- InvitéInvité
Poppy and dandelion
Ven 7 Fév 2020 - 18:10
La vie reprenait peu à peu son cours à la ferme. Suite à l'incendie qui ravagea une partie des cultures et abîma la structure de la serre, il fallu déployer les grands moyens. Pendant près d'un mois, Charlie se plia donc en quatre pour veiller à ce que l'incident ait le moins de répercutions possible sur les affaires (et à fortiori, la réputation de l'entreprise Bird).
Il s'en était plutôt bien tiré de ce côté là, d'ailleurs. Le jeune homme avait requis les services des meilleurs architectes enchantés et des artisans les plus compétents. Naturellement, cela avait un prix, mais il préférait sauver son business que préserver sa trésorerie (quand bien-même cela impliquerait de vendre quelques artefacts précieux ayant appartenu à ses ancêtres).
Si les siens renâclaient à l'idée (par anxiété et tristesse plus qu'avarice), Charlie gardait la tête froide. Il savait mettre ses sentiments de côté lorsque les circonstances l'exigeaient vraiment (et c'est probablement ce qui faisait que, pour une fois, il était le mieux à même de gérer la situation). Le jeune homme aimait sa famille bien plus que toutes ces breloques enchantées dont il ne comprenait rien (si ce n'est qu'elles constituaient leur héritage). S'il fallait vendre tout le patrimoine dormant dans leur coffre à Gringotts pour sauver une entreprise vieille de cent quatre-vingts ans, il le ferait (et même deux fois). La marque Bird était le seul héritage de valeur, pour lui et les siens, en vérité. Charlie en était convaincu et le reste de sa famille le savait : c'était suffisant.
La conduite des travaux se fit donc avec une rigueur et une régularité d'horloge. On évacua les décombres et les plantes abîmées, avant de poser des sortilèges de protection et commencer les réparations à proprement parler. Les choses se firent vite et bien. Peu à peu, le ballet incessant des ouvriers s'apaisa et Charlie put jouer les inspecteurs des travaux finis en compagnie de son frangin et d'un consultant en qui il avait confiance.
En parallèle à cela, il lança la culture des plantes perdues en route, en puisant dans la réserve de graine (on pouvait remercier la présence d'esprit de son ancêtre Denys Bird qui développa cette pratique consistant à figer des graines et des jeunes plants dans le temps en prévision d'éventuels coups durs). Bientôt, Charlie pourrait se passer de ses prestataires extérieurs pour assurer l'approvisionnement des items manquants au catalogue, d'ici à ce que ses propres plantations rattrapent le coche.
Ainsi, Charlie retrouvait ses habitudes, parmi lesquelles la livraison de ses clients à Inverness. Tant qu'il le pouvait, le jeune homme préférait s'en occuper lui-même (plutôt que d'employer un livreur à temps plein), car cela permettait de garder un contact direct avec les acheteurs. Un aspect du commerce qu'il convenait de choyer autant que le service après vente, selon lui. Cela rentrait dans ce que l'on appelait l'image de marque et nécessitait un bon sens du relationnel (mais puisque Charlie avait tout à fait le tempérament pour cela, il ne se privait pas).
Cela faisait des années que l'Emporium achetait les nouveautés des Bird. En effet, si l'enseigne disposait de sa propre serre, le gérant était toujours intéressé d'y ajouter de nouvelles variétés. Plus que de l'ingrédient pour potion, on était sur de la plante d'agrément. Les produits du laboratoire de recherche et développement de la ferme passaient donc régulièrement sous le radar du responsable de la boutique, qui décidait de les ajouter ou non à son propre catalogue.
Ce jour là, Charlie chargea donc sa camionnette avec autant de références classiques que de nouveautés : puisque l'incendie avait ralentis ses affaires, il espérait redynamiser un peu son chiffre pour la fin du trimestre, en donnant l'impression d'une entreprise toujours dans la course. Il y avait donc la cargaison habituelle et quelques plantes uniques.
Le jeune homme conduisit tranquillement jusqu'à Inverness, en prenant bien soin de ne faire aucun écart (les contrôles de police moldus étaient toujours un risque, même si sa camionnette était enchantée pour dissimuler la cargaison). Arrivé sur place, il se gara dans l'espace livraison à l'arrière du magasin et s'en alla chercher le gérant. Seulement, il eut beau faire trois fois le tour du magasin, impossible de le trouver : ce dernier lui avait pourtant assuré qu'il serait là pour aviser la marchandise. Charlie n'avait aucun moyen de le contacter en dehors des hiboux (l'usage du téléphone portable étant encore anecdotique dans la communauté magique) et il devait bien admettre que cela l'ennuyait un peu (car ça prenait du temps).
Cependant, bien loin de se laisser abattre, Charlie décida de se débrouiller autrement. Pour commencer, il allait demander plus d'informations à l'un des employés : peut-être que le gérant avait décidé de sortir seulement pour quelques minutes ? Cela épargnerait un trajet inutile au hibou de la boutique.
Charlie s'en alla donc fureter dans la serre, les yeux guettant le premier uniforme « Emporium » qu'il verrait. A la place, ce fut une chevelure d'un roux flamboyant qui attrapa son regard : Roman. Charlie connaissait vaguement ce jeune homme : il l'aidait souvent avec les livraisons. Ils s'échangeaient quelques mots en toute courtoisie, mais rarement plus.
Cela dit, que ce soit par l'apparence ou le tempérament, Roman ne ressemblait à aucune des connaissances de l'oiseau. Il avait quelque chose de foncièrement atypique et cela avait toujours fasciné Charlie, d'une certaine façon. Un attrait étrange, une chose difficile à décrire. Sa fibre artistique, son intérêt naturel pour les autres et leurs originalités, l'amenait à considérer ce jeune homme comme une sorte d'énigme qu'il s'agirait de percer.
Naturellement, il s'était toujours bien gardé de tout comportement un tant soit peu intrusif, car il avait bien compris avoir affaire à un être farouche (et, bien que sociable, Charlie respectait les limites des gens). A ce titre, il s'agissait d'abord de régler cette histoire de livraison.
« Salut Roman. Dit-il en approchant. Je cherche le patron. Tu ne saurais pas où il est passé, par hasard ? J'ai une livraison qui attend.
Il s'en était plutôt bien tiré de ce côté là, d'ailleurs. Le jeune homme avait requis les services des meilleurs architectes enchantés et des artisans les plus compétents. Naturellement, cela avait un prix, mais il préférait sauver son business que préserver sa trésorerie (quand bien-même cela impliquerait de vendre quelques artefacts précieux ayant appartenu à ses ancêtres).
Si les siens renâclaient à l'idée (par anxiété et tristesse plus qu'avarice), Charlie gardait la tête froide. Il savait mettre ses sentiments de côté lorsque les circonstances l'exigeaient vraiment (et c'est probablement ce qui faisait que, pour une fois, il était le mieux à même de gérer la situation). Le jeune homme aimait sa famille bien plus que toutes ces breloques enchantées dont il ne comprenait rien (si ce n'est qu'elles constituaient leur héritage). S'il fallait vendre tout le patrimoine dormant dans leur coffre à Gringotts pour sauver une entreprise vieille de cent quatre-vingts ans, il le ferait (et même deux fois). La marque Bird était le seul héritage de valeur, pour lui et les siens, en vérité. Charlie en était convaincu et le reste de sa famille le savait : c'était suffisant.
La conduite des travaux se fit donc avec une rigueur et une régularité d'horloge. On évacua les décombres et les plantes abîmées, avant de poser des sortilèges de protection et commencer les réparations à proprement parler. Les choses se firent vite et bien. Peu à peu, le ballet incessant des ouvriers s'apaisa et Charlie put jouer les inspecteurs des travaux finis en compagnie de son frangin et d'un consultant en qui il avait confiance.
En parallèle à cela, il lança la culture des plantes perdues en route, en puisant dans la réserve de graine (on pouvait remercier la présence d'esprit de son ancêtre Denys Bird qui développa cette pratique consistant à figer des graines et des jeunes plants dans le temps en prévision d'éventuels coups durs). Bientôt, Charlie pourrait se passer de ses prestataires extérieurs pour assurer l'approvisionnement des items manquants au catalogue, d'ici à ce que ses propres plantations rattrapent le coche.
Ainsi, Charlie retrouvait ses habitudes, parmi lesquelles la livraison de ses clients à Inverness. Tant qu'il le pouvait, le jeune homme préférait s'en occuper lui-même (plutôt que d'employer un livreur à temps plein), car cela permettait de garder un contact direct avec les acheteurs. Un aspect du commerce qu'il convenait de choyer autant que le service après vente, selon lui. Cela rentrait dans ce que l'on appelait l'image de marque et nécessitait un bon sens du relationnel (mais puisque Charlie avait tout à fait le tempérament pour cela, il ne se privait pas).
Cela faisait des années que l'Emporium achetait les nouveautés des Bird. En effet, si l'enseigne disposait de sa propre serre, le gérant était toujours intéressé d'y ajouter de nouvelles variétés. Plus que de l'ingrédient pour potion, on était sur de la plante d'agrément. Les produits du laboratoire de recherche et développement de la ferme passaient donc régulièrement sous le radar du responsable de la boutique, qui décidait de les ajouter ou non à son propre catalogue.
Ce jour là, Charlie chargea donc sa camionnette avec autant de références classiques que de nouveautés : puisque l'incendie avait ralentis ses affaires, il espérait redynamiser un peu son chiffre pour la fin du trimestre, en donnant l'impression d'une entreprise toujours dans la course. Il y avait donc la cargaison habituelle et quelques plantes uniques.
Le jeune homme conduisit tranquillement jusqu'à Inverness, en prenant bien soin de ne faire aucun écart (les contrôles de police moldus étaient toujours un risque, même si sa camionnette était enchantée pour dissimuler la cargaison). Arrivé sur place, il se gara dans l'espace livraison à l'arrière du magasin et s'en alla chercher le gérant. Seulement, il eut beau faire trois fois le tour du magasin, impossible de le trouver : ce dernier lui avait pourtant assuré qu'il serait là pour aviser la marchandise. Charlie n'avait aucun moyen de le contacter en dehors des hiboux (l'usage du téléphone portable étant encore anecdotique dans la communauté magique) et il devait bien admettre que cela l'ennuyait un peu (car ça prenait du temps).
Cependant, bien loin de se laisser abattre, Charlie décida de se débrouiller autrement. Pour commencer, il allait demander plus d'informations à l'un des employés : peut-être que le gérant avait décidé de sortir seulement pour quelques minutes ? Cela épargnerait un trajet inutile au hibou de la boutique.
Charlie s'en alla donc fureter dans la serre, les yeux guettant le premier uniforme « Emporium » qu'il verrait. A la place, ce fut une chevelure d'un roux flamboyant qui attrapa son regard : Roman. Charlie connaissait vaguement ce jeune homme : il l'aidait souvent avec les livraisons. Ils s'échangeaient quelques mots en toute courtoisie, mais rarement plus.
Cela dit, que ce soit par l'apparence ou le tempérament, Roman ne ressemblait à aucune des connaissances de l'oiseau. Il avait quelque chose de foncièrement atypique et cela avait toujours fasciné Charlie, d'une certaine façon. Un attrait étrange, une chose difficile à décrire. Sa fibre artistique, son intérêt naturel pour les autres et leurs originalités, l'amenait à considérer ce jeune homme comme une sorte d'énigme qu'il s'agirait de percer.
Naturellement, il s'était toujours bien gardé de tout comportement un tant soit peu intrusif, car il avait bien compris avoir affaire à un être farouche (et, bien que sociable, Charlie respectait les limites des gens). A ce titre, il s'agissait d'abord de régler cette histoire de livraison.
« Salut Roman. Dit-il en approchant. Je cherche le patron. Tu ne saurais pas où il est passé, par hasard ? J'ai une livraison qui attend.
- InvitéInvité
Re: Poppy and dandelion
Dim 9 Fév 2020 - 17:33
Arrivé à Inverness depuis quelques temps déjà, Roman avait eu la chance de trouver rapidement un travail en tant que botaniste chez Emporium. Le boss avait fort heureusement décidé de laisser le rouquin gérer les stocks, soigner les plantes, bref tout ce qui pouvait éloigner le jeune homme du contact client. Après tout, il avait fait une formation de botaniste, pas de vendeur ! Aussi, les seules personnes qu'il était amené à croiser étaient ses collègues, plus rarement son patron et encore plus rarement les livreurs. Il n'avait jamais pris la peine de retenir leur nom, encore moins leur prénom. D'ailleurs c'est tout juste s'il prenait la peine de les regarder lorsqu'il devait entrer en contact humain avec eux.
Cette journée était pourrie. Non, plutôt cette semaine était pourrie avait décrété Roman, alors même que la fameuse semaine n'en était qu'à son second jour. La veille, un de ses idiots de collègues avait eut la bonne idée de mettre des buissons ardents dans la même serre que d'autres spécimens. Résultat : Roman était roussi pour de bon après avoir sacrifié ses avants bras pour sauver toutes les plantes. Un baume plus tard et il ne lui resterait bientôt plus aucune trace mais tout de même ! Cet incident avait chamboulé son programme, et il était maintenant coincé avec les plantes survivantes, qui réclamaient des soins urgents sans quoi elles perdraient toutes leurs propriétés. Autant dire que ce n'était pas passionnant et que l'humeur de Roman s'en ressentait, et qu'il peinait à se concentrer sur sa mission. Mais par la barbe de Merlin, que le responsable de la situation ne vienne pas lui parler. Quoique, peut-être que lui hurler dessus soulagerait ses nerfs pour un temps.
En y réfléchissant à deux fois, cela serait la solution idéale. Qui plus est le patron n'était pas présent aujourd'hui, une sombre histoire de famille le maintenait éloigné de son commerce. Aucun témoin ne serait présent pour témoigner contre lui s'il venait à malencontreusement pousser son crétin de collègue dans ces mêmes buissons qui lui valaient son humeur sombre.
Tout en baragouinant des insultes plutôt imagées en polonais, l'homme enduisait soigneusement ses protégées d'un baume qui – il en était certain – devait valoir l'équivalent de son salaire. Il aurait pu se laisser surprendre par le nouvel arrivant dans la serre, mais ce ne fut pas le cas. Il semblait que sa magie – ou ses instincts – le prévienne immédiatement lorsque quelqu'un approchait de sa zone personnelle.
Aussi Roman referma le pot qu'il tenait, ôta ses gants en dévoilant au passage des bandages sur ses avant-bras, et se redressa pour aller – à reculons – à la rencontre de ce type qui n'était pas employé ici puisqu'il ne portait pas l'uniforme réglementaire.
- Hm bonjour. Répondit très sobrement le sorcier en se demandant tout de même pourquoi cet individu connaissait son prénom. Hm, okay peut-être devrait-il faire un effort pour mémoriser les rares visiteurs de ses serres à l'avenir. Quoique en y réfléchissant, il était quasiment certain que cet étranger et lui avaient déjà échangé plus qu'un simple bonjour, et peut-être même que son nom lui reviendrait plus tard. Peu importe.
- Le boss est absent pour raisons personnelles aujourd'hui... Annonça-t-il lentement, en se préparant à l'inévitable proposition qu'il allait devoir faire. Je vais... voir ce que je peux faire pour la livraison. Je vous suis.
Hors de question qu'il ne le tutoie, cela serait autoriser une proximité qu'il ne tolérait pas plus qu'il ne la souhaitait. Et soudain ce fut un flash. L'autre s'appelait Bird. Charlie Bird. A vérifier mais Roman était prêt à parier sa baguette sur ce coup là. Pourquoi diantre avait-il retenu son identité ? Ah oui, il avait déjà fantasmé – dans un moment de délire fort probablement - sur l'idée de connaître ce drôle d'oiseau.
Cette journée était pourrie. Non, plutôt cette semaine était pourrie avait décrété Roman, alors même que la fameuse semaine n'en était qu'à son second jour. La veille, un de ses idiots de collègues avait eut la bonne idée de mettre des buissons ardents dans la même serre que d'autres spécimens. Résultat : Roman était roussi pour de bon après avoir sacrifié ses avants bras pour sauver toutes les plantes. Un baume plus tard et il ne lui resterait bientôt plus aucune trace mais tout de même ! Cet incident avait chamboulé son programme, et il était maintenant coincé avec les plantes survivantes, qui réclamaient des soins urgents sans quoi elles perdraient toutes leurs propriétés. Autant dire que ce n'était pas passionnant et que l'humeur de Roman s'en ressentait, et qu'il peinait à se concentrer sur sa mission. Mais par la barbe de Merlin, que le responsable de la situation ne vienne pas lui parler. Quoique, peut-être que lui hurler dessus soulagerait ses nerfs pour un temps.
En y réfléchissant à deux fois, cela serait la solution idéale. Qui plus est le patron n'était pas présent aujourd'hui, une sombre histoire de famille le maintenait éloigné de son commerce. Aucun témoin ne serait présent pour témoigner contre lui s'il venait à malencontreusement pousser son crétin de collègue dans ces mêmes buissons qui lui valaient son humeur sombre.
Tout en baragouinant des insultes plutôt imagées en polonais, l'homme enduisait soigneusement ses protégées d'un baume qui – il en était certain – devait valoir l'équivalent de son salaire. Il aurait pu se laisser surprendre par le nouvel arrivant dans la serre, mais ce ne fut pas le cas. Il semblait que sa magie – ou ses instincts – le prévienne immédiatement lorsque quelqu'un approchait de sa zone personnelle.
Aussi Roman referma le pot qu'il tenait, ôta ses gants en dévoilant au passage des bandages sur ses avant-bras, et se redressa pour aller – à reculons – à la rencontre de ce type qui n'était pas employé ici puisqu'il ne portait pas l'uniforme réglementaire.
- Hm bonjour. Répondit très sobrement le sorcier en se demandant tout de même pourquoi cet individu connaissait son prénom. Hm, okay peut-être devrait-il faire un effort pour mémoriser les rares visiteurs de ses serres à l'avenir. Quoique en y réfléchissant, il était quasiment certain que cet étranger et lui avaient déjà échangé plus qu'un simple bonjour, et peut-être même que son nom lui reviendrait plus tard. Peu importe.
- Le boss est absent pour raisons personnelles aujourd'hui... Annonça-t-il lentement, en se préparant à l'inévitable proposition qu'il allait devoir faire. Je vais... voir ce que je peux faire pour la livraison. Je vous suis.
Hors de question qu'il ne le tutoie, cela serait autoriser une proximité qu'il ne tolérait pas plus qu'il ne la souhaitait. Et soudain ce fut un flash. L'autre s'appelait Bird. Charlie Bird. A vérifier mais Roman était prêt à parier sa baguette sur ce coup là. Pourquoi diantre avait-il retenu son identité ? Ah oui, il avait déjà fantasmé – dans un moment de délire fort probablement - sur l'idée de connaître ce drôle d'oiseau.
- InvitéInvité
Re: Poppy and dandelion
Lun 24 Fév 2020 - 19:23
Charlie observa Roman interrompre sa tâche en cours (preuve, s'il en faut, qu'il avait remarqué sa présence), mais sans pour autant reporter son attention sur lui. Cette façon d'être caractérisait bien le Polonais, avait remarqué le jeune entrepreneur, mais cela ne le heurtait pas outre mesure. Le monde de la botanique recelait de spécimens étonnants, la matière souffrant d'un certain aspect rébarbatif suffisant à dissuader les élèves les plus populaires de s'y intéresser. Assurément, Charlie avait eu l'occasion de croiser, dans les congrès spécialisés, plus de sorciers socialement inadaptés qu'ailleurs. Pour lui, dont la vocation tournait précisément autour de l'aisance relationnelle et de l'image, c'était une chose fascinante.
L'expression passablement amusée, Charlie laissa donc son regard bleu scruter librement son interlocuteur pendant quelques secondes. Ce dernier semblait avoir eu quelques problèmes avec ses plantes, à en juger par les bandages sur ses avant-bras et l'odeur du soin anti brûlure (que Charlie connaissait bien, maintenant, pour l'avoir abondamment utilisé sur ses propres plantations) couramment utilisé dans le métier qui flottait dans l'air. Ainsi, quand Roman approcha finalement pour le saluer, le petit sourire de Charlie se renforça un peu.
Il y avait fort à parier pour que le Polonais se souvienne moins bien de lui que l'inverse, mais c'était sans importance. L'héritier aimait autant que l'on ne fasse pas grand cas de son identité, car dans le milieu de la botanique, il était fréquent que l'on s'extasie des quatre lettres composant le nom Bird (puisqu'ils étaient une référence en la matière). Charlie se devait alors de donner le change : une responsabilité pas foncièrement gênante, mais au moins inconfortable (puisqu'il était très loin d'égaler le génie de son grand-père). Le jeune homme était à peu près sûr que Roman le vivait comme une nuisance comparable à tous les autres et cette idée ne le dérangeait pas.
« Je vois... Répondit donc Charlie, réagissant à l'absence du patron, d'un ton tranquille. Ce sont les références habituelles. Promis, je ne prendrais pas trop de ton temps.
Fit-il en esquissant un sourire taquin, tandis que ses yeux bleus s'attardaient sur les subtiles marques de contrariété exprimées par son interlocuteur. Charlie guida Roman jusqu'à l'aire de livraison et ouvrit la double porte arrière de sa camionnette. Aussitôt, les plantes dérangées dans leur léthargie se mirent à piailler à force de cris aiguës évoquant des oisillons. Charlie tira deux masques de protection (conçus pour couvrir le nez et la bouche) d'un boîtier qui se trouvait là et en lança un à Roman.
« Pour les nocturnelles... Dit-il. Les spores sont hallucinogènes quand on les expose à la lumière du soleil. Je ne te raconte par le trip que je me suis payé la dernière fois : mon masque était troué.
Il gloussa, tout en tirant les élastiques derrière ses oreilles, et ajusta la position du masque sur son nez. Charlie n'avait aucun problème à faire la conversation tout seul. Même face à des tempéraments réservés ou timides, son comportement restait le même : sociable et sympathique. La plupart du temps, ses interlocuteurs s'ouvraient petit à petit. Confiant (et peut-être un peu ivre de son propre optimisme), le jeune homme partait du principe qu'il en allait de même pour Roman.
« Et toi ? On dirait que vous avez eu des problèmes de... Feu ?
Avec l'incendie récente de sa serre, le jeune homme ne pouvait décemment ignorer la chose : il fallait qu'il éclaircisse la coïncidence. Cependant, Charlie se pencha entre les cagettes pour attraper une liasse de parchemins et l'amener près de son comparse. Il saisit la plume qui y était accrochée et passa le long de toutes les lignes, en murmurant pour lui même le nom des différents items.
« Je ne sais pas si tu as l'habilitation pour me signer le reçu... Au pire le boss me l'enverra par hiboux à son retour. Fit-il. Enfin c'est idiot, j'avais tout un lot de nouvelles créations à lui présenter.
L'expression passablement amusée, Charlie laissa donc son regard bleu scruter librement son interlocuteur pendant quelques secondes. Ce dernier semblait avoir eu quelques problèmes avec ses plantes, à en juger par les bandages sur ses avant-bras et l'odeur du soin anti brûlure (que Charlie connaissait bien, maintenant, pour l'avoir abondamment utilisé sur ses propres plantations) couramment utilisé dans le métier qui flottait dans l'air. Ainsi, quand Roman approcha finalement pour le saluer, le petit sourire de Charlie se renforça un peu.
Il y avait fort à parier pour que le Polonais se souvienne moins bien de lui que l'inverse, mais c'était sans importance. L'héritier aimait autant que l'on ne fasse pas grand cas de son identité, car dans le milieu de la botanique, il était fréquent que l'on s'extasie des quatre lettres composant le nom Bird (puisqu'ils étaient une référence en la matière). Charlie se devait alors de donner le change : une responsabilité pas foncièrement gênante, mais au moins inconfortable (puisqu'il était très loin d'égaler le génie de son grand-père). Le jeune homme était à peu près sûr que Roman le vivait comme une nuisance comparable à tous les autres et cette idée ne le dérangeait pas.
« Je vois... Répondit donc Charlie, réagissant à l'absence du patron, d'un ton tranquille. Ce sont les références habituelles. Promis, je ne prendrais pas trop de ton temps.
Fit-il en esquissant un sourire taquin, tandis que ses yeux bleus s'attardaient sur les subtiles marques de contrariété exprimées par son interlocuteur. Charlie guida Roman jusqu'à l'aire de livraison et ouvrit la double porte arrière de sa camionnette. Aussitôt, les plantes dérangées dans leur léthargie se mirent à piailler à force de cris aiguës évoquant des oisillons. Charlie tira deux masques de protection (conçus pour couvrir le nez et la bouche) d'un boîtier qui se trouvait là et en lança un à Roman.
« Pour les nocturnelles... Dit-il. Les spores sont hallucinogènes quand on les expose à la lumière du soleil. Je ne te raconte par le trip que je me suis payé la dernière fois : mon masque était troué.
Il gloussa, tout en tirant les élastiques derrière ses oreilles, et ajusta la position du masque sur son nez. Charlie n'avait aucun problème à faire la conversation tout seul. Même face à des tempéraments réservés ou timides, son comportement restait le même : sociable et sympathique. La plupart du temps, ses interlocuteurs s'ouvraient petit à petit. Confiant (et peut-être un peu ivre de son propre optimisme), le jeune homme partait du principe qu'il en allait de même pour Roman.
« Et toi ? On dirait que vous avez eu des problèmes de... Feu ?
Avec l'incendie récente de sa serre, le jeune homme ne pouvait décemment ignorer la chose : il fallait qu'il éclaircisse la coïncidence. Cependant, Charlie se pencha entre les cagettes pour attraper une liasse de parchemins et l'amener près de son comparse. Il saisit la plume qui y était accrochée et passa le long de toutes les lignes, en murmurant pour lui même le nom des différents items.
« Je ne sais pas si tu as l'habilitation pour me signer le reçu... Au pire le boss me l'enverra par hiboux à son retour. Fit-il. Enfin c'est idiot, j'avais tout un lot de nouvelles créations à lui présenter.
- InvitéInvité
Re: Poppy and dandelion
Dim 15 Mar 2020 - 15:05
Inconscient des réflexions que pouvait avoir l'intrus, Roman prit tout son temps pour finir sa tâche avant d'enlever ses gants et d'enfin approcher l'individu. Les salutations furent brèves comme le rouquin les aimait, et ils en vinrent rapidement au vif du sujet. Pourquoi perdre leur temps respectif avec des banalités ? Les plantes n'attendaient pas, et c'était bien là un moindre défaut comparé à l'immense qualité qui était que la majorité d'entre elles ne parlaient pas.
Informé des raisons de la présence de Charlie, le botaniste eut toutes les peines du monde à ne pas lever les yeux au ciel pour foudroyer on ne sait quelle divinité du regard. C'était bien sa veine, pourquoi avait-il fallu que le boss soit absent le jour de la livraison ? Oh évidemment Roman aurait pu avoir une pensée charitable pour son patron absent pour des raisons personnelles, mais ce n'était définitivement pas dans son caractère actuel de s'inquiéter pour autrui. Seules les plantes trouvaient grâce à ses yeux, et ce depuis longtemps.
- J'espère que cela sera bref, oui. Souffla-t-il, se plaçant pile sur le rebord qui surplombait le fossé de l'impolitesse.
Parfaitement indifférent à toute marque d'humour ou de taquinerie, Roman suivit le livreur et attrapa au vol le masque qui lui fut lancé. D'un hochement de tête il confirma qu'il savait très bien les effets produits par les fameuses nocturnelles. Par Morgane, c'était son métier de connaître ce genre de choses. Toutefois l'allusion au trip hallucinogène le rendit curieux et tout en commençant à préparer un premier chargement il lança un regard interrogatif à son interlocuteur, ne s'encombrant pas de paroles au milieu de ce brouhaha alors que ses yeux parlaient pour lui.
N'allez pas croire qu'il désirait entendre les détails de la vie sans doute trépidante de Charlie... Il se contentait de lancer le jeune homme sur une conversation dans laquelle il pourrait se contenter de répondre par monosyllabes tout en effectuant son travail. Malheureusement les choses ne tournèrent pas comme il le souhaitait, une fois de plus. Visiblement ses pansements bien visibles avaient attisés une certaine curiosité.
- On peut dire ça oui. Un de mes abrutis de collègues a déplacé les buissons ardents dans la mauvaise serre hier matin. Ce crétin a paniqué, mais on a pu stopper l'incendie avant qu'il se propage. J'attends le retour du patron pour voir l'idiot se faire virer. Fin de l'histoire. Annonça-t-il placidemment, sa voix légèrement assourdie par le masque qu'il avait lui aussi enfilé avec attention.
Charlie n'avait probablement jamais entendu autant de mots d'affilé sortir de sa bouche, mais la tentation de pester contre son futur ex-collègue était trop tentante et il avait évidemment cédé, faible homme qu'il était.
- Je lui ferai savoir que la livraison a été effectuée. Je ne suis pas le patron... Cependant je pense être assez qualifié pour jeter un coup d’œil aux nouveautés, si vous le souhaiter. Cela vous évitera de revenir.
Ne surtout pas montrer qu'il trépignait d'impatience à l'idée de pouvoir découvrir les petites merveilles qui pouvaient se trouver si proches de lui. Le boss ne lui tiendrait probablement pas rigueur de ce petit écart au règlement... Après tout ses diplômes le rendaient compétent pour ce genre de tâches, bien plus que d'être relégué aux soins dans les serres. Pas qu'il se plaigne de son job, cela payait assez pour lui permettre une vie autonome et lui laissait du temps pour mener ses propres recherches à côté.
Informé des raisons de la présence de Charlie, le botaniste eut toutes les peines du monde à ne pas lever les yeux au ciel pour foudroyer on ne sait quelle divinité du regard. C'était bien sa veine, pourquoi avait-il fallu que le boss soit absent le jour de la livraison ? Oh évidemment Roman aurait pu avoir une pensée charitable pour son patron absent pour des raisons personnelles, mais ce n'était définitivement pas dans son caractère actuel de s'inquiéter pour autrui. Seules les plantes trouvaient grâce à ses yeux, et ce depuis longtemps.
- J'espère que cela sera bref, oui. Souffla-t-il, se plaçant pile sur le rebord qui surplombait le fossé de l'impolitesse.
Parfaitement indifférent à toute marque d'humour ou de taquinerie, Roman suivit le livreur et attrapa au vol le masque qui lui fut lancé. D'un hochement de tête il confirma qu'il savait très bien les effets produits par les fameuses nocturnelles. Par Morgane, c'était son métier de connaître ce genre de choses. Toutefois l'allusion au trip hallucinogène le rendit curieux et tout en commençant à préparer un premier chargement il lança un regard interrogatif à son interlocuteur, ne s'encombrant pas de paroles au milieu de ce brouhaha alors que ses yeux parlaient pour lui.
N'allez pas croire qu'il désirait entendre les détails de la vie sans doute trépidante de Charlie... Il se contentait de lancer le jeune homme sur une conversation dans laquelle il pourrait se contenter de répondre par monosyllabes tout en effectuant son travail. Malheureusement les choses ne tournèrent pas comme il le souhaitait, une fois de plus. Visiblement ses pansements bien visibles avaient attisés une certaine curiosité.
- On peut dire ça oui. Un de mes abrutis de collègues a déplacé les buissons ardents dans la mauvaise serre hier matin. Ce crétin a paniqué, mais on a pu stopper l'incendie avant qu'il se propage. J'attends le retour du patron pour voir l'idiot se faire virer. Fin de l'histoire. Annonça-t-il placidemment, sa voix légèrement assourdie par le masque qu'il avait lui aussi enfilé avec attention.
Charlie n'avait probablement jamais entendu autant de mots d'affilé sortir de sa bouche, mais la tentation de pester contre son futur ex-collègue était trop tentante et il avait évidemment cédé, faible homme qu'il était.
- Je lui ferai savoir que la livraison a été effectuée. Je ne suis pas le patron... Cependant je pense être assez qualifié pour jeter un coup d’œil aux nouveautés, si vous le souhaiter. Cela vous évitera de revenir.
Ne surtout pas montrer qu'il trépignait d'impatience à l'idée de pouvoir découvrir les petites merveilles qui pouvaient se trouver si proches de lui. Le boss ne lui tiendrait probablement pas rigueur de ce petit écart au règlement... Après tout ses diplômes le rendaient compétent pour ce genre de tâches, bien plus que d'être relégué aux soins dans les serres. Pas qu'il se plaigne de son job, cela payait assez pour lui permettre une vie autonome et lui laissait du temps pour mener ses propres recherches à côté.
- InvitéInvité
Re: Poppy and dandelion
Sam 18 Avr 2020 - 13:33
Roman et Charlie ne tardèrent pas à se mettre en mouvement. Il y avait en effet de quoi faire et cela impliquait d'être efficace. L'écossais commença donc à dégager les cagettes du dessus et ce fut le début du petit jeu des aller-retours entre la camionnette et la réserve de la boutique. A ce titre, les deux jeunes gens se livraient à un échange d’anecdote d'usage, comme s'il fallait rattraper tout le temps passé entre deux rencontres (le genre de rituel apprécié par Charlie, moins par Roman, comme le suggérait leurs mimiques respectives).
« Aïe. Répondit-il en guise de ponctuation, quand son comparse évoqua sa dernière mésaventure. Heureusement que vous êtes parvenu à contenir l'incendie alors. Les dégâts, sur ce genre d'exploitation, ça chiffre vite...
De cela, il en savait quelque chose en effet. L'entreprise Bird connaissait son pire revers du sort depuis des années. Il était certain que si les dégâts avaient été plus importants, ils ne s'en seraient pas remis (ou très difficilement).
« On a aussi eu un incendie à la serre récemment. Dit-il. Une partie de la structure a été endommagée. Malheureusement, aucun responsable sur lequel passer mes nerfs. Enfin, je dis ça, on n'en connaît toujours pas la cause.
Il haussa les épaules pour insister sur le fait que, parfois, certaines choses nous échappent.
« Toujours est-il que c'est le genre d'incident dont on se passerait bien. Continua-t-il, en déplaçant une caisse d'amanites Groshaton qui se mirent à miauler de mécontentement. Il n'y a rien de plus frustrant que de voir la production d'une année partir en fumée. Sans compter que ça vous aura mis en danger.
A partir d'un certain point, l'on pouvait considérer l'incompétence comme véritablement dangereuse. Charlie l'avait encore compris récemment. A présent, il voyait plus que jamais l'importance d'étudier la matière dont on lui avait confié la charge et, à défaut de capacités suffisantes, s'entourer de spécialistes avisés.
Fort de cette conclusion, le jeune homme extirpa un lot de primevères arc en ciel au milieu desquelles dormait une fée courtement vêtue.
« Ah non, Ouste !
Pesta Charlie en réveillant l'impudente (qui se mit à bourdonner furieusement). Le jeune homme la chassa d'un geste de la main, tandis qu'elle lui tournait autour de la tête en essayant d'arracher son masque.
« Va plutôt faire joli sur le rétroviseur.
Lui dit-il. Et la belle, vaniteuse, obtempéra en s'imaginant qu'on lui faisait là un hommage. Charlie reporta alors son attention sur Roman, auprès duquel il venait d'exprimer sa frustration de devoir repartir sans avoir pu faire affaire.
« Super !
S'exclama-t-il avec entrain, lorsque ce dernier évoqua la possibilité d'aviser les nouveautés à la place du boss. A dire vrai, même si l'écossais savait qu'il ne pourrait signer avec Roman, l'idée de montrer un peu ses dernières créations lui faisait plaisir. Il fut donc bien inutile de lui dire deux fois. Charlie dégaina donc sa valise magique et s'assit sur le bord de la camionnette, un air foncièrement diverti sur le visage.
« Alors, dans le genre ornement on a cette ravissante rose coccinelle.
Dit-il en brandissant un petit rosier aux boutons d'un rouge éclatant et parsemés de gros points noirs bien ronds.
« J'ai des violettes bleues, des bleuets violets...
Continua-t-il en tirant, à chaque fois, un plant de l'espèce concernée de sa mallette sans fond, la liste s'alourdissant de toute une ribambelles de fleurs aux couleurs inhabituelles.
La curiosité piquée, la fée quitta alors sa place sur le rétroviseur, afin de mieux aviser ce qui se passait. Elle tournoyait autour des deux jeunes gens, à la manière d'un gros bourdon, en émettant des petits couinements aiguës à chaque fois qu'une chose lui plaisait.
« Mais pour les vrais passionnés de botanique, j'ai aussi des plantes au niveau "expert", comme cet Aloe Acromantula.
La plante que tenait Charlie était d'une laideur inimaginable. La disposition des feuilles rappelait un authentique Aloe Vera, mais au lieu d'un beau vert tendre et d'une consistance charnue propre aux succulentes, elles étaient brunes, poilues et gigotaient de manière anarchique, à la manière de pattes d'araignées. C'était affreux, proprement repoussant et probablement digne d'un cauchemar horrible.
« Alors il ne faut surtout pas mettre son doigt au milieu... Parce que ces deux feuilles là, ce sont des chélicères venimeuses en fait. Dit Charlie en désignant (de loin) la partie incriminée de la plante, la main bien protégée dans un gant en peau de dragon. Alors, je sais que présenté comme ça, ce n'est pas très glamour, mais (car il y a un mais) elles ont l'avantage de produire un gel qui se rapproche assez du venin d'acromantule pour le remplacer dans la plupart des potions. Pas toutes malheureusement... Mais enfin, à deux cents gallions le litre de venin, tu admettras que c'est intéressant tout de même.
Il eut un petit rire amusé en voyant l'affreuse plante gigoter, tandis que la fée couinait de terreur, réfugiée sur l'épaule de Roman, entre deux mèches de cheveux.
« Aïe. Répondit-il en guise de ponctuation, quand son comparse évoqua sa dernière mésaventure. Heureusement que vous êtes parvenu à contenir l'incendie alors. Les dégâts, sur ce genre d'exploitation, ça chiffre vite...
De cela, il en savait quelque chose en effet. L'entreprise Bird connaissait son pire revers du sort depuis des années. Il était certain que si les dégâts avaient été plus importants, ils ne s'en seraient pas remis (ou très difficilement).
« On a aussi eu un incendie à la serre récemment. Dit-il. Une partie de la structure a été endommagée. Malheureusement, aucun responsable sur lequel passer mes nerfs. Enfin, je dis ça, on n'en connaît toujours pas la cause.
Il haussa les épaules pour insister sur le fait que, parfois, certaines choses nous échappent.
« Toujours est-il que c'est le genre d'incident dont on se passerait bien. Continua-t-il, en déplaçant une caisse d'amanites Groshaton qui se mirent à miauler de mécontentement. Il n'y a rien de plus frustrant que de voir la production d'une année partir en fumée. Sans compter que ça vous aura mis en danger.
A partir d'un certain point, l'on pouvait considérer l'incompétence comme véritablement dangereuse. Charlie l'avait encore compris récemment. A présent, il voyait plus que jamais l'importance d'étudier la matière dont on lui avait confié la charge et, à défaut de capacités suffisantes, s'entourer de spécialistes avisés.
Fort de cette conclusion, le jeune homme extirpa un lot de primevères arc en ciel au milieu desquelles dormait une fée courtement vêtue.
« Ah non, Ouste !
Pesta Charlie en réveillant l'impudente (qui se mit à bourdonner furieusement). Le jeune homme la chassa d'un geste de la main, tandis qu'elle lui tournait autour de la tête en essayant d'arracher son masque.
« Va plutôt faire joli sur le rétroviseur.
Lui dit-il. Et la belle, vaniteuse, obtempéra en s'imaginant qu'on lui faisait là un hommage. Charlie reporta alors son attention sur Roman, auprès duquel il venait d'exprimer sa frustration de devoir repartir sans avoir pu faire affaire.
« Super !
S'exclama-t-il avec entrain, lorsque ce dernier évoqua la possibilité d'aviser les nouveautés à la place du boss. A dire vrai, même si l'écossais savait qu'il ne pourrait signer avec Roman, l'idée de montrer un peu ses dernières créations lui faisait plaisir. Il fut donc bien inutile de lui dire deux fois. Charlie dégaina donc sa valise magique et s'assit sur le bord de la camionnette, un air foncièrement diverti sur le visage.
« Alors, dans le genre ornement on a cette ravissante rose coccinelle.
Dit-il en brandissant un petit rosier aux boutons d'un rouge éclatant et parsemés de gros points noirs bien ronds.
« J'ai des violettes bleues, des bleuets violets...
Continua-t-il en tirant, à chaque fois, un plant de l'espèce concernée de sa mallette sans fond, la liste s'alourdissant de toute une ribambelles de fleurs aux couleurs inhabituelles.
La curiosité piquée, la fée quitta alors sa place sur le rétroviseur, afin de mieux aviser ce qui se passait. Elle tournoyait autour des deux jeunes gens, à la manière d'un gros bourdon, en émettant des petits couinements aiguës à chaque fois qu'une chose lui plaisait.
« Mais pour les vrais passionnés de botanique, j'ai aussi des plantes au niveau "expert", comme cet Aloe Acromantula.
La plante que tenait Charlie était d'une laideur inimaginable. La disposition des feuilles rappelait un authentique Aloe Vera, mais au lieu d'un beau vert tendre et d'une consistance charnue propre aux succulentes, elles étaient brunes, poilues et gigotaient de manière anarchique, à la manière de pattes d'araignées. C'était affreux, proprement repoussant et probablement digne d'un cauchemar horrible.
« Alors il ne faut surtout pas mettre son doigt au milieu... Parce que ces deux feuilles là, ce sont des chélicères venimeuses en fait. Dit Charlie en désignant (de loin) la partie incriminée de la plante, la main bien protégée dans un gant en peau de dragon. Alors, je sais que présenté comme ça, ce n'est pas très glamour, mais (car il y a un mais) elles ont l'avantage de produire un gel qui se rapproche assez du venin d'acromantule pour le remplacer dans la plupart des potions. Pas toutes malheureusement... Mais enfin, à deux cents gallions le litre de venin, tu admettras que c'est intéressant tout de même.
Il eut un petit rire amusé en voyant l'affreuse plante gigoter, tandis que la fée couinait de terreur, réfugiée sur l'épaule de Roman, entre deux mèches de cheveux.
|
|