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stolen soul. (tiki)
Dim 23 Juin 2019 - 10:02
— Le quotidien était vêtu d’une marinière à la pré-estivale palette. Amphithéâtres et morsures de l’astre solaire. Les rires sur les lippes et jupes voilant les cuisses des dames. Tous susurrant le même appel : vacances, venez à moi. L’équation comptabilisait cependant leurs geôliers, implacables gardiens temps de liberté ; les examens. Hungcalf se parant sous les premières lueurs de Juin d’une effervescence étudiante. Studieuse. Attifée d’une queue embourbant aux aurores les portes de la bibliothèque universitaires. Au creux de cette période, maître mangouste s’aventurait rarement aux horizons limitrophes du campus. Confiné par lui-même en tête à tête avec ses propres insuccès. Scient de n’avoir jamais été un mirifique élève. Bien trop têtu pour être domestiqué par le fouet de l’enseignement théorique. Et pourtant, à sa propre initiative, ses pattes s’étaient enchevêtrées dans les draps du roi d’Epidaure. Un comble de l’ironie. Pire étant que l’espièglerie du sillon menant à sa future vocation se gaussait de lui. L’encombrant dans ses majeures de l’art des Sortilèges. Il n’y avait aucune justice dans ce bas monde. Et vaines furent les prières pour une mansuétude divine. Il ne lui restait que ses bouquins, sa patience et s’affairer à la besogne pour acquérir ses lauriers. Cette morne phase fut synonyme de son absence au garage des Satan’s Wheel. Un sacrifice pour cet assoiffé d’asphalte. Fielleux par le désir inassouvi de voguer aux quatre vents. Mouchardant le bitume de crissements de pneus et des grasses risettes de ses oncles bourrus. Sa seconde famille adepte de la vitesse. Des fêlés du cétane. Alors, quand les devoirs estudiantins s’étiolèrent, les droits au bitume n’attendirent guère. Chevauchant le palefroi mécanique, le moteur ronfla jusqu’à la périphérie d’Inverness. Goutant à la liberté dûment gagnée. Tous zéphyrs chaloupant le long de sa silhouette. Son thorax brasilla. Il était revigoré, il était vivant. Cependant, quiconque ne pouvait prévoir l’horreur qui l’attendait. L’horreur qui veillait. L’horreur qui l’estropierait. Bercée entre ces murs de taules, démunies leurs ornements et fières allures. Là où ne régnaient plus que les fantômes du passé. Quelques traces de luttes, des impacts de sorts, du sang. Et le silence. Ses pas firent échos dans cette antre déchue des Satan’s Wheel. Dépouillée de tout. Un plomb dans l’estomac, un autre dans la poitrine. Pourtant le bagnard avait compris qu’une tempête s’était déclarée. Rien qu’à son approche de l’endroit. Quand une onde circulaire s’était émanée du bâtiment. Bousculant l’éther sur son passage et gravissant son propre corps sans dommage. Un sort de protection. Sa cime se détournant à ce passage. Détaillant du bistre les alentours. Il avait perçu une voiture tout juste s’acheminant au coin de la rue. Mais dont toute cinétique fut stoppée à la rencontre du sibyllin flux. Des secondes suspendues dans cette immobilité avant que le capot ne ronronne dans demi-tour immédiat. C’était une protection anti-moldu. La scellée placardée sur la porte l’avait aussi averti. Désignant le fier logo du Ministère de la Magie. En cours d’enquête, paraissait-il. Mais pour le motard ce n’était qu’un cri de despotisme. Ses griffes encore maculées d’encre arrachant l’abject sceau pour pénétrer dans les lieux. Depuis, il errait. Hébété. Vaseux. Le contrecoup de la découverte. Des esquisses de l’anéantissement. Soumis au bourdonnement sourd dans son crâne. A la lourdeur de ses membres, et l’asphyxie qui contractait sa gorge. Ses coussinets s’activaient sous la candide espérance qu’au détour d’un recoin un de ses frères s’avance. N’hurle à la surprise avant de le railler, la gorge déployée, pour son incrédulité. Sa peur. Ce côté fillette dont ces grandes brutes aimaient le taquiner. Mais ils n’étaient pas farceurs de cette manière les Satan’s Wheel. Pas aussi méticuleux. Ils n’étaient juste plus… |
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Re: stolen soul. (tiki)
Lun 24 Juin 2019 - 2:24
— Trois mille sept-cent onze. L’ecchymose brûle ton épaule, seule sensation dans ton être hypersensible. Ton épiderme semble capable de percevoir le moindre battement de l’air, pourtant ton corps, te semble bien vide. Il n’y a que les secondes qui s’écoulent, longues et insensées. Le souffle creux, tu vois la poussière se soulever doucement -encore fébrile du chaos. Trois mille huit soixante-treize. Le temps s’étire sur les ruines de Sodome et Gomorrhe. Les perfides archanges sont venus cueillir les démons naïfs, surprise et stupeur dans le camp des parias. Une missive de Judas a causé la colère divine, et toi, tu es la rare âme à y avoir échappée. Ton épaule te fait souffrir, cadeau d’adieu du vieux Joe. Là où sa main jouait habituellement le rôle du diable conseiller, il a assené un violent sort pour te mettre hors de porter des aurors. Alors tu as obéi, pour une des rares fois dans ta vie, tu as déguerpi -ne te retournant pas, de peur de te faire changer en statue de sel. De ton refuge, le miteux faux-plafond de la réserve, tu ne vois que des débris, le reste de quelques sorts. Les Anciens ont été emportés, pour avoir résister, pour protéger leurs petits. Les louveteaux que vous êtes à leurs yeux. Toi, le gamin qui a renié son propre sang, qui se dit orphelin, tu ne comprends pas ce sentiment qui te tord les tripes. Mauvaise graine que le vieux Joe est venu planter dans ce garage, objet des regards de travers, sujet à des remarques dégradantes. Tu n’étais pas venu pour trouver une nouvelle famille de toute façon. Mule du patron, trafiquant, joker, wild card. Indépendant, distant, c’est que tu étais au début. Puis il y a eu les tapes sur l’épaule, les heures à tacher tes vêtements de cambouis, les premières virées, le ronronnement du moteur à chaque instant au creux du tympan. La plus douce des berceuses, celle dont tu as toujours rêvé, passion enfin assouvie à pleins temps. Toujours étranger, mais quelque part, accepté. Cet Armageddon, est-il de ta faute ? Trois mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf. Mais cela n’a plus d’importance. Un sceau a été imposé. Rien d’autre n’importe. Il n’y a que l’anéantissement qui se lit même dans le temps, décousu, dépourvu de sens. Le silence était lourd, là où habituellement les outils cliquent, les portes claquent, les métaux s’entrechoquent, les rires retentissent. Mais maintenant, le silence règne, tyran sans merci. Quatre mille. Un pas. Un son rebelle. Tu te raidis, la rage renaît. Osent-ils revenir ? Cette fois-ci, Joe n’est pas là pour te repousser. Discrètement, tu te positionnes, prédateur, tu ne laisseras pas les infâmes d’échapper. Silencieux, épaulée par un sort de discrétion, tu te tiens prêt. Désir de vengeance soudain, frustration d’un Eden que l’on t’a de nouveau retrouvé, ta mâchoire est crispée, tes yeux fous. Une silhouette apparaît, l’assaut est lancé. Tes pieds percutent le haut de son dos dans la chute, provoquant une perte d’équilibre soudaine. Une roulade, un genou à terre prêt à bondir, et déjà tu prépares au creux de ta main un expelliarmus -fort de tes années à Uagadou. Cependant, alors que ton sort quitte ta paume, tu le détournes, réalisant sur qui tu es tombé. Littéralement. L’éclair écarlate tombe alors plus loin, là où les outils précieux sont normalement méticuleusement rangés -jusqu’ici ils avaient été épargnés du chaos. « Darius, you son of a bitch ! » Craches-tu, insulte en guise de chaleureuses salutations. « Where were you ? For fuck sake, where were you ! Give me your best excuse before I rip your neck ! » Le biker flegmatique n’a pas été témoin de l’apocalypse, et le voilà face à toi, âme damnée qui crie vengeance. |
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Re: stolen soul. (tiki)
Lun 24 Juin 2019 - 21:44
— Quelque part Satan veille. Des échos de ses pas. De ses souffles. Expirés malgré lui alors qu’il ne désirait que le motus de ses milles maux. De l’excoriation de son poitrail aux traces de brûlures gonflant sa gorge. Pour cause de désespoir. L’ingénu animal voyait ce qu’il advenait lorsqu’on se positionnait dans le sillon des Moires. L’amertume infusant son vermeil. Pour pulser à points cardinaux de son corps. Mais il luttait. Dans le refus que lui échappe son exutoire. Qu’on le prive des rodéos sur l’asphalte. Des rires gras, des peintes de bière ou encore des pamphlets d’insultes amicales. Oui, il avait découvert que la pire des consonances des arts de Shakespeare pouvait être porteuse de ses plus belles grâces. Ses lippes se torsadèrent à cette mémoire, d’une joie mêlée à de la nostalgie. De la mélancolie alors que son entité se corrodait au creux griffes du chaos. On disait que la mort s’accueillait dans le berceau des ressouvenances de toute une vie. Il fut scient que le dogme ne s’adressait guère qu’au malheur déclinant. Mais aussi à ses proches. Peut-être même surtout à eux. Car ils pesaient chaque seconde de leur maudite existence leur privation. Quelque part Satan tombe. Les anges étaient -ils dépossédés de leurs ailes ? Ou Lucifer guettait-il jusqu’au dernier des leurs ? Sa poigne de velours avançant sur l’échiquier le fou enragé. Qui croyait percuter un pion. Mais mis en joug le roi. Bistre tangua jusqu’à l’assaillant, étourdi dans sa chute. Les crocs serrés. Poings fermés sur le sol d’où il tenta de se redresser. Ire et effroi à la lueur incarnat se lurent sur ses traits. Là même où dansaient d’hostiles reflets carmin. Un délétère danger dont il ne pouvait fuir. Piégé par surprise. Trop ankylosé et la poitrine offerte à l’hystérique. Echec et Mat. Un masque pourtant voila son minois lorsqu’il l’identifia. De dégout condescendant. Un air de défi braqué pour le pauvre agresseur. De tous il fallait quoi lui soit présent ? sifflait-t-il de l’injustice. Son courroux ne s’étiola guère. En proie mais pris à l’audace d’une grimace quand s’abattit le maléfice plus loin. Sans reconnaissance d’avoir été épargné. A l’inverse : méprisant. Pour le vacarme dans son dos. Que ce fusse lui, l’ultime rescapé de la meute. Ses orbes maugréèrent son mécontentement. S’affinant en deux fentes à l’insulte. Pas sa mama. « Watch your mouth Tamaharu. » Aucune ironie. Aucune sympathie. Seulement deux pelotes de nerfs parées pour la rixe. Arès et Hadès. Déchus de leur Olympe. L’alcyonien tardant à se relever, par pure provocation. Le fiel pulsé par son endocarde, courant sur ses veines. Tandis que la lame de son regard écorchait le vis-à-vis. Ecœuré. Pris de fierté pour ne pas masser l’arrière de son dos. Malgré la douleur. Il déglutit les grognements au fond de sa gorge. Cette myriade d'injures. Et ce sans ciller. Néanmoins avec difficulté. « As if i’ve to answer, you piece of shit. Maybe you would’ve known if you cared more about others. » Une dague d’une voix de mêlécasse dardant l’impétueux d’un abject reproche. Ne dissimulant guère là les tourments de l’ausonien. Ces songes du sacrifice du zélandais pour un frangin plus méritant. Mais la cruauté de cette terre n’aurait su s’y plier, bien sûr que non... « What happened here ? Now, s’impatienta-t-il. » L’ordre glissa sur sa langue. Autorité dédaigneuse. Glaçante. Agneau de la troupe n’avait plus ses atours de philanthrope émérite. Eclopé jusqu’aux artères, malade quant au survivant qu’il menait à d’odieux supplices : la non-considération de l’étranger dans la meute. Une ineptie volontaire. Comme pour le punir d'être là. Car au fond personne ne pouvait être ignare que quelque part Satan pleure. |
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