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Comme chiens et loups (f. Raven)
Lun 8 Juil 2019 - 20:47
Comme chiens et loups
Cela faisait quelques jours qu'Ilya observait la brune aux boucles folles. Des jours qui s'étaient transformés en semaines au fil de ses découvertes et de sa curiosité qui n'était que grandissante. Elle n'avait pas vraiment prévu de la suivre en cachette, ni d'épouser les contours des ombres pour épier ses discussions en secret. Elle n'avait pas prévu, non plus, de noter tous ses indices dans un petit carnet à la couverture vieillie par les frottements répétés contre le tissu de sa poche. Elle le sentait, bien caché, rebondir contre sa cuisse à chaque trottinement pressé. Chaque petit mot griffonné à la plume la confrontait un peu plus dans son aventure.
La quête de Raven décorait la page de garde. Ilya avait fini par comprendre, au fil des personnes qui la hélaient dans les couloirs, que ce prénom était le sien.
La jeune Summerbee n'avait pas prévu tout ça, non. Mais ces temps-ci, elle s'ennuyait. Ses progrès en voyance n'avançaient guère et l'été, bien que source de joie pour la plupart des autres étudiants, n'était pas sa saison favorite : le soleil lui brûlait les rétines et les animaux, eux aussi, fuyaient autant que possible la chaleur. Elle préférait l'hiver, avec ses secrets enfouis dans la neige et les flocons qui lui rappelaient sa Russie.
Mais l'heure n'était pas à la nostalgie.
L'heure était à la chasse.
C'était ainsi qu'Ilya se le représentait dans sa tête, une sorte de jeu de piste, un cluedo grandeur nature dont le mystère la gardait éveillée jusque tard dans la nuit. A moins que ce ne fut le chuchotement des étoiles. L'un comme l'autre sonnait un peu comme de la poésie.
Ilya trottine encore et se rapproche. Raven est à quelques pas de là, à travers le flot des élèves qui vont et viennent pour leurs cours de la matinée. La nuit précédente, Raven était de nouveau absente, et le jour d'avant encore, elle était passée chercher une drôle de fiole auprès du professeur de potions. Cela faisait deux fois que la petite blonde remarquait ce manège. Et chaque fois, c'était la veille d'une pleine lune.
Raven a l'air épuisée. Ilya voit les traces de son insomnie sur son visage ; la lassitude d'une nuit qui se répète. La fatigue, physique, mais surtout spirituelle. Et puis, dans son groupe, il y en a un qui sort la réplique de trop. « T'as vraiment une tête de chien battu aujourd'hui ! »
Aussitôt, Raven se tend et l'envoi balader.
Elle s'en va. Ilya la suit. Trottine. Trottine. Elle parvient bientôt à sa hauteur, sort son carnet de sa poche, hésite, le range, lève son regard vers Raven puis le baisse à nouveau vers le sol.
-Je ne suis pas d'accord avec lui, dit-elle finalement d'une moue boudeuse. Une tête de chien battu, c'est quelqu'un qui est triste. Toi, tu n'es pas triste. Et puis, « chien » n'est pas vraiment le bon animal, non ?
Cela faisait quelques jours qu'Ilya observait la brune aux boucles folles. Des jours qui s'étaient transformés en semaines au fil de ses découvertes et de sa curiosité qui n'était que grandissante. Elle n'avait pas vraiment prévu de la suivre en cachette, ni d'épouser les contours des ombres pour épier ses discussions en secret. Elle n'avait pas prévu, non plus, de noter tous ses indices dans un petit carnet à la couverture vieillie par les frottements répétés contre le tissu de sa poche. Elle le sentait, bien caché, rebondir contre sa cuisse à chaque trottinement pressé. Chaque petit mot griffonné à la plume la confrontait un peu plus dans son aventure.
La quête de Raven décorait la page de garde. Ilya avait fini par comprendre, au fil des personnes qui la hélaient dans les couloirs, que ce prénom était le sien.
La jeune Summerbee n'avait pas prévu tout ça, non. Mais ces temps-ci, elle s'ennuyait. Ses progrès en voyance n'avançaient guère et l'été, bien que source de joie pour la plupart des autres étudiants, n'était pas sa saison favorite : le soleil lui brûlait les rétines et les animaux, eux aussi, fuyaient autant que possible la chaleur. Elle préférait l'hiver, avec ses secrets enfouis dans la neige et les flocons qui lui rappelaient sa Russie.
Mais l'heure n'était pas à la nostalgie.
L'heure était à la chasse.
C'était ainsi qu'Ilya se le représentait dans sa tête, une sorte de jeu de piste, un cluedo grandeur nature dont le mystère la gardait éveillée jusque tard dans la nuit. A moins que ce ne fut le chuchotement des étoiles. L'un comme l'autre sonnait un peu comme de la poésie.
Ilya trottine encore et se rapproche. Raven est à quelques pas de là, à travers le flot des élèves qui vont et viennent pour leurs cours de la matinée. La nuit précédente, Raven était de nouveau absente, et le jour d'avant encore, elle était passée chercher une drôle de fiole auprès du professeur de potions. Cela faisait deux fois que la petite blonde remarquait ce manège. Et chaque fois, c'était la veille d'une pleine lune.
Raven a l'air épuisée. Ilya voit les traces de son insomnie sur son visage ; la lassitude d'une nuit qui se répète. La fatigue, physique, mais surtout spirituelle. Et puis, dans son groupe, il y en a un qui sort la réplique de trop. « T'as vraiment une tête de chien battu aujourd'hui ! »
Aussitôt, Raven se tend et l'envoi balader.
Elle s'en va. Ilya la suit. Trottine. Trottine. Elle parvient bientôt à sa hauteur, sort son carnet de sa poche, hésite, le range, lève son regard vers Raven puis le baisse à nouveau vers le sol.
-Je ne suis pas d'accord avec lui, dit-elle finalement d'une moue boudeuse. Une tête de chien battu, c'est quelqu'un qui est triste. Toi, tu n'es pas triste. Et puis, « chien » n'est pas vraiment le bon animal, non ?
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Re: Comme chiens et loups (f. Raven)
Mar 9 Juil 2019 - 8:05
Le retour à la réalité est fracassant. Aujourd’hui, comme à chaque fois, Raven McGarden accuse le coup. Ses transformations l’épuisent toujours autant. Ses muscles sont douloureux, lui rappelant à chacun de ses mouvements qu’elle n’est redevenue normale que depuis peu. L’est-elle seulement ? Peut-elle espérer l’être un jour ? Et qu’est-ce que la normalité, au fond. Oh la ferme ! Ce que son cerveau pouvait l’agacer à se mettre en route comme un dératé alors qu’elle ne se sentait même pas la force d’entretenir une conversation civilisé avec son prochain. Elle était épuisée, à bout de force et se traînait bon gré mal gré à travers les couloirs de l’université. Par Merlin, ce qu’elle ne donnerait pas pour retourner dans son lit ! Ne serait-ce que pour cinq petites minutes… Mais non. Elle ne pouvait pas. Déjà, son despotique professeur de potion n’hésiterait à lui pourrir un peu plus l’existence en modifiant de nouveau les composants de son tue-loup… Puis être active lui permettait de passer à autre chose, de tourner la page jusqu’à la prochaine pleine lune. Ouai elle faisait un effort monumental pour garder les yeux ouverts et ça devait très certainement se lire sur sa tête. Un truc du genre : N’approchez pas, je mords. Et pourtant un petit malin s’était permis la phrase de trop. Celle qui, isolée, te passe au dessus de la tête mais qui ajouté au reste te fait tout simplement sortir de tes gonds. Il n’en fallait pas plus pour que Raven lui explose au visage avant de disparaître, une migraine venait soudain se rajouter à la liste.
La jeune femme avance sans savoir réellement où elle se rend. Elle laisse ses pas la guider, l’emmener loin de tout ça. Comme si un refuge mystérieux allait lui tomber droit dans les bras. Non madame ! C’est plus une tête blonde qui se réserve ce droit. Bien blonde d’ailleurs. Raven l’observe à peine malgré une curiosité naissante. Ne pouvait-elle pas râler en paix au moins aujourd’hui ?
« Je ne suis pas d'accord avec lui.
- Ça me fait une belle jambe tiens. »
La sorcière soupire et reprend sa route imaginaire, n’écoutant que d’une oreille distraite le reste du discours de l’inconnue. Elle n’est pas triste ? Non c’est vrai. Elle est bien des choses mais la tristesse est enterrée depuis bien trop longtemps pour être aperçue un jour par un quidam.
« Et puis, « chien » n'est pas vraiment le bon animal, non ? »
Pardon ? Raven s’arrête presque automatiquement et se retourne, ses sourcils s’arquant bien malgré elle. Avait-elle bien entendu ? Bien sûr pauvre idiote. T’as une ouïe plus développée que la moyenne je te rappelle. Chut. Elle n’avait vraiment pas besoin de se quereller avec son Moi intérieur maintenant. Non, ce dont elle avait réellement besoin, était de savoir ce que cette sorcière savait ou non et ce qu’elle comptait faire de ses informations. Sa condition n’était pas un secret absolue mais moins on la connaissait, mieux elle se portait. Un profond soupire s’échappa de ses lèvres alors qu’elle voyait certains étudiants arrêter leur conversation pour mieux tendre l’oreille. Ils peuvent pas se mêler de leur chaudron eux ? Agacée, elle attrapa son poignet et l’entraina plus loin, où elles seraient un minimum au calme. Sur la défensive, Raven lui lance.
« Qu’est-ce que tu me veux ? »
Ça n’avait rien d’un aveux, ni même d’une forme de négation. Non, elle souhaitait réellement savoir ce qu’elle risquait avec elle si le sujet venait à être abordé.
« Et puis qui es-tu ? »
La sorcière l’observe, ne sachant sur quel pied elle allait devoir danser.
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Re: Comme chiens et loups (f. Raven)
Jeu 11 Juil 2019 - 23:30
Comme chiens et loups
Ses mots s'arrêtent sur une note un peu plus haute, interrogative, presque timide, et la brune se stoppe net. Ilya l'imite et croise les bras dans son dos. Elle est légèrement plus petite que Raven, alors elle lève le bout du nez pour la regarder droit dans les yeux. Quelques secondes, à peine, avant de dérober son regard pour observer autre chose. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas regarder les gens ; c'était plutôt qu'elle n'appréciait pas qu'eux puisse la regarder si intensément. Les yeux, les prunelles, et tout ce qui se passait dans cet océan aux couleurs infinies, c'était précieux. Bien plus encore que ce secret auquel Raven semblait tenir tant.
Elle a peut-être parlé un peu trop fort, cette fois. Les autres élèves chuchotent autour d'eux. Leurs conversations s'arrêtent. Ilya n'ose plus rien dire.
Raven, bien plus agacée qu'elle, ne supporte pas ce silence bien longtemps et l'attrape par le poignet. Elle tire, et la petite blonde la suit malgré elle, à l'écart, à l'abri des oreilles indiscrètes.
— Qu’est-ce que tu me veux ? lui demanda-t-elle, presque agressive.
Comme un loup sur la défensive. Ilya se mord la lèvre pour ne pas sourire, parce qu'elle n'est pas tout à fait sûre qu'elle prendrait bien cette remarque.
— Une glace au citron, répond-elle presque sans réfléchir.
Presque parce que, quand même, il faisait chaud, et que le citron, c'était vachement rafraîchissant. Ilya bascule son poids sur la pointe des pieds, puis sur ses talons. Soudain, son regard se fixe sur le bas du t-shirt de la brune, presque coincé sous la ceinture de son pantalon.
— Tu as encore des poils, là.
Ce sont ces petits détails qu'elle a traqué pendant des semaines. Ça lui fait vraiment bizarre de parler ainsi avec son mystère, d'ailleurs. Qui n'a pas l'air très content. À sa place non plus, Ilya ne serait pas très contente, alors elle se dit que, si elle se présentait, ça l'apaiserait déjà un peu. C'est l'inconnu qui fait peur, non ?
— Je m'appelle Ilya. Et toi c'est Raven. T'inquiète pas, je dirai rien.
Une évidence. Elle sourit, de toutes ses dents.
Ses mots s'arrêtent sur une note un peu plus haute, interrogative, presque timide, et la brune se stoppe net. Ilya l'imite et croise les bras dans son dos. Elle est légèrement plus petite que Raven, alors elle lève le bout du nez pour la regarder droit dans les yeux. Quelques secondes, à peine, avant de dérober son regard pour observer autre chose. Ce n'était pas qu'elle n'aimait pas regarder les gens ; c'était plutôt qu'elle n'appréciait pas qu'eux puisse la regarder si intensément. Les yeux, les prunelles, et tout ce qui se passait dans cet océan aux couleurs infinies, c'était précieux. Bien plus encore que ce secret auquel Raven semblait tenir tant.
Elle a peut-être parlé un peu trop fort, cette fois. Les autres élèves chuchotent autour d'eux. Leurs conversations s'arrêtent. Ilya n'ose plus rien dire.
Raven, bien plus agacée qu'elle, ne supporte pas ce silence bien longtemps et l'attrape par le poignet. Elle tire, et la petite blonde la suit malgré elle, à l'écart, à l'abri des oreilles indiscrètes.
— Qu’est-ce que tu me veux ? lui demanda-t-elle, presque agressive.
Comme un loup sur la défensive. Ilya se mord la lèvre pour ne pas sourire, parce qu'elle n'est pas tout à fait sûre qu'elle prendrait bien cette remarque.
— Une glace au citron, répond-elle presque sans réfléchir.
Presque parce que, quand même, il faisait chaud, et que le citron, c'était vachement rafraîchissant. Ilya bascule son poids sur la pointe des pieds, puis sur ses talons. Soudain, son regard se fixe sur le bas du t-shirt de la brune, presque coincé sous la ceinture de son pantalon.
— Tu as encore des poils, là.
Ce sont ces petits détails qu'elle a traqué pendant des semaines. Ça lui fait vraiment bizarre de parler ainsi avec son mystère, d'ailleurs. Qui n'a pas l'air très content. À sa place non plus, Ilya ne serait pas très contente, alors elle se dit que, si elle se présentait, ça l'apaiserait déjà un peu. C'est l'inconnu qui fait peur, non ?
— Je m'appelle Ilya. Et toi c'est Raven. T'inquiète pas, je dirai rien.
Une évidence. Elle sourit, de toutes ses dents.
- InvitéInvité
Re: Comme chiens et loups (f. Raven)
Dim 28 Juil 2019 - 12:05
La jeune femme fit plusieurs pas tout en tenant le poignet de cette curieuse sorcière. Agacée par les regards qui n’avaient de cesse de les observer, elle avait une nouvelle fois agit sans réfléchir. Et si elle lui faisait mal ainsi ? Une pointe de culpabilité perça la brume et elle desserra sa poigne, laissant sa main glisser jusqu’à la sienne. Elle espérait agir ainsi avec plus de délicatesse même si elle continuait de la trainer à sa suite. Une porte entrouverte attira son attention et elle tendit l’oreille aussitôt. Rien. La salle était vide. Elle s’y engouffra aussitôt et referma la porte derrière son interlocutrice. Sur la défensive, elle croisa les bras contre sa poitrine et s’y adossa. Elle attendait des explications mais ce fut tout autre chose que la curieuse sorcière lui offrit. Au lieu des réponses désirées, elle se contenta de lui parler d’une glace au citron ce qui malmena quelque peu ses remparts. Malgré elle, un sourire amusé illumina son visage et élimina toute trace de colère.
« Tu as encore des poils, là. »
Ses prunelles sombres s’agrandirent comme deux soucoupes alors qu’elle suivait son regard. Comment avait-elle pu ne pas y faire attention ? Ou plutôt, comment cette inconnue avait pu retenir ce genre de détails infimes ? C’était bien la première fois qu’on lui sortait quelque chose comme ça… Non ! C’était la première fois qu’elle vivait une situation comme celle-ci. C’était surprenant et plutôt amusant même si le sujet restait bien trop sérieux. Son interlocutrice devait surement sentir sa réserve car elle se présenta. Son sourire lumineux fit fondre un peu plus ses barrières et elle dénoua ses bras, préférant glisser l’une de ses mains dans sa poche de jean.
« J’ai besoin de savoir ce que tu sais. »
Elle se sentait déstabilisée face à cette sorcière qui semblait tout connaitre d’elle alors qu’elle-même ignorait tout d’elle. Comment la croire ?
« Pourquoi être venu me parler ? Tu n'as pas peur de moi? »
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