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[Abandonné] L'illusion d'une Renaissance.
Lun 20 Jan 2020 - 7:03
Fidèle à une habitude parfaitement nouvelle, Baz avait attendu que le service du petit-déjeuner soit complété — ou du moins bien en phase de l’être — pour déserter cet humide et cuisant royaume qui était le sien ; les cuisines de l’Université. L’Irlandais avait toutefois pris soin d’emporter avec lui une tasse de porcelaine bien épaisse dont s’échappait quelques volutes fumantes, dispersant avec elles toutes les arômes d’une émulsion caféiné bien fraîche. Autrement fidèle à une autre importante — et tout aussi récente — promesse, c’est en direction du troisième étage que le trentenaire s’aventurait de si bon matin, à la rencontre d’une certaine Maria, une figure entièrement peinte d’huiles et d’illusions.
Il faut dire que depuis leur mésaventure dans les souterrains du château d’Iverness, le chef s’en tenait à la routine qui l’avait toujours bien servie ; celle d’éviter les rassemblements et autres démonstrations bien publiques des extravagances de la société sorcière. Comme pour rétablir un équilibre — déjà bien fragile par opposition à son ouvrage quotidien — l’aîné Donovan se trouvait avec un besoin décuplé d’accalmies calculées, d’espaces — physiques et temporels — qui soient imperturbables, auxquels une réassurance s’attachait presque par défaut. Bien qu’il lui fut épargné de perdre à nouveau de ces astres essentiels autour desquels son existence gravitait plus ou moins — soit Dhan, Evandro ou même encore Alex — Baz avait inconsciemment allongé la mesure de son orbite autour d’eux, songeant qu’après les désastreuses festivités de Samain, ses compagnons d’infortunes devaient tous avoir grand besoin de refaire eux aussi leur réserve d’énergie et d’hardiesse. Dans ce contexte, il restait toutefois une étoile dont l’iridescence s’était trouvé augmenté par l’aventure et sans qu’il comprenne exactement pourquoi ou comment, le cuisinier était au minimum conscient que chaque moment en présence de la Donna éteignait une petite part d’ombre résiduelle dans son esprit.
— Ciao Mrs Maria. lança t-il d’abord d’un ton chaleureux, sur un rythme qui ne trahissait aucun empressement, satisfait qu'il était de se glisser simplement dans cette routine.
Day in, day out, le portrait vampirique répondait alors — dans un anglais bien impeccable — à ses salutations en les allongeant de quelques commentaires sur l’achalandage de la matinée ou encore sur l’état de son tablier ; car bien qu’un masque doré couvre entièrement cette paire d’yeux qu’il imaginait sans âge et sans adresse, Maria voyait tout avec clairvoyance.« Signore, les grains de votre café ont bien été torréfiés à l’italienne ? Ha, je pourrais presque sentir cette dose de robusta jusqu’ici. »
Un sourire s’allongea systématiquement sur le visage du cuisinier, qui porta sa tasse fumante à ses lèvres pour toute réponse. Il attendait que quelques élèves aient entièrement traversés le corridor des portraits pour s’approcher encore un peu du tableau, prêt à offrir un ou deux nuages aromatiques supplémentaires à celle qui s’ennuyait sans doute de pouvoir déguster pareil breuvage, sauf que le destin n’allait pas tarder à en décider autrement. As it turns out, l’étudiant qui lui était passé sous le nez quelques instants plus tôt venait tout juste de tirer sa baguette de sa manche et, dans une volonté d’impressionner un certain Mister Lacorne — un auror émérite appréciant les démonstrations de savoir-faire — il avait refermé d’un coup toutes les tentures du corridor, agitant également au passage le long tapis de l’allée sur lequel se tenait l’ainé Donovan. Déstabilisé et soudainement propulsé vers l’avant contre son gré, le cuisto eut tout juste le temps — voir, le réflexe — de tourner dos au tableau vers lequel il fonçait indéniablement, inconsciemment soucieux de ne pas y ajouter de longues coulisses de café et d'ainsi altérer ses couleurs à tout jamais. Étrangement, ce n’est toutefois pas contre un mur ou un canevas que Sebastian alla s’échoir, mais bien plutôt sur le bois ouvragé et parfaitement vernis d’un plancher, ainsi que sur… well, plutôt dans les multiples jupons d’une dame ? L’esprit encore sonné, Baz agita un peu les bras, repoussant les tissus dans lesquels il s’était empêtré, pour en ressortir avec… un gobelet de cuivre en main ?
— What the…
À nouveau debout sur ses deux jambes, le trentenaire constata que son tablier de coton était désormais taillé dans un cuir raide, sans parler de cette chemise de lin aux manches bouffantes qui remplaçait peu flatteusement le chandail qu’il avait enfilé quelques heures auparavant. Good golly, se pouvait-il que, dans une mécanique tout pareillement instinctive à la sienne, la Donna ait ouvert son tableau et qu’il y soit traversé malgré lui ? Baz n’était pas sans ignorer l’animation en cours à cet effet, celle mise en place pour célébrer l’Université à l’aube d’une nouvelle année, mais il s’était promis de ne pas replonger dans l’aventure de si tôt, encore moins dans l'une de celle destiné à lui rappeler son appartenance à la… plèbe ? Comme si sa propre chute n'avait pas suffit, le chef avait renversé cette dame à la blondeur impeccable et dont l’affiliation à l’aristocratie paraissait évidente, si bien que tous les regards courroucés de ces sieurs intellectuels étaient désormais tournés vers lui. Abandonnant aussitôt son «godet» sur l’étagère la plus proche, il essuya tant bien que mal ses mains sur son nouveau pantalon — fort rêche — avant d’en tendre une tout juste au-dessus de sa victime, affairé alors à remettre de l’ordre dans sa digne tenue.
— Here milady, let me help you. proposa t-il tout bas, par respect des lieux déjà, mais aussi dans l’espoir que les figurants animés ne viennent pas le châtier à grand coup d’encyclopédies sur le crâne. Vous n’avez pas mal j’espère ?
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Re: [Abandonné] L'illusion d'une Renaissance.
Lun 20 Jan 2020 - 13:53
Feu chatoyant, les ombres dansent le long des épais pans de mur. Jambe gauche chauffée par le doux foyer, ce n’était finalement qu’une habitude parmi d’autres. Ne jamais laisser qui que se soit s’immiscer en mon dos. N’offrir aucune opportunité et n’être en rien vulnérable. Les habitudes émettent cette contradiction, une méfiance générale couplée à une volonté d’ouverture, raison d’avoir trouvé lieu d’étude en la salle commune des Pokeby. Nonobstant, mes écouteurs attachent une image vaguement inaccessible, les notes de Forest Fires se faisant éloge au creux de mes oreilles.
Assise en tailleur, vêtue d’un jogging ample et d’un pull trahissant aux effets du froid l’absence de soutiens-gorge, pieds nus, assez proche de la fenêtre pour pouvoir m’accorder d’assez fréquentes pauses pour palier au manque de cannabis, assez loin pour ne pas grelotter. Me séparer d’un grand nombre d’enchantements apporte cet effet : pour la première fois depuis des années, je ressens le froid, le vrai froid. C’est désagréable. Mais ça me permet de demander à celle que j’aime de me prendre dans ses bras, d’enrouler ses jambes autour des miennes, de recouvrir mon corps de ses bras, alors… Ca vaut le coup de claquer des dents de temps à autres.
Mes orteils remuent, de temps en temps, pour vérifier leur existence, mais aussi pour induire un mouvement musculaire et confirmer ma concentration sur les écrits que j’étudiais. Lieu casanier, peut-être, je m’étais approprié ce pan de la salle commune. Si “Eden Sykes” n’était pas clairement inscrit sur la fauteuil en lequel j’étais installée, le positionnement de la table basse, du fauteuil, permettant un contrôle total de la salle d’un simple coup d’oeil avait laissé comprendre aux étudiants que c’était ma place. Ils le savent. Suffisamment bien pour laisser leurs courriers sur la petite table et qu’elle soit toujours libre à mon arrivée.
Régie par les habitudes. Se réveiller à la même heure, faire du sport à la même heure en suivant le même tracé, prendre ma douche à la même heure, donner mes cours à la même heure, étudier à la même heure. Bien que cette année, la présence du jeune et prometteur Evan, m’assistant en mes cours, m’aide à dégager du temps libre pour mes recherches.
Et les recherches, elles aussi, ont leur lot d’habitudes : étudier, faire une première pause pour aller fumer, reprendre les recherches, faire une seconde pause pour retourner fumer, manger quelque chose, reprendre les recherches, puis faire une première réelle coupure, celle qui nous intéresse : aller se promener.
Rythme précis, guidés par les envies et les besoins de mon esprit; certes forgé par le fer par les services secrets russes, israéliens, américains, chinois et nord-coréens, par l’usage de croiser le glaive avec de dangereux mages noirs, par la rigueur de l’apprentissage de la musique. Je ne démérite pas en ma capacité à me focaliser en nombre de situations, pourtant, j’ai conscience de mes propres limites et un mal fou à les repousser. Alors la régularité m’a toujours bien mieux sied que les pics d’énergie.
Les pages se referment, je regroupe les ouvrages anatomiques me servant de supports pour mes écrits, je basculais en avant pour évoluer d’un pas lent à travers la salle commune, regard plus alerte et tendant à se rapprocher de mon rôle de direction de ladite maison, bien que vestimentairement, nous sommes à des années lumières de ce à quoi devrait ressembler un directeur. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas nouveau que j’ai toujours favorisé le confort pour travailler.
Mes pieds foulent le sol froid et mes pas sont précis. Comment aborder le transhumanisme sans revenir aux fondements de l’humanisme, aux confins même des têtes pensantes de ce monde ? Un brin d’immersion ne fait jamais de mal, en ce qu’il implique en terme de jeu théâtral.
Un signe de tête respectueux, peut-être contrarié, et me voilà aux bouleversements d’une ambiance plus terne, d’une bibliothèque moins moderne, affluant de population mondaine. Pour l’occasion, mes vêtements se sont métamorphosés, coiffure sophistiquée, pommettes recadrées de rouge en accord avec mes lèvres, regard rendu plus perçant encore par les profonds traits à mes yeux. Robe couleur crème, insoutenable corset soutenant maladroitement ma respiration. Fort heureusement, la métamorphomagie est un atout idéal pour raccourcir ma poitrine masquée par le tissu, y offrant toujours l’illusion de la présence.
Il n’y avait qu’un détail. Un seul détail, qui change tout. Un seul aspect de mon apparence que je n’avais pensé à altérer tant il nous semble de nos jours important. La place de la femme à la renaissance. Il suffit d’un coup d’oeil, un regard sur les différents positionnements pour grincer des dents. Si la confiance de temps plus serein bien qu’imparfaits a altéré mon jugement, j’en conçois là un échec. Un échec clair. L’assemblée est étouffante en ses regards, en ses jugements et moi, je ris intérieurement rien qu’à l’idée de refouler ces messieurs par des phrases comme “toutes mes excuses, il y a déjà une femme extraordinaire qui partage mon coeur et ma vie”.
Mais je n’en ferai rien. Je n’ai nulle envie de finir sur un bûcher, illusion ou non, les sens sont bien là.
Temps de réflexion, quelques échanges, je cligne des yeux. Une fois. Deux fois. Et le monde paraît soudainement plus lourd, le sol de plus en plus proche. Pourtant je n’ai pas bu… Le manque de cannabis ? Mon esprit d’analyse se recentre, avant que je ne comprenne qu’il y a un souffle contre ma jambe. Par réflexe, je m’apprête à remonter celle-ci pour enfoncer mes chaussures de cuir en plein dans le visage trop intrusif, mais je m’abstiens.
— What the…
En voilà la raison principale. Expression coupée, trop moderne, voir contemporaine, et je prends conscience immédiatement que je ne suis pas ou plus la seule en visite de ces temps. Je me retourne et prends le temps de détailler le visage inconnu, récipient déposé sans réelle gêne avant de me tendre le bras.
— Here milady, let me help you. Vous n’avez pas mal j’espère ?
Je m’agrippe, poigne ferme, mon pouce venant entourer le sien pour venir contracter son avant-bras en me soulevant de celui-ci d’une certaine aisance trahissant des habitudes sportives. Les coutumes voudraient que les individus s’adresse la parole face à face, mais l’idée de tourner le dos à l’assemblée me pétrifierait presque alors que je basculais sur le côté pour leur faire face, agrippant fermement le bras de l’homme.
« Je vous remercie, vous me sauvez de l’embarras ! »
Ma main glissait le long du sien pour faire bras dessus bras dessous. Voilà mon bouclier. Bon. Paradoxalement il s’avère que c’est aussi lui qui a entraîné ma chute, mais qu’à cela ne tienne, un bouclier ébréché demeure plus fiable qu’une absence totale de protection. Alors je reprenais à voix basse.
« Jouez le jeu, je vous prie. Je suis à deux doigts d’encastrer chaque présence masculine dans un mur, une à une, et leur faire avaler leur fierté, au sens propre, comme figuré. »
Propos cinglants, d’une violence qui m’est bien familière. Mes prunelles, à mes mots, émettaient un instant bref, infime, un maigre faisceau de lumière glacial, trahissant une émotion violente, brusque et pourtant parfaitement prémédité, il ne s’agissait non pas d’une colère pure, mais plutôt d’une haine profonde et d’un besoin de faire violence, de calculer la dite violence.
« Quel bon vent vous amène ? »
Repris-je d’une voix toujours aussi basse alors que mes yeux retournaient à cet habituel gris foncé, teinté de vert et de bleu, ne cessant de contempler, ou plutôt d’analyser l’assemblée.
Assise en tailleur, vêtue d’un jogging ample et d’un pull trahissant aux effets du froid l’absence de soutiens-gorge, pieds nus, assez proche de la fenêtre pour pouvoir m’accorder d’assez fréquentes pauses pour palier au manque de cannabis, assez loin pour ne pas grelotter. Me séparer d’un grand nombre d’enchantements apporte cet effet : pour la première fois depuis des années, je ressens le froid, le vrai froid. C’est désagréable. Mais ça me permet de demander à celle que j’aime de me prendre dans ses bras, d’enrouler ses jambes autour des miennes, de recouvrir mon corps de ses bras, alors… Ca vaut le coup de claquer des dents de temps à autres.
Mes orteils remuent, de temps en temps, pour vérifier leur existence, mais aussi pour induire un mouvement musculaire et confirmer ma concentration sur les écrits que j’étudiais. Lieu casanier, peut-être, je m’étais approprié ce pan de la salle commune. Si “Eden Sykes” n’était pas clairement inscrit sur la fauteuil en lequel j’étais installée, le positionnement de la table basse, du fauteuil, permettant un contrôle total de la salle d’un simple coup d’oeil avait laissé comprendre aux étudiants que c’était ma place. Ils le savent. Suffisamment bien pour laisser leurs courriers sur la petite table et qu’elle soit toujours libre à mon arrivée.
Régie par les habitudes. Se réveiller à la même heure, faire du sport à la même heure en suivant le même tracé, prendre ma douche à la même heure, donner mes cours à la même heure, étudier à la même heure. Bien que cette année, la présence du jeune et prometteur Evan, m’assistant en mes cours, m’aide à dégager du temps libre pour mes recherches.
Et les recherches, elles aussi, ont leur lot d’habitudes : étudier, faire une première pause pour aller fumer, reprendre les recherches, faire une seconde pause pour retourner fumer, manger quelque chose, reprendre les recherches, puis faire une première réelle coupure, celle qui nous intéresse : aller se promener.
Rythme précis, guidés par les envies et les besoins de mon esprit; certes forgé par le fer par les services secrets russes, israéliens, américains, chinois et nord-coréens, par l’usage de croiser le glaive avec de dangereux mages noirs, par la rigueur de l’apprentissage de la musique. Je ne démérite pas en ma capacité à me focaliser en nombre de situations, pourtant, j’ai conscience de mes propres limites et un mal fou à les repousser. Alors la régularité m’a toujours bien mieux sied que les pics d’énergie.
Les pages se referment, je regroupe les ouvrages anatomiques me servant de supports pour mes écrits, je basculais en avant pour évoluer d’un pas lent à travers la salle commune, regard plus alerte et tendant à se rapprocher de mon rôle de direction de ladite maison, bien que vestimentairement, nous sommes à des années lumières de ce à quoi devrait ressembler un directeur. Qu’à cela ne tienne, ce n’est pas nouveau que j’ai toujours favorisé le confort pour travailler.
Mes pieds foulent le sol froid et mes pas sont précis. Comment aborder le transhumanisme sans revenir aux fondements de l’humanisme, aux confins même des têtes pensantes de ce monde ? Un brin d’immersion ne fait jamais de mal, en ce qu’il implique en terme de jeu théâtral.
Un signe de tête respectueux, peut-être contrarié, et me voilà aux bouleversements d’une ambiance plus terne, d’une bibliothèque moins moderne, affluant de population mondaine. Pour l’occasion, mes vêtements se sont métamorphosés, coiffure sophistiquée, pommettes recadrées de rouge en accord avec mes lèvres, regard rendu plus perçant encore par les profonds traits à mes yeux. Robe couleur crème, insoutenable corset soutenant maladroitement ma respiration. Fort heureusement, la métamorphomagie est un atout idéal pour raccourcir ma poitrine masquée par le tissu, y offrant toujours l’illusion de la présence.
Il n’y avait qu’un détail. Un seul détail, qui change tout. Un seul aspect de mon apparence que je n’avais pensé à altérer tant il nous semble de nos jours important. La place de la femme à la renaissance. Il suffit d’un coup d’oeil, un regard sur les différents positionnements pour grincer des dents. Si la confiance de temps plus serein bien qu’imparfaits a altéré mon jugement, j’en conçois là un échec. Un échec clair. L’assemblée est étouffante en ses regards, en ses jugements et moi, je ris intérieurement rien qu’à l’idée de refouler ces messieurs par des phrases comme “toutes mes excuses, il y a déjà une femme extraordinaire qui partage mon coeur et ma vie”.
Mais je n’en ferai rien. Je n’ai nulle envie de finir sur un bûcher, illusion ou non, les sens sont bien là.
Temps de réflexion, quelques échanges, je cligne des yeux. Une fois. Deux fois. Et le monde paraît soudainement plus lourd, le sol de plus en plus proche. Pourtant je n’ai pas bu… Le manque de cannabis ? Mon esprit d’analyse se recentre, avant que je ne comprenne qu’il y a un souffle contre ma jambe. Par réflexe, je m’apprête à remonter celle-ci pour enfoncer mes chaussures de cuir en plein dans le visage trop intrusif, mais je m’abstiens.
— What the…
En voilà la raison principale. Expression coupée, trop moderne, voir contemporaine, et je prends conscience immédiatement que je ne suis pas ou plus la seule en visite de ces temps. Je me retourne et prends le temps de détailler le visage inconnu, récipient déposé sans réelle gêne avant de me tendre le bras.
— Here milady, let me help you. Vous n’avez pas mal j’espère ?
Je m’agrippe, poigne ferme, mon pouce venant entourer le sien pour venir contracter son avant-bras en me soulevant de celui-ci d’une certaine aisance trahissant des habitudes sportives. Les coutumes voudraient que les individus s’adresse la parole face à face, mais l’idée de tourner le dos à l’assemblée me pétrifierait presque alors que je basculais sur le côté pour leur faire face, agrippant fermement le bras de l’homme.
« Je vous remercie, vous me sauvez de l’embarras ! »
Ma main glissait le long du sien pour faire bras dessus bras dessous. Voilà mon bouclier. Bon. Paradoxalement il s’avère que c’est aussi lui qui a entraîné ma chute, mais qu’à cela ne tienne, un bouclier ébréché demeure plus fiable qu’une absence totale de protection. Alors je reprenais à voix basse.
« Jouez le jeu, je vous prie. Je suis à deux doigts d’encastrer chaque présence masculine dans un mur, une à une, et leur faire avaler leur fierté, au sens propre, comme figuré. »
Propos cinglants, d’une violence qui m’est bien familière. Mes prunelles, à mes mots, émettaient un instant bref, infime, un maigre faisceau de lumière glacial, trahissant une émotion violente, brusque et pourtant parfaitement prémédité, il ne s’agissait non pas d’une colère pure, mais plutôt d’une haine profonde et d’un besoin de faire violence, de calculer la dite violence.
« Quel bon vent vous amène ? »
Repris-je d’une voix toujours aussi basse alors que mes yeux retournaient à cet habituel gris foncé, teinté de vert et de bleu, ne cessant de contempler, ou plutôt d’analyser l’assemblée.
- InvitéInvité
Re: [Abandonné] L'illusion d'une Renaissance.
Dim 9 Fév 2020 - 18:55
« Je vous remercie, vous me sauvez de l’embarras ! »
La poigne et la détermination de la demoiselle suffisait à mettre au clair que celle-ci, en dépit de cette chute fâcheuse dont il était à l’origine, n’était absolument pas en détresse. Il était d’ailleurs assez aisé d’imaginer qu’elle avait accepté cette offre d’un bras tendu rien que pour mieux se plier aux usages de cette société d’érudits, bien plus que parce que son corset ne l’empêchait de se mouvoir allègrement. Quand à l’embarras, était-ce parce qu’un de ses jupons fut visible quelques instants, ou bien parce qu’elle n’avait aucune encyclopédie à la main et donc, aucune raison de s’être trouvé là sinon d’y avoir été accompagné?
Mince, en plus d’être parfaitement ignorant des moeurs spécifiques à l’époque dans laquelle il venait d’atterrir — bien malgré lui — il se trouvait que Sebastian était aussi modérément étranger au guide de la bonne conduite des forteresses livresques. Le cuisinier avait toujours préféré emporter avec lui les ouvrages nécessaires à ses révisions, le tout en quête d’un endroit plus ensoleillé ou simplement moins… imperturbable ? Il était de ceux à qui la concentration venait aisément et puisqu’il n’avait aucun mal à faire abstraction des stimulus extérieurs pouvant le détourner de ses objectifs et autres bouquins, il préférait s’y adonner entouré de ses compagnons, devant l’âtre de la salle commune rouge et or ou encore étendu sur les gazons verts d’Hungcalf au printemps. Ici, les âmes allaient plutôt en solitaire, de pupitre en pupitre, quoique chaque paires d’yeux semblaient désormais s’entendre pour converger vers un même point ; ce duo bruyant qu’ils formaient désormais, bras-dessus, bras-dessous. Par politesse et galanterie autant que par désarroi passif, Sebastian n’avait point résisté à cette prise en otage de son avant-bras.
« Jouez le jeu, je vous prie. Je suis à deux doigts d’encastrer chaque présence masculine dans un mur, une à une, et leur faire avaler leur fierté, au sens propre, comme figuré. »
Quand bien même son genre tout entier semblait destiné à en prendre pour son rhume, l’Irlandais se trouvait quasi soulagé de cette allusion à un jeu, presque certain désormais de se trouver en présence d’une compatriote de la modernité. D’ailleurs, ce visage ne lui était-il pas vaguement familier ? Quand bien même cette haute coiffure avait son charme et quand bien même le cou qui la portait ne semblait point s’en trouver affecté, il manquait quelque chose à ce portrait tout en blondeur pour que Baz y accole un nom complet.
— Et bien, heureux de pouvoir vous… être d’usage ? répondit le cuisinier-de-la-plèbe d’un ton que tous pouvait entendre, contrairement à cette mise en garde chuchoté de sa compagne de promenade. Pour ce qui était de sa question bien plus franche et toute légitime, Baz préférait attendre de pouvoir lui en faire une au moins aussi directe, mais sans doute plus complète. Hum, laissez-moi vous raccompagner Milady. dit-il avant de faire quelques pas vers les rayonnages, question de se dérober un peu aux regards lourds des gens de l’assemblé, non sans toutefois y chercher une paire d’yeux bien particulières.
Voyez-vous, quiconque souhaitait prétendre au titre de meilleur ami du Sir Dhan Chaffinch ne pouvait décemment s’éviter de visiter de temps à autre une bibliothèque et en connaissait au minimum les échappatoires faciles. Puisqu’à chacun ses refuges, c’est là que le présent secrétaire de l’Université avait passé le plus clair de son temps ces dernières années et c’est donc entre deux rangées d’étagères que l’Irlandais venait bien souvent l’y trouver pour mieux lui raconter quelques matchs de Quidditch que la condition physique du grand tatoué tenait à l’écart des gradins. Ainsi, Sebastian savait que la quiétude se trouvait quelque part entre les allées et les étagères, là où le/la bibliothécaire responsable ne se déplaçait généralement pas pour venir vous gronder, préférant s’en prendre à ceux qu’il pouvait à la fois voir et entendre. Le trentenaire se stoppa finalement devant une immense fenêtre aux impressionnants vitraux, heureux d’y trouvé cette chaleur récrée pour la cause par les rayons d’un soleil qu’il savait pourtant illusoire.
— À vrai dire, j’étais plutôt là pour discuter avec la gardienne des lieux, peut-être vous aura t-elle accueillie à votre passage ? questionna t-il sans chercher à dissimuler son intérêt et après une oeillade par-dessus son épaule et en direction du mur d’où il semblait être atterri. Est-ce que le caractère imprévisible de son arrivée avait forcé la Donna à se décommander ?
— Je n’avais pas vraiment l’intention de traverser ce portrait, mais le sortilège d’un étudiant en mal de reconnaissance m’y a forcé, d’où l’entrée remarqué à vos dépends. répondit-il finalement pour faire suite à la question initiale. Sorry again about that. dit-il simplement sans se défaire de la prise de la dame, mais en marquant une pause. Je suis Sebastian et je travaille aux cuisines, ce qui explique à la fois ce costume rudimentaire et la rareté de mes errances dans les couloirs, quoiqu’il me semble bien que votre figure me soit familière… Le front traversé d’une ride vaguement scrupuleuse, il observa la tenue de son homologue avant de poursuivre. Et vous ? Il y avait un ouvrage en particulier qui vous manquait ?
- InvitéInvité
Re: [Abandonné] L'illusion d'une Renaissance.
Jeu 7 Mai 2020 - 14:27
— Et bien, heureux de pouvoir vous… être d’usage ?
D’usage… C’avait quelque chose de presque grossier. Excès de tissus, de taffetas et de dentelle en tout genre, les usages d’époque sont d’un inconfort qui engagerait presque la crise de nerf chez moi. De même que les regards, désormais différent alors qu’un homme soutient mon bras. Je ne suis plus une simple proie, mais bien de l’usage désigné du bras auquel je suis agrippé.
Hum, laissez-moi vous raccompagner Milady.
J’acquiesçais sans un mot. A vrai dire, je bouillonnais intérieurement. La grande introvertie en moi n’a jamais su être à l’aise en de telles mondanités, et le rustre aspect de celles-ci ne fait qu’en alimenter la gangrène. Cette époque est bien sombre, en tous les sens du terme. Pour autant, il y a des réponses à certaines questions que je suis susceptible de trouver ici. Des éléments de recherches primordiaux… Des magies désormais contrôlées, cachées, interdites. Des grimoires dont une Auror comme j’ai pu l’être n’aurait pu songer même à l’existence.
« Vous m’en voyez ravie. »
Une teinte d’ironie. Un double sens, saillant. Je suis de celles qui ne sont partis de rien pour devenir quelqu’un. A zéro. Qui ont fait le sacrifice des années sans rechigner. Je n’ai jamais vanté mes actes de bravoures et mon nom s’est fait de mes excès, certes, mais malgré les divers pseudonymes qu’on ait pu m’accorder, « la traqueuse de magie noir », « le cauchemar des mages noir », « L’efficacité au prix de la calamité », pour ne citer que les plus mélioratifs.
— Je n’avais pas vraiment l’intention de traverser ce portrait, mais le sortilège d’un étudiant en mal de reconnaissance m’y a forcé, d’où l’entrée remarqué à vos dépends.
« Un accident donc. Il faut croire que j’ai une bonne étoile au-dessus de la tête aujourd’hui. Ces nigauds au regard faussement prédateurs étaient une véritable plaie, je n’arrivais plus à me concentrer sur quoi que ce soit. »
Sorry again about that.
Je lorgnais un instant sur mon bras autour du sien avant d’hausser lentement les épaules. C’est moi qui l’ai agrippé finalement. Ce n’est qu’un juste équilibre, il m’a bousculé, je m’en sers de bouclier humain anti-viandards avides.
Je suis Sebastian et je travaille aux cuisines, ce qui explique à la fois ce costume rudimentaire et la rareté de mes errances dans les couloirs, quoiqu’il me semble bien que votre figure me soit familière…
« Eden Sykes, enseignante-chercheuse en métamorphose. Votre visage m’évoque effectivement quelque chose, Sebastian. L’ironie du sort veut que j’ai beaucoup de mal à tolérer qu’on fasse les choses à ma place et que je n’ai jamais mis les pieds au réfectoire, que ça soit en tant qu’étudiante ou qu’enseignante ici. Ce n’est pas plus mal, c’est toujours l’occasion d’une rencontre au travers des recherches et… Des… Accidents. »
Un regard mutuel sur nos tenues, ces insupportables souliers tendent à me rendre folle. Les examens des forces spéciales étaient moins désagréables, au moins, porter de lourdes et inconfortables charges avaient un objectif cohérent et on pouvait cogner sur des gens pour se défouler de la rage d’avoir des mouvements restreints.
Et vous ? Il y avait un ouvrage en particulier qui vous manquait ?
Un regard vers l’extérieur, et c’est le manque de nicotine qui commençait à frapper à la porte de ma conscience. Il ne manquait plus que ça…
« Je fais des recherches mêlant le transhumanisme et la magie au travers de la métamorphose. Je cherche des procédés, des biais afin d’obtenir d’une part l’autorisation de faire des recherches sur des magies archaïques interdites en démontrant qu’elles peuvent avoir un impact bénéfique si utilisées en de bonnes conditions et d’autres part à trouver des alternatives à la médecine moldue et magique en terme de transplantation, de gestion des traumatismes et enfin une manière de rallonger la longévité et l’efficience des êtres humains de manière saine et bénéfique en limitant un maximum les séquelles neurologiques. »
Un temps, quelques instants pour reprendre mon souffle, un soupire en me frottant la tête.
« Revenir en un temps ou de nombreuses magies n’étaient pas encore interdites et donc assujetties à des études accessible au publique est l’une des pistes que j’ai envisagé pour avancer sur mes recherches qui sont… Un peu au point mort, je l’avoue. Du coup je cherche toutes sortes de bouquins perdu en notre cosy présent pour accumuler des connaissances, peu importe leur nature. »
D’usage… C’avait quelque chose de presque grossier. Excès de tissus, de taffetas et de dentelle en tout genre, les usages d’époque sont d’un inconfort qui engagerait presque la crise de nerf chez moi. De même que les regards, désormais différent alors qu’un homme soutient mon bras. Je ne suis plus une simple proie, mais bien de l’usage désigné du bras auquel je suis agrippé.
Hum, laissez-moi vous raccompagner Milady.
J’acquiesçais sans un mot. A vrai dire, je bouillonnais intérieurement. La grande introvertie en moi n’a jamais su être à l’aise en de telles mondanités, et le rustre aspect de celles-ci ne fait qu’en alimenter la gangrène. Cette époque est bien sombre, en tous les sens du terme. Pour autant, il y a des réponses à certaines questions que je suis susceptible de trouver ici. Des éléments de recherches primordiaux… Des magies désormais contrôlées, cachées, interdites. Des grimoires dont une Auror comme j’ai pu l’être n’aurait pu songer même à l’existence.
« Vous m’en voyez ravie. »
Une teinte d’ironie. Un double sens, saillant. Je suis de celles qui ne sont partis de rien pour devenir quelqu’un. A zéro. Qui ont fait le sacrifice des années sans rechigner. Je n’ai jamais vanté mes actes de bravoures et mon nom s’est fait de mes excès, certes, mais malgré les divers pseudonymes qu’on ait pu m’accorder, « la traqueuse de magie noir », « le cauchemar des mages noir », « L’efficacité au prix de la calamité », pour ne citer que les plus mélioratifs.
— Je n’avais pas vraiment l’intention de traverser ce portrait, mais le sortilège d’un étudiant en mal de reconnaissance m’y a forcé, d’où l’entrée remarqué à vos dépends.
« Un accident donc. Il faut croire que j’ai une bonne étoile au-dessus de la tête aujourd’hui. Ces nigauds au regard faussement prédateurs étaient une véritable plaie, je n’arrivais plus à me concentrer sur quoi que ce soit. »
Sorry again about that.
Je lorgnais un instant sur mon bras autour du sien avant d’hausser lentement les épaules. C’est moi qui l’ai agrippé finalement. Ce n’est qu’un juste équilibre, il m’a bousculé, je m’en sers de bouclier humain anti-viandards avides.
Je suis Sebastian et je travaille aux cuisines, ce qui explique à la fois ce costume rudimentaire et la rareté de mes errances dans les couloirs, quoiqu’il me semble bien que votre figure me soit familière…
« Eden Sykes, enseignante-chercheuse en métamorphose. Votre visage m’évoque effectivement quelque chose, Sebastian. L’ironie du sort veut que j’ai beaucoup de mal à tolérer qu’on fasse les choses à ma place et que je n’ai jamais mis les pieds au réfectoire, que ça soit en tant qu’étudiante ou qu’enseignante ici. Ce n’est pas plus mal, c’est toujours l’occasion d’une rencontre au travers des recherches et… Des… Accidents. »
Un regard mutuel sur nos tenues, ces insupportables souliers tendent à me rendre folle. Les examens des forces spéciales étaient moins désagréables, au moins, porter de lourdes et inconfortables charges avaient un objectif cohérent et on pouvait cogner sur des gens pour se défouler de la rage d’avoir des mouvements restreints.
Et vous ? Il y avait un ouvrage en particulier qui vous manquait ?
Un regard vers l’extérieur, et c’est le manque de nicotine qui commençait à frapper à la porte de ma conscience. Il ne manquait plus que ça…
« Je fais des recherches mêlant le transhumanisme et la magie au travers de la métamorphose. Je cherche des procédés, des biais afin d’obtenir d’une part l’autorisation de faire des recherches sur des magies archaïques interdites en démontrant qu’elles peuvent avoir un impact bénéfique si utilisées en de bonnes conditions et d’autres part à trouver des alternatives à la médecine moldue et magique en terme de transplantation, de gestion des traumatismes et enfin une manière de rallonger la longévité et l’efficience des êtres humains de manière saine et bénéfique en limitant un maximum les séquelles neurologiques. »
Un temps, quelques instants pour reprendre mon souffle, un soupire en me frottant la tête.
« Revenir en un temps ou de nombreuses magies n’étaient pas encore interdites et donc assujetties à des études accessible au publique est l’une des pistes que j’ai envisagé pour avancer sur mes recherches qui sont… Un peu au point mort, je l’avoue. Du coup je cherche toutes sortes de bouquins perdu en notre cosy présent pour accumuler des connaissances, peu importe leur nature. »
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