Tu as commencé à travailler au Lovingblow depuis le vingt novembre dernier. Conseillée par ton amie Niamh tu as réussi à avoir un entretien avec le nouveau propriétaire des lieux. Étrangement, l'irlandaise avait omis de te parler d'un léger détail : celui pour qui tu allais travailler est un cracmol. Si tu n'avais pas besoin d'argent, nul doute que tu aurais pris la tengeante. Sauf que justement, ton compte à Gringott's te fais la gueule et bien comme il faut. D'autant plus, qu'ayant l'habitude d'un train de vie luxueux, tu dois avouer que tu dépenses au dessus de tes moyens. Noël approchant, c'est encore plus difficile. Entre les cadeaux à faire à tes proches, et cette parure qui te fait de l'oeil en vitrine, résister à la tentation est difficile.

Au Lovingblow, tu laisses ta baguette à Niamh. C'est pour t'habituer à ne pas utiliser ta baguette à tout va et te montrer que l'on peut très bien se débrouiller sans magie. Bientôt, on te fera utiliser un de ces appareils moldus dans lesquels on parle. Un téléfort portatif. Enfin quelque chose dans le genre. Selon ton amie, c'est plus simple que d'envoyer des hiboux et que de toute façon, il serait grand temps pour toi de passer au vingt et unième siècle.

Tu n'as pas cours cet après-midi, c'est pourquoi tu es venue travailler au centre. Ce sera toujours de l'avance pris sur ton programme prévu. Un hibou pour prévenir et te voilà en train de classer et ranger les factures du derniers trimestre dans les classeurs prévus à cet effet avant de les mettre aux archives. C'est une formalité pour toi. Une fois ton labeur achevé, après plusieurs vérifications, il ne te reste plus qu'à les ranger là où ils doivent être. Tu portes les classeurs, les uns par dessus les autres. Si bien qu'on voit à peine ton visage. D'un pas rapide, tu t'avances jusqu'à la fameuse salle. Les armoires sont hautes. Machinalement, tu tend ta main dans ta poche pour récupérer ta baguette. Ah oui c'est vrai, tu ne l'as pas. Tu ne vas quand même pas devoir monter sur cet escabeau ? C'est que tu n'as pas trop le choix ma jolie. À moins que tu veuilles y passer la nuit. Quoique ça ne changera rien, tu ne vas pas gagner vingt centimètres en une soirée.

Te voir essayer de monter sur le fameux escabeau est digne d'un film comique, tu n'aurais peut être pas dû mettre des talons et un tailleur. Si ta tenue est sophistiquée, pour le côté pratique on y repassera. À te voir trembler sur ton piédestal de fortune, on sent bien que tu n'es pas à l'aise dessus. C'est autre chose que d'être sur un balai de Quidditich hein ? Au Quidditch c'est différent, tu es dans ton élément. Au moment de ranger ton premier classeur, tu sens une crampe à la jambe et vacilles. Tu te raccroches à l'armoire pour ne pas tomber. Le meuble ne servant pas à cet usage, les classeurs tombent au sol. En se renversant, ils s'ouvrent, les papiers se retrouvent mélangés en vrac au sol. Bien évidemment, tu n'as pas évité la chute. C'est avec les quatre fers en l'air que tu retrouves au sol. Ta fierté en prends un coup et en plus de cela, tu vas devoir tout ranger à nouveau.

Comme si le pétrin dans lequel tu t'es mise n'est pas assez catastrophique comme cela, ton supérieur hiérarchique arrive dans la pièce au moment où tu es sur le sol entourées de papiers. Tu connais là un grand moment de solitude et maudit intérieurement l'escabeau. Une invention horrible, inventée par un savant fou moldu pour enquiquiner le monde. Tu ne vois pas d'autres idées de création d'un tel objet diabolique. Ambroise te demande ce qu'il s'est passé. Tu vas devoir lui donner des explications. Bien qu'il soit non doté de pouvoir, il reste ton supérieur. Tu tiens à ton emplois. Réussir à en avoir n'est pas gagné. Le fait que tu sois une sang pur venant d'une famille traditionaliste ne t'a pas aidés dans les boutiques pro-tolérances envers les autres sangs. Et à côté de cela, ton divorce et ta répudiation t'ont porté préjudice dans les boutiques de supremacistes puristes traditionalistes. Tu as bien travaillé dans une boutique avant de te faire limoger pour tu ne sais quelle raison. Soit disant parce qu'il n'y avait pas assez de travail pour toi. Enfin bref, ce travail au Centre Artistique Lovingblow est une chance en or et tu compte bien garder ta place. C'est pourquoi tu ravales ta fierté de sang pure, et tente de masquer ta honte. Tu te relèves, remet ta tenue en ordre et l'époussetes. Tu réponds ensuite à sa question d'une voix sans émotion. Si tu lui dois le respect en raison de sa position hiérarchique, vous n'avez pas gardé les hippogriffes ensemble.

- J'ai voulu ranger le classeur des facturations du dernier trimestre comme le veut la procédure. J'ai dû monter sur cet... objet d'une extrême dangerosité...

Tu désignes l'escabeau du regard. Par chance tu n'as pas ta baguette. Sans quoi, l'objet coupable de ta situation. Selon toi. Aurait fini en copeaux et dans une poubelle. La place méritée, à tes yeux.

- Je suis tombée, les classeurs aussi et voilà le résultat.

Tu commences à ranger les papiers. Tu connais les rangements. Les codes couleurs, tu connais bien cela. L'avantage d'être maniaque du contrôle, c'est que tu t'y retrouves facilement. Il ne te suffit juste de regarder les dates pour les classer chronologiquement. Quand aux différents CV et lettre de motivations, celles-ci seront rangées par ordre alphabétiques et selon le domaine du poste convoité.

Avant tout, tu dois trier les papiers selon leur nature. Ensuite viendra le moment de les classer et les ranger comme il se doit. Tu y passeras toute la nuit si il le faut, mais tu es bien décidée à ne pas partir de cette salle, tant que tout ne sera pas en ordre. Tant pis si tu dois sauter plusieurs repas et plusieurs heures de sommeil. Tu as ce sentiment d'avoir échoué et ça ne te plait pas du tout.

En montant sur l'escabeau, perchée sur tes talons aiguilles, tu aurais pu te briser les chevilles en tombant. Ambroise te fais la remarque à ce propos. Tu aurais pu te faire mal. Si ce qu'il dit est judicieux, tu ne lui répond rien. Tu es encore sous le coup de la honte. La prochaine fois tu songeras à porter des baskets. Ce sera plus judicieux. Il faudra que tu penses à en acheter. Tu ne vas quand même pas venir avec tes chaussures de Quidditch.

Il t'aide à ranger les papiers qui traînent au sol. À deux, cela va beaucoup plus vite. Vous êtes si efficace, qu'en peu de temps, tout est nickel chrome. C'est comme si il n'y avait pas eu de désastre. Sur le point du classement et du rangement, tu ne peux rien lui dire. Il s'y connait.

Ton patron, te dis que tu dois t'habituer à ne pas utiliser tout le temps la magie. Tu penses cela être insurmontable. La magie fait partie de toi, ta baguette est comme l'extension de ton bras. Tu as eu énormément de mal à ne pas la prendre. Habituée depuis ton plus jeune âge à manier la manier, faire sans, c'est comme si tu perdais une partie de toi. Enfin, c'est la sensation que tu as.

Il veut te montrer le fonctionnement des machines moldues. Enfers et Damnation ! Dans quel pétrin tu t'es fourrée ! Mais bon c'est le patron. Tu as besoin d'argent et répliquer au patron n'est pas la solution. Ton stylo et ton carnet de note en main, tu le suis. Tu vas prendre le maximum d'informations sur ces étranges objets que l'on peut trouver sur les lieux. Intérieurement, tu espère ne pas tout casser, provoquer un incendie ou tout autre catastrophe. La première machine sur laquelle vous tomber est la photocopieuse. Par la barbe de Merlin, ça à l'air si compliqué pour toi. Comment ça fonctionne ce machin ? Il y a des touches de partout. Tu es complètement perdue !