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Cours 1 « Les Loups-Garous. »
Jeu 8 Avr 2010 - 22:34
LES LOUPS-GAROUS ▬ NATURE & ORIGINES
.
Que la vie est paisible dans cette université. Ca me rappelle le temps de mes études, où je ne pensais qu’à m’amuser et à prendre du bon temps. Fumer, boire… et le sexe, bien sûr. Toutes ces choses combinées, m’assuraient une dose d’adrénaline suffisante pour m’épanouir. Et puis, une fois que l’on est dedans, on en ressort plus. Véritable garce, je n’avais pas changée. Ce désir insoutenable, d’en avoir plus. Une fois que l’on a goûté à ce plaisir, on n’en revient jamais, ou très difficilement. C’est un style de vie tellement aguichant, qui vous tend la main pour ne jamais vous lâcher. La tentation est vile, si on est fait pour y céder, elle ne cède jamais. C’est très philosophique, non ? Clope en main, j’étais allongée de tout mon long sur mon lit, dans mes appartements se trouvant eux-mêmes dans mon bureau. Nouveau bureau. Mes longues et fines jambes s’entrecroisant presque, se limitant à se frotter l’une à l’autre, dans une extrême délicatesse. J’en ressentais des frissons. Être enseignante, ce n’était pas facile, surtout lorsque vous devez remplacer un homme à l’immense talent. J’avais peur. Peur des regards se posant sur moi, dans ma salle de classe. Ces regards acerbes, essayant de me percer à jour. Je me sens nue face à eux, sans aucune protection. Ironique, lorsque l’on est censé enseigner de la Défense. Regards oppressants, comme si ils étaient regroupés en un seul, et vous regardait de haut, jusqu’à ce que vous vous enfonciez tellement que vous ne pouvez ressortir du trou. Il était temps d’affronter ces mille regards. Je devais me reprendre. Dans le cas contraire, mon passage à Hungcalf en tant que professeur, se verrait écourté. Je terminais ma cigarette, et l’écrasa dans le cendrier sur mon chevet. Resserrant le nœud de ma nuisette en soie, je me hâtais vers mon dressing, pour y trouver une tenue simple, mais tape à l’œil, comme à mon habitude. Un haut large, blanc comme neige, tombant de toute part, et muni d’un décolleté plus qu’avantageux. Un jean encadrant mes courbes, et une paire de ballerines. Pourquoi faire compliqué, quand le simple est possible. Les tenues décontractées sont toujours à privilégier. On se sent mieux dans sa peau, plus à l’aise, et moins étouffé. Refermant le dressing, je tombais nez à nez avec mon miroir. Passant mes mains dans mes cheveux, j’ébouriffais ces derniers, leur donnant plus de volume, mais sans en faire trop, non plus. Il manquerait plus que je revête la tête du levé. Baguette bloquée dans mon jean, sous mon haut, je prenais dès lors la direction de ma salle de classe. Vide, bien évidemment, j’attendais les élèves qui ne devraient plus tarder. Me grillant une dernière cigarette, je m’asseyais à mon bureau, tout en croisant mes fines jambes. Une quinzaine de minutes passèrent. Une vingtaine. La salle était pleine, et les yeux des élèves étaient braqués sur moi, tels des projecteurs. Posant mes avants bras sur le bureau, me penchant légèrement en avant, je croisais mes mains, comme pour me rassurer avant de prendre la parole. C’était comme sentir une présence, auprès de moi, mais cette présence c’était moi-même.
▬ « Bonjour à tous. Avant toute chose il est temps de mettre les choses au point. J’ai eue l’occasion de vous faire cours plusieurs fois, déjà, et j’ai eue tout le loisir d’observer leur déroulement. Une chose est flagrante, vous ne m’appréciez pas tous, ce que je peux concevoir, aux vues des circonstances. »
Je prenais confiance. Alors, je me levais, et contourna le bureau d’un pas lent, et gracieux. Ma main restait en contact avec le bois, froid. Je la laissais glisser, dans mon mouvement. Me retrouvant devant le bureau, je m’appuyais désormais contre ce dernier. Je repris la parole, avec quelques gestes, discrets & inutiles, mais indispensables.
▬ « Je continue. Je sais que certains s’amusent à parler dans mon dos, et ne suivent pas le cours. Seulement, les mots ne sont qu’illusion de votre véritable personnalité, et vous vous cachez derrière eux. Vous en faites un refuge, pour masquer la vérité. Il est temps d’accepter ce qu’il en est. Odysseus Valder est mort en tant que grand sorcier, et son nom restera gravé dans nos mémoires. Aurait-il souhaité que vous abandonniez sa matière, seulement à cause de préjugés sur une enseignante qui semble moins compétente que cet homme ? Oui, je n’ai pas la même expérience que lui, mais je suis là pour poursuivre son travail, et je vais tâcher de remplir ma mission. Je souhaite seulement que règne la bonne entente entre nous, et je ne suis pas là pour vous détruire, bien au contraire. »
Je marquais une pause. D’ores et déjà, leurs regards se tournaient les uns vers les autres, se posant à tous des questions qui se voulaient silencieuses. Que pensaient-ils alors ? A quoi bon se poser la question, cela ne servirait qu’à se donner encore plus de stress. Je profitais de ce silence de plomb – bien que peu rassurant – pour terminer mon discours, en passant aux choses sérieuses.
▬ « Bien, maintenant que la parenthèse est terminée, je vais vous expliciter le thème des cours à venir. Les Loups-Garous. A vrai dire, j’aurais clamée haut et fort qu’un cours sur eux était inutile, mais c’était à l’époque… Commençons par une question d’ouverture et de rappel. Que sont-ils ? »
J’interrogeais la classe en redressant légèrement la tête, et d’un air interrogatif. Puis, je rompais le lien que mon corps semblait visiblement apprécier. Tant, que je ressentais les effets de mon immobilité, se traduisant par des picotements dans mes jambes, autrement appelés abusivement « fourmis ». Je trouve ce terme stupide. Médicalement, il me semble qu’on qualifie ceci de « syndrome des jambes ». M’enfin. Mon regard azur fit alors le tour des élèves, attendant une réponse.
▬ « Bonjour à tous. Avant toute chose il est temps de mettre les choses au point. J’ai eue l’occasion de vous faire cours plusieurs fois, déjà, et j’ai eue tout le loisir d’observer leur déroulement. Une chose est flagrante, vous ne m’appréciez pas tous, ce que je peux concevoir, aux vues des circonstances. »
Je prenais confiance. Alors, je me levais, et contourna le bureau d’un pas lent, et gracieux. Ma main restait en contact avec le bois, froid. Je la laissais glisser, dans mon mouvement. Me retrouvant devant le bureau, je m’appuyais désormais contre ce dernier. Je repris la parole, avec quelques gestes, discrets & inutiles, mais indispensables.
▬ « Je continue. Je sais que certains s’amusent à parler dans mon dos, et ne suivent pas le cours. Seulement, les mots ne sont qu’illusion de votre véritable personnalité, et vous vous cachez derrière eux. Vous en faites un refuge, pour masquer la vérité. Il est temps d’accepter ce qu’il en est. Odysseus Valder est mort en tant que grand sorcier, et son nom restera gravé dans nos mémoires. Aurait-il souhaité que vous abandonniez sa matière, seulement à cause de préjugés sur une enseignante qui semble moins compétente que cet homme ? Oui, je n’ai pas la même expérience que lui, mais je suis là pour poursuivre son travail, et je vais tâcher de remplir ma mission. Je souhaite seulement que règne la bonne entente entre nous, et je ne suis pas là pour vous détruire, bien au contraire. »
Je marquais une pause. D’ores et déjà, leurs regards se tournaient les uns vers les autres, se posant à tous des questions qui se voulaient silencieuses. Que pensaient-ils alors ? A quoi bon se poser la question, cela ne servirait qu’à se donner encore plus de stress. Je profitais de ce silence de plomb – bien que peu rassurant – pour terminer mon discours, en passant aux choses sérieuses.
▬ « Bien, maintenant que la parenthèse est terminée, je vais vous expliciter le thème des cours à venir. Les Loups-Garous. A vrai dire, j’aurais clamée haut et fort qu’un cours sur eux était inutile, mais c’était à l’époque… Commençons par une question d’ouverture et de rappel. Que sont-ils ? »
J’interrogeais la classe en redressant légèrement la tête, et d’un air interrogatif. Puis, je rompais le lien que mon corps semblait visiblement apprécier. Tant, que je ressentais les effets de mon immobilité, se traduisant par des picotements dans mes jambes, autrement appelés abusivement « fourmis ». Je trouve ce terme stupide. Médicalement, il me semble qu’on qualifie ceci de « syndrome des jambes ». M’enfin. Mon regard azur fit alors le tour des élèves, attendant une réponse.
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Re: Cours 1 « Les Loups-Garous. »
Dim 11 Avr 2010 - 0:46
Une main inconnue posée sur mon ventre, le vent frais s'engouffrant par la fenêtre de ma chambre, cigarette glissée entre mes doigts fins ; je savourais ces quelques secondes, jetant un coup d'oeil au jeune homme allongé à mes côtés, son corps nu ravivant mes souvenirs malgré tout pratiquement inexistants. J'avais toujours eu besoin de temps pour fonctionner correctement le matin, et il n'était pas rare que je reste au lit plusieurs heures d'affilée, profitant du silence salvateur que m'apportait l'intimité de ma demeure étudiante. Loin des dortoirs bruyants de Hungcalf, où les regards inquisiteurs de mes colocataires se posaient immédiatement sur ma nouvelle conquête, glissaient jalousement sur ma silhouette toujours plus fine lorsque je m'habillais, loin des disputes que traversaient souvent les personnes vivant ensemble depuis bien longtemps, un calme tranquille, les seuls moments sains d'une journée un peu trop chaotique. Bientôt, l'étranger se réveillerait, et je devrai commencer à vivre. Cette simple idée m'ennuyait profondément, et je poussai un soupir, tout en recrachant paresseusement la fumée de ma cigarette. Mes yeux s'égarèrent sur l'horloge suspendue aux murs d'un bleu paisible, et je fronçai les sourcils. J'aurai mon premier cours de la journée dans vingt minutes à peine. Grimaçant, je songeai vaguement à ne pas y aller, lui préférant sans l'ombre d'une hésitation le confort de mes draps, je songeai à rester ici éternellement, comme je l'avais fait tant d'autres fois. Mon esprit encore embrumé se vautra dans la perspective de ne plus jamais bouger, et mes paupières se fermèrent un instant en sentant mon compagnon d'un soir remuer. Puis, me résignant, je poussai sa main lentement, m'extirpant du lit avec précaution, mes pupilles sombres parcourant avidement son anatomie. Ses cheveux bruns, un peu trop longs, semblaient caresser doucement son visage aux traits fins, son nez se fronçant de temps à autres, lui donnant l'air d'un enfant mécontent. Un maigre sourire vint éclairer mon expression tourmentée ; j'avais, à mon sens, toujours bien choisi ceux qui auraient le privilège de s'égarer à mes côtés. Bien sûr, il m'était arrivé de me réveiller en compagnie terriblement déplaisante, mais j'avais tôt fait de m'éclipser et d'étouffer l'affaire, si le malheureux osait en parler à qui que ce soit. Entre mensonges éhontés et vérités honteuses, la frontière était mince, et je ne cessai de la franchir avec plaisir, jouant des réalités alternatives quand certains faisaient le vœu de ne jamais mentir, me glissant avec aisance dans chaque porte de sortie. J'avais peur, au fond. J'étais terrifiée à la pensée que quelqu'un puisse me percer à jour. Je n'étais après tout qu'un cliché vivant, j'incarnais la bêtise humaine à moi toute seule, et les années passaient trop vite, bien trop vite pour je puisse prendre le temps d'apprendre à m'accepter. L'illusion était simplement plus facile, et, d'un certain côté, émouvante d'irrationalité. J'aspirai une dernière bouffée, puis écrasai mon mégot dans le cendrier déjà rempli. La journée venait de débuter, première cigarette consumée, je ne pouvais plus rien faire pour retarder ce qui devait se passer. Jetant un dernier regard à l'inconnu, je me dirigeai vers la salle de bain. Mon reflet m'agressa immédiatement, me renvoyant l'image d'une jeune fille fatiguée, au corps difforme et repoussant, aux cernes un peu trop prononcés, aux cheveux ternes et sans vie ; j'étais l'imperfection même. Je m'introduisis dans ma douche comme une voleuse, tentant d'éviter le miroir, savourant la sensation de l'eau brûlante sur ma peau glacée. J'avais toujours été frileuse, même par le plus chaud des étés, il m'arrivait de frisonner. Le froid devait venir de l'intérieur, entourant mon coeur d'une couche de glace, engourdissant mes sens et m'obligeant à chercher la sensation ailleurs. Je plongeai dans les extrêmes avec la soif de l'oubli, tentant de réchauffer cette âme frigorifiée qui semblait pourtant m'avoir délaissée pour une autre il y avait déjà bien des années.
Quand je sortis, il était réveillé, et m'adressa un sourire gêné, ne paraissant pas habitué à ce genre de situations. Je haussai un sourcil, et enfilai rapidement mes vêtements tandis qu'il restait assis dans mon lit, m'observant d'un œil appréciateur. Je songeai ironiquement qu'il devait se féliciter, certaine qu'il devait me connaître, quand bien même j'étais toujours incapable de mettre un nom sur son visage angélique. J'avais l'impression d'être une célébrité, probablement trop habituée à voir mon prénom sur toutes les lèvres, bien souvent accompagné de certains autres que je n'écoutais même pas. Le silence sembla soudainement lui peser, car il se racla la gorge, se mettant à la recherche de sa tenue d'hier. Je n'avais, pour ma part, pas envie de parler. Il n'était pas venu pour ça, après tout, et les bavardages polis n'avaient jamais été mon fort. Ainsi gardai-je ma bouche close, terminant de boutonner mon chemisier tout en l'ignorant avec déférence. Je n'avais pas le temps de discuter, de toute façon, j'allais finir par être en retard. Oh, certes, cela ne m'avait jamais réellement posé de problèmes, mais il s'agissait de la défense contre les forces du mal. Le sourire du Professeur Howard me vint soudain à l'esprit, et je me saisis de mon sac avec un empressement nouveau. Accélérant le pas jusqu'à la porte, je me rappelai soudain du garçon qui était toujours planté au milieu de ma chambre, et je me retournai avec une moue.
« Je laisse la porte déverrouillée, ne sois pas là à mon retour. »
Son air abasourdi me fit rire, et je filai, telle une tornade, sans même lui souhaiter une bonne journée. Je n'en avais que faire, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Qu'il tombe amoureux d'une jolie brune, qu'il meurt d'une mauvaise chute dans les escaliers, tout cela m'importait peu. Il m'était bien plus précieux quand il dormait encore, il faisait alors partie du tableau parfait que je me représentais. Il était sorti de ma vie au moment même où il m'avait souri, s'animant sous mes yeux, prenant soudainement de la place, bien plus que lorsqu'il était blotti contre mes seins, bien plus que lorsqu'il se fondait en moi. Je ne savais plus quoi en faire, comme un objet qui aurait trop servi. Sans nom et sans personnalité, ne restait que l'apparence, ne restait que ce qui importait réellement.
J'arrivai rapidement dans la salle de classe, probablement car j'avais trottiné plus que ce que je n'avais marché. Après avoir salué le professeur, je m'installai devant, chose que je ne faisais que dans ce cours. Je ne savais plus trop si c'était par intérêt pour la matière ou pour me sentir proche de cette femme qui me fascinait tant. Je me faisais l'effet d'une adolescente confrontée à ses premiers émois, amourette désuète vouée à une personne plus âgée, comportement digne d'une élève de troisième année. Ce fut certainement pour cette raison que je l'écoutais faire son discours avec intérêt, m'interrogeant sérieusement sur l'identité de ceux qui s'amusaient à parler sur son dos. Peut-être étais-je ridicule, peut-être lui accordais-je trop de crédit, mais j'étais sûre d'une chose ; leur attitude était encore plus puérile. On ne grandissait vraiment jamais, condamné à être ces enfants qu'on a forcé à évoluer, réactions déplacées, paroles choquantes, mode de vie biaisé, on était tous les mêmes, et je ne parvenais même pas à être déçue. Rien ne nous étonnait plus, et tout nous amusait pourtant, au point où on se sentait obligé d'en rajouter, nous enfonçant davantage dans notre médiocrité. Je plissai les yeux, me mettant à sa place, au malaise qu'elle devait ressentir, quand elle changea de sujet, commençant à présent son cours.
« ... Les Loups-Garous. A vrai dire, j’aurais clamée haut et fort qu’un cours sur eux était inutile, mais c’était à l’époque… Commençons par une question d’ouverture et de rappel. Que sont-ils ? »
« Sans vouloir vous offenser, Professeur, je pense que la question est mal adaptée. Un qui sont-ils ? serait plus approprié, sachant qu'ils sont avant tout des êtres humains. La lycanthropie vient du grec. Lycos pour loup, et anthropos pour homme. » Je fis une légère pause, encore peu habituée à répondre instantanément. Généralement, je dormais surtout sur mon banc – quand j'étais présente. « Ce sont donc des personnes qui se transforment en loup les nuits de pleine lune. Un être humain peut devenir un loup-garou s'il a été mordu par un autre, cela pourrait donc arriver à n'importe lequel d'entre nous. C'est une condition irréversible, aussi, quelqu'un ayant été mordu ne pourra rien faire pour changer cela. Cependant, il existe diverses potions pour gérer l'animal qui apparaît lors de la transformation. Bien que le loup-garou soit souvent considéré comme mauvais, et rejeté pour cette raison, je pense que c'est une erreur. Certes, nous connaissons certains loup-garous malfaisants connus pour le chaos qu'ils ont semé sur leur passage, mais, sous leur forme humaine, la plupart sont tout à fait convenables, parfois même davantage que certains élèves présents dans cette classe. Rajoutons que l'homme transformé n'est pas conscient de ses actes, et ne se rappelle de rien lorsqu'il revient à lui. » poursuivis-je. Mon mordant habituel était présent, au moins. Je jetai un coup d'oeil au professeur pour voir si ma réponse était correcte. J'aurais pu continuer, mais je ne voulais pas en dire trop.
Je sentais les regards des élèves se tourner vers moi, et un léger rictus se dessina sur mes lèvres. J'étais parfaitement consciente que beaucoup d'entre eux aimaient à se dire que si j'avais la beauté, je devais nécessairement être stupide. Et si je n'avais jamais fait d'effort pour leur prouver le contraire, il était plutôt jouissif de constater que j'en étais capable.
Quand je sortis, il était réveillé, et m'adressa un sourire gêné, ne paraissant pas habitué à ce genre de situations. Je haussai un sourcil, et enfilai rapidement mes vêtements tandis qu'il restait assis dans mon lit, m'observant d'un œil appréciateur. Je songeai ironiquement qu'il devait se féliciter, certaine qu'il devait me connaître, quand bien même j'étais toujours incapable de mettre un nom sur son visage angélique. J'avais l'impression d'être une célébrité, probablement trop habituée à voir mon prénom sur toutes les lèvres, bien souvent accompagné de certains autres que je n'écoutais même pas. Le silence sembla soudainement lui peser, car il se racla la gorge, se mettant à la recherche de sa tenue d'hier. Je n'avais, pour ma part, pas envie de parler. Il n'était pas venu pour ça, après tout, et les bavardages polis n'avaient jamais été mon fort. Ainsi gardai-je ma bouche close, terminant de boutonner mon chemisier tout en l'ignorant avec déférence. Je n'avais pas le temps de discuter, de toute façon, j'allais finir par être en retard. Oh, certes, cela ne m'avait jamais réellement posé de problèmes, mais il s'agissait de la défense contre les forces du mal. Le sourire du Professeur Howard me vint soudain à l'esprit, et je me saisis de mon sac avec un empressement nouveau. Accélérant le pas jusqu'à la porte, je me rappelai soudain du garçon qui était toujours planté au milieu de ma chambre, et je me retournai avec une moue.
« Je laisse la porte déverrouillée, ne sois pas là à mon retour. »
Son air abasourdi me fit rire, et je filai, telle une tornade, sans même lui souhaiter une bonne journée. Je n'en avais que faire, qu'elle soit bonne ou mauvaise. Qu'il tombe amoureux d'une jolie brune, qu'il meurt d'une mauvaise chute dans les escaliers, tout cela m'importait peu. Il m'était bien plus précieux quand il dormait encore, il faisait alors partie du tableau parfait que je me représentais. Il était sorti de ma vie au moment même où il m'avait souri, s'animant sous mes yeux, prenant soudainement de la place, bien plus que lorsqu'il était blotti contre mes seins, bien plus que lorsqu'il se fondait en moi. Je ne savais plus quoi en faire, comme un objet qui aurait trop servi. Sans nom et sans personnalité, ne restait que l'apparence, ne restait que ce qui importait réellement.
J'arrivai rapidement dans la salle de classe, probablement car j'avais trottiné plus que ce que je n'avais marché. Après avoir salué le professeur, je m'installai devant, chose que je ne faisais que dans ce cours. Je ne savais plus trop si c'était par intérêt pour la matière ou pour me sentir proche de cette femme qui me fascinait tant. Je me faisais l'effet d'une adolescente confrontée à ses premiers émois, amourette désuète vouée à une personne plus âgée, comportement digne d'une élève de troisième année. Ce fut certainement pour cette raison que je l'écoutais faire son discours avec intérêt, m'interrogeant sérieusement sur l'identité de ceux qui s'amusaient à parler sur son dos. Peut-être étais-je ridicule, peut-être lui accordais-je trop de crédit, mais j'étais sûre d'une chose ; leur attitude était encore plus puérile. On ne grandissait vraiment jamais, condamné à être ces enfants qu'on a forcé à évoluer, réactions déplacées, paroles choquantes, mode de vie biaisé, on était tous les mêmes, et je ne parvenais même pas à être déçue. Rien ne nous étonnait plus, et tout nous amusait pourtant, au point où on se sentait obligé d'en rajouter, nous enfonçant davantage dans notre médiocrité. Je plissai les yeux, me mettant à sa place, au malaise qu'elle devait ressentir, quand elle changea de sujet, commençant à présent son cours.
« ... Les Loups-Garous. A vrai dire, j’aurais clamée haut et fort qu’un cours sur eux était inutile, mais c’était à l’époque… Commençons par une question d’ouverture et de rappel. Que sont-ils ? »
« Sans vouloir vous offenser, Professeur, je pense que la question est mal adaptée. Un qui sont-ils ? serait plus approprié, sachant qu'ils sont avant tout des êtres humains. La lycanthropie vient du grec. Lycos pour loup, et anthropos pour homme. » Je fis une légère pause, encore peu habituée à répondre instantanément. Généralement, je dormais surtout sur mon banc – quand j'étais présente. « Ce sont donc des personnes qui se transforment en loup les nuits de pleine lune. Un être humain peut devenir un loup-garou s'il a été mordu par un autre, cela pourrait donc arriver à n'importe lequel d'entre nous. C'est une condition irréversible, aussi, quelqu'un ayant été mordu ne pourra rien faire pour changer cela. Cependant, il existe diverses potions pour gérer l'animal qui apparaît lors de la transformation. Bien que le loup-garou soit souvent considéré comme mauvais, et rejeté pour cette raison, je pense que c'est une erreur. Certes, nous connaissons certains loup-garous malfaisants connus pour le chaos qu'ils ont semé sur leur passage, mais, sous leur forme humaine, la plupart sont tout à fait convenables, parfois même davantage que certains élèves présents dans cette classe. Rajoutons que l'homme transformé n'est pas conscient de ses actes, et ne se rappelle de rien lorsqu'il revient à lui. » poursuivis-je. Mon mordant habituel était présent, au moins. Je jetai un coup d'oeil au professeur pour voir si ma réponse était correcte. J'aurais pu continuer, mais je ne voulais pas en dire trop.
Je sentais les regards des élèves se tourner vers moi, et un léger rictus se dessina sur mes lèvres. J'étais parfaitement consciente que beaucoup d'entre eux aimaient à se dire que si j'avais la beauté, je devais nécessairement être stupide. Et si je n'avais jamais fait d'effort pour leur prouver le contraire, il était plutôt jouissif de constater que j'en étais capable.
- InvitéInvité
Re: Cours 1 « Les Loups-Garous. »
Lun 12 Avr 2010 - 17:57
Mal à l’aise, nauséeuse, furieuse, malheureuse, shootée -depuis quelques semaines je m’adonnais aux paradis artificiels- et maladivement calme ; voilà l’état dans lequel j’étais depuis que j’avais franchi le seuil de la salle de Défense contre les forces du mal. Je ne me donnais même pas la peine de faire à signe de tête envers le nouveau professeur. Pour moi elle n’était pas là, elle ne représentait rien, elle avait certes les aptitudes mais elle ne pouvait pas être là, pas maintenant, pas là tout de suite. L’air semblait se raréfier dans mes poumons et il me fallut une inspiration pleine et entière pour qu’une goulée d’oxygène réapprovisionne mon cerveau. Tout ici n’était que blessures et souffrances et je me félicitais d’avoir fumée un joint quelques minutes plus tôt. Il y avait tellement de souvenirs ici liés aux deux êtres chers qui étaient à présents hors de ma vue, hors de ma portée, hors de mon monde. Caleb… comment ne pas repenser à nos joutes verbales et à nos prises de position pendant ce cours précisément. Mon regard se porta sur la table qu’il occupait il n’y a encore pas si longtemps. Son image se superposa sur le tableau noir comme si un film se déroulait sous mes yeux. Son sourire en coin, son regard perçant, ses murmures, l’odeur de sa peau, le toucher de ses mains sur mon visage. Mes doigts agrippèrent le dessous de la table avec une force incroyable qui fit craquer le bois du vétuste objet. Cette plainte me fit relâcher mon emprise avec un rictus douloureux. J’avais mal à en pleurer à chaudes larmes mais je n’étais pas faite comme cela. Je n’étais pas de celle qui se donne en spectacle et qui montre aux autres que quelque chose la touche. J’avais un trou dans la poitrine que seul, la drogue, l’alcool et les jeux interdits semblaient pouvoir remplir l’espace de quelques instants de démence. Autour de moi la salle se remplissait à vue d’œil. Je reconnaissais quelques visages derrière le brouillard qui obscurcissait mon regard mais j’étais comme absente comme totalement perdue.
Les bruits des conversations, les rires, les exclamations, les chamailleries de mes camarades ressemblaient plus à des acouphènes assourdissants qu’à autre chose et je n’avais qu’une envie faire le vide autour de moi et réduire au silence tout ce vacarme juvénile. Soudain le silence se fit, j’ouvris les yeux en me demandant si je n’avais pas fait la bêtise de sortir ma baguette et d’avoir lancé un sort sans m’en rendre compte. Vraisemblablement non, cela me fit sourire pourtant, il s’agissait juste de Miss Howard qui prenait la parole pour faire un de ces petits discours mielleux comme elle en avait le secret. Derrière la barrière de mes longs cils noirs, les yeux à demi ouverts j’observais cette femme blonde aux formes douces et à l’allure fine et racée. Il fallait avouer qu’elle semblait intéressante et un rien mystérieux néanmoins je n’étais pas encore en état de voir les choses de cette façon. Pour le moment je ne voyais en elle qu’une remplaçante, qu’une personne devant gagner sa légitimité et sa place. Personne ne pouvait réclamer la place d’Odysseus Valder sans en payer le prix. D’une oreille je l’entendis expliquer qu’elle savait que tout le monde ne l’aimait pas et c’était une litote ! J’aurais pu laisser échapper ses mots et respecter son entreprise explicative si elle n’avait pas prononcés les mots qu’il ne fallait pas.
«Il est temps d’accepter ce qu’il en est. Odysseus Valder est mort en tant que grand sorcier, et son nom restera gravé dans nos mémoires. Aurait-il souhaité que vous abandonniez sa matière […] je suis là pour poursuivre son travail »
Je commençais à grincer des dents De quel droit osait-elle prononcer son nom ? Qui était-elle pour savoir ce qu’il aurait ou non souhaité ? Elle voulait poursuivre son travail ? Mais en connaissait-elle seulement l’importance, la richesse ? Elle n’aurait pas du dire cela pas maintenant, pas aujourd’hui, pas après ce qu’elle venait d’apprendre. Ma réaction quasi épidermique passerait certainement pour une crise de folie passagère ou pour un mauvais trip auprès des élèves qui se trouvaient à mes côtés mais je ne pouvais pas supporter qu'elle parle de lui comme si elle le connaissait intimement. J'étais sur le point de répliquer quelques choses quand je me ravisais en pensant à lui. Jamais il n'aurait toléré que je m'adresse à professeur de la façon dont je souhaitais le faire. Jamais il ne m'aurait permise d'être cinglante, injuste et puérile avec une personne comme Miss Howard. Je devais bien cela à la mémoire de l'homme qui était mon mentor, mon guide... Tout cela me renvoya à la journée de samedi...
// Flashback //
J’étais retournée à Londres pour le week-end afin d’y retrouver mes parents. Je ne les avais pas vus depuis les vacances de Noël et le besoin d’être entourée par des êtres chers, après les épreuves que je traversais, était devenu indispensable. J’étais également revenu car un sorcier-notaire avait demandé à ce que je vienne le voir pour régler une affaire d’héritage. Je n’en avais pas vraiment compris la raison mais ma curiosité et celles de mes parents nous poussèrent à accepter le rendez-vous.
Nos pas nous conduisirent devant une charmante demeure victorienne dans les environs de Mayfair Street. Personnes n’aurait pu se douter qu’elle abritait un vieux sorcier dont je ne réussi pas à déterminer l’âge tellement son visage était ridé. On aurait pu y lire une déchiffrer une carte au trésor si l’on avait eu envie de rire. Cependant l’atmosphère austère des lieux coupa toutes mes velléités d’amusement. Une secrétaire vêtue d’une robe de sorcière rouge cassis nous fit passer dans le bureau richement décoré du vieil homme.
Sans prendre le temps de s' installer il entra dans le vif du sujet et nous expliqua que me présence était requise pour l’ouverture du testament d’Odysseus Valder. Au début j’avais cru qu’il s’agissait d’une plaisanterie de mauvais goût mais à voir le regard perçant du notaire je ravalais ma salive et l’écoutais avec attention. Les mots « seule héritière », « unique parente » encore en vie me provoquèrent un choc. Je ne voyais pas où il voulait en venir car mon esprit était bloqué sur le visage d’Odysseus dont un portrait magique trôné sur le bureau. Sur la photographie on le voyait sérieux puis une expression tendre passait sur son visage. Je me souviendrais toujours de lui de cette façon. Un homme droit, sage, calme, sérieux et pourtant il était aussi chaleureux et tendre.
Le notaire expliqua que j’étais à présent à la tête d’une fortune colossale puisqu’elle regroupait l’héritage de Mr Valder ainsi que celui qu’il avait reçu de son père et de sa compagne à leurs décès. Je devenais donc propriétaire d’un bel appartement à Norwich, d’une maison à Londres, d’un cottage en Irlande, d’une villa dans le Sud de la France et d’un compte en banque à Gringotts qui aurait pu faire des envieux. Mais cela ne m’intéressait pas pour le moment, je voulais absolument lire la lettre qui accompagnait le testament. Je voulais lire les derniers mots d’Odysseus, mon père de cœur, à mon égard. (la lettre est dans le spoiler).
J’étais dévastée, je pliais et repliais le parchemin. Je lisais les mots mais je ne pouvais pas y croire. Après des années à me torturer l’esprit pour savoir qui étaient mes parents je venais enfin d’avoir la réponse à ma question. Odysseus était mon père… J’avais retrouvé et perdu mon père en l’espace de quelques secondes. Le vide qui m’envahit n’avait pas de commune mesure, il semblait aussi infini que l’univers comme si un trou noir venait d’avaler ma vie, mes espoirs, mes idéaux et tout ce à quoi je croyais. Je tombais dans les bras de mes parents qui me ramenèrent chez nous sans que je puisse m’en rendre compte. Je passais la fin de la journée dans mon lit pleurant l’homme que j’avais tant admiré et aimé serrant sur mon cœur le pendentif en argent massif.
// Fin du Flashback //
D’un geste rapide je me pinçais l’intérieur de la cuisse pour faire cesser mon grincement de dent et pour tenter de reprendre contenance. Je ne devais pas craquer devant Miss Howard et devant les autres. Personne ne connaissait mon secret, je ne voyais pas comment parler de cela sans que l’on porte alors sur moi visage triste de rigueur, condoléances et autres banalités du genre. Mon père m’avait appris à respecter les autres mais avant toute chose à me respecter. Aussi je reportais mon attention sur notre nouveau professeur qui était passée depuis longtemps au sujet du cours : les loups-garous. Apparemment ma journée n’allait pas être de tout repos. J’avais une peur bleue des loups-garous depuis qu’ils hantaient mes cauchemars depuis ma plus tendre enfance. Rien que de les imaginer, de penser à eux cela me fit frissonner. Le visage blême je portais à ma bouche une petite pilule blanche en forme de cœur et l’avalait sans attendre. Ce décontractant musculaire devait m’aider à me sentir mieux du moins je l’espérais.
Mes bras se croisèrent sur mon torse comme si j’allais me déliter, je sentais mes doigts agripper les grosses mailles de laine de mon gilet noir. Le son de la voix d’une élève de Grymm me parvint au loin, elle avait ce timbre particulier que j’aurais reconnu entre tous. Tatiana Whitaker, la jolie blondie qui voulait passer pour une idiote alors que c’était loin d’être le cas. Aujourd’hui était le jour où elle tordait le cou à sa réputation et elle semblait très au fait des loups-garous. Je ne faisais pas l’effort d’essayer de comprendre le discours intelligible qu’elle faisait mais elle paraissait sûre et cela me fit sourire. Mon père aurait été très fier de la voir aussi intéressée. Dans d’autres circonstances je serais intervenue mais pour le moment les petits papillons qui dansaient au dessus de la tête de Miss Howard étaient les seuls choses qui fixait mon intérêt. J’étais totalement stone et j’aimais l’impression que je ressentais. Comme si pour un petit moment la douleur n’était pas aussi vive et insupportable. Comme si tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Comme si j’allais ouvrir les yeux et pour voir qu’à mon réveil mon beau ténébreux et mon père étaient toujours là.
Les bruits des conversations, les rires, les exclamations, les chamailleries de mes camarades ressemblaient plus à des acouphènes assourdissants qu’à autre chose et je n’avais qu’une envie faire le vide autour de moi et réduire au silence tout ce vacarme juvénile. Soudain le silence se fit, j’ouvris les yeux en me demandant si je n’avais pas fait la bêtise de sortir ma baguette et d’avoir lancé un sort sans m’en rendre compte. Vraisemblablement non, cela me fit sourire pourtant, il s’agissait juste de Miss Howard qui prenait la parole pour faire un de ces petits discours mielleux comme elle en avait le secret. Derrière la barrière de mes longs cils noirs, les yeux à demi ouverts j’observais cette femme blonde aux formes douces et à l’allure fine et racée. Il fallait avouer qu’elle semblait intéressante et un rien mystérieux néanmoins je n’étais pas encore en état de voir les choses de cette façon. Pour le moment je ne voyais en elle qu’une remplaçante, qu’une personne devant gagner sa légitimité et sa place. Personne ne pouvait réclamer la place d’Odysseus Valder sans en payer le prix. D’une oreille je l’entendis expliquer qu’elle savait que tout le monde ne l’aimait pas et c’était une litote ! J’aurais pu laisser échapper ses mots et respecter son entreprise explicative si elle n’avait pas prononcés les mots qu’il ne fallait pas.
«Il est temps d’accepter ce qu’il en est. Odysseus Valder est mort en tant que grand sorcier, et son nom restera gravé dans nos mémoires. Aurait-il souhaité que vous abandonniez sa matière […] je suis là pour poursuivre son travail »
Je commençais à grincer des dents De quel droit osait-elle prononcer son nom ? Qui était-elle pour savoir ce qu’il aurait ou non souhaité ? Elle voulait poursuivre son travail ? Mais en connaissait-elle seulement l’importance, la richesse ? Elle n’aurait pas du dire cela pas maintenant, pas aujourd’hui, pas après ce qu’elle venait d’apprendre. Ma réaction quasi épidermique passerait certainement pour une crise de folie passagère ou pour un mauvais trip auprès des élèves qui se trouvaient à mes côtés mais je ne pouvais pas supporter qu'elle parle de lui comme si elle le connaissait intimement. J'étais sur le point de répliquer quelques choses quand je me ravisais en pensant à lui. Jamais il n'aurait toléré que je m'adresse à professeur de la façon dont je souhaitais le faire. Jamais il ne m'aurait permise d'être cinglante, injuste et puérile avec une personne comme Miss Howard. Je devais bien cela à la mémoire de l'homme qui était mon mentor, mon guide... Tout cela me renvoya à la journée de samedi...
// Flashback //
J’étais retournée à Londres pour le week-end afin d’y retrouver mes parents. Je ne les avais pas vus depuis les vacances de Noël et le besoin d’être entourée par des êtres chers, après les épreuves que je traversais, était devenu indispensable. J’étais également revenu car un sorcier-notaire avait demandé à ce que je vienne le voir pour régler une affaire d’héritage. Je n’en avais pas vraiment compris la raison mais ma curiosité et celles de mes parents nous poussèrent à accepter le rendez-vous.
Nos pas nous conduisirent devant une charmante demeure victorienne dans les environs de Mayfair Street. Personnes n’aurait pu se douter qu’elle abritait un vieux sorcier dont je ne réussi pas à déterminer l’âge tellement son visage était ridé. On aurait pu y lire une déchiffrer une carte au trésor si l’on avait eu envie de rire. Cependant l’atmosphère austère des lieux coupa toutes mes velléités d’amusement. Une secrétaire vêtue d’une robe de sorcière rouge cassis nous fit passer dans le bureau richement décoré du vieil homme.
Sans prendre le temps de s' installer il entra dans le vif du sujet et nous expliqua que me présence était requise pour l’ouverture du testament d’Odysseus Valder. Au début j’avais cru qu’il s’agissait d’une plaisanterie de mauvais goût mais à voir le regard perçant du notaire je ravalais ma salive et l’écoutais avec attention. Les mots « seule héritière », « unique parente » encore en vie me provoquèrent un choc. Je ne voyais pas où il voulait en venir car mon esprit était bloqué sur le visage d’Odysseus dont un portrait magique trôné sur le bureau. Sur la photographie on le voyait sérieux puis une expression tendre passait sur son visage. Je me souviendrais toujours de lui de cette façon. Un homme droit, sage, calme, sérieux et pourtant il était aussi chaleureux et tendre.
Le notaire expliqua que j’étais à présent à la tête d’une fortune colossale puisqu’elle regroupait l’héritage de Mr Valder ainsi que celui qu’il avait reçu de son père et de sa compagne à leurs décès. Je devenais donc propriétaire d’un bel appartement à Norwich, d’une maison à Londres, d’un cottage en Irlande, d’une villa dans le Sud de la France et d’un compte en banque à Gringotts qui aurait pu faire des envieux. Mais cela ne m’intéressait pas pour le moment, je voulais absolument lire la lettre qui accompagnait le testament. Je voulais lire les derniers mots d’Odysseus, mon père de cœur, à mon égard. (la lettre est dans le spoiler).
- Spoiler:
- Ma chère et tendre Khalee,
Te savoir en train de lire ces quelques lignes signifie que je ne suis plus de ce monde. La seule chose qui me réconforte est de savoir que tu es toujours en vie, de te savoir entourée par des parents qui t’aiment et qui te protégeront. J’aurais voulu te parler de vive voix et te révéler le secret qui nous lie mais le destin en a décidé autrement. J’ai quelques questions à te poser avant toutes choses.
Avais-tu déjà remarqué à quel point nous nous ressemblions ? A quel point ton caractère et le mien s’accordaient à merveille ? N’avais-tu pas eu quelque fois l’impression de me connaître bien plus ? Comme si nous nous étions connus dans une autre vie ?
Je devine ton regard bleu azur s’agrandir pour essayer de savoir là où je veux en venir. Tu n’as jamais été une jeune femme se contentant des histoires de façades. Alors ma chère Khalee je vais t’avouer un secret qui ne m’a été révélé que cette année. Tout comme toi je suis resté dans l’ignorance pendant une vingtaine d’année. J’aurais tellement aimé le savoir avant..
Je pense que tu connais Amadeus, cet homme est lié à ta vie comme je l’ai appris récemment mais il était lié également à la mienne. Il était mon père et je sais qu’il a veillé sur toi. Tu te demandes à présent pourquoi mon père faisait parti de ta vie. Voyons Khalee, ton esprit de déduction légendaire ne voit pas la solution. J’imagine la question qui se pose à présent sur tes lèvres. Est-ce que je suis ton père ? Je ne peux que répondre oui à cette question. Pourquoi Arwen et mon père m’ont caché ta naissance ? Nous ne le saurons jamais puisqu’ils ne sont plus là pour nous le dire. Et pourtant j’aimerai être là pour te prendre dans mes bras et respirer le parfum de ma fille semblable à celui d’Arwen, ta mère.
Ne pleure pas ma douce enfant, tes larmes n’y pourront rien changé. Avant même de savoir que tu étais ma chaire et mon sang, je te considérais déjà comme ma fille. J’étais si fier de toi, de ton esprit, de la jeune femme que tu étais et à Hungcalf toutes les personnes, que je connaissais, voyaient en toi mon héritière spirituelle. Dès que je l’ai su j’ai voulu t’en parler, j’ai voulu te le dire mais je n’en ai pas eu le temps à cause des évènements liés aux loupx-garoux qui rôdaient autour de l’école. A peine ai-je eu le temps de coucher ces quelques lignes sur le papier pour essayer de te dire à quel point je t’ai aimé en tant que professeur, en tant que guide, en tant que mentor, en tant que père de substitution et finalement lorsque je l’ai su comme un père à part entière. Au milieu de tout cet héritage tu trouveras des souvenirs de ma jeunesse et de celle de ta mère, tu trouveras mes grimoires, mes lettres, mes pensées et des objets que j’ai tendrement chéris.
Il y a surtout ce pendentif en argent gravée aux armoiries des Valder que j’aimerai te voir porter. A l’intérieur il y a un portrait de ta mère et un de moi. Ce n’est pas grand-chose comparait au temps que j’aurais voulu passer avec toi pour te connaître, te découvrir et te chérir mais tu pourras de cette façon me savoir avec toi où que tu sois.
Je t’aime petite Khalee n’en doute jamais.
Ton père qui sera toujours à tes côtés
Odysseus Valder
J’étais dévastée, je pliais et repliais le parchemin. Je lisais les mots mais je ne pouvais pas y croire. Après des années à me torturer l’esprit pour savoir qui étaient mes parents je venais enfin d’avoir la réponse à ma question. Odysseus était mon père… J’avais retrouvé et perdu mon père en l’espace de quelques secondes. Le vide qui m’envahit n’avait pas de commune mesure, il semblait aussi infini que l’univers comme si un trou noir venait d’avaler ma vie, mes espoirs, mes idéaux et tout ce à quoi je croyais. Je tombais dans les bras de mes parents qui me ramenèrent chez nous sans que je puisse m’en rendre compte. Je passais la fin de la journée dans mon lit pleurant l’homme que j’avais tant admiré et aimé serrant sur mon cœur le pendentif en argent massif.
// Fin du Flashback //
D’un geste rapide je me pinçais l’intérieur de la cuisse pour faire cesser mon grincement de dent et pour tenter de reprendre contenance. Je ne devais pas craquer devant Miss Howard et devant les autres. Personne ne connaissait mon secret, je ne voyais pas comment parler de cela sans que l’on porte alors sur moi visage triste de rigueur, condoléances et autres banalités du genre. Mon père m’avait appris à respecter les autres mais avant toute chose à me respecter. Aussi je reportais mon attention sur notre nouveau professeur qui était passée depuis longtemps au sujet du cours : les loups-garous. Apparemment ma journée n’allait pas être de tout repos. J’avais une peur bleue des loups-garous depuis qu’ils hantaient mes cauchemars depuis ma plus tendre enfance. Rien que de les imaginer, de penser à eux cela me fit frissonner. Le visage blême je portais à ma bouche une petite pilule blanche en forme de cœur et l’avalait sans attendre. Ce décontractant musculaire devait m’aider à me sentir mieux du moins je l’espérais.
Mes bras se croisèrent sur mon torse comme si j’allais me déliter, je sentais mes doigts agripper les grosses mailles de laine de mon gilet noir. Le son de la voix d’une élève de Grymm me parvint au loin, elle avait ce timbre particulier que j’aurais reconnu entre tous. Tatiana Whitaker, la jolie blondie qui voulait passer pour une idiote alors que c’était loin d’être le cas. Aujourd’hui était le jour où elle tordait le cou à sa réputation et elle semblait très au fait des loups-garous. Je ne faisais pas l’effort d’essayer de comprendre le discours intelligible qu’elle faisait mais elle paraissait sûre et cela me fit sourire. Mon père aurait été très fier de la voir aussi intéressée. Dans d’autres circonstances je serais intervenue mais pour le moment les petits papillons qui dansaient au dessus de la tête de Miss Howard étaient les seuls choses qui fixait mon intérêt. J’étais totalement stone et j’aimais l’impression que je ressentais. Comme si pour un petit moment la douleur n’était pas aussi vive et insupportable. Comme si tout cela n’était qu’un mauvais rêve. Comme si j’allais ouvrir les yeux et pour voir qu’à mon réveil mon beau ténébreux et mon père étaient toujours là.
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