Ennuyeuse. Voilà le mot qui était le mieux choisi pour décrire sa journée. Monotone, soporifique, assomante, insipide, fade et tous les synonymes qui pourraient lui passer par la tête.
Les examens de fin d'année arrivaient et les élèves avaient perdu toute curiosité, tout envie de sortir des chemins balisés, de creuser un sujet plus épineux, trop occupés à se gaver des phrases et de leur exacte tournure pour être sûr d'être en mesure de les recracher une fois devant leurs copies. Il avait donc passé la journée à parler à des automates sans cervelle et avait dû prendre son air le plus effrayant et son regard le plus froid pour qu'ils arrêtent de l'interrompre pour lui parler des modalités de l'examen. Pas exactement la stimulation intellectuelle qui l'avait attiré dans le métier. En cette fin de journée le sorcier oscillait donc entre ennui et exaspération et c'était d'un pas las qu'il se rendait dans la salle des professeurs.
Il ne la fréquentait pas vraiment cette salle, trop concentré sur des occupations plus intéressantes qu'une conversation banale autour d'un café. Enfin, aux grands mots, les grands remèdes, et visiblement Sayanel avait besoin d'une tasse ou deux de la fameuse boisson énergisante. Et puis, il croiserait peut-être la route de quelqu'un qui le sortirait de la monotonie de sa journée. Il va s'en dire que lorsqu'il poussa l'épaisse porte en bois, il ne fut pas déçu.
Saouli. La professeur de vol qui lui vouait une haine non dissimulée. Le grand brun, lui, appréciait la jeune femme, son ton mordant et ses traits d'esprit, et il alimentait son animosité envers lui par pur plaisir.
Du temps de leurs études à Hungcalf, leurs joutes verbales étaient aussi connues qu'elles étaient fréquentes et s'ils ne s'étaient pas revus pendant presque 10 ans, c'était avec un naturel déconcertant qu'elles avaient repris lorsqu'ils s'étaient retrouvés entre les rangs des professeurs de l'université qui avait abrité leur rencontre.
Le hasard avait bien fait, la jolie sorcière serait idéale pour apporter un peu de piquant à sa journée, il en sortirait peut-être même assez tendu pour être diverti.
« Fra Daggry. Quel plaisir de te croiser. »
C'était elle qui avait initié la conversation, de ces quelques mots teintés de l'ironie caractéristique qui embourbait chacun de leurs échanges. A cette habituelle ironie s'était ajoutée une tension visible, qui s'était instaurée après que les choses aient dérapées, quelques semaines plus tôt et qui semblaient encore plus importante aujourd'hui. Il soutint son regard inquisiteur alors qu'il passait une main machinale entre ses longues boucles brunes qu'il attacha rapidement en un chignon bas.
« Saouli. Mauvaise journée ? Tu as l'air tendu. »
Le sorcier s'était exprimé de sa voix grave au fort accent irlandais, arborant un léger sourire en coin que l'on aurait pu qualifier de malicieux s'il n'était pas étalé avec une suffisance apparente. Tout en répondant il s'était approché, atteint son niveau, la dépassant de sa haute stature et récupéré une tasse posée sur le meuble contre lequel l'enseignante était accoudée, passant son bras au-dessus de son épaule, envahissant consciemment son espace personnel.
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illusion de colère, ou d'affection (sayanel)
Illusion de colère, ou d'affection
@Sayanel Fra Daggry & Zahia Saouli, mai 2020
L'air était de plus en plus chaud dans les couloirs de l'université, le vent du mois de mai emplissant l'espace d'une nouvelle douceur, pourtant excitation générale à l'approche des examens de fin d'années. Elèves comme professeurs avaient beaucoup à faire, aussi Zahia n'avait pas pris le temps de se détendre depuis longtemps. Ses épaules étaient tendues, et la réunion qu'elle venait de quitter pour mettre en place le barème des examens de vol l'avait vidé de son énergie. Elle s'était dirigée vers la salle des professeurs qu'elle fréquentait peu, bien plus heureuse dans le club-house ou dans son bureau, loin du brouhaha ambiant du château. Posant ses affaires sur une des tables, elle se dirigea vers une des machine à café, la mettant en marche pour se servir une grande tasse de l'or noir qu'elle appréciait tant. La journée était encore longue, mais elle avait un trou d'une demi-heure pour se détendre un peu. L'algérienne passa ses doigts sur ses yeux, comme pour se faire un micro-massage, alors qu'elle était droite comme un i, devant la machine. Un soupire passa ses lèvres alors qu'elle s’efforça de bouger un peu son cou pour essayer de démêler les muscles de son dos.
La porte claqua derrière elle, la tendant à nouveau, n'ayant aucune envie de communiquer avec un de ses collègues pour le moment. Elle, tout ce qu'elle voulait, c'était passer sa pause avec une bonne tasse de café à regarder par les grandes fenêtres. Elle tourna néanmoins la tête à demi, curieuse de voir qui venait d'entrer. Et en reconnaissant la chevelure du professeur de littérature magique, un soupire sonore s'échappa de ses lèvres. « Fra Daggry. Quel plaisir de te croiser. » Dit-elle avec une dose d'ironie légèrement trop élevée. Portant sa tasse à ses lèvres, Zahia ferma les yeux quelques secondes pour mieux apprécier le goût, avant de se tourner vers Sayanel, s'adossant au meuble derrière elle, laissant son regard flotter sur le visage du garçon.
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Le regard sombre de la sorcière détailla silencieusement les traits de l'homme qui se rapprochait d'elle, mélangée entre une irritation physique à sa vue et une tension sensuelle qu'elle détestait avouer. La barbe de trois jours mettait délicieusement en valeur la ligne de sa mâchoire, et elle savait ses boucles brunes douces sous ses doigts. Ses yeux accrochèrent sur du garçon et la tension fut toute autre alors qu'elle l'observait faire, soutenant son air hautain. « Saouli. Mauvaise journée ? Tu as l'air tendue. » Zahia regardait à présent droit devant elle, buvant une gorgée de café, sentant tout son corps se tendre au fur et à mesure que Sayanel approchait en sa direction. Elle serra la mâchoire quand il passa son bras au-dessus d'elle comme si elle n'existait pas. « Ta présente m'irrite, ça suffit à me faire passer une mauvaise journée. »
Refusant toute fois de se pousser d'un seul centimètre, elle leva le nez pour pouvoir le tuer du regard, lui intimant silencieusement de reculer, sans succès. S'il y avait une personne sur terre qui n'avait jamais été intimidé par Zahia, c'était bien Sayanel. Son air suffisant la mettait instantanément en rogne, aussi lui offrit elle un sourire des plus faux. « Serait-ce trop demander que tu n’empiètes pas mon espace vital ? » La sorcière leva une main qu'elle posa d'abord délicatement sur le torse du professeur, regardant d'abord sa main avant de relever les yeux vers lui, et de pousser ainsi son torse pour l'obliger à reculer d'un pas.
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« Ta présente m'irrite, ça suffit à me faire passer une mauvaise journée. »
Le ton de la jeune femme était glacial, parfait. La suite de la conversation s'annonçait fascinante. Alors qu'il récupèrait une tasse, il sentit un regard noir tenter de capter le sien. Il posa ses yeux clair dans ceux, sombres qui tentaient de le faire reculer et leur fit un clin d'oeil amusé alors qu'il appuyait nonchalement sur le bouton de la machine à café. Amusé et nonchalant, oui, voilà ce qu'il était, parce que contrairement à sa collègue, il appréciait ces disputes qui le divertissaient au lieu de le tendre. Il savourait l'agacement et la gêne qu'il lui procurait, se délectait de la manière dont elle tentait de garder son calme et sa contenance, dégustait son effrontrie et sa répartie.
« Tu n'imagines pas comme savoir l'influence que j'ai sur ta journée me flatte, c'est un honneur. » Répondit-il doucement, avec ce même ton sarcastique qu'il utilisait toujours dans leur échanges.
Voyant que sa première tentative avait échoué, la sorcière s'y prit autrement pour le grand bonheur de Sayanel qui ne dissimula pas un sourire en coin amusé.
« Serait-ce trop demander que tu n’empiètes pas mon espace vital ? »
En prononçant ces mots d'une voix trop suave pour ne pas être ironique, l'enseignante posa sa main sur le torse du brun et le poussa, du bout des doigts, sans le lâcher des yeux.
Il ne bougea pas. Il faut dire qu'il était grand, Sayanel, presque 2 mètres, et que Zahia, elle ne l'était pas, et que bien que musclée par l'exercice, elle n'arriverait pas à le faire bouger avec si peu d'efforts. Son sourire ne fit que s'agrandir devant son audace et il la détailla quelques secondes de son regard polaire. C'est qu'elle était belle la sorcière, avec son air farouche, sa peau de cuivre et ses traits ciselé. Il n'arrivait pas à savoir s'il trouvait ça dommage qu'elle semble dégoutée par ce qui s'était passé entre eux, après tout il aurait bien bien caresser son corps, là, maintenant, mais d'un autre côté, il aimait le fait qu'elle se fasse si inatteignable et qu'il ne l'ai eu contre lui parce qu'il avait mis feu aux barrières qui la protégeait.
Après quelques secondes figées dans le temps, passées à la déshabiller du regard, il attrapa la main de la jeune femme et l'entoura de la sienne, si grande en comparaison, et la poussa doucement avant de s'approcher encore plus et de venir poser ses lèvres presque contre son oreille.
« Serait-ce trop demander que tu ne bloques pas le seul accès à la seule chose qui donne de l'attrait à cette endroit ; la machine à café ? »
Sa voix avait été à peine un souffle alors qu'il susurrait ces mots, les quelques mèches s'échappant de son chignon effleurant le coup de la professeure. Dans un même mouvement il récupéra son café qui avait fini de couler, derrière elle et relâcha sa main.
« Mais puisque c'est si gentiment demandé. » Ajouta-t-il sur les même ton hypocrite qu'elle avait eu plus tôt, et s'éloignant, il s'asseya dans un vieux fauteuil.
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« Tu n’imagines pas comme savoir l'influence que j'ai sur ta journée me flatte, c'est un honneur. » La mâchoire de l'algérienne se crispait douloureusement alors qu'elle essayait de garder son calme. Quitter la pièce aurait été plus facile et moins énervant, mais l'orgueil et l'égo de la sorcière la plantait là, incapable de bouger d'un demi-centimètre. Les flammes dansaient dans ses yeux alors qu'elle posait ses doigts sur son torse pour exercer une faible force contre son habit, sa voix glaciale résonnant dans la pièce. « Serait-ce trop demander que tu n'empiètes pas mon espace vital ? » Entre haine et fascination dérangeante, Zahia se maudit pour laisser son corps réagir à sa voix, le toucher de son corps la surplombant d'une bonne vingtaine de centimètres, forçant la sorcière à réellement lever la tête pour soutenir son regard. Les flash de leurs corps nus lui dévoraient le crâne alors qu'elle les repoussait avec un dégoût assez prononcé pour le sorcier face à elle. Quel gâchis, un pareil homme avec cette cervelle.
Elle ne détacha pas ses yeux du visage de Sayanel alors qu'il la regardait de haut en bas, ajoutant de l'huile sur le feu de la colère bouillonnant en elle. Ses doigts blanchissaient sur la tasse dans sa main droite alors que les doigts du sorcier tenaient en étage la deuxième. Crispée de se contact, l'ombre voilà ses yeux lors qu'elle l'écoutait parler, détestant le frisson l'emplissant alors qu'il chuchotait à son oreille. « Serait-ce trop demander que tu ne bloques pas le seul accès à la seule chose qui donne de l'attrait à cet endroit : la machine à café ? » L'envie de lever son genoux à bonne hauteur pour lui infliger une vive douleur lui traversa l'esprit, laissant un fin sourire carnassier sur son visage fermé. « Mais puisque c'est si gentiment demandé. »
Quand enfin il se détacha d'elle, Zahia respira plus normalement, essayant de décrisper son corps sous la tension, emprise restante de l'esprit du sorcier. Gardant une apparente stabilité, Zahia porta la tasse à ses lèvres pour tenter d'avaler sa colère au travers de l'or noir. Un léger soupire s'échappa de ses lèvres alors qu'elle ne pouvait s'empêcher de l'observer faire son cirque à quelques pas d'elle. « Tu es insupportable. »
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Re: illusion de colère, ou d'affection (sayanel)
Sayanel savourait la colère qu'il voyait envahir les traits de l'algérienne. Le visage et les mains crispées, les sourcils si froncés qu'ils auraient pu se toucher, les flammes dans ce regard sombre, ces pupilles, qui se dilataient légèrement, cette respiration qui se faisait irrégulière et puis ce pouls qui battait trop fort contre sa main pour que cela soit naturel. Il se délectait de son trouble encore plus que de son agacement, et visiblement, l'un alimentait l'autre.
Il s'écarta quelque instants plus tard, ménageant son effet, et alors qu'il s'asseyait avec son éternel flegme, il observait du coin de l'oeil la jeune femme essayer de reprendre contenance. Oh, c'était discret, bien caché sous une couche épaisse de suffisance, mais Sayanel n'avait pas été langue de plomb pour rien, et il était habitué à détecter la moindre expression sur un visage. Cette constation ne fit qu'agrandir son sourire en coin et il continua de la fixer, analysant le moindre des mouvements de corps sculpté et de son joli minois.
Après quelques secondes de silence, la sorcière laissa échapper un soupire et quelques mots, comme si l'absence de leur cris ne faisait que laisser trop de place à son imagination.
« Tu es insupportable. »
Un rire franc éclata cette fois entre les lèvres fines du grand brun qui leva son regard polaire vers la sorcière, ne cherchant pas à dissimumer son amusement, un sourcil levé et l'oeil taquin.
« Ta répartie m'impressionnera toujours ! Vraiment surprenante... Et tellement recherchée, autant sur le lexique que le contenu... Puis ajouta en posant une main sur le coeur, prenant un air excessivement blessé, Insupportable, tu as frappé fort... »
On ne distinguait plus aucune rancoeur fabriquée dans le discours du sorcier, qui agissait sans calculer ses actions, ce qui n'arrivait pour ainsi dire jamais en public. Il ne se cachait pas, mais revêtait par dessus ce qu'il était un voile de sarcasme et de froideur qui avait fini par se coudre à son costume d'homme en société. Mais là, il s'amusait, et ne jouait plus. L'illusion de colère s'effritait peu à peu, et lui, pourtant observateur ne s'en était même pas aperçu.