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[FB] I sing under the...
Ven 5 Juil 2019 - 7:49
Début juin, à la sortie de l'anniversaire de Mercy
Je l’avais un peu tiré avec moi, le grand sorcier qui m’accompagnait. Mais c’est que je ne voulais pas rester une éternité à cet anniversaire. Il fallait dire que je n’avais jamais vraiment eu la fibre fêtarde, bien trop concentrée sur mes études à l’époque, et sur mon travail à présent. Même si ce n’était pas ma profession qui m’avait tirée dehors, mais un simple besoin de prendre l’air et de me retrouver un peu au calme. Avec lui. Car partir en le laissant là-bas, dans ce nid de chair humaine, ce n’était pas envisageable. Véritable panier de crabe, je préférais le savoir avec moi, en sécurité. Oui, en sécurité de toutes les autres qui auraient pu avoir l’idée et l’audace d’essayer de lui mettre le grappin dessus. C’est que… maintenant que quelque chose flottait dans l’air entre nous, je n’avais pas envie de le laisser à qui que ce soit. J’avais attendu bien trop longtemps, j’avais été mise de côté bien trop d’années pour, encore une fois aujourd’hui, accepter d’être à la seconde place. Non, hors de question. C’était mes moments à moi, justifiés, tant attendus et souhaités. Je ne les prêtais pas.
Les mains dans les poches de mon manteau, je sentais tout de même l’alcool me monter un peu à la tête. J’étais loin d’être ivre il m’en fallait plus, mais disons que le monde en général me paraissait moins sombre, et mes visions m’étaient d’autant plus faciles à supporter. Peut-être devrais-je songer à devenir alcoolique ? Tout le moins, à sortir plus souvent dans les bras ? Après tout, je me cherchais une activité annexe à côté de mon travail, car il y a peu, j’avais pris conscience, enfin, du poids de ma solitude.
Détachant mes cheveux sans pour autant m’arrêter, j’inspirais profondément l’air du quartier sorcier d’Inverness, comme s’il s’agissait de vacances. Après tout, c’était presque le cas, j’avais bien trop l’habitude des odeurs de médicaments et de javel, à l’hôpital. Alors, venir ici et pouvoir renifler les effluves de la ville, s’en était presque grisant.
Bras écartés, une main touchant alors son épaule, je secouais un peu la tête, déliant alors cette tignasse enflammée bien trop souvent strict et dirigée.
- Ah ! Ça fait du bien de prendre l’air ! C’est que, ça devenait un véritable poulailler.
Je savais que ce n’était pas ça qui allait le déranger, au contraire. Evan aimait bien les petites poules entêtantes et caquetantes. Moi, évidemment, je n’étais pas de celles-là. Une élite trop longtemps intouchable et inatteignable. Pourtant, je devais apprendre, prendre sur moi, et descendre de ce piédestal que m’avait offert la vie, et je ne souffrais pas de fausse modestie, pour que le grand dadet d’écossais ne se sente pas trop petit. Ironie du sort alors qu’il avoisinait les deux mètres de hauteur. Personne n’était parfait pour moi. Personne sauf lui. J’imaginais que le jeu en valait la chandelle.
Voilà pourquoi, même si notre relation était présentement ambiguë, faites de regard en coin, de gestes furtifs et peu assumés, je me permettais de venir enserrer ma main dans la sienne. Pourtant voilà, la normalité n’avait jamais fait acte entre nous. Manière de dissimuler l’évidence, comme des adolescents qui n’osaient pas. Continuant sur cette ligne ambivalente, je balançais nos bras d’avant en arrière, comme si je voulais prendre de l’élan. Pour finir, ce sont mes pieds qui suivirent et commencèrent à s’agiter en de légers pas de danse joyeux.
Regard d’acier croisant celui du printemps avec une lueur de malice, je souriais en coin.
- Monsieur Wakefield aurait-il encore du temps à consacrer à la femme que je suis, ou alors est-il trop engagé dans ses nombreux devoirs d’enseignant ?
C’est que, je savais la fin de l’année arriver, et avec, tout ce que cela engendrait. Je ne pouvais décemment pas tenir rancune à Evan s’il avait besoin de temps pour se préparer. Au pire, je continuerais la soirée seule, ce ne serait pas la première fois.
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Re: [FB] I sing under the...
Lun 8 Juil 2019 - 0:16
La soirée avait été agréable. Entre deux sobriquets adressés avec une tête adorablement insupportable à Dhan, des clins d'oeil affectueux destinés à son assistante et les doigts qui se laçaient de temps à autre autour de ceux d'Ariadne, Evan avait presque regretté de se faire tirer hors de la soirée d'anniversaire par la plus belle des ravisseuses. Presque. Il l'aurait suivie n'importe où, il le savait, à présent. Le pianiste marchait aux côtés de la médicomage, observant du coin de l'oeil sa démarche un peu plus ... aérienne qu'à son habitude. Effet de l'alcool ou de la compagnie? Libérée, la cascade de cheveux aux reflets d'ambre projeta une atmosphère de lavande autour des sorciers, et l'espace d'un instant, Evan se crut dans un champ provençal. L'Écossais imagina Ariadne avec lui, vêtue d'une robe d'été, et l'idée lui plut tellement qu'il en fit presque la proposition à la sorcière, avant qu'elle ne rompe le silence, posant une main sur son épaule. « Ah ! Ça fait du bien de prendre l’air ! C’est que, ça devenait un véritable poulailler ». Un petit rire quitta les lèvres d'Evan en entendant la jeune femme parler. Il avait été surpris de la trouver à la soirée d'anniversaire, ne serait-ce que parce qu'il se doutait que ce genre de compagnie n'était pas sa préférée. Evan, lui, était rarement inconfortable en présence d'autrui. C'est qu'il en fallait beaucoup pour agacer l'Écossais (même si Ariadne avait su en faire une spécialité, plus jeune), qui trouvait des sources de joie et de rire partout. Un sourire espiègle s'étira néanmoins à ses lèvres. « Es-tu fiévreuse? Ç'aurait été une belle occasion de buffet, pour un renard », dit le professeur de musique en désignant la chevelure de feu de la belle, posant une main douce sur le front de la jeune femme afin de vérifier sa température corporelle. Petit sourire en coin, Evan retira ses doigts après avoir terminé son parcours d'une caresse le long de la tempe gauche d'Ariadne, pétillement au creux du regard. Ils apprenaient encore à s'apprivoiser de cette façon qui lui semblait à la fois nouvelle et si familière, les deux amis qui s'étaient destinés l'un à l'autre depuis si longtemps.
Le professeur aurait pu continuer de faire le pitre malicieux, mais Ariadne glissa une main dans la sienne, et il fut submergé par une vague de chaleur. La malice au creux des prunelles de la médicomage alors qu'elle imprimait un léger rythme de danse sans forme lui arracha un sourire tendre. « Monsieur Wakefield aurait-il encore du temps à consacrer à la femme que je suis, ou alors est-il trop engagé dans ses nombreux devoirs d’enseignant ? » Evan fit tournoyer la jeune femme alors qu'elle parlait, prenant un ton théâtral. « Vous vous moquez de moi, infâme tentatrice », affirma le sorcier alors que la médicomage se pliait avec grâce à la danse improvisée. N'était-ce pas devenu leur nouvelle habitude, en se rencontrant, que l'accord des corps, si facile, pallie aux coeurs et aux paroles, encore, parfois, hésitantes? Leurs pas connaissaient le chemin à prendre, pourtant - éternellement, l'un envers l'autre. Le regard d'Evan se perdit sur la courbe du cou d'Ariadne, la finesse de sa peau, et les lèvres suivirent - il posa un baiser sur sa mâchoire, à la naissance de son cou, avant de proposer son bras à la jeune femme pour qu'ils puissent poursuivre leur chemin. « J'ai la tête ailleurs, ces derniers temps : tellement déconcentré que j'en ai même oublié de remettre mes résultats en désordre (et en retard!) au secrétaire, dont nous venons de quitter le logis », admit le pianiste avec franchise. C'était vrai : il ne pensait à rien d'autre, ces temps-ci, qu'aux lèvres de la médicomage, à son sourire et son aveuglement des dernières années. Se passant une main dans les cheveux, Evan rit. « Non, vraiment, je ne sais plus dans quel étrange endroit onirique je me laisse porter depuis quelques semaines », dit-il, laissant la phrase en suspension. « ... mais j'y retournerais volontiers ». Il cueillit les lèvres d'Ariadne pour la première fois de la soirée, parce qu'il le pouvait, parce que c'était permis, parce que ça avait un goût d'éternité.
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Re: [FB] I sing under the...
Lun 8 Juil 2019 - 20:29
En réalité, être dans ce genre de soirée ne me dérangeait pas. Je n’étais pas timide et je savais me mettre en avant pour plaire. Passer du temps avec des gens que j’appréciais (plus ou moins) ne m’avait jamais été désagréable. Cependant, j’estimais passer déjà assez de temps, au sein des urgences, dans le brouhaha, les cris divers et variés et certaines effluves tout aussi mélangées. Alors, si je pouvais profiter d’un peu de calme, et en plus avoir le privilège de kidnapper Evan pour l’avoir rien que pour moi, je serais bien idiote de m’en priver.
Alors, son sourire espiègle ne put tarir le mien, il y trouva même une réponse à la hauteur, en plus de ces pétillements dans mon regard métallique. Pour accentuer mon sarcasme, je me permettais même une grimace avec un léger bruissement des lèvres.
- Je ne mange pas n’importe quoi tu le sais. Que du bio en plein air, élevé au grain bio, et qui fait des cacas papillons.
C’est que, ce teint de rêve et cette couleur ambre si caractéristique dans mes cheveux, il fallait en prendre grand soin et faire très attention.
Non, en réalité, je n’en avais rien à foutre de mon apparence. Je savais m’habiller comme il le fallait quand il le fallait. Mais puisque je me retrouvais plus souvent dans mon bureau ou dans une salle d’opération aux urgences, je me contre fichais de savoir si je mangeais bien ou pas et le maquillage dernier cri n’était absolument pas ma priorité. Ce n’était pourtant pas pour autant que je me négligeais. J’avais toujours su utiliser mes atouts lorsque j’en avais besoin. Sauf avec le grand écossais roux à mes côtés… ou peut-être que si mais je ne m’en étais jamais réellement rendue compte ?
Quoiqu’il en soit, présentement, nous étions comme deux adolescents sortant d’un bar. Guillerets, à se taquiner, se frôler, se chercher. Car il n’y avait pas de limite imposée, alors il fallait oser.
Inutile de se voiler la face. Sûrement que lui et moi étions destinés à danser ensemble jusqu’à la fin. Deux flammèches ambrées que personne ne pouvait jamais réellement éteindre, sans cesse ranimée par la chaleur et la proximité de l’autre. Après avoir survécu au grand froid de l’éloignement et de la séparation, nous n’en étions que plus vivaces.
Tournoyant au vent à son indication, à l’aise que ce soit à l’hôpital, sur scène ou sur un trottoir, tant qu’il était là, je laissais échapper un petit rire léger.
- Voyez-vous ça… qui se moque de qui déjà ?
Il était toujours difficile de définir ce point, l’un renvoyant la balle à l’autre comme un match digne des plus grands. Et c’était ce que nous étions. Grands et beaux. Ensemble.
Arrêtée dans mon élan non loin du doux géant, je scrutais ce regard qui se promenait sur ma peau. Scène maintes fois vue et répétée, elle ne devrait perler sur moi. Mais la chose faisait qu’aujourd’hui, la différence, aussi petite soit-elle, était de taille. Alors je sentais mon cœur s’emballer un peu lorsque ses lèvres vinrent rejoindre ma mâchoire, mes doigts se saisissant plus fermement des siens dans nos mains jointes.
Tactile habitué et pourtant si étranger.
Me redressant pour lui prendre le bras à son invitation, je reprenais ma marche à ses côtés tout en écoutant ses confidences, car je les accueillais comme telles. La tête ailleurs ? Mais n’était-ce pas le propre d’Evan Wakefield d’avoir la tête ailleurs ?
Malice aux coins des yeux et sur les lèvres, j’allais rétorquer. Pourtant je n’en eu guère le temps alors que je le voyais se pencher dans ma direction pour m’embrasser.
Ah, c’était donc ça ce qu’il voulait dire… Soit.
Fermant les paupières un instant pour apprécier davantage cet échange si précieux, si rêvé mais jamais trop espéré, je réalisais que moi aussi je désirais y retourner. Dans ce lien dont il faisait mention. Carriériste que j’étais, contrairement à lui, je ne m’étais guère autorisée à remuer tout ce qui nous était arrivé. Comme lorsqu’on se réveille d’un rêve trop beau pour être vrai. On y croit, on le désir, et surtout, on ignore si ça a vraiment eu lieu ou non.
Une fois l’instant passé, car toutes les bonnes choses avaient une fin, je rouvrais ces paupières froides au monde, un voile de bienséance s’y affichant pourtant. Puis, revenant à moi, je me permettais de cligner des yeux plusieurs fois avant de rouler mes prunelles dans leurs orbites, un petit sourire narquois naissant à nouveau. C’est que, je n’étais pas du genre à m’épancher sur les émotions, ce n’était pas assez concret.
- Mmh… Tu as toujours été tête en l’air Evan. Un peu plus, un peu moins… ça ne change pas grand chose, si ?
Me penchant à mon tour, je venais oser un contact physique à mon tour, plongeant dans son cou pour le lui embrasser. Je profitais de la proximité pour me délecter de son odeur et de cette barbe naissante à cette peau si fine que je pourrais la dévorer.
- En finalité… tu n’as pas répondu à ma question. Ou alors ai-je mal traduis ?
Une lueur de défi vint illuminer mes prunelles. Cap’ ou pas cap’ ?
Alors, son sourire espiègle ne put tarir le mien, il y trouva même une réponse à la hauteur, en plus de ces pétillements dans mon regard métallique. Pour accentuer mon sarcasme, je me permettais même une grimace avec un léger bruissement des lèvres.
- Je ne mange pas n’importe quoi tu le sais. Que du bio en plein air, élevé au grain bio, et qui fait des cacas papillons.
C’est que, ce teint de rêve et cette couleur ambre si caractéristique dans mes cheveux, il fallait en prendre grand soin et faire très attention.
Non, en réalité, je n’en avais rien à foutre de mon apparence. Je savais m’habiller comme il le fallait quand il le fallait. Mais puisque je me retrouvais plus souvent dans mon bureau ou dans une salle d’opération aux urgences, je me contre fichais de savoir si je mangeais bien ou pas et le maquillage dernier cri n’était absolument pas ma priorité. Ce n’était pourtant pas pour autant que je me négligeais. J’avais toujours su utiliser mes atouts lorsque j’en avais besoin. Sauf avec le grand écossais roux à mes côtés… ou peut-être que si mais je ne m’en étais jamais réellement rendue compte ?
Quoiqu’il en soit, présentement, nous étions comme deux adolescents sortant d’un bar. Guillerets, à se taquiner, se frôler, se chercher. Car il n’y avait pas de limite imposée, alors il fallait oser.
Inutile de se voiler la face. Sûrement que lui et moi étions destinés à danser ensemble jusqu’à la fin. Deux flammèches ambrées que personne ne pouvait jamais réellement éteindre, sans cesse ranimée par la chaleur et la proximité de l’autre. Après avoir survécu au grand froid de l’éloignement et de la séparation, nous n’en étions que plus vivaces.
Tournoyant au vent à son indication, à l’aise que ce soit à l’hôpital, sur scène ou sur un trottoir, tant qu’il était là, je laissais échapper un petit rire léger.
- Voyez-vous ça… qui se moque de qui déjà ?
Il était toujours difficile de définir ce point, l’un renvoyant la balle à l’autre comme un match digne des plus grands. Et c’était ce que nous étions. Grands et beaux. Ensemble.
Arrêtée dans mon élan non loin du doux géant, je scrutais ce regard qui se promenait sur ma peau. Scène maintes fois vue et répétée, elle ne devrait perler sur moi. Mais la chose faisait qu’aujourd’hui, la différence, aussi petite soit-elle, était de taille. Alors je sentais mon cœur s’emballer un peu lorsque ses lèvres vinrent rejoindre ma mâchoire, mes doigts se saisissant plus fermement des siens dans nos mains jointes.
Tactile habitué et pourtant si étranger.
Me redressant pour lui prendre le bras à son invitation, je reprenais ma marche à ses côtés tout en écoutant ses confidences, car je les accueillais comme telles. La tête ailleurs ? Mais n’était-ce pas le propre d’Evan Wakefield d’avoir la tête ailleurs ?
Malice aux coins des yeux et sur les lèvres, j’allais rétorquer. Pourtant je n’en eu guère le temps alors que je le voyais se pencher dans ma direction pour m’embrasser.
Ah, c’était donc ça ce qu’il voulait dire… Soit.
Fermant les paupières un instant pour apprécier davantage cet échange si précieux, si rêvé mais jamais trop espéré, je réalisais que moi aussi je désirais y retourner. Dans ce lien dont il faisait mention. Carriériste que j’étais, contrairement à lui, je ne m’étais guère autorisée à remuer tout ce qui nous était arrivé. Comme lorsqu’on se réveille d’un rêve trop beau pour être vrai. On y croit, on le désir, et surtout, on ignore si ça a vraiment eu lieu ou non.
Une fois l’instant passé, car toutes les bonnes choses avaient une fin, je rouvrais ces paupières froides au monde, un voile de bienséance s’y affichant pourtant. Puis, revenant à moi, je me permettais de cligner des yeux plusieurs fois avant de rouler mes prunelles dans leurs orbites, un petit sourire narquois naissant à nouveau. C’est que, je n’étais pas du genre à m’épancher sur les émotions, ce n’était pas assez concret.
- Mmh… Tu as toujours été tête en l’air Evan. Un peu plus, un peu moins… ça ne change pas grand chose, si ?
Me penchant à mon tour, je venais oser un contact physique à mon tour, plongeant dans son cou pour le lui embrasser. Je profitais de la proximité pour me délecter de son odeur et de cette barbe naissante à cette peau si fine que je pourrais la dévorer.
- En finalité… tu n’as pas répondu à ma question. Ou alors ai-je mal traduis ?
Une lueur de défi vint illuminer mes prunelles. Cap’ ou pas cap’ ?
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Re: [FB] I sing under the...
Jeu 11 Juil 2019 - 17:55
our debut was a masterpiece.
Le geste était beau, gracieux. Ils tournoyaient sous le regard lunaire, les deux sorciers, comme ils l'avaient fait tant de fois, adolescents. Les reflets du satellite pâle dans les flaques au sol créaient une ambiance éthérée, comme s'ils dansaient dans l'immensité sombre du cosmos. Seuls au monde, la ville était à eux, le temps de quelques pas. Les doigts agiles du pianiste retenaient ceux de la médicomage contre lui, créant tableau sur tableau ensemble dans le silence nocturne. Les prunelles d'émeraude se promenaient sur la voie lactée de l'épiderme de la belle, explorateur découvrant une terre connue à l'aide d'un chemin nouveau. Lèvres jointes au mouvement des iris, caresse sur l'angle de la mâchoire. Toujours, la senteur florale - bouquets d'une étrange douceur au potentiel décapant. La pression des doigts lacés lui fit fermer les yeux et, l'espace d'un instant, comme un adolescent, Evan eut envie de l'attirer dans une ruelle. Tout ferait l'affaire, malgré son goût pour le raffinement - mais il y avait eu l'incendie, les flammes qui avaient ravagé son dos, et le sorcier savait qu'elle ne lui pardonnerait pas de lui cacher cette information avant la révélation charnelle. Le pianiste contint ses envies, gardant le baiser sage, bien que son souffle sur la peau claire de la jeune femme ne soit pas entièrement innocent, préférant l'embrasser, à la fois pour satisfaire son désir et le contenir. Evan se sépara à regret de ses lèvres, mais il suivait la voie de la sagesse (pour une fois) - c'était peut-être signe qu'il vieillissait, tout compte fait. Le regard d'Ariadne était si rapide à se calmer. Un instant, et elle redevenait maître d'elle-même. Evan aurait voulu lui faire perdre le contrôle, un peu. Il chassa ses pensées loin derrière, tentant de se concentrer sur leur conversation présente (car iln'étaitpasun adolescent en rut). « Mmh… Tu as toujours été tête en l’air Evan. Un peu plus, un peu moins… ça ne change pas grand chose, si ? »
La voilà qui l'encourageait, la traître, nichant son visage au creux du cou du pianiste pour caresser son épiderme de sa bouche. Il ferma les yeux, serra les lèvres, et un long souffle contrôlé lui échappa. Contenir ses envies était une chose, mais le géant roux n'était qu'un homme, et la capricieuse le tentait de ses lèvres. Le souffle saccadé, la voix un peu plus rauque, Evan répondit à la question de la médicomage alors qu'elle était toujours contre lui, résistant tant bien que mal à l'envie de la prendre directement et de transplaner ailleurs, n'importe où, pourvu qu'ils soient seuls. « Tu devrais le dire à Chaffinch, c'est ce que je m'évertue à lui expliquer », répliqua-t-il d'une voix rauque, le souffle court. Un instant de plus, et il l'enlèverait, et aux diables les révélations et les secrets, qu'ils aillent voir ailleurs. Plus tard. Ariadne le libéra toutefois de sa torture, ses lèvres quittant la peau du cou du professeur, lueur taquine au creux du regard. « En finalité… tu n’as pas répondu à ma question. Ou alors ai-je mal traduis ? » Une demie-seconde, c'était ce qu'il lui fallait pour reprendre contenance, malgré le souffle court et le coeur battant la chamade dans sa poitrine. « Ce n'est pas de ta faute, tu sais ces immigrants ils n'apprennent jamais à parler correctement anglais », dit-il en se préparant à esquiver une claque derrière la tête, riant avant même qu'Ariadne ne réagisse. Son regard se fit pourtant plus sérieux, pour une fois, teinte de malice absente des prunelles sylvestres. « Je te consacrerai autant de temps que tu le souhaites, naseweiß », fit-il, sourire tendre aux lèvres. clever one. Il se pencha pour murmurer à son oreille, tenant la jeune femme contre lui dans leur pas légers de danse. « Je suis à toi ». La voix qui vibrait d'honnêteté. L'aveu, simple, de ce qu'ils avaient toujours su, un peu, depuis le train. Elle était sienne, et il n'était qu'à elle.
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Re: [FB] I sing under the...
Ven 12 Juil 2019 - 7:26
Without you, I'm just a sad song
Le désir transparent que je ressentais à travers lui fit naître le mien. Évidemment, je n’avais jamais été insensible à son charme, aujourd’hui, je pouvais le reconnaître. Je l’avais simplement toujours étouffé comme on peut bâillonner quelqu’un sans le moindre scrupule. Et même si je n’étais pas une vierge effarouchée, les parties de jambes en l’air que j’avais eu ne m’avaient pas assez marquées pour que je puisse ne songer qu’à ça.
Personne n’était assez digne de moi.
Pourtant placée là, contre la gorge du pianiste, non loin de cette veine qui battait la mesure de son cœur, je me sentais frémir. Sentant ce nœud délicieusement douloureux se former dans mes reins. Cela dit, le temps n’était guère à la perte de contrôle (quand l’était-il ?). Alors je me reculais, même si c’était à regret. Bien que peu romantique, je ne désirais tout de même pas finir cette soirée dans une ruelle sombre et malodorante. Non, je n’avais pas assez d’alcool dans le nez pour cela, même si je devais reconnaître le côté exotique de la chose. Petite fantasme inavoué, en réalité, mon imagination débordante fleurit rapidement à cette simple pensée, et un millier d’autres solutions et d’autres scénarios me vinrent en tête. Il me faudrait les noter, si l’occasion s’en présente.
Me contentant d’un sourire trainant, je lorgnais le musicien d’un regard conquérant. Chaffinch, présentement, m’importait peu, et je n’avais guère envie de parler de lui. Je n’avais guère envie de parler. Pour une fois. L’intellect faisant place à des besoins bien plus primordiaux. Pour une fois.
Mais je captais sans mal la reprise de contrôle d’Evan, et sa plaisanterie engendra la mienne. Ce ne fut pourtant pas un coup derrière la tête qu’il reçut. Rituel rompu de ma part, je fronçais les sourcils, un air faussement vexé accroché au visage. Non sans cesser mes légers pas de danse, je tournoyais sur moi-même, embrasant cette chevelure de feu, jusqu’à me retrouver sur le côté du grand homme. Là, sans crier gare, je reprenais mes appuis pour lui donner un bon coup de pied dans le séant, ma voix se faisant plus grave et autoritaire.
- Was hast du gesagt Kopf des Knotens ??!
Revenant devant lui, je me permettais un rire léger tandis que j’aurais pu ressembler à une mère qui réprimande son grand enfant. Car c’était ce qu’avait toujours été le rouquin. Un grand enfant. Ou devrais-je plutôt dire, un adolescent qui se découvre encore, dans les traits caractéristiques et tirés d’un homme
Retournant dans ses bras et contre lui, car là avait toujours été ma place, je reprenais ses doigts entre les miens tandis que je fixais son air devenu plus sérieux. Son ton et ses airs me décontenancèrent. C’était assez rare pour le souligner, et alors que je fermais légèrement les yeux, j’accueillais sa confidence comme une religieuse. Alors, je fus propulsée des années en arrière. Dans les jardins suspendus de l’université. "En excellente médicomage je doute que cette partie de ton anatomie puisse brimer ma concentration". Si j’avais su... en ce temps, il n’y avait que mes études qui comptaient plus que n’importe quoi d’autre. Dans le fond, je n’avais toujours dû compter que sur moi-même pour pouvoir avancer et me faire vivre. J’avais été, à l’instar de ma grand-mère, le désespoir de mes parents, de celle qui ne ferait pas honneur au blason des Eberhart. Et je n’en avais que faire.
Mais voilà qu’aujourd’hui, sur ce trottoir, toutes mes certitudes s’envolèrent en un éclat majestueux et étoilé. Car je savais qu’ici, j’avais véritablement trouvé ma place. Dans ce train en direction de Poudlard, nous avions toujours été destinés, lui et moi. Nous l’avions toujours su, sans véritablement le reconnaître. C’était ces petits riens qui, aujourd’hui, changeaient notre tout.
J’avais passé bien trop de temps séparée de lui, et j’avais bien trop envie d’être avec lui. De le garder jalousement avec moi, au moins encore quelques minutes. Ou quelques heures.
Raffermissant mon emprise sur ses vêtements, je gardais mon visage collé au sien alors que c’était à mon tour de lui susurrer à l’oreille.
- Alors kidnappe ta Dame des Jardins et garde la avec toi. Il est possible qu’elle puisse t’aider à te concentrer à nouveau.
Je m’en remettais à lui. Pour une fois, ce qui était rare, je le laissais être entièrement le chef d’orchestre de ce que nous ferions ensemble, à deux. Fut un temps, c’était le cas pour me tirer de mes livres ou pour nous arranger des rencontres plus ou moins douteuses. Aujourd’hui, c’était pour mieux nous retrouver. Je plaçais entre ses doigts d’artiste, la confiance que je voulais lui porter, l’effort que je ne voulais plus lui tenir rancune de ce qui était, la partition vierge à écrire de notre futur.
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Re: [FB] I sing under the...
Mar 16 Juil 2019 - 23:43
si on se rencontrait à peine, mon amour, quelle aubaine.
Perdition ou retour? Les deux, comme toujours, semblait-il. Le fil s'était incarné, entrelacé entre les doigts de la médicomage qui avait droit de vie ou de mort sur le pianiste. Le sang pulsait à ses tempes, semblait-il - chantant des mélodies d'abandon, de perte de contrôle. Evan souhaitait cet unisson plus que tout, et pourtant, il se sentait étrangement maladroit. Découverte de l'autre, désir, tendresse et maladresse mélangées dans un étourdissant ballet dont la seule constante était un besoin criant qu'elle soit sienne. Pourtant, il ne pouvait s'en empêcher - la langue preste, incarnée dans l'esprit à défaut de découvrir la peau de la sorcière. Payé par un coup bas, Evan se mordit une lèvre pour éviter de rire - vu sa stature, qu'Ariadne puisse atteindre ses genoux d'un coup de pied était déjà un fait à noter. « Was hast du gesagt Kopf des Knotens ??! » Rire écho du sien, sourire séducteur aux lèvres, mi-adolescent détestable, mi-adulte charmeur, Evan pencha le visage vers celui de la jeune femme. « Mais ma tête de nœuds est irrésistible, et tu le sais ». Puis, l'aveu. Je suis à toi. Contre lui à nouveau, la médicomage se faisait sérieuse - il était vrai que de voir Evan aussi solennel relevait de l'exception. Les lèvres caressant l'oreille du musicien lui arrachèrent un frisson qui courut de ses avant-bras à ses épaules. « Alors kidnappe ta Dame des Jardins et garde la avec toi. Il est possible qu’elle puisse t’aider à te concentrer à nouveau. » Un souffle rauque échappa à ses lèvres alors qu'il glissait un regard vers le bas, vers ses prunelles métalliques. « J'aurais préféré que tu me déconcentres, mais soit », fit le sorcier avant de tirer sa baguette d'une des poches de son pantalon, s'assurant de tenir la rouquine contre lui (comme s'il avait besoin d'une excuse réelle).
Le craquement caractéristique du transplanage se fit entendre, et les sorciers se retrouvèrent à la pointe du parc des îles de Ness. L'air marin de la rivière Ness leur fouettait agréablement le visage, et le géant roux inspira doucement. La quiétude du lieu et la fraicheur ambiante calmaient (un peu) ses ardeurs, et il se sentit d'emblée plus disposé à discuter avec la capricieuse d'ambre et de métal. « Parlant de jardins ... », murmura-t-il. « ma Dame », fit le professeur en offrant son bras à Ariadne afin qu'ils suivent le sentier menant à la pointe de l'île, d'où on oublierait presque être en ville. Ils avaient le pas lent et rêveur caractéristique des amants pour lesquels une balade n'était en vérité qu'une excuse pour profiter de la présence de l'autre. Avisant le banc taillé à même le tronc d'un arbre afin de ressembler à une large branche tordue, Evan fit signe à la médicomage de l'y suivre et, sans cérémonie, le pianiste s'installa et attira la médicomage sur ses genoux. Prise facile,à peinetraître, parce qu'il avait au moins deux idées derrière la tête. La seconde, plus agréable, qui se faisait sentir, attendrait. Tenant une des mains de la rouquine entre les siennes, l'Écossais posa un baiser sur ses jointures, non-loin d'une certaine bague sertie d'une améthyste, cadeau d'une autre vie faite par un étudiant dégingandé à une trop sérieuse Grymm. « On m'a félicité pour nos fiançailles, hier soir », dit-il du ton le plus innocent qui soit, glissant un regard de forêt vers l'acier des prunelles de la belle. « J'imagine que tu n'aurais aucune idée de ce dont il s'agit? » Visage innocent, sourcil relevé. Evan avait fini par découvrir la source des ragots : le chineur de mai 2019. Le professeur n'était pas réellement surpris du comportement d'Ariadne, mais il demeurait curieux de savoir ce qui avait poussé la médicomage à inventer une telle fable (si réellement la rumeur avait été de son crû et non un malentendu exploité par les vipères du torchon universitaire), surtout pour la faire gober à quelqu'un d'aussi innocent que Poppy. Désignant la bague d'un léger mouvement du menton, Evan reprit, sourire ironique aux lèvres, « si j'avais su que c'était une demande en mariage, j'aurais pu épargner la famille de ma fiancée laissée pour compte ». Le ton était blagueur - il connaissait Ariadne depuis trop longtemps pour lui tenir rigueur de ses manigances. Le pianiste l'aimaitavait toujours appréciée pour son esprit retors.
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Re: [FB] I sing under the...
Mer 17 Juil 2019 - 17:54
Il était facile pour Evan de répondre que sa tête de nœuds était irrésistible. Évidemment que je le savais, car dans le fond, je n'avais jamais su vraiment lui résister, même ce premier jour là-bas, dans le train en direction de Poudlard. À cette époque, nous étions comme connectés de manière capillaire avant tout, puis ce fut la langue, trop rarement germanique à mon goût à l'époque. Ensuite évidemment tout s'enchaina. L'amitié, la complicité, les coups bas, les blagues, les révisions ou non révisions et tout le reste. Nous étions les doigts d'une main et nous formions un tout. Ça avait toujours été le cas, même lors de notre séparation. Sans doute avait-elle été nécessaire pour qu'aujourd'hui, nous puissions jouir de cette proximité.
Son aveu avait été un tel choc électrique que je croyais défaillir, mais apparemment il m'en fallait encore plus. Ou alors était-ce simplement parce que la vérité était tout aussi réciproque pour moi. Depuis toutes ses années je lui appartenais moi aussi, même lorsque je me targuais d'être libre comme l'air et que personne n'était digne de moi. Il y avait toujours eu une voix au fond de moi qui me disait que je me fourvoyais. Maintenant que je faisais corps avec elle, cette voix, je ne pouvais que le reconnaître.
C'est pourtant avec une œillade lourde de sens que je le fixais à son commentaire. Déconcentrer ou être concentré. Voilà une question du niveau philosophique du fameux être ou ne pas être. Avais-je précisé en quoi je voulais le concentrer ? Non. Je croyais qu'il le comprendrait, visiblement ce n'était pas le cas. Tant mieux, c'était que je pouvais encore le surprendre même à ce stade de notre relation. Pétillement plein de malices dans le métal de mes prunelles, je le laissais m'emporter avec lui au gré de ses envies. C'est que, je le suivrais n'importe où, ce grand roux. Il m'avait échappé une fois, je n'allais pas le laisser filer une seconde fois. Je poursuivais des patients pour bien moins que ça.
Mais ce n'était pas du jeune Tamaharu dont je voulais penser alors que le paysage tourbillonnait autour de nous pour faire place à la vie calme et tranquille d'un parc. Je reconnaissais rapidement les lieux pour m'y être déjà rendue plusieurs fois, néanmoins, j'appréciais toujours l'ambiance ici. Calme, j'appréciais flâner simplement, comme pour me décharger de l'ambiance stressante et déchainée des urgences. Si je devais nommer une antithèse de mon lieu de travail, ce serait sûrement ici.
Cependant, ce n'était pas non plus de mon emploi professionnel dont je voulais penser présentement, et voilà qu'il était assez rare pour le noter. Pourtant, le calme environnant suffisait, pour l'instant, à calmer les ardeurs qui montaient en moi précédemment, aidées par le trop plein d'alcool.
Pour le moment.
Car maintenant qu'Evan me tendait son bras et que je m'y accrochais, je sentais à nouveau ce feu s'embraser en moi. Bien entendu, je le cachais avec brio, comme je le faisais toujours, et ce, même derrière un petit ricanement moqueur. Je savais que le grand roux avait toujours été un romantique, et il le prouvait une nouvelle fois ici, forcément, je trouvais la situation ironique et cocasse. Ce n'était pas pour autant que je n'en profitais pas et que ça ne me faisait pas plaisir.
Alors oui, les passants pouvaient être surpris de voir Ariadne Eberhart, grande médicomage urgentiste, se prélasser au gré du chemin tranquille non loin de l'eau, se laissant porter simplement par un temps doux et cotonneux. Atmosphère délicate et détendue.
Instant si précieux et éphémère pour moi, je m'accrochais peut-être un peu plus au bras du garçon alors, comme si je craignais que cela ne prenne fin trop tôt. Et dans tous les cas, ça le sera, trop tôt.
C'est pourtant sans appréhension que je voulais m'asseoir sur le tronc sculpté et gravé, car ici, je savais que le temps pouvait s'arrêter, et c'était dans le fond tout ce que je souhaitais. Pourtant, le pianiste me tira contre lui, et je vins alors m'installer sur ses genoux avec une certaine délectation, glissant mes mains sur son torse. N'être qu'avec lui sans que l'on vienne nous déranger. Serait-ce trop demander, une fois dans notre vie ?
Mes lèvres s'étirèrent en un sourire doux et charmeur à son baiser, non loin de la babiole d'enfant que je portais au doigt. Souvenir si éloigné et pourtant encore si clair et frais à mon esprit. Geste innocent qui pouvait cacher bien plus pourtant. Ne l'avais-je pas espéré depuis, innocemment ? Sans m'en rendre compte ? Probablement que oui.
Prête à poser mon front contre le sien, le geste fut toutefois interrompu par la remarque du bouclé, ce qui me tira dans un premier temps un large sourire moqueur que je parvenais à cacher derrière des battements de paupières sceptiques, le tout accentué par un léger mouvement de tête sur le côté. Ma longue chevelure détachée vint alors s'effondrer gracieusement, à l'instar d'un rideau de soie, sur mon épaule.
- Ho vraiment ? Je secouais légèrement le visage en poussant la comédie alors que je haussais sensiblement les épaules. Absolument aucune idée effectivement… Sensible papillonnement innocent de paupières, ce que je ne faisais pour ainsi dire jamais lorsque j'étais sérieuse, la commissure de mes lèvres s'étira en un sourire ironique, petit soupçon de victoire au fond de la gorge. T'es-tu soudainement mis à croire ce que dis la feuille de chou ?
Lentement, je rapprochais mon visage du sien afin de faire naître à nouveau cette attraction entre nous, et pour davantage le déboussoler, comme je savais très bien le faire d'ordinaire. Redoutable allemande qui s'amuse avec l'ironie des situations, tout comme elle s'était amusée, dans ce bar, avec l'innocence de cette fille qu'il protège. Cette rivale.Cette proie. Un sourire plus large vint étirer mes lèvres alors qu'il mentionnait la famille de son ancienne fiancée. Doigts experts et minutieux glissant sur son épaule pour frôler sa nuque, j'en vins à pencher la tête, un peu, dans l'autre sens.
- Cela te dérange-t-il ? Gloussement subtil s'échappant de ma gorge. Quoique, cela peut me déranger moi, car tout dépend de la dites fiancée… qui est-ce ?
Son aveu avait été un tel choc électrique que je croyais défaillir, mais apparemment il m'en fallait encore plus. Ou alors était-ce simplement parce que la vérité était tout aussi réciproque pour moi. Depuis toutes ses années je lui appartenais moi aussi, même lorsque je me targuais d'être libre comme l'air et que personne n'était digne de moi. Il y avait toujours eu une voix au fond de moi qui me disait que je me fourvoyais. Maintenant que je faisais corps avec elle, cette voix, je ne pouvais que le reconnaître.
C'est pourtant avec une œillade lourde de sens que je le fixais à son commentaire. Déconcentrer ou être concentré. Voilà une question du niveau philosophique du fameux être ou ne pas être. Avais-je précisé en quoi je voulais le concentrer ? Non. Je croyais qu'il le comprendrait, visiblement ce n'était pas le cas. Tant mieux, c'était que je pouvais encore le surprendre même à ce stade de notre relation. Pétillement plein de malices dans le métal de mes prunelles, je le laissais m'emporter avec lui au gré de ses envies. C'est que, je le suivrais n'importe où, ce grand roux. Il m'avait échappé une fois, je n'allais pas le laisser filer une seconde fois. Je poursuivais des patients pour bien moins que ça.
Mais ce n'était pas du jeune Tamaharu dont je voulais penser alors que le paysage tourbillonnait autour de nous pour faire place à la vie calme et tranquille d'un parc. Je reconnaissais rapidement les lieux pour m'y être déjà rendue plusieurs fois, néanmoins, j'appréciais toujours l'ambiance ici. Calme, j'appréciais flâner simplement, comme pour me décharger de l'ambiance stressante et déchainée des urgences. Si je devais nommer une antithèse de mon lieu de travail, ce serait sûrement ici.
Cependant, ce n'était pas non plus de mon emploi professionnel dont je voulais penser présentement, et voilà qu'il était assez rare pour le noter. Pourtant, le calme environnant suffisait, pour l'instant, à calmer les ardeurs qui montaient en moi précédemment, aidées par le trop plein d'alcool.
Pour le moment.
Car maintenant qu'Evan me tendait son bras et que je m'y accrochais, je sentais à nouveau ce feu s'embraser en moi. Bien entendu, je le cachais avec brio, comme je le faisais toujours, et ce, même derrière un petit ricanement moqueur. Je savais que le grand roux avait toujours été un romantique, et il le prouvait une nouvelle fois ici, forcément, je trouvais la situation ironique et cocasse. Ce n'était pas pour autant que je n'en profitais pas et que ça ne me faisait pas plaisir.
Alors oui, les passants pouvaient être surpris de voir Ariadne Eberhart, grande médicomage urgentiste, se prélasser au gré du chemin tranquille non loin de l'eau, se laissant porter simplement par un temps doux et cotonneux. Atmosphère délicate et détendue.
Instant si précieux et éphémère pour moi, je m'accrochais peut-être un peu plus au bras du garçon alors, comme si je craignais que cela ne prenne fin trop tôt. Et dans tous les cas, ça le sera, trop tôt.
C'est pourtant sans appréhension que je voulais m'asseoir sur le tronc sculpté et gravé, car ici, je savais que le temps pouvait s'arrêter, et c'était dans le fond tout ce que je souhaitais. Pourtant, le pianiste me tira contre lui, et je vins alors m'installer sur ses genoux avec une certaine délectation, glissant mes mains sur son torse. N'être qu'avec lui sans que l'on vienne nous déranger. Serait-ce trop demander, une fois dans notre vie ?
Mes lèvres s'étirèrent en un sourire doux et charmeur à son baiser, non loin de la babiole d'enfant que je portais au doigt. Souvenir si éloigné et pourtant encore si clair et frais à mon esprit. Geste innocent qui pouvait cacher bien plus pourtant. Ne l'avais-je pas espéré depuis, innocemment ? Sans m'en rendre compte ? Probablement que oui.
Prête à poser mon front contre le sien, le geste fut toutefois interrompu par la remarque du bouclé, ce qui me tira dans un premier temps un large sourire moqueur que je parvenais à cacher derrière des battements de paupières sceptiques, le tout accentué par un léger mouvement de tête sur le côté. Ma longue chevelure détachée vint alors s'effondrer gracieusement, à l'instar d'un rideau de soie, sur mon épaule.
- Ho vraiment ? Je secouais légèrement le visage en poussant la comédie alors que je haussais sensiblement les épaules. Absolument aucune idée effectivement… Sensible papillonnement innocent de paupières, ce que je ne faisais pour ainsi dire jamais lorsque j'étais sérieuse, la commissure de mes lèvres s'étira en un sourire ironique, petit soupçon de victoire au fond de la gorge. T'es-tu soudainement mis à croire ce que dis la feuille de chou ?
Lentement, je rapprochais mon visage du sien afin de faire naître à nouveau cette attraction entre nous, et pour davantage le déboussoler, comme je savais très bien le faire d'ordinaire. Redoutable allemande qui s'amuse avec l'ironie des situations, tout comme elle s'était amusée, dans ce bar, avec l'innocence de cette fille qu'il protège. Cette rivale.
- Cela te dérange-t-il ? Gloussement subtil s'échappant de ma gorge. Quoique, cela peut me déranger moi, car tout dépend de la dites fiancée… qui est-ce ?
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Re: [FB] I sing under the...
Jeu 18 Juil 2019 - 19:10
Si Evan s'était arrêté à songer à l'évolution des derniers mois, il en aurait probablement été sidéré - n'était-ce pas en décembre qu'il confiait ses difficultés à avancer à Cléopatra, conjuguées à sa crainte de vieillir sans laisser quoi que ce soit derrière? L'ironie profonde du sort : se construire en négation de sa famille pour mieux réaliser que s'il avait suivi les traces créées par son père, il aurait au moins eu l'assurance, ou plutôt la ré-assurance de la pérennité de son être. Mais Evan Wakefield était tout sauf statique - volatile et évanescent, jamais là quand on s'y attendait, il lui avait semblé être incapable de se fixer sur quoi que ce soit pendant son existence. Malgré tout, au cours des derniers mois, la complétion de son cycle de deuil et l'éveil aux sentiments qui l'avaient toujours lié à sa meilleure amie svait de quoi lui couper l'herbe sous le pied et le faire délicieusement chuter. On ne prenait pas une forme d'oiseau en tant qu'animagus sans avoir un certain désir de chute - l'élévation était beaucoup plus facile à comprendre, pour les autres. Les possibilités du vol, de la liberté que nul autre être qu'une bête ailée ne pouvait comprendre - mais il y avait aussi une liberté dans la chute, la perdition. N'était-ce pas en cela que Thésée avait toujours eu besoin de son fil d'Aria(d)ne? Pourtant, ainsi face à elle, Evan ressentait le besoin de l'affronter, sa chute. « Ho vraiment ? Absolument aucune idée effectivement… T'es-tu soudainement mis à croire ce que dis la feuille de chou ? » Les cils qui battent comme une ingénue, sourire moqueur qu'Evan aurait volontiers arraché à coups de langue, et ses propres lèvres s'étirèrent contre la bouche de l'Allemande, murmurant. « Nullement, j'étais simplement curieux de savoir où les reporters du dimanche du chineur avaient trouvé leurs informations », fit-il, haussant les épaules comme si le journal de ragots s'était contenté de révéler la couleur de ses sous-vêtements préférés (verts, il fallait le mentionner). Le professeur n'était-il donc qu'une prise entre les doigts de la médicomage, qui le frôlaient et lui arrachaient de petits soupirs rauques?
S'il l'était, l'Écossais l'était de plein gré - captif consentant chez qui le désir courait sur sa peau au même rythme que les caresses de sa tourmenteresse. « Cela te dérange-t-il ? Quoique, cela peut me déranger moi, car tout dépend de la dites fiancée… qui est-ce ? » N'était-elle pas championne de l'évitement, elle aussi, un peu? Malgré leurs aveux mutuels, ne dansaient-ils pas toujours autour de l'autre, constamment liés par les doigts, les cœurs, les âmes, mais évitant toujours de franchir les limites de la prose, la réalité trompeuse suffisant à retirer le voile de leurs sentiments trop abstraits pour qu'on ose en proférer la teneur? Ils savaient, eux, n'était-ce pas suffisant? Non. « Pas à moi, à d'autres », fit-il, sourcil haussé et pétillement à mi-chemin entre la tendresse et l'agacement dansant au creux de ses iris forêt. Elle ne le bernait pas, la roublarde. La sorcière était maline et malicieuse, mais l'Écossais était son égal - n'était-ce pas la raison pour laquelle elle était ici, installée sur ses genoux? Si Ariadne ne l'avait pas jugé digne d'elle, la médicomage serait repartie d'où elle était apparue, sans lui jeter un regard en arrière. En un geste jumeau, les longs doigts du pianiste s'accrochèrent à la nuque de la rouquine, les sorciers se fixant d'une expression réfléchie dans le miroir de l'autre. « Voulais-tu poser les limites de ton domaine? », demanda Evan, son second bras entourant la taille de la médicomage pour l'approcher davantage. Le professeur la connaissait depuis assez longtemps pour savoir que la belle ambrée était territoriale. Sourire taquin aux lèvres, il lui lança une œillade espiègle. « Tu n'avais qu'à le faire avec les lèvres » et pas en parlant. L'absolution par la bouche, par les mots - le pianiste l'aimait ainsi, sa médicomage.
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Re: [FB] I sing under the...
Ven 19 Juil 2019 - 17:36
Je plissais les yeux devant ce sourire et ce murmure si proche de mes lèvres et de mon cœur qui ne cessait de s'emballer dans ma poitrine. C'est qu'il était éblouissant, ce beau soleil que je m'entêtais de garder dans mes bras. Trop longtemps je l'avais cru trop éclatant, alors je le laissais à distance, libéré. Aujourd'hui, je n'avais plus peur d'y brûler mes ailes, comme Icare, je m'échappais de ma prison de crainte et de doute en m'envolant vers lui. Car il était si beau et séduisant. Qu'importe si je devais y perdre des plumes. Qu'importe la chute vertigineuse. Le plus dur ce n'est pas la chute, c'est l'atterrissage.
Pourtant ce n'était pas encore assez pour que j'aie le vertige. Le fou, celui qui me rend totalement aveugle, qui emballe mes sens et qui ne me permet plus de réfléchir. Car j'y étais fermement accroché à ce superbe soleil, et cette fois, rien n'y personne ne m'en délogerais. Rien. Ni personne. Un sourire presque carnassier mais toujours aussi amusé et victorieux barra mes lèvres avant que je ne réponde dans le même murmure que le sien, l'air détaché. On s'en foutait du Chineur dans le fond, il n'y avait que nous qui avions de l'importance.
- Je pense que, souvent, puisqu'ils ne trouvent pas assez de véritables sources, ils inventent. C'est ce que font la plupart des mauvais reporters.
M'enfoncerais-je dans mon mensonge ? Non pas du tout. Je savais bien qu'Evan avait compris la subtilité de mes paroles, je le voyais dans son attitude et les lueurs pétillantes dans le fond de son regard. Néanmoins, pourquoi ne pas cracher délicieusement sur la feuille de chou lorsque nous en avions l'occasion ? Même si, présentement, je parlerais plus volontiers d'un autre type de légume, comme le poireau.
Voilà là toute la subtilité de nos échanges depuis des années. Il n'était pas nécessaire que le sujet soit d'une importance capitale. Un simple prétexte, et nous pouvions partir en extrapolation qui n'avait de limite que notre imagination. C'était les conversations les plus riches de ma vie.
Miroir de mon âme, de mon être, parfait âme-sœur dans les faits, je ne pouvais que dévorer le grand roux du regard, avalant nerveusement ma salive encore une fois. Bien que la tête penchée sur le côté, aux airs faussement ingénues, je ne perdais pas une miette de ce que j'avais devant moi. Si proche. Quelle ironie de constater que durant des années j'avais accès à ce teint de peau, à cette proximité, sans pour autant en voir l'entière beauté. À présent que je découvrais son épiderme sous un œil nouvellement attentif, je ne pouvais que ressentir l'attraction entre nos deux corps. Deux aimants (et amants) qui ne pouvaient subir que l'attraction.
Mais alors qu'il me fixait entre tendresse et agacement, je le sentais presque s'éloigner, trop, ne serait-ce que le mouvement soit subtile. Soudainement, la vision de le voir repartir, s'en aller loin, encore une fois, vint me faire proie et, tandis qu'il saisissait ma nuque, je ne pus m'empêcher de raffermir mon emprise dans ses cheveux bouclés.
Le voilà, ce réflexe d'accroche dû à la crainte de la chute. Je retournerais toutefois me brûler encore et encore, car j'étais entêtée… et que cette fois, je voulais réussir. Dussé-je laisser tomber ce masque bien trop professionnel et détaché.
Alors, de la douceur traversa le métal solide de mes prunelles tandis que le sourire victorieux devint plus sensible, mais aussi plus sérieux. Car j'ouvrais mon cœur.
- Je les poserais encore s'il le fallait. De milles façons possibles si nécessaire. Devant tes élèves ou même devant les… abeilles que tu protèges. Non je ne l'aimais pas, cela se sentait à mon ton, car elle déployait mes craintes les plus profondes. Un instant de silence me suffit pour retrouver douceur et délicatesse d'ordinaire si rare en mon être. Hors de question de te perdre encore.
Alors, je le prenais aux mots, puisqu'il semblait m'y inviter et m'y défier. Retournant dans son cou, je vins lui attraper la peau pour la saisir entre mes dents, et ne plus le lâcher. Ho, aurait-il dit "lèvres" ?
Pourtant ce n'était pas encore assez pour que j'aie le vertige. Le fou, celui qui me rend totalement aveugle, qui emballe mes sens et qui ne me permet plus de réfléchir. Car j'y étais fermement accroché à ce superbe soleil, et cette fois, rien n'y personne ne m'en délogerais. Rien. Ni personne. Un sourire presque carnassier mais toujours aussi amusé et victorieux barra mes lèvres avant que je ne réponde dans le même murmure que le sien, l'air détaché. On s'en foutait du Chineur dans le fond, il n'y avait que nous qui avions de l'importance.
- Je pense que, souvent, puisqu'ils ne trouvent pas assez de véritables sources, ils inventent. C'est ce que font la plupart des mauvais reporters.
M'enfoncerais-je dans mon mensonge ? Non pas du tout. Je savais bien qu'Evan avait compris la subtilité de mes paroles, je le voyais dans son attitude et les lueurs pétillantes dans le fond de son regard. Néanmoins, pourquoi ne pas cracher délicieusement sur la feuille de chou lorsque nous en avions l'occasion ? Même si, présentement, je parlerais plus volontiers d'un autre type de légume, comme le poireau.
Voilà là toute la subtilité de nos échanges depuis des années. Il n'était pas nécessaire que le sujet soit d'une importance capitale. Un simple prétexte, et nous pouvions partir en extrapolation qui n'avait de limite que notre imagination. C'était les conversations les plus riches de ma vie.
Miroir de mon âme, de mon être, parfait âme-sœur dans les faits, je ne pouvais que dévorer le grand roux du regard, avalant nerveusement ma salive encore une fois. Bien que la tête penchée sur le côté, aux airs faussement ingénues, je ne perdais pas une miette de ce que j'avais devant moi. Si proche. Quelle ironie de constater que durant des années j'avais accès à ce teint de peau, à cette proximité, sans pour autant en voir l'entière beauté. À présent que je découvrais son épiderme sous un œil nouvellement attentif, je ne pouvais que ressentir l'attraction entre nos deux corps. Deux aimants (et amants) qui ne pouvaient subir que l'attraction.
Mais alors qu'il me fixait entre tendresse et agacement, je le sentais presque s'éloigner, trop, ne serait-ce que le mouvement soit subtile. Soudainement, la vision de le voir repartir, s'en aller loin, encore une fois, vint me faire proie et, tandis qu'il saisissait ma nuque, je ne pus m'empêcher de raffermir mon emprise dans ses cheveux bouclés.
Le voilà, ce réflexe d'accroche dû à la crainte de la chute. Je retournerais toutefois me brûler encore et encore, car j'étais entêtée… et que cette fois, je voulais réussir. Dussé-je laisser tomber ce masque bien trop professionnel et détaché.
Alors, de la douceur traversa le métal solide de mes prunelles tandis que le sourire victorieux devint plus sensible, mais aussi plus sérieux. Car j'ouvrais mon cœur.
- Je les poserais encore s'il le fallait. De milles façons possibles si nécessaire. Devant tes élèves ou même devant les… abeilles que tu protèges. Non je ne l'aimais pas, cela se sentait à mon ton, car elle déployait mes craintes les plus profondes. Un instant de silence me suffit pour retrouver douceur et délicatesse d'ordinaire si rare en mon être. Hors de question de te perdre encore.
Alors, je le prenais aux mots, puisqu'il semblait m'y inviter et m'y défier. Retournant dans son cou, je vins lui attraper la peau pour la saisir entre mes dents, et ne plus le lâcher. Ho, aurait-il dit "lèvres" ?
- InvitéInvité
Re: [FB] I sing under the...
Mar 30 Juil 2019 - 15:22
Il y avait toujours eu des accents malicieux chez la rouquine - mais ainsi, n'était-elle pas également prédatrice? Evan était à elle, pourtant, et ne pouvait malgré tout pas s'empêcher de la taquiner au sujet de ses propres incartades. Qu'elle s'amuse avec ses proies, il n'en avait jamais eu cure, mais cet amusement particulier avait la nouveauté d'être ... trop intentionnel. Faire d'une pierre deux coups en confondant Poppy et en plantant des germes bien en vue du Chineur, n'était-ce pas trop calculé de la part de la demoiselle? « Je pense que, souvent, puisqu'ils ne trouvent pas assez de véritables sources, ils inventent. C'est ce que font la plupart des mauvais reporters ». C'était si souvent ainsi, avec eux. Il savait qu'elle savait - et inversement ... et pourtant, ils s'enlisaient ensemble, parce qu'ils le pouvaient, parce que rien n'était à leur hauteur, mais que lorsqu'on contemple le monde juché à son sommet, on ne peut rêver que de s'élever davantage. « Surprenant, qu'ils gardent des registres assez efficaces pour inventer des contes auxquels leurs lecteurs n'ont pas encore rêvé », fit-il d'une voix à l'innocence toute feinte, adressant un petit regard en coin à la jeune femme. Le musicien n'était pas dupe - mais il ne tenait pas rigueur à la médicomage de ses jeux et de ses manigances. L'idée des fiançailles lui était étrange. Marié, Evan l'avait été, une fois - longtemps après le décès d'Elena, l'Écossais avait gardé sa bague, au point où une marque indélébile marquait toujours son annulaire gauche, tant d'années plus tard. La notion même qu'il puisse convoler à nouveau était à la fois douce et amère - il n'aurait su dire quelle saveur dominait, mais Evan ne souhaitait pas se poser de questions aussi profondes ce soir. Ils étaient installés au bout du monde (ou ce qui aurait pu passer pour, à tout le moins), à deux, enfin ensemble comme ils auraient toujours dû l'être. Le professeur ne souhaitait pas embrumer son esprit déjà échaudé par l'alcool en y ajoutant ses propres souvenirs matrimoniaux. Doigts lacés parcourant la nuque de la belle, cent distractions étaient prêtes à détourner son attention du sujet. Distrait, Evan aurait probablement acquiescé à tout ce qu'Ariadne proposait, sur le coup. Prisonnier de la chaleur de l'alcool et celle de ses reins, captif du renard assis sur ses genoux, dont les jointures se tendaient dans ses propres cheveux d'ambre. Il ferma les yeux à demi, la sensation courant le long de son échine, frisson caressant sa peau jusqu'à ses bras enveloppant la silhouette gracile de sa moitié pas tendre.
Evan était sien, et elle était sienne. Territoire à couvrir de baisers, à marquer par les lèvres, à réclamer et défendre. « Je les poserais encore s'il le fallait. De milles façons possibles si nécessaire. Devant tes élèves ou même devant les… abeilles que tu protèges ». Il haussa un sourcil, penchant la tête sur le côté, mine d'adolescent joueur renforcée par les boucles indisciplinées de sa chevelure rétive, qui lui donnait un air d'éternelle indiscipline. Assise sur ses genoux, les doigts du pianiste liés à sa peau, Ariadne souhaitait-elle réellement parler de celle qui avait tout de l'enfant qu'il n'avait jamais eu à ses yeux? « Hors de question de te perdre encore ». Le bât tomba, et ses paupières se plissèrent alors que le professeur approcha son front de celui de la sorcière, sourire tendre aux lèvres, avec l'amusement qu'on accorde à un enfant boudeur. Il comprenait, mais ne pouvait s'empêcher d'en ressentir un brin d'amusement teinté de compassion. Evan savait avoir tenu le beau rôle, dans leur relation - celui qui partait et qui revenait ... mais combien de temps devrait-il rassurer Ariadne? Était-ce un combat à constamment recommencer, que de se laisser à de grandes déclarations? Le sorcier était paisible pour la première fois de sa vie - n'était-ce pas perceptible, pour celle qui connaissait toutes les chansons que son âme produisait? « Y penses-tu souvent, Ariadne? » La question détournée. Un regard furtif autour d'eux, rapidement - ils étaient bien seuls. « Ne parcoures-tu pas tes songes pour y voir que je ne partirai pas? » Le regard simple, honnête, il lui offrait tout ce qu'il était, au creux de ses prunelles sylvestres. « Si tu n'as pas confiance en moi, n'as-tu pas confiance en ton don? »
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Re: [FB] I sing under the...
Mer 31 Juil 2019 - 15:09
Les soupçons, les soupçons, toujours les soupçons. Ne pouvait-il pas simplement prendre la plaisanterie comme elle se présentait ? Qui plus est, la bague que j'avais montrée à l'ingénue n'était pas bien loin, juste là, ornant mon annulaire droit. Finalement, il était même surprenant que la rumeur d'une liaison entre Evan et moi n'ait pas été mise en avant plus tôt. Ça n'aurait été qu'une question dans temps, dans tous les cas. Alors, pourquoi en faire une histoire maintenant ? Était-ce parce que j'avais touché à l'une de ses petites protégées, celle qu'il considérait comme sa fille, ou était-ce simplement par principe de râler ? Il savait à quel point je pouvais être incisive lorsque je le souhaitais, toutefois, je jurerais que l'échange avec la jeune femme était resté tout à fait courtois et en bonne et due forme. J'avais même essayé de la guider et de l'aider la petite abeille. Si elle n'avait retenu que la moitié des informations, y étais-je pour quelque chose ? Certes non. Sa réputation chuta alors davantage dans mon échelle de Richter interne. N'était-elle donc allée voir Evan que pour me descendre et m'infliger cette conversation qui commençait à devenir malsaine ? C'est qu'il la protégeait et l'encourageait, mais moi ? Sous prétexte que j'étais douée et éventuellement dangereuse, je n'avais pas besoin d'un temps soit peu de douceur et d'attention ?
De plus, cela avait eu lieu dans un bar, bondé qui plus est, ce n'était pas comme si j'avais intentionnellement poussé à la provocation du Chineur. N'importe qui aurait pu reprendre l'information.
Me trouvait-il donc si mesquine que cela ? À sonder son regard et ses airs aussi amusés que tirés, j'étais certaine que oui. Après tout, je le connaissais par cœur cet Evan. Je me permettais donc de rouler mes prunelles métalliques dans leurs orbites avant de répondre d'un air tout aussi détaché que las.
- Et bien comme quoi la feuille de chou se modernise. Ou alors devrais-je peut-être y postuler, au moins, ce sera efficace dès l'instant. Quant à ton bon vouloir, tu sais que je m'en moque.
Il y avait des êtres complexes dans le monde. Mon métier me le montrait chaque jour. Néanmoins, les différences et les similitudes qui me rapprochaient d'Evan étaient pour le meilleur et pour le pire. Nous pouvions tout aussi bien dominer le monde d'un revers de la main, que ne pas admettre ce qui nous pendait au nez. La preuve, notre séparation avait duré des années sans que l'autre ne s'aperçoive que la coupe était fendue. Cette coupe dans laquelle nous aimions tant nous abreuver, celle que nous partagions, celle qui contenait un mélange de thé et de whisky pur-feu.
Alors, je me cramponnais à lui, par les flammes de ses cheveux, quitte à me brûler, pour éviter qu'il ne s'éloigne. Mais même si je m'imposais à lui de corps puisque j'étais installée sur ses genoux, je sentais à présent un fossé entre nous, entre nos âmes, notre manière de penser. Ou alors n'était-ce que moi qui me l'imaginais ?
Quoiqu'il en soit, le brasier qui me consumait jusqu'alors reçut une gerbe d'eau, et même si la chaleur était toujours omniprésente, je me retrouvais avec l'esprit embrumé par la vapeur. Mon orgueil m'aveuglerait-il, ou alors n'étions-nous pas (plus) sur la même longueur d'onde ? Pourtant, je n'avais qu'une seule envie. Rester là, dans ses bras, et continuer à sentir ses caresses sur ma nuque, le long touché agile de ses doigts de pianiste faisant vibrer tout mon être. Je voulais m'en délecter encore et encore.
Mais je ne voulais pas, encore une fois, baser tout cela sur des mensonges et encore moins des non-dits. Nous nous étions promis d'être sincères l'un envers l'autre, et même si l'amusement de la rumeur lancée par le Chineur avait été présent, il avait fait place à présent à un malaise profond que je ne savais maitriser.
Autant à l'époque, j'aurais pu passer outre. Autant avec notre passif actuel, je n'avais plus envie de jouer. Même alors que je fermais à demi les paupières pour essayer de savourer son geste tendre envers moi tandis qu'il posait son front sur le mien, mon esprit aiguisé ne put s'empêcher de percevoir l'amusement (la moquerie ?) qui était aussi dissimulé.
Sale con. Ne voyait-il donc aucune blessure ? Était-il donc à ce point aveuglé par ses propres rayonnements ?
Pourtant, je croyais percevoir une certaine sérénité en lui, quelque chose de nouveau, qui n'existait ni du temps de notre enfance ni du temps de nos retrouvailles en début d'année. Alors qu'était-ce ? Le fait qu'il se soit trouvé de petits laquais avec qui jouer, et qui lui rapportaient l'os à ronger me concernant ? Ou était-ce autre chose ?
À sa remarque, un soupir s'échappa de mes narines tandis que je redressais le visage pour me séparer du sien, à contrecœur malgré l'anarchie de mes pensées.
L'écossais savait à quel point le sujet qu'il abordait-là était sensible pour moi. Même si je ne reniais pas le don que j'avais, je n'étais pas de ceux qui en parlaient avec aisance, et encore moins qui en profitaient. Je subissais plus que je me délectais. Preuve en était avec les visions que j'avais déjà eues concernant Evan et cette autre médicomage de Sainte-Marie.
Plissant les yeux, l'amusement laissa place cette fois à une sorte d'amertume.
- J'ai davantage confiance en toi qu'en… "ça". Tu sais que je n'ai aucun contrôle. Ce que je peux voir est aussi effrayant que rassurant.
Il existait un nombre incommensurable de chemins à l'avenir. Comment savoir dès lors avec certitude que ce que je voyais allait réellement se produire ? Comment pouvais-je avoir la certitude par mes visions que le géant roux n'allait pas à nouveau s'éloigner. Ne serait-ce que d'un pas. À l'époque, nous n'avions que nous. Aujourd'hui, il s'était fait de nouveaux amis, avait de nouveaux protégés, avait de nouvelles obligations. Je me devais de composer aujourd'hui avec ces obstacles qui n'existaient pas alors.
Cette fois, j'avais besoin d'air, de ce besoin irrépressible de retrouver le contrôle pour ne pas perdre pied. Car ce n'était pas mon genre de perdre pied. J'avais besoin de mes repères, de mon esprit critique pour pouvoir avancer sereinement. Je ne l'étais plus à présent.
Alors c'est avec une douceur non feinte que je me permettais de glisser du haut des genoux du musicien pour retourner sur mes pieds et me détourner. Là, je traversais lentement le chemin qui séparait le banc à l'étendue d'eau, mes bras venant se croiser sur mon ventre. Comme si, malgré tout, j'essayais de contenir la chaleur d'Evan contre moi, car déjà, il me manquait.
- Orion,
Pigmenté d'infini et de soif terrestre,
N'épointant plus sa flèche à la faucille ancienne,
Les traits noircis par le fer calciné,
Le pied toujours prompt à éviter la faille,
Se plut avec nous
Et resta.
Chuchotement parmi les étoiles.
Tournant lentement le visage dans sa direction, le métal vint à nouveau frapper tendrement le côté sylvestre de son regard.
- J'y pense chaque jour.
De plus, cela avait eu lieu dans un bar, bondé qui plus est, ce n'était pas comme si j'avais intentionnellement poussé à la provocation du Chineur. N'importe qui aurait pu reprendre l'information.
Me trouvait-il donc si mesquine que cela ? À sonder son regard et ses airs aussi amusés que tirés, j'étais certaine que oui. Après tout, je le connaissais par cœur cet Evan. Je me permettais donc de rouler mes prunelles métalliques dans leurs orbites avant de répondre d'un air tout aussi détaché que las.
- Et bien comme quoi la feuille de chou se modernise. Ou alors devrais-je peut-être y postuler, au moins, ce sera efficace dès l'instant. Quant à ton bon vouloir, tu sais que je m'en moque.
Il y avait des êtres complexes dans le monde. Mon métier me le montrait chaque jour. Néanmoins, les différences et les similitudes qui me rapprochaient d'Evan étaient pour le meilleur et pour le pire. Nous pouvions tout aussi bien dominer le monde d'un revers de la main, que ne pas admettre ce qui nous pendait au nez. La preuve, notre séparation avait duré des années sans que l'autre ne s'aperçoive que la coupe était fendue. Cette coupe dans laquelle nous aimions tant nous abreuver, celle que nous partagions, celle qui contenait un mélange de thé et de whisky pur-feu.
Alors, je me cramponnais à lui, par les flammes de ses cheveux, quitte à me brûler, pour éviter qu'il ne s'éloigne. Mais même si je m'imposais à lui de corps puisque j'étais installée sur ses genoux, je sentais à présent un fossé entre nous, entre nos âmes, notre manière de penser. Ou alors n'était-ce que moi qui me l'imaginais ?
Quoiqu'il en soit, le brasier qui me consumait jusqu'alors reçut une gerbe d'eau, et même si la chaleur était toujours omniprésente, je me retrouvais avec l'esprit embrumé par la vapeur. Mon orgueil m'aveuglerait-il, ou alors n'étions-nous pas (plus) sur la même longueur d'onde ? Pourtant, je n'avais qu'une seule envie. Rester là, dans ses bras, et continuer à sentir ses caresses sur ma nuque, le long touché agile de ses doigts de pianiste faisant vibrer tout mon être. Je voulais m'en délecter encore et encore.
Mais je ne voulais pas, encore une fois, baser tout cela sur des mensonges et encore moins des non-dits. Nous nous étions promis d'être sincères l'un envers l'autre, et même si l'amusement de la rumeur lancée par le Chineur avait été présent, il avait fait place à présent à un malaise profond que je ne savais maitriser.
Autant à l'époque, j'aurais pu passer outre. Autant avec notre passif actuel, je n'avais plus envie de jouer. Même alors que je fermais à demi les paupières pour essayer de savourer son geste tendre envers moi tandis qu'il posait son front sur le mien, mon esprit aiguisé ne put s'empêcher de percevoir l'amusement (la moquerie ?) qui était aussi dissimulé.
Sale con. Ne voyait-il donc aucune blessure ? Était-il donc à ce point aveuglé par ses propres rayonnements ?
Pourtant, je croyais percevoir une certaine sérénité en lui, quelque chose de nouveau, qui n'existait ni du temps de notre enfance ni du temps de nos retrouvailles en début d'année. Alors qu'était-ce ? Le fait qu'il se soit trouvé de petits laquais avec qui jouer, et qui lui rapportaient l'os à ronger me concernant ? Ou était-ce autre chose ?
À sa remarque, un soupir s'échappa de mes narines tandis que je redressais le visage pour me séparer du sien, à contrecœur malgré l'anarchie de mes pensées.
L'écossais savait à quel point le sujet qu'il abordait-là était sensible pour moi. Même si je ne reniais pas le don que j'avais, je n'étais pas de ceux qui en parlaient avec aisance, et encore moins qui en profitaient. Je subissais plus que je me délectais. Preuve en était avec les visions que j'avais déjà eues concernant Evan et cette autre médicomage de Sainte-Marie.
Plissant les yeux, l'amusement laissa place cette fois à une sorte d'amertume.
- J'ai davantage confiance en toi qu'en… "ça". Tu sais que je n'ai aucun contrôle. Ce que je peux voir est aussi effrayant que rassurant.
Il existait un nombre incommensurable de chemins à l'avenir. Comment savoir dès lors avec certitude que ce que je voyais allait réellement se produire ? Comment pouvais-je avoir la certitude par mes visions que le géant roux n'allait pas à nouveau s'éloigner. Ne serait-ce que d'un pas. À l'époque, nous n'avions que nous. Aujourd'hui, il s'était fait de nouveaux amis, avait de nouveaux protégés, avait de nouvelles obligations. Je me devais de composer aujourd'hui avec ces obstacles qui n'existaient pas alors.
Cette fois, j'avais besoin d'air, de ce besoin irrépressible de retrouver le contrôle pour ne pas perdre pied. Car ce n'était pas mon genre de perdre pied. J'avais besoin de mes repères, de mon esprit critique pour pouvoir avancer sereinement. Je ne l'étais plus à présent.
Alors c'est avec une douceur non feinte que je me permettais de glisser du haut des genoux du musicien pour retourner sur mes pieds et me détourner. Là, je traversais lentement le chemin qui séparait le banc à l'étendue d'eau, mes bras venant se croiser sur mon ventre. Comme si, malgré tout, j'essayais de contenir la chaleur d'Evan contre moi, car déjà, il me manquait.
- Orion,
Pigmenté d'infini et de soif terrestre,
N'épointant plus sa flèche à la faucille ancienne,
Les traits noircis par le fer calciné,
Le pied toujours prompt à éviter la faille,
Se plut avec nous
Et resta.
Chuchotement parmi les étoiles.
Tournant lentement le visage dans sa direction, le métal vint à nouveau frapper tendrement le côté sylvestre de son regard.
- J'y pense chaque jour.
- InvitéInvité
Re: [FB] I sing under the...
Jeu 8 Aoû 2019 - 2:39
Il y avait les échos, les reflets. De ce qu'ils avaient été, de ce qu'ils pouvaient être. Le pavé dans la mare qui gâchait l'image trop parfaite de héros conquérants, de l'Apollon à la lyre et de l'amante aux dons refusés. Figures de cire et de métal en fusion dont les gestes se pliaient au gré des caprices du coeur solaire - s'ils remplaçaient les morceaux brisés les uns après les autres, le tout pouvait-il avoir gardé son essence? « Quant à ton bon vouloir, tu sais que je m'en moque ». Les échos, les uns après les autres - l'ombre qui échappait au soleil, tendant les doigts vers elle mais ne parvenant jamais à l'attraper entièrement, la capricieuse entêtée. Domaine de volutes de fumée et de chants n'attendant que de l'attirer vers le plus doux des écueils. Front contre front pour faire face à l'abysse qui risquait de les engloutir, à l'incendie ... Flammes indifférentes, de celles qui engloutissent sans purifier. Qui prennent tout. Le doute, le besoin de se prouver, mais comment le pouvait-il encore? Le professeur était prêt à tout lui donner, à sa médicomage. Corps, âme, nom ... Il lui aurait tout donné, si elle le lui demandait. Nécessité de fonder la confiance sur l'immatériel, au point où les prémonitions semblaient plus stables que l'assurance, les promesses qu'il tentait tant bien que mal de fonder. Être d'eau et d'échappatoires, il lui était bien possible de prendre racine, au géant roux, mais comment fonder ses promesses sur autre chose qu'un chant d'hiver? On ne le changerait pas, le grand volatile cuirassé de lumière. Se réchauffer à son éclat sans accepter ses traits erratiques reviendrait à vivre une demie-vie. Combien de fois l'avait-il dit à Ariadne? Je ne marcherai jamais au pas ... Jadis il avait cru parler contre son père, sa famille, son destin de sang pur. Les années et l'expérience lui permettaient désormais de réaliser, bien que de façon incomplète et abstraite, qu'il s'était construit en négation de tout ce qui ne vibrait pas de trémolos. Tout ce qui ne voulait pas courir au rythme des volutes d'argent.
Elle n'avait rien d'une vierge effarouchée, ni d'une amante éplorée - et pourtant, le pianiste n'était-il pas en défaut, lorsque venait le temps de lui prouver qu'il ne s'en allait nulle part? « Si tu n'as pas confiance en moi, n'as-tu pas confiance en ton don? » La question, le doigt mis dessus de façon tellement grossière, si évidente qu'on aurait pu être surpris d'entendre l'Écossais le dire ainsi. Être de volutes et d'échappatoires, venant mettre les points sur les i aussi maladroitement? La réaction de la médicomage était évidente - l'évocation demeurait pourtant nécessaire, à son sens. Evan sentit le souffle de son soupir sur son propre visage alors même qu'Ariadne s'éloignait de lui. « J'ai davantage confiance en toi qu'en… "ça". Tu sais que je n'ai aucun contrôle. Ce que je peux voir est aussi effrayant que rassurant. » L'Écossais entendait tout, acceptait tout - l'amertume au premier rang, les doutes au second. Il la regarda s'éloigner, une main sur son bras aussi longtemps qu'il le pouvait, membre tendu vers la jeune femme. Sybilline, elle avait le port d'une reine et lui sembla, tout à coup, porter le fardeau du monde sur ses épaules recroquevillées par sa posture de protection. Evan ne la suivit pas, se contentant de glisser sur le banc pour s'en approcher. « Tu sais que tu peux me les partager », murmura-t-il. Pour se perdre en interprétations, pour partager le fardeau, Evan n'en avait cure. « que je ne te traiterais jamais de ... enfin, tu sais ». Et lui aussi, savait - qu'il avait bien failli, il y avait de cela quelques mois. Mais il y avait eu la morsure, il y avait eu le chant d'airain de sa belle dans un univers différent, il y avait eu les aveux, et les doigts lacés en une promesse d'éternité. Sourcils froncés, Evan l'écouta alors qu'elle récitait ... Une prophétie? Un poème? Incertain, trouvant les vers à propos malgré tout, un long frisson lui parcourut l'échine. « Les traits noircis par le fer calciné, le pied toujours prompt à éviter la faille ». Calciné. Fuyant. Les échappatoires constants, éternels. Une douleur certaine se glissa dans ses prunelles vertes alors que la médicomage lui faisait face à nouveau. « J'y pense chaque jour. » Evan déglutit, sentit le besoin de se réfugier contre elle, même si elle était plus petite que lui, même s'il la dominait d'une tête, même s'il voulait toujours être le prince charmant, celui qui sauve, celui qui réconforte. Un grain de supplique se glissa dans son expression faciale. « et si ... S'il n'était pas toujours parvenu à l'éviter, la faille? S'il s'y est fendu en dissimulant la fracture? » Sa voix devenue murmure, les douleurs cachées qui revenaient au grand jour. L'incendie, la souffrance. Le martyre. « S'il s'en cache, défiguré? », demanda-t-il, la voix riche vibrant de trémolos. Enfin, l'aveu - le seul qui demeurait, la dernière faille. L'ultime fracture d'avant. « N'as-tu pas vu un incendie, dans tes songes ...? » M'avais-tu vu, nu et exposé, dans mon univers de flammes et de fumée? Les volutes - celles qui l'avaient étouffé.
- InvitéInvité
Re: [FB] I sing under the...
Mer 14 Aoû 2019 - 11:56
J'en avais mal à la tête, de cette situation qui asphyxiait la confiance, qui rendait notre relation verhallend. Chaque effort que je fournissais semblait être suspecté, comme chaque parole qu'il prononçait était disséquée, klagend. La chaleur d'abord apaisante de sa proximité devint étouffante, et je n'avais d'autres choix que de m'éloigner un peu pour mieux me révéler. Faire tomber les masques, car nous n'étions plus au théâtre. Tout le moins, nous n'avions plus de publique, nous étions les seuls acteurs de l'avenir qui se dessinait devant nous, et j'avais la sensation que c'était là que tout se jouait. Tempo du cœur qui battait à présent la mesure alors que le grand roux se rapprochait.
L'harmonie naît entre ceux qui ont les mêmes notes à l'intérieur.
Cela avait été le cas depuis le premier jour avec le musicien, un tango endiablé, mais aujourd'hui ce n'était plus qu'une symphonie plaintive. En espérant que le mouvement suivant soit plus entraînant. Dans chaque histoire il fallait passer par un moment de lento n'était-ce pas ?
Ce qu'il sous-entendait ne pouvait que me faire réagir, mon regard d'acier s'accrochant sur lui comme un fauve prêt à égorger sa proie. Il avait failli le dire ce soir-là. Il l'avait même pensé. Était-ce ce qui m'avait fait sombrer dans la folie dès lors ? Vorspiel de notre situation d'aujourd'hui, de notre discussion. D'ordinaire, j'aurais sûrement rebondi de manière sarcastique, lui renvoyant des tirades contre lesquelles il aurait pu rebondir encore.
Mais voilà, je n'avais pas la foi. Le temps n'était plus à la comédie. Donc, je soupirais et je baissais les yeux, peut-être confuse, mon menton hochant alors, signe que je ne lui en voulais pas. Il avait raison ce schalkhaft.
- Je sais. J'ai juste perdu l'habitude.
L'habitude de me confier, d'avoir une oreille attentive pour moi. Parce qu'il n'avait plus été là. Fut un temps où je lui racontais, où il savait, chaque jour ce que mon lot de visions m'apportait. Aujourd'hui, je les gardais obstinément pour moi. Parce que je n'avais plus personne. L'écrire dans des lettres même sous couvert d'un sortilège aurait été bien trop risqué à mon goût. Nos retrouvailles n'avaient pas encore permis de remettre ce sujet sur le tapis. Il me fallait du temps. Tout comme à lui.
Pourtant, ma poésie, aux effluves de prophétie, semblait l'avoir rendu indécis. Bewegt fut dès lors son allure. Difficulté à déglutir, traits tirés qui vont avec. Je ne le connaissais que trop bien mon unisson.
Pivotant totalement dans sa direction, je me redressais, je redevins alors cette clé de Fa tandis qu'il composait sur ma mesure de son bas murmure. Sourcils d'abord haussés par la surprise de la confession, je les fronçais en comprenant le secret. Un de plus. Pourtant, mes prunelles ne furent pas sévères. Davantage attentives. Propulsée dans mon rôle de médicomage. De confidente. D'amie. D'aimante.De fiancée.
Trémolo nouveau dans sa gorge, élan de tendresse et de compassion, je tendais mes doigts vers ceux de sa main pour les lui serrer avec soutien. Dämpfer dans la voix, imitant son propre murmure, j'essayais de garder une accroche, un pied calme.
- J'en ai vu des choses. L'oiseau. La fuite. La musique. La mort. Le feu. L'ingénue. Ma remplaçante. Mais comment définir le vrai du faux ? C'était ce qui m'avait perdu avant mon départ. Avant ma morsure. C'était ce qui m'avait rendue cinglée. D'un sourire doux, j'osais me rapprocher. Corps à corps, je l'accueillais dans l'essaim métallique de mon regard. Que s'est-il passé Evan ?
Zweichörig. Enfin. À nouveau nous devenions une enharmonie.
L'harmonie naît entre ceux qui ont les mêmes notes à l'intérieur.
Cela avait été le cas depuis le premier jour avec le musicien, un tango endiablé, mais aujourd'hui ce n'était plus qu'une symphonie plaintive. En espérant que le mouvement suivant soit plus entraînant. Dans chaque histoire il fallait passer par un moment de lento n'était-ce pas ?
Ce qu'il sous-entendait ne pouvait que me faire réagir, mon regard d'acier s'accrochant sur lui comme un fauve prêt à égorger sa proie. Il avait failli le dire ce soir-là. Il l'avait même pensé. Était-ce ce qui m'avait fait sombrer dans la folie dès lors ? Vorspiel de notre situation d'aujourd'hui, de notre discussion. D'ordinaire, j'aurais sûrement rebondi de manière sarcastique, lui renvoyant des tirades contre lesquelles il aurait pu rebondir encore.
Mais voilà, je n'avais pas la foi. Le temps n'était plus à la comédie. Donc, je soupirais et je baissais les yeux, peut-être confuse, mon menton hochant alors, signe que je ne lui en voulais pas. Il avait raison ce schalkhaft.
- Je sais. J'ai juste perdu l'habitude.
L'habitude de me confier, d'avoir une oreille attentive pour moi. Parce qu'il n'avait plus été là. Fut un temps où je lui racontais, où il savait, chaque jour ce que mon lot de visions m'apportait. Aujourd'hui, je les gardais obstinément pour moi. Parce que je n'avais plus personne. L'écrire dans des lettres même sous couvert d'un sortilège aurait été bien trop risqué à mon goût. Nos retrouvailles n'avaient pas encore permis de remettre ce sujet sur le tapis. Il me fallait du temps. Tout comme à lui.
Pourtant, ma poésie, aux effluves de prophétie, semblait l'avoir rendu indécis. Bewegt fut dès lors son allure. Difficulté à déglutir, traits tirés qui vont avec. Je ne le connaissais que trop bien mon unisson.
Pivotant totalement dans sa direction, je me redressais, je redevins alors cette clé de Fa tandis qu'il composait sur ma mesure de son bas murmure. Sourcils d'abord haussés par la surprise de la confession, je les fronçais en comprenant le secret. Un de plus. Pourtant, mes prunelles ne furent pas sévères. Davantage attentives. Propulsée dans mon rôle de médicomage. De confidente. D'amie. D'aimante.
Trémolo nouveau dans sa gorge, élan de tendresse et de compassion, je tendais mes doigts vers ceux de sa main pour les lui serrer avec soutien. Dämpfer dans la voix, imitant son propre murmure, j'essayais de garder une accroche, un pied calme.
- J'en ai vu des choses. L'oiseau. La fuite. La musique. La mort. Le feu. L'ingénue. Ma remplaçante. Mais comment définir le vrai du faux ? C'était ce qui m'avait perdu avant mon départ. Avant ma morsure. C'était ce qui m'avait rendue cinglée. D'un sourire doux, j'osais me rapprocher. Corps à corps, je l'accueillais dans l'essaim métallique de mon regard. Que s'est-il passé Evan ?
Zweichörig. Enfin. À nouveau nous devenions une enharmonie.
- InvitéInvité
Re: [FB] I sing under the...
Ven 23 Aoû 2019 - 12:44
En définitive, Evan préconisait-il réellement la fuite? Ou l'auto-flagellation? N'était-ce pas toujours sa réponse, que de créer lumière là où il ne ressentait que douleur, ne partageant pas les fardeaux, voulant protéger les autres de l'abysse coûte que coûte ? Mais il y avait eu Ariadne, sa seule constante - ils s'étaient retrouvés, mais n'était-ce pas son refus obstiné de lui montrer les parts les plus laides de son être qui maintenait la distance entre eux? Ainsi, lorsque la figure d'ambre lui confia avoir perdu l'habitude du partage, échos de flamme se découpant contre le miroir sombre de l'eau, il ne fit que hocher la tête en réponse, même si sonadversaireinterlocutrice ne le regardait pas. Un poids de plus sur son échine - de Thésée, ne devenait-il pas Atlas? « J'en ai vu des choses. Mais comment définir le vrai du faux ? » Question rhétorique à laquelle le professeur aurait tellement aimé pouvoir répondre. Il la fixa s'approcher de lui à nouveau, iris verts ne demandant que sa douceur, pour une fois. Evan avait toujours été la part douce de l'entité capricieuse qu'ils formaient - mais il ne se suffisait plus, en matière de tendresse. L'Écossais avait toujours aimé l'Allemande pour son caractère coupant, mais il avait été découpé à tort et à travers, sur le dos - plus de cisailles, désormais. « Que s'est-il passé Evan ? »
Un petit rire mélancolique échappa à ses lèvres. Tout à coup, Evan se sentit vieux. « Tu ne t'en lasses jamais, de ça? » Toute la tendresse dont il était capable se glissa dans ses yeux, dans ses doigts, alors qu'il repoussait vers l'arrière une longue mèche de feu des prunelles d'acier de sa belle. Les longs doigts du pianiste jouaient avec ceux que la médicomage avait tendus vers lui, sourcils froncés, le regard perdu dans une contemplation quasi-absente de ses jointures. Les mains fines de la sorcière, qui lui avaient délié le dos tant de fois. Pour une rare fois, Evan sentit tout le poids de sa propre insouciance, qu'il avait fait peser sur les épaules de l'Allemande. « Ma confidente, ma médicomage, ma casse-pieds ... Tu ne t'en lasses pas? » Orbes cherchant les siens - prunelles vis-à-vis, pour une rare fois, stature imposante assise face à celle, gracile, de la sorcière se tenant debout face à lui, jointe à sa silhouette par le bout des doigts et de l'âme. Une pointe de regret teintait sa voix. Le professeur aurait voulu être mieux, davantage. Il n'avait jamais eu de doute quant à sa propre ... suffisance. Evan se savait être assez, mais pour elle, n'avait-il pas été d'une criante insuffisance? S'il venait à elle, courrait-elle à lui? S'il changeait d'avis, viendrait-elle tout de même? if you come, i'll run, run run.
« Il y a vraiment eu un incendie ». Le 15 avril 2008. Y songer ne provoquait plus chez lui de réactions aussi profondément épidermiques qu'auparavant, mais les flammes demeuraient l'une des grandes catastrophes de l'existence de l'Écossais. Le réveil fracassant, les poumons tachés de suie et l'univers de douleur qu'il avait découvert, l'odeur de sa propre chair qui grésillait alors qu'il prenait à peine conscience. Devoir se jeter par la fenêtre afin d'échapper à la mort, mais vouloir mourir cent fois alors qu'il était traité dans un hôpital moldu. Être nu comme un ver, semblait-il, exposé, la chair à vif, les traitements, presque tous les jours - retirer la peau carbonisée au prix de douleurs sans nom. Toujours trop faible pour contacter qui que ce soit ... et qui aurait-il contacté? Vivant dans un univers de moldus depuis si longtemps, il n'avait eu aucun moyen non-magique de contacter qui que ce soit. Perclus de douleur, condamné aux bons soins moldus, et aux cicatrices qui ne l'auraient pas suivi toute sa vie si seulement il avait pu sauver sa baguette des flammes.
Tirant l'outil magique qui le suivait depuis de sa poche, le géant se releva, surplombant la sorcière, qu'il attira à lui de sa main libre afin qu'ils fassent tous deux face à l'eau. Avant d'être un musicien, avant de devenir comédien, avant tout cela, Evan avait d'abord été un virtuose en métamorphose. Sans mots, d'un geste caractérisant l'envol comme si souvent chez lui, il arracha une myriade de gouttes à la masse sombre d'eau qui courait à leurs pieds, fendue par l'île. Sourcils froncés par l'exercice, lié à la taille d'Ariadne d'une main alors que l'autre façonnait l'eau de cent façons, il ne cessa ses mouvements tournoyants que lorsque l'ondine vint former un grand récipient aux mille accents iridescents. Arrachant des filaments de conscience à sa tempe encadrée de boucles rousses, le professeur jeta un regard prudent à Ariadne, et déposa les souvenirs dans la pensine improvisée. Elle y verrait tout. L'incendie. La douleur. La chair qui grésille. Son meilleur ami, coincé des semaines durant dans un hôpital moldu, incapable de se mouvoir, incapable de contacter qui que ce soit. Seul.
- InvitéInvité
Re: [FB] I sing under the...
Dim 25 Aoû 2019 - 16:28
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Sorry
Sorry
Entre nous, lui et moi, n'étais-je pas devenue la Nemesis ? Celle qu'on accuse des maux alors qu'elle a pourtant une raison bien définie ? Quelque chose de légitime ? La juste colère et le châtiment céleste ? N'avais-je pas toujours été au-dessus des autres ? Oui mais supérieure à Evan ? Ça non jamais, et je n'ai d'ailleurs jamais eu cette envie et cette prétention, alors que j'écrasais le monde de mon talon d'un grand rire victorieux. Le grand roux avait toujours été mon égal, ma moitié solaire, mon équilibre, cette main tendue qui m'avait permise de ne pas sombrer dans le gouffre de la folie. Comment avais-je pu tenir durant son absence ? Privée de lumière, je m'étais recroquevillée, j'avais fermé les yeux, et j'avais attendu. Profonde léthargie, ces années, je ne les avais pas vécues. Je les voyais défiler sans réagir, sans être émue un seul instant d'un quelconque événement. Véritable machine qui subissait le temps, usée par ses visions qui l'assaillait pour tenter de la garder en vie, comme un mauvais défibrillateur. Las, je l'étais encore, et il me fallait à présent reprendre le contrôle de mon corps. Retrouver mes habitudes perdues.
Enchevêtrement éternel des prunelles du printemps et du métal, choc des éléments, je me rapprochais de cette moitié dont j'avais tant besoin en lui offrant ces doigts agiles et protecteurs. Réparateurs de maux depuis longtemps, sans même pouvoir s'occuper de soi. La commissure des lèvres s'étirant avec une tendresse non feinte, je contemplais cette sincérité, cette émotion nouvelle que je lui découvrais et que j'appréciais. Baume chaud et réconfortant à mon cœur. Peut-être un peu trop, je n'étais pas encore tout à fait habituée, tout à fait à l'aise.
Alors, plissant les paupières, quelque peu soucieuse soudainement, je levais une main maternelle sur le front du sorcier, comme si je prenais sa température, avant de la glisser sur sa joue pour répondre d'un air sérieux et solennel.
- Je crois très cher monsieur que les vapeurs d'alcool vous montent à la tête.
Non. Bien sûr que non je ne me lassais pas. Pourquoi le ferais-je ? Quoique la bonne question à poser était plutôt : comment cela pouvait-il être possible ? Nous avions tous les deux des raisons d'abandonner. De ne plus se retrouver et de vivre sans l'autre. D'excellentes raisons même. Mais le prix à payer était un bien trop lourd tribu. Sans doute que nous n'avions pas de quoi payer ce passeur, que nous étions délicieusement condamnés à se supporter. Encore plus maintenant que le rapprochement était là. Si proches, si noués, plus fusionnels qu'à l'accoutumée.
Réalisant toutefois une potentielle maladresse dans ma plaisanterie alors que nos cœurs peinaient à s'ouvrir, je séparais la dernière distance entre nous pour déposer un baiser délicat sur ses lèvres, profitant de m'enivrer de son odeur mélangée de manière si fascinante. Chèvrefeuille et subtil whisky, le tout, ce soir, agrémenté des saveurs de ceux qui nous avaient entourés plus tôt et des autres alcools dont il s'était servi.
Instant composé de douceur et de confidence, je me laissais emporter à proximité de l'eau, sous l'orchestration d'Evan que je suivais sans crainte ni hésitation. Là, tout contre lui, j'appréciais de pouvoir m'abreuver à la chaleur de son corps, de sentir les muscles de son bras être ainsi saisis autour de ma taille tandis que les gestes précis de sa baguette façonnaient devant nous cet outil de révélation, de secrets profonds. Sentiment mêlé de confiance et d'appréhension, j'adressais un regard inquiet à mon double avant de me plonger dans ce passé qui ne m'appartenait pas.
Voilà la torture la plus terrible à laquelle je devais faire face dans ma vie. Subir mes vivions. Constater qu'elles étaient vraies. Percevoir mon ami, ma moitié, dans une douleur si intense. Si seul. Si perdu. Et moi qui restais là, dans une contemplation malsaine qui figeait mon corps et mon esprit d'une profonde tétanie. Qu'avais-je fait ? Que n'avais-je pas fait ? Pourquoi étais-je si imparfaite ? Si fautive ? Pourquoi ne l'avais-je pas retenu ? Pourquoi ne l'avais-je pas plus souvent contacté ?
Mon cœur s'effrita dans ma poitrine. De sec, par le manque d'eau et de soleil durant des années, il en était devenu cassant. Brisé. Un morceau se détacha du reste pour sombrer dans le gouffre sans fond et ténébreux de mon âme. Je sentais les doigts squelettiques de la folie caresser mon esprit. Être au centre… et pourtant en dehors. Jeune fille au verre d'eau. Renoir.
Revenue à la réalité, le regard affolé, désolé, confu et perdu, je me raccrochais à ce qui m'avait toujours empêché de basculer. Défaite, je fixais le musicien avec un regret si intense que j'étais certaine d'avoir vieilli de plusieurs années en quelques secondes. Me saisissant du col de son vêtement, agrippée comme une naufragée à sa bouée, je le prenais dans mes bras, collant mon front au sien, souffle court et coupable. Murmure de confidence à peine soufflé entre les lèvres.
- Pardonne-moi Evan. S'il te plait. Montre-moi.
J'avais besoin de voir. Pas dans ma tête. Avec mes yeux.
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