(tenue)
Si Luigi n’avait pas été Luigi, surement Alice ne se serait-elle pas montrée aussi complaisante avec ses taquineries. Il y avait peut-être aussi un peu de lassitude, mêlée à la fatigue et l’alcool, à l’inquiétude du jour suivant, qui la vidait de son mordant ordinaire, qui émoussait sa langue habituellement si pointue. L’italien pouvait raconter toutes les bêtises du monde, Alice ne l’écoutait déjà plus qu’à moitié, le regard perdu sur un point vague, à l’horizon, entre le ciel et les bordures du lac. Alors elle ne lui répond pas, elle est un peu ailleurs, les lèvres pincées, les bras croisés alors qu’elle commence à avoir un peu froid, les heures les plus chaudes de la soirée à présent révolues. L’américaine ne cille que lorsqu’ils atteignent un rivage reculé, où la seule mélodie qui résonne dans leurs oreilles est celle des timides grillons et des bavardes grenouilles, accompagnées par le clapotis de l’eau. Elle devine l’installation de fortune, les galets plus lisses qu’à l’ordinaire, esquisse un petit sourire devant les manières comiques mais prévenantes, malgré tout, de son ami.
- Plutôt un spot de sirène, plus que de princesse, tu ne trouves pas ? Enfin, je devrais m’en remettre.
Contrairement à ce que supposait le sorcier, elle était bien moins précieuse que certaines de ses compatriotes bien nées : elle connaissait suffisamment les bords du lac pour savoir qu’elle n’avait pas à craindre la moindre bestiole, à cet endroit là, et un peu de boue ou de poussière sur les genoux ne l’avait jamais défrisé. Elle se saisit de la main que Luigi ne lui a pas vraiment tendu à ce dessein, et s’assoit. Luigi lui tarde à s’installer, gigote un moment, avant d’enfin s’installer à son tour. La danseuse s’amuse à la voir s’agiter ainsi, il y a donc des choses qui ne changent jamais : il avait toujours eu du mal à s’arrêter de bouger, de vibrer, le beau sorcier, et il n’y avait bien qu’à l’horizontal, le plus souvent, qu’il s’octroyait un repos bien mérité. Ça, et la nourriture peut être.
- Je ne suis pas sur que qui que ce soit accepte de nous livrer, ici, Trésor… Mais je n’aurais pas dit non à de la nourriture trop grasse, trop salée et couverte de fromage….
Elle ne voit pas trop où il veut en venir, avec ses questions qui se suivent sans la moindre logique, posée l’une après l’autre comme les pièces de différents puzzles venant de différentes boites. A moins que cela soit elle qui, définitivement, était bien trop troublée et concentrée sur son propre nombril pour saisir la subtilité de la conversation de l’italien. Alors elle tourne la tête vers lui, détaille son profil fin dans la pénombre. Il est beau, Luigi, elle ne peut pas le nier, il a de ces traits qui rappellent ceux des statuts de Rodin, le sourire malicieux en plus. Alors elle soupire, hausse les épaules, entoure ses genoux de ses bras avant d’y poser le menton, petit caillou sur un galet.
- Elle est bien étrange, ta question, Lu’, tu parles de nourriture, ou en général, parce que la réponse sera un petit peu différente. La pizza me conviendrait bien pour la première question. Pour la seconde … Je ne sais pas trop. Pour ce soir, j’avais besoin de me rassurer un peu, sur un tas de choses, et je crains de ne pas pouvoir obtenir ce que je désire… On ne peut pas toujours tout avoir, je suppose. Et toi, Lu’, que désires tu ?
Il n’y avait pas de raison qu’elle soit la seule à s’épancher, Luigi lui aussi devait avoir quelques secrets à confesser, sinon il ne serait pas là, à repousser l’heure du coucher, et donc, de la séparation...
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Re: Bonnie & Clyde - Luigialice
Tu comptes la laisser aller seule pour le reste de la soirée. Sans doute as tu poussé le bouchon un peu trop loin. Tu ne pensais pas que dame Alice Hangbé serait blessée par tes paroles, en temps normal, ce n’est qu’un échange sans fin de piques jusqu’à ce que l’un ou l’autre ne finissent par décider d’arrêter d’argumenter verbalement, et n’utilise son corps pour détourner le sujet.
Tu peux bien te taire si c’est ce qu’elle veut, mais tu ne resteras pas seul ce soir, et elle non plus. De tes bras elle fuit, mais tu gardes ce lien physique en la tenant par la main. « Qui sait… ? Peut être qu’il y a une princesse qui se cache dans le lac ? » Tu souris toujours, c’est dur de te faire départir de ce sourire, te rendre tout à fait sérieux, qui fait que les gens arrivent rarement à savoir exactement à quoi tu penses, ou si les choses ont une prise sur toi. Tu as ce côté souvent insupportablement jem’enfoutiste. C’est une façade, quoique suivant à qui tu t’adresses il y a une part de vrai qui se cache.
Où tu l’emmènes ? Partout, nul part en particulier. « Certains disent que ce qui importe n’est pas la destination mais le voyage, le chemin parcouru, et les détours. » Philosophe ? Peut être que tu vas largement l’agacer avec ta réflexion, sans doute n’est elle pas d’humeur. Peu importe, elle ne peut pas te reprocher de parler DU sujet qu’elle veut éviter. Ainsi tu t’autorises à parler de tout et de rien.
Quand tu t’arrêtes, la musique n’est plus qu’un souvenir, et les lueurs chaleureuses, une veilleuse aidant la lune à illuminer le lac. Vous y voyez bien, le ciel est dégagé, la lune semble si proche qu’on pourrait la toucher en tendant le doigt. Le lac fait comme une plage, il y a des cailloux assez larges qui ont été installés en rond ici, sans doute des campeurs, ou des fêtards qui se sont fait une nocturne ici. « Voici votre trône princesse. » Tu mimes une courbette en désignant de la main un petit rocher bien plat. Au moins ne lui as tu pas fait l’affront de s’asseoir par terre, tu connais la répugnance d’Alice pour le sol et ses habitants. Pas pour rien que tu l’appelles princesse, ce n’est pas qu’affectif bien qu’avec les années ça ait perdu de son mordant. Tu attrapes une pierre par terre, et tu te mets en position pour faire un ricochet avant de te retourner vers Alice. Et tu t’assois pas loin d’elle en t’étirant, faisant craquer les vertèbres dans ton cou. Ta chemise largement ouverte sur ton torse ne dissimulant rien de ton corps tendu sous les étirements. Et puis avec un soupir d’aise tu te laisses partir en arrière t'appuyant sur tes bras. « Je dirais pas non à une pizza qu’en penses tu ? » Rien à voir encore une fois… Et en même temps il faudrait aller en ville, trouver un truc ouvert et ensuite ? Tu dois bien avoir une pizza congelée à la cabane. Cette idée te dis bien. Tes yeux caressent le ciel, et le bandeau de la voie lactée bien visible ce soir. « Que désires tu belle Alice ? » Elle semble aussi lasse que celle de Lewis Caroll qui a changé tant de fois de taille, qu’elle ne sait plus qui elle est, la seule chose sûre c’est qu’elle veut rentrer à la maison. Tu tournes légèrement la tête pour croiser ses deux pupilles brillantes dans la nuit.
@Alice Hangbé
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Un sourire s’étire sur ton visage quand elle te reprend, Alice est toujours avec toi, c’est bon signe. “Je ne voulais pas te traiter de femme poisson, mais tu noteras que tu l’as fait par toi même, et que je n’ai donc rien à me repprocher.” Tu n’as jamais rien à te repprocher en réalité pas vrai ? Telle la blanche colombe tu évolues sans encombre, faisant fi des jaloux qui comme des crapauds essaient en vrain de te faire tomber de ton nuage.
Installé l’un comme l’autre sur cette plage de fortune, tu songes à manger, éponger l’alcool, mais surtout, remplir ton estomac qui ne se remet pas de l’affront fait en refusant imminamment de le nourir comme il se doit. Alice doute que vous puissiez être livrés. Mais il ne faut jamais dire jamais. Surtout avec toi, et puis tu n’as pas parlé de livraison. “Mais qui vous dit que nous allons rester ici altesse sérénissime ?” Franchement, ne te connait elle donc pas encore ? “Je pourrais vous inviter à manger dans mon humble demeure, je suis l’ami de ceux qui travaillent dans l’ombre, l’ami d’un petit elfe qui s’est pris de passion pour mes origines qui fait des mets succulents, qui n’ont absolument rien à voir avec ce que vous autre du nouveau monde appelez Pizza.” Dans une autre vie tu étais sans doute troubadour, de ceux qui envoûtent les femmes avec ses belles paroles les faisant tomber en pamoisons au premier vers. Oui, tu devais être de ceux là. Nul doute que tu aurais eu un succès fou.
Ce soir tu es bavard, et puis tu veux comprendre. Comprendre ce qu’elle veut réellement. Cela fait des années maintenant que vous vous connaissez. Vous connaissez toutes les coutures de l’autre pour les avoir longtemps admirées, touchées, savourées. Sans doute Alice est elle une des personnes qui te connais le mieux, bien qu’elle ne soit pas toujours prête à la variable imprévue qui va de paire avec ta présence à ses côtés. La réciproque est sans doute moins vraie. Peut être une question de complexité de l’âme, ou simplement parce que tu es un livre ouvert sur bien des sujets tandis qu’elle se cache de la vie. Bien entendu, tu ne parlais pas de pizza, mais l’avoir perdu dans les méandres de tes réflexions te fait doucement sourire. “On ne peut pas toujours tout avoir... En voilà une réflexion amère dans la bouche d’Alice. Tu n’es pas d’accord, tu es presque surpris qu’elle renonce si vite. Elle te retourne la question. Les yeux vers le ciel tu mets un moment avant de répondre. Tes idées vagabondes mais ne s’accrochent réellement à rien. Que veux tu ? Rien ? Tout ? La seule chose que tu as toujours revendiqué c’est la liberté. Ici tu n’es pas libre tu le sais. Tu es enchaîné à Hungcalf faute de mieux, faute de trouver une autre protection. Et pourtant aujourd’hui, tu n’as plus envie de partir. Tu veux rester là, tu t’ancres, renoue avec ton passé, renoue avec des attaches humaines que tu as laissées longtemps de côté. Et finalement la vérité. “Someone to hold.” Nue, sans fioriture, sans arrière pensée. “She’s not ready yet.” Plus sérieux que les minutes précédentes, c’est un interlude calme, mélancolique même.
Interlude teminé. “Allons me nourir femme, avant que je ne me jette sur toi griffe et croc dehors.” Le puma parle sous cette forme humaine. Il ne faut pas le contrarier.
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Luigi joue les imbéciles, les fats, et Alice peut le concéder sans trop de chagrin, il n’en est que plus distrayant, bien qu’elle ne soit plus vraiment d’humeur badine. Il lui tira néanmoins un discret demi sourire (l’animal était doué), à force de compliments et sobriquets grandiloquents. Altesse sérénissime, c’était bien trop, surtout quand on se trouvait assise en tailleur à même le sol, en accoutrement de festivalière, à une heure indue de la nuit. Elle mordillait l’ongle de son index, le regard perdu dans la houle discrète du lac à la surface ourlée par le vent estival.
- Un petit elfe des cuisines, vraiment ? Avec un peu de chance, il s’agit de celui là même dont je me suis attirée les grâces au printemps dernier, en lui offrant une robe en toile de jute, puis un joli nœud papillon … Par hasard, comment s’appelle t’il, ton compagnon ?
Il aurait été très drôle que Luigi connaisse Polby, le second version modèle réduit de Sebastian Donovan, qui ne manquait pas de lui faire la conversation les rares fois où elle était obligée de se rendre en cuisine : une hérésie, quand on connaissait l’aversion de l’Hangbé pour les créatures magiques, même celles dotées de la parole, et pourtant elle avait à présent presque de l’affection pour l’être androïde aux grandes oreilles et à la voix stridente. Elle aimait l’admiration sincère qu’elle lisait dans ses gros yeux globuleux, le naturel avec lequel il s’adressa à elle, tout en faisant preuve d’une grande déférence. C’était pourrait même en prendre de la graine.
Heureusement pour elle, Luigi semblait disposé à tenir le crachoir, ce soir, à croire qu’il n’avait vraiment pas envie qu’elle s’en aille. Ou plutot il ne semblait pas disposé à être seul, et c’est cela que l’américaine comprit dans sa confession à mots couverts. Quelqu’un à enlacer … Mais qui n’était pas prête. Tiens tiens. Dans d’autres circonstances, elle serait venue gratter un peu plus sur les raisons d’une telle confessions, ou même l’identité de cette Roxanne qui se refusait à ce Cyrano italien, mais pour l’heure, elle ne sentait qu’une compassion un peu douloureuse à son égard.
- Her loss. Je sais de quoi je parle.
Les bras de Luigi, elle les avait suffisamment fréquentés, à l’époque, pour les savoir chauds et confortables, une seconde peau dans laquelle on se love quand le vent se fait mauvais. Celle qui s’y refuse malgré l’invitation est une imbécile, enfin, cela ne la concerne pas, pas vraiment. Elle détaille le profil fin de son ami avant qu’il ne se redresse, lui tire un soupir chargé de mauvaise foi, alors qu’elle se redresse plein de grâce. Plus ou moins.
- Essaye donc un peu mon chaton, et je te transforme en descente de lit, ce sera bien la seule manière que tu aurais de t’approcher si près du mien.
Ah, elle reprenait du poil de la bête, un peu, enfin. Si elle n’aurait pas été contre un retour dans son appartement, elle avait entendu l’appel de l’italien, comme l’aveu du besoin d’une présence amicale dans la nuit claire. Elle ne pouvait décemment lui refuser cela.
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Re: Bonnie & Clyde - Luigialice
La tête appuyée en arrière sur le canapé tu regardes le plafond plongé dans une semi pénombre. Il n’y a qu’un feu qui crépite doucement devant vous allumé en express par un serge content de vous voir. De la pizza il ne reste absolument rien, sinon la boîte. Ce qu’Alice n’a pas voulu de sa part, tu l’as dévoré. T’avais vraiment faim, et puis une pizza ça passe à n’importe quelle heure de la journée ou de la nuit. La cuisine c’est bien ce qui te manque de ton pays natal. Faut dire que tu n’y retournes pas souvent, tu n’as pas pu y remettre les pieds depuis que tu es ici, ce ne serait pas raisonnable, mais même avant. Tes parents ont bien une maison, mais elle est vide, tu ne t’y es jamais senti chez toi, chez toi c’était Poudlard. L’endroit où tu as passé le plus de temps dans ta vie. On ne peut pas non plus parler de la maison de tes grands-parents, ou des autres membres de cette famille qui ne vous ont jamais soutenu, toi ou tes parents. Cette chaumière en revanche, elle est à ton image. C’est là où tu as passé le plus de temps de ta vie adulte, c’est ironique sans doute quand on sait que ça fait à peine quelques mois que tu y vis. C’est un endroit rustique, mais dans lequel on se sent automatiquement à l’aise. T’as jamais été un fana de technologie moldue. Ton téléphone tu ne l’as que pour un côté pratico pratique, et la télé, elle sert à se distraire. Pour le reste, tu as toujours évolué dans un environnement magique, ou naturel. Pas de chauffage, tu comptes toujours sur le feu, les denrées comestibles sont protégées par la magie, et tu manges clairement le plus souvent avec les étudiants. Parmis eux tu te fonds sans problème, faut dire que tu étais à leur place, certains dans la même promo, dans la même maison, et puis il y en a bien entendu qui sont plus vieux que toi. Mais l’expérience que tu as acquise dehors vaut bien des enseignements à l’intérieur de ses murs. De toute façon c’est une prison dorée, une échappatoire pour le temps que ça dure, un jour peut être tu seras libre, et à ce moment là il faudra que tu fasses un choix pas vrai ?
« Un dessert belle Alice ? » Se pourrait-il qu’il y ait une pointe d’invitation dans tes propos ? Peut être. Parce que la situation s’y prête. Mais l’alcool ne peut plus servir de barrière, il s’est évaporé depuis longtemps, la pizza ayant fait son œuvre. Tu flottes dans une douce euphorie. T’aime cependant trop embêter la jeune femme pour la laisser ainsi, il ne faudrait pas qu’elle croit que tu te désintéresses de son cas, ce qui est tout à fait faux. « Et j’parle bien des brownies de Roosje hein. » Une des De Booij qui n’est pas si difficile à comprendre, qui ne se comporte pas comme une furie, et qui est toujours adorable. Cependant ton ton est goguenard, badin, charmeur, comme à ton habitude. On ne chasse pas le naturel. Fut un temps où tu n’étais pas comme ça, tu n’étais pas sociable, tu n’avais pas d’amis. Les temps changent le caractère, érode les angles, ouvrent les coeurs, et les bouches aussi.
La nuit s’étire, il doit être déjà bien tard, tu sombres petit à petit dans un autre lieu confortable, sans doute que tu pourrais t’endormir sur le canapé, ça ne serait pas la première ni la dernière fois.
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Devant l’âtre, elle s’était installée dans un coin du canapé maculé par endroit de poils d’animaux de toutes sortes, mais d’une propreté relative. Appuyée sur l’accoudoir, elle commençait à somnoler, hypnotisée par la danse des flammes : Ils avaient fini par la prendre, cette pizza, ou plutôt elle s’était servie une part dans le goûter tardif de l’italien qui criait famine. Elle ne s’en était pas formalisée, après tout elle n’était pas venue appâter par la nourriture, mais bel et bien parce qu’elle avait cru comprendre que la solitude tourmentait Luigi bien plus qu’il ne voulait l’admettre. Ils avaient donc mangé tout en devisant tranquillement, de tout et de rien, surtout de rien, au final. Ni l’un ni l’autre n’avait vraiment eu la volonté de dire ce qui le tourmentait vraiment, ils avaient louvoyé, tourné autour du pot, sans finalement vraiment s’épancher. Ce n’était pas si grave, en réalité, peut être n’était ce pas là ce dont ils avaient vraiment besoin, mais plutôt de compagnie, simplement.
- Un dessert, à cette heure là ? Tu vas exploser, si tu continues…
Elle refuse, les sucreries et tout un autre genre de douceurs, d’une voix tranquille, mais ferme. Elle s’était bien doutée qu’il tenterait le coup encore une fois, presque pour la forme, et il était de son devoir de le repousser à nouveau, sans méchanceté ni ménagement. Parce qu’elle le voit et le sent piquer du nez, elle attire vers eux une couverture de laine épaisse et chaude, recouvre leurs jambes. Hésite un peu, puis finalement entoure les larges épaules de Luigi de ses bras fins pour l’attirer contre elle, sur ses genoux, pour caresser doucement ses boucles brunes.
- Tu sais que si je reste jusqu’au matin, c’est en amie, pas vrai ?
Il n’avait surement pas oublié cette règle qu’elle avait imposée à tous ses amants, les récents, les anciens, ceux d’une nuit et ceux qui revenaient se perdre à intervalles réguliers dans ses bras : elle partait toujours, toujours, avant l’aube. Il n’y avait pas de petit déjeuner en amoureux, pas de routine qui s’installait, la belle posait un dernier baiser sur les lèvres endormies ou éveillées de celui qui la voyait passer le pas de la porte sans un regard en arrière, même s’ils se retrouvaient quelques heures plus tard pour une autre activité. Pourtant, ce soir, elle devinait que ce n’était pas tout à fait de sa peau, dont Luigi avait besoin. Il avait besoin de sa chaleur, de la sentir juste à coté. De ne pas s’endormir, ni se réveiller seul, pour une fois. Et pour cela, cela impliquait qu’elle reste, qu’elle soit à la hauteur de leur amitié un peu bizarre. Elle se sentait capable de ça, et puis, à tout prendre, si elle devait se tenir sagement blottie, toute habillée, contre quelqu’un, Luigi était probablement la meilleure option. Le Clyde de sa cavale fantasmée, celle qui n’avait jamais été jusqu’au bout, un Bonnie trop jeune, trop mijaurée aussi, à l’époque.
- Tu veux rester là, où ton Surimi géant va nous faire une petite place dans votre lit ?
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Re: Bonnie & Clyde - Luigialice
Elle refuse l’invitation bien entendu. On ne sait jamais, elle aurait pu changer d’avis, même si en réalité une fois tu l’as vu faire, une seule fois. Et tu es parti seul. Aujourd’hui la situation est pourtant bien différente, ça n’a même rien à voir. Ce que vous avez vécu ensemble, personne ne pourra vous l’enlevez, pas même l’affection que tu as pour elle. Ni l’attirance physique. Mais l’humain est l’animal capable d’aller à l’encontre de ses instincts non?
Tu la laisses faire que ça soit pour la couverture, ou quand elle t’attire sur elle. C’est agréable d’avoir quelqu’un qui s’occupe de toi, ça fait longtemps, surtout dans le genre d’affection diffusé par la jeune femme qui te connais bien. Rien à voir avec le sexe ponctuel, celui qu’on partage animal sur un coin de meuble. Tes yeux se ferment, tu laisses le bon soin à tes autres sens de prendre le relais. L’odeur d’abord, celle du feu de la cheminée, celle d’Alice d’autant plus présente alors que ton nez se niche contre son ventre. Le toucher ensuite, ses mains dans tes cheveux.
“Amis” Tu ouvres un œil alors qu’un fin sourire amusé étire tes lèvres. “On a toujours été amis Alice.” Non, tu ne peux pas rester muet. Oui, tu es obligé de lui faire une réflexion pour lui montrer par A+B que ce qu’elle dit est bancale. Vous étiez amis alors que vous partagiez des moments charnels, vous êtes restés amis quand vous vous êtes perdus, quand vous vous êtes retrouvés. Ca n’a jamais rien empêché, ou rien lancé. Cependant, tu as compris ce qu’elle entendait par là. Si elle reste, c’est de manière platonique. Tu doutes avoir déjà dormi simplement à côté de la nymphe. Il faudrait être fou, ou du moins contraint pour s’y obliger. Tu refermes ton œil, laisses glisser ses doigts dans tes cheveux, sur ton visage sans ciller. Ton corps aurait envie de lui rendre les caresses, ton esprit se laisse facilement happer, il imagine que trop bien ce que tu pourrais lui faire subir du bout des doigts.
“Je devrais dire à Serge de te transformer en torche humaine pour l’avoir traité de surimi.” Au moins ça. “Il ne peut pas monter dans le lit, et je m’y contente d’humaine en général. Je ne suis pas désespéré au point de dormir avec une coquille acérée.” Autodérision quand tu nous tiens.
Quelques secondes encore tu profites avant de te servir du peu de courage que tu as pour te mettre debout, tendre la main vers Alice et lui proposer d’en faire de même.
Vers la chambre tu te diriges à moitié endormi, tu t’arrêtes devant l’armoire, trouve un tee shirt qui pourrait sied à la dame. “Désolée je n’ai pas de ceinture de chasteté en stock. Ca ira ?” T’attends pas la réponse, heureux de ta blague, et toi tu t’esquive en direction de la salle de bain, et plus précisément sous la douche, abandonnant tes vêtements sur ton passage, complètement nu, et insouciant quand au fait qu’Alice pourrait te voir.
Quand tu reviens, cheveux mouillés, seule serviette pour dissimuler ce qu’il faut cacher, tu prends un caleçon, le passes, c’est bien pour elle que tu dors habillé.
Une poignée de secondes plus tard, tu es dans le lit, tu pousses un long soupir. Tu es fatigué, tu ne pourrais le nier, de nombreuses heures se sont écoulées depuis ton réveil. Glissant sous la couette, tu attrapes la jeune femme l’attire contre toi, glisses tes bras autour d’elle, ton nez qui se glisse dans ses cheveux retrouvant une odeur familière réconfortante. Trouver le sommeil n’est pas difficile, ton corps réclame le lâcher prise. Tu t’enfonces lourdement dans le sommeil, ne libérant Alice que par son action anesthésique sur tes membres.