Nuits courtes. Journées remplies. Play. Rewind. L'habitude se glisse dans ta vie autant que dans tes draps. La rentrée a sonné, elle amène son lot de surprises, d'obligations, tu te laisses porter par une sensation nouvelle, t'es bien dans ta vie là. Tu veux que ça continue, mais t'es angoissé à l'idée de ce qui pourrait se passer, tu ne veux pas qu'elle foute le camp, ta vie autant qu'elle. Ravissant ouragan texan. Elle est avec toi, dans ton lit, dans ta cuisine ou ton salon, dans cette salle de cours où vous échangez des regards amusés, parfois réprimandé par le professeur. Tu redeviens gamin, à cause d'elle. Pourtant, ce soir, t'es seul. Elle sort avec des amies, t'aimes pas ça foutu macho. Elle est à toi, entière et sans concession, tu sais les regards qu'ils vont porter sur elle, comme toujours, alors tu vas toi aussi retrouver des amis, t'as pas envie de ruminer sur ton canapé, t'as envie de voir du monde.

Le bar est bien rempli, comme toujours, les gens se pressent à l'extérieur, t'imagines sans difficulté qu'il y a autant de monde à l'intérieur, tu regardes autour, mais ne vois personne de connu. Tant pis, un haussement d'épaule plus tard, tu entres, enfin... tu tentes d'entrer quand ton épaule rencontre une autre épaule, t'es pas de ceux qui s'excusent, t'es plutôt du genre à ne pas prêter attention en début de soirée en tout cas, mais là, lui, c'est différent. Non seulement c'est une espèce d'animosité depuis des siècles qui vous anime, mais en plus, tu as appris qu'il était proche, bien trop proche, de la belle Jazmin. Tien, c'est le moment de jouer au con ? Faut croire, tu sais pas regarder où tu vas Flores ? C'était inévitable, un jour t'allais le croiser et tu savais que tu aurais envie de mettre les choses au clair, tu veux qu'il sache, qu'il comprenne, qu'il n'a aucune légitimité sur elle, il n'en a plus depuis quelques semaines déjà.

Depuis le temps que tu attends de pouvoir le confronter, tu ne vas pas le manquer. Petit con qui a manqué de respect à ta tornade ; tu n’as pas oublié la rage et la tristesse mêlée dans son regard ce jour-là. Tu as cherché à comprendre ce qui lui était arrivé, pourquoi est-ce que le sourire radieux du matin était devenu une rage et une solitude sans nom durant l’après-midi. Elle ne voulait pas, elle était silencieuse, ce n’est pas son habitude, ensuite… elle est devenue cette tornade, remuant dans tout l’appartement, hurlant à l’injustice avant de finalement t’expliquer la cause de son malheur. Un nom que tu as retenu facilement, parce qu’il n’était pas inconnu, parce que tu ne l’a jamais aimé ce connard prétentieux, il a embué le regard de ton étoile et pour ça, un jour tu t’étais juré qu’il le paierait, au prix fort. Peut-être que ce jour, c’était ce soir ? «J'évite de poser mes yeux sur la vermine.» Il est sérieux ? C’est la seule insulte qu'il trouve à répondre. J’en ai rien à foutre de tes excuses Flores, faut que t’apprennes à regarder plus loin que ta sale gueule. Tu te grandis encore un peu, t’es pas assez grand ? Rien que sa présence met tes nerfs en boule, pourtant, tu gardes un calme apparent, tu fais un effort pour pas lui foutre ton poing sur sa sale face trop vite, t’as envie qu’il sache qu’à partir d’aujourd’hui, c’est toi et plus lui dans la vie de la jolie fleur. Testostérone poussée à outrance, tu le défies du regard, tu le bouscules avant de faire marche arrière, tu veux qu’il te suive, il sortait déjà de toute façon, non ?

T’attends quelques secondes, face à face, le regard que tu poses sur lui, son ami avec intérêt, est empreint de haine, de dégoût. Cette haine entre vous, ancienne, ne s’améliorera pas, plus maintenant qu’elle est à tes côtés, plus depuis qu’il a réussi à la mettre dans un état pareil, personne ne peut lui faire de mal. À partir de ce soir, si tu t’approches encore une fois d’elle pour lui faire du mal, je te jure que tu le regretteras, parce que c’est bien connu que t’es le gars impulsif, colérique, sanguin. T’as pas besoin d’excuses ou de prétexte pour casser des gueules, depuis toujours, même si ces derniers temps tu as été plus calme, c’est pas maintenant que ça va changer. Flores n’est pas du genre impressionnable, tant mieux, ça rend le jeux bien plus amusant pour toi, tu trouves un adversaire à ta taille et l’enjeu est inestimable. Elle m’a expliqué votre dernière entrevue, t’es un enfoiré, un putain d’égoïste Flores, elle a besoin d’un ami, t’es même pas capable de ça ?! D’être là pour elle ? En fait, t’es ridiculement insignifiant Tu craches les mots avec un air dégoûté sur le visage, il ne mérite pas l’attachement qu’elle a pour lui, ni même l’attention qu’elle lui porte.

S'il y a bien une chose que tu ne redoutes pas, c'est le sarcasme, ou la mauvaise foi, c'est selon. Ici, le Texan développe tout un arsenal, tu vois sa tentative ridicule pour te faire douter, mais t'es au-dessus de ça, de lui. Tu souris à ses paroles, c'est pas ce soir qu'il va avoir le dessus, même si ses mots t'atteignaient, tu ne laisserais rien paraître. Tu continues sur ta lancée, menace pas même voilée qu'il prend à la légère, c'est à son tour de renchérir, t'écoutes, peut-être même plus que tu n'en donnes l'impression. Ta main droite glisse dans cette éternelle barbe de trois jours qui garni ton visage, premier signe que la dite main te démange. Tu n'aimes pas la manière dont il te parle, mais encore moins dont il parle d'elle, oh oui, je sais très bien qui tu es pour elle . Parce que ça aussi tu y a eu droit, au résumé, t'as pas eu envie d'en apprendre les détails, mais t'en sais suffisamment friends with benefits, t'as pratiqué, tu connais, mais si tu acceptes la relation du passé, si t'acceptes malgré tout qu'elle ait besoin de lui, c'est impensable qu'il glisse une seule fois ses mains sur elle à l'avenir. T'es pas jaloux, t'es possessif, c'est bien pire. Ce qui est à toi, ne sert qu'à toi, gamin gâté t'as toujours eut sans demander, cette fois, avec elle, c'est différent, tu sais qu'elle est volatile, qu'elle s'amuse des autres, parce que tu es le même, mais tu sais aussi qu'il y a quelque chose d'autre, qui te permet de réclamer plus, vous réinventez des règles chaque jour, et t'es persuadé que ça le fait chier que ce soit toi qui t'incrustes dans la vie de la brune, dans son corps. Ricanement plus nerveux que narquois, tu te retiens de lui balancer ton poing sur la gueule, c'est tellement tentant, mais ça n'en sera que plus satisfaisant après... plus tard. Quand tu auras fini de parler, je suis bien moins con que tu l'crois, par contre j'dois être maso, ça ouai. Tu lèves l'index en signe de réflexion, je suis désolé, j'ai pas écouté la moitié de ce que tu racontais, c'est redondant à force. Oh si tu as écouté, t'en a pas perdu une miette, prenant conscience de ce lien qui unit la lune et le soleil, et que t'es un putain d’astéroïde qui vient bouleverser l'équilibre. T'as comprit, tu savais déjà, que quelle que soit l'issue, lui et toi vous ne pourrez jamais vous entendre, parce que vous ne pourrez jamais la partager. Tu le vois dans son regard. Sa possessivité omniprésente dans le geste, dans la voix, tu ne peux pas le blâmer, mais tu n'apprécies pas. Elle fait ses choix et je fais les miens, si elle te veut dans sa vie, c'est pas mon problème. Elle fréquente les merdes qu'elle veut, sans t'en rendre compte, tu fais craquer les jointures de tes mains signe numéro deux que ça te démange, mais ne pose pas une main sur elle, ou n'importe quoi d'autre d'ailleurs, j'sais pas ce qu'tu trimbales comme vermines et j'ai pas envie que nos enfants soient contaminé par ... tu le désignes du bout du doigt avec un regard à la fois dégoûté et dédaigneux, ça.