- InvitéInvité
[ Terminé ] Wounded
Jeu 28 Nov 2019 - 22:27
T'avoir ainsi dans la boutique de la créatrice était d'un contraste saisissant. Décors d’albâtre épuré et infiniment féminin : l'on voyait dégueuler de pièces plus somptueuses les unes que les autres les portants disposés en évidence. Dentelles à en mourir, perles et rubans, ou l'inventaire de la femme dans son absolu. Ce royaume là était celui du charme et de l'élégance. Les coquettes qui acquièrent de la puissance d'être belles.
A l'image de leur reine, ces vêtements transpiraient d'un orgueil bien acquis. L'éblouissement se cachait dans la maîtrise, car il y avait du travail dans ces nippes là : autant de sang sur les doigts et de nuits blanches pour la créatrice. L'acharnement est un formidable outil d'amnésie. Elle vendait l'esthétique en oubliant le reste, en ignorant que le chiffre d'affaire la rapprochait de la dalle. Chose qui s'ignore à la poursuite d'un rêve : être grande, n'avoir plus peur. Joli conte.
Mirko, tu sais pourtant ce qu'elle cache, la belle, quand elle se tue à la tâche. Cela fera bientôt un mois que vous ne vous êtes vu. A croire que la tournure inattendue du bal, organisé par Ezechiel McArthur, ait calmé vos ardeurs sacrificielles (ce serait un peu trop facile). Tu n'as pas cherché à la voir, ni même lui parler. Vos conversations par SMS ne donnèrent rien, si ce n'est un peu de passivité agressive échangée sur le ton de la plaisanterie (dont tu sembles passablement lassé d'ailleurs).
Distance vague, à peine dite. Mais pour toi, il est facile de faire comme si de rien n'était. Ta vie est d'une rudesse telle que tout se mêle et part naturellement dans le tumulte. Le quotidien fait oublier le particulier avec un cynisme désarmant. Alors, un jour tu cours après la fille, un autre tu te perds dans la nuit. Les loup-garous, fantômes aux multiples visages, sont d'une compagnie tellement pleine et entière que l'on se passe aisément du reste. C'est bien toi d'aller, persuadé que tu n'as besoin de personne, la tête haute et des horreurs plein la bouche.
Cependant, il serait hâtif d'imaginer que tu as délaissé Laelia pour une simple question de lassitude. Car quoi qu'on en dise, un lien s'est créé entre vous au moment de la morsure. Chaque pas qui vous éloigne laisse une empreinte couleur de sang entre vous. C'est une chose dont on ne se défait pas. Tout n'est qu'une question de temps et même si cela devait prendre des semaines ou des mois, vous êtes condamnés à y revenir. C'est là toute la puissance des liens magiques : ceux qui dépassent la volonté et défient la raison.
Une simple question de temps.
Malgré tout, il se pourrait qu'il y ait autre chose à chercher au registre de tes raisons. Une chose en forme de conversation et portant le visage de ta fille. Car entre le bal et ce présent rendez-vous s'est produit cet événement tout à fait essentiel. Tu l'avais en tête au moment de confirmer ta venue et ça ne t'a pas quitté depuis. Les paroles vociférées, les accusations corrosives et ce geste tellement lourd de sens.
Ce sont des choses importantes, pour un homme comme toi. Des choses qui mettent du temps à faire leur chemin, qui exigent beaucoup de silence et un maximum d'inattention. On les jette à la volée, comme des graines, sur une terre beaucoup trop dure et sèche en espérant que cela germe. C'est un fait étrange, mais il faut ignorer ces semis là : les idées ne prennent racines dans ta tête qu'en ne s'en occupant le moins possible.
Tu les as considéré, pourtant, ces idées là. La preuve réside dans ta froideur et la prudence avec laquelle tu as abordé tes derniers échanges avec Laelia. Il fallait que tu réfléchisses et c'est chose faite. A présent, l'heure est venu de vous retrouver et mesurer l'état de décomposition de votre relation. Une esquisse si bien commencée, gâchée à grand jets d'hémoglobine. Un gâchis que seuls les individus de ta race trouveraient beau... Mais c'est bien là tout l'aspect tragique de ta vie, Mirko : tu es entouré de sorciers et ce sont leurs valeurs qui te font.
Tu as à peine un regard pour les vêtements en présentation. Tu es ici comme une éclaboussure sur la dentelle. Carcasse à l'aspect rude, cadavérique. Prestance sinistre. On voit d'autant mieux s'esquisser le quinquagénaire qui n'a cure de son allure au milieu des belles choses. Tu as l'air méchant comparé au satin. Triste, au milieu de la beauté.
Cependant, il est remarquable de t'avoir dans l'élément du lys, pour une fois. Car Laelia, c'est Alice dans le terrier du lapinsang blanc. Elle t'a suivi au milieu des loups, elle t'a trouvé dans un bar miteux parmi les chiens... Et cette fois-ci, c'est toi qui la trouve. Tu es dans son monde à elle. L'ombre qui s’immisce dans le foyer.
« Salut miss.
Que tu lances en pénétrant dans l'atelier, l'apercevant. Beauté appliquée, bien penchée sur son ouvrage. Il y a tellement d'elle autour de toi que c'en deviendrait presque surnaturel (comme plonger dans un esprit). T'es submergé d'odeurs et de couleurs qui te rappellent des choses de son caractère. C'en est presque trop tant c'est là. Cependant, rien n’apparaît par dessus la mine que tu lui sers. C'est l'habituel regard qui cherche, l'éternelle amorce de sourire (insolent) au coin de la bouche. T'approche sans trop en faire ni trop en dire, attendant simplement de voir s'esquisser les choses.
A l'image de leur reine, ces vêtements transpiraient d'un orgueil bien acquis. L'éblouissement se cachait dans la maîtrise, car il y avait du travail dans ces nippes là : autant de sang sur les doigts et de nuits blanches pour la créatrice. L'acharnement est un formidable outil d'amnésie. Elle vendait l'esthétique en oubliant le reste, en ignorant que le chiffre d'affaire la rapprochait de la dalle. Chose qui s'ignore à la poursuite d'un rêve : être grande, n'avoir plus peur. Joli conte.
Mirko, tu sais pourtant ce qu'elle cache, la belle, quand elle se tue à la tâche. Cela fera bientôt un mois que vous ne vous êtes vu. A croire que la tournure inattendue du bal, organisé par Ezechiel McArthur, ait calmé vos ardeurs sacrificielles (ce serait un peu trop facile). Tu n'as pas cherché à la voir, ni même lui parler. Vos conversations par SMS ne donnèrent rien, si ce n'est un peu de passivité agressive échangée sur le ton de la plaisanterie (dont tu sembles passablement lassé d'ailleurs).
Distance vague, à peine dite. Mais pour toi, il est facile de faire comme si de rien n'était. Ta vie est d'une rudesse telle que tout se mêle et part naturellement dans le tumulte. Le quotidien fait oublier le particulier avec un cynisme désarmant. Alors, un jour tu cours après la fille, un autre tu te perds dans la nuit. Les loup-garous, fantômes aux multiples visages, sont d'une compagnie tellement pleine et entière que l'on se passe aisément du reste. C'est bien toi d'aller, persuadé que tu n'as besoin de personne, la tête haute et des horreurs plein la bouche.
Cependant, il serait hâtif d'imaginer que tu as délaissé Laelia pour une simple question de lassitude. Car quoi qu'on en dise, un lien s'est créé entre vous au moment de la morsure. Chaque pas qui vous éloigne laisse une empreinte couleur de sang entre vous. C'est une chose dont on ne se défait pas. Tout n'est qu'une question de temps et même si cela devait prendre des semaines ou des mois, vous êtes condamnés à y revenir. C'est là toute la puissance des liens magiques : ceux qui dépassent la volonté et défient la raison.
Une simple question de temps.
Malgré tout, il se pourrait qu'il y ait autre chose à chercher au registre de tes raisons. Une chose en forme de conversation et portant le visage de ta fille. Car entre le bal et ce présent rendez-vous s'est produit cet événement tout à fait essentiel. Tu l'avais en tête au moment de confirmer ta venue et ça ne t'a pas quitté depuis. Les paroles vociférées, les accusations corrosives et ce geste tellement lourd de sens.
Ce sont des choses importantes, pour un homme comme toi. Des choses qui mettent du temps à faire leur chemin, qui exigent beaucoup de silence et un maximum d'inattention. On les jette à la volée, comme des graines, sur une terre beaucoup trop dure et sèche en espérant que cela germe. C'est un fait étrange, mais il faut ignorer ces semis là : les idées ne prennent racines dans ta tête qu'en ne s'en occupant le moins possible.
Tu les as considéré, pourtant, ces idées là. La preuve réside dans ta froideur et la prudence avec laquelle tu as abordé tes derniers échanges avec Laelia. Il fallait que tu réfléchisses et c'est chose faite. A présent, l'heure est venu de vous retrouver et mesurer l'état de décomposition de votre relation. Une esquisse si bien commencée, gâchée à grand jets d'hémoglobine. Un gâchis que seuls les individus de ta race trouveraient beau... Mais c'est bien là tout l'aspect tragique de ta vie, Mirko : tu es entouré de sorciers et ce sont leurs valeurs qui te font.
Tu as à peine un regard pour les vêtements en présentation. Tu es ici comme une éclaboussure sur la dentelle. Carcasse à l'aspect rude, cadavérique. Prestance sinistre. On voit d'autant mieux s'esquisser le quinquagénaire qui n'a cure de son allure au milieu des belles choses. Tu as l'air méchant comparé au satin. Triste, au milieu de la beauté.
Cependant, il est remarquable de t'avoir dans l'élément du lys, pour une fois. Car Laelia, c'est Alice dans le terrier du lapin
« Salut miss.
Que tu lances en pénétrant dans l'atelier, l'apercevant. Beauté appliquée, bien penchée sur son ouvrage. Il y a tellement d'elle autour de toi que c'en deviendrait presque surnaturel (comme plonger dans un esprit). T'es submergé d'odeurs et de couleurs qui te rappellent des choses de son caractère. C'en est presque trop tant c'est là. Cependant, rien n’apparaît par dessus la mine que tu lui sers. C'est l'habituel regard qui cherche, l'éternelle amorce de sourire (insolent) au coin de la bouche. T'approche sans trop en faire ni trop en dire, attendant simplement de voir s'esquisser les choses.
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Re: [ Terminé ] Wounded
Ven 29 Nov 2019 - 10:37
Le palpitant qui s’emballait, tambourinait davantage dans sa poitrine lorsque la réponse arrivait, que son téléphone était déposé avec nonchalance sur le comptoir de la boutique. Risette adressée aux clientes qui ne tardaient jamais à venir lui demander de l’aide, tant réputée pour son Art que pour ses goûts affutés, élégante jusqu’aux bouts des ongles, raffinement des épines incisives. L’Hiver proche, la nouvelle collection lancée, les journées plus courtes, l’astre solaire s’éclipsait bien trop rapidement aux yeux de la sirène, elle qui aimait s’étendre, de tout son long sous les rayons, jusqu’à ce que son derme épicé prenne feu, se détendre jusqu’à la combustion spontanée. Et il y avait aussi les minutes qui passaient bien trop vite, le moment redouté par la créatrice, la confrontation teintée de cruor, de confessions, qu’elle espérait suffisantes, Laelia. Elle s’était représentée la scène en tête plus d’une fois, le meilleur comme le pire, ne sachant jamais à quoi s’attendre face à un semi-vampire trop nerveux, impulsif, l’ego qui en prendrait un coup lorsque la gazelle l’attaquerait, dans le vice le plus complet. Alors, oui : l’on pouvait en conclure que le lys était inquiet, anxieux : pas de rechute depuis un mois, ça mettait la puce à l’oreille. Darcy l’avait bien aidé avec ses calmants, de quoi empêcher les pertes de contrôle trop importantes, mais pas assez pour effacer ce lien, non. Il fallait le sang des deux liés, dont celui de Mirko, un simple tissu tâché suffirait, qu’il avait dit, Darcy.
Quand les lumières s’éclipsèrent, que la boutique tirait sa révérence pour la journée, ses ongles pianotaient l’écran tactile de son cellulaire, message envoyé Sasha avant d’éteindre définitivement le téléphone, déposé à la va-vite sur une commode. Et elle s’éclipsait dans l’arrière-boutique, l’atelier dans lequel elle se tuait, Laelia, entre les tissus, les boutons et les voiles, ses doigts virevoltaient, à la manière de l’ancienne ballerine qu’elle était, autrefois. Éternellement fascinée par la volupté des étoffes, ça la faisait sourire, l’orchidée, la facilité à se dévoiler autour des toiles, entre elles, tout lui semblait aisé, pas besoin d’éloquence, juste une mise à nu, la plus totale, les plaies démontrées, affirmées. Ce haut raffiné qu’elle attrapait et s’attelait à conclure jusqu’à l’arrivée de Mirko, l’échine tendue, la tête affaissée et les doigts abîmés, toujours si proche du sang, que le timing semblait presque parfait. Rotation délicate sur son siège, elle prenait son rôle à coeur, Laelia, la risette au coin des lèvres, rictus malicieux, mais cette lueur particulière dans les mirettes. « Bonsoir. » Gambettes dépliées, ondulation visant à faire virevolter le tissu fluide de sa robe et ses talons claquant le parquet, détonation stridente, quelques pas pour faire voler en éclats le maigre espace entre les carcasses. Sa paume se frayait un chemin contre sa joue, étrangement calme, malgré l’excitation de son palpitant, la Texane caressait sa peau velue, déposant l’empreinte de son pouce ensanglanté sur les pulpes du chasseur, sans jamais perdre le rictus narquois rivé aux lèvres.
« J’ai une surprise pour toi. » Ruban qui glissait entre ses doigts, elle terminait dans son dos et venait lui ôter la vue avec ce bout de tissu, guidant ses paumes dans les siennes pour qu’il prenne place sur le siège de velours, à l’allure royale. D’un coup de baguette, les mélodies sensuelles s’enchaînaient lascivement, tandis que la sauvage venait titiller les sens de Mirko. Elle l’effleurait dans sa petite danse, le parfum qui embaumait l’odorat, le sang sec des paumes à celui de sa peau, les galbes épousant la charogne et les mains, glissant de ses épaules à son torse, le toucher explosif, dans une sensualité optimale. Vipère enivrante, titillant chaque sens de son partenaire, sans perdre son sourire et bientôt, ce fût la dentelle couvrant sa croupe qui fut jetée sur les cuisses du beau. Bandeau retiré, elle s’échappait lorsque les lèvres allaient se toucher et faisait durer sa danse exaltante, le temps nécessaire pour provoquer Mirko, infâme sorcière au sourire ravageur, jouant avec sa victime. Prisonnière de ta peau.
- InvitéInvité
Re: [ Terminé ] Wounded
Lun 2 Déc 2019 - 20:34
Il n'y a rien de familier dans cet écrin capitonné de soie et de satin. C'est d'une étrangeté telle que tu pourrais l'apparenter au rêve (si seulement tu savais ce que c'était). Camaïeu de pastel décliné en mille nuances de délicatesse, le royaume de Laelia est une essence florale, fraîche et subtile. Contraste évident avec ton univers à toi, plein de rugosités et de clairs-obscurs aux notes agressives. Tu es l'invité du lys en ces lieux.
Ainsi posée au milieu de ce nid, on pourrait la croire ange. Séraphine au sourire plein de (fausses) promesses : la méfiance endormie, tu prends son masque pour un gage d'honnêteté. Le refrain de son sourire est toujours invitant, pour toi : nulle lassitude de ce côté-ci. Tu te laisses appeler par son chant de sirène, à la manière de tous ces marins qui ne savent pas à quel genre d'être retors ils ont affaire. Car cet ange là a les ailes charbon depuis longtemps (c'est pour cela que tu la préfères aux autres).
Il y avait pourtant de la résolution dans ta venue. Tu te disais qu'il serait peut-être temps de parler sérieusement de la situation. Rompre cette rengaine de chaos qui vous déchire morceau par morceau : une douleur que vous tolérez seulement parce-que vous aimez souffrir, mais dont vos proches respectifs cherchent absolument à vous dissuader de prendre goût.
Si tu t'écoutais, Mirko, tu te jetterais probablement dans les flammes allumées entre les bras de cette naïade jusqu'à n'être plus qu'un ridicule petit tas de cendre. Pulsion de mort résultant autant de ton goût du stupre que de la lassitude accumulée à l'endroit de la vie. C'est une triste chose que de constater une fois de plus combien ton existence est une douleur, mais ceux qui te connaissent un peu savent que c'est là (et depuis longtemps).
Laelia le sait d'ailleurs, et c'est probablement cela qui donne à ses gestes tant d'assurance. Il suffit qu'elle exhibe ses charmes avec assez d'adresse pour que tu obéisses. Le cœur de votre attirance mutuelle, sans doute, ce besoin de mettre un (très beau) visage sur toutes les choses haïssables qui pourrissent au fond de vous.
Alors tu te laisses aveugler par son ruban, tu te laisses guider par la main et tu te laisses asseoir, tandis qu'elle te charme à la force (infiniment puissante) de tous ses atouts de femme. En cet instant, l'on se demande qui est esclave de l'autre : tes instincts sont des ordres donnés contre toutes tes bonnes résolutions. Il suffit de les agacer un peu pour que l'humanité s'efface du champ de tes priorités. Ton ascendance impure a favorisé la bête, c'est ainsi.
Mais déjà, voilà qu'elle fait tomber l'entrave de tes yeux. Tu l'avises de tes prunelles noires comme elle feinte de t'embrasser, l'air plus camé qu'amusé en cet instant. Il y a une sensualité lourde dans l'air : cette touffeur prédatrice croissant lentement, à mesure qu'elle souffle sur les braises en ondulant.
Cependant, tu demeures bien sage en façade. Ces velléités là ne trouvent reflet que dans tes yeux aux chatoiements si tourmentés. Assurément, c'est une peine d'assister à cela. Personne n'y gagne et pourtant cela dure. C'est plein d’apparat et plein d'attentions, mais tout est fait pour nourrir vos urgences égoïstes, en définitive. L'édifice que vous avez bâti ensemble est une duperie tragique.
Finalement, trop agacé de voir cette folie flamme danser, tu profites d'un instant où elle approche pour l'attirer contre toi. Belle nymphe discrètement dénudée, assise sur tes genoux, en face à face : l'une de tes mains la retient quand l'autre s'invite sous les plis de sa robe légère, remontant la courbe de sa cuisse brûlante.
Tu as les yeux qui transpercent ses prunelles bleues en ce moment. Visage économe d'expression, l'air presque grave : cela fait un contraste étrange avec l'audace dans tes gestes. Tes mains disent une chose, mais ton regard une autre. C'est difficile à déchiffrer pourtant : probablement parce-que tu ne sais pas toi-même ce que tu ressens. Il y a de la contradiction dans ton esprit, de la tourmente (peut-être même une question).
La dernière tentative de l'homme de se faire entendre au milieu des démons qui s'agitent (sans doute). Toi qui a tant échoué depuis toutes ces années, c'est à se demander par quelle force tu persévères. Les flammes t'ont déjà à demi consumé le corps... et du reste, il n'y a plus grand chose.
Ainsi posée au milieu de ce nid, on pourrait la croire ange. Séraphine au sourire plein de (fausses) promesses : la méfiance endormie, tu prends son masque pour un gage d'honnêteté. Le refrain de son sourire est toujours invitant, pour toi : nulle lassitude de ce côté-ci. Tu te laisses appeler par son chant de sirène, à la manière de tous ces marins qui ne savent pas à quel genre d'être retors ils ont affaire. Car cet ange là a les ailes charbon depuis longtemps (c'est pour cela que tu la préfères aux autres).
Il y avait pourtant de la résolution dans ta venue. Tu te disais qu'il serait peut-être temps de parler sérieusement de la situation. Rompre cette rengaine de chaos qui vous déchire morceau par morceau : une douleur que vous tolérez seulement parce-que vous aimez souffrir, mais dont vos proches respectifs cherchent absolument à vous dissuader de prendre goût.
Si tu t'écoutais, Mirko, tu te jetterais probablement dans les flammes allumées entre les bras de cette naïade jusqu'à n'être plus qu'un ridicule petit tas de cendre. Pulsion de mort résultant autant de ton goût du stupre que de la lassitude accumulée à l'endroit de la vie. C'est une triste chose que de constater une fois de plus combien ton existence est une douleur, mais ceux qui te connaissent un peu savent que c'est là (et depuis longtemps).
Laelia le sait d'ailleurs, et c'est probablement cela qui donne à ses gestes tant d'assurance. Il suffit qu'elle exhibe ses charmes avec assez d'adresse pour que tu obéisses. Le cœur de votre attirance mutuelle, sans doute, ce besoin de mettre un (très beau) visage sur toutes les choses haïssables qui pourrissent au fond de vous.
Alors tu te laisses aveugler par son ruban, tu te laisses guider par la main et tu te laisses asseoir, tandis qu'elle te charme à la force (infiniment puissante) de tous ses atouts de femme. En cet instant, l'on se demande qui est esclave de l'autre : tes instincts sont des ordres donnés contre toutes tes bonnes résolutions. Il suffit de les agacer un peu pour que l'humanité s'efface du champ de tes priorités. Ton ascendance impure a favorisé la bête, c'est ainsi.
Mais déjà, voilà qu'elle fait tomber l'entrave de tes yeux. Tu l'avises de tes prunelles noires comme elle feinte de t'embrasser, l'air plus camé qu'amusé en cet instant. Il y a une sensualité lourde dans l'air : cette touffeur prédatrice croissant lentement, à mesure qu'elle souffle sur les braises en ondulant.
Cependant, tu demeures bien sage en façade. Ces velléités là ne trouvent reflet que dans tes yeux aux chatoiements si tourmentés. Assurément, c'est une peine d'assister à cela. Personne n'y gagne et pourtant cela dure. C'est plein d’apparat et plein d'attentions, mais tout est fait pour nourrir vos urgences égoïstes, en définitive. L'édifice que vous avez bâti ensemble est une duperie tragique.
Finalement, trop agacé de voir cette folie flamme danser, tu profites d'un instant où elle approche pour l'attirer contre toi. Belle nymphe discrètement dénudée, assise sur tes genoux, en face à face : l'une de tes mains la retient quand l'autre s'invite sous les plis de sa robe légère, remontant la courbe de sa cuisse brûlante.
Tu as les yeux qui transpercent ses prunelles bleues en ce moment. Visage économe d'expression, l'air presque grave : cela fait un contraste étrange avec l'audace dans tes gestes. Tes mains disent une chose, mais ton regard une autre. C'est difficile à déchiffrer pourtant : probablement parce-que tu ne sais pas toi-même ce que tu ressens. Il y a de la contradiction dans ton esprit, de la tourmente (peut-être même une question).
La dernière tentative de l'homme de se faire entendre au milieu des démons qui s'agitent (sans doute). Toi qui a tant échoué depuis toutes ces années, c'est à se demander par quelle force tu persévères. Les flammes t'ont déjà à demi consumé le corps... et du reste, il n'y a plus grand chose.
- InvitéInvité
Re: [ Terminé ] Wounded
Lun 2 Déc 2019 - 21:58
La soie glissait sur sa peau marquée par le temps et d’une délicate caresse, le tissu épousait ses globes oculaires, de manière à lui retirer de la plus délicieuse des manières, la vision. Et il se laissait aller, Mirko, la confiance donnée à cette poupée tyrannique, dont un plan parfait s’était dressé contre lui, en dépit des affections données, de ces risettes échangées et de ce charme opérant depuis des mois désormais. Cette histoire, aussi improbable soit-elle, avait au moins eu le don de ranimer les vestiges de son palpitant bousillé, de lui donner vie, à ce coeur oublié, cramé, réduit en cendres. Alors, même si l’issue n’était qu’une succession de drame à destination tragique, son esprit ne pouvait guère s’empêcher de rembobiner les moments passés ensemble, même si l’union n’était qu’un voile d’illusion. Des blessures camouflées, au travers ces deux essences, l’affection si réelle, authentique, qu’ils s’en étaient brûlés les doigts, valsant sur les débris d’un lien trop puissant, qu’on ne comprenait pas. Si fort qu’il vacillait, sombrait dangereusement dans les méandres de l’oubli, de la destruction : car il n’y avait que dans la violence qu’il s’en irait. Dans l’ombre, la nymphe se mouvait, jouant de ses charmes et atouts comme arme ultime, la diversion macabre afin de duper celui qu’elle portait dans son coeur, une minuscule parcelle dans le palpitant pour cet homme, tant adoré que détesté, le maître de ses démons, tyran de ses chimères. À l’unisson, son enveloppe guidait ses expressions, effleurant ses sens, attisant cette flamme massive entre eux, les carcasses s’entrechoquant par moments, suffisamment pour lui ôter le tissu, s’approchant des lèvres convoitées avant de se retirer.
Elle jouait, Laelia, jusqu’à siéger sur le trône de ses cuisses, impériale, la chair dégagée par une simple caresse le long de sa cuisse. Et cette proximité étouffante, la chaleur qui réchauffait les épidermes, sur le point de consumer l’autre d’un simple effleurement. Les yeux qui se bouffaient et ses mains qui prenaient place sur ses épaules, à toucher son nez du sien, les souffles se percutant, jusqu’au silence total. Impossible de s’en tenir éloigner, y’a dans ce lien un sentiment inexplicable, qui allait au-delà des choses explicables, des signes impossibles à interpréter. Le lys aurait pu l’aimer, Mirko, si son coeur ne s’animait pas à la pensée d’un autre, depuis toujours ou trop longtemps, avec qui elle tournait sans arrêt en rond, quitte à se lasser, quitte à s’essouffler. Elle s’électrisait sous les paumes du chasseur, le bassin qui ondulait par moments, pour créer l’envie, provoquer les caresses délicieuses, s’animer, prendre vie contre (pour) cette charogne. Océan d’incertitude, dans le regard, l’on voyait la passion pure, l’envie, l’attachement, tout comme dans ses gestes et dans sa tête, le questionnement : devait-elle le blesser ? Voulait-elle réellement s’en séparer ? Plus sûre de rien, envoûtée par ce regard sombre qui la bouffait, Laelia fermait les paupières, juste quelques secondes, le temps de chasser les questions bouffant son esprit. Et c’était contre ses lèvres qu’elle trouvait refuge, l’orchidée, les lippes se liant dans un échange tendre, les mirettes dans celles de son partenaire, se noyant presque sur cette peau délicate. Puis, il y avait sa nuque qui passait proche de ses lippes, la jugulaire apparente, ce parfum qui avait l’effet d’une drogue pour le vampire, nuque légèrement camouflée par sa cascade de cheveux, « mange-moi » susurré entre deux respirations. Tout son corps qui tendait vers Mirko, sans qu’elle ne puisse gérer l’alchimie, l’attirance, ses doigts commençaient à détendre la ceinture de sa robe portefeuille, « touche-moi » dans le regard.
- InvitéInvité
Re: [ Terminé ] Wounded
Mer 4 Déc 2019 - 20:16
Quelle intuition as-tu des intentions réelles de la fleur ? Probablement assez peu, car elle s'applique à ne rien montrer. Cependant, il est tout à fait possible que tu perçoives ses doutes au milieu du désir en tumulte. Bataille intérieure résultant de nécessités contradictoires : votre situation reflète toute la complexité de vos parcours. Car il est fort difficile de se lier sainement lorsque l'on a été élevé sans amour. La violence au lieu d'affection, ça marque pour longtemps.
Toi, tu as connu ce dédain là dans tes jeunes années, et c'est d'avoir eu une épouse bien aimante qui t'a rattrapé. Malheureusement, tout ce qu'elle a recouvert d'affection tendre et tiède est reparu avec le temps (comme la peinture s'érode à la surface d'un édifice, faute d'entretien). Ainsi, à l'image de ta belle, tu es de ceux qui aimeraient sans doute aimer, mais qui ont bien du mal à y réussir.
Il y a trop de refoulé en jeu, trop d'incertitudes et trop de mauvaises habitudes. Car tu es difficile, Mirko, difficile à vivre. Il faut composer avec ta double nature, avec tes façons rudes. Tu as le caractère fort, la dévotion entière. Un molosse de l'amour, qui grogne au moindre mouvement suspect, mais mourait pour la cause. Non, tu n'es pas un homme de tout repos, Mirko. Ce n'est pas facile de t'aimer.
Pourtant, quelque chose s'est construit entre toi et Laelia, en dépit de tous ces aléas, de toutes tes tourmentes intérieures (et des siennes, au moins aussi nombreuses). Vous êtes parvenus à vous comprendre (au moins un peu) et à vous accepter tel quel. Pire : ses défauts te plaisaient, ses failles te plaisaient. Tu appréciais la princesse autant que l'enfant battue : alliance charmante entre l'arrogance et l'incertitude. Ce n'est pas donné à tout le monde, alors cela vaut (sans doute) la peine d'être remarqué.
Peut-être qu'à force, les relents morbides des cadavres que vous aviez cachés tout au fond de vos âmes ont fini par contaminer cette jolie chose naissante. Le besoin d'expiation de la souffrance de Laelia a rencontré ton besoin de destruction et cela a accouché d'un rapport de domination des plus douteux. Il fallait qu'elle ait mal et il fallait que tu blesses. Deux façons différentes d'exprimer la même douleur, le même mal d'amour.
Vous contemplez mutuellement vos meurtrissures et trouvez cela magnifique et oubliez, dans le même temps, de bâtir quelque chose ensemble. Une pitié, quand on sait qu'il existait pourtant le bon germe entre vous. Vous avez simplement manqué de volonté commune : car il fallait décider de l'entretenir, cette affection naissante. Vous auriez pu en tirer une très belle chose. C'est certain. Une relation étrange, probablement, mais qui aurait été à votre image. Mélange de tous vos besoins à combler : le père et la fille, les amants, les gardiens, les ennemis...
Sachant tout cela, est-il étonnant d'observer des scrupules poindre en ce moment ?
La vie est bien longue, et rares sont les occasions de voir se rencontrer deux êtres aussi symétriquement abîmés. Renoncer à cette chose (quand bien même serait-elle à parfaire), est-ce bien raisonnable ? Les affections ne sont-elles pas des indulgences en habit de douceur ? Doit-on sanctionner l'errance d'un coup de surin et s'oublier, ou bien chercher une issue ensemble ?
Pour toi la question ne se pose pas en ces termes, car tu es encore bien loin des plans de Laelia. Cependant, comme tu décèles dans sa gestuelle une ambiguïté indéfinissable, tes gestes s'arrondissent inconsciemment pour lui demander pardon.
Ainsi, tu acceptes les lèvres et dédaigne la gorge. Tes façons prennent des entournures douces, là où la fois dernière ne fut qu'âpreté. Les souffles mêlés, les regards avides et les mains conquérantes, c'est une nouvelle déclinaison du désir qui se dessine. Tu es probablement autant rongé d'envie qu'elle en ce moment : de voir son corps s'offrir sous tes yeux, comme le tissus de sa robe légère glisse le long de ses formes, ça te fascine de la plus belle des manières. Alors, tu bouffes l'épiderme à mesure qu'il se découvre, cueillant ses soupirs comme un ultime chant de sirène et qui te pousse à persévérer.
Toujours, le corps qui cherche à atteindre une proximité plus grande. Tu finis par glisser à même le sol en emportant ta belle dans le mouvement. Parquet tiède sur lequel tu te couches, amenant la fleur au dessus (contre) de toi. Geste approximatif qui emporte un rouleau de tulle (depuis une table à côté) dans son sillage : le tissu retombe sur vous comme une cage vaporeuse et transparente. La maladresse qui matérialise cette nécessité de vous retrouver pour juger des choses.
Cependant, tu ne le remarques pas, beaucoup plus intéressé par le corps mit à ta disposition que tous les tracas du monde. Ce n'est pas tous les jours que tu fais le tendre. Il y a pourtant du talent dans tes façons : tu uses de mille déclinaisons langoureuses pour rendre grâce à la perfection de ses formes. Facette humaine miroitant en arrière fond : dès lors que le vampire se fait timide, la douceur s'autorise à venir. Alors, tu l'embrasses longuement, tu la caresses comme on le ferait d'un velours très précieux et tu la regardes plus intensément encore que toutes ces précédentes attentions réunies.
La luxure en habit de coton.
Toi, tu as connu ce dédain là dans tes jeunes années, et c'est d'avoir eu une épouse bien aimante qui t'a rattrapé. Malheureusement, tout ce qu'elle a recouvert d'affection tendre et tiède est reparu avec le temps (comme la peinture s'érode à la surface d'un édifice, faute d'entretien). Ainsi, à l'image de ta belle, tu es de ceux qui aimeraient sans doute aimer, mais qui ont bien du mal à y réussir.
Il y a trop de refoulé en jeu, trop d'incertitudes et trop de mauvaises habitudes. Car tu es difficile, Mirko, difficile à vivre. Il faut composer avec ta double nature, avec tes façons rudes. Tu as le caractère fort, la dévotion entière. Un molosse de l'amour, qui grogne au moindre mouvement suspect, mais mourait pour la cause. Non, tu n'es pas un homme de tout repos, Mirko. Ce n'est pas facile de t'aimer.
Pourtant, quelque chose s'est construit entre toi et Laelia, en dépit de tous ces aléas, de toutes tes tourmentes intérieures (et des siennes, au moins aussi nombreuses). Vous êtes parvenus à vous comprendre (au moins un peu) et à vous accepter tel quel. Pire : ses défauts te plaisaient, ses failles te plaisaient. Tu appréciais la princesse autant que l'enfant battue : alliance charmante entre l'arrogance et l'incertitude. Ce n'est pas donné à tout le monde, alors cela vaut (sans doute) la peine d'être remarqué.
Peut-être qu'à force, les relents morbides des cadavres que vous aviez cachés tout au fond de vos âmes ont fini par contaminer cette jolie chose naissante. Le besoin d'expiation de la souffrance de Laelia a rencontré ton besoin de destruction et cela a accouché d'un rapport de domination des plus douteux. Il fallait qu'elle ait mal et il fallait que tu blesses. Deux façons différentes d'exprimer la même douleur, le même mal d'amour.
Vous contemplez mutuellement vos meurtrissures et trouvez cela magnifique et oubliez, dans le même temps, de bâtir quelque chose ensemble. Une pitié, quand on sait qu'il existait pourtant le bon germe entre vous. Vous avez simplement manqué de volonté commune : car il fallait décider de l'entretenir, cette affection naissante. Vous auriez pu en tirer une très belle chose. C'est certain. Une relation étrange, probablement, mais qui aurait été à votre image. Mélange de tous vos besoins à combler : le père et la fille, les amants, les gardiens, les ennemis...
Sachant tout cela, est-il étonnant d'observer des scrupules poindre en ce moment ?
La vie est bien longue, et rares sont les occasions de voir se rencontrer deux êtres aussi symétriquement abîmés. Renoncer à cette chose (quand bien même serait-elle à parfaire), est-ce bien raisonnable ? Les affections ne sont-elles pas des indulgences en habit de douceur ? Doit-on sanctionner l'errance d'un coup de surin et s'oublier, ou bien chercher une issue ensemble ?
Pour toi la question ne se pose pas en ces termes, car tu es encore bien loin des plans de Laelia. Cependant, comme tu décèles dans sa gestuelle une ambiguïté indéfinissable, tes gestes s'arrondissent inconsciemment pour lui demander pardon.
Ainsi, tu acceptes les lèvres et dédaigne la gorge. Tes façons prennent des entournures douces, là où la fois dernière ne fut qu'âpreté. Les souffles mêlés, les regards avides et les mains conquérantes, c'est une nouvelle déclinaison du désir qui se dessine. Tu es probablement autant rongé d'envie qu'elle en ce moment : de voir son corps s'offrir sous tes yeux, comme le tissus de sa robe légère glisse le long de ses formes, ça te fascine de la plus belle des manières. Alors, tu bouffes l'épiderme à mesure qu'il se découvre, cueillant ses soupirs comme un ultime chant de sirène et qui te pousse à persévérer.
Toujours, le corps qui cherche à atteindre une proximité plus grande. Tu finis par glisser à même le sol en emportant ta belle dans le mouvement. Parquet tiède sur lequel tu te couches, amenant la fleur au dessus (contre) de toi. Geste approximatif qui emporte un rouleau de tulle (depuis une table à côté) dans son sillage : le tissu retombe sur vous comme une cage vaporeuse et transparente. La maladresse qui matérialise cette nécessité de vous retrouver pour juger des choses.
Cependant, tu ne le remarques pas, beaucoup plus intéressé par le corps mit à ta disposition que tous les tracas du monde. Ce n'est pas tous les jours que tu fais le tendre. Il y a pourtant du talent dans tes façons : tu uses de mille déclinaisons langoureuses pour rendre grâce à la perfection de ses formes. Facette humaine miroitant en arrière fond : dès lors que le vampire se fait timide, la douceur s'autorise à venir. Alors, tu l'embrasses longuement, tu la caresses comme on le ferait d'un velours très précieux et tu la regardes plus intensément encore que toutes ces précédentes attentions réunies.
La luxure en habit de coton.
- InvitéInvité
Re: [ Terminé ] Wounded
Mer 4 Déc 2019 - 22:43
Lorsque les courbes cessaient la parade nuptiale et que les plumes du paon vaniteux s’éclipsaient, égayant davantage sa croupe galbée sous la soie du tissu voluptueux, enlaçant ses formes frôlant l’harmonie idéale. Elle n’avait d’yeux que pour cet homme assis en face d’elle, à le dévorer du regard, qui l’invitait à prendre possession de ses cuisses, plus solides que les siennes, malgré le ravage des essences. Il lui avait toujours semblé plus fort, résistant, Mirko, bien que la Princesse ne montrait jamais ses sentiments, impassible, mur de prison, qui ne se laissait pas souvent transpercer par des pacotilles. Imperméable, protectrice envers sa propre estime, Laelia prenait possession du trône, la chair facilement dévoilée, sous ce tissu liquoreux. Il n’y avait que lui qui comptait, qu’importent les oraisons de son palpitant ombragé, recousu comme de vulgaires bouts de tissus délaissés dans un coin, ceux qui étaient en trop pour une création. Rabibochés, comme ceux qui se liaient sous un énième ciel étoilé, bien que couverts en cette soirée glaciale et pourtant, la température n’influait guère sur les flammes qui grandissaient entre eux, le désir ardent, facilement alimenté par les effluves passionnels.
Alors que sa nuque valsait contre ses pulpes, il préférait se perdre contre ses pulpes, à épouser l’humidité des lèvres à la nuque parfumée. Les mains qui passaient de ses épaules jusqu’à sa nuque dans de tendres caresses, la pulpe de ses doigts cajolait la peau apparente, dessinant de légers ronds sur son derme jusqu’à encercler délicatement son visage. De l’impétuosité dégoulinait des baisers échangés, fiévreux à n’en plus pouvoir se détacher de l’autre, des caresses sulfureuses lui arrachant des plaintes de bien-être, les menant jusqu’à leur chute, réelle, sur le parquet tiède, entraînant l’avalanche d’un tissu sur leurs corps, de quelques matériaux de couture. Il y avait ce sourire éternel accroché aux lèvres du lys, son enveloppe surplombant celle du chasseur pour mieux se coller, se dévoiler lorsque la robe quittait son corps et qu’elle affichait sa dentelle raffinée, fine. Ses paumes remontaient le long de sa nuque, pour trouver refuge contre ses joues, à le fixer intensément, cette risette fixée, comme si rien ne pouvait le retirer, tous les soucis oubliés. Les frissons parcouraient la peau de Laelia, les soupirs ardents s’échouaient hors de sa bouche, dans de superbes mélodies.
Le dos légèrement cambré, corps cajolé par Mirko, elle se redressait juste un instant pour lui ôter ce sweat épais, dévoilant sa musculature presque parfaite, les muscles secs qui recouvraient son corps, ceux qui se tendaient au passage de ses pulpes humides, de ses mains brûlantes. Flattée par l’attention des cajoleries, Laelia frottait lentement son nez au sien lorsque les regards fusionnaient, ne faisaient qu’un, une minute suspendue sous le voile de tulle. Tendresse, affection, dans les prunelles, l’orchidée ne perdait pas ce sourire, glissant ses paumes sur les siennes afin de les positionner au-dessus de sa tête. Les doigts liés, elle baisait ses joues, sa mâchoire jusqu’à sa nuque, son torse, délicatesse absolue, la nymphe frôlait son torse du sien, effleurement, parfois des contacts plus accentués, elle se perdait à nouveau dans l’océan de ses prunelles, rictus aux lèvres, les doigts enlacés.