un autre beau jour de printemps. le ciel doit être heureux depuis quelques jours, car il vous baigne de sa beauté sans effort encore aujourd'hui. ton humeur se réchauffe plus l'énorme astre brûlant se montre, tu vis selon ses états d'âmes et ceux de sa jumelle de l'ombre. fille de la dame nature, bien des années ancrée sur le bitume de la ville, tu ne peux pas échapper à tes racines, là-bas sur ton île, on respecte les caprices et les dons généreux de la belle dame. on ne doit pas se plaindre, on doit la remercier pour ce qu'elle nous donne et en faire quelque chose de nous-même, sans vouloir la changer ni la perturber. la marée de tes pensées est calme, pas de tempête en vue pour l'instant. pas de brouillard, l'eau y est claire et tranquille. un peu comme la rivière qui t'es proche, dont tu entends les clapotis apaisant éclabousser l'arrière-plan de ton ouïe. tu te sens si légère que tu as l'impression que cette brise qui fait virevolter tes longs cheveux de feu, peut t'emmener vers l'étendue bleue là-haut, comme une petite bulle de savon qui s'échappe. tu retrouves laelia, sac à dos sur les épaules, les lèvres tendres en demi-lune. ça te fait du bien de la voir, miel qui fait fondre tes lèvres en un sourire tout aussi sincère. soulagement de voir la voir briller, de ne pas voir les traits esquintés de la morosité, parce que tu sais qu'il y a du avoir des jours difficiles. mais ses bras qui s'enroulent chassent vite ces idées, le soleil caressant ta peau pâle. « hey ! » guidant sa main par ton bras, vous vous mettez en route et découvrez enfin ce que cache cet havre de paix. par-terre aux couleurs sauvages et dépareillées, immensité couleur pommes qui vous entoure, coucous des oiseaux timides qui se font écho, quel délicieux bout du monde pour se perdre. enfin la rive atteinte, vos affaires lévitent doucement pour atterrir sur l'îlot qui vogue au milieu de la rivière. soulevant un peu ta robe, tu suis laelia dans cette traversée fraîche, profitant du bonheur enfantin d'avoir les pieds dans l'eau. une fois sur la terre ferme, une nappe de pique-nique est posée et vous vous installez confortablement. malices à ses lippes alors que vous découvrez enfin vos denrées protégées de l'humidité. « je pense que tu vas avoir de quoi agrémenter ton devoir. » intriguée, l'air à l'amusement, tu réponds d'un même ton espiègle. « oh oui, je pense qu'il y a de quoi faire en effet. » scrutant un instant le décor paisible, en quête d'un début. d'un premier point d'inspiration, de la première idée, celle qui explore toutes les autres, celle qui explosera ton imagination de mille tâches d'encre. mais pour l'instant, elle se fait encore timide, plus pour très longtemps tu le sens. ses doigts qui se perdent dans ta chevelure te sors de tes pensées, et tu découvres une demoiselle marguerite qui a pris racine dans ta flore cuivre. un sourire nostalgique bien que sucrée, cela te rappelle tes temps d'innocence avec ta jumelle, un temps bien oublié, alors que les deux poupées se faisaient reines de fleur avec leurs couronnes romantiques. « montre-moi ce que tu dois faire. » un élan te prends, tu défais donc tes affaires, un carnet que tu ouvres où il y a quelques croquis sur les pages que tu montres. « je n'ai pas encore de croquis précis. mais on nous a demandé de faire une tenue complète et authentique pour la collection de ce printemps et on nous a indiqué, de s'inspirer des paysages de cette période pour choisir les couleurs, les textures et évidemment les pièces en elles-mêmes. je me suis dit qu'une robe était parfaite pour cette saison, et je voulais ajouté une veste type cape, parce que la saison peut être encore un peu fraîche. encore je veux quelque chose de libre et de romantique, quelque chose entre le sauvage et la délicatesse, tu vois ? » tu veux lui partager ce qui te fait vibrer et tu sais qu'elle comprendra. cœur bondissant d'énergie, sourire poudré d'une timidité, la passion fait pétiller tes noisettes. deux cœurs grenadine dans le bleu menthe à l'eau.

soleil qui vous chatouille le nez, comme deux perles perdues milieu de l'eau. les bruits furtifs du lac qui vit tranquillement, seulement pour dire qu'il est bien toujours là. prélassées sur cet îlot, vous êtes comme loin de tout, loin du monde. petite bulle qui vous réconforte autant l'une que l'autre, bouffée pure qui vous requinque enfin. affaires éparpillées partout, le carnet ouvert, l'heure est à la pensée et à la créativité. à l'annonce de la consigne de ton devoir à faire, la belle roule des yeux, cela t'amuse, il est vrai que cela ne t'enchante pas d'être à ce point... enfermée par les désirs de l'autre, parfois tu y perds presque le goût de l'inspiration mais tu arrives à t'y faire finalement. « tu peux d’abord créer une palette de couleurs, pour voir l’harmonie générale. par exemple… » tu l'écoutes minutieusement alors que d'un cliché, elle immortalise le paysage, et de sa baguette y prélève une couleur, créant la première goutte de couleur de la palette. « tu peux répéter ceci pour avoir une large palette et ensuite, tu sélectionnes les harmonies qui te plaisent, qui vont ensemble. » tu hoches la tête, alors que tu t'armes de ta baguette piochant à divers endroit de la photographie, ramenant plusieurs nouvelles gouttes de couleurs sur la feuille blanche. « j'avais pensé à ce jaune claire, ce lilas et ce rose poudré que l'on retrouve dans ces fleurs, sinon ce vert pomme qui est ici est joli aussi. comme je l'ai dit, j'aime beaucoup l'idée de couleurs pastelles, elles sont douces et je trouve qu'elles sont plutôt faciles à harmoniser, je pourrais toujours faire un contraste avec une couleur plus sombre. » alors que tu admires ces bulles multicolores, laelia partage ses idées, complément toujours utile aux tiennes. « je vois bien un foulard en soie comme accessoire, dans les cheveux, ou peut-être en détail, comme ceinture. mais, si tu choisis une cape, veille à ce qu’elle ne soit pas très épaisse, ça risquerait d’alourdir ta robe, de la rendre trop hivernale. » tes noisettes ne lâchent pas le crayon qui danse sur la robe, révélant une silhouette vêtue qui se construit petit à petit, cela est toujours extraordinaire pour toi de voir quelque chose prendre vie. « tu vois ? la robe et la cape sont en harmonie, si les épaisseurs ne sont pas trop différentes. j’aime bien ton idée d’allier les deux. tu pensais à quelle longueur ? » c'est peut-être pour cela, que tes œuvres sont trésors, comme un monde qui naît par pièce de couleurs ou traits confus, et chaque jour il s'élargit un peu plus, tout autour de toi. « oui tout à fait. c'est ce que je me disais aussi, je pensais à une cape plutôt fine plus ou moins de la même épaisseur que la robe. je ne sais pas encore, si la cape sera courte, un peu comme un châle un peu plus léger pour rappeler la saison qui se réchauffe ou plus longue pour la fluidité ou l'osmose avec de la robe, les deux peuvent être très jolies. » son regard se plonge dans le sien, tes étoiles chocolats ont du mal à s'y détacher, sourire tendre alors que tu la surprends bouillonner de plaisir à travers sa passion, tu connais bien cela, et tu te ravis de la voir se retrouver dans un bien-fait si simple. « peut-être que tu pourrais faire un chemisier en dentelle aux manches évasées, voire un costume avec une teinte pastel ? » tes doigts attrapes délicatement, par la danse délicate de tes poignets, des traites fin présentent plusieurs petits croquis sur cette nouvelle page. « je me disais que de cintrer la robe, pour diviser le haut peut-être une couleur un peu plus foncée et une plus claire pour le bas, je pourrais aussi jouer avec les matières. peut-être avec de la soie ou du satin pour rappeler la luminosité et l'élégance pour le buste ou même une belle toile où je pourrais y ajouter de jolies broderies pour habiller et donner l'illusion d'un buste sans bretelles au niveau du torse. ça pourrait donner un beau décor floral. sinon pour le bas quelque chose avec plis ou des drapés mais qui reste assez fluide, pour rappeler les traits des ailes des oiseaux ou ceux de la tige d'une fleur. pardon je m'enflamme un peu. tu peux me dire si tu te perds avec toutes mes métaphores. » un rire qui s'échappe, qui resplendit d'enthousiasme et un brin d'humilité, tu refais surface auprès de ton amie, après t'être noyée dans tes nombreux bouquets de projets. corps qui s'échoue doucement sur le sol, ta chevelure le colore d'une multitude de vagues orangées, les mirettes qui se perdent dans le haut bleu, puis qui descendent sur le visage halé de la belle. « et sinon comment tu vas toi ? » un sourire qui marque une pause, calme moment loin des devoirs et des maux de la vie, instant où l'on a moins peur, plus facile de laisser échapper des sentiments simples. grenadine qui s'infuse dans les plaies grises délaissées.