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Is that interview really gluten free ? [Sebastian]
Mar 14 Avr 2020 - 2:21
Treize ans et six mois plus tard, le campus d'Hungcalf lui fit exactement le même effet : elle était à nouveau un petit pois perdu avec un petit plan froissé dans le poing devant l'immensité grandiose du terrain.
N'ayant jamais eu que l'occasion de s'y rendre de façon ponctuelle, il lui était presque inconnu, si bien qu'elle n'avait pu se mithridatiser à la beauté de l'endroit comme elle l'avait fait au cours de ses années à Poudlard.
Elle regretta de n'avoir pris qu'un quart d'heure d'avance sur son rendez-vous du jour. Même si elle avait un brin l'impression d'avoir une étiquette intruse sur le front, elle aurait apprécié pouvoir flâner dans les bâtiments ou épier un entraînement de Quidditch universitaire. Peut-être aurait-elle pu y voir Finnick Fraser ? C'était quand même dommage d'avoir un si bon attrapeur au Sans Souci, et de ne l'avoir jamais vu voler que sur les photos animées de journaux ! Ah, si près et pourtant si loin ! Songa-t-elle, dépitée, en consultant son plan sommaire. Il lui fallait se rendre tout d'abord à la conciergerie. En toute logique, elle aurait pu d'instinct se diriger vers le plus grand bâtiment et fouiner le hall, mais on n'était jamais à l'abri d'une contradiction organisationnelle ou l'autre.
L'entrevue avec le concierge fut de courte durée. Il la prit tout d'abord pour une étudiante ce qui, le temps d'éclaircir la confusion, lui fit perdre de précieuses minutes qu'elle dût rattraper en trottinant le plus dignement possible pour rejoindre les cuisines à l'heure. Si elle commençait son entretien en étant en retard, elle était fichue ! Oh bien sûr, elle ne plaçait pas trop d'espoir dans cette potentialité d'emploi. Si ça marchait, tant mieux, elle aurait un travail stable au sein d'un très bel établissement, ce qui était assez tentant. Et puis si cela tombait à l'eau à la fin de l'entretien, elle ne perdait rien, et aurait quand même eu la chance de voir à quoi pouvait ressembler les coulisses de l'université : que du bonus. Et de toute façon, il était de mauvais ton d'avoir de grands espoirs pour les petites gens.
Elle frappa à la porte en prenant une grande inspiration, avant de frotter ses paumes moites sur un pan de son chemisier à tournesols : son niveau de stress était peut-être plus haut qu'elle ne voulait bien se l'avouer. Quatorze heures pile aux cuisines. Elle espérait que le service de midi était terminé, et qu'elle n'arriverait pas comme, hé bien, un cheveu sur la soupe.
Elle salua le petit être qui vint lui ouvrir, s'excusant de peut-être arriver à un moment inopportun, mais il l'invita à entrer.
Le lieu grouillait autant d'odeurs appétissantes que de vie, et elle ne put que se sentir rassérénée par la présence de tous ces elfes de maison comme -partout autour d'elle- autant de visages familiers lui rappelant le Sans Souci. Le côté syndicaliste de ceux de l'auberge en moins, évidemment. Elle était fin prête à dégainer son plus grand sourire pour le chef coq de l'établissement, et dégoter cet emploi.
« Oh bonjour, je suis Maddie Keegan ! » claironna-t-elle en voyant le seul individu de plus d'un mètre trente.
Ah, la douce adrénaline des commencements.
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Re: Is that interview really gluten free ? [Sebastian]
Dim 26 Avr 2020 - 0:11
— Maître Donovan ?
Les deux mains occupées à pétrir une considérable masse de pâte, le chef n’avait pas relevé la tête, tout habitué qu’il était des interruptions fortuites — gracieuseté d’une dévotion inébranlable — de la part de sa brigade. Il n’avait soufflé qu’un court « J’écoute. » en continuant à replier, dans un geste rotatif et expert, cette fougasse aux olives en devenir.
— La demoiselle aux yeux verts a demandé à Tobsy de vous remettre ce sac. Elle a dit qu’il fallait que le chef Donovan l’inspecte et aussi que c’était un cadeau, que si le maître n’était pas satisfait de la qualité, alors Tobsy devait tout jeter, qu’elle ne pouvait pas le reprendre.
D’un trait sec, l’Irlandais avait interrompu son geste et laissé son regard sombre s’accrocher à la poche de toile que l’elfe lui tendait à bout de bras. Il s’empressa d’essuyer ses paumes enfarinées sur le linge sec le plus près et délesta le serviteur aux grandes oreilles de son bagage — où l’on observait désormais l’estampillage d’une cabosse jaunâtre — pour pouvoir mieux en dénouer les cordons et ainsi découvrir qu’il gardait plusieurs poignées de précieuses fèves de cacao séchées. Il y plongea une main et d’instinct, fit tourné un des fruits oblong entre ses doigts, comme hypnotisé par ses teintes caramels, mais la vérité était plutôt que le trouble sur le visage du cuisinier s’associait à la demoiselle qu’il devinait sans misère être à la source d’une telle offrande ; Alice.
Sebastian avait rapidement lâché le petit joyau en attente de torréfaction et dans un profond soupir, déposé le ballot entier au coin de sa table de travail. Il s’agissait là d’une tentative maladroite d’éloigner ce sentiment de honte qui le gagnait discrètement, le ramenant invariablement à une sorte de défaut dans l’application de son altruisme, une valeur pourtant chère à son coeur et qu’il s’était bien gardé d’offrir à l’Américaine, elle qui savait si brillamment attiser les braises de cette affection résiduelle qui perdurait à son égard. Avait-elle seulement attendue de voir si son ancien amant aurait, le premier, une pensée pour elle ce jour-là ? Et si oui, cela pouvait-il signifier que…
— Maître Donovan ? proclama Polby, qui venait tout juste de se matérialiser aux côtés du grand responsable des cuisines.
— Yes, what is it ? proclama donc le chef d’un ton un peu plus dur qu’il ne l’aurait souhaité, les mauvais reliquats de son plus récent fil de pensée teintant hélas de façon négative son émotivité.
Contrairement à la première intervention de son collègue court sur patte, le petit sous-chef se contenta cette fois de livrer son message de façon non-verbale, tirant proprement sur l’un des coins inférieurs du tablier rouge de Sebastian, attirant au mieux son attention sur un index qu’il gardait pointé en direction de l’entrée des cuisines et surtout, sur la présence d’une jeune étudiante aux bouclettes bien proéminentes et au teint plus basané encore que celui de son maître.
« Oh bonjour, je suis Maddie Keegan ! »
Le nom raisonna un instant auprès du chef qui baissa diligemment les yeux sur sa montre toute moldue ; celle-ci lui rappelant aussitôt que l’heure de son rendez-vous avec la co-gérante du Sans Souci avait sonné. Après un court grognement distrait, Baz frotta prestement une moitié de son visage, comme pour en chasser une expression inappropriée, puis il fit signe à la demoiselle de s’approcher en l’invitant d’un grand geste de la main.
— Oui, venez je vous prie Miss Keegan !
Utilisant le linge humide à son épaule, l’Irlandais balaya les quelques traces de farine qui restaient encore sur le plan de travail où il envisageait s’installer pour procéder à l’entrevue grossièrement planifiée — en compagnie de Dhan bien sûr — puis il tira finalement sa baguette de sa manche pour faire léviter un tabouret supplémentaire jusqu’au comptoir de marbre où il opérait.
— J’espère que vous n’avez pas trop eu de mal à vous rendre dans les sous-sols ? demanda t-il sans trop pouvoir offrir sa pleine attention à son homologue, occupé déjà à quérir un bol pour couvrir ses produits de boulangerie avant que l’air ambiant n’affecte l’efficacité de leur levures. Can I offer you something to drink ? Tea, Coffee, even biscuits perhaps ? offrit-il d’un ton déjà bien plus avenant, accueillant finalement de bon coeur cette distraction à son horaire.
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Re: Is that interview really gluten free ? [Sebastian]
Mar 5 Mai 2020 - 1:50
Cela devait sans doute faire partie de ce qu'on leur demandait lors de leur formation culinaire : il fallait pouvoir cuisiner correctement en supportant la pression de nourrir un grand nombre de bouches en même temps, ne pas fondre sous la chaleur qui émanait des plaques de cuisson, diriger d'une main de maître une brigade d'elfes de maison et avoir des réponses simples, rapides et compréhensibles : des grognements.
Elle qui n'était déjà pas vraiment sûre d'elle pour l'occasion avala sa salive en se retenant de faire un pas en arrière. Elle ne savait pas si ce qui ressemblait à une pointe de mécontentement était relatif à la journée de l'homme en général, ou à elle. Elle n'avait pourtant fait que répondre à son courrier, en faisant attention à piocher une heure qu'il lui avait proposée ; lui n'avait rien objecté. Elle en était déjà à sauter de spéculation en spéculation sur les pires scénarios de leur entrevue qu'il effaça d'un geste le semblant du signe de contrariété qu'elle avait cru voir et qui lui avait tendu l'échine en un dixième de seconde.
Elle le rejoignit en quelques enjambées plus calmes qu'elle-même ne l'était, se frottant le bras à défaut de savoir quoi faire de ses mains. « Je ne vous dérange pas ? Je peux faire les petites mains pour quelque chose, s'il faut, je sais que le temps est précieux en cuisine » lui glissa-t-elle en s'excusant presque de l'intrusion sur ses terres. Elle n'aurait peut-être pas dû faire preuve de timidité à cet instant ; les entretiens se prêtaient mieux aux caractères confiants et extravertis, mais l'expérience était trop inédite pour elle pour qu'elle puisse sortir tout de suite de sa coquille.
Il était vrai que ce n'était pas totalement la première fois qu'elle passait des interviews, mais elles n'avaient jamais été formelles comme celle-là. Elle discutait bien avec les Bird avant d'entamer une saison avec eux, mais leurs familles se connaissaient trop bien que pour mettre Maddie sous pression, et l'expérience aurait été étrange pour tout le monde. Les autres contrats qu'elle avait signés au fil du temps étaient similaires à ceux qu'elle avait eus avec la ferme : les commerçants de Myrddin Wyllt district se connaissant tous, elle n'avait jamais eu à se présenter ou répondre à de vraies questions. Quant aux autres petits travaux qu'elle prenait en noir, l'idée de devoir passer par un entretien pour repriser des pantalons était cocasse.
Elle s'installa sur le tabouret qu'il lui avait proposé en le remerciant rapidement, léger sourire aux lèvres, notant le choix du marbre dans une cuisine. Hungcalf ne se moquait visiblement pas du matériel pour le personnel, songea-t-elle, car il fallait déjà avoir un bon budget et pouvoir le placer dans un plan de travail. Ceux du Sans Souci auraient sans doute été charmants avec pareil matériau, quoiqu'elle aurait sans doute préféré un béton poli. « Sans problème. J'ai un sens de l'orientation digne d'un niffleur » dit-elle sans prendre ombrage de l'attention peu optimale du chef. « Et puis j'ai demandé au concierge. Le plus dur a été de vaincre les vagues d'étudiants à contre-courant» ajouta-t-elle par honnêteté, regard glissant sur des elfes qui s'affairaient ça et là. Prise d'un doute, elle tenta rapidement de les dénombrer avant de fixer Sebastian, sourcils levés par la surprise : « Excusez ma curiosité, mais vous avez combien d'elfes de maison, ici ? » Elle n'y avait jamais totalement réfléchi, mais ils devaient être une armée pour nourrir toute l'université ! Elle se rendit compte que ceux employés à l'auberge avaient peut-être des amis dans ces cuisines, vu la concentration de petits êtres réunis là, mais elle y pensait pour la première fois. Elle allait avoir droit à un cours sur l'inattention maladive des sorciers sur les autres races quand elle rentrerait au Sans Souci.
« Un thé serait parfait, merci » lui répondit-elle quand il proposa de quoi remplir son estomac. La boisson chaude était une bonne idée -cela faisait toujours plus chaleureux- mais elle n'était pas convaincue par les biscuits, gorge toujours trop nouée que pour laisser passer du solide.
Elle joignit les mains sur ses genoux, regard posé sur ses ongles courts avant de le relever vers son interlocuteur en souriant, mettant les pieds dans le plat plus efficacement que jamais : « Je dois vous avouer que votre courrier était intéressant mais plein de mystères. Je devrais sans doute commencer par me vendre, mais quel est donc ce travail pour lequel vous avez besoin d'une paire de mains supplémentaires ? » lâcha-t-elle d'un souffle, yeux glissant rapidement sur le nombre déjà très nombreux de mains présentes dans la pièce.
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Re: Is that interview really gluten free ? [Sebastian]
Jeu 11 Juin 2020 - 7:11
«Je ne vous dérange pas ? Je peux faire les petites mains pour quelque chose, s'il faut, je sais que le temps est précieux en cuisine.»
La culpabilité de Sebastian — en regard à ce bref débordement de contrariété — fut rapidement décuplé sous le coup du premier commentaire de Madeline. Quand bien même il tenait en ce cas-ci le rôle du potentiel employeur, la perspective d’être passé complètement à côté d'une première impression positive ne le réjouissait pas, peu enclin qu’il était à servir de silencieux reproches aux nombreuses âmes effectuant quelques transits par les cuisines. Qui plus est, cette petite gêne presque serviable dans l’offre de la jeune femme se méritait sans doute bien plus d’égards que ceux du simple respect de la plage horaire promise, puis qu’il avait bien faillit omettre, devancé seulement par quelques tours de la plus longue aiguille sur sa montre-bracelet à l’affichage tout analogique.
Espérant être en mesure de rattraper le coup — dans les meilleurs délais et sitôt sa surface de travail dégagée — il avait laissé l’adjointe du Sans Souci s’installer tranquillement en l’écoutant lui faire le récit de son arrivée aux cuisines, rigolant presque de cette observation sur les aléas de la navigation estudantine à l’heure des cours. En un sens, le trentenaire songea que cette légèreté dans les communications jouait bien en faveur du recrutement improvisé de la Miss Keegan, lui qui avait plus ou moins omis de préciser que pour jouer les aide de camps en cuisine, il ne fallait pas trop craindre d’user de ses cordes vocales.
«Excusez ma curiosité, mais vous avez combien d'elfes de maison, ici ?»
Prêt à offrir sa pleine attention à son invitée, Baz s’interrompit en reculant d’un pas puis en croisant ses deux bras presque nu sur sa poitrine, laissant encore un peu de farine cascader tout au long du tissu rêche de son tablier. Comme pris d’un doute, il leva un peu le menton en balayant du regard tout l’espace qui s’ouvrait derrière — et aussi devant — eux, claquant de la langue avant d’en revenir à la dénommée Maddie.
— See this is why I need help, I’m afraid I’ve lost count. souffla t-il d’un ton qui trahissait un trait d’humour, de quoi faire la démonstration d’une meilleure nature que celle anticipé ? Oh and Po’ ? ajouta t-il en apostrophant son sous-chef de la première heure, celui-ci ayant déjà empilé trois bols sur ses petits bras, prêt à disparaître derrière la porte de l’un ou l’autre des garde-mangers de l’établissement. Tu veux bien nous rapporter la bouilloire d'étain qui chauffe sur l’âtre et puis aussi le coffret à thé que Priya a laissé à mon bureau ? And also bring back another high stool, thanks buddy.
Le temps que l’elfe s’exécute, l’aîné Donovan rassembla l’équivalent d’un petit sucrier, d’une tasse de porcelaine bleu — à l’anse un peu courte — et finalement, d’un pot de crème légère gardé par un sortilège réfrigérant. Une fois que le tout fut déposé sous le nez de la candidate à l’évaluation, le cuistot acheva de lui faire réponse sur un ton un peu plus formel.
— À quelques paires d’oreilles près et suivant les saisons, ce sera plus ou moins une centaine. En prenant appui de ses deux paumes entières contre le rebord froid du comptoir, le chef accueilli ensuite la nouvelle question de Madeline avec une expression d’imputabilité vaguement pondérée. Well, c’est à dire que c’est plutôt d’un esprit allumé et d’une paire d’yeux supplémentaires dont j’ai véritablement besoin...
Dans une série de claquements sonore bien caractéristiques — mais qui avait de quoi surprendre lorsque l’on ne côtoyait point d’elfes au quotidien — Polby eut besoin de quelques séquences de dématérialisation supplémentaires pour enfin rapporter l’ensemble du matériel qu'on l’avait envoyé quérir, en terminant par le tabouret, sur lequel il fut aussitôt invité à se hisser. Presque victime d’une sincérité qu’il ne parviendrait sans doute jamais à déguiser, Sebastian s’efforça ensuite d’habiller son ton d’une pointe d’autorité, question de ne pas laisser son sourire naturellement chaleureux gâcher le travail de préparation de Dhan.
— Essentially, it will be more about supervising part of the brigade, as in, the part that drag its ears on the ground instead of using them to actually listen... dit-il en roulant un peu des yeux à l’intention de son fidèle bras-droit, dont la tête dépassait tout juste de la surface marbré où ils étaient tous attablés. Êtes-vous d’ordinaire plutôt libre le dimanche Miss Keegan? questionna t-il avant d’ouvrir devant l’invitée un coffret qui contenait une bonne vingtaine de variétés de thé, toutes présentées sous forme de sachet.