui venait de se passer là ? D'accord j'étais devenue assez à l'aise avec les contacts physiques grâce à Aislin, mais de là à me faire materner, il y avait une nette différence.
Mais mon esprit fut bien vite accaparé par les révélations d'Isalynn dès que le mot "dragon" retenti. Il n'en fallait pas plus pour que je retrouve mon sérieux et mon professionnalisme. C'était plus fort que moi, c'était instinctif, c'était dans mon sang, j'étais programmée ainsi. À la proximité de ma situation et celle de son frère, je réussissais à me redresser et me débarrasser ainsi des bras de la sorcière à mes côtés, tout en la fixant avec un air concentré, les sourcils légèrement froncés.
- Je suis désolée de l'apprendre… Comment va-t-il aujourd'hui ?
C'était le risque du métier lorsque nous envisageons la dragonologie. J'y étais préparée depuis avant mon entrée à Poudlard tant cette passion me rongeait. Un court instant, mon regard se déplaça en direction du feu de cheminée avant qu'un sourire ironique s'affiche sur mes lèvres.
- C'est idiot mais… j'aurais sans doute été moins traumatisée si ça avait été un dragon, plutôt qu'un loup-garou. Je me dis que pour ce cas-là, je suis mieux préparée… même si la finalité est la même.
C'était une douce ironie que, du haut de mon mètre cinquante-cinq et de mes cinquante kilos tout mouillés, il m'était possible de faire face à de dangereux dragons et d'avoir la conscience de pouvoir en ressortir à chaque fois blessée, ou morte. Il suffisait néanmoins d'un simple loup-garou pour que tous mes repères soient chamboulés et que je devienne une souris apeurée face au grand méchant chat. Ramenant tranquillement mes mains sur mes genoux, les frottant un peu nerveusement, je réfléchissais rapidement en un soupir tout aussi rapide. Le véritable sujet, celui de la baguette, revenait dans la conversation. J'avais besoin d'aide, je ne voulais pas changer de baguette.
- Comment vous vous y êtes pris ? Pour qu'il puisse à nouveau s'en servir ?
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Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Mar 11 Déc 2018 - 16:39
Roseau plie mais ne rompt pas
Jeudi 27 septembre, fin d'après-midi
A aucun moment, Isalynn n’eut la sensation qu’Abigail trahissait Aislin dans son récit. Au contraire. Cela ne pouvait que lui permettre de mieux comprendre sa cousine et les réactions que celle-ci pouvait avoir depuis l’attaque. Cela lui permettait de mieux comprendre son silence et son besoin d’évasion. Quant au fait qu’Aislin ne se soit pas confié à elle? Isalynn ne lui en voulait pas le moins du monde. Elle pouvait le comprendre, même si ça l’attristait. Au moins, Aislin pouvait-elle en parler à Abigail qui avait vécu la même chose qu’elle si elle en éprouvait le besoin. La rousse ne doutait pas cependant que la Pokeby se sente coupable de toute cette mésaventure et des blessures de la brunette. Ce qui était un comble, puisque la brune elle-même s’en voulait aussi. Il n’y avait pas de bon rôle ou mauvais rôle dans cette histoire, hormis celui qu’avait joué le loup-garou en face d’elles. Et ce qu’Isalynn ne comprenait pas, c’était comment un loup-garou avait-il pu être autorisé à se promener un soir de pleine lune en liberté dans l’université. Alors qu’ils étaient censés prendre la potion tue-loup - déjà - et être enfermés dans les cachots. C’était inadmissible et une faute grave de la part de l’université. Du moins, si on posait la question à Isalynn qui n’avait à cet instant qu’une seule envie: se rendre dans le bureau du doyen pour exiger de lui qu’il rende des compte. Elle ne le pouvait pas, cependant. Pas sans risquer de choquer Abigail, chose qu’elle ne souhaitait pas faire. D’autant qu’elle n’avait même pas l’excuse de faire partie de l’association étudiante. Ceci dit… Pourquoi ne tenterait-elle pas de l’intégrer? Pour éviter que ce genre d’accident ne puisse se reproduire? Non. C’était une mauvaise idée. Elle avait déjà bien assez à faire entre la présidence des Dandelions & Furs, ses études et son job étudiant. Ce ne serait pas raisonnable. Lorsqu’elle s’investissait dans quelque chose, la rousse aimait le faire à fond. Ceci dit… Elle savait que ça continuerait à lui trotter dans l’esprit. Peut-être envisagerait-elle cette possibilité pour sa dernière année à Hungcalf. Après avoir fait partie pendant huit ans des Beer Flop, maintenant qu’elle dirigeait les Dandelions pour la deuxième année après en avoir été vice-présidente… Ouais, ce pourrait être une belle fin de parcours. C’est presque dommage que je n’ai pas pris les sciences politiques comme cursus songa-t-elle, presque amusée à cette idée, qu’elle chassa cependant bien rapidement de son esprit étant donnée la gravité de la situation et l’intérêt qu’elle portait réellement à ce qu’avaient vécu Abigail et Aislin.
D’ailleurs, la rousse ne put retenir la question bête, de savoir si elle en souffrait encore. Mais bien sûr qu’elle en souffre encore, qu’est-ce que tu crois, idiote! se morigéna-t-elle après la réponse de la brune qui expliquait que sa nuque avait été la plus touchée. Il ne fallut qu’un instant à Isalynn pour comprendre ce qu’Abigail voulait dire par là. Un animal sauvage, un prédateur sauvage, sautait toujours à la gorge de son adversaire, pour le vider de son sang, ou cherchait à en briser sa nuque pour le tuer sur le coup. “Tu as eu beaucoup de chance de t’en sortir” Vivante ou sur ses deux pieds, Isalynn ne le précisa pas. Mais dans son ton, les deux possibilités étaient clairement audibles. Quant au fait qu’elle se soignait et que ça passerait, avec du temps, Isalynn l’espérait. Mais si elle s’en référait à Kerr, les douleurs physiques se réveillaient parfois, les soirs d’hiver. Elle le voyait alors se crisper en attendant que la vague passe. Mais elle se garda bien de le dire à la jeune femme à ses côtés, songeant qu’il ne servait à rien de la démoraliser plus qu’elle ne devait déjà l’être. A la place, elle la rassura. Des paroles qui venaient du coeur. Non, elle ne considérait pas Abigail comme coupable. Pas plus que sa cousine, d’ailleurs. Pour elle, les deux jeunes femmes avaient été des victimes de ce loup-garou qui n’aurait pas dû se trouver là. “Et c’est sincère.” souligna la rousse en réponse à Abigail avant de la prendre dans ses bras pour déposer un baiser sur sa tempe. C’était un geste qu’elle n’avait pas prémédité, mais qu’elle avait fait naturellement. Comme si, en cet instant, Abigail faisait partie de sa famille, ou de son cercle très restreint. Et d’une certaine façon, c’était tout à fait ça. Sentant la jeune femme se figer, puis la voyant se recroqueviller, Isalynn comprit qu’elle était allée un peu loin. Pour autant, elle laissa les mains posées sur les épaules d’Abigail, sans savoir si elle devait rompre complètement le contact, ou faire comme si de rien n’était. “Je… Je suis désolée, Abigail. Je ne voulais pas te perturber” s’excusa-t-elle tout en songeant que: Merde, merde merde… Qu’est-ce que j’ai fait! Putain… J’aurais pas dû faire ça! Ca m’apprendra à ne pas faire attention aux barrière des autres! Elle-même, d’ordinaire, n’était pas aussi tactile avec des personnes avec lesquelles elle ne discutait pas si souvent. En fait, elle ne l’était autant qu’avec les membres de sa famille, Siobhan, Eliott (par le passé) et Sasha. Principalement. Les autres? Elle gardait ses distances, se contentant d’une main posée sur l’épaule, ou sur le genou, ou d’une pression sur la main. Mais ça? Jamais elle ne prenait aussi souvent quelqu’un dans ses bras qu’elle venait de le faire au cours de sa conversation avec Abigail. A croire que la souffrance intériorisée de celle-ci l’avait poussée à la materner. Ouais, c’était ça. Elle s’était sentie des instincts protecteurs, maternels. Putain… Qu’est-ce que ça sera le jour où je serai maman! songea-t-elle, ne sachant si elle était, ou non, pressée d’y être.
Tentant de rattraper la situation, la jeune femme se surprit à évoquer son frère aîné, Kerr, et son accident avec les dragons. Accident qui avait failli lui coûter la vie, comme le loup-garou avec Abigail et Aislin. Isalynn eut un sourire amer tandis qu’elle se rendait compte qu’elle était étudiante en magizoologie mais que son frère et sa cousine avaient failli périr sous les assauts de créatures qu’elle étudiait. C’en était presque comique dans le sens humour noir, et la jeune femme se demanda si elle ne ferait pas mieux de se détourner de cette voie qui semblait avec la dent dure contre sa famille. Elle s’en voulut presque malgré tout d’avoir évoqué Kerr et dut se retenir de porter sa main à sa bouche. Elle avait beau savoir qu’il n’y avait pas mort d’homme, qu’elle n’avait jamais fait de serment inviolable en promettant de n’en parler à personne, il n’en était pas moins que… Que c’était la première fois qu’elle parlait de ça. Que le seul autre qui savait en dehors du concerné l’avait lu par accident dans sa tête et était aujourd’hui dans le coma pour la même raison. Abigail se redressa alors, et Isalynn reposa sagement ses mains jointes sur ses genoux. “Il va… bien, on va dire.” Sauf qu’il avait à présent une peur panique des dragons. Qu’il ne pouvait pas voir de dragon, même en modèle réduit inoffensif sans revivre son accident, qu’il avait fait - et qu’elle le soupçonnait encore de faire - des cauchemars où il revoyait l’attaque. Ouais… Il allait bien. A l’instar d’Abigail, le regard de l’écossaise se perdit dans les flammes tandis que la brune disait qu’elle aurait sans doute été moins traumatisée avec un dragon. La rousse secoua la tête avant de répondre: “Il ne vivait que pour les dragons. Il était passionné. Encore plus que toi. Si, je t’assure que c’est possible.” commença-t-elle alors qu’un sourire triste affleurait sur ses lèvres. “Il leur avait dédié sa vie entière. Ils étaient ses bébés. Et… Il était avec son mentor. Son mentor y est resté. Il a dû…” Elle ne put finir sa phrase. Dire que son frère avait été obligé d’utiliser un des sortilèges impardonnables pour s’en sortir. Il était coincé, sous la patte d’un dragon qui avait planté une griffe dans son dos, et avait vu le dragon mordre son mentor. Cette scène lui avait rappelé un vieux film moldu: Jurassic Park. Lorsque le T-Rex arrache le haut du corps de cet homme qui s’était réfugié dans des WC. C’était ce qui était arrivé au mentor de son frère. Ce qui serait arrivé à Kerr s’il n’avait pas lancé le sortilège de mort. Isalynn secoua la tête avant de reprendre: “Bref. Les dragons pour Kerr, c’est fini. Il ne pourra jamais les approcher à nouveau. Même revoir ses vieilles photos, il ne peut pas.” Heureusement, elles n’étaient pas là pour parler de ça, mais bien de comment aider Abigail à utiliser à nouveau sa baguette, ce qui était très exactement la raison pour laquelle elle avait évoqué son ainé. “Est-ce que tu arrives à faire des sorts basiques, ou même ça, tu ne peux plus, à l’heure actuelle?” demanda-t-elle tout en cherchant à se souvenir des exercices effectués par Kerr.
Il y avait eu la recherche de sensation sans baguette, déjà. Voir s’il ressentait toujours la magie, s’il pouvait, comme les enfants qui n’avaient aucun contrôle, faire léviter un objet, ou en exploser un autre, il y avait eu la recherche de sensation en prenant en main la baguette. Il avait même, une fois, tenté de voir s’il arrivait à utiliser la baguette d’Isalynn - et tous les objets contenus dans la chambre de la jeune fille avait explosés. Elle avait dû utiliser un reparo pour tout remettre en état. Heureusement, leur père et la mère de celle qui venait alors de sortir de Poudlard n’étaient pas à la maison. Mais cela avait rameuté Regina qui, folle d’inquiétude était entrée précipitamment dans la chambre, se demandant ce qu’il se passait. Il y avait eu, aussi, la phase où il avait réappris les sortilèges simples. Pour voir que non, sa baguette n’allait pas le dévorer vivant. Que certes, elle contenait un peu de dragon, mais qu’elle était son alliée. Que ce dragon-là avait toujours été son allié. Et il y avait eu, aussi et surtout, une aide d’un psychomage. Mais il avait fallu du temps à Kerr pour accepter cette aide. Il avait fallu que Lynn le menace d’aller en parler à leur père. Même si c’était une menace en l’air.
@abigail dowell
pour me faire pardonner de l'attente, j'ai fait encore plus un pavé
- InvitéInvité
Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Dim 16 Déc 2018 - 22:31
Les mots d'Isalynn raisonnèrent dans ma tête comme un écho sourd et funeste. J'ai eu de la chance de m'en sortir… oui, j'en étais parfaitement consciente, et surtout dans les conditions, à savoir, m'en sortir "uniquement" avec des maux de tête et des tiraillements réguliers. J'aurai pu finir handicapée. Ou morte. Que pensait ma consœur en me disant ça sur un tel ton ? Que je ne mesurais pas la chance prétentieuse et hautaine que j'avais eue de m'en sortir vivante ? Je préférais détourner le regard d'un air un peu coupable. Ça aurait pu être pire oui, et je ne me plaignais pas. J'essayais de faire face sans essayer de passer pour la pauvre petite chose, parce que ce n'était pas ce que j'étais. Je ne voulais pas être ainsi considérée. Je ne voulais pas que mon existence s'arrête à "celle qui avait été attaquée par un loup-garou". Sans que ce soit un événement commun, dans le monde sorcier, c'était un risque à courir, comme tant d'autre.
Le simple fait que j'essaie de me soigner au mieux, en suivant aussi bien une rééducation à Sainte Mangouste qu'un suivi psychomagique avec Levius était la preuve que je voulais m'en sortir. La lutte constante que je vivais avec ma baguette en était une autre preuve. Fermant un instant les paupières, je souhaitais chasser les paroles de la jeune femme qui me tournaient dans la tête. J'avais eu de la chance, et c'était sans doute tout tracé depuis que j'avais pris ma baguette chez Olivander. Sûrement que j'avais d'autres choses à accomplir et que mon heure n'était pas encore arrivée. Voilà pourquoi je ne me plaignais pas, voilà pourquoi je faisais face, je voulais y arriver, parce que je devais y arriver. C'était une nécessité, une obligation.
Lorsque la jeune femme me pris dans ses bras, ce fut un contact électrique, mais pas forcément agréable, en tout cas pour moi. Je n'avais pas pour habitude des contacts physiques de la sorte, et elle dût sans doute le remarquer. En se reculant un peu et en s'excusant, je me sentais rougir tandis que mon regard se fit fuyant. Reposant mon regard sur ma baguette, je fuyais de manière évidente son regard tandis que j'enfonçais ma tête dans mes épaules pour essayer de me faire davantage petite.
- Ce… n'est rien.
Je n'allais pas lui tenir rancune d'avoir agi avec le cœur. J'avais même été touchée au fond. Perturbée oui, mais touchée. Les élans des émotions, c'était ce qui prouvait la sincérité des propos. Je préférais largement les personnes qui agissaient plutôt que ceux qui parlaient sans rien prouver.
Je réussissais à accorder un sourire sincère à la jeune femme tandis qu'un petit silence s'installa entre nous. Joignant mes deux mains, je jouais nerveusement avec mes doigts, toujours mal à l'aise à cause de l'instant de tendresse qui s'était passé entre nous jusqu'à ce qu'elle reprenne la parole et me parle de son frère. Sans essayer de capter son regard, je la laissais fixer les flammes en me racontant ce qui était arrivé.
Silencieuse, respectant le récit, je ne bougeais pas d'un iota et ne donnais aucun commentaire. Néanmoins, je n'en pensais pas moins. Aimer plus les dragons que moi, mais finalement en rester traumatiser ? Je souriais intérieurement, de manière ironique sans pour autant juger le frère d'Isalynn. J'en déduisais simplement que ce Kerr n'aimait pas les dragons, malgré les dires de sa sœur. J'étais certaine au plus profond de moi que les traumatismes que je vivais aujourd'hui à cause du loup-garou n'existeraient pas si ça avait été un dragon. Ce qui était certain, c'est que d'avoir levé la main sur la créature, créature qui se nourrissait du mentor, c'était horrible… et encore le mot n'était pas assez lourd. N'importe qui serait choqué de cela, tout du moins, n'importe quel dragonologiste qui se respecte. J'en palissais en m'imaginant la scène, pourtant, je restais toujours silencieuse, écoutant la fin de l'histoire avec respect. La conclusion me fendit le cœur, et par élan de grande empathie, j'aurai aimé pouvoir aider cet homme. Ce Kerr qui nourrissait la même passion que moi pour les dragons et qui ne pouvait même plus les voir en photo. Quel triste et terrible constat… j'en aurai eu les larmes à l'œil. J'eus du mal à avaler ma salive pour répondre alors qu'elle me questionnait à nouveau. Je clignais plusieurs fois des paupières, la voix un peu enrouée par le triste destin du frère de mon interlocutrice.
- Heu… J'y arrive… mais c'est léger, et peut-être même inconscient…
Je réfléchissais un peu, triturant toujours mes doigts ensemble avant d'ouvrir la bouche, puis la refermer, donnant l'air d'un poisson hors de l'eau. J'ouvrais à nouveau les lèvres pour reprendre la parole.
- Je suis suivie pour mes problèmes physiques par Sainte-Mangouste et Lev… enfin… un… ami…
Je refermais la bouche en fermant les paupières. C'était très nouveau, tout nouveau… quoi ? Environ 7 jours ? Je devais m'y faire, et pourtant j'étais très heureuse. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine avant que je reprenne.
- Mon compagnon est psychomage. Il m'aide aussi. Je travaille sur le traumatisme de la rencontre du loup-garou mais… pas vraiment de la maitrise de la baguette. J'essaie de me faire violence.
Le simple fait que j'essaie de me soigner au mieux, en suivant aussi bien une rééducation à Sainte Mangouste qu'un suivi psychomagique avec Levius était la preuve que je voulais m'en sortir. La lutte constante que je vivais avec ma baguette en était une autre preuve. Fermant un instant les paupières, je souhaitais chasser les paroles de la jeune femme qui me tournaient dans la tête. J'avais eu de la chance, et c'était sans doute tout tracé depuis que j'avais pris ma baguette chez Olivander. Sûrement que j'avais d'autres choses à accomplir et que mon heure n'était pas encore arrivée. Voilà pourquoi je ne me plaignais pas, voilà pourquoi je faisais face, je voulais y arriver, parce que je devais y arriver. C'était une nécessité, une obligation.
Lorsque la jeune femme me pris dans ses bras, ce fut un contact électrique, mais pas forcément agréable, en tout cas pour moi. Je n'avais pas pour habitude des contacts physiques de la sorte, et elle dût sans doute le remarquer. En se reculant un peu et en s'excusant, je me sentais rougir tandis que mon regard se fit fuyant. Reposant mon regard sur ma baguette, je fuyais de manière évidente son regard tandis que j'enfonçais ma tête dans mes épaules pour essayer de me faire davantage petite.
- Ce… n'est rien.
Je n'allais pas lui tenir rancune d'avoir agi avec le cœur. J'avais même été touchée au fond. Perturbée oui, mais touchée. Les élans des émotions, c'était ce qui prouvait la sincérité des propos. Je préférais largement les personnes qui agissaient plutôt que ceux qui parlaient sans rien prouver.
Je réussissais à accorder un sourire sincère à la jeune femme tandis qu'un petit silence s'installa entre nous. Joignant mes deux mains, je jouais nerveusement avec mes doigts, toujours mal à l'aise à cause de l'instant de tendresse qui s'était passé entre nous jusqu'à ce qu'elle reprenne la parole et me parle de son frère. Sans essayer de capter son regard, je la laissais fixer les flammes en me racontant ce qui était arrivé.
Silencieuse, respectant le récit, je ne bougeais pas d'un iota et ne donnais aucun commentaire. Néanmoins, je n'en pensais pas moins. Aimer plus les dragons que moi, mais finalement en rester traumatiser ? Je souriais intérieurement, de manière ironique sans pour autant juger le frère d'Isalynn. J'en déduisais simplement que ce Kerr n'aimait pas les dragons, malgré les dires de sa sœur. J'étais certaine au plus profond de moi que les traumatismes que je vivais aujourd'hui à cause du loup-garou n'existeraient pas si ça avait été un dragon. Ce qui était certain, c'est que d'avoir levé la main sur la créature, créature qui se nourrissait du mentor, c'était horrible… et encore le mot n'était pas assez lourd. N'importe qui serait choqué de cela, tout du moins, n'importe quel dragonologiste qui se respecte. J'en palissais en m'imaginant la scène, pourtant, je restais toujours silencieuse, écoutant la fin de l'histoire avec respect. La conclusion me fendit le cœur, et par élan de grande empathie, j'aurai aimé pouvoir aider cet homme. Ce Kerr qui nourrissait la même passion que moi pour les dragons et qui ne pouvait même plus les voir en photo. Quel triste et terrible constat… j'en aurai eu les larmes à l'œil. J'eus du mal à avaler ma salive pour répondre alors qu'elle me questionnait à nouveau. Je clignais plusieurs fois des paupières, la voix un peu enrouée par le triste destin du frère de mon interlocutrice.
- Heu… J'y arrive… mais c'est léger, et peut-être même inconscient…
Je réfléchissais un peu, triturant toujours mes doigts ensemble avant d'ouvrir la bouche, puis la refermer, donnant l'air d'un poisson hors de l'eau. J'ouvrais à nouveau les lèvres pour reprendre la parole.
- Je suis suivie pour mes problèmes physiques par Sainte-Mangouste et Lev… enfin… un… ami…
Je refermais la bouche en fermant les paupières. C'était très nouveau, tout nouveau… quoi ? Environ 7 jours ? Je devais m'y faire, et pourtant j'étais très heureuse. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine avant que je reprenne.
- Mon compagnon est psychomage. Il m'aide aussi. Je travaille sur le traumatisme de la rencontre du loup-garou mais… pas vraiment de la maitrise de la baguette. J'essaie de me faire violence.
- InvitéInvité
Re: Roseau plie mais ne rompt pas [Isalynn]
Mer 9 Jan 2019 - 20:25
Roseau plie mais ne rompt pas
Jeudi 27 septembre, fin d'après-midi
Isalynn s’en voulut presque immédiatement de son manque de tact lorsqu’elle avait glissé qu’Abigail avait eu de la chance. Comment elle-même aurait elle réagi si ça lui était arrivé, à elle? Qu’est-ce qui lui prouvait qu’elle serait aussi forte que la brunette à côté d’elle? Rien. Rien du tout. Au fond, l’épreuve la plus difficile qui lui avait été donnée de vivre en direct était d’avoir surpris Zack au lit avec Niamh. Et on ne pouvait pas dire que sa réaction avait été très saine, malgré ce dont elle tentait de se persuader. Jeter la bague au visage du garçon et refuser d’écouter leurs excuses, pendant huit ans, se mettre à coucher à droite et à gauche par vengeance, douter de la moindre de ses relations… Non. ce n’était pas des plus sain. “Excuse-moi.” lui demanda-t-elle, mots qu’elle répéta quelques minutes après seulement lorsque la jeune femme se raidit dans ses bras. Décidément… Isalynn n’était pas douée. Avait-elle fait une erreur? Non. Laisser Abigail en peine aurait été une erreur. La concernée ne sembla pas lui en tenir rigueur toutefois. Enfin… Lynn n’aurait su le dire, mais ce n’était pas l’impression qu’Abigail lui donnait, surtout qu’elle venait de lui dire que ce n’était rien et qu’elle lui souriait.
Elle changea donc rapidement de sujet, espérant que cela détendrait suffisamment la brune, même si ce n’était pas son cas à elle. Parler de l’expérience de son frère, c’était comme une trahison. Du moins, c’était ainsi qu’elle le ressentait. Mais c’était une trahison qu’elle pensait nécessaire pour aider la jeune femme à affronter son traumatisme, en tout cas. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’Abigail pouvait penser. Si ça avait été le cas, sans nul doute l’aurait-elle contredite. Kerr avait tout abandonné à l’époque, pour les dragons. Il voulait leur donner sa vie. Jusqu’à ce que son mentor se fasse dévorer sous ses yeux alors qu’il était coincé sous la patte griffue du coupable. L’horreur de la scène se peignait dans sa mémoire tandis qu’elle la racontait comme son frère la lui avait racontée. Elle était la seule de la famille à qui il en avait parlé. Plusieurs mois après l’accident. Après plusieurs mois de silence. Oh oui, elle s’en voulait.
La rousse s’empressa d’ailleurs de changer de sujet, pour poser à nouveau des questions à Abigail. Elle écouta patiemment ses réponses, hochant la tête, allant jusqu’à esquisser un sourire discret lorsqu’après une hésitation, Abigail mentionna Lev comme son compagnon. C’était bien, elle se reconstruisait. Elle avançait. Il avait fallu des mois à Kerr pour pouvoir me parler. Parler à quelqu’un d’autre… De fait, il n’avait réellement pu commencer sa thérapie qu’après avoir parlé à Isalynn. Avant… C’était comme s’il était brisé. Irrémédiablement. Lynn secoua la tête, chassant ce souvenir de sa mémoire. “Parfois, utiliser la baguette de quelqu’un d’autre, ou permettre une autre personne d’utiliser sa baguette permet de voir si on a changé d’affinité. On pourra essayer, à l’occasion, si tu veux. Juste pour te rassurer. Quand mon frère a testé ma baguette, tout ce qui était dans ma chambre a explosé. Je te raconte même pas… Mais clairement, aucune autre baguette ne voulait de lui, même s’il n’arrivait plus à communiquer avec la sienne.” Elle marqua un temps de silence avant de dire que: “Il est allé voir ce spécialiste. Je ne sais plus son nom, en Italie. Cet homme est capable de dire en touchant les mains d’un sorcier, puis sa baguette, si les deux sont toujours connectés. Si tu veux, je pourrai demander à mon frère s’il a encore sa carte de visite, et on pourra y aller?”
La conversation dura quelques minutes encore avant que les deux jeunes femmes ne se quittent pour la nuit. Les mouvements s'étaient faits plus rares dans la salle, indiquant qu'il se faisait tard.
@abigail dowell