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si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Dim 30 Déc 2018 - 17:44
Le manoir est richement décoré. Des bougies pendent du plafond, un sapin de trois mètres de haut s'élance en direction du ciel, des centaines de fleurs décorent le grand escalier. C'est le réveillon de la nouvelle année chez les Nygården. Tout le gratin norvégien est invité. Vêtue d'une robe bleue nuit scintillante, des sandales à talons assorties aux pieds, je fais bonne figure, au bras de Gabriel. Conversations inutiles, coupes de champagne enchaînées, créant un flou artistique dans mon esprit. Bague lourde à l'annuaire gauche, fardeau sur mes épaules. Mais sourire rayonnant dans la salle. Mon père veille au grain, ma belle-famille aussi. "Les Haugen ne viendront pas ce soir. Ils auraient retrouvé leur fils quelque part en Ecosse." Alarme qui s'allume dans mon esprit. En quelques enjambées, je rejoins la conversation entre mon grand-père et une vieille politicienne de sang pur. "Excusez-moi. Svein a été retrouvé ?" Regard intrigué de mon aïeul, sourire fier provenant de la dame aux cheveux blancs. Elle semble adorer posséder cette information croustillante. Pathétique. Mais je suis pendue à ses lèvres, désespérée d'entendre à nouveau le nom de celui qui fait battre mon coeur. "Oh oui, le pauvre est à l'hôpital ! Apparemment il aurait été aperçu inconscient par un passant." Mon coeur rate un battement. Mes yeux s'arrondissent d'horreur. "Mais il va bien ?" "Voyons, Irina, laisse donc Mrs Larsen profiter de cette soirée. Cesse donc ces questions." Yosef Nygården passe un bras autour de ma taille pour m'éloigner de la politicienne. Mon coeur bat la chamade et je m'éloigne du petit groupe s'étant amassé autour de la vieille dame. Un regard vers Gabriel, qui semble intrigué par la situation. Je lui lance quelques mots d'excuse avant de prendre la direction des escaliers.
Seule dans ma chambre, je m'assois sur le bord de mon lit. Les battements de mon coeur ne semblent pas vouloir se calmer. Ce même coeur qui s'était brisé en mille morceaux il y a quelques jours, alors que je me faisais repousser par Elios. Coeur que j'ai tenté de reformer, érigeant une barrière de glace autour, alors que je m'efforçais de survivre aux soirées norvégiennes. Des larmes se profilent aux coins de mes yeux alors que les mots de Larsen résonnent dans mon esprit. Hôpital. Ecosse. Incapable de tenir en place, je me relève alors, faisant les cent pas dans cette chambre spacieuse. Beaucoup trop spacieuse pour ce que je m'en sers. La cheminée se dessine dans un coin de mon regard, et une idée folle me traverse. Pourrais-je ? Instant d'hésitation avant de m'avancer dans l'âtre. Poudre de cheminette dans la main, j'annonce ma destination avec une voix claire. "Myrdinn Wyllt District." Et me voilà attrapée par la cheminée.
Arrivée à destination, je suis immédiatement happée par le froid me mordant la peau. Dans ma petite robe de soirée et mes chaussures ouvertes, je n'en mène pas large. Mais le chemin jusqu'à l'hôpital n'est pas long. Mes chaussures claquent sur les pavés, les passants se retournent sur mon passage. J'ai un air déterminé sur le visage cependant, qui fait que personne ne me demande ce que je fais ici. Arrivée à l'hôpital, l'infirmière m'indique le numéro de la chambre. Air princier, je ne demande pas l'autorisation, et elle n'a pas intérêt à m'interdire d'entrer. Ouvrant une porte à la volée, je m'introduis dans la chambre. Puis je reste plantée là, mon air impérial s'échangeant avec des traits terrorisés. Il est là, devant moi. Il dort. Qu'est-ce que je suis sensée faire, maintenant ?
@svein haugen
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Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Lun 31 Déc 2018 - 11:28
Les rêves murmurent le cri des cauchemars. J’ai été admis à l’hôpital tôt, ce matin. Mon premier éveil à été pour contempler le regard d’horreur de mon père, mêlé de rancune et de peur, et celui de peine de ma mère. Leur regard et leur entièreté s’attachait à quelque chose de trop répugnant… Ils ne regardaient pas leur enfant, mais leur héritier. Nos regards se sont croisés quelques secondes, et s’ils n’ont pas compris que mon regard n’avait plus rien en commun avec celui d’antan, ils n’ont pas eu l’air de remarquer à quel point ils portaient quelque chose de malsain…
« Tu fuis tes responsabilités », « la famille à laquelle tu devais te lier est furieuse », « tu nous fais honte », « tu nous fais honte » les mots montaient lentement en mon esprit, alors que le chaton maladroit sortait de la couette, sa queue gonflée face à l’hostilité, tournée vers mes parents. Un soupire finit par naître à mon minois alors que j’attrapais lentement l’animal meurtris pour la déposer sur ma poitrine et laisser mon souffle l'apaiser en la caressant lentement, ses battements de coeur assez forts.
« Allons droit au but, nous n’avons plus rien à nous dire. Rentrez, reposez-vous. Je ne vous jugerais pas comme de mauvais parents, au contraire, ma présence est un poids pour vous et votre présence est réciproquement relativement pesante pour moi aussi. Si nous n’avons jamais eu grand chose en commun, je crois que la rupture est marquée depuis trop longtemps. Je vous rappellerai. Peut-être. N’allez pas croire que c’est de votre faute, c’est moi qui ai choisi la fuite. Plutôt seul dans la bonne direction que de marcher à reculons dans un monde qui ne me convient pas. »
Sous la rage et les pleurs, j’appuyais sur ce simple bouton qui passait tel une bombe entre eux et moi. Il amorçait la rupture, sous la honte d’être mis dehors par des infirmiers. Le calme revenait enfin alors qu’en attrapant Esmée pour la glisser contre ma poitrine, je me remettais sur le côté pour laisser mes yeux se clore, le doux poil du petit chat effleurant la robe de chambre et mon bras ramené autour d’elle, sa tête dépassant à peine des draps.
Il me fut en de longues minutes impossible de trouver le sommeil, avant de replonger à cause des médicaments et de la fatigue accumulée d’un trajet tumultueux. Je me demandais comment j’allais bien pouvoir payer les frais médicaux juste après avoir rejeté ma seule famille, et l’idée seule me rendait dingue. Je n’ai qu’une hâte, c’est de repartir, de ne plus dépendre de cet empire financier qu’est le monde… Sur ces mots, ma conscience s'échappait.
Jusqu’à sentir le vent me frapper, entendre cette porte s’ouvrir, Esmée laisser naître ses prunelles et se redresser tant bien que mal. Songeant au retour de mes parents, furibonds, l’idée même d’ouvrir les yeux me parut un effort insurmontable. Mais fuir était encore plus impensable. Ainsi, en découvrant pour une énième fois la pièce, de longs clignement parurent en découvrant Irina. Un songe de nostalgie intérieur s'éprit de moi alors que je laissais un silence s’installer, j’avoue que je ressentais une légère honte de me présenter à elle après des mois d’absence en cet état.
La médiocrité, en l’instant, me paraissait comme interdite. Faire bonne figure, faire face à mes démons demeurent une obligation, alors que je me permettais un regard, un regard long, vers la jeune femme tirée à quatre épingles. Un vague sourire finit par naître, maladroit, à mon minois. A vrai dire, je ne sais pas quoi faire, et si une sorte de frustration dont j’ignore l’origine se lit à son visage, malgré la distance qui s’est placé entre nous, je savais que quoi que je dirais, une tornade s’approchait. Elle était face à moi, et à la fois cette idée me rassurait et m’effrayait un peu. Les mots paraissent important en l’espèce et je me devais d’être précis. Ainsi, ils partaient seul, d’une certaine légèreté, et pourtant bien mesurés, réfléchis.
« Je te présente mes excuses, si je t’ai inquiété. »
A la fois, j’étais sincère, à la fois, je l’encourageais à parler, peut-être que c’était la façon la plus saine de répondre aux attentes que son regard me lance. Mes doigts passaient lentement le long du poil d’Esmée, toujours peu rassurée face aux inconnus, susurrant un “chhht”, tâchant de calmer ma respiration en gratouillant ses oreilles, ses joues, afin de la détendre, jusqu’à entendre des ronrons maladroits, mon sourire changeant, moins crispé, plus tendre et emprunt d’attention avant de me replonger vers cette femme, la première ayant attisé chez moi une telle flamme, bien qu’elle ne soit plus aujourd’hui si intense, loin de là.
« Tu fuis tes responsabilités », « la famille à laquelle tu devais te lier est furieuse », « tu nous fais honte », « tu nous fais honte » les mots montaient lentement en mon esprit, alors que le chaton maladroit sortait de la couette, sa queue gonflée face à l’hostilité, tournée vers mes parents. Un soupire finit par naître à mon minois alors que j’attrapais lentement l’animal meurtris pour la déposer sur ma poitrine et laisser mon souffle l'apaiser en la caressant lentement, ses battements de coeur assez forts.
« Allons droit au but, nous n’avons plus rien à nous dire. Rentrez, reposez-vous. Je ne vous jugerais pas comme de mauvais parents, au contraire, ma présence est un poids pour vous et votre présence est réciproquement relativement pesante pour moi aussi. Si nous n’avons jamais eu grand chose en commun, je crois que la rupture est marquée depuis trop longtemps. Je vous rappellerai. Peut-être. N’allez pas croire que c’est de votre faute, c’est moi qui ai choisi la fuite. Plutôt seul dans la bonne direction que de marcher à reculons dans un monde qui ne me convient pas. »
Sous la rage et les pleurs, j’appuyais sur ce simple bouton qui passait tel une bombe entre eux et moi. Il amorçait la rupture, sous la honte d’être mis dehors par des infirmiers. Le calme revenait enfin alors qu’en attrapant Esmée pour la glisser contre ma poitrine, je me remettais sur le côté pour laisser mes yeux se clore, le doux poil du petit chat effleurant la robe de chambre et mon bras ramené autour d’elle, sa tête dépassant à peine des draps.
Il me fut en de longues minutes impossible de trouver le sommeil, avant de replonger à cause des médicaments et de la fatigue accumulée d’un trajet tumultueux. Je me demandais comment j’allais bien pouvoir payer les frais médicaux juste après avoir rejeté ma seule famille, et l’idée seule me rendait dingue. Je n’ai qu’une hâte, c’est de repartir, de ne plus dépendre de cet empire financier qu’est le monde… Sur ces mots, ma conscience s'échappait.
Jusqu’à sentir le vent me frapper, entendre cette porte s’ouvrir, Esmée laisser naître ses prunelles et se redresser tant bien que mal. Songeant au retour de mes parents, furibonds, l’idée même d’ouvrir les yeux me parut un effort insurmontable. Mais fuir était encore plus impensable. Ainsi, en découvrant pour une énième fois la pièce, de longs clignement parurent en découvrant Irina. Un songe de nostalgie intérieur s'éprit de moi alors que je laissais un silence s’installer, j’avoue que je ressentais une légère honte de me présenter à elle après des mois d’absence en cet état.
La médiocrité, en l’instant, me paraissait comme interdite. Faire bonne figure, faire face à mes démons demeurent une obligation, alors que je me permettais un regard, un regard long, vers la jeune femme tirée à quatre épingles. Un vague sourire finit par naître, maladroit, à mon minois. A vrai dire, je ne sais pas quoi faire, et si une sorte de frustration dont j’ignore l’origine se lit à son visage, malgré la distance qui s’est placé entre nous, je savais que quoi que je dirais, une tornade s’approchait. Elle était face à moi, et à la fois cette idée me rassurait et m’effrayait un peu. Les mots paraissent important en l’espèce et je me devais d’être précis. Ainsi, ils partaient seul, d’une certaine légèreté, et pourtant bien mesurés, réfléchis.
« Je te présente mes excuses, si je t’ai inquiété. »
A la fois, j’étais sincère, à la fois, je l’encourageais à parler, peut-être que c’était la façon la plus saine de répondre aux attentes que son regard me lance. Mes doigts passaient lentement le long du poil d’Esmée, toujours peu rassurée face aux inconnus, susurrant un “chhht”, tâchant de calmer ma respiration en gratouillant ses oreilles, ses joues, afin de la détendre, jusqu’à entendre des ronrons maladroits, mon sourire changeant, moins crispé, plus tendre et emprunt d’attention avant de me replonger vers cette femme, la première ayant attisé chez moi une telle flamme, bien qu’elle ne soit plus aujourd’hui si intense, loin de là.
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Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Mar 1 Jan 2019 - 17:39
La lumière crue de l'hôpital me fait mal aux yeux et je commence à me demander ce que je fais ici. Je n'ai aucune autorisation à me trouver là, ma famille croit que je suis encore dans ma chambre en Norvège et elle va bientôt s'inquiéter de ne pas me voir en sortir. Les rouages tournent dans mon esprit alors que j'essaie de prendre une décision. Quoi faire ? Il est là, il dort, il a l'air d'aller bien... Enfin, aussi bien qu'une personne qui se trouve à l'hôpital peut aller. Et il y a un... chaton ? Oui, un chaton, qui dort près de lui. Okay, je ne dois pas être ici. Je devrais m'en aller. Je me suis assurée qu'il allait bien, c'est suffisant. Mais alors que j'amorce un mouvement vers la sortie, je le vois ouvrir les yeux et je me fige. Il sourit alors que je reste interdite, le détaillant du regard. Il semble fatigué, ce qui paraît normal, lorsqu'on se trouve dans un lit d'hôpital. Enfin, il prend la parole. "Je te présente mes excuses, si je t’ai inquiété." Et il n'en faut pas plus pour que mon coeur explose. "Inquiété ?" Mes sourcils se lèvent alors que je murmure son dernier mot, tel un écho. Je reprends, un peu plus fort. "Inquiété ?" Une main vient se planter dans mes cheveux, geste de frustration alors que j'essaie tant bien que mal de faire le tri dans toutes ces choses que j'aimerais lui dire. Je commence à déambuler dans la chambre, le talon de mes chaussures claquant contre le carrelage. "Tu couches avec ma meilleure amie, la forçant à divorcer, tu romps tes fiançailles, tu disparais pendant quatre mois sans donner de nouvelles, tu débarques à l'hôpital..." Mon débit s'accélère alors que j'énumère toutes les choses problématiques que Svein a fait depuis cet été. "Et tu t'excuses de m'avoir inquiété ?" Soudainement, je me retourne vers lui.
La vision du petit chaton et la main du Norvégien le caressant calme le feu se propageant en moi. Il me perturbe, ce chat. Je ne sais pas ce qu'il fait là. Svein n'avait pas de chat, avant cet été. Fronçant les sourcils, je détourne le regard pour le replanter dans le bleu de ceux qui hantaient mon esprit durant ces longs mois. "Ou étais-tu passé ?" Mon ton s'est radouci, la tristesse et toute l'inquiétude que j'ai pu ressentir jusqu'à ce soir se concentrant dans mon visage. Je dois savoir. J'ai besoin de savoir. Dis-moi que je t'ai manquée autant que tu m'as manqué.
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Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Mar 1 Jan 2019 - 18:33
La situation dérapait, elle devait déraper… Ces histoires, ces appréhensions, il y a longtemps que je leur ai tourné le dos. J’ai eu mes démons, et leur ai succombé, mais n’est pas là une question de fois, je n’ai jamais été possédé par personne, il s’agissait bien de moi et uniquement de moi, de mes propres choix et des conséquences qui ont suivi. Résigné, mon sourire, lui, me quittait à demi, luttant à le faire disparaître. Cet tic est parfois gênant, ces rires nerveux, cette incapacité à gérer des situations trop stressantes, qui, je le sais, sont aussi agaçantes pour moi que pour mon environnement.
Je la regardais faire les cent pas, comme si tout cela avait de l’importance… Au moins, visiblement, ça en a, pour elle. Ainsi, je devais au moins faire preuve d’un minimum de courage. Me faisant force, je me redressais doucement, la robe d’hôpital proche de mes traits dévoilant que j’avais perdu en carrure, beaucoup. Des jours de famines, des jours d’efforts non récompensés, des jours d’enfer. Tant mon corps semblait marqué par cette rupture, mon regard, lui aussi.
Là où avant j’aurais détourné le regard, je la soutenais, vaguement, une compassion certaine se présentant à ces prunelles. Je lui laissais le temps de finir, soulevant le petit matou pour le déposer sur mes genoux alors que son regard semblait inquiet, mais trop fragile pour s’enfuir, son seul refuge étant mon corps qui la protège depuis plusieurs semaines maintenant.
Continuant de la masser doucement, je tâchais de la libérer du stress que gênerais la situation avant de plonger mon regard vers Esmée, puis vers Irina, afin de lui communiquer un peu plus d’informations sur la situation, d’ailleurs il était remarquable dans la tentative de l’animal de chercher une position confortable que pour l’âge qu’elle donnait l’impression d’avoir, elle était clairement trop maladroite pour être en bonne santé. L’objectif n’était pas de l’appitoyer pour qu’elle se calme, lui de là, mais de lui faire remarquer que nous ne sommes pas seuls.
« J’entends ta frustration, Irina. Elle est tienne donc je n’oserais pas te dire que je la comprends, mais je l’entends. J’ai trop attendu pour faire le point, et je me suis perdu en route… Je suis partis pour remettre de l’ordre dans ma vie. »
Ce regard m’accrochait toujours, je me mettais à fixer le vide et je paraissais comme un bambin égaré dans un labryrinthe sans fin. Cet ‘incident’ l’avait blessé, c’était certain. Tout comme il a blessé tout un tas de gens. Mais dois-je me sentir responsable ? Je veux dire. Il faut être deux, pour avoir un rapport, et je ne l’ai forcé en rien. Certes, mes intentions n’étaient pas pures à l’époque, loin de là, ceci dit, je me suis accordé la rédemption à ce sujet il y a bien longtemps.
« Si je te disais que je suis désolé, ça t’énerverais encore plus, et dans tous les cas, honnêtement, ce n’est pas le cas. Ma seule erreur a été de ne pas être partis plus tôt. »
Lentement, je me replongeais sur elle, mon regard avait quelque chose de distancier, et s’il représentait les affres du voyage, il montrait aussi que beaucoup de choses se sont métamorphosées en mon être. Je n’irais pas jusqu’à dire que je ne suis plus la même personne, mais mes attaches, mon intérêt est différent. Je n’étais pas revenu pour elle, loin de là, mais elle était là, pour moi, et peu importe ces motivations, il serait mentir de dire que ça ne me trouble pas. Que ces braises de mes sentiments ne se remuent pas un peu… Je me suis promis de ne plus mentir si ce n’est pour protéger les gens, et en même temps, je n’ai plus envie de la voir tourner les talons…
« Où je suis passé… Je suis allé… Jusqu’aux frontières russes, à peu de choses prêt. Mais on s’en moque. Je suis parti parce que je me laissais consumer en silence depuis trop longtemps, et que j’en devenais trop néfaste pour mon environnement. Je pense ne pas être un ange, mais je n’ai jamais voulu faire de mal aux gens autour de moi. Ce qui est arrivé, avec Tzvetlina à marqué la rupture entre ce que je pouvais supporter et ce que je faisais supporter aux autres… Je me suis isolé, pour me détruire moi, plutôt que les gens auxquels je tiens. »
C’est à cette dernière phrase que mon regard se replongeait en elle pour lui faire comprendre qu’elle était clairement visée par cette dernière phrase, mais surtout par ces mots “les gens auxquels je tiens”, je l’incluais dedans. Cela n’excusait rien et je n’aurais pas osé l’affront d’aller dans la séduction, mais je sentais son besoin de réponse, alors… En réalité, l’autre fait de mes mots étaient de clairement révéler mon mal-être. J’étais discret à ce sujet, et si certaines personnes pouvaient s’en douter, je ne pense pas que beaucoup de gens auraient pu se dire à un traître instant “il allait mal à ce point là ?”, détournant quelques instants le regard pour ne pas la soutenir trop longtemps, peut-être par humilité, peut être par gêne, avant de revenir me plonger en les pierres précieuses que sont ses prunelles.
Je la regardais faire les cent pas, comme si tout cela avait de l’importance… Au moins, visiblement, ça en a, pour elle. Ainsi, je devais au moins faire preuve d’un minimum de courage. Me faisant force, je me redressais doucement, la robe d’hôpital proche de mes traits dévoilant que j’avais perdu en carrure, beaucoup. Des jours de famines, des jours d’efforts non récompensés, des jours d’enfer. Tant mon corps semblait marqué par cette rupture, mon regard, lui aussi.
Là où avant j’aurais détourné le regard, je la soutenais, vaguement, une compassion certaine se présentant à ces prunelles. Je lui laissais le temps de finir, soulevant le petit matou pour le déposer sur mes genoux alors que son regard semblait inquiet, mais trop fragile pour s’enfuir, son seul refuge étant mon corps qui la protège depuis plusieurs semaines maintenant.
Continuant de la masser doucement, je tâchais de la libérer du stress que gênerais la situation avant de plonger mon regard vers Esmée, puis vers Irina, afin de lui communiquer un peu plus d’informations sur la situation, d’ailleurs il était remarquable dans la tentative de l’animal de chercher une position confortable que pour l’âge qu’elle donnait l’impression d’avoir, elle était clairement trop maladroite pour être en bonne santé. L’objectif n’était pas de l’appitoyer pour qu’elle se calme, lui de là, mais de lui faire remarquer que nous ne sommes pas seuls.
« J’entends ta frustration, Irina. Elle est tienne donc je n’oserais pas te dire que je la comprends, mais je l’entends. J’ai trop attendu pour faire le point, et je me suis perdu en route… Je suis partis pour remettre de l’ordre dans ma vie. »
Ce regard m’accrochait toujours, je me mettais à fixer le vide et je paraissais comme un bambin égaré dans un labryrinthe sans fin. Cet ‘incident’ l’avait blessé, c’était certain. Tout comme il a blessé tout un tas de gens. Mais dois-je me sentir responsable ? Je veux dire. Il faut être deux, pour avoir un rapport, et je ne l’ai forcé en rien. Certes, mes intentions n’étaient pas pures à l’époque, loin de là, ceci dit, je me suis accordé la rédemption à ce sujet il y a bien longtemps.
« Si je te disais que je suis désolé, ça t’énerverais encore plus, et dans tous les cas, honnêtement, ce n’est pas le cas. Ma seule erreur a été de ne pas être partis plus tôt. »
Lentement, je me replongeais sur elle, mon regard avait quelque chose de distancier, et s’il représentait les affres du voyage, il montrait aussi que beaucoup de choses se sont métamorphosées en mon être. Je n’irais pas jusqu’à dire que je ne suis plus la même personne, mais mes attaches, mon intérêt est différent. Je n’étais pas revenu pour elle, loin de là, mais elle était là, pour moi, et peu importe ces motivations, il serait mentir de dire que ça ne me trouble pas. Que ces braises de mes sentiments ne se remuent pas un peu… Je me suis promis de ne plus mentir si ce n’est pour protéger les gens, et en même temps, je n’ai plus envie de la voir tourner les talons…
« Où je suis passé… Je suis allé… Jusqu’aux frontières russes, à peu de choses prêt. Mais on s’en moque. Je suis parti parce que je me laissais consumer en silence depuis trop longtemps, et que j’en devenais trop néfaste pour mon environnement. Je pense ne pas être un ange, mais je n’ai jamais voulu faire de mal aux gens autour de moi. Ce qui est arrivé, avec Tzvetlina à marqué la rupture entre ce que je pouvais supporter et ce que je faisais supporter aux autres… Je me suis isolé, pour me détruire moi, plutôt que les gens auxquels je tiens. »
C’est à cette dernière phrase que mon regard se replongeait en elle pour lui faire comprendre qu’elle était clairement visée par cette dernière phrase, mais surtout par ces mots “les gens auxquels je tiens”, je l’incluais dedans. Cela n’excusait rien et je n’aurais pas osé l’affront d’aller dans la séduction, mais je sentais son besoin de réponse, alors… En réalité, l’autre fait de mes mots étaient de clairement révéler mon mal-être. J’étais discret à ce sujet, et si certaines personnes pouvaient s’en douter, je ne pense pas que beaucoup de gens auraient pu se dire à un traître instant “il allait mal à ce point là ?”, détournant quelques instants le regard pour ne pas la soutenir trop longtemps, peut-être par humilité, peut être par gêne, avant de revenir me plonger en les pierres précieuses que sont ses prunelles.
- InvitéInvité
Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Ven 4 Jan 2019 - 0:47
Toute la frustration, l’inquiétude et la colère qui a pu bouillir en moi durant ces interminables semaines se concentrent dans les mots qui sortent de ma bouche, incapable de les arrêter. Mon ton est accusateur, ne parvenant pas à faire transparaître autrement que par la colère tous ces sentiments contradictoires me ravageant. M’arrêtant enfin de parler, je me stoppe aussi dans mon mouvement, me retournant vers le sorcier. "J’entends ta frustration, Irina. Elle est tienne donc je n’oserais pas te dire que je la comprends, mais je l’entends. J’ai trop attendu pour faire le point, et je me suis perdu en route… Je suis parti pour remettre de l’ordre dans ma vie." Mes sourcils se froncent. J’ai du mal à comprendre ses paroles. En quoi fuir ses responsabilités est un moyen de mettre de l’ordre dans sa vie ? Il détourne le regard, comme s’il voulait aussi me fuir, moi. "Si je te disais que je suis désolé, ça t’énerverais encore plus, et dans tous les cas, honnêtement, ce n’est pas le cas. Ma seule erreur a été de ne pas être parti plus tôt." Ce n’est plus un froncement, mais un haussement de sourcils, qui pare mon visage. Comment ça, il n’est pas désolé ? Il a ruiné la vie de ma meilleure amie, et il ne s’en excuse pas ? Alors quand bien même Tzvetelina est bien mieux sans être attachée au nom Skinner, je n’oublie pas les semaines de détresse, son visage triste, la galère dans laquelle elle se trouve encore aujourd’hui. Est-il au courant qu’elle a perdu toute sa fortune ? Mais une sensation me dit qu’il s’en ficherait aussi. Svein n’est pas du genre à s’attacher à l’argent. Mais soit, je décide de passer outre.
La présence du chat blanc me perturbe, me rassure et m’inquiète à la fois. Je connais l’amour que le sorcier porte aux animaux, mais je ne comprends toujours pas ce qu’il fait là. En un sens, le fait que cet animal se trouve entre nous deux m'empêche d’exprimer clairement ce que je ressens, ou en tout cas pas entièrement. "Où étais-tu passé ?" Demande légitime, calme, et fébrile à la fois. J’ai besoin de savoir. Voir son visage provoque en moi un raz-de-marée d’émotions, et de questions. Celle là est la plus évidente. "Où je suis passé… Je suis allé… Jusqu’aux frontières russes, à peu de choses près." Mes yeux s’arrondissent de surprise. Il est allé jusqu'en russie, à pieds ? "Mais on s’en moque. Je suis parti parce que je me laissais consumer en silence depuis trop longtemps, et que j’en devenais trop néfaste pour mon environnement. Je pense ne pas être un ange, mais je n’ai jamais voulu faire de mal aux gens autour de moi. Ce qui est arrivé, avec Tzvetelina a marqué la rupture entre ce que je pouvais supporter et ce que je faisais supporter aux autres… Je me suis isolé, pour me détruire moi, plutôt que les gens auxquels je tiens." Les yeux dans les siens, je ne peux empêcher mon visage de montrer clairement le profond sentiment de tristesse que je ressens en écoutant ses paroles. Svein a toujours eu cet effet sur moi. Face à lui, je ne peux garder mon masque. M’avançant un peu plus vers lui, je serre mes mains devant moi, une boule se formant progressivement dans ma gorge. "Pourquoi voulais-tu te détruire ?" J’ai envie de le toucher, chose que je me suis toujours interdite. A la réflexion, je ne comprends pas pourquoi j’ai toujours tenté de réprimer mes sentiments pour lui. Mais l’importance de ses mots me rend triste, et inquiète pour lui. Et si j’avais accepté ce lien qui nous unit, les choses auraient-elles été différentes ?
- InvitéInvité
Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Sam 5 Jan 2019 - 0:34
Son visage trahis ses émotions. Evidemment qu’elle ne va pas prendre ma défense. J’ai contribué à la distance qui s’est placée entre elle et moi, même si elle aussi, et le hasard a joué son rôle dans cet ensemble nuancé. Enfin. Elle est bien libre de ses pensées, n’est-ce pas ? Enfin, ses paroles, et sa posture me perturbait.
Pourquoi cherche-t-elle maintenant à réduire à néant la distance qu’il y a entre nous ? L’idée ne m’enchantait pas, les hautes sphères étant ce qu’elles sont, je soupçonnais un maigre instant mes parents d’être derrière tout ça avant de me résigner en secouant lentement la tête. Elle semble bien trop sincère pour ça.
C’est précisément à cette question que je ne pouvais pas répondre précisément. D’une part, le tout qui forme mon mal être inclus Irina, qui mène une vie plus stable et bien plus évoluée que la mienne, dans un milieu complexe. Aussi, au vu de ce que ces quelques mots ont pu lui faire, ce qui me venait à l’esprit était impossible.
« Je t’aimais, mais tu ne l’avais pas remarqué, en même temps je ne le montrais pas… Puis tu es parti… Je ne me suis pas intégré à Hung’… Et j’ai perdu quelqu’un de proche… Depuis, c’est l’enfer, plus qu’avant, alors, je vis un peu dans l’errance de retrouver une réelle conviction, et ma conviction, c’est elle. » je restais muet. C’était les mots que je sélectionnais soigneusement dans mon esprit sans les émettre alors que mon regard se détournait un vague instant sur Esmée.
A y regarder de plus près, le regard que je portais à l’animal meurtris était excessivement tendre. Elle avait une importance cruciale, vis-à-vis de ce retour. Enfin, secouant lentement la tête, je me replongeais vers Irina.
« C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour noyer la tristesse. Ou du moins l’atténuer un petit peu. Quand à mes peines… Eumh… Très sincèrement, je doute que tu es envie de savoir. »
Fermant les yeux lentement, je tâchais de me redresser. Mon corps me faisait un mal terrible alors que je me dressais face à elle, lentement. Je n’étais pas devenu laid de maigreur, mais pas loin, relativement rachitique. Mais il était facile de sentir que le moindre mouvement me demandait un effort surhumain et que je souffrais le martyr, pour d’autres motifs.
« Eumh… Je… »
Refermant les yeux, quelques secondes, en passant ma main sur mon visage, je manquais de chanceler, une légère perte d’équilibre, me rattrapant à la jeune femme par son épaule pour retrouver un peu de stabilité. Clignant lentement des yeux en essayant de remettre de l’ordre dans mon cerveau, je finis par reprendre.
« Désolé, ce n’est pas encore la grande forme. J’allais dire que j’en ai marre de ces murs blancs et de cet air bien trop artificiel. Et… Eumh… je détournais vaguement le regard, épris d’une certaine gêne ça me fait plaisir de te voir, vraiment. Tu m’accompagne pour une balade ? Enfin, si… Tu as le temps, et l’envie. »
En un sens, je ne lui laissais pas vraiment le choix. D’ici, je pouvais transplaner et dans mon état, me retrouver à nouveau seul sans personne pourrait être fatal, mais mon intention n’était nullement de lui imposer quoi que ce soit.
Pourquoi cherche-t-elle maintenant à réduire à néant la distance qu’il y a entre nous ? L’idée ne m’enchantait pas, les hautes sphères étant ce qu’elles sont, je soupçonnais un maigre instant mes parents d’être derrière tout ça avant de me résigner en secouant lentement la tête. Elle semble bien trop sincère pour ça.
C’est précisément à cette question que je ne pouvais pas répondre précisément. D’une part, le tout qui forme mon mal être inclus Irina, qui mène une vie plus stable et bien plus évoluée que la mienne, dans un milieu complexe. Aussi, au vu de ce que ces quelques mots ont pu lui faire, ce qui me venait à l’esprit était impossible.
« Je t’aimais, mais tu ne l’avais pas remarqué, en même temps je ne le montrais pas… Puis tu es parti… Je ne me suis pas intégré à Hung’… Et j’ai perdu quelqu’un de proche… Depuis, c’est l’enfer, plus qu’avant, alors, je vis un peu dans l’errance de retrouver une réelle conviction, et ma conviction, c’est elle. » je restais muet. C’était les mots que je sélectionnais soigneusement dans mon esprit sans les émettre alors que mon regard se détournait un vague instant sur Esmée.
A y regarder de plus près, le regard que je portais à l’animal meurtris était excessivement tendre. Elle avait une importance cruciale, vis-à-vis de ce retour. Enfin, secouant lentement la tête, je me replongeais vers Irina.
« C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour noyer la tristesse. Ou du moins l’atténuer un petit peu. Quand à mes peines… Eumh… Très sincèrement, je doute que tu es envie de savoir. »
Fermant les yeux lentement, je tâchais de me redresser. Mon corps me faisait un mal terrible alors que je me dressais face à elle, lentement. Je n’étais pas devenu laid de maigreur, mais pas loin, relativement rachitique. Mais il était facile de sentir que le moindre mouvement me demandait un effort surhumain et que je souffrais le martyr, pour d’autres motifs.
« Eumh… Je… »
Refermant les yeux, quelques secondes, en passant ma main sur mon visage, je manquais de chanceler, une légère perte d’équilibre, me rattrapant à la jeune femme par son épaule pour retrouver un peu de stabilité. Clignant lentement des yeux en essayant de remettre de l’ordre dans mon cerveau, je finis par reprendre.
« Désolé, ce n’est pas encore la grande forme. J’allais dire que j’en ai marre de ces murs blancs et de cet air bien trop artificiel. Et… Eumh… je détournais vaguement le regard, épris d’une certaine gêne ça me fait plaisir de te voir, vraiment. Tu m’accompagne pour une balade ? Enfin, si… Tu as le temps, et l’envie. »
En un sens, je ne lui laissais pas vraiment le choix. D’ici, je pouvais transplaner et dans mon état, me retrouver à nouveau seul sans personne pourrait être fatal, mais mon intention n’était nullement de lui imposer quoi que ce soit.
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Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Dim 6 Jan 2019 - 20:18
Venir voir Svein sur un coup de tête est quelque chose que je n’avais pas anticipé. Habituellement calme et réfléchie, je préfère calculer mes coups plutôt qu’agir dans l’urgence. Mais la nouvelle qu’il était revenu, à l’hôpital de surcroît, m’a prise de court et je n’ai pas réfléchi. Je n’ai pas réfléchi à ce que j’allais lui dire, à ce que ma famille penserait en ne me voyant pas revenir, à l’image que je renvoyais, je n’ai réfléchi à rien. Je ne réfléchis d’ailleurs pas en me rapprochant de lui, me plaçant à côté du lit plutôt que contre le mur. Fébrile, une boule dans la gorge, j’ose poser une question risquée. "Pourquoi voulais-tu te détruire ?" L’expression de Svein me perturbe. Il a l’air gêné par ma proximité, ma question, mon émotion. Je le vois tourner la tête vers ce chat et quelque chose se brise en moi. Ma présence semble l’embêter, il a l’air de préférer s’occuper du chaton qui n’a rien à faire dans un hôpital plutôt que de répondre à ma question, qui est pourtant parfaitement légitime. "C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour noyer la tristesse. Ou du moins l’atténuer un petit peu. Quand à mes peines… Eumh… Très sincèrement, je doute que tu aies envie de savoir." Boule dans la gorge qui s’intensifie, yeux qui s’humidifient. J’étais loin de deviner la détresse dans laquelle le Norvégien se trouvait avant de disparaître. "Bien sûr que j’ai envie de savoir." Évidence même, si Svein est triste, j’aimerais l’aider, le comprendre, l’écouter. Même si j’ai toujours prétendu le contraire. Mais à quoi bon prétendre ? C’est la manière dont j’ai été élevée, la seule que j’ai jamais connue. Garder la tête haute et faire semblant que le poids des chaînes n’est pas trop lourd. Repousser chaque sentiment au plus profond de mon âme pour garder la face. Mais les derniers événements ont rendu la tâche bien trop ardue. Mes fiançailles avec un homme que je méprise ont été le premier coup de trop. La disparition de Svein, le deuxième. Ma liaison éphémère interdite avec Elios, la troisième. Au fond de moi, j’aimerais me libérer de ces chaînes, me rebeller, vivre ma vie telle que je l’entends. Mais comment faire, quand tout ce que j’ai connu durant ma vie était contrôlé ?
Le sorcier tente de se relever, et la vue de son corps maigre me donne une sensation de poignard enfoncé dans mon coeur. Il n’allait pas bien, et je ne l’ai pas vu. J’ai préféré ignorer sa détresse pour garder ma froideur de façade. Je vois bien qu’il souffre, et il manque de perdre l’équilibre, pris par un malaise. Instinctivement, je fais un mouvement dans sa direction, essayant de le rattraper. "Hé…" C’est pourtant lui qui se rattrape à moi, la main sur mon épaule. Contact imprévu, coeur qui bat la chamade, adrénaline qui fait trembler mes jambes. "Désolé, ce n’est pas encore la grande forme." "Ce n’est pas grave." Voix douce, air de compréhension. "J’allais dire que j’en ai marre de ces murs blancs et de cet air bien trop artificiel. Et… Eumh… ça me fait plaisir de te voir, vraiment." Son regard s’est dérobé, la gène dans sa voix est palpable. Ses mots viennent s’installer au plus profond de mon coeur, créant une sensation de chaleur agréable. L’inquiétude fait temporairement place à un sentiment qu’on voit rarement dans mon regard, le plaisir. "Je suis contente de te voir aussi." Sa demande me prend cependant de court. "Tu m’accompagnes pour une balade ? Enfin, si… Tu as le temps, et l’envie." Haussement de sourcils surpris. Plusieurs problèmes semblent se dresser devant cette question. Tout d’abord, est-il en capacité de marcher ? De quel genre de balade parle-t-il ? Faire le tour du couloir d’hôpital, ou sortir dans la rue ? Enfin, il ne porte que la chemise d’hôpital, ce qui est très peu. N’a-t-il pas peur d’avoir froid ? "D’accord. On va où ?"
- InvitéInvité
Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Dim 6 Jan 2019 - 21:20
Sa curiosité a le mérite d’être légitime, mais je ne m’y attendais pas, je l’avoue. C’est une fois face à elle, le regard remis en place que je constatais son regard. Ses yeux, légèrement humide. Du moins plus qu’à l’accoutumée. En un temps qui me parut infinis, je me perdu en ses prunelles. La fatigue à mon regard peinait à prouver toute forme d’expression. Mais si l’ouverture de nos cœurs l’un à l’autre était une bataille navale, elle venait de couler l’un de mes navires principaux.
Un sourire crispé se manifestait à mon visage, et elle semblait se détendre plus ou moins en même temps que moi. Sa réactivité en voyant que je peinais à me lever, la douceur que commençait à prendre sa voix, ainsi j’avais l’impression qu’une part d’elle s’abandonnait. Etrange… Fermant les yeux, quelques instants, je les rouvrais en laissant naître un sourire d’une franchise pure, et d’une empathie qui était bien loin de celle qu’aurait pu exprimer mon regard avant mon départ. M’approchant du porte-manteau, j’attrapais le long manteau pour l’enfiler au même titre qu’un pantalon, une fois de dos.
Cela me demandait un effort, certain, mais je ne rebrousserai pas chemin. Ces braises qui remuent ce feu intérieur au sein de mon être ne demandent qu’à pouvoir revivre, prendre une vive allure, et l’un de mes plus grands accomplissements de ces derniers mois, c’est bien d’avoir appris à arrêter de fuir. Ainsi, malgré de légers problèmes d’équilibres, je semblais rétablir une certaine stabilité en ma marche, m’approchant du lit pour tendre mes bras au chaton redressé, sa queue remuant légèrement, l’attrapant pour la nicher dans une poche de mon manteau prévue à cet effet, sa tête dépassant légèrement, mes doigts l’effleurant pour la caresser de temps à autres.
Jusqu’à lors, j’avais volontairement durant ces trente secondes, une minute, laissé un silence certain s’installer. Il était surement temps de le briser… Mon regard se replongeait vers mon aînée, avançant de quelques pas pour lui ouvrir la porte, m’y reprenant à deux ou trois fois pour en trouver la poignet.
« Là où nous pas nous guiderons, si c’est bon pour toi. Je te raconterai tout en chemin, si tu y tiens. Enfin… Ce que je peux te raconter, du moins. »
Ainsi, fermant la porte derrière nous pour nous engouffrer dans le couloir, je reprenais lentement.
« Esmée, s’il te plait. »
Poussant légèrement la tête du chaton, celle-ci comprenait bien la demande et la manœuvre, sa petite tête venant s’engouffrer dans mon manteau. Un grand bonhomme qui se balade à l’hôpital avec un chaton qu’il traîne partout, ça ne passe pas inaperçu. Evoluant ainsi d’un pas mine de rien assez dynamique vu l’état que trahissait mon corps, bien qu’il était aisé de constater que c’était loin d’être la grande forme.
« Tout ça a commencé il y a bien longtemps… Si j’étais passé outre du bizutage à Durmstrang grâce à la musique, depuis le début du collège, en gros, je traîne des parts d’ombres qui resurgissent sans vraiment toquer à la porte… Mais les éléments déclencheurs furent autres. J’ai commencé à plonger dans une dépression silencieuse quand j’ai commencé à perdre certains de mes proches, qui s’éloignaient de Durmstrang. »
Sans le vouloir, du coin des yeux, mon regard s’offrit à elle. Vulnérable. C’était un mécanisme, une micro-expression. Je faisais allusion à elle, sans oser la mentionner. D’une part pour ne pas la faire se sentir responsable d’une partie de mes démons et d’autres part pour essayer de dissimuler qu’à l’époque, elle était… Importante pour moi. Du moins, vraiment importante, et que je n’ai jamais su aborder le sujet.
« Puis tout a empiré… La déception de mes parents en voyant que mes résultats ne me permettaient pas de continuer en des domaines qu’ils jugent prestigieux, le décès de Gustav, mon meilleur ami, le grand vide de tout recommencer à zéro à Hungcalf, le suicide de Sofia il y a bientôt six ans… Tout ça m’a très vite dépassé, et j’ai été incapable d’en parler à qui que ce soit. Alors je me suis isolé de plus en plus, mes interactions avec les gens n’ont plus existé que pour me prouver que j’étais encore envie, pour essayer dans une tentative vaine de lancer un appel au secours sans passer par les mots. »
Mon regard devenait plus grave au fil de mes pas alors que nous commencions à nous rapprocher de l’hôpital. J’étais visiblement bien décidé à déserter ce lieu infâme.
« C’est ce qui s’est passé avec Tzvetelina, bien que je n’étais pas tant que ça au courant de sa situation. L’isolement pousse à se désintéresser des informations, nous nous sommes retrouvés au camp par hasard, et par un autre hasard nous dormions ensemble, est arrivé ce qui est arrivé. Quand j’ai appris les conséquences de mes actes vis-à-vis du chineur, j’ai fait ce que je savais faire de mieux à l’époque. Prendre la fuite. »
A l’époque, oui. La façon dont je parlais de tout cela montrait que j’avais placé une distance incroyable pour des évènements pourtant si proches. Pour me reconstruire, je ne pouvais pas laisser tout cela continuer de me toucher, et c’est entre autre pour ces motifs que je ne suis désolé en rien de ce qui est arrivé.
Une fois dehors, je gratouillais la poche, la tête du chaton émergeant de celle-ci, posée contre ma poitrine, détendue du contact de ma chaleur.
« Et… Voilà. La suite, tu connais dans les grandes lignes. Je suis partis voyager, seul, loin de la magie, à la recherche de personnes extérieures à ma vie pour construire quelque chose de nouveau en essayant de faire le moins de dégâts possibles. Devenir une meilleure personne. Et me voilà de retour avec le petit bout de chou sous le bras, que j’essaie tant bien que mal de soigner, quelques mois après. »
Un sourire crispé se manifestait à mon visage, et elle semblait se détendre plus ou moins en même temps que moi. Sa réactivité en voyant que je peinais à me lever, la douceur que commençait à prendre sa voix, ainsi j’avais l’impression qu’une part d’elle s’abandonnait. Etrange… Fermant les yeux, quelques instants, je les rouvrais en laissant naître un sourire d’une franchise pure, et d’une empathie qui était bien loin de celle qu’aurait pu exprimer mon regard avant mon départ. M’approchant du porte-manteau, j’attrapais le long manteau pour l’enfiler au même titre qu’un pantalon, une fois de dos.
Cela me demandait un effort, certain, mais je ne rebrousserai pas chemin. Ces braises qui remuent ce feu intérieur au sein de mon être ne demandent qu’à pouvoir revivre, prendre une vive allure, et l’un de mes plus grands accomplissements de ces derniers mois, c’est bien d’avoir appris à arrêter de fuir. Ainsi, malgré de légers problèmes d’équilibres, je semblais rétablir une certaine stabilité en ma marche, m’approchant du lit pour tendre mes bras au chaton redressé, sa queue remuant légèrement, l’attrapant pour la nicher dans une poche de mon manteau prévue à cet effet, sa tête dépassant légèrement, mes doigts l’effleurant pour la caresser de temps à autres.
Jusqu’à lors, j’avais volontairement durant ces trente secondes, une minute, laissé un silence certain s’installer. Il était surement temps de le briser… Mon regard se replongeait vers mon aînée, avançant de quelques pas pour lui ouvrir la porte, m’y reprenant à deux ou trois fois pour en trouver la poignet.
« Là où nous pas nous guiderons, si c’est bon pour toi. Je te raconterai tout en chemin, si tu y tiens. Enfin… Ce que je peux te raconter, du moins. »
Ainsi, fermant la porte derrière nous pour nous engouffrer dans le couloir, je reprenais lentement.
« Esmée, s’il te plait. »
Poussant légèrement la tête du chaton, celle-ci comprenait bien la demande et la manœuvre, sa petite tête venant s’engouffrer dans mon manteau. Un grand bonhomme qui se balade à l’hôpital avec un chaton qu’il traîne partout, ça ne passe pas inaperçu. Evoluant ainsi d’un pas mine de rien assez dynamique vu l’état que trahissait mon corps, bien qu’il était aisé de constater que c’était loin d’être la grande forme.
« Tout ça a commencé il y a bien longtemps… Si j’étais passé outre du bizutage à Durmstrang grâce à la musique, depuis le début du collège, en gros, je traîne des parts d’ombres qui resurgissent sans vraiment toquer à la porte… Mais les éléments déclencheurs furent autres. J’ai commencé à plonger dans une dépression silencieuse quand j’ai commencé à perdre certains de mes proches, qui s’éloignaient de Durmstrang. »
Sans le vouloir, du coin des yeux, mon regard s’offrit à elle. Vulnérable. C’était un mécanisme, une micro-expression. Je faisais allusion à elle, sans oser la mentionner. D’une part pour ne pas la faire se sentir responsable d’une partie de mes démons et d’autres part pour essayer de dissimuler qu’à l’époque, elle était… Importante pour moi. Du moins, vraiment importante, et que je n’ai jamais su aborder le sujet.
« Puis tout a empiré… La déception de mes parents en voyant que mes résultats ne me permettaient pas de continuer en des domaines qu’ils jugent prestigieux, le décès de Gustav, mon meilleur ami, le grand vide de tout recommencer à zéro à Hungcalf, le suicide de Sofia il y a bientôt six ans… Tout ça m’a très vite dépassé, et j’ai été incapable d’en parler à qui que ce soit. Alors je me suis isolé de plus en plus, mes interactions avec les gens n’ont plus existé que pour me prouver que j’étais encore envie, pour essayer dans une tentative vaine de lancer un appel au secours sans passer par les mots. »
Mon regard devenait plus grave au fil de mes pas alors que nous commencions à nous rapprocher de l’hôpital. J’étais visiblement bien décidé à déserter ce lieu infâme.
« C’est ce qui s’est passé avec Tzvetelina, bien que je n’étais pas tant que ça au courant de sa situation. L’isolement pousse à se désintéresser des informations, nous nous sommes retrouvés au camp par hasard, et par un autre hasard nous dormions ensemble, est arrivé ce qui est arrivé. Quand j’ai appris les conséquences de mes actes vis-à-vis du chineur, j’ai fait ce que je savais faire de mieux à l’époque. Prendre la fuite. »
A l’époque, oui. La façon dont je parlais de tout cela montrait que j’avais placé une distance incroyable pour des évènements pourtant si proches. Pour me reconstruire, je ne pouvais pas laisser tout cela continuer de me toucher, et c’est entre autre pour ces motifs que je ne suis désolé en rien de ce qui est arrivé.
Une fois dehors, je gratouillais la poche, la tête du chaton émergeant de celle-ci, posée contre ma poitrine, détendue du contact de ma chaleur.
« Et… Voilà. La suite, tu connais dans les grandes lignes. Je suis partis voyager, seul, loin de la magie, à la recherche de personnes extérieures à ma vie pour construire quelque chose de nouveau en essayant de faire le moins de dégâts possibles. Devenir une meilleure personne. Et me voilà de retour avec le petit bout de chou sous le bras, que j’essaie tant bien que mal de soigner, quelques mois après. »
- InvitéInvité
Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Dim 13 Jan 2019 - 12:22
“D’accord. On va où ?” Si cette discussion s’était passée il y a six mois, je ne suis pas sûre que j’aurais accepté. Mais il s’est passé tellement de choses depuis cet été, mon coeur s’est fait torturer de tellement de manières différentes que le fait de retrouver celui qui me manque depuis tout ce temps me donne des envies rebelles. Moi, aller me balader avec Svein, alors que depuis Durmstrang je fais tout mon possible pour cacher mes sentiments pour lui ? Premier pas dans la nouvelle direction que prend ma vie. Il se lève et je le suis du regard, le détournant seulement quand je comprends qu’il se rhabille. Puis il se tourne vers moi, m’ouvrant la porte. “Là où nous pas nous guiderons, si c’est bon pour toi. Je te raconterai tout en chemin, si tu y tiens. Enfin… Ce que je peux te raconter, du moins.” Hochement de tête intrigué. Le Norvégien a toujours été comme ça, baroudeur, à ne jamais réfléchir plus loin que les quelques minutes qui suivent. Le chaton dans sa poche, je m’engouffre dans le couloir, lui à ma suite. Sa démarche me rassure un peu, il a l’air d’être plus en forme que ce que je pensais. “Tout ça a commencé il y a bien longtemps… Si j’étais passé outre du bizutage à Durmstrang grâce à la musique, depuis le début du collège, en gros, je traîne des parts d’ombres qui ressurgissent sans vraiment toquer à la porte… Mais les éléments déclencheurs furent autres. J’ai commencé à plonger dans une dépression silencieuse quand j’ai commencé à perdre certains de mes proches, qui s’éloignaient de Durmstrang.” Le récit de Svein commence et je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression qu’il ne va pas bien se terminer. Il m’a dit tout à l’heure vouloir se détruire, pour atténuer sa tristesse. Je lui ai demandé de me raconter. Je sais très bien que je vais terminer au bord des larmes. Mon coeur se soulève lorsqu’il me parle de proches quittant Durmstrang. Je me surprends à espérer qu’il m’inclut dedans.
“Puis tout a empiré… La déception de mes parents en voyant que mes résultats ne me permettaient pas de continuer en des domaines qu’ils jugent prestigieux, le décès de Gustav, mon meilleur ami, le grand vide de tout recommencer à zéro à Hungcalf, le suicide de Sofia il y a bientôt six ans… Tout ça m’a très vite dépassé, et j’ai été incapable d’en parler à qui que ce soit. Alors je me suis isolé de plus en plus, mes interactions avec les gens n’ont plus existé que pour me prouver que j’étais encore envie, pour essayer dans une tentative vaine de lancer un appel au secours sans passer par les mots.” Comme je me doutais, une boule se forme dans ma gorge et mes yeux s’embrument de larmes. Je n’ai jamais vraiment connu de décès. Même celui de ma mère m’est étranger. Mourir alors que l’on met au monde un enfant. Je ne l’ai jamais connue, cette femme que je devrais appeler Maman. Et même si j’ai souvent cherché à me rapprocher d’elle, à retrouver sa trace, à découvrir ma famille, elle ne m’a jamais vraiment manqué. A part quelques fois. Comme il y a quelques jours. “C’est ce qui s’est passé avec Tzvetelina, bien que je n’étais pas tant que ça au courant de sa situation. L’isolement pousse à se désintéresser des informations, nous nous sommes retrouvés au camp par hasard, et par un autre hasard nous dormions ensemble, est arrivé ce qui est arrivé. Quand j’ai appris les conséquences de mes actes vis-à-vis du chineur, j’ai fait ce que je savais faire de mieux à l’époque. Prendre la fuite.” Hochement de tête de ma part. Je comprends qu’il ait préféré fuir ses responsabilités plutôt que de les affronter. C’est effrayant de devoir se tenir face aux conséquences de ses propres actions. Même si je me souviens très bien de l’air effrayé de ma meilleure amie, de ses mots durs envers l’Ethelred, des semaines de galère pour qu’elle trouve un travail. Mais elle a l’air bien plus équilibrée maintenant. Et j’espère qu’elle le restera, malgré le retour de celui qui a bouleversé sa vie.
Nous voilà maintenant dehors. L’air froid me prend par surprise, la température négative mordant la peau nue de mes bras et mes jambes. Quelle bonne idée de sortir de chez moi sans manteau. Je continue de marcher, les bras serrés autour de ma poitrine. “Et… Voilà. La suite, tu connais dans les grandes lignes. Je suis parti voyager, seul, loin de la magie, à la recherche de personnes extérieures à ma vie pour construire quelque chose de nouveau en essayant de faire le moins de dégâts possibles. Devenir une meilleure personne. Et me voilà de retour avec le petit bout de chou sous le bras, que j’essaie tant bien que mal de soigner, quelques mois après.” Larmes ravalées mais toujours cette boule au fond de ma gorge, je m’arrête net. “Svein.” Comme lui, fini le temps où je fuyais mes sentiments. A partir d’aujourd’hui, je ne me laisse plus faire. “Je suis désolée de ne pas avoir vu ce qui se passait.” Gorge serrée, regard ému, je ne ressens toutefois aucune pitié pour lui, mais une profonde tristesse. Car si j’avais vu, si j’avais compris le mal être du Norvégien, j’aurais peut-être pu faire en sorte d’éviter tous ces problèmes. “Je veux que tu saches que tu peux me parler.” Des yeux, je cherche son regard. Il doit comprendre que je suis sincère. “Car même si je ne l’ai jamais vraiment montré, je tiens à toi.” Sincérité et compassion dans mon regard.
Mes yeux balayent la rue dans laquelle nous nous trouvons. Les bars ont l’air pleins à craquer de sorciers venus fêter la nouvelle année. En un sens, je suis heureuse que Svein soit de retour ce soir. C’est un bon présage pour 2019. Et je compte bien tenir la résolution que je me suis faite tout à l’heure. En 2019, je ne me laisse plus marcher sur les pieds. Il faudra que j’en parle à Gabriel, à mon père, à mon grand-père. Cette idée me file la nausée. “Je suis venue de Norvège pour voir comment tu allais. Ma famille doit penser que je suis encore dans ma chambre, à l’heure qu’il est.” Mes lèvres s’étirent en un faible sourire. L’idée d’avoir laissé tous nos convives pour venir le rejoindre m’emplit d’un sentiment d’excitation. Ce n’est pas souvent que j’enfreins les règles. Et ça me plait. Je devrais le faire plus souvent.
- InvitéInvité
Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Dim 13 Jan 2019 - 12:50
Cette façon, cet air. Elle semble si déterminé… Ma gorge se resserre, quelques instants. Le frisson qui me parcourait était tant lié au froid qu’à cette situation étrange… Ainsi j’acceptais de plonger mon regard en le sien. Pourquoi se sent-elle désolée ? C’est moi qui devrais l’être, je ne lui ai pas laissé l’occasion de prendre une place dans ma vie. Je ne l’ai laissé à personne, à mes animaux, peut-être, mais je ne partage mes parts d’ombre avec eux. Simplement une forme d’amour qui pour moi s’apparente à la vraie définition de la famille.
Les émotions que je lisais en son regard me transcendaient, je demeurais silencieux, mais il était facile de lire que j’étais à la fois surpris et à fleur de peau. Ces mots, ils sont à la fois repoussant et émouvants… Qu’elle sache que je peux lui parler ? Elle s’ouvre à moi alors que j’ai tant fuis et que j’ai fait tant de dégâts ? En réalité, ce n’est pas elle, qui me répugne, c’est une part de mon comportement. Quelques secondes, mes prunelles se détournent de mon regard, avant de soudainement me replonger à son minois.
Les deux billes à mon minois s’écarquillaient, et le vent soufflait en mon manteau, mes cheveux, ma barbe mal rasée, comme pour me balayer en l’immensité du monde. Ces mots sont si forts. Je me déconnectais. De tout. Mon environnement s’éteignait, comme si, du haut de son corps presque aussi frêle que le miens, elle venait d’effleurer ces braises, nichées au fin fond de mon cœur, pour faire jaillir les flammes de mes sentiments. « je tiens à toi », ces mots résonnaient en mon esprit, l’attachant de doux liens, d’une chaleur intense, embrassant mon âme toute entière pour la faire vibrer, et ressentir.
Je l’aime toujours, alors… ?
L’idée créait à la fois un tout et un rien, un vide remplis, une sensation de vie, une absence, et en les inéluctables secondes, il n’y avait plus qu’elle. Le bruit des bars, bondés, ne m’atteignait plus. Simplement ses mots, les gonflements de son diaphragme, la contraction de ses cordes vocales, le mouvement de ses lèvres…
Une œuvre d’art. Je contemple une œuvre d’art.
Réprimer mes émotions est d’une difficulté infinie, et pourtant, je lui dois au moins ça… Heureusement, ses mots suivants me permettaient de reprendre un semblant de contrôle. Cette flamme continuait de briller, mais la réalité elle aussi refit surface. Les dieux embrassent ton intelligence, Irina Nygården. Sans même que tu ne le sache, tu as empêché que ne se développent trop des choses qui auraient potentiellement pu nous briser… Mais quand bien même… Tu viens de m’en apporter la preuve…
Je t’aime toujours.
Secouant lentement la tête, ma voix se faisait plus frêle. Non pas de la maladie, mais j’étais épris d’une incertitude, la seule chose en laquelle j’étais certain étant que je refuse en l’instant de fuir totalement. Non… Seulement… En partie.
« Je tiens à toi aussi, Irina. Beaucoup. Et je regrette d’avoir passé tant de temps à fuir, si j’étais venu à toi, si je t’avais parlé sans que tu ne m’invite à le faire, je ne serais peut-être pas devenu… Ce que je suis devenue. Mais tu n’imagines pas à quel point tes mots me touchent, j’ai… Je ressens comme… Si l’une des chaînes qui entravent mon cœur et mon esprit se délie, peu à peu… »
Mais l’amour est une chaîne. A la fois plus douce et bien plus douloureuse, surtout lorsqu’il s’agit d’un amour impossible. Enfin. Contente-toi de vivre et de ne pas fuir Svein. Tu l’as promis. Et même si c’est l’une des premières promesses de ma vie qu’est celle d’exister pour les autres que j’ai fait à Esmée, je compte bien la tenir.
« Tu peux rentrer si tu en ressens le besoin. Ou venir te perdre avec nous. Le choix te revient, et je n’aurais pas la cruauté de te faire un quelconque chantage, non. La vérité est que ça me fait un bien fou de me confier à toi, de te voir, et d’imager passer du temps avec toi. Mais c’est à toi et à toi seul de décider. »
Mon regard se détournait de la jeune femme un instant, vers l’une des routes quittant la ville, du moins l’une des plus rapides à pieds, avant de me replonger vers elle. C’était clairement une invitation.
Les émotions que je lisais en son regard me transcendaient, je demeurais silencieux, mais il était facile de lire que j’étais à la fois surpris et à fleur de peau. Ces mots, ils sont à la fois repoussant et émouvants… Qu’elle sache que je peux lui parler ? Elle s’ouvre à moi alors que j’ai tant fuis et que j’ai fait tant de dégâts ? En réalité, ce n’est pas elle, qui me répugne, c’est une part de mon comportement. Quelques secondes, mes prunelles se détournent de mon regard, avant de soudainement me replonger à son minois.
Les deux billes à mon minois s’écarquillaient, et le vent soufflait en mon manteau, mes cheveux, ma barbe mal rasée, comme pour me balayer en l’immensité du monde. Ces mots sont si forts. Je me déconnectais. De tout. Mon environnement s’éteignait, comme si, du haut de son corps presque aussi frêle que le miens, elle venait d’effleurer ces braises, nichées au fin fond de mon cœur, pour faire jaillir les flammes de mes sentiments. « je tiens à toi », ces mots résonnaient en mon esprit, l’attachant de doux liens, d’une chaleur intense, embrassant mon âme toute entière pour la faire vibrer, et ressentir.
Je l’aime toujours, alors… ?
L’idée créait à la fois un tout et un rien, un vide remplis, une sensation de vie, une absence, et en les inéluctables secondes, il n’y avait plus qu’elle. Le bruit des bars, bondés, ne m’atteignait plus. Simplement ses mots, les gonflements de son diaphragme, la contraction de ses cordes vocales, le mouvement de ses lèvres…
Une œuvre d’art. Je contemple une œuvre d’art.
Réprimer mes émotions est d’une difficulté infinie, et pourtant, je lui dois au moins ça… Heureusement, ses mots suivants me permettaient de reprendre un semblant de contrôle. Cette flamme continuait de briller, mais la réalité elle aussi refit surface. Les dieux embrassent ton intelligence, Irina Nygården. Sans même que tu ne le sache, tu as empêché que ne se développent trop des choses qui auraient potentiellement pu nous briser… Mais quand bien même… Tu viens de m’en apporter la preuve…
Je t’aime toujours.
Secouant lentement la tête, ma voix se faisait plus frêle. Non pas de la maladie, mais j’étais épris d’une incertitude, la seule chose en laquelle j’étais certain étant que je refuse en l’instant de fuir totalement. Non… Seulement… En partie.
« Je tiens à toi aussi, Irina. Beaucoup. Et je regrette d’avoir passé tant de temps à fuir, si j’étais venu à toi, si je t’avais parlé sans que tu ne m’invite à le faire, je ne serais peut-être pas devenu… Ce que je suis devenue. Mais tu n’imagines pas à quel point tes mots me touchent, j’ai… Je ressens comme… Si l’une des chaînes qui entravent mon cœur et mon esprit se délie, peu à peu… »
Mais l’amour est une chaîne. A la fois plus douce et bien plus douloureuse, surtout lorsqu’il s’agit d’un amour impossible. Enfin. Contente-toi de vivre et de ne pas fuir Svein. Tu l’as promis. Et même si c’est l’une des premières promesses de ma vie qu’est celle d’exister pour les autres que j’ai fait à Esmée, je compte bien la tenir.
« Tu peux rentrer si tu en ressens le besoin. Ou venir te perdre avec nous. Le choix te revient, et je n’aurais pas la cruauté de te faire un quelconque chantage, non. La vérité est que ça me fait un bien fou de me confier à toi, de te voir, et d’imager passer du temps avec toi. Mais c’est à toi et à toi seul de décider. »
Mon regard se détournait de la jeune femme un instant, vers l’une des routes quittant la ville, du moins l’une des plus rapides à pieds, avant de me replonger vers elle. C’était clairement une invitation.
- InvitéInvité
Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Mer 16 Jan 2019 - 21:54
“Je tiens à toi aussi, Irina. Beaucoup. Et je regrette d’avoir passé tant de temps à fuir, si j’étais venu à toi, si je t’avais parlé sans que tu ne m’invite à le faire, je ne serais peut-être pas devenu… Ce que je suis devenu. Mais tu n’imagines pas à quel point tes mots me touchent, j’ai… Je ressens comme… Si l’une des chaînes qui entravent mon cœur et mon esprit se délie, peu à peu…” L’émotion dans ses yeux me submerge totalement. Coeur qui bat la chamade, alors que je viens d’avouer pour la première fois mes sentiments pour Svein. Sentiments que j’ai eu du mal à accepter, toutes ces années auparavant, lorsque je l’ai rencontré à Durmstrang. Malgré nos deux familles de sang-pur, je ne l’avais jamais croisé lors des soirées mondaines organisées dans le pays. Mais j’ai vite compris pourquoi, en découvrant sa personnalité. Je ne sais pas pourquoi, un truc chez lui m’a toujours attirée. C’était nouveau, il était différent de tous les autres personnes que je côtoyais jusqu’alors.
Là, dans le froid de l’hiver, faiblement vêtue, je me perds dans son regard. Je n’ai plus froid. Le temps s’est arrêté. Je sens que si nous restons là, il peut se passer quelque chose de nous pourrions regretter plus tard. Retenue qui est caractéristique de ma personnalité, malgré la promesse que je me suis faite. Je réfléchis encore et toujours aux conséquences. La bague à mon doigt, rappel constant de celui qui m’attend en Norvège. “Je suis venue de Norvège pour voir comment tu allais. Ma famille doit penser que je suis encore dans ma chambre, à l’heure qu’il est.” Parler d’autre chose, pour chasser l’envie qui me prend au ventre, pour calmer mon coeur qui bat la chamade. “Tu peux rentrer si tu en ressens le besoin. Ou venir te perdre avec nous. Le choix te revient, et je n’aurais pas la cruauté de te faire un quelconque chantage, non. La vérité est que ça me fait un bien fou de me confier à toi, de te voir, et d’imager passer du temps avec toi. Mais c’est à toi et à toi seule de décider.” Je marque un temps d’arrêt. Malgré l’excitation d’enfreindre les règles, celle de découvrir nos sentiments l’un pour l’autre, ce qu’il me propose peut être dangereux. Pour lui, pour moi. Je ne sais pas vraiment depuis combien de temps je suis partie de chez moi. Je sais déjà que Gabriel va être dans une colère noire, mais je m’en occuperai. “Je te suis. Mais pas longtemps. Mais promets-moi que tu retourneras à l’hôpital après.”
Emboîtant le pas au Norvégien, je regarde les maisons bordant la route comme si je les découvrais. Mon coeur se permet de battre plus sereinement, malgré l’inquiétude de la nouveauté. Le sourire aux lèvres, les bras serrés contre ma poitrine, je laisse le silence s’installer. Nos pas résonnent dans le silence de la nuit. Des flocons tombent du ciel, se déposant dans nos cheveux, sur nos vêtements. Jetant un oeil au sorcier, j’aperçois la tête du chaton sortie de la poche. “Raconte-moi l’histoire de ce chat.”
- InvitéInvité
Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Mer 23 Jan 2019 - 14:38
Le vent effleurait mes cheveux, ma barbe mal rasée, et en fermant les yeux, je sentais cette mélodie se profiler, lentement, tout ne semblait qu’un ensemble vaste, alors que j’écoutais les mots d’Irina. Elle a donc fait tout ce trajet au beau milieu d’un évènement important, simplement pour… Moi ? Simplement ? Je n’aime pas me lancer des fleurs, mais… Est-ce supposé refléter l’importance qu’elle m’accorde ? Et surtout, elle l’a caché, à mentis ? L’idée me plaisait en un sens, ce côté sauvage et rebelle, ou plus précisément, cette liberté est un crédo que je ne m’accorde que trop désormais.
C’est lorsqu’elle m’invitait à ouvrir la marche que le flou de mes pensées prit un sens nouveau. Retourner à l’hôpital ? Peut-être avais-je besoin d’encore un peu de repos, en effet, mais, là, dans l’immédiat, mon instinct me hurlait de partager un temps avec elle, et mon second besoin était de trouver un piano.
« Je ne fais pas de promesses, Irina. J’ai cessé d’en faire il y a des années. Mais si tu y tiens, je tâcherai d’y retourner. »
Laissant nos pas nous guider vers l’infinité du monde, je sentais vaguement la neige me rapporter à des souvenirs chaleureux, pour certains, froids pour d’autres. Pourtant la nostalgie ne semblait que lointaine, cet instant avait quelque chose de magique… La marche nous distançait peu à peu des rues sur-fréquentées pour nous mener à un calme plus certain, alors qu’elle m’interrogeait au sujet d’Esmée. Un sourire tendre se manifestait à mon minois alors que je vins effleurer la tête du chaton du bout des doigts pour la caresser.
« Eumh… J’ai rencontré Esmée dans une ferme en Ukraine, un peu au nord de Kiev. J’aidais un type là-bas, il avait besoin de bras, moi d’argent pour mon périple… On ne se comprenait pas trop, d’un point de vue de langage, mais bon, le courant est bien passé. Enfin, un jour de travail, il a trouvé ce petit chaton, mal en point, proche d’une forêt assez malfamée. Elle était mal en point, bien plus mal en point qu’aujourd’hui. Lui moldu, n’a pas pu remarquer que ce qu’elle porte sont les stigmates d’un maléfice. Il la pensait condamnée et a voulu abrégé ses souffrances.
J’ai évidemment refusé… C’était il y a… Un mois, un mois et demi, peut-être. Je ne sais pas, j’ai un peu perdu la notion du temps, je l’avoue. Je l’ai observé, mais je suis incapable de savoir de quel mal elle a été frappée. J’ai rencontré quelques sorciers qui eux aussi l’ignorent. Les symptômes sont qu’elle ne parvient pas à grandir, ses points d’équilibres sont très maladroits, elle ne peut donc pas marcher seule longtemps. Ses sens sont cruellement affaiblie, et elle a des difficultés à réguler sa chaleur corporelle, c’est pour ça qu’elle passe le plus clair de son temps contre moi, pour ne pas avoir froid.
J’hésitais à faire demi-tour depuis un moment déjà, mais… C’est elle qui m’en a persuadé. Je suis conscient que c’est à Hungcalf que je trouverai le plus de réponses à son sujet et que je pourrai l’aider du mieux que je le peux. Ironiquement, malgré son état physique, c’est… Elle qui m’a le plus apporté, et non l’inverse. C’est grâce à elle que j’ai décidé d’arrêter de fuir constamment et de m’isoler au moindre problème et… »
Je m’arrêtais un instant, mon regard se posant quelques secondes sur Irina avant que je ne cligne des yeux en secouant lentement la tête en regardant devant moi, reprenant d’une fois plus faible, en reprenant mes pas. Plus lents, rêveurs.
« D’apprendre à partager. »
Il est vrai qu’en ce moment, je partage des tas de choses, informulées avec elle… Mes pas évoluaient, et ma direction était claire, une vieille gare moldu, dans laquelle très peu de trains passent encore, c’était l’un de mes refuges d’antan, on y croise pratiquement jamais personne et pourtant elle est constamment ouverte, et, une fois à hauteur de vue, il était aisé d’observer ce piano droit, un peu vieillot, trônant au milieu du hall modeste, peu entretenu. Sur le piano de bois, on pouvait lire des mots, mon écriture, assez facile à distinguer.
« Si tu te sens égaré, ne pleure pas trop, le soleil naîtra à nouveau dans ton cœur, tes larmes gagnerons le ciel, et ton regard dominera l’horizon qui fera s’embraser en toi les joies d’une vie, et ton simple souffle deviendra l’immensité d’un ensemble auquel tu appartiens.
Alors accepte la nuit, pour voir sourire le jour. »
Quelques lettres étaient effacées, mais c’est en gros ce que cela dit. Les lettres, elles, respirent une forme de magie, une magie d’illusion, puissante, montrant que ce piano était enchanté, m’approchant pour m’asseoir lentement sur le siège et me mettre à entamer une mélodie, l’enchantement du piano laissant parvenir autour de nous les instruments autres nécessaires à la réalisation du morceau, le bruit de la cascade provenant de l’illusion qui prenait vie, lentement.
Le sol autour de nos devenait de l’herbe fraîche, une douce chaleur se profilant, sur cette longue plaine, le soleil émergeant entre deux montagnes, le ciel bercé d’une lueur mêlée de rose, de bleu et d’orange, alors que proche de nous s’écoulait cette rivière, donnant plus loin en une cascade, un vent agréable se profilant, une agréable odeur florale, ni trop forte, ni trop douce. Mes yeux se fermaient et cette magie semblait s’amplifier lentement, ce lieu racontait comme une histoire, un couple de papillons en quête de leur avenir, alors que de temps à autres, un poisson émergeait de la rivière. Une famille de renards émergeait de leur terrier, baillant avant de se mettre à gambader.
Une nature pure, alors que le violon fut interprété par cet enfant qui s’approchait, une blondinette d’une petite dizaine d’années, une couronne de fleur sur la tête, son sourire respirant une forme d’espoir et d’innocence, pleine de vie.
« Svein ! »
Un sourire se trahissait à mon minois alors que je me tournais vers l’enfant, puis vers Irina, sans pour autant m’arrêter de jouer.
« Ina, je te présente Irina, Irina, voic-… »
« C’est toi ! Svein m’a beaucoup parlé de toi ! »
Elle s’approchait, ses pieds nus effleurant l’herbe, cet enfant ne semblait faire qu’un avec ce monde, certes illusoire, mais d’une beauté singulière qui en ferait oublier le monde tel qu’il est. Lors d’une pause de son instrument dans le morceau, elle se mettait sur la pointe des pieds pour déposer sur la tête de la jeune femme cette couronne qui était précédemment sur la sienne.
« C’est pour toi. Svein ne l’avouera pas, mais j’existe grâce à toi. Et je suis contente, parce que tu es belle ! »
Le sourire de l’enfant resplendissait, son visage illuminé par les notes qu’elle jouait, par les miennes et par le soleil dont la lumière éclairait le minois, alors qu’à ces mots, une certaine gêne s’éprenait de moi, me contentant de me focaliser sur ce que je jouais, lunaire, pensif, et détendu par cet environnement, cet enchantement, cette illusion que je n’avais pas vu depuis des mois maintenant. Qu’est-ce que ce paysage m’a manqué…
C’est lorsqu’elle m’invitait à ouvrir la marche que le flou de mes pensées prit un sens nouveau. Retourner à l’hôpital ? Peut-être avais-je besoin d’encore un peu de repos, en effet, mais, là, dans l’immédiat, mon instinct me hurlait de partager un temps avec elle, et mon second besoin était de trouver un piano.
« Je ne fais pas de promesses, Irina. J’ai cessé d’en faire il y a des années. Mais si tu y tiens, je tâcherai d’y retourner. »
Laissant nos pas nous guider vers l’infinité du monde, je sentais vaguement la neige me rapporter à des souvenirs chaleureux, pour certains, froids pour d’autres. Pourtant la nostalgie ne semblait que lointaine, cet instant avait quelque chose de magique… La marche nous distançait peu à peu des rues sur-fréquentées pour nous mener à un calme plus certain, alors qu’elle m’interrogeait au sujet d’Esmée. Un sourire tendre se manifestait à mon minois alors que je vins effleurer la tête du chaton du bout des doigts pour la caresser.
« Eumh… J’ai rencontré Esmée dans une ferme en Ukraine, un peu au nord de Kiev. J’aidais un type là-bas, il avait besoin de bras, moi d’argent pour mon périple… On ne se comprenait pas trop, d’un point de vue de langage, mais bon, le courant est bien passé. Enfin, un jour de travail, il a trouvé ce petit chaton, mal en point, proche d’une forêt assez malfamée. Elle était mal en point, bien plus mal en point qu’aujourd’hui. Lui moldu, n’a pas pu remarquer que ce qu’elle porte sont les stigmates d’un maléfice. Il la pensait condamnée et a voulu abrégé ses souffrances.
J’ai évidemment refusé… C’était il y a… Un mois, un mois et demi, peut-être. Je ne sais pas, j’ai un peu perdu la notion du temps, je l’avoue. Je l’ai observé, mais je suis incapable de savoir de quel mal elle a été frappée. J’ai rencontré quelques sorciers qui eux aussi l’ignorent. Les symptômes sont qu’elle ne parvient pas à grandir, ses points d’équilibres sont très maladroits, elle ne peut donc pas marcher seule longtemps. Ses sens sont cruellement affaiblie, et elle a des difficultés à réguler sa chaleur corporelle, c’est pour ça qu’elle passe le plus clair de son temps contre moi, pour ne pas avoir froid.
J’hésitais à faire demi-tour depuis un moment déjà, mais… C’est elle qui m’en a persuadé. Je suis conscient que c’est à Hungcalf que je trouverai le plus de réponses à son sujet et que je pourrai l’aider du mieux que je le peux. Ironiquement, malgré son état physique, c’est… Elle qui m’a le plus apporté, et non l’inverse. C’est grâce à elle que j’ai décidé d’arrêter de fuir constamment et de m’isoler au moindre problème et… »
Je m’arrêtais un instant, mon regard se posant quelques secondes sur Irina avant que je ne cligne des yeux en secouant lentement la tête en regardant devant moi, reprenant d’une fois plus faible, en reprenant mes pas. Plus lents, rêveurs.
« D’apprendre à partager. »
Il est vrai qu’en ce moment, je partage des tas de choses, informulées avec elle… Mes pas évoluaient, et ma direction était claire, une vieille gare moldu, dans laquelle très peu de trains passent encore, c’était l’un de mes refuges d’antan, on y croise pratiquement jamais personne et pourtant elle est constamment ouverte, et, une fois à hauteur de vue, il était aisé d’observer ce piano droit, un peu vieillot, trônant au milieu du hall modeste, peu entretenu. Sur le piano de bois, on pouvait lire des mots, mon écriture, assez facile à distinguer.
« Si tu te sens égaré, ne pleure pas trop, le soleil naîtra à nouveau dans ton cœur, tes larmes gagnerons le ciel, et ton regard dominera l’horizon qui fera s’embraser en toi les joies d’une vie, et ton simple souffle deviendra l’immensité d’un ensemble auquel tu appartiens.
Alors accepte la nuit, pour voir sourire le jour. »
Quelques lettres étaient effacées, mais c’est en gros ce que cela dit. Les lettres, elles, respirent une forme de magie, une magie d’illusion, puissante, montrant que ce piano était enchanté, m’approchant pour m’asseoir lentement sur le siège et me mettre à entamer une mélodie, l’enchantement du piano laissant parvenir autour de nous les instruments autres nécessaires à la réalisation du morceau, le bruit de la cascade provenant de l’illusion qui prenait vie, lentement.
Le sol autour de nos devenait de l’herbe fraîche, une douce chaleur se profilant, sur cette longue plaine, le soleil émergeant entre deux montagnes, le ciel bercé d’une lueur mêlée de rose, de bleu et d’orange, alors que proche de nous s’écoulait cette rivière, donnant plus loin en une cascade, un vent agréable se profilant, une agréable odeur florale, ni trop forte, ni trop douce. Mes yeux se fermaient et cette magie semblait s’amplifier lentement, ce lieu racontait comme une histoire, un couple de papillons en quête de leur avenir, alors que de temps à autres, un poisson émergeait de la rivière. Une famille de renards émergeait de leur terrier, baillant avant de se mettre à gambader.
Une nature pure, alors que le violon fut interprété par cet enfant qui s’approchait, une blondinette d’une petite dizaine d’années, une couronne de fleur sur la tête, son sourire respirant une forme d’espoir et d’innocence, pleine de vie.
« Svein ! »
Un sourire se trahissait à mon minois alors que je me tournais vers l’enfant, puis vers Irina, sans pour autant m’arrêter de jouer.
« Ina, je te présente Irina, Irina, voic-… »
« C’est toi ! Svein m’a beaucoup parlé de toi ! »
Elle s’approchait, ses pieds nus effleurant l’herbe, cet enfant ne semblait faire qu’un avec ce monde, certes illusoire, mais d’une beauté singulière qui en ferait oublier le monde tel qu’il est. Lors d’une pause de son instrument dans le morceau, elle se mettait sur la pointe des pieds pour déposer sur la tête de la jeune femme cette couronne qui était précédemment sur la sienne.
« C’est pour toi. Svein ne l’avouera pas, mais j’existe grâce à toi. Et je suis contente, parce que tu es belle ! »
Le sourire de l’enfant resplendissait, son visage illuminé par les notes qu’elle jouait, par les miennes et par le soleil dont la lumière éclairait le minois, alors qu’à ces mots, une certaine gêne s’éprenait de moi, me contentant de me focaliser sur ce que je jouais, lunaire, pensif, et détendu par cet environnement, cet enchantement, cette illusion que je n’avais pas vu depuis des mois maintenant. Qu’est-ce que ce paysage m’a manqué…
- InvitéInvité
Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Jeu 24 Jan 2019 - 16:37
Les mots de Svein s’accrochent aux murs des maisons alentours, peignant l’histoire de sa rencontre avec le chaton dont la tête ressort de la poche de manteau, observant le paysage. Esmée. Sourire qui s’accroche à mes lèvres, doux nom pour un chat aussi frêle et mal en point. Doucement, nous nous écartons de la ville, déambulant dans des rues moins fréquentées, voire désertes en cette soirée de réveillon. La plupart des habitants d’Inverness sont rassemblés en famille, entre amis, pour fêter la nouvelle année. Moi, j’ai décidé de quitter ma famille pour retrouver un ami. Mais Svein est bien plus qu’un ami, et en même temps beaucoup moins. Car qu’est-ce que nous avons partagé, depuis que nous nous connaissons ? Quelques paroles, tout au plus. Cependant, le lien qui me lie à lui est bien plus fort que de la simple amitié. Lien qui me rendait folle, à Durmstrang et durant mes premières années d’Université. Lien qui m’a rendue jalouse, lorsque j’ai appris sa liaison avec ma meilleure amie. Trahison que je ne pouvais pas exprimer, car personne n’était au courant, personne ne pouvait savoir. La force qui me pousse vers Svein m’a rendue misérable, toutes ces années, alors que je refusais de l’admettre. Elle m’a aussi rendue morte d’inquiétude, lorsqu’il a disparu sans dire un mot, en septembre. Inquiétude qui me rendait folle, et qui se dissipe peu à peu maintenant. J’ai enfin l’impression que je peux respirer pour la première fois depuis quatre mois. Le récit de Svein s’achève alors qu’il s’arrête de marcher. D’un air interrogateur, je le regarde secouer la tête. Puis nous reprenons nos pas. “Je suis certaine que les professeurs pourront t’aider à la soigner.”
Le sorcier bifurque dans ses pas et entre dans un bâtiment. Curieuse, je contemple l’endroit. Grand hall, grandes portes, panneaux indiquant les arrivées et les départs, mais tout semble daté. L’endroit paraît désaffecté, avec des carreaux manquant aux fenêtres, des graffitis ornant les murs. Tournant sur moi-même, je remarque que Svein s’est approché du piano en bois trônant au milieu de la pièce. Les premières notes résonnent dans le hall vide et mes yeux s’arrondissent de surprise alors que j’observe le sol devenir de l’herbe, la nuit être remplacée par le jour et le froid laissant place à une chaleur réconfortante. Lentement, je tourne sur moi-même, pour contempler le paysage dans lequel nous nous trouvons maintenant. Il n’y a que nous, lui au piano, moi debout, au milieu des animaux, de l’herbe et de l’eau. “Svein !” Tournant brusquement la tête, je découvre que nous ne sommes plus seuls. Une petite fille joue du violon, une couronne de fleurs trônant sur son crâne blond. Intriguée, je l’observe, les sourcils froncés. “Ina, je te présente Irina, Irina, voic-…” “C’est toi ! Svein m’a beaucoup parlé de toi !” Interloquée, je regarde à tour de rôle le sorcier et la petite fille. Ina, elle s’appelle Ina. Je n’ai pas vraiment le temps de réagir que la gamine me tend sa couronne de fleurs. Instinctivement, je penche la tête pour recevoir le présent. “Ina, comme…” Je commence à poser une question à la blondinette, mais elle ne m’en laisse pas le temps. “C’est pour toi. Svein ne l’avouera pas, mais j’existe grâce à toi. Et je suis contente, parce que tu es belle !” Regard perplexe vers le Norvégien. Comment ça, grâce à moi ? Question refoulée, car je ne veux pas briser le moment, la mélodie, la chanson de mon coeur. Je n’ai pas envie de tout casser en posant des questions trop compliquées. Alors je retourne la tête vers la petite fille. “Tu es très belle aussi, Ina.” Sourire doux, maternaliste, face à cette enfant d’illusion.
Mélodie terminée, je me relève pour observer le pianiste. Quelque part au fond de mon esprit, l’alarme sonne et me rappelle que je dois partir. Mais la magie - littérale et figurée - de ce moment est trop belle pour la quitter aussi vite. Alors je viens m’asseoir sur le tabouret de piano, à côté de Svein. Bien que la flûte soit mon instrument fétiche, et celui avec lequel je suis le plus à l’aise, je sais assez bien manier l’instrument à touches noires et blanches. Lentement, mes doigts se posent sur les touches, et les premières notes d’une mélodie connue s’échappent dans le ciel bleu. Ma main gauche vient poser les basses, et d’un sourire, j’invite Svein à se joindre à moi. Quatre mains qui volent sur un clavier, notes qui s’harmonisent, deux coeurs battant à l’unisson pour la musique.
- InvitéInvité
Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Jeu 24 Jan 2019 - 21:30
Le vent délicatement brusque se partageait entre nous, ayant eu un clignement d’œil mi résigné, mi optimiste sur l’aide que pourraient m’apporter les professeurs. C’est tant possible que peu probable qu’un professeur s’attarde pour aider un élève un peu paumé, avec des résultats moyens, qui a quitté l’université pendant plusieurs mois. Enfin, soit…
« Ina, comme… » je détournais vaguement le regard, épris d’une gêne certaine. Ina a cette façon… Dérangeante, de dire les choses. De bien trop dire les choses. Mais après tout, elle est comme ça. Je n’ai créé que son histoire, elle est ce qu’elle est… Je sentais l’interrogation en son regard, me contentant d’esquisser un sourire gêné avant d’écarquiller les yeux en la voyant s’approcher, me décalant poliment pour lui laisser de la place en la regardant commencer à jouer.
C’est marrant, l’air me dit quelque chose… Songeant quelques instants, je laissais ma mémoire travailler avant d’acquiescer, mes doigts effleurant à peine le piano pour déposer des touches certaines, mais d’une vélocité maîtrisée, contrôlée. Pendant quelques instants, je la contemplais, m’arrêtant à ses doigts fins effleurant les notes. Autour de nous, le chant des oiseaux vint nos accompagner alors qu’un couple d’hirondelles se posaient sur le piano.
La résonnance entre ma magie et celle d’Irina avait quelque chose d’étrange… Par nos notes, je sentais que cet univers, vivant, dont j’ai dessiné les plus grands traits, mais pourtant libre, se sent tant enfant de moi que de ma camarade. L’illusion est une magie souvent considéré comme belle, mais on la rapproche trop souvent à quelque chose de graphique, visuel, peut-être par un manque d’émotions. Les miennes sont libres de leur existence. Certaines éphémères, d’autres comme Ina, héroïne de l’un de mes romans, perdurant en le temps.
Alors que la mélodie nous berçait, mon regard devint abstrait, quelques instants, observant l’immensité face à nous, le vent faisant légèrement basculer ce champ fleuris. Tout semblait s’harmoniser, s’intensifier, les couleurs, les nuances…
M’éperdant, quelques instants, une fraction, une once, j’effleurais le bout des doigts de la jeune femme, n’ayant pas fait attention au fait que j’empiétais sur son territoire, provoquant en mon âme une vibration profonde et en mon cœur un électrochoc. Les poils de mes bras se hérissaient en un frisson alors que mes prunelles s’écarquillaient, mon dos remuant légèrement. Il était facile de remarquer à mes notes qu’un grand bouleversement me travaillait, et l’environnement s’en ressentait.
Une forme de transcendance naquit de cet instant. Le soleil se mit à éclairer clairement nos visages, celui d’Ina qui nous accompagnait, le bruit de l’eau s’intensifiait et autour de nous, des fleurs par dizaines semblent éclore en un temps record, la puissance des quelques battements de mon cœur étant perceptible au biais de l’évolution de cette nature.
Qu’est-ce qu’il m’arrive… ?
Au gré des notes, mon jeu semblait de plus en plus maladroit alors que ce simple contact fut l’ultime déclic, la voie de la certitude. J’avais compris. Compris ce que je refoulais, pour me protéger, pour la protéger, pour nous protéger. L’immensité de la force des sentiments que j’essaie tant bien que mal de canaliser depuis tant d’années. Et mon cœur semble au bord de la rupture tant la flamme qui l’habite parait étincelante.
Ploc.
Sans réellement m’en rendre compte, une larme perlait le long de ma joue avant de tomber sur la touche du La, dans les aigus, clignant vaguement des yeux à cet instant. Ina s’approchait, lentement alors qu’elle continuait de nous accompagner, pour se mettre face à nous, et, en un temps de pause, je clignais des yeux en la regardant. Elle ne va quand même pas…
« Svein est amoureux de toi, depuis qu’il est adolescent. Mais il pense qu’il n’est pas à la hauteur, alors depuis plus de dix ans, il ne fait que fuir. Je le sais. Beaucoup de ses histoires parlent de toi. »
Je fermais lentement les yeux, résigné, me mordillant la lèvre inférieure. Et maintenant… Est-ce que tu prends la fuite ? Est-ce que tu dis la vérité ? Un sentiment de culpabilité immense s’éprend de moi. Pourquoi je l’ai amené ici ? Pourquoi c’est Ina, qui a ressentis le besoin de se montrer ? Ou plutôt, pourquoi mon inconscient a demandé à Ina de se montrer ?
« Je suis désolé… »
Fut ma seule réponse, ma voix pratiquement brisé, mon regard épris en une forme de vide alors que je peinais à suivre les notes, le faisant plus par automatisme que par volonté. Mieux vaut vivre avec des remords qu’avec des regrets, parait-il… Alors… Soit.
« Ina, comme… » je détournais vaguement le regard, épris d’une gêne certaine. Ina a cette façon… Dérangeante, de dire les choses. De bien trop dire les choses. Mais après tout, elle est comme ça. Je n’ai créé que son histoire, elle est ce qu’elle est… Je sentais l’interrogation en son regard, me contentant d’esquisser un sourire gêné avant d’écarquiller les yeux en la voyant s’approcher, me décalant poliment pour lui laisser de la place en la regardant commencer à jouer.
C’est marrant, l’air me dit quelque chose… Songeant quelques instants, je laissais ma mémoire travailler avant d’acquiescer, mes doigts effleurant à peine le piano pour déposer des touches certaines, mais d’une vélocité maîtrisée, contrôlée. Pendant quelques instants, je la contemplais, m’arrêtant à ses doigts fins effleurant les notes. Autour de nous, le chant des oiseaux vint nos accompagner alors qu’un couple d’hirondelles se posaient sur le piano.
La résonnance entre ma magie et celle d’Irina avait quelque chose d’étrange… Par nos notes, je sentais que cet univers, vivant, dont j’ai dessiné les plus grands traits, mais pourtant libre, se sent tant enfant de moi que de ma camarade. L’illusion est une magie souvent considéré comme belle, mais on la rapproche trop souvent à quelque chose de graphique, visuel, peut-être par un manque d’émotions. Les miennes sont libres de leur existence. Certaines éphémères, d’autres comme Ina, héroïne de l’un de mes romans, perdurant en le temps.
Alors que la mélodie nous berçait, mon regard devint abstrait, quelques instants, observant l’immensité face à nous, le vent faisant légèrement basculer ce champ fleuris. Tout semblait s’harmoniser, s’intensifier, les couleurs, les nuances…
M’éperdant, quelques instants, une fraction, une once, j’effleurais le bout des doigts de la jeune femme, n’ayant pas fait attention au fait que j’empiétais sur son territoire, provoquant en mon âme une vibration profonde et en mon cœur un électrochoc. Les poils de mes bras se hérissaient en un frisson alors que mes prunelles s’écarquillaient, mon dos remuant légèrement. Il était facile de remarquer à mes notes qu’un grand bouleversement me travaillait, et l’environnement s’en ressentait.
Une forme de transcendance naquit de cet instant. Le soleil se mit à éclairer clairement nos visages, celui d’Ina qui nous accompagnait, le bruit de l’eau s’intensifiait et autour de nous, des fleurs par dizaines semblent éclore en un temps record, la puissance des quelques battements de mon cœur étant perceptible au biais de l’évolution de cette nature.
Qu’est-ce qu’il m’arrive… ?
Au gré des notes, mon jeu semblait de plus en plus maladroit alors que ce simple contact fut l’ultime déclic, la voie de la certitude. J’avais compris. Compris ce que je refoulais, pour me protéger, pour la protéger, pour nous protéger. L’immensité de la force des sentiments que j’essaie tant bien que mal de canaliser depuis tant d’années. Et mon cœur semble au bord de la rupture tant la flamme qui l’habite parait étincelante.
Ploc.
Sans réellement m’en rendre compte, une larme perlait le long de ma joue avant de tomber sur la touche du La, dans les aigus, clignant vaguement des yeux à cet instant. Ina s’approchait, lentement alors qu’elle continuait de nous accompagner, pour se mettre face à nous, et, en un temps de pause, je clignais des yeux en la regardant. Elle ne va quand même pas…
« Svein est amoureux de toi, depuis qu’il est adolescent. Mais il pense qu’il n’est pas à la hauteur, alors depuis plus de dix ans, il ne fait que fuir. Je le sais. Beaucoup de ses histoires parlent de toi. »
Je fermais lentement les yeux, résigné, me mordillant la lèvre inférieure. Et maintenant… Est-ce que tu prends la fuite ? Est-ce que tu dis la vérité ? Un sentiment de culpabilité immense s’éprend de moi. Pourquoi je l’ai amené ici ? Pourquoi c’est Ina, qui a ressentis le besoin de se montrer ? Ou plutôt, pourquoi mon inconscient a demandé à Ina de se montrer ?
« Je suis désolé… »
Fut ma seule réponse, ma voix pratiquement brisé, mon regard épris en une forme de vide alors que je peinais à suivre les notes, le faisant plus par automatisme que par volonté. Mieux vaut vivre avec des remords qu’avec des regrets, parait-il… Alors… Soit.
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Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Sam 26 Jan 2019 - 7:37
Je la ressens, la gêne du sorcier face à l’apparition. Ina, cette petite fille, se comporte exactement comme une petite fille. Elle n’a pas peur des conséquences de ses paroles, de l’importance des non-dits ou des sous-entendus. Elle ne comprend pas l’ampleur des mots, et des questions qu’ils provoquent. Alors plutôt que de rester bloquée sur ce que dit la petite fille, je décide de rejoindre Svein au piano. Rapidement, il se rappelle du morceau et me rejoint, puis Ina avec son violon, et enfin les oiseaux. Les oiseaux qui semblent danser au gré de la musique. How fitting. Les notes se mélangent, la mélodie nous transporte et nos mains dansent sur les touches du piano. Puis soudain, alors que nos corps n’ont pas été aussi proches depuis des lustres - depuis toujours peut-être, je sens la main du Norvégien effleurer mes doigts. Electrochoc dans mon coeur, frisson qui parcourt mes bras, respiration qui se fait plus brusque. Notes provenant de Svein qui se font plus marquées, moins douces, presque dissonantes. Observant autour de nous, je remarque les fleurs qui poussent et éclosent en quelques instants. La prairie se transforme en champ de fleurs, des milliers de couleurs se mélangeant les unes aux autres, créant une toile d’un impressionnisme frappant.
La petite fille s’approche de nous alors que le soleil se fait encore plus chaud, la lumière plus forte. “Svein est amoureux de toi, depuis qu’il est adolescent. Mais il pense qu’il n’est pas à la hauteur, alors depuis plus de dix ans, il ne fait que fuir. Je le sais. Beaucoup de ses histoires parlent de toi.” Mots qui font exploser mon coeur. Mon corps ne répond plus, trop choquée pour réagir. Mes doigts restent posés sur les touches, l’instrument continuant de délivrer la note quelques instants avant qu’elle s’évanouisse. Yeux ronds, choc clairement lisible sur mon visage, je tourne la tête vers le sorcier, cette fois-ci incapable de laisser couler les paroles de la blonde. Il n’ose pas me regarder, certainement honteux de la révélation. Ses doigts continuent de jouer, mais la mélodie sonne creux, sans mes notes. “Je suis désolé…” Voix brisée qui brise mon coeur. Effrayée par l’importance des mots qui viennent d’être prononcés, je n’ose en rajouter. “Je…” Je quoi ? Je suis désolée ? Je t’aime aussi ? Je suis perdue ? Oui, je suis perdue. Car même si je continue de tenter de refouler ces sentiments qui me poussent vers l’Ethelred, je suis consciente qu’ils existent, je suis consciente qu’ils ne partiront pas. Mais pendant son absence, tellement de choses se sont passées. Je n’ai jamais vraiment réussi à comprendre ce qui s’est passé avec Elios, ni la complexité de mes sentiments face à mon futur mariage. Les derniers mois ont fait de mon cerveau de la charpie.
Incapable de réfléchir plus, je parviens cependant à balbutier. “Je dois y aller.” Comme tirée par une ficelle, je me lève alors, l’illusion provoquée par le piano se brisant sous mes yeux. Le froid me prend par surprise et, les larmes aux yeux, je m’engage vers la sortie. Pas un regard en arrière, pour ne pas craquer. Une fois dans la rue, je marque un temps d’arrêt, essayant tant bien que mal de recomposer un visage impassible. Je dois rentrer chez moi, et personne ne doit savoir ce qui s’est passé. Un craquement retentit alors que je transplane jusqu’à une cheminée du quartier sorcier, puis je rentre chez moi. Quelle était la résolution que j’ai prise, tout à l’heure ? Ne plus me laisser marcher sur les pieds ? Ne plus fuir mes sentiments ? Je découvre avec amertume que ceci est plus facile à dire qu’à faire. Séchant mes vêtements et mes cheveux d’un mouvement de ma baguette, je ressors enfin de ma chambre. Sourire agréable qui se pose sur mes traits, alors que je retrouve mon fiancé. “Où étais-tu ?” Sourire figé, regard cependant très peu chaleureux. “Cela ne te regarde pas.” Tout le monde est rassemblé dans la salle de bal, et minuit sonne. Alors, une main dans le dos de Gabriel, nous échangeons un baiser de circonstance. Là, les yeux fermés, je ne peux empêcher la sensation désagréable qui me crie que j’embrasse le mauvais homme.
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Re: si le temps passe, je t'aime autant (sveirina)
Mer 30 Jan 2019 - 12:18
Mes prunelles s’éteignaient inexorablement. « Je dois y aller », évidemment. Mes doigts quittaient les touches du piano et cette illusion semblait disparaître inexorablement. Faute d’avoir ma baguette, Ina ne pouvait subsister sans les notes, elle non plus, vecteur de la magie de cet enchantement. Pas un regard en arrière, de peur de croiser le sien et de craquer. C’est une tempête qui frappe les flammes en mon cœur, qui semblent s’alimenter, réduire, se développer, se consumer, consumant tantôt mon corps tout entier et tantôt disparaissant. Une douleur pratiquement insoutenable…
Ploc.
La larme effleurait une touche du piano, un dièse, roulant jusqu’à la note fondamentale la plus proche, le do. Tout commence toujours par le do… Cette goutte perlait, pour venir s’éteindre à la commissure, proche du si. Entre le si et le do, le commencement et la fin, l’alpha et l’oméga.
« Meow ! »
Mon regard se détournait vaguement vers ma poche d’où sortait la tête d’Esmée, alors que je soupirais, ma voix tremblante, attrapant le petit chat en douceur pour la caler dans mes bras, celle-ci semblant tenter d’atteindre mon visage. Sans trop comprendre, je l’y aidais, alors que sa langue rappeuse effleurait ma joue, se délectant de la larme qui s’en évadait comme pour le faire disparaître. Nos regards se croisaient, un instant bref, un sourire quelque peu forcé se manifestant à mon minois en caressant la tête de l’animal pour venir la blottir contre moi en douceur.
« Merci Esmée… Ne t’inquiète pas, je n’oublie rien… Nous veillerons l’un sur l’autre, jusqu’au bout. Je n’ai pas le droit de craquer. Pas… Pas maintenant. »
La reportant lentement à ma poche, je me redressais vaguement, mon corps hurlant d’une douleur infinie. Mon minois se crispait alors que je manquais de tomber à la renverse, me rattrapant in extremis sur le piano, le temps de reprendre mon souffle avant de faire demi-tour.
Fermant les yeux un instant en un coin de rue pour reprendre mon souffle, je clignais des yeux en voyant une silhouette débouler à toute allure du coin de rue vers de là où je venais. Une lueur d’espoir naissait à mon visage, alors que je me tournais vers cette silhouette. Pas les mêmes vêtements, plus chauds, pas la même carrure. M’aidant du mur du bâtiment pour me maintenir, je levais lentement les yeux au ciel pour observer les étoiles. Une étoile filante ? L’ironie me faisait rire.
« Fait que ta lumière apporte la joie… »
Je secouais lentement la tête, peut-être trop irrationnel, même pour moi, afin de rejoindre l’hôpital. Nous avions marché si longtemps… ? Non, c’est moi qui suis dans un état bien plus déplorable qu’à l’allé. Soit. Je vais tenir ma parole et retourner me reposer.
« Monsieur Haugen, nous étions tous morts d’inéquiétude ! »
Observant une partie de l’équipe de garde, un nouveau sourire crispé se manifestait à mon visage. J’étais présent, physiquement, mais mon esprit, lui, au travers de mes yeux semble vide. Empli d’une infinie mélancolie et proie du froid. Mon corps tremblait, un peu.
« Je vous présente mes plus plates excuses, j’avais… Eumh… Enfin… C’était stupide de ma part, j’en conviens, mais… Ma santé n’était pas ma priorité, ces dernières heures. »
Après quelques brimades, je pu finalement retourner me coucher, et, allongé dans ce lit, mon regard fixait le plafond, quelques grains étant nés de celui-ci par un défaut de peinture… Ainsi, je dessinais des yeux, au travers de ces points culminants, fermant lentement les yeux.
« Esmée ? »
Le chaton, allongé sur mon ventre levait lentement la tête, je le percevais vaguement.
« Pourquoi arrêter de fuir est encore plus douloureux ? »
Pas de réponse. Je laissais le silence se dérouler et lentement elle se repositionnait en boule. Si le silence est nécessaire pour apprécier de nouveau un son, celui-ci est insupportable. Chaque seconde sans bruit parait comme une absence… Jetant un œil vers l’horloge disposée à la table de chevet, je soupire vaguement. Cinq heures du matin… Depuis combien de temps je réfléchis sans parvenir à réfléchir ? Je ne sais pas… Eteignant la lampe de chevet, mon regard se plonge à nouveau vers le plafond, plus sombre… Il n’y a plus rien à dessiner, et cette flamme semble se stabiliser, petit à petit, bien que ça ne soit pas vraiment de ma volonté.
Quitte à cesser de fuir et souffrir, autant que cette souffrance donne un sens à l’existence, n’est-il pas ?
Ploc.
La larme effleurait une touche du piano, un dièse, roulant jusqu’à la note fondamentale la plus proche, le do. Tout commence toujours par le do… Cette goutte perlait, pour venir s’éteindre à la commissure, proche du si. Entre le si et le do, le commencement et la fin, l’alpha et l’oméga.
« Meow ! »
Mon regard se détournait vaguement vers ma poche d’où sortait la tête d’Esmée, alors que je soupirais, ma voix tremblante, attrapant le petit chat en douceur pour la caler dans mes bras, celle-ci semblant tenter d’atteindre mon visage. Sans trop comprendre, je l’y aidais, alors que sa langue rappeuse effleurait ma joue, se délectant de la larme qui s’en évadait comme pour le faire disparaître. Nos regards se croisaient, un instant bref, un sourire quelque peu forcé se manifestant à mon minois en caressant la tête de l’animal pour venir la blottir contre moi en douceur.
« Merci Esmée… Ne t’inquiète pas, je n’oublie rien… Nous veillerons l’un sur l’autre, jusqu’au bout. Je n’ai pas le droit de craquer. Pas… Pas maintenant. »
La reportant lentement à ma poche, je me redressais vaguement, mon corps hurlant d’une douleur infinie. Mon minois se crispait alors que je manquais de tomber à la renverse, me rattrapant in extremis sur le piano, le temps de reprendre mon souffle avant de faire demi-tour.
Fermant les yeux un instant en un coin de rue pour reprendre mon souffle, je clignais des yeux en voyant une silhouette débouler à toute allure du coin de rue vers de là où je venais. Une lueur d’espoir naissait à mon visage, alors que je me tournais vers cette silhouette. Pas les mêmes vêtements, plus chauds, pas la même carrure. M’aidant du mur du bâtiment pour me maintenir, je levais lentement les yeux au ciel pour observer les étoiles. Une étoile filante ? L’ironie me faisait rire.
« Fait que ta lumière apporte la joie… »
Je secouais lentement la tête, peut-être trop irrationnel, même pour moi, afin de rejoindre l’hôpital. Nous avions marché si longtemps… ? Non, c’est moi qui suis dans un état bien plus déplorable qu’à l’allé. Soit. Je vais tenir ma parole et retourner me reposer.
« Monsieur Haugen, nous étions tous morts d’inéquiétude ! »
Observant une partie de l’équipe de garde, un nouveau sourire crispé se manifestait à mon visage. J’étais présent, physiquement, mais mon esprit, lui, au travers de mes yeux semble vide. Empli d’une infinie mélancolie et proie du froid. Mon corps tremblait, un peu.
« Je vous présente mes plus plates excuses, j’avais… Eumh… Enfin… C’était stupide de ma part, j’en conviens, mais… Ma santé n’était pas ma priorité, ces dernières heures. »
Après quelques brimades, je pu finalement retourner me coucher, et, allongé dans ce lit, mon regard fixait le plafond, quelques grains étant nés de celui-ci par un défaut de peinture… Ainsi, je dessinais des yeux, au travers de ces points culminants, fermant lentement les yeux.
« Esmée ? »
Le chaton, allongé sur mon ventre levait lentement la tête, je le percevais vaguement.
« Pourquoi arrêter de fuir est encore plus douloureux ? »
Pas de réponse. Je laissais le silence se dérouler et lentement elle se repositionnait en boule. Si le silence est nécessaire pour apprécier de nouveau un son, celui-ci est insupportable. Chaque seconde sans bruit parait comme une absence… Jetant un œil vers l’horloge disposée à la table de chevet, je soupire vaguement. Cinq heures du matin… Depuis combien de temps je réfléchis sans parvenir à réfléchir ? Je ne sais pas… Eteignant la lampe de chevet, mon regard se plonge à nouveau vers le plafond, plus sombre… Il n’y a plus rien à dessiner, et cette flamme semble se stabiliser, petit à petit, bien que ça ne soit pas vraiment de ma volonté.
Quitte à cesser de fuir et souffrir, autant que cette souffrance donne un sens à l’existence, n’est-il pas ?