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[TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Mar 1 Sep 2020 - 6:45
Part I. 6h52 AM. Sebastian avait littéralement avalé la distance de plusieurs volées de marches jusqu’à parvenir au rez-de-chaussée, tout juste au pied du bureau qu’occupait son meilleur ami, là où quelques percées lumineuses éclairaient enfin l’horizon de cette matinée naissante. De façon prévisible, l’indo-britannique n’avait pas encore fait le voyage depuis Myrddin Wyllt, sa porte close n’offrant à la vue des passants qu’une jolie plaque dorée où figurait patronyme et intitulé de fonction ; Harshvardhan Chaffinch, Secrétaire.
Interrompant sa course un instant, le trentenaire se surprit à songer que là aussi, un manquement à l’entretien d’une communication plus soutenue — et sans doute plus transparente — justifiait à présent l'apparition de zones d’ombres sur la relation ; d’abord au sujet de cette récente proximité du cuistot à sa cadette Priya, puis encore à propos des difficultés qui restaient à résoudre au sujet du mariage obligé de la Nightingal. Gageons que le calendrier lui offrirait certainement une chance de se reprendre — de s’absoudre ? — auprès de l’érudit taciturne, qui même en de meilleures circonstances, n’aurait possiblement pas informé le chef de cuisine de la retraite prématurée ou du congé longue durée d’un(e) collègue. Or would he ?
{ I wish you knew that i'll never forget you… }
Dehors, la moiteur d’août ne suffisait pas à empêcher les pas de l’Irlandais de claquer de façon cadencé contre les dalles et pavés conduisant au hangar réaménagé, cette annexe particulière du stade de Quidditch qui servait à la fois de vestiaires, de club-house, d’entrepôt, de bureaux et finalement, d'appartement de fonction pour la professeure titulaire de vol.
Avant de franchir la grande baie vitrée gardant l’entrée du bâtiment, le marmiton avait laissé son regard s’élever temporairement vers l’éther, vérifiant en un court balayage qu’aucune silhouette — connue — ne gambadait en deçà des nuages bleutés, mais aucun mouvement ne semblait pouvoir troubler l’azur endormi des Highlands.
{ ... as long as I live. }
À l’intérieur, le décor paraissait inchangé, comme dépossédé de ses usagers réguliers en raison du long congé scolaire. Chaque coussin, chaque balais et chaque trophée étaient demeurés exactement à l’emplacement où le souvenir de sa dernière visite les avait positionné, à la différence notable qu’il se présentait cette fois les mains vides ; la saveur des tourments et des remords ne se mariant guère au goût des pancakes.
Sans accorder davantage d’attention à cette toile de fond qui ne présentait pas grand intérêt dans les circonstances, l’aîné Donovan s’engagea dans l’escalier métallique conduisant à l’étage, jusqu’à tomber nez à nez avec une lourde porte — bien évidemment — tenue fermée, contre laquelle il tambourina avec aplomb à trois reprises.
— Zahia ?
L’appel avait été soufflé bien plus doucement que n’avait été annoncé sa présence, le cuisinier négligeant d'accorder un repos aux jointures de sa main dominante, la détermination et l'angoisse achevant de les décolorer tranquillement.
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Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Jeu 3 Sep 2020 - 23:29
Ses pas l'avaient conduit dans un tourment assourdissant, ses doigts resserrés sur le balai qu'elle enfourcha à peine la grande porte passée. Elle avait disparu dans les airs, dans le noir rassurant de la nuit pour son âme en peine, incapable de pleinement comprendre ce qui plombait à ce point son corps. Si la gravité se jouait d'elle, elle frôlait pourtant le sol, prête à tomber. Elle avait erré dehors jusqu'à ce que la moiteur du mois d'août ne s'eclipse en la froideur de la nuit noire, le loch rafraîchissant l'air alors qu'elle s'était arrêtée au beau milieu du rien, yeux dans le néant noir des abysses, vaguelettes sur la surface cachant aisément les tourments, les tsunamis s'écrasant au fond de l'eau, sur les roches de son cœur.
Et si elle avait fini par rentrer, c'est en compagnie d'un verre de whisky qu'elle avait regardé le soleil s'étirer. Le silence ambiant était aussi plombant qu'apaisant, laissant tout loisir à son âme torturée de s'épandre en de sentiments, nouveaux, qu'elle ne pouvait comprendre.
De ce qu'on lui avait raconté,
jamais l'amour n'aurait dû autant se tromper,
la déstabiliser, la déchirer.
La pie s'était perdue dans ses pensées, phalanges rougies par les excès de sentiments percutés contre les parois carrelées de la douche, l'eau chassant quelques pointes de ses épaules avant de l'envelopper de la torpeur nécessaire à ce qu'elle ferme enfin les yeux.
Il ne s'était passé qu'un instant.
Un instant avant le sursaut, avant les tambours,
avant la peur d'une mauvaise nouvelle, une inès en sang,
un mauvais pressentiment.
Ses cheveux tombaient encore, humide, autour de son visage fatigué alors qu'elle flottait dans un t-shirt trop grand, écaillé, étiré, cachant à peine ses cuisses dénudées. Et si le parfum de son propriétaire avait depuis longtemps disparu, les coutures soufflaient encore à Zahia d'anciens ébats, d'anciennes histoires, qu'elle aurait voulu oublier. (because forgetting things is easier than live with them) Son cœur battait la chamade alors que la lourde porte s'ouvrait. Et s'il n'était pas la première personne qu'elle pensait trouver, elle n'en était pourtant pas étonnée. Un œil expert parcouru rapidement l'entièreté de son corps à la recherche d'un signe de douleur, mais seuls ses yeux sombres percutèrent son cœur de plein fouet. « What are you doing here ? » Souffla t-elle, se redressant pour essayer de se cacher. (hiding the feelings, the pain, the frightening side of her, the one she doesn't know)
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Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Ven 4 Sep 2020 - 22:47
La grande porte de l’entrée — entièrement taillée dans un acier à la robustesse évidente — ne laissait rien deviner de l’agitation qui pouvait régner en ce nid haut perché et si Sebastian demeurait étranger aux mouvements et à l’ambiance de l’alcôve, son esprit ne pouvait s’empêcher d’y voir un lien étroit aux airs que son occupante renvoyaient sans doute à plusieurs ; ceux d’une forteresse. Combative, digne toujours, dure à ses heures, symbole d’un certain pouvoir et inspirant aisément l’admiration, il fallait avoir connu l’envers du décor (la vulnérabilité émouvante, l'attachement turbulent, la tendresse appliquée) pour comprendre l’angoisse qui creusait les entrailles du chef, dans l’attente que s’abaisse le pont-levis, s’il était encore possible que ce soit le cas ? Un lourd grincement métallique lui offrirait bientôt la confirmation attendue.
Par réflexe, le cuistot avait accusé une marche de recul, laissant les courbes d’une Saouli détrempée percer depuis l’interstice nouvellement constitué, tout pareillement surpris — sans l’être — de la trouver là où il l’avait espéré. Ils partagèrent un silence justifié et scrutateur que la pie rompit la première, fidèle à cet équilibre aux commandes de leur relation ; elle décidait de le retrouver lui, ou bien de l’appeler à elle, mais rarement l’aîné Donovan avait-il osé braver véritablement ce qu’il interprétait — peut-être à tort — comme les volontés muettes de la dame.
« What are you doing here ? »
La question avait été formulé dans un souffle contenu, sans animosité, mais sans véritable chaleur, si bien que ce n’était pas ce qui avait retenu l’attention du trentenaire, encore accroché aux détails de ce vieux tee-shirt bicolore datant de son adolescence. Les courtes manches désormais grisonnantes — bien que noires à l’origine — pouvaient se satisfaire de leur état en comparaison au logo défraîchi de la plus célèbre brasserie d’Irlande, dont la harpe caractéristique était si effacée que le coton juste en-dessous révélait sans mystère le tracé des sous-vêtements qu’il habillait. Pouvait-il seulement s'agir d'un choix de garde-robe hasardeux pour la pie ? Le cuisinier déglutit avant de baisser les yeux, quoique ce fut pour mieux les plonger aussitôt dans ceux de Zahia.
— Well, I got your note.
Ce qui n’était pas exactement une réponse à la raison immédiate de sa présence, mais qui s’avérait sans doute digne des incertitudes dans lesquelles ils baignaient tous les deux. Résistant à l’envie d’agripper ce billet préalablement enfoui dans la poche de son jeans, le regard du marmiton coula un moment vers les ombres qui s'étiraient au pied de la professeure, vers ce logement qu’il n’avait plus visité depuis des semaines et dont il troublait peut-être une quiétude obligé ?
— Is this a bad moment ? questionna t-il d'abord, un sourcil surélevé en rapport à son jumeau.
Aux vues des absences de plus en plus nombreuses entre eux, gageons qu’aucune réponse ne pouvaient être à la satisfaction de l’ancien sous-chef du domaine Saouli, aussi jugea t-il bon de communiquer rapidement à l’ex-capitaine une volonté un peu plus sérieuse de mettre un terme aux esquives des derniers mois, de la dernière année toute entière.
— Can we talk ?
Peut-être était-ce davantage une supplique qu'une requête, puis qu'aucun timbre de voix ne pouvait véritablement masquer ce genre d'intentions.
( Will you stay ? )
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Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Ven 4 Sep 2020 - 23:53
Ses doigts s'étaient enroulés autour de la poignée et n'avaient pas donné l'occasion à l'intrus de pénétrer sans sa demeure. Zahia s'était redressée, et si ses paroles auraient pu se perdre sous un tantinet de bruit, son corps lui, refusait toute négociation. « What are you doing here ? » Et ses prunelles cherchaient contact, se sentant être observée. Elle aurait voulu se perdre dans les coutures du t-shirt, chassant le rose de ses joues en se concentrant sur les drôles de sentiments qu'ils ressentaient.
Il y avait comme l'urgence, les berçant dans un nuage dérangeant. « Well, I got your note. » Silencieuse, la pie observa son ancien amant, très peu satisfaite de la réponse. « Is this a bad moment ? »
Oh she could throw knifes in her words,
pushing him back, once again,
and hide behind her fences.
Mais les mots soigneusement écrits sur ce bout de papier n'étaient-ils pas le début de la fin ? Ou du moins, d'un nouveau lendemain ? Elle s'était éloignée, effacée, juste assez pour ne pas déranger. « Can we talk ? » Sa voix encore rauque du matin chamboulait tous les plans de la Saouli. Ses épaules s'affaissèrent légèrement alors que la première barrière tombait, alors qu'elle abandonnait la porte pour tourner le dos à son interlocuteur, se dirigeant vers la cuisine. Ses deux paumes vinrent un instant s'écraser sur ses orbes fatigués, avant de s'étirer en un geste d'abandon, finissant leur course près des cuisses dénudées. « Is it time for a coffee or a whisky ? I'm a bit confused, at this time. »
Refusant de relever les yeux, Zahia laissa ses doigts glisser sur le plan de travail, s'y appuyant en ravalant un soupire, ses yeux un instant cherchant les rayures sur la pierre qu'aurait pu faire la colère des couteaux. En contournant le plan de travail, elle instaurait inconsciemment la distance qu'elle avait besoin de mettre entre lui et son cœur, lui et sa tête, lui et, peut-être, l'instant d'après : eux. « Seriously, Donovan. Why are you here ? I'm sure someone is waiting for you somewhere. »
Les mots s'étaient échappés de ses lèvres,
trop vite
incapable de les retenir.
And his name, as a boundary, as she could push him away. Ses lèvres se pincèrent l'une sur l'autre alors qu'elle regrettait déjà ses mots, yeux sombres vrillés sur le plan de travail, voûtée. But pride is here to protect her, making sure nobody, even him, could hear what her heart was about to say.
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Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Dim 6 Sep 2020 - 6:00
{ She’s a queen
that grew in storms }
Tout comme sa mâchoire, les poings du cuistot s’étaient temporairement resserrés, n’autorisant plus qu’à ses prunelles la liberté d’un mouvement, guettant au mieux le fin déplacement de cet orage ankylosé dont les contours lui étaient connus par coeur. Sans attendre d’invitation supplémentaire — devinant aux teintes rosés sur les joues de la belle que cette arrivée inopinée le privait par défaut de cet égard — Sebastian avait laissé une bonne minute et quelques mètres le séparer de la propriétaire des lieux.
« Is it time for a coffee or a whisky ? I'm a bit confused, at this time. »
Un soupir appuyé fut soufflé avant que le trentenaire ne scelle lui-même l'accès au logement, évitant bien volontairement de faire réponse à l’écho presque lointain d’un choix de breuvage.
{ Her heart may be
drenched in rain }
Il savait tout de même qu’il n'existait aucun rempart pour ce genre de tempête, celle drapé d’un souvenir qui avait été le sien avant d’être le leur, celle dont le murmure des pas rivalisait désormais au mugissement des bourrasques écossaises. Le chef s’était néanmoins engagé dans son sillon, l’avait retrouvé appuyé de part et d’autre à ce plan de travail qui s'érigeait entre eux comme un mur, bouclier et obstacle tout à la fois.
« Seriously, Donovan. Why are you here ? I'm sure someone is waiting for you somewhere. »
En d'autres circonstances, cette vision lui aurait certainement arraché un sourire nostalgique, rappelant à sa mémoire les images d'une Zahia adolescente, d’une capitaine tempétueuse, usant du même patronyme pour faire critique à son manque de réactivité épisodique, à cette absence d’agressivité qui coûtait à l’équipe des lions, cette bande de novices indisciplinés qu’elle était contrainte de mener depuis le sol en raison d'une grossesse avancée. Her true warmth was only ever transmitted through legitimate expectations and so twenty years prior, he already knew better than to take offense.
— I thought you might be that person at present.
{ But her soul holds the power
of thunder }
Sans laisser à l'Algérienne l'occasion de l'éconduire, le marmiton avait finalement réduit leur écart par la mesure de quelques foulées, exhibant bientôt — et bien mieux — cette note que la pie lui avait abandonné la veille aux cuisines.
— This reads more like condolences than birthday wishes. La voix de l’Irlandais ne portait aucune trace d’ombres, l'affirmation relevant bien de la constatation et non pas du reproche. D’un geste lent, il avait repoussé le parchemin — maintenu replié — vers le centre du grand comptoir, tapotant l’écrit du bout des doigts avant de l’abandonner à mi-chemin entre eux. I should know, I've had my fair share of those. compléta t-il toutefois dans une lassitude non-feinte.
{ And so
you better pray }
Sans aller jusqu'à tourner le dos à l'enseignante, l'aîné Donovan dut néanmoins s’en détourner, fuyant momentanément cette atmosphère chargé afin d’aller récupérer deux tasses tout en haut d’une armoire, en prévision de revenir les déposer aux côtés du mémo responsable de sa présence. Le duo de récipients vides s’étaient initialement heurtés mollement à quelques encavures dans la surface de l'îlot, mais le chef n’en avait rien relevé, trop occupé déjà à rétablir le contact aux iris de la Saouli, doutant que même son ton le plus bienveillant suffise à atténuer la teneur combative de la suite.
— Enough not to be content being turned into a memory myself.
Not by her. Dans l'attente qu'elle procède donc à un choix — de compagnie ou de boissons — le cuistot gardait un avant-bras dénudé résolument appuyé au rebord du grand meuble.
{ You never see
her lightning. }
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Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Dim 20 Sep 2020 - 17:01
« I thought you might be that person at present. »
Could I be that person everyday ? Could I be the one,
in your heart, in your arms, in your life.
Could it be easy, for once ?
Zahia chassait ses réflexions d'un clignement intense des yeux, pupilles décrochées de celles du sorcier, alors qu'elle observait les rayures dans le plan de travail, phalanges serrées contre celui-ci. La colère grondait en elle assez fortement pour éloigner la peine, refusant d'être à nouveau sujette à une douleur du cœur ; Celle qui plie en deux, celle qui brûle, celle qui aurait pu la tuer, une fois déjà. C'est bien pour ça, non ? Qu'elle ne s'autorisait plus à aimer ? « This reads more like condolences than birthday wishes. » This is exactly what it is, voulu t-elle répondre. S'affranchir d'une conversation douloureuse, oublier qu'elle le voyait s'éloigner et égoïstement, ne jamais vouloir vivre ce qu'elle lui avait fait subir pendant de nombreuses années. Le voir s'évaporer, s'épancher ailleurs, sans elle. « I should know, I've had my fair share of those. »
Touchée, ses prunelles foudroyaient le regard peu impressionné du Donovan avant qu'il ne se libère de cette colère, tournant le buste pour s'éloigner. Implicitement, elle esquissa un geste, tendant les doigts vers lui, le retenir, refuser de le laisser partir. Mais sa main avait à peine bougé, se rendant compte qu'il ne cherchait que les tasses qui pourraient étancher les colères et les troubles. « Enough not to be content being turned into a memory myself. »
Zahia couldn't talk,
her eyes running on his skin, watching his fingers approaching again,
the paper floating on the table like a bad memory. She red it again, remembering the pain of the heartbreak she felt, she's feeling, as the night couldn't ease the pain away.
« I had too much whiskey last night. » Lâcha t-elle d'une voix glaciale, quittant finalement son appui pour tendre l'aile jusqu'à un placard en hauteur, sortant une bouteille de l'alcool ambrée pour la poser à côté de la machine à café. Elle refusait de parler, refusait de choisir, refusait d'analyser. Aussi se retourna t-elle seulement pour attraper une tasse, y faisant couler un café bien noir, mélangeant méticuleusement les deux liquides avant d'ajouter un sucre à la préparation, plongeant négligemment une cuillère pour le touiller. Ça n'avait rien d'un Irish coffee en bonne et due forme, mais il reflétait ce qu'elle était. Brute, éparpillée, incapable de choisir une direction.
Mais finalement, les mots coulent
« I'm not going anywhere, Zeb. You are. »
Elle resta résolumment tournée, refusant d'offrir à sa vue ses yeux humides, ses phalanges douloureusement serrées sur son mug. Avait-elle seulement le droit d'être tant en colère ?
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Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Lun 12 Oct 2020 - 19:24
(Play ►)
« I had too much whiskey last night. »
Dans le regard de l’enseignante dansait encore les reflets ambrés d’une ébriété à peine délayée, si bien qu’il devenait difficile d’y lire où s’achevait l’ivresse et où débutait le courroux. Celui-ci était-il le résultat d’une attente déçue la veille ? Avait-elle espéré le retrouver comme cela avait été possible autrefois, à l’époque où la liberté du chef ne tenait qu’à la poigne de Dounia et à un horaire sur lequel la capitaine avait une emprise plus négociable ?
Tout comme il s’apprêtait à réviser mentalement l’état des armoires les mieux gardées de son bureau — celles abritant quelques bouteilles susceptibles d’avoir aggravé le chagrin d’une expectative trompé — l’attention du cuistot se reporta sur ce nouvel élan de l'Algérienne en direction de la machine à café, une tasse de porcelaine déjà bien calé au creux de sa paume. As always, she moves towards what she wants and this time, he wasn't part of it.
La pensée n’avait pas empêché Sebastian de renoncer graduellement à son appui jusqu’à se tenir bien droit, à un souffle près d’un geste interdit par les circonstances ; une étreinte qui puisse étouffer cet ouragan dont le périmètre grondant s’imposait en avertissement soupesé. And for what ? Les iris sombres de l’aîné Donovan avaient suivi — sans jugements — les mouvements de la bouteille de whiskey autant que ceux du percolateur, certain qu’il ne lui revenait pas de briser ce silence qu’une petite cuillère malmenait en s’agitant contre les parois de céramique de sa prison caféiné.
« I'm not going anywhere, Zeb. You are. »
Des mots bien plus foudroyants que ne l’était le ton, forçant chez Baz une exhalaison trop profonde pour être ignoré par son hôte. Il y avait longtemps que l’Irlandais n’avait plus expérimenté de tempête Saoulienne sous cette forme, en étant la cible de ses éclairs plutôt que le paratonnerre de foudres destinées à autrui. L’accusation l’avait donc réduit au mutisme, reconduisant d'abord à son esprit des souvenirs vieux de deux décennies, lorsque l'adolescent qu'il était avait dû apprendre à répondre à des espérances rarement verbalisées dans la douceur, puis surtout, à raccorder critique et imputabilité ; la confiance de Zahia n’avait d’égal que ses attentes. Sometimes you can't see that all you need is one thing ; quelques mots légers à l’affection, mais lourd à l’abandon.
— You’re right.
L’aveu avait été offert à la dérobée alors que le cuisinier s'emparait de cette seconde tasse laissé orpheline par sa semblable, conscient de sa part de responsabilité dans un éloignement qui n’avait pourtant rien de programmé ou punitif. Et pourtant, le fait qu’elle ne lui offre rien de plus que la vue d’une nuque — dont les tensions cascadaient certainement jusqu’au creux des omoplates — ne pouvait suffir à le décourager d’obtenir une nouvelle absolution pour les faiblesses de son égo blessé un an plus tôt.
Le Donovan avait donc rejoint la pie en se positionnant à ses côtés, puis il avait simplement étendu un bras pour se saisir de la cafetière à son tour, évitant ainsi soigneusement le renouvellement d’une oeillade leur étant inconfortable à tous les deux.
— Now, what would you have me do about it ?
Il avait attendu que l’or noir cesse de s’écouler — ou plutôt que sa tasse se soit remplie — pour chercher à nouveau un contact à cette paire de prunelles qui, à défaut d’excuser, n'entretenaient — d’ordinaire — aucun mystère en regard à de potentiels espoirs et volontés. C’était dans cette capacité à diriger, à corriger, mais aussi à châtier que résidait la véritable générosité de Zahia ; empowering people so they can improve, which in turn, challenges them to do (and be) better.
S’il avait échoué à respecter cette entente tacite appliquée à leur relation, imposant initialement entre eux une distance exclusivement destiné à soigner ses propres sentiments, alors Sebastian méritait certainement toutes les formes d’aigreur possible, mais avec cela, l’opportunité de faire mieux.
Right ?
{ Is it ever too late? Has it been too long?
To swallow your pride and admit that you were wrong }
- InvitéInvité
Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Lun 12 Oct 2020 - 20:40
Elle sent les picotements de ses doigts, trop crispés sur la porcelaine,
le son de la cuillère qui résonne encore dans ses oreilles,
Elle sent les larmes humidifier ses yeux et chasse les émotions avec rage.
« I'm not going anywhere, Zeb. You are. »
Parce que pour la première fois, Zahia n'avait pas l'intention de s'envoler, ancrée au sol écossais avec une passion nouvelle pour la stabilité. Les moments volés entre deux heures avec la famille, un regard tendre d'une mère sur sa fille, l'impression de pouvoir rentrer à la maison le soir, l'impression d'appartenir à cet ensemble, d'être une pièce du puzzle, de pouvoir s'installer, se reposer, s'écouter, ensemble.
Alors pourquoi, pourquoi le soupire
fait vaciller toutes ses murailles,
souffle sur la colère avec une telle facilité que la pie pourrait s'envoler.
« You're right. » Et si cette même colère de cette nuit reposait sur cette constatation, l'entendre de ses lèvres attisait les flammes de son cœur, rivière salée s'échappant sur ses joues, aussi brûlante qu'éphémère, alors qu'elle relevait sa main libre pour chasser la partie visible de l'océan. Son corps tout entier se tendit alors qu'elle sentait l'air bouger autour d'elle, son corps se rapprocher. Ses yeux baissés suivaient le mouvement de son bras avec attention, s'accrochant au métal de la machine quand il disparut à nouveau. Les effluves de son eau de cologne, mélangé au café, emplissait les narines de la sorcière. Elle pouvait sentir l'odeur significative des cuisines traîner sur sa chemise, les saveurs délicates de son shampoing s'évader des boucles brunes encadrant son visage torturé par la colère qu'il devait gérer. Encore. Fermant un instant les yeux, ses doigts rencontrèrent le marbre du comptoir avec une lenteur calculée, portant de son autre main la tasse à ses lèvres. Liquide brûlant, rassurant, s'offre à sa poitrine, essaie de calmer sa peine.
Le silence se mélangeait au bruit du percolateur, étrangement rassurant, offrant à l'algérienne la précieuse minute nécessaire pour respirer longuement. Sa présence ne faisait qu'accentuer les troubles de ses pensées, incapable- (non, la capacité n'avait rien à voir avec son bon vouloir) de comprendre le tumulte de ses sentiments. « Now, what would you have me do about it ? »
Et la question la frappa avec force, résonnant dans ses oreilles, son cœur torturant sa poitrine dans un rythme effréné alors que la porcelaine rencontra violemment le comptoir, laissant s'écouler en une flaque éparse l'or noir et ambré, d'abord sur ses doigts insensible à la douleur, puis sur le marbre, avant de rencontrer le sol pour finir leur course, oubliée, bien loin du regard de Zahia, loin du fracas qu'allait provoquer ce seul mot prononcé sur une habitude longue d'une vingtaine d'années. « Stay. »
Elle l'avait dit avec force malgré le tremblement léger de sa voix. Things could never go past her without her knowing. So how in hell could she had let him leave her side without even noticing ? She was used to fight for things, fight for her pride, for her victory, for her family. But she never thought she would have to fight for love again.
Elle l'avait pourtant si parfaitement oubliée.
La sensation de bien-être,
d'être avec autrui aussi à l'aise qu'avec le ciel.
Elle l'avait pourtant si parfaitement emprisonnée,
afin de ne plus jamais avoir à la voir s'envoler, s'évaporant avec le reste de son cœur brisé.
The feeling of someone being home again. Et à l'instant, elle se rendait compte de la puissance de son mot. Un seul mot prononcé pour vingt années passées. Elle sentait l'urgence du moment, la fenêtre infiniment petite qui lui restait afin de peut-être, pouvoir lui dire, d'un regard à défaut de mille mots, la complexité de ce qu'elle ressentait. Zahia releva lentement la tête vers l'irlandais, ses cheveux blonds faisant aisément ressortir la noirceur de ses paupières, fatiguées, le regard sombre cherchant la rencontre inévitable de leurs deux âmes, essayant de communiquer. Elle s'était tournée à demi, alors que sa main droite, gardant appuie sur le meuble, tenait encore entre ses doigts les vestiges de son café qu'elle avait oubliée. Incapable de fixer son regard sur une de ses prunelles, ses yeux faisaient l'infime route entre chaque pupille, s'aventurant parfois sur le bout de son nez, ses joues mal rasées, la pression de ses lèvres avant de s'oublier une nouvelle fois à son regard, incapable de prononcer autre chose. Alors, encore une fois, comme un aveu soufflé, ses épaules se relevant en un soupire, la voilà qui reprenait « Just... Stay. »
- InvitéInvité
Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Sam 24 Oct 2020 - 9:20
Des directives, des mesures, des limites s’il en faut, voilà ce que réclamait au final Sebastian ; les conditions d’une réhabilitation qu’il souhaitait ardemment dans cette relation qu’il n’avait jamais envisagé pouvoir — ou devoir — sacrifier. Connaissant la dame, ses bouillonnements aussi bien que ses aspirations, le chef attendait l’empreinte d’une colère tiède, quelque chose dans le goût de « Stop being a stranger for a start. » ou encore « Maybe get over your pride wounds and show up for a change ? », voir même, plus magnanime, « How about getting your head straight and live up to us, like it's supposed to be ? », autant de retours qui l’aurait incité à porter sa propre tasse à ses lèvres, baisser les yeux quelques secondes et lui offrir quelques mots qui puisse faire office de promesse autant que d’excuses. Il ne pouvait imaginer de véritables violences entre eux, qu’elles soient physiques ou bien verbales, mais peut-être encore moins de ces sillons salés — si abruptement balayés par Zahia — qui semblaient déferler entre les cils charbonneux du regard inaccessible de la professeure.
Hold the fall.
Il avait fallu quelques secondes pour que le simple déséquilibre de la tasse tenue par la professeure ne vienne compromettre ce contact visuel qu’il tentait d’établir, des réflexes acquis en cuisine lui recommandant d'abandonner son propre contenant pour tenter aussitôt de mettre un frein à ce fracas qu’il croyait destiné à la porcelaine et non pas au silence.
« Stay. »
L’assemblage de café et de whisky s’était donc écoulé jusqu’au sol sans qu’aucun obstacle — humain ou matériel — ne puisse freiner sa trajectoire gravitationnelle, aspergeant dans sa chute les doigts de la joueuse étoilé ainsi que le comptoir le plus près. Le Donovan avait observé cette cascade sans trop savoir à quel contrecoup il convenait de s’attaquer en premier ; les tremblements de cette requête sensible ou bien les débordements de cette avarie caféiné. Considérant que son hôte elle-même avait rapidement fait le choix d’ignorer le dégât, l’attention du chef en vint plutôt à se raccrocher à l’orbite de cette oeillade humide, là où miroitait espoirs, mélancolie et attachement tout à la fois. And what for ?
« Just... Stay. »
Deux petits mots qui portaient tout le poids d’une supplique électrique et étrange, considérant bien sûr qu’il s’était déjà présenté devant la pie ce matin-là avec les dispositions pour y faire réponse. Après avoir fouillé un instant les iris presque noirs de son ancienne amante, ses propres prunelles glissèrent tranquillement au long de ce vieux tee élimé, s’en détournant bientôt pour traîner du côté de l'îlot où de profondes rainures lui apparaissaient enfin pour ce qu’elles étaient ; un déferlement d’émotions sur lequel trônait un mémo à saveur de renoncement. Could it be?
Presque précautionneusement, il avait relevé la tête jusqu’à retrouver cette physionomie qui l’invitait encore à s’éterniser dans son sillage, doutant désormais d’en faire une lecture plus complète où la frustration d’un éloignement — choisi au moins autant que subit — se réconciliait pourtant parfaitement aux volontés contraires.
— This isn’t just about me, is it ?
À son tour, il avait parcouru visuellement ces traits qu’il connaissait déjà par coeur, s’attardant longuement sur les replis les plus évocateurs d’un aveu muet qu’il n’attendait plus ; it’s about us.
Par le passé, il s’était parfois fait le témoin de quelques larmes de frustration, de colère ou de détermination, mais encore jamais de sanglots tourmentés et suppliants, ce qui ne pouvait signifier qu’une chose à ses yeux ; elle savait déjà que l’objectif était lointain ou interdit et elle s’y était auparavant résigné. Alors, que restait-il que le marmiton puisse potentiellement lui refuser ?
Ce que les braises, même refroidies, n'oublient pas.
— As ucht Dé* Zaz !
L’expression toute Irlandaise avait échappé au contrôle ainsi qu’au souffle de Baz, trahissant une émotivité — et une réalisation — dont il se détourna rapidement en imposant un volte-face à la Saouli, puis en abandonnant du même geste sa tasse presque pleine. Quelques pas nerveux l’avait conduit tout droit devant la porte du grand four, qu’il contempla fixement un moment avant de se saisir du linge suspendu à sa poignée horizontale.
— Why now ? lança t-il à distance et sans trop contenir le mouvement ample de ses bras de chaque côté de son corps, exprimant ainsi l’abîme d’incompréhension qui l’habitait.
Après une profonde inspiration — et le rappel intériorisé des raisons de sa venue — il était finalement revenu auprès de la propriétaire des lieux, son regard orienté d’abord sur la seule chose qui ne fasse aucune confusion dans son esprit ; les ruines tièdes d’un café renversé. D’un geste lent et précis, le chef s’était appliqué à éponger la nappe d’or noir qui continuait tranquillement de s’étendre sur le comptoir et ce, jusqu’à rejoindre la main d’appui de Zahia, qu’il enveloppa du linge déjà partiellement humide sans toutefois s’en détacher lui-même. Leurs paumes respectives se trouvèrent ainsi superposées — ce qui n’était guère le cas de leurs épidermes — et lorsque Sebastian eut enfin la certitude de pouvoir contenir le débordement qui menaçaient la barrière de ses propres paupières, il se rallia aux pupilles brumeuses de l’aîné Saouli.
— Why not a year ago ?
Elle n'a jamais eu besoin d'un preux chevalier, plutôt de quelqu'un pour tenir les armes tandis qu'elle (choisissait ?) menait ses combats, un principe qu'il s'était appliqué à respecter jusqu'à ce qu'une intuition bien plus forte ne le pousse à l’oubli. Il n’avait obtenu en échange de ses espoirs déçus qu’une carence né de l’absence et il doutait sincèrement que la jalousie soit un sentiment connu de la pie, elle qui nourrissait bien assez d’objectifs et de projets — voir carrément de succès — pour avoir le temps d’envier ceux des autres, qu’importe leur nature.
... but don't we all need someone to stay ?
* « For God’s sake! » en gaélique irlandais.
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Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Lun 26 Oct 2020 - 0:35
Le bruit sourd de l'horloge laissait couler le temps entre leurs voix, entre leurs corps. Il ne s'agissait que de quelques secondes, à l'échelle d'une vie. Pourtant, la demi-mesure qu'ils avaient instaurée entre eux les avait guider droit vers le contre-temps. Il n'aurait fallu que d'un instant, quelques heures, une journée, peut-être deux, pour qu'ils puissent se réajuster. Mais quand l'un ralentissait, l'autre s'envolait. Et si les braises du feu se ravivaient, l'air perdait en puissance, incapable de suivre la cadence.
Trop précieuse liberté créer un voile
trouble
sur la vision de la pie.
Et elle est si habituée à parcourir les cieux
qu'elle en a oublié le confort de la terre depuis bien trop longtemps.
Un battement d'aile, et elle s'était éloignée une seconde de trop. Elle le voyait, ce moment précieux qu'ils leur manquaient. Il s'écrivait sur les traits du Donovan, méticuleusement, lentement, alors qu'il reposait (enfin) son regard sur le siens. « This isn't just about me, is it ? » Et chacun de ses mots, la voix presque rauque, résonnait en elle comme une douleur vive, cœur au bord des larmes alors qu'elle cherchait à s'accrocher à ses prunelles. Un mouvement infime de la tête confirmait les pensées du cuisinier.
Elle se laissait observer, dévoilant un degré de vulnérabilité qu'il n'avait jamais pu toucher, son cœur trop profondément enfouis, loin, très loin, de ce qu'aurait pu être de la doul/ceur. Et sous les remparts, elle n'avait pas su déceler la beauté qu'apportait ce danger. L'amour derrière un nuage, qui attendait, patiemment, depuis presque vingt ans, qu'elle daigne ouvrir la cage dorée ou elle s'était enfermée.
L'amour des proches,
l'amour du risque,
l'amour des corps qui dansent lascivement,
l'amour d'un tout envoûtant.
Les épaules de la Saouli se voûtèrent alors qu'elle ramenait quelques secondes sa main libre vers sa bouche, empêchant ainsi tout son d'en sortir, la plainte de le voir se détourner mourant entre ses lèvres. Cette même main retomba vite, mollement, le long de son corps alors qu'elle était incapable de bouger. Prise au piège, la pie laissait son regard divaguer sur les volutes de fumée de la tasse intacte, plus loin sur le contact, la vue, même trouble, du sorcier ne s'effaçant pas de son champ de vision. « Why now ? »
La réponse lui était venue dans la seconde, sans qu'elle n'accepte de la partager, l'ironie prenant un goût un peu trop amer pour la vulnérabilité de cette vérité. Zahia s'était détournée, son corps pivotant vers cette tâche de café et la peau rougit de sa main droite. Elle suivit les gouttes s'étirer lentement vers le sol alors que l'or noir s'arrêtait à quelques centimètres seulement de ses pieds nus. Fermant un instant les yeux, elle inspira longuement, puis expulsa silencieusement tout l'air de sa poitrine, cherchant le calme du vent dans son imaginaire.
Parce que l'envie de s'envoler la tiraillait, et pourtant-
à aucun moment n'aurait-elle pu, encore, l'abandonner.
Zahia rouvrit les yeux en entendant ses pas revenir dans sa direction. Elle fixa sans bouger les gestes lents qu'il esquissait autour de sa main, se rendant enfin compte que ses phalanges blanchissaient sur la porcelaine qu'elle tenait encore. Elle dérida enfin sa main, silencieuse et docile face aux gestes doux du Donovan. Le tissu empêchait la chaleur de sa peau, se disait-elle en observant la couleur caramel du café imbiber lentement les fibres, laisser son odeur sur leurs mains (presque) jointes. « Why not a year ago ? » Le sourire s'afficha lentement sur le visage de la Saouli alors qu'un léger soupire s'était échappé de ses lèvres. Comment pouvait-elle répondre à une question dont elle n'avait pas la réponse. Et plus elle y réfléchissait, moins elle ne savait depuis quand ses sentiments dormaient, paisible, attendant une secousse pour enfin se dévoiler. Le temps s'écoulait à la même vitesse qu'à son habitude, pourtant elle sentait leurs respirations s'adapter, la vague d'émotions laissant place à un calme étrange, une vague coordonnée, un moment synchronisé.
Une nouvelle fois, elle inspira longuement avant de relever un peu la tête, et la basculer sur sa gauche, sa tempe rencontrant le torse du sorcier alors que ses doigts se resserraient sur le torchon, et la main qui l'entourait. Une, deux, trois secondes. Encore un peu, avant que la pie ne tende une aile, sa main gauche glissant sur son flanc avant de remonter dans son dos, tout son corps pivotant lentement vers lui. Ses yeux n'avaient pas quitté leurs mains liées, alors qu'elle soufflait à voix basse « I know... I'm sorry. » i missed it, i didn't saw the window.
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Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Ven 4 Déc 2020 - 22:51
Sebastian avait l’habitude des tempêtes ; la marche du temps lui avait appris à les anticiper, à reconnaître la caresse des vents contraires, ceux qui, lorsqu'ils fraîchissent, peuvent gâter en quelques heures un ciel tout entier. Ce tumulte là toutefois, était différent. Certes, il y avait bien ce mur orageux, celui que Zahia dressait toujours, comme d’un avertissement autant que d’un périmètre de sûreté — le sien tout comme celui des autres — mais une nouvelle frontière se dressait maintenant, extérieure, intime, celle d’un temps étrangement clément ; l’oeil du cyclone.
En l’espace de quelques secondes — ou plutôt de quelques centimètres — cette vision d’un mince sourire naissant sur les lèvres de la pie était venu alourdir l’atmosphère dans laquelle ils baignaient tous les deux ; non pas en opprimant leurs souffles, mais plutôt en engourdissant leurs humeurs réactives. Imperceptiblement, l’Irlandais avait senti cette amorce de mouvement presque léthargique, le regard de l’aînée Saouli se tournant vers leurs mains (non) jointes, sa tempe prenant doucement pour cible un coeur dont les battements venait certainement d’être augmenté ; le sien. Comme pour mieux accueillir la chute molle de cette chevelure de jais, le cuisinier avait relevé un peu le menton, son regard coulant à son tour vers ce linge imbibé qu’il tenait de moins en moins fermement.
Hold the fall.
Au coeur de l’ouragan, les mouvements subsidents de l’air clouaient la professeur au sol, mais ils forçèrent ultimement l’Irlandais à relever la tête, jusqu’à la laisser basculer complètement vers l’arrière, comme pour lui permettre de vérifier que le ciel était bien dégagé, bleu, ouvert.
« I know... I'm sorry. »
Baz avait eu une inspiration longue et lourde, puis il avait complètement fermé les yeux. L’étreinte se transformait doucement en étau ; les doigts de Zahia était remonté tout au long de son échine sans qu’il puisse interrompre leur course, d’abord parce qu’il ne le souhaitait pas, ensuite parce qu’il se sentait paralysé par cette faute potentielle qu’une autre déception rappelait à son esprit comme un vertige ; Priya existait à l’extérieur de cette enclave précieuse. Ainsi, le clapotis lent de quelques gouttes de café égarées continuaient de donner un sens à ce silence, sans toutefois suffir à le combler. Dans son mutisme, le Donovan bataillait contre l’instinct sensible et le sens moral qui avaient autrefois confirmé son appartenance aux représentants de Godric Gryffondor ; le premier le commandant à une embrassade, le second le rappelant à la valeur d’un engagement amoureux. Là où son empathie l’empêchait d’abandonner Zahia à ses espoirs fanés, sa loyauté lui interdisait de trahir les sentiments que Priya lui dédiait tout exclusivement. Esquisse d’un compromis en demi-teinte, la main libre du marmiton s’était finalement soulevée pour aller rejoindre l’épaule dégagée de l’Algérienne, laissant ainsi son bras tout entier couvrir la base de sa nuque et le haut de son dos.
— I'll stay for coffee. Aucune notion d’inclusion ou d’exclusion supplémentaire ne pouvait franchir la barrière de ses lèvres ; rien que pour, pour l’instant, pour toujours, pour jamais ? Devait-il s’excuser lui-même de ne pas être en mesure d’offrir plus, davantage que ce qu’il pouvait deviner être espéré ou nécessaire ? Dans un mouvement traînant, il abandonna finalement le torchon complètement humecté d’or noir pour mieux revenir emprisonner l'énergie désoeuvrée de Zahia entre ses bras. Unless you'd rather I leave... La tête de nouveau tenue bien droite, suffisamment pour que lui parvienne quelques effluves de santal, Baz songea qu’il revenait maintenant à la joueuse étoile de faire le choix de la proposition circonstancielle applicable ; rien que pour, pour l’instant, pour toujours, pour jamais ?
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Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Dim 6 Déc 2020 - 19:50
(mood) Regard ancré sur les plis du tissu qui s'imbibait de café, Zahia avait oublié de respirer. Bloquée dans l'instant, les excuses au bord des lèvres et directement dans son cœur, ses doigts se crispaient dans son dos à la recherche d'une réaction, d'un instant, d'un moment dans une bulle qui n'appartient qu'à eux. Et quand enfin, elle sent l'air bouger autour d'elle, le toucher d'abord léger puis la trace de cette main sur son épaule lui rend sa liberté. D'un long soupire, les larmes s'étaient débloquées, coulant silencieusement en rivière sur ses joues. Elles ignoraient les rides et les cernes, ignoraient les vallons de ses pommettes pour aller mourir contre le cœur du garçon.
(Je veux tes doigts, je les veux tenant
Tout c'qui est à moi)
« I'll stay for coffee. » Zahia ferma lentement les yeux, laissant à son cœur toute l'ampleur dont il avait besoin pour se libérer d'une révélation arrivée trop tard, trop lentement, à contre-temps. Sa main ne tenait que par la pression de la sienne, dans le torchon, aussi rouvrit t-elle brusquement les yeux lorsqu'il s'en libéra. Là où la douleur se ravivait encore en comprenant que le toucher lui était désormais interdit, l'instant d'après la plongea plus profondément dans l'ivresse du moment, apaisée de sentir la pression rassurante de ses bras contre son corps, plongeant plus profondément le nez dans les effluves de la cheminée, de sa nuit et de son shampoing.
À un autre moment, dans un autre endroit, la pie se serait sûrement farouchement envolée, incapable de laisser quelqu'un la porter. Pourtant … « Unless you'd rather I leave... » Pourtant sa main droite vint trouver refuge dans son dos, le demi-pas pour finir de coller leur corps et pivoter entièrement vers lui (she would've done that earlier, if only she knew), entièrement contre lui. « Yes, leave. » Souffla t-elle sans grande conviction alors que la rivière de ses sentiments s'était calmée, le t-shirt mouillé contre sa joue.
(tout ce que j'aime, je brise)
Vulnérable, mais piquante, soufflait les vents opposés de ses paroles à ses gestes alors qu'elle lui volait le temps dont elle avait besoin pour calmer les pulsations dans son corps. Lentement, le souffle lui vint plus aisément, et plus elle se calmait, plus elle le sentait s'éloigner, leurs âmes s'étreignant une dernière fois. Lentement, les griffes se retirent de son dos et la pression de sa joue se fait caresse, avant de totalement disparaître. (I don't hear it anymore, his heart don't beat for me anymore)
Le bout des doigts s'aventure une dernière fois sur les courbes de ses hanches, jusqu'à venir dessiner le contour de la tâche sur son coeur, yeux résolument fuyant. Un instant, une inspiration, un calme étrange qui s'installe pourtant en elle quand enfin elle reprend « I'll make you another one. » Les prunelles sombrent remontent lentement (une dernière fois) dans son cou, sur ses joues, se faufilent jusqu'aux lignes de ses yeux et de la commissure de ses lèvres avant de disparaître, détournées de force par Zahia qui se détache, essai de ne pas tanguer, réapprend à voler.
Et autour d'un café,
le silence s'impose et apaise les cœurs,
ils s'inspectent et gravent une dernière fois
la lueur d'un contre temps, les restes d'un émoi,
l'odeur de l'or noir comme fil conducteur.(Pars par ici maintenant)
- InvitéInvité
Re: [TERMINÉ] There's whiskey in the water.
Jeu 28 Jan 2021 - 6:42
Toujours debout, puis encore vaguement immobile dans cette embrassade en formation, Sebastian avait brièvement cessé de s’intéresser au sentiment dominant de cette météo intérieure qu’il comprenait mal ; celle d’une professeur de vol dépossédée de ses repères sous la coupole du ciel. Plutôt que de chercher à comprendre laquelle d’une colère ou d’une tristesse pouvait bien commander les intempéries qui avançaient dans sa direction, le chef se préparait simplement à en accuser les contrecoups, puis davantage que les rafales de vents périlleux, c’était d’abord l’étrange pesanteur de ce point de rosée sur sa poitrine qui s’imposa à son esprit.
Les larmes, mais sans le clapotis de l’averse.
« Yes, leave. » Deux petits mots qui tombaient maintenant avec la force de tout un déluge, un fracas que l’inertie ne pouvait décemment suffire à braver, qu’importe que deux serres aient entre-temps entrepris de faire le décompte de ses vertèbres dorsales. Dans un mouvement pesant, les paupières du marmiton s’étaient refermées, le laissant à évacuer cette déception — pourtant anticipée — avec les restes d’un souffle inconsciemment refoulé. Sa gorge s'était resserrée, puis l’inspiration suivante avait pris des allures de renâclement feutré, davantage pour se donner contenance que par véritable nécessité de contenir quelques sanglots.
{ À vol de quel oiseau déjà ?
J’ai pas envie de prendre les absences
Moi, qui ne migre pas. }
Leur étreinte compacte se transformait déjà tranquillement en relâchement obligé et le cuistot — qui gardait pour l’instant les yeux posés sur ce minuscule bout de papier ayant justifié sa visite — peinait à se concentrer sur les contours du tracé que dessinait la pulpe des doigts de Zahia sur son torse. Ses propres mains s’étaient fixées sur les épaules de la pie et à défaut de pouvoir — ou peut-être d’oser — s’aventurer un peu plus haut sur sa nuque, elles avaient distraitement glissé sur quelques mèches, puis tout au long de ses bras et jusqu’au renoncement final.
« I'll make you another one. »
Elle ne s’envolait pas complètement et pourtant, le lent mouvement de ses ailes inspirait une certaine sérénité à l’Irlandais ; leurs iris muets communiquant avec plus d’attachement que de dépit. Armé de cette volonté salutaire qu’il admirait, l’Algérienne avait balayé les dernières marques de déconvenue de ses traits en laissant à son invité le soin de deviner si sa proposition référait à une nouvelle cédule d’anniversaire, un arabica frais ou même une autre relique vestimentaire un peu moins humide.
À la constatation que le moulin à grains s’activait, puis à mesure que l’odeur torréfié emplissait l’espace de la cuisine, le cuistot songea que le naturel, certainement, ne tarderait plus à reprendre ses droits, les laissant à discuter de l’imminente rentrée scolaire, des dernières frasques d’Inès, des menus à préparer, d’un nuage de crème supplémentaire...
On met de la tendresse dans nos déchirements
Comme on met du sucre dans le café ;
On dulcifie un peu l’amertume
Mais on continue de ressentir les effets.{ Parait qu’on a seulement qu’une vie chaque.
Dis-moi, dis-moi, si tu restes…. }
[RP Terminé ]
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