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une bouteille à la mer. (rose)
Mer 8 Mai 2019 - 20:23
— Les friselis des couloirs se répandaient comme une trainée de poudre avec une facilité déconcertante. La célérité atteignant d’autant plus des sommets lorsqu’étaient concernées dans ces murmures les reines des abeilles. Des démons en talons – et porte-jarretelle pour certaine – que la majorité du peuple estudiantin enviait. Dans leurs sillons les jalousies peignant les joues des comparses féminins, tandis que tout homme qui se respectait se retrouvait provoqué par ses primaires instincts. Ces nymphes fortes de leur confiance, de leur éclat, et vénustés qu’elles savaient étayer d’esprits aussi piquants que leurs charmes. L’éphèbe souvent tentait se déconnecter de ces gazouillis qu’il rabaissait à ce qu’ils étaient simplement : des ragots. Mais surtout, et aussi, dans la fuite de l’ombre d’un de ses pions qui faisait régulièrement jaser ; la vipère MacLeòid. Connue d’autre part sous le titre de ciguë de ses jours, et cauchemar en provenance direct de son passé. Dont il avait à payer durant toute la dernière décennie le prix de la folie de s’être un jour glissé entre ses draps. Adoubé fortement malgré lui de pantin martyr favoris de cette fêlée qui l’avait toujours bariolé de diverses émotions. La palette des courants derniers se déclinant plus de sombres couleurs de courroux et d’ires. Du dégout et d’acrimonie. Le fiel d’avoir été lié à cette maudite belladone qui comme un maudit lierre grimpant s’était accroché à son tronc pour ponctionner sa patience et sa bonté dans la sève de ses veines. Cependant, il avait laissé trainer une oreille curieuse ce midi quand cancanèrent une ribambelle de Summerbee à sa pause déjeuner. Des bourdonnements qui s’attardèrent sur une certaine Coldridge, et où il crut percevoir entre deux pouffements le mot déménagement. Hochant de la trombine par intérêt pour la nouvelle, alors que ses méninges dépeignaient déjà son vieux comparse de Gryffondor, petit-ami de la naïade citée, admonesté à chacun de ses mouvements par sa compagne surement stressée comme tout et sur les dents. Après tout, il ne pouvait que compatir compte tenu de la situation de l’Eve qui allait bientôt mettre au monde leur premier enfant. Néanmoins un peu rebuté par leur situation. Selon lui, les tourtereaux étaient bien trop jeunes pour venir clôturer leur âge de liberté par l’arrivée d’un môme. Jaugeant qu’ils n’avaient guère assez savouré cet âge béni. Mais bon, puisque Marcus s’était déjà pendu par volontariat à la corde des fiançailles, le revirement ne l’étonnait guère. Bien qu’il se refusait ouvertement à prendre le même sentier. Chacun sa merde. Pourtant, la nouvelle colportée par le troupeau de jaune tarauda son esprit par plusieurs échos. Cela faisait un moment qu’il n’avait pas aperçut le couple. Trop occupé entre ses sorties sur son palefroi mécanique, quelques périples à l’autre bout du Royaume-Uni, et ses révisions pour libérer un créneau à sa vie sociale reliquaire de Poudlard. Au final, apparaissait là une formidable occasion de repointer son museau tout en portant baguette forte. Il jeta alors le papier de son sandwich, avant de ramener son sac négligemment à son épaule. Direction la salle commune des Summerbee, qu’il atteint rapidement. D’autant qu’il n’eut à attendre bien longtemps l’arrivée d’un des apôtres de la maison. Plaidant sa cause dans un sourire chaleureux : « Euhm… Est-ce que Rose Coldridge est là ? Je suis venue l’aider, elle et son copain, pour son déménagement et j’aurais besoin qu’on m’ouvre, s’expliqua-t-il plus en détails, bien qu’il aperçut son interlocuteur le dévisager subrepticement à sa phrase. - Oui, Rose est là. » Une réponse un sèche qui le déstabilisa un instant. Bien qu’il n’en fit nullement part à haute voix. Trop passif d’autant qu’il n’avait aucune envie de détailler un peu plus l’entrevue. Tant qu’on lui ouvrait, peut lui importait. Surtout que le guide prit tout de même la peine de lui indiquer la voie vers les chambres. Chemin qu’il poursuivit aussitôt, et n’eut à trop se perdre pour débarquer à bon port. Identifiant le point d’arrivée comme tel lorsqu’il parvint à une porte grande ouverte laissant apparoir une blonde au ventre rebondie, trônant au milieu de mille piles et cartons de déménagement. Par politesse, il s’attarda tout de même à toquer contre le doigt de l’encadrement du portique. Adressant aussitôt à la future mère d’une risette bienveillante. « Salut Rose. J’ai entendu parler de ton déménagement, et je suis venu voir si vous aviez besoin d’aide. » Un vous qui semblait si naturel. Comme une institution. Un vous qu’il n’aurait jamais remis en cause. Ne constatant pas encore l’absence de la moitié du duo. Car dans son esprit, quand on parlait de Rose, il était acté que Marcus ne trainait jamais très loin. |
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Re: une bouteille à la mer. (rose)
Mar 21 Mai 2019 - 13:42
@darius belby & @rose coldridge
Une bouteille à la mer
Au milieu de la chambre à coucher, Rose s’était assise en tailleur, dans la position la plus confortable que son gros ventre lui permettait d’avoir, et balayait les lieux d’un regard fermé. Elle avait congédié ses camarades de chambrée, bonnes âmes, petites abeilles soucieuses du bien être de leur pondeuse, pour rester un peu seule au milieu des affaires encore éparpillées sur le sol et les meubles. Non pas que Rose soit de nature bordélique, loin s’en fallait. Simplement, elle venait de passer la journée à sortir des placards ensorcelés plus de huit ans de sa vie, un bon petit tiers qu’elle avait stocké avec précaution, par peur du manque. Des jours et des nuits entières entre ces quatre murs, forcément, ça produit. Elle avait vu défiler les co chambrières, avait conservé, toujours, le même lit, non loin de la fenêtre. Elle ne craignait pas le froid ni les courants d’air, et profitait du vent rafraîchissant, l’été. Des heures durant, elle avait appris, puis révisé, ébauché puis rédigé, récité encore et encore, jusqu’à ce que tout soit parfait. A présent que plus rien ne l’était, l’heure était au comptage, à l’inventaire de ce qu’elle allait pouvoir amener chez elle, enfin, dans son nouveau chez elle, et ce qu’elle allait devoir consigner pour un retour chez ses parents, dans les highlands. En triant les cartons de notes de cours, de dissertation, de vêtements et d’équipements de sport, elle avait l’impression de s’infliger un véritablement bilan de sa vie. La crise de la trentaine avant l’heure. C’était d’ailleurs en partie pour cela qu’elle avait demandé aux autres filles de ne pas la déranger. Elle était épuisée physiquement, à huit mois de grossesse, tout le monde l’était, mais cette tâche sadique commençait en plus à entamer sa résistance psychique. Elle se refusait à craquer sous leurs yeux, incrédules. Elles ne pouvaient pas comprendre, elles n’avaient pas toutes les cartes pour le faire. Plusieurs fois, elle avait affiché des sourires de circonstances quand on lui disait que, quand même, Marcus aurait pu venir l’aider à préparer ses affaires, au moins un peu, que les cartons allaient être lourds à déplacer et que même avec la magie, il lui faudrait faire un tas d’aller retour jusqu’au hall d’entrée. Elles ne pouvaient pas savoir, elles ne Devaient pas savoir pourquoi l’ »heureux père » était absent. Elle savait bien que cela n’était que partie remise, tout finit par se savoir au château,encore plus ce qui semble abject ou nauséabond. Les rapaces ont l’odorat fin et l’ouïe plus fine encore. L’opprobre ne viendrait cependant pas d’elle, refusant de précipiter sa propre chute. Elle attendait que tombe Damoclès, pendue et oscillante au dessus de sa tête au port altier. Espérant que cela tue sur le coup, au moins.
Elle s’était redressée avec difficulté pour faire face à un objet qu’elle avait volontairement mis de coté depuis le début de sa session de rangement, un grand tableau de liège constellé de photographie, de morceaux de papiers, de notes, de ticket, de rubans et autres babioles hétéroclites en tout genre. Son Mood board, son vision board, bref, le tableau qui relatait la vie de la jeune femme depuis son arrivée à l’université, ou presque. Il y avait des photos, beaucoup et, contrairement à ce que l’on aurait pu envisager de la rayonnante monarque, peu d’autoportraits. On retrouvait tout juste un tableau de sa sororité – ne parlons pas de fratrie, puisqu’il n’y avait pas un seul mâle ! - une demi douzaine de petites ou moins petites blondes, photocopies les unes des autres, comme des instantanées de la même personne aux différents moments de sa vie. Rose était l’aînée, évidemment elle était au centre, heureuse de tenir la cadette dans ses bras. Elles semblaient toutes se sourire d’une tendresse non feinte, aucune ombre au décor de cette image d’Epinal, les Coldridge étaient belles, toutes sans exception. Pas de vilain canard ici, Dieu merci, les parents n’auraient probablement pas su qu’en faire. De l’autre coté du cadre, des photos de Marcus, nombreuses, regroupés en grappe. Il n’y avait qu’une seule photo d’eux ensemble au milieu, des années plus tôt. Ils paraissaient terriblement jeunes, dessus, avec leurs uniformes de poudlard sur le dos. Déjà tellement amoureux. Lentement, Rose avait oté les épingles une à une, déposant les images dans une boite. Une image, un soupir. Elle allait finir par se vider les poumons, comme ça.
Elle ne se retourna pas tout de suite quand Darius toqua à la porte, levant la main pour congédier distraitement l’inopportun… Avant de faire volte face en entendant sa voix grave. Elle ne s’attendait pas vraiment à voir l’Ethelred ici. Elle n’attendait personne d’ailleurs.
- Salut Darius.
Elle rangea rapidement la photo dans la boite à coté d’elle, comme prise en faute. Difficile de se composer un masque dans de telles circonstances, d’autant que Darius lui offrait un sourire doux qu’elle attendait d’un autre homme que lui. Ouch.
- Je … J’ai presque fini, je te remercie. Il me reste juste mes affaires de quidditch à ranger, le placard à vêtements, ma malle avec mon matériel de potions, le dessus du lit et …
Elle s’interrompit un instant, vérifiant sa liste des choses à faire, fronçant les sourcils.
- Enfin presque …. C’est en bonne voie. Les autres t’ont laissé arrivé jusqu’ici ? C’est surprenant.
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Re: une bouteille à la mer. (rose)
Sam 25 Mai 2019 - 20:56
— Nomade, l’éphèbe s’était dépêtré de toutes racines depuis quelques temps dans sa course pour la trentaine. En vérité cela faisait une décennie que ses caducs ports fondamentaux avaient été engloutis dans des siphons d’Ecosse. Désormais voisins de l’Atlantide dont leurs reflets paraissaient sous les traits d’une maudite garce dénuée de toute vertu. Cependant il n’avait pas perdu au change, sa rupture le délaissant seulement brasiller dans les flammes de sa liberté et cette volonté de toujours battre avec frénésie de ses élytres. L’Icare depuis s’envolait. Inlassablement quand des devoirs estudiantins ne lui baguaient pas les ailes. Pour le moment sans ne jamais s’élever trop haut pour que le caresse les mordants rayons du soleil et que la cire dans son dos ne se dérobe. Pourtant cette lacune de chute n’occultait aucunement un effet secondaire : il avait perdu pied. La trogne n’apercevant presque plus la terre sous la plante de ses pattes. Il s’était coincé au-dessus du coton des nuages et s’abreuvait de cette sensation. Le brouillard s’épaississant à mesure qu’il s’égarait loin des anciens pions de son existence. En vérité, sa liberté avait finalement un prix : celui de sa prise du grand large face à ses accointances. Parmi par ailleurs ce peuple abandonné étaient comptabilisés principalement de vieux frères de maisonnées. Des fauves à la retraite de leur bannière de carmin et d’or avec qui il avait grandis mais qu’il avait perdus de vue lors de l’exode en Afrique. Trois longues années à n’être qu’une ombre du passé pour la majorité d’entre eux. L’ausonien limitant ses apparitions à un pointage de museau qu’au nouvel an et d’autres fêtes très éparpillées sur l’année. Pourtant, il était scient qu’aucune rancune n’était tenue à son égard. De même que ses vieux compères et lui s’attardaient à l’occasion à se retrouver autour de bières, bavassant sur les nouveautés de leurs vies respectives avant de partir, quelques degrés d’alcool en plus dans le sang, en se souhaitant la revoyure. Au final, le rital avait une dualité dans ses amitiés terriblement étrange : à la fois loyal mais potentiellement absent. Rattaché plus à ses dispenses de toutes chaînes qu’aux plaisirs de compagnonnages. On l’avait tenu bien trop longtemps sédentaire pour qu’il continue à s’embourber dans la tourbière d’Ecosse. De ce fait, le semi-angliche ignorait à demi les situations entre son ex-collègue vermeil et le beau rossignol d’ocre. Même si quelques murmures s’évertuaient à prêcher qu’il y avait de l’eau dans le gaz. Ce qui lui élargissait gentiment les commissures des lippes. Une pointe de sarcasme agrémentant ces rictus alors que les commentaires lui semblaient d’une profonde ineptie. Après tout, quel couple n’avait des passages à vide ? D’autant qu’ici était question de l’affiliation d’un Adam avec une jeune déesse au tempérament oscillant entre l’ardeur du feu et le tranchant de la glace. Pour avoir expérimenté ce type de rodéo, le Belby avait connaissance que leur barque d’amour naviguerait majoritairement sur des flots d’harmonies sans pour autant être à l’abri de courants malévoles. Ici même, des dérives probables ponctuées des piqûres d’une reine des abeilles soumise aux tourments de ses hormones. D’autant que le prochain évènement qui enflait l’estomac de l’ancienne gazelle ne devait pas manquer de rosser aussi le second responsable de cet état par diverses répercussions. Même si Marcus avait été aux anges quant à sa paternité prochaine, le futur-Guérisseur estimait qu’il ne pouvait y avoir l’absence de tout doute même dans un crâne vide comme celui de De Grey. C’était un gros changement qu’ils s’apprêtaient d’accueillir. Un heureux petit bout chronophage qui apporterait avec lui stress, problèmes et responsabilités. Surtout que l’échéance finale se rapprochait à grand pas, comprit l’ausonien lorsque son bistre souligna le ventre rebondi de la belle Summerbee. Ses orbes s’arrêtèrent un instant sur la cascade chrysocale qui coulait de sa nuque. Détaillant ce port de tête altier au-dessus d’une silhouette transformée par les joies de la maternité. Bien qu’il cligna un peu des yeux au prime geste qu’elle allait lui offrir en le congédiant par ses phalanges. Avant que son timbre ne daigne séduire l’égard de la nymphe qu’il gratifia aussitôt d’une risette. Douce et amusée par les humeurs de cette Eve, sans prêter attention à ce à quoi elle s’affairait de dissimuler. Ou plutôt son esprit totalement happé par le désordre organisé qui l’avoisinait pour lequel il se sentit à l’étroit – maniaque petite mangouste affrontant ses démons. Autant qu’il en fut surpris de la part de la Coldridge. Alors curieux, tout en arquant un sourcil à ses explications, il ne put empêcher la chaleur de son sourire à se teindre de pointe taquine. « En effet, presque fini, railla-t-il finalement. » Il ne pouvait conserver pour lui-même son sarcasme. Bien qu’il tint à le garder nullement agressif. Simplement hochant du menton pour répondre à sa question, il finit par opter par un haussement nonchalant des épaules en fourrant ses poings dans ses poches. « Il faut croire que je dois avoir l’air inoffensif. Ou avec un peu de charme en fin de compte. » Cette fois-ci, l’ironie fut adressée à lui-même. L’ausonien se savait gentil garçon. Plutôt doux, tout comme il n’avait jamais vraiment eu confiance en ses propres capacités à charmer le beau sexe. Ce n’était d’ailleurs pas un secret. Tout du moins pas pour ses amis qui le charriaient énormément à ce propos. Il se souvenait encore même des regards dubitatifs, des années de ça, quand il s’était affiché au bras – et aux lèvres - de l’ancienne vipère de Gryffondor. Une nymphe qui n’était pas de son monde en tout point lui avait-on compté à l’époque, comme un mauvais disque. Cependant, après mures réflexions sur ces propos, il les reconnaissait autant qu’en était rassuré. Il n’avait aucune envie d’être assimilé à un succube. En revanche, ses iris prirent le temps pour éplucher les environs d’un regard circulaire, avant qu’un museau incrédule se plante sur la trogne de la belle. Toujours avec flegme et sympathie. « Ils ne sont toujours pas là les autres ? » |
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Re: une bouteille à la mer. (rose)
Mer 5 Juin 2019 - 22:06
@darius belby & @rose coldridge
Une bouteille à la mer
Oh, il pouvait se moquer, le barbu, il ne pouvait pas se douter d’à quel point Rose pensait ce qu’elle disait. Elle en avait terminé, ou presque, avec tout un pan de sa vie, et le rangement de cette pièce était son chant du cygne, son baroud d’honneur, ou de déshonneur, en l’occurrence, bien qu’elle en soit la seule consciente. Elle détachait des pans entiers de souvenirs, d’amour, de beaux projets qui ne verraient jamais le jour, les fourraient dans des sacs ensorcelés en sachant pertinemment qu’elle n’aurait pas le courage de les en sortir avant un bon moment. Sur ce tableau se mêlait des traces et empreintes des plus beaux instants de son existence, qui se mêlaient à des ambitions avortées le jour même où elle avait décidé de ne pas le faire, justement. Elle imaginait depuis près de dix ans que la tapisserie de sa vie se tisserait conjointement à celle de Marcus. A présent, elle savait qu’elle devrait se débrouiller avec ses seules pelotes, sa propre bobine, dans le miroir et sur le métier à tisser. A l’instant même où elle bouclerait sa valise, elle en aurait fini de l’amour de sa vie telle qu’elle l’avait toujours connu. Elle allait devoir réapprendre à s’aimer seule, et ce petit être poussant sous son nombril, le futur homme de sa vie.
- Presque, presque, ne sois donc pas moqueur, tu feras moins le malin quand cela sera ton tour …
La reine des abeilles quittait sa ruche pour former son nouvel essaim plus loin. Plus modeste nid, colonie miniature, mais ce n’était pas comme si elle avait le choix, de toute façon. Sans s’interrompre dans sa frénésie de rangement, elle déhoussa ses coussins, pliant les housses avec une précision redoutable alors que Darius avançait son air paisible et affable pour justifier de son arrivée sans encombre jusqu’à sa chambre. Rose ricana, mais le regretta aussi tôt, grimaçant en se tenant sous le ventre. La moindre contraction de ses abdominaux la rappelait à l’ordre. Sa peau était à présent bien trop tendue, à la manière de celle d’un tambour, pour se permettre ce genre de fantaisie. Rire, quelle drôle d’idée.
- J’imagine que c’est la petite Carmen qui a du te laisser passer. Elle a un air revêche, mais c’est un vrai faon, avec ses grands yeux un peu triste et son air faussement mystérieux. Mais si tu préfères attribuer ta chance à du charisme, je t’en prie, on est jamais mieux servi que par soi même… Seigneur, je ne me souvenais même pas d’avoir gardé ça !
Elle avait dégoté au fond du placard une tiare en plastique rose criarde, qu’elle plaça, réflexe quasi pavlovien, sur le sommet de son crâne. Sa couronne de reine des abeilles, offerte lors de sa première victoire de la coupe de quidditch avec l’équipe des jaunes. Elle n’était pas capitaine, ne l’avait jamais été, mais elle avait toujours fait office de leader officieux, coach de l’esprit combatif qui manquait parfois aux tendres summerbee, besogneux sans être forcément compétitifs. Comprenez bien, Rose n’avait jamais laissé sa part au lion, elle n’allait pas la laisser auw wrights débarrassés de leur félin emblème les portes de l’université passées. Elle l’avait porté de bon cœur, et aussi avec un peu de défiance pour Marcus, à l’époque, une bonne semaine. Elle ne se souvenait pas l’avoir conservé.
- Les autres … ?
Il lui fallut une poignée de secondes pour comprendre la question de Darius, une autre de trop pour formuler une excuse souriante ne couvrant qu’à moitié l’orage de ses prunelles.
- Occupés, de toute évidence. Jaz a accouché, elle est en convalescence, pauvre chérie. Jaïna… est Jaïna. Et puis je ne suis pas sure que mes petites camarades de chambre l’auraient laissé rentrer elle. J’imagine qu’elle fleure un peu plus le danger que toi.
Une nouvelle risette, alors qu’elle pliait des serviettes de bain absolument immaculées et dégageant une odeur de savon. Elle se doutait bien que la réponse n’était pas complète pour Darius, et qu’elle ne pourrait pas y couper.
- Les garçons sont très pris avec leurs stages au ministère et leurs dernières dissertations, ils ont le chic pour tout faire à la dernière minutes, ce n’est pas une nouveauté. Et puis je leur ai dit que je pouvais me débrouiller toute seule. Au pire, j’accoucherai dans les cartons, ce n’est pas bien grave.
Elle ne leur avait pas dit grand-chose de tout cela, en réalité, mais elle gardait la tête haute, la petite blonde. Hors de question d’avouer que Marcus aurait préféré se faire écraser par un magicobus que de venir l’aider, et que Caël ne savait pas encore suffisamment quoi penser de tout cela pour lui donner signe de vie. C’était comme ça, pas d’avoir l’air aussi misérable qu’elle l’était. Si il y avait bien quelque chose que Rose savait faire, c’était affiché bonne figure, depuis toujours. Aujourd’hui, il ne lui restait bien que cela.
- Puisque tu es là, sois un chou, tu peux attraper les cartons en haut de l’armoire ? si ça peut m’éviter de me percher sur un escabeau, je ne serais pas contre.
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Re: une bouteille à la mer. (rose)
Dim 16 Juin 2019 - 12:56
— Il y avait des maux qui se tapissaient sous la fatigue. Placés par pudeur au creux du silence mais trahis par quelques cernes et des rictus qui n’avaient plus les mêmes consonances. De mornes éclats qui transparaissaient en ces heures sur la trogne de la souveraine. L’apsara semblait avoir perdu la mutinerie de ses fossettes et la vivacité de son regard. Un constat qui n’échappa au bistre. Cependant l’état de la nymphe laissa le motard penser que cela n’était qu’un contrecoup de la location de son ventre. Ignare des tribulations personnelles de la blonde. Accueillir un enfant n’était après tout pas une chose facile. Outre des conséquences physiques où le petit être et sa mère partageaient la même vitalité, il existait aussi de nouvelles sentences accablant mentalement la jeune martyre. En effet, la belle avançait définitivement un pas dans la vie adulte. Une ère terne où lui serait demandé de ranger son égoïsme pour octroyer toute son énergie à son enfant. Désormais, Rose serait attachée au fruit de ses entrailles dont la vie dépendrait uniquement d’elle. Il était ironique de savoir qu’elle allait mettre au monde son propre geôlier et lu faire don de sa liberté. Un sacrifice pour lequel rampait divers frisons malfaisants sur le derme hâlé du rital. Jamais il ne pouvait s’imaginer effectuer une telle obole. Ses ailes étaient sa fierté et son oxygène. On ne le disait pas nomade à tort. Cependant, il garda ses réserves face à l’Eve. Il n’était pas là pour l’épauler à éduquer un enfant, mais pour l’aider dans sa besogne. Un déménagement par ailleurs qui arrivait bien tard selon lui. Pourquoi Marcus et elle n’avaient-ils pas fait leurs cartons à une heure plus appropriée pour le pauvre corps déjà éprouvé de la malheureuse ? La question se conserva sur sa langue néanmoins quand elle rétorqua à son sarcasme. Deux fossettes bienveillantes se creusant sur les joues de l’éphèbe. « N’en sois pas si certaine. » L’assurance prit place sur sa trogne, mêlée à quelques étincelles amusées au creux de ses prunelles. Le bagnard s’émoustillait en songeant à son départ du château écossais. Trainant des pieds autour de sa trentaine, avec dans son ombre le regret d’avoir encore à partager son intimité malgré cet âge. Cependant, il conservait à l’esprit que l’exode des tartans interviendrait lors de ses entrées sous l’égide des médicomages humanitaires. Il ne lui servait à rien de dépenser des gallions pour un confort éphémère sachant que la situation qui l’attendait d’ici quelques années le balloterait entre les quatre pôles. C’était par ailleurs sous cette perspective qu’il n’avait jamais amassé beaucoup d’effets personnels, jonglant avec si peu qu’il savait qu’à son départ deux cartons lui suffiraient amplement. Mais sa pudeur mis sous silence ces faits. Il ne voulait importuner Rose avec quelques détails inutiles de sa propre vie et se contenta d’aborder le rivage de cette chambre. Un ricanement cristallin capta à ce moment son attention après qu’il ait plaisanté sur le motif de son franchissement des remparts Summerbee. Il partagea une risette pour la gaieté de la belle. Les deux jeunes gens devaient savoir que le Belby n’était pas connu pour ses charmes fous. Mais le sourire s’affadit rapidement quand il remarqua la paume de la belle soutenir son abdomen. Ses prunelles écorchant la grimace qui tordit quelques secondes les traits de son interlocutrice. Dès lors, une conviction naquit en lui : elle devait se reposer. L’idée ne la quitta guère, même suite la tirade de la Coldridge qui s’en suivit. Il jugea ce laïus comme un vain masque pour dissimuler son épuisement. Un moyen dont elle usait pour se persuader qu’elle possédait encore le contrôle malgré sa condition. Cette tendance venant de Rose n’étonnait aucunement l’apprenti d’Asclépios, mais l’irrita en tant qu’ami. Observateur silencieux du spectacle de cette future-mère coiffée de sa tiare rose qu’il crut reconnaitre un instant sans remettre l’histoire muchée derrière. Il avait simplement la conviction que l’objet était assimilé au visage contrarié de De Gray. Une vision mentale qui aurait pu le faire sourire mais qui ne sut détrôner cette impression que son vis-à-vis se défilait encore. « Rose, tu ne veux pas t’assoir et laisser les autres faire ? » Pauvre indocte encore persuadé qu’il ne serait pas le seul à se porter baguette forte. Ou plutôt qu’il avait été l’unique spécimen qu’elle n’avait pu congédier car totalement imprévu. Mais la pause dont fit preuve sa comparse l’intrigua, bien qu’il l’attribua encore à la fatigue. Et il accueillit avec calme les excuses de ses collègues. D’apparence alcyonien mais à l’intérieur contrit autant que peiné pour naïade. Même si pour certains les excuses était valable, et pour que certaines leur absence préférable – autant qu’il compatissait avec les jaunes de ne vouloir se farcir une vipère -, d’autres le soufflèrent. En parallèle, il ne saisissait pas la légèreté avec laquelle Rose voyait les choses. Elle qui normalement possédait amplement les pieds sur terre, souveraine mère de sa ruche qu’elle guidait au doigt et à l’œil, semblait omettre qu’un déménagement n’était pas une mince affaire. D’autant qu’il était primordial dans sa situation ; pour elle, pour son bébé, pour Marcus. De Gray s’était-il pris tant de cognards que ça sur la caboche pour oublier qu’il avait désormais à assumer sa famille ? Un ris amer vint border les lippes de l’ausonien. L’humour dont faisant preuve l’impératrice des jaunes n’arrivant point jusqu’à lui. Trop navré par l’inconscience dont tous semblaient faire preuve auprès de la situation physique et mentale de Rose. Pourtant, à sa demande, il soupira enfin. Sa main tendue vers une chaise de bureau non loin – surement celle d’une colocataire car non encombrée par les affaires à ranger de Rose. L’assise pivota de rif et vint léviter jusqu’à lui où elle se reposa sur le parquet avec délicatesse. Il en tapota aussitôt le dossier, le minois teinta d’une autorité bienveillante – et presque paternelle. « Je vais surtout me charger de tout. Pendant ce temps, assis-toi. » Son timbre était doux, contrastant avec la défiance embusqué dans son regard. Il était scient qu’il avait à faire à une tête-de-mule, d’autant plus qu’il compatissait à la volonté d’indépendance de la fleur. Mais il ne pouvait rester aveugle sur sa fatigue. Prêt à assumer l’échappée des autres s’il le fallait. Bien que conscient qu’il s’apprêtait à faire face à un refus qu’il préféra court-circuiter, toujours avec sérénité et aménité : « S’il te plait, ne sois pas bête et inconsciente comme les autres. Eux ne sont pas connus pour être très intelligents de base. Pas toi. Alors sois raisonnable. Pour ta santé et celle de… » Ses orbes vacillant au ventre rebondi avant de remonter jusqu’aux prunelles de la marquise. L’embarras de ne pouvoir clôturer sa phrase colora légèrement ses joues. Constant soudainement qu’il n’avait jamais vraiment porté d’intérêt à l’être qui grandissait là. Il ignorait à la fois son sexe, et le nom qu’il s’apprêtait à porter. Il n’était finalement pas mieux que ceux qu’il estimait coupables pour leur lacune d’égards envers Rose. |
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Re: une bouteille à la mer. (rose)
Ven 12 Juil 2019 - 15:36
@darius belby & @rose coldridge
Une bouteille à la mer
Contrairement à son pelucheux camarade, Rose n’avait pas hâte de quitter le château. Lui aurait on posé la question quelques semaines auparavant, son ressenti aurait été tout autre : il y avait peu encore, tout était parfait. Elle n’aurait quitté le château que pour un nouveau royaume, un bel appartement aux frais des parents De Gray, ou elle aurait été reine en sa demeure, Marcus au petit soin pour elle et l’Héritier. Elle aurait terminé tranquillement son année avec les honneurs, pour enchaîner avec une trêve estivale bien méritée et enfin une rentrée pleine de promesses professionnelles. Aujourd’hui … c’était plus compliqué que cela. Point de chevalier servant ni de fief attitré à présent, juste la promesse de nombreuses nuits sans sommeil et des soucis qui s’amoncelaient comme flocons en janvier. Enfin, de toute façon, elle n’avait pas spécialement le choix de son destin sur le court terme, alors autant faire de cette nouvelle étape un passage le moins douloureux possible… et le rangement l’aidait à calmer ses angoisses, ses inquiétudes. En d’autres temps, elle se serait probablement vengée sur le sport ou son alimentation, rendant son entrainement plus strict, la pesée de ses aliments plus précise, mais avec le bébé, elle ne pouvait plus violenter trop ouvertement ce corps qui ne lui appartenait plus tout à fait. La proposition de Darius lui allait droit au coeur, vraiment, mais elle ne pouvait pas se permettre de s’asseoir, ne serait ce qu’une minute : si le sang d’encre qu’elle se faisait n’était pas concentré dans ses muscles engourdis, il allait remonter dans son cerveau et teindre ses idées de noir. Et personne, vraiment personne n’avait besoin que Rose Coldridge devienne irritable.
- Oh, tu peux bien me faire les gros yeux mon grand, il est hors de question que tu poses tes pattes sur l'intégralité de mes affaires. Descends et referme les cartons si cela te fait plaisir, tiens, mais certains de ces livres et de ces outils sont tellement précieux et fragiles que j’ai peur que tu les casses juste en les regardant.
Elle exagérait bien sur, mais c’était là sa manière de faire passer son message, alors que Darius ne semblait pas bien convaincu des excuses qu’elle lui servait quant à l’absence de leurs compères. Qu’il ne réplique pas la rassura doublement ; D’abord les rumeurs – affabulatrices ou non – sur les raisons de l’éloignement entre Marcus et elle n’avaient pas fait leur chemin jusqu’à ses oreilles. Ensuite, il ne cherchait pas à creuser et lui tirer les vers du nez sur les véritables raisons de leur absence, bien qu’il sentit qu’il y avait un loup. Un loup oui, c’était le cas de le dire, ou plutôt un ours, un balourd d’ourson qui avait décidé de promener la patte dans le pot de miel d’un autre… Bref. La dernière remarque du grand brun lui fit pincer les lèvres et tordre le nez. Raisonnable, elle l’était, souvent, parfois trop, c’était bien là son moindre défaut, quant à l’inconscience… elle en avait fait les frais il y a plus de six mois maintenant, et maintenant, elle payait. Cher.
Dans un soupir un peu théâtral, elle se laissa tomber sur son lit, les bras croisés. Elle laissa le silence s’installer entre eux, bataille de regards qui faisait monter le rouge sur les joues poilues de son ami, et qu’elle prolongea avec délectation jusqu’à ce qu’elle décide de l’avoir bien assez fait mariner comme ça.
- Ok ok, bon … tu peux débarasser ma malle de quidditch et mes classeurs de révisions si tu veux, il y a des cartons encore inutilisées sous le lit … et s’agissant de ma santé et du « truc » dans mon ventre, sache que la médicomage qui me suit m’a dit que j’étais en pleine forme et que j’étais un modèle pour une première grossesse.
Elle levait le menton d’un petit air fier et satisfait : elle se raccrochait bien à ce qu’elle pouvait, la découronnée.
- Et c’est un garçon. Je ne l’ai pas dit à grand monde pour le moment mais… Oui, c’est un garçon, c’est sur et certains. Il devrait arriver en fin avril … Tu te rends compte ? Ça va arriver tellement, tellement vite.
Très vite. Trop vite à son goût, d’ailleurs...
- Spoiler:
- Avec toutes, toutes, vraiment toutes mes excuses pour ce délai, j'ai honte, vraiment
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Re: une bouteille à la mer. (rose)
Sam 13 Juil 2019 - 20:33
— La belle naïade cachait sous ses traits qu’une démone aux hormones changeantes. Néanmoins, le Belby était bien habitué à ces gorgones. Jeune mâle alpha ayant grandi dans une troupe de femelle et leurs sautes d’humeurs bien caractéristiques. Toutes italiennes qui plus est –niveau caractère, il avait été servi. C’est avec ces connaissances de la gent du beau sexe, qu’il ne fut accablé d’aucune surprise au refus du spécimen en vis-à-vis quand il proposa son aide. Cette réaction étant encore moins surprenante quand il savait que l’abeille s’apparentait à la sous-espèce des petits chefs. Jamais la sultane ne déléguait. Trop éprise de son besoin de contrôle. Seule à mener la barque. Même lorsqu’elle ne portait guère la couronne en public. L’habile créature s’avérait dans ces cas capable de se contenter du costume de l’homme de l’ombre. Après tout, c’était dans sa nature, Rose avait toujours su être une leadeur. Et jusqu’ici, l’apprenti d’Asclépios reconnaissait de lui-même qu’elle n’avait jamais failli dans ses tâches. Mais justement : tout se mesurait dans le jusqu’ici. L’ignare de la misère de l’Eve s’autorisa pour une fois le droit de la critique. La Coldridge, malgré son expérience, semblait bercée de l’oubli d’un détail : sa situation impliquait de ses nouvelles faiblesses. Physiques notamment, bien qu’un épuisement psychologique était surement accompagnateur de son homologue. Et encore, il n’en avait pas idée. C’est cette contribution empêchait le rital de faire le dos rond. Lui pourtant si docile à l’accoutumée ne pouvait pas lui permettre de prendre de tel risque. Convaincu d’autant plus quand le bistre loucha sur la silhouette de la jaune. Caressant de ses pupilles ce ventre si rebondi qu’il se demandait si le petit polichinelle n’était pas prêt à s’expulser au moindre effort. Et Marcus n’était pas impressionné par cet état ? se sidérait-il, presque apeuré pour sa part. Des craintes à l’arrière-gout de ressouvenance de l’absence de ce dernier ; quel l’inconscient franchement… Confronté ainsi à l’état de santé de la mousmée, il prit sur lui et contra front à l’assurance de la belle. Ne déviant pas ses orbes des siens, bien que l’expérience lui déplaisait fort. En parallèle notifiant qu’aux vues de son adversaire, il devrait la jouer fine avec elle. Et pris la décision de débuter stratégiquement par acquérir sa confiance. « Hé, ce n’est pas parce que je traine avec les autres animaux que je suis comme eux. Tu pourrais presque me vexer tu sais, taquina le plus doux timbre de sa voix. » Ceci n’était par ailleurs que la vérité, la mangouste étant terriblement soignée et maniaque. Cependant, il n’avait aucune envie d’argumenter sur ce point. Optant plutôt à joindre ses efforts dans la volonté de domestiquer la fleur. Même s’il savait que ce serait difficile. Il ne se faisait aucune illusion derrière sa chaleureuse risette. La poursuiveuse était exactement de la même trempe que ses tantes et sa mère. Sa mère… Une idée germa ; il savait comment faire appui sur la conscience de l’ancien rossignol. Son rictus atteint alors son déclin, marquant le début de son laïus de raison. Orémus pertinent où il actionna le levier qu’il sut par avance efficace : jouer avec l’instinct maternel de l’Amazone. Il était notoire qu’une lionne ferait tout pour protéger son petit. Rose n’en serait certainement pas l’exception. Toutefois, malgré l’habilité du stratagème, sa maladresse quant à la grossesse de son amie transparut dans son argumentaire. Les enfants n’étaient pas forcément son dada, d’autant que celui-ci lui rappelait son absence auprès des ex-frères de la vieille époque. Brasillant ses joues d’une teinte nacarat. Cependant, son appel à la modération prit un certain temps à éclore. La belle lutant avant de faillir sur son lit. Le souffle long. Trop pour lui, tandis que son visage picotait un peu plus sous la chaleur. Avec difficulté, le brun se retint de faillir et abandonner sa demande. Il haïssait se mêler des affaires des autres. Le sadisme de l’épineuse le menant même jusqu’à deux doigts de la capitulation, avant qu’elle ne s’avoue vaincue. Au grand soulagement du latin. Bien trop généreux et doux pour les diablesses de la trempe de la Coldridge. Il notifia en parallèle les vanités que la sportive annonçait sur sa grossesse. Conservant pour lui-même son soupir ; Rose resterait Rose finalement. Parfaite en tout point. Mais jamais spontanée, déplora-t-il. Sans pour autant émettre ses pensées à voix haute. Prenant même le contraire, avec un peu de tact –et d’hypocrisie- pour bêtement hocher la tête. Les coussinets s’égarant en direction de son lit. « Le contraire m’aurait étonné venant de ta part. » Un sourire chaleureux fendant ses lèvres aussitôt aux confidences. « Fin Avril ? Une très bonne date, plaisanta-t-il même avec légèrement. » Sans vraiment y croire, juste parce qu’il était issu de la même période. En quelque sorte son auto-private joke, avant qu’il n’invoque d’un Accio l’un des cartons logés sous le matelas. Il sentit pourtant qu’il ne pouvait s’arrêter dans ces quelques phrases. Intrigué par ses derniers mots de belle ; la sonnette d’alarme pour cet habitué des Aphrodites. Ses iris longèrent alors les traits de son interlocutrice. Interrogeant un instant, silencieusement, cette dernière. Etait-ce lui ou le masque de la reine venait de se fissurer quelque peu ? Cela ne ressemblait pas au vaillant brin de femme qu’il connaissait. Lui intimant un peu de compassion. Ainsi que de l’aménité. « Et il parait que ça grandit encore plus rapidement. » Une moue sincère, et quelques secondes de pause lui laissèrent le temps de calculer une suite à ces quelques mots : « Honnêtement Rose, tu t’es jusqu’ici occupée avec brio d’un grand enfant. Et Marcus est loin d’être une mince affaire comparé un bébé, crois-moi. Tu feras une excellente mère. » Ses griffes s’accrochèrent au carton pour commencer à le déplier, bloquant habilement chaque coin pour obtenir la forme de petit coffret. « Juste, pour le bien de la communauté, je t’en supplie, fais que cet enfant ne soit trop influencé par son père. Un seul nous suffit. » Quelques notes d’humour sans savoir qu’il n’enfonçait qu’un poignard dans une plaie déjà béante. Indocte, il préféra même continuer sa tâche. Minutieux, et organisé. Tournant soudainement la tête, pour mignarder l’horizon en quête de quelque chose. « Tu n’aurais pas un marqueur à tout hasard ? » |
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Re: une bouteille à la mer. (rose)
Mar 6 Aoû 2019 - 17:32
@darius belby & @rose coldridge
Une bouteille à la mer
Malgré les estocades verbales qu’elle lui infligeait, Rose ne pouvait nier que la présence de Darius avait quelque chose de réconfortant, à la manière d’une énorme peluche humaine contre laquelle on pouvait se laisser aller. En dehors de Gabriel – qui était son presque frère, son ami d’enfance, rien à voir, donc avec le discret italien-, il était l’un de seuls membres de son entourage à ne pas répondre à la provocation par plus de défi. Rose s’était construite dans l’affrontement, passif comme agressif, à montrer des crocs pointus derrière ses sourires éclatants, des griffes cachées sous ses ongles manucurés. Sauf qu’avec Darius, elle n’avait pas besoin de chercher la bagarre, ou plutôt, il ne lui donnait pas l’occasion de la trouver. Aussi, la reine des abeilles se retrouvait à bourdonner dans le vide, et son aiguillon ne trouvait aucune chaire à tourmenter. Cela la décontenancerait presque, autant de calme. Elle souffla, un peu à la manière d’un ballon qui se dégonfle, à la différence près que son volume et sa circonférence à elle ne bougèrent pas d’un iota.
- Ca va, ca va … J’imagine qui si tu es aussi soigneux pour ranger les cartons que pour faire des points de suture, je devrais être rassurée pour mes effets personnels…
Un semblant de compliment, sous une couche d’opiniâtreté, Rose était là au maximum qu’elle pouvait offrir pour le moment, alors que son ventre tirait dangereusement vers le bas. Elle savait que Darius avait raison, et cela l’agaçait prodigieusement de se voir diminuée ainsi. Que le barbu lui concède qu’elle était probablement un modèle lui fit dodeliner la tête d’un air fat de circonstance, mais qu’elle savait surjoué. C’était difficile, avec les hormones, avec la vérité, de trouver le masque le plus adéquat à sa situation, alors elle préférait en faire des tonnes, des caisses, des plâtrées, des louches entières plutôt que de laisser entrevoir les failles. Idem quand il valida la date de naissance, comme si elle l’avait choisi elle même. C’était un trio de Parques aussi facétieuses que cruelles qui avait décidé de faire naitre son agneau pour Pâques, un ange d’innocence fruit d’une nuit coupable.
- Oui hein ? Comme ça, tu n’auras pas d’excuse pour y penser chaque année et le couvrir de cadeaux, je pourrais donc t’en vouloir personnellement si jamais tu commets un jour cet impair.
Qu’il parle de l’Après, et Rose roulait des yeux. Elle commençait à se languir de l’après, justement, de ce jour béni où magiquement, son corps allait à nouveau lui appartenir en plein, ses jambes s’alléger, son ventre s’aplatir, sa cyclothymique humeur s’estomper… Mais après, quoi ? L’enfant ? Le déluge. Elle n’avait rien dit à personne, ou presque. Si peu de gens savaient, et elle allait devoir se débrouiller toute seule avec cet enfant qui grandirait si vite, comme il le disait. Elle déglutit, baissa les yeux. Darius avait du se rendre compte de son trouble, puisque déjà il tentait de la réconforter, un peu, lui rappelant qu’à sa manière, elle avait élevé Marcus au rang de l’homme qu’il était à présent. Il avait raison, mais elle en était navrée : il voyait cela comme un compliment. Elle savait qu’elle avait fait de Marcus l’homme misérable et malheureux qui à présent l’évitait soigneusement dans les couloirs, et refusait de répondre à ses supplications. Marcus qui maintenant devait se dire qu’il aurait préféré ne jamais, jamais la connaître, et cette pensée serrait un peu plus sa gorge, appuyant sur ses cordes vocales. Le bébé devait sentir le désarroi de sa mère, et vint se lover au plus près de ses os, battant doucement la mesure de son coeur avec ses petits pieds. Un sentiment étrange et réconfortant, qui permit à la blonde de répondre d’une voix presque neutre.
- Je ferais de mon mieux. C’est tout ce que je peux promettre pour le moment. Ça et de l’aimer plus fort que quiconque d’autre.
Elle ne répondit pas à la boutade du sorcier, serrant si fort les dents qu’elle crut presque les entendre craquer les une contre les autres. A moins que ce soit sa mâchoire. Clairement, non, elle ne laisserait certainement pas le père influencer son fils plus que le strict minimum. Elle avait déjà du mal à se dire qu’elle allait devoir composer avec ce géniteur là, alors… Mais ça, il ne pouvait pas le savoir… Il ne le savait pas, hein ?
- bien sur, dans le pot sur le bureau. Il y en a de chaque couleur, si en plus tu veux t’amuser à ça.
Elle lui indiqua les outils d’un geste rapide de la main, avant de revenir à son aide inespéré, à la recherche d’un sujet qui ne concernerait pas de près ou de loin le De Gray qui manquait à son décor :
- … Tu as trouvé ton stage, pour cet été ? Tu restes à sainte Marie, toi aussi ?
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Re: une bouteille à la mer. (rose)
Mar 13 Aoû 2019 - 9:44
— Les chatouillements de dépit s’essoufflèrent quand furent vaincues les séditions de la flave. Une houle de soulagement étreignant les artères latines avec malice. L’éphèbe ne put en réprimer l’empreinte de sa reconnaissance sur son visage. Une grâce nécessaire faite à Merlin et toutes les forces ayant shunté son adversaire. Car il n’avait clairement guère envie de lutter. Pas avec Rose. Non pas à cause de ses épines toutefois, mais d’une considération affective pour celle qui avait été son égide en tutorat. Puis, il restait préférable d’éviter toute rixe avec une Eve au bord du terme de son Caïn. Après tout, seul un dément irait titiller une boule d’hormones en des jours pareils. Les dangers étant doublés par la perfide intelligence de l’abeille. Cependant, le rital n’ignora point qu’une Rose Coldridge qui cédait impliquait une potentielle frustration. Dans le but de la désarmer il n’hésita guère aussitôt à plier l’échine. Lui laisser croire -hypocritement- sa supériorité. Car même si Icare avait flirtait très longtemps dans les airs, ses courses éthérées ne lui avaient fait perdre sa science concernant les Venus. « Je dois la perfection de ma technique à ma tutrice dévouée. » Un timbre chaleureux guidant l’abeille au miel de son discours. La mangouste ajouta à son appât une risette pour que les propos soient pris pour simple brocard affectif - s’ils n’endormaient la jaune. Le maître des pirouettes usant ici de l’expérience acquise au cours de ses solstices avec les dames de son lignage. Puis vint la répartie à son propre humour. Ses fossettes dévorèrent ses joues, bien que l’embarras tapissait le creux de leurs vallons. « Crois-moi que tu n’aimerais pas les cadeaux que je pourrais lui faire. » Ou plutôt, l’ausonien ne tarissait aucune hâte à lui en faire. Il n’étayait d’ailleurs aucun désir à devenir figure familière du petit De Gray. D’autant que bercé aux songes de sa future carrière sous l’hospice d’autres méridiens planétaires, l’illusion était vaine pour son bistre : bientôt il serait même pour les parents de l’enfant un fantôme du passé. Malgré la peine, il abandonnerait dans son sillon beaucoup de ces figures, déjà retrouvées par une fois, au lendemain de son diplôme. Après tout, conserver au port britannique sa barque le tuerait ; il en était certain. C’est alors que l’ébranlement de la mine infatuée de la fleur le perturba. Acuité des orbes de l’herpestidae sur le doux minois de son acolyte, le britannique la mignarda d’intérêt respectueux. Noyant dans le silence les questions à ces humeurs sibyllines. Si le rossignol voulait parler, elle le ferait. Mais pas une complainte ne s’étira de ses lippes. Ainsi cadenassées à double tour, il ne se sentait de crocheter ces serrures. Surtout qu’il n’était certainement pas la personne la mieux placée pour cette tâche -ombre du passé, ne sonnant à la porte de la blonde par intermittence. Toutefois, la décision au motus offrait également une main tendue à sa façon. Qu’elle refusa, sans qu’il ne l’en condamne. Il comprit alors que la seule aide qu’il pouvait lui fournir était de s’atteler à sa besogne. De rif, ses pattes cognèrent le parquet pour dévier jusqu’au pot qu’elle lui indiquait. En un claquement de doigt, l’un de ses occupants lévita j’interrogation sur son avenir. Un instant de flottement s’étiolant avant qu’il n’avoue avec calme, la cime déviant jusqu’à la malle de Quidditch qu’il avait à ranger : « Pour le moment je n’ai rien. J’aimerai beaucoup intégrer Sainte Mangouste. J’ai quelques contacts en interne que je compte solliciter prochainement. » Dans sa caboche, se dessinant le doux faciès du reflet de son âme ; Kashmiri Sanahuja. Le mousse d’Asclépios avait souvent envié la position de son aîné des études. Notamment sa place au sein dudit service qu’il convoitait. Mais un second doute s’emmêla au fil de ses pensées. La sage mélodie d’une seconde caduque collègue, Murphy Fraser. L’angliche s’agenouilla auprès de la malle à ranger, qu’il déverrouilla aussitôt. Découvrant là une multitude d’équipements, rangés avec une minutie qui étira son labre. On aurait dit sa propre armoire. « J’ai quelques réticences à le faire aussi là-bas. On m’a souvent dit qu’il fallait un maximum se diversifier, pour voir tous les services et ensuite se faire une idée. Donc peut être réserver cette année à une autre opportunité serait intéressant. Je ne sais pas. » Mangouste trop raisonnable bien que convaincue de son choix initial. Ses mains s’agrippèrent au carton à ses côtés. Le posant sur ses genoux, il en griffonna la surface pour indiquer le contenu qui occuperait son volume. Avant que le havane ne retourne aux billes mordorées de la belle. « Et ta thèse, comment ça avance ? Tu es en phase de rédaction je présume ? » L’italien se réservant de la question sur la difficulté à poursuivre de tels travaux compte tenu de la situation de son interlocutrice. Il ne fallait pas être stupide pour s’imaginer qu’allier les deux était loin d’être une évidence. Au même moment, ses prunelles rechutèrent au carton qu’il s’apprêtait à déplier. Mais à la vue de sa propre écriture, il grimaça. Spectateur de vaguelettes dont les seules boucles étaient si petites qu’on en distinguait à peine les lettres. Un soupire s’égara sur son labre avant qu’il ne présente son œuvre à Rose. « Je crois que ce serait mieux que ce soit toi qui écrive en fin de compte. » Mais au moins, il possédait déjà les aptitudes graphologiques du Guérisseur. |
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Re: une bouteille à la mer. (rose)
Ven 23 Aoû 2019 - 16:59
@darius belby & @rose coldridge
Une bouteille à la mer
Les flatteries de Darius permettaient à Rose de faire jaillir son sourire de circonstance, presque avec soulagement. Il lui facilitait la tâche sans le savoir, à badiner ainsi. Il lui était plus facile d’épingler le masque sur son visage quand il s’agissait de faire la belle, l’étincelante, l’infatigable, bref, de faire du grand Coldridge de chez actor studio. Elle était plus à l’aise dans l’exercice de l’exagération en ce moment qu’à apparaître comme plus pondérée. Elle avait l’excuse des hormones, en usait et en abusait pour éviter les situations trop intimes, les questions qui fâchaient ou se fichaient dans son coeur en mille morceaux, qui ne semblait tenir que par une sorte de miracle kintsugi. Elle le savait, si Darius avait pris le temps de s’asseoir à coté d’elle, de passer son bras autour de son épaule et de lui poser les vraies bonnes questions, elle n’aurait pas eu la force de lui mentir plus de trente secondes avant d’exploser en sanglot. Elle lui aurait surement tout balancé, sa rupture avec Marcus, son incartade avec Caël, la rupture, la solitude, la peur de l’inconnu, Jaïna et Jazmin qui ne se décidaient pas à se pointer pour l’aider, ses amitiés et ses certitudes qui s’effritaient comme du sable entre ses doigts…
Mais voilà, Darius semblait avoir pris son parti de ne pas creuser, et ce n’était sans doute pas plus mal comme ça. Leurs échanges resteraient en surface, comme souvent. L’italien devait avoir du nez pour ne pas aller le fourrer dans les affaires des autres.
- Bien sur que si, il serait tellement mignon à 10 mois sur une petite moto en bois, puis à un an avec une minuscule veste en cuir avec des ailes brodées dans le dos… Et je suis persuadée que tu serais plein de ressources.
Rose hocha la tête quand il lui avoua ne rien avoir encore de prévu : ce n’était pas bien grave en réalité, après tout il avait encore de quoi voir venir pour cet été, et surtout, il allait rempiler pour une année par la suite, contrairement à elle qui voyait la fin de son cursus arrivé à grand pas. A cette idée, elle ressentait un mélange peu orthodoxe d’impatience et de frustration ; Elle avait hâte de soumettre sa thèse auprès de professionnels, le fruit d’un dur labeur de plus de trois ans, des réflexions qu’elle avait tiré de nuit entière de lectures plus pointues les unes que les autres, jusqu’à en friser le ridiculement obscur et conceptuel. Elle regrettait que ces derniers mois se passent si différemment de ce qu’elle avait toujours prévu : dans ses plans, les cartons qu’elle était en train de faire seraient annotés de l’adresse de l’appartement de Marcus. Dans ses plans, il serait là à plaisanter avec eux, à faire mumuse avec un souaffle ou à lui chatouiller le ventre. Dans ses plans, elle l’aidait à relire sa thèse, l’encouragerait à trouver un meilleur stage que Caël rien que pour l’emmerder. Dans ses plans au final, ils étaient tout simplement encore ensembles. Merde, elle avait à nouveau envie de pleurer. Alors que Darius baissait les yeux sur les cartons pour écrire, elle se pinça douloureusement l’intérieur du coude pour chasser les larmes qui perlaient à ses yeux, battant des cils pour les assécher au plus vite. Donner le change, voilà tout ce qui comptait.
- Sainte Mangouste ? Et pourquoi pas Sainte Marie, une envie de te frotter au monde des pathologies londoniennes ? Cela dit, pour avoir faire les deux, je ne peux que te le conseiller, c’est immense, il y a des praticiens fantastiques, c’est très formateur… Cela dit, avec ton coté fils de l’air, je t’imaginais plus partir dans un séminaire au fin fond de je ne sais quel pays exotique pour aller soigner des gens là bas …
Taquine, pour éviter qu’il remarque la détresse dans ses yeux. Réactive, pour ne pas laisser de blanc susceptible d’être comblé par une autre question.
- J’ai même fini la rédaction pour tout te dire, j’en suis à la phase de relecture et d’édition. Avec la présidence de l’AESH cette année, je savais que je risquais d’être bien occupée, alors j’avais pris de l’avance cet été… Grand bien m’en a pris, parce que je ne sais pas comment j’aurais fait pour tout gérer de front, sinon. elle se tapota le ventre * Normalement tout sera imprimé et relié avant la fin du mois, ce qui me laissera largement le temps de pouponner et potasser ma présentation orale pour la fin d’année…
Elle claqua la langue, et une de ses plumes à papote se transforma en stabilo à papote, inscrivant nom, prénom et contenant des cartons sur chacun d’eux avec la même écriture fine et soigneuse que sa propriétaire, que balaya les placards vides du regard. Mince, cela n’avait pas pris tant de temps ni de cartons que cela finalement. Sa vie se résumait donc à, quoi ? 10 grosses boites, touts sujets confondus ? Là encore, elle ne savait pas si elle devait en rire ou en pleurer.
- Et bien… Je ne peux que saluer ton efficacité et… Te remercier d’être venu. C’est vraiment gentil.
- InvitéInvité
Re: une bouteille à la mer. (rose)
Lun 26 Aoû 2019 - 13:46
— La chaleur d’une risette drapa ses lippes. Leur octroyant des teintes tendres non pas pour l’image mentale que le britannique se fit du futur petit De Gray, mais pour les égards de la Summerbee à sa personne que cela trahissait. Touché par l’attention de la Coldridge, bien que la Venus s’appuyait sur l’aspect biker connu de tous chez le rital. Surement un rien pour autrui, mais qui étreint les artères du barbu avec délicatesse. Un de ces sibyllins pouvoirs des infantes d’Eve. Le rendant sous cette dilection un peu moins transparent –bien qu’un brin caricaturé. « J’y réfléchirai dans ce cas. » L’intégralité de la douceur de son âme se refléta au travers de ses réactions quant à sa comparse. L’ausonien n’était point aveugle pour ignorer qu’une chose la turlupinait. Pourtant, son impuissance lui liait les poings. Démuni pour s’établir épaule sur laquelle pleurer. Surtout qu’il accordait ces humeurs à l’exode de la blonde. Loin de ses pas estudiantins, pour s’engouffrer dans les limbes de l’existence adulte. Ajoutant, aux craintes de ce changement, un bon cocktail d’hormones qui ne devait alléger sa détresse. Il ne lui subsistait finalement que la compassion –bien qu’il n’avait guère encore idée de l’ampleur désarroi son acolyte. Néanmoins, cette ignorance n’était peut-être qu’un mal pour un bien. Après tout, Rose tenait bien trop aux apparences. La pousser à divulguer ses tribulations, admettre son imperfection, et ne contenir la pitié pour son histoire ne l’aurait surement plus blessé que rassuré. La mangouste s’en convainquit tout du moins. Laissant la conversation bifurquer alors sur la distraction offerte par la jaune. A nouveau étirant le labre de l’éphèbe avec agrément tandis que des bigarrures incarnates s’installèrent sur ses pommettes. Il lui dévoua les reflets mordorés de ses iris, qui pétillèrent d’une amabilité certaine. « J’y ai pensé. Mais on m’a fait remarquer que les pathologies dans l’humanitaire dépendent beaucoup de la zone où on est affecté. Si je pars en Zambi, je me formerais en spécialiste de la zone. Pour des cas d’empoisonnements de leur faune ou flore notamment. Mais si on vient à me muter en Mongolie, je ne serais certainement aussi efficace qu’un infirmier lambda. On a la chance que les anglais aiment ramener en plantes de nombreux specimens rares –et pas toujours légaux, admit-il dans un rictus taquin –scient que c’était là une grande habitude de sa propre génitrice. Et ils sont très inventifs en potions. » La question de ses demains avait été en effet bien étudiée depuis des mois de ça. L’herpestidae fonctionnant à l’idée unique d’avancer constamment, qu’il avait échafaudé ses plans sous l’égide d’anciens mentors en Ouganda. Malgré ses sacrifices : cette sédentarité d’une paire d’an qui le cloitrait à Londres. Mais cela en valait la peine. Comme souligné par l’abeille : Sainte Mangouste était un savant melting pot des panacées où rodaient de nombreux spécialistes. Un temple du savoir dont le motard ne rechignerait aucunement. Cependant, pas politesse –et vrai intérêt-, il rendit ses interrogations à la Vénus. Profitant de ses réponses pour déplier sagement quelques cartons de plus. L’admiration berçant et perçant son cœur par ailleurs. Car, même si la fleur se définissait sous un certain nombre de traits péjoratifs : peu spontanée, trop directive, pimbêche à ses heures perdues –mais loin d’être la pire-, elle était également une femme forte. Endurant les aléas de la vie, en les assumant de son port de tête altier. Jamais ce joyau du sexe faible ne s’était ébréché sous le stress ou toute besogne qui se présentait à elle. Tout du moins pas qu’il sache, ce qui intimait tout son respect. « Je vois. Je me répète mais : tout va bien se passer. Je ne m’en fais pas pour toi. » Puis la mousmée lui dévoua son aide, invoquant une de ses plumes à papote pour pallier aux gribouillis incompréhensibles de son camarade. Ainsi tous deux à la tâche, le rangement ne leur fit dépenser guère beaucoup de temps. Epaulés par la magie, tout en profitant pour la part de l’Adam de son excellente maitrise pour les sortilèges ménagers –le seuls surement qui ne le posaient jamais soucis. Mâle maniaque souvent raillé, mais au moins utile et efficace dans certaines circonstances. Ce fut lorsqu’il finit d’entasser l’ultime boite sur ses homologues que sa partenaire lui énonça sa reconnaissance. Mais des remercîments pour lesquels son menton se mut à la négative. « Pas la peine, Rose. N’hésite jamais à me demander quand tu en as besoin de quelque chose. » Jaugeant cependant la pile qui l’accotait, l’angliche ne put restreindre une hésitation : « Et si tu as besoin d’aide pour déménager tous tes cartons, je peux aller chercher un sac sans fond et amener tout ça en moto chez Marcus. » Mais il ne cueillit là encore qu’un refus. Net. Dissimulant sous une dernière formule de politesse un abscons empressement que l’italien ne sut saisir. Mais encore une fois, passant ce constat sous silence. Alors, il disposa derrière une mine bienveillante –et quelque peu peiné de son inaction malgré lui. Des notes d’inquiétude qui transparaissait. Plus fortes que lui. Signe de son essence trop altruiste. Trop gentil. Ce jour-là, les dieux reçurent ses prières : que Marcus assume sa fiancée, et se charge l’assister comme un homme. |