S'il y avait bien une chose que l'on pouvait dire de son nouveau travail, c'était qu'il était calme. Désespérément calme. Oswald se sentait déjà en manque d'adrénaline au bout d'une semaine. Il n'avait jamais travaillé dans ce cadre : en Amérique ou au Filet du diable il avait connu le plein air, l'adrénaline, le risque, l'action, les décisions vitales et hâtives. Ici, il n'était qu'un simple employé, sans couverture, sans secret, sans vocation à assouvir. Le domaine des potions ne l'intéressait pas vraiment, aussi il ne pouvait pas vraiment discuter avec la clientèle. Il n'était qu'un corps à disposition de son employeur, un corps apte à porter et à ranger, avec l'habileté suffisante pour manier les ingrédients avec précaution. Mais son esprit, lui, rongeait son frein. Cette vie monotone était le prix à payer pour avoir la possibilité de vivre avec Murphy et essayer de la rendre heureuse.

Heureusement, Donan McKenzie était un employeur sans vices. Il traitait Oswald avec la plus grande amabilité et, même si sa compassion insupportait le lycan, il reconnaissait qu'il aurait pu tomber sur un patron esclavagiste, méprisant ou sadique. Et dire que les sorciers les plus purs voyaient les Cracmols comme des moins que rien, eux qui étaient incapables de faire preuve d'autant de générosité que McKenzie. Oz s'était vite rendu compte de l'absence de magie du propriétaire des Trois Corneilles mais cette information ne lui faisait ni chaud ni froid. Il avait travaillé avec des moldus en Amérique et ne les avait pas trouvés moins compétents que lui. Au fond, ils n'étaient tous que de passage sur cette terre, essayant de s'en sortir du mieux possible. La magie ne rendait pas spécial, ni meilleur. Oz venait d'une famille sorcière de standing, avec une part infime de sang moldu, ses parents travaillaient à de hauts postes dans la finance britannique... Cela ne l'empêchait pas d'être un ancien détenu, simple employé de boutique à trente ans, rejeté par sa famille après les échecs consécutifs de sa vie. Il ne voyait pas pourquoi la magie en lui lui donnerait une supériorité sur son employeur, de dix ans son aîné, expérimenté en vente et en potion, et non lycanthrope par-dessus le marché. I wonder who the Pure-bloods despise the most : a werewolf, or a squib.

Justement, McKenzie lui laissait la boutique seul pour quelques heures aujourd'hui. C'était la première fois depuis le début de son contrat. Oswald appréciait le silence dans l'échoppe et continuait à ranger les derniers articles reçus. Bien que d'apparence stoïque, son corps était en alerte. Il avait encore du mal à contrôler les frissons et les sursauts depuis sa sortie d'Azkaban, et même ses sens aiguisés lui semblaient douloureux parfois. Il observait régulièrement les mouvements devant la boutique, si bien qu'il vit @Grant Stanfield entrer avant même qu'il ne pousse la porte. Légèrement dans la pénombre derrière le comptoir de vente, Oz cessa ce qu'il faisait pour glisser son regard bleu acier sur le sorcier. Il lui était familier, sans qu'il ne sache pourquoi. Ce qui le dérangeait surtout, c'était qu'il n'avait pas l'air d'être un simple client. Il venait pour une raison toute autre. Am I in trouble ?

Depuis son retour à la vie ordinaire, Oswald avait du mal à gérer ses sensations. Il lui était beaucoup plus difficile qu'avant de sourire, de rire, de se sentir léger. Tout lui paraissait lointain et lugubre. Même ses sens de lycan semblaient dysfonctionner, comme s'ils étaient en sur-vigilance tout le temps. Cela ajoutait à sa fatigue, d'autant plus que les cauchemars rendaient son sommeil difficile. Il essayait de faire comme si de rien n'était, mais il fonctionnait au ralenti et dans un silence quasi permanent. Quand il distingua quelqu'un entrer dans la boutique, il se sentit mal à l'aise immédiatement, sans savoir pourquoi. Confus par son propre instinct, n'aimant pas l'allure solennelle du client qui n'en avait pas l'air, il hésita à se montrer entièrement.

Bonjour. Le propriétaire des lieux n’est pas ici ? tonna l'homme. Conscient qu'il ne pouvait pas échapper à son devoir d'employé, Oz maudit intérieurement Donan pour son absence et s'avança dans la lumière de la boutique. Bonjour monsieur. Sa réinsertion l'avait rendu très protocolaire, mais c'était plus un moyen de mettre les autres à distance qu'une politesse sincère. Monsieur McKenzie s'est absenté. Je peux vous aider ? En général il se retrouvait bien penaud quand les clients lui demandaient quelque chose car ses connaissances en potion étaient limitées. Mais cette fois-ci quelque chose lui disait que cet homme ne venait pas pour cela. Brusquement, il vit l'expression de son visage changer. Plus dur, il glissa sur lui un regard de plomb. Vous travaillez ici ? Le ton instigateur de la question cachait quelque chose. No, I like to break in shops just to tidy shelves songea amèrement l'Anglais.

Alors qu'il réalisait que le regard de l'inconnu avait changé parce qu'il avait compris quelque chose sur lui, un déclic douloureux se fit dans son esprit. Vous êtes... Grant Stanfield. Un auror, et pas n'importe lequel. Oswald l'avait vu à plusieurs reprises lors de son cursus en justice magique : il tenait des conférences en lien avec la Défense contre les forces du mal. Interdit, pâle, Oz serra les mâchoires avant de se reprendre. Vous cherchez quelque chose en particulier ? Question mécanique pour camoufler son envie de paniquer. Pourquoi Stanfield se trouvait-il ici ? Venait-il pour lui ? Ses réflexes de loup caché criaient à l'aide dans son estomac noué. Ou bien avait-il changé de regard car il l'avait reconnu lui aussi ? Que dire, huit ans plus tard, à quelqu'un qui incarnait tout ce que le lycan avait rêvé de devenir ? Même si le souvenir de sa flamme de jeunesse pour devenir auror lui pinçait le coeur, Oz espérait fortement que le temps et les ravages de son vécu l'avaient changé. Il était plus brun qu'autrefois, plus massif également. Plus éteint. He probably doesn't know who I was.

Oswald était en manque d'adrénaline, las de ce travail monotone qui ne lui correspondait pas, mais il se serait largement passé de la venue de l'auror. Il n'était plus capable de gérer ces moments de stress. Trop éteint et trop prudent pour jouer la provocation, il n'arrivait pas à distraire son angoisse par de l'humour mal placé. Face à ce fantôme du passé, de cette ancienne vie qui lui avait glissé entre les doigts griffes, il se sentait pâlir. Retenant au dernier moment sa surprise quant à l'identité du sorcier qui venait d'entrer, il se crispa, espérant ne pas être doublement reconnu. Je suis Grant Stanfield, chef de la brigade des aurors d’Inverness, annonça froidement le "client". Il déclinait son matricule pour asseoir son autorité et faire comprendre clairement qu'il savait devant qui il se tenait. Oswald Derby, loup-garou. I remember perfectly who you are. Le chef de la Brigade, celui par qui il aurait pu être recruté autrefois, quand il était encore un jeune sorcier prometteur. Celui vers qui il levait un regard admiratif.

Je suis à la recherche de Mucus de Veracrasse de bonne qualité, reprit Grant. Et dites-moi, votre patron est au courant de votre condition ? Il allait droit au but, mais il avait la décence de rester poli. Un silence gênant flotta entre les deux hommes qui se jaugeaient. Oz remarqua que malgré son air implacable, l'auror ne touchait pas sa baguette. La sienne était rangée dans la poche arrière de son pantalon. Le lycan écarta lentement les mains de son corps, paumes tournées vers Grant. Lui aussi jouait le jeu de la non-agression. Il savait qu'il n'aurait aucune chance, ni physiquement, ni légalement. And I don't really want to punch Grant Stanfield. Toujours nerveux, toujours fébrile, l'Anglais contracta de nouveau la mâchoire, déçu d'être obligé de montrer patte blanche comme un criminel. Monsieur McKenzie m'a embauché en connaissance de cause. Cela fait partie de ma liberté conditionnelle. Grant pourrait vérifier cela rapidement, et il verrait que tout était en règle. Oswald portait même le bracelet runique gravé autour de sa cheville à l'encre magique, celui qui permettait de détecter ses transplanages et ses trajets en cheminée.

Je suppose que je n'ai pas besoin de décliner mon identité à mon tour. Il resterait Derby, le lycan. Inutile de rappeler qu'il s'appelait autrefois Burgess et qu'il était l'un des meilleurs étudiants de sa promotion destiné à une carrière dans les forces d'élite sorcière. Il avait suffisamment honte d'être une créature surveillée par la justice. Amer, méfiant et vaguement blessé du regard impersonnel que Grant posait sur lui, Oswald finit par poser les mains sur le comptoir. Vous êtes vraiment ici pour acheter quelque chose ? S'il était là pour l'interroger, qu'il se fasse plaisir, mais prétendre avoir besoin de mucus était assez ridicule.

Le loup fut obligé de montrer patte blanche. C'était donc cela, de vivre sans secret à cacher. N'importe qui pouvait émettre des doutes sur sa légitimité à exister, à travailler, à se trouver dans un lieu. Il expliqua de mauvaise grâce à l'auror qu'il avait été embauché dans un programme de réinsertion, donc par un employeur au courant de sa condition. Liberté conditionnelle ? Donc à la moindre erreur, vous retournez à Azkaban. No shit Sherlock. Même si son langage corporel ne manifestait aucune agressivité, Oswald reçut cette phrase comme une menace de la part de Grant. Quel était l'intérêt de lui rappeler l'épée de Damoclès qu'il avait au-dessus de la tête ? Le lycan savait qu'il n'avait commis aucune erreur depuis son retour, même s'il ne doutait pas qu'on trouverait n'importe quoi pour le réincarcérer si c'était le souhait de ceux qui tiraient les ficelles.

Tendu, il jeta un regard noir au sorcier, sans répondre à la provocation. Je suppose que je n'ai pas besoin de décliner mon identité à mon tour, déclara-t-il avec amertume, coincé dans le rôle méprisable de la créature nuisible, le seul dont se souvenait Grant. D'une calme fermeté, l'auror reprit la parole. Non, en effet. Je sais qui vous êtes, Monsieur Derby. Je sais pourquoi on vous avait arrêté, d’où ma méfiance. Il suffisait de lire "lycanthrope" sur un dossier pour s'attendre au pire. Déçu d'être tombé si bas face au chef de la Brigade d'élite, Oswald fit une petite moue et haussa les épaules. Je n'ai aucune intention de nuire à monsieur McKenzie, ni de m'en prendre à un client, encore moins un auror. Surtout pas celui qu'il avait tant admiré, aussi sévère se montrait-il. Les mains sur le comptoir pour camoufler sa nervosité pathologique, le lycan revint sur le prétexte donné par Grant pour l'aborder. Vous êtes vraiment ici pour acheter quelque chose ? Le sorcier fronça les sourcils, toujours aussi froid. Rassurez-vous, je ne suis pas venu ici pour vous, d’où ma surprise de vous trouver ici. J’ai réellement besoin de Mucus de Veracrasse, il me faut un liant pour des potions.

Devant le silence têtu d'Oz, il ajouta une pointe de mépris. Vous pensez être capable de me fournir ce que je demande ? Ou il faudra que je repasse quand le patron sera là ? Les yeux bleu acier fusillèrent une fois de plus Grant. Sans mot dire, l'Anglais fit quelques pas pour récupérer une fiole verdâtre d'une étagère voisine. Il la déposa sur le comptoir et enclencha la caisse enregistreuse. Ce sera tout, monsieur ? La politesse pour se mettre à distance, toujours, mais finalement il ne put s'empêcher d'être honnête. J'aurais juré que vous étiez entré avec une autre intention en tête. Est-ce que Monsieur McKenzie a des ennuis ? Oswald était observateur, malgré ses faiblesses depuis sa libération. Il avait senti quelque chose de sérieux, de vaguement inquiet, dès l'arrivée de Grant, avant même qu'il ne le reconnaisse. Peut-être que les cracmols étaient contrôlés par le Ministère ? Loyal sous ses airs bougons, le lycan n'aimerait pas apprendre que Donan soit lui aussi inquiété par Grant.

Grant soufflait le chaud et le froid, tantôt piquant, tantôt juste, sans se départir de son calme inquisiteur. Il testait Oswald, analysant ses réactions. Le lycan en avait conscience, mais n'avait que peu de maîtrise sur son corps ou ses paroles. Il était déjà de nature spontanée autrefois, mais la fatigue et la nervosité aggravaient son cas. Heureusement la prochaine lune était encore loin et il n'était pas particulièrement irritable. La déception et l'amertume prenaient le pas sur la plupart de ses émotions quasiment inexistantes par ailleurs. Il encaissa donc l'achat du client et posa le ticket de caisse sur le comptoir pour qu'il puisse lire le prix.

J'aurais juré que vous étiez entré avec une autre intention en tête. Est-ce que Monsieur McKenzie a des ennuis ? Il avait besoin de savoir, de confirmer son instinct, autant pour s'assurer que l'auror ne harcelait pas Donan que pour vérifier si son sens de l'observation fonctionnait encore, même si tous ses sens étaient déréglés. Les yeux bleu acier glissèrent sur le visage de Grant, qui changea d'expression. He... cares about him ? Je ne sais pas si Monsieur McKenzie vous en a parlé, reprit le sorcier, mais lorsqu’il a racheté cette boutique, elle a été vandalisée. Plusieurs messages peu flatteurs à son intention ont été retrouvés sur les murs. Et si je suis venu, c’était aussi avec cet objectif de vérifier que tout allait bien. La réponse semblait sincère. Oz prit un instant pour la considérer, les sourcils froncés par la concentration. Il ne m'a rien dit. Cela ne l'étonnait pas : Donan était du genre à ne voir que le positif, il ne serait pas plaint des vandalismes, surtout pas à l'embauche du lycan. Cependant il était malheureusement courant que les cracmols soient moqués.

De plus, continua Grant, vous n’êtes pas sans savoir que la présence d’un auror peut-être intimidante, tout comme celle d’un lycan. Se redressant, le lycan figea un regard noir dans les yeux de son interlocuteur. Que voulez-vous dire ? Le temps de formuler la question, il prit la mouche. Vous me prenez pour un chien de garde, c'est à ça que je sers selon vous ? Le voilà, le ton agressif. Sans faire de geste, les mains toujours vissées sur le comptoir, pour se maintenir droit, pour se contenir, pour insister sur le fait qu'il ne pouvait pas se saisir de sa baguette - even if I don't need one to punch his face, Oswald dégageait instantanément un mélange de rancoeur et de lassitude exacerbée. J'ai déjà suffisamment d'aurors sur le dos pour m'utiliser à leur guise, je n'ai pas besoin de ces conneries ici, menaça-t-il froidement.

Il savait très bien qu'il n'était qu'un pion à la merci de l'Unité de capture des loups-garous. A tout moment on pouvait le réquisitionner pour démasquer l'un des siens, ou pour traquer un mage noir au péril de sa vie. On lui avait bien fait comprendre que sa libération n'avait rien d'un geste de bonté : il était utile dehors, ce qui permettait de fermer les yeux sur ce qu'il avait commis. Qu'un auror de plus, étranger à l'affaire, celui qui l'avait félicité autrefois sur ses aptitudes, celui qui l'avait fait rêver, vienne lui rappeler son statut de toutou obéissant lui restait en travers de la gorge. Je travaille pour monsieur McKenzie comme n'importe qui, et s'il venait à avoir besoin d'aide mon implication ne regarde que lui. Si vous pensez pouvoir me dire comment agir, vous vous mettez le doigt dans l'oeil, Stanfield. Il avait craché son nom, oubliant la politesse. Bien sûr qu'il ne laisserait personne importuner ou blesser Donan, parce que c'était dans sa nature d'aider les gens, parce qu'il appréciait son employeur. Mais il refusait que ce soit un ordre donné d'en haut, même donné implicitement.

Oz avait chaud. Il respira profondément pour se calmer, la tête baissée. Il ne savait pas s'il saurait gérer son agacement et il ne pouvait pas perdre le contrôle devant Grant Stanfield. Contrarié, il chercha un changement de sujet. Mâchoires serrées, regard fuyant, coeur palpitant à furieuse allure. Votre histoire ne tient pas la route. On n'envoie pas le chef de la Brigade d'élite pour du simple vandalisme de commerce.

Snap. Irritable comme une veille de pleine lune, heureusement trop fatigué pour être réellement dangereux, le lycan avait dégoupillé à l'entente de quelques mots suggérés par l'auror. Il lui répondit avec agressivité, n'écoutant même pas la première réponse de Grant, trop emporté dans sa rancoeur amère. Si vous pensez pouvoir me dire comment agir, vous vous mettez le doigt dans l'oeil, Stanfield. Il ne supportait pas la sensation de cette laisse à son cou, de cette menace de son statut fragile de libéré sous conditions. Grant avait mal choisi son moment, ses mots, ou son loup. Même sa tentative d'apaisement ne suffit pas à calmer Oswald. Ce n’est pas moi de vous dire quoi faire, j’en ai bien conscience. Mais vous, plus que quiconque pouvait sans doute comprendre ce à quoi fait face Monsieur McKenzie. Sauf que contrairement à lui, vous avez des moyens de vous défendre. Vous dire comment agir ? Monsieur Derby, loin de moi l’idée de vous dire comment agir. Je pense que vous avez parfaitement conscience de ce que vous devez faire et ne pas faire. Il était trop tard pour faire appel à sa compassion, noyée sous les tortures, ou pour le flatter en rappelant son caractère raisonnable, parti en fumée avec l'haleine glaciale des Détraqueurs.

Contrarié, tendu pour ne pas exploser, Oz chercha à détourner le sujet de la conversation pour espérer calmer les battements furieux de son coeur. Votre histoire ne tient pas la route. On n'envoie pas le chef de la Brigade d'élite pour du simple vandalisme de commerce. Si sa remarque visait juste, Oz n'en vit pas le résultat dans l'expression impassible de l'auror. J’ai moi-même pris la décision de me rendre sur place. Et ce n’est pas parce que je suis chef de brigade que je ne peux pas me rendre sur  le terrain. De plus, les affaires de discrimination sont un peu ma spécialité. Être chef procure quelques avantages dont celui de pouvoir de temps en temps décider d’aller sur le terrain à la place d’un autre auror.

Sa réponse banale ne convainquait pas le lycan, qui buta sur l'expression employée par Grant. Les affaires de discrimination, répéta-t-il avec un petit rire amer. Le sorcier le prenait de haut parce qu'il était un lycan, et il se prétendait spécialiste des discriminations ? I bet Volkine sees himself as a werewolf specialist too. Le regard plus dur de l'Anglais revint enfin sur le visage de Grant. Je ne vous pensais pas comme ça, Stanfield. On s'attend à un certain prestige des aurors, une certaine dignité, mais au fond vous n'êtes tous que des bullies qui aimez écraser ceux que vous pensez inférieurs. Le souvenir de ses rêves de gloire et de ses espoirs de devenir un héros comme Stanfield venait d'être piétiné par l'attitude arrogante de cet ancien modèle. Oz voyait désormais qu'il ne serait jamais comme eux et qu'il serait toujours du mauvais côté de la barrière.

Le chien de garde ne mordra pas la main de son maître, vous pouvez dormir tranquille, siffla-t-il entre ses dents. Il replaça la fiole achetée par Grant sur le bord du comptoir pour lui signifier de partir avec son achat. Et si vous voulez me fliquer pour en avoir le coeur net, faites vous plaisir. Je n'ai plus rien à cacher après un séjour à Azkaban. On lui avait tout pris. Ses rêves, ses espoirs, son âme, ses souvenirs heureux.