La journée ayant été longue, c'est avec un ravissement particulier que la jeune Blackthorn retire sa blouse blanche et l'accroche à la penderie qui lui est attribuée dans le vestiaire du service de psychomagie de Sainte Mangouste. Juliet n'avait jamais réalisé à quel point la vie d'étudiante était paisible et reposante en comparaison à l'effervescence qui regnait à l'hôpital Sainte Mangoust au sein duquel elle réalisait son tout premier stage. Elle avait beaucoup observé la première semaine mais depuis quelques jours elle avait ses propres missions. Et elle avait l'impression d'avoir traversé dix fois tout l'hôpital.

Elle avait à peine fait un pas en dehors de l'hôpital qu'une petite chouette vint se poser sur un banc à côté d'elle en la fixant intensément. Juliet qui n'attendait pas de courrier, et qui avait un téléphone depuis peu, continua à marcher mais la petite chouette la suivit et se posa un banc plus loin en continuant de la regarder. La jeune femme regarda à droite et à gauche... Personne d'autre qu'elle ne semblait se préoccuper de cette chouette. S'approchant, l'animal lui tandis la patte laquelle retenait un petit parchemin.

Le courrier était bien à son intention et il s'agissait d'une invitation à prendre le thé. De la part de la grande soeur de William. Voila qui était inattendu. Même si elle filait le parfait amour avec William, ils n'en étaient pas au point de se présenter leur famille. Enfaite, c'était Juliet qui voulait éviter de présenter la sienne... Quand on connait les Blackthorn, on évite de leur présenter un amoureux sang mêlé voyez vous ? Mais si sa famille était... atypique, la soeur de William devait être géniale. Enfin, c'était ainsi qu'il lui avait présenté. Ne voyant aucune raison de refuser ce tête à tête, la blondinette transplana jusqu'au salon de thé où elle devait rejoindre Katherine.

- Oui, merci. Et la tienne ?

Katherine était installée, carte en main, et comme Juliet s'en doutait elle avait l'air très gentille. La blondinette s'installa face l'aînée des Lewis et récupère la carte qu'on lui tend avant de répondre à la jeune femme :

- Assez oui, heureusement ta chouette est têtue, j'ai loin de penser que c'était à moi qu'elle voulait avoir à faire. Mais j'adore les salon de thé, je ne pouvais pas refuser cette invitation.

Elle parcourut des yeux la carte avant de se tourner vers la serveuse et de demander :

- Un thé vert à la framboise, s'il vous plait.

Et une fois que la Lewis eut commandé elle demanda, soudain un peu inquiète :

- Est ce que c'est à propos de William ? Quelque-chose ne va pas ?

Juliet sourit à la commande de Katherine et encore plus quand la jeune femme se justifie en précisant avoir sauté le déjeuner. Juliet jette un coup d'oeil à sa montre. Elle même n'a pas mangé depuis plusieurs heures... trop d'admissions dans le service, elle n'avait pas eut le temps de prendre un vrai déjeuné... Elle avait juste sent que l'après midi serait terriblement chargé et elle avait emprunter une barre de céréales et une pomme dans les cuisines, elle avait mangé ça entre deux tâches mais ça lui suffisait en attendant le repas de ce soir. Contrairement à la Blackthorn, la journée de la Wright a été calme. Juliet sourit poliment, smooth talk. Elle ne pose pas d'avantage de questions sur l'emménagement de la Lewis. Elle ne la connait pas assez bien pour se permettre de l'interroger... elle n'a pas envie d'être intrusive.

- Psychomagie, j'ai obtenu un stage grâce à une rencontre dans lors d'une conférence. C'est vraiment très intéressant comme domaine. Je ne savais pas vers qu'elle spécialisation me tourner et ça pourrait être une possibilité.

Leur commande arrive tandis que Katherine lui confirme que sa chouette a du caractère. Juliet aurait presque dit qu'elle avait une sorte de charme d'attraction. Une chouette installée sur un banc devant un hôpital sorcier ça n'avait rien de surprenant. Et pourtant, la blondinette s'était sentie concernée par l'animal qu'elle ne connaissait ni d'Eve, ni d'Adam.

Juliet savait pertinemment pourquoi elle avait été invitée par Katherine. Bien que la jeune femme soit charmante, que l'invitation soit très agréable, il ne s'agissait pas seulement de faire connaissance. Katherine avait un message à passer et elle ne cache nullement ses intentions en expliquant très clairement ce qu'elle était venue dire. Elle tenait à son frère, elle connaissait la réputation des Blackthorn... bref, elle voyait un problème. Et elle n'avait surement pas tort. Juliet pensa aussitôt à ce qu'avait pu lui dire sa cousine. Mi prévention... mi menace... Si Katherine n'utilisait pas le même ton, le message était le même, bien que l'inquiétude ne soit pas exactement sur le même sujet.

- William tient également beaucoup à toi, il me parle souvent de votre relation.

La blonde sourit en récupérant sa tasse et ajoute :

- Alors, je ne suis pas surprise de tes préoccupations.

A vrai dire, elle ne sait pas trop quoi lui répondre. Elle n'est pas surprise des inquiétudes de la Lewis mais elle ne sait pas à quel point elle s'inquiète. Autant qu'Adalia ? Sur le même sujet qu'elle ? A-t-elle peur pour le coeur de William ou pour sa sécurité ? Si c'est pour les sentiments du jeune homme, Juliet saura la rassurer... Si c'est pour le reste, la blondinette risque de ne plus pouvoir supporter les alarmistes qui commençaient à peupler son entourage... La découverte de Baby avait soulevé de nombreux soupçons sur son oncle et sa tante de la part de sa fratrie... Elle n'avait pas envie de penser que ses propres parents...

- Qu'est ce qui t'inquiète exactement ?

Demande la blondinette, sincère. Elle espère pouvoir rassurer la jeune femme mais elle ne veut pas l'inquiéter outre mesure si celle-ci n'est pas aussi alarmée que sa cousine. Pas la peine de lui dire que William ne risquait pas de disparaître un beau jour, ce que Juliet ne croyait pas une seconde, si elle s'inquiétait seulement pour le bien être psychologique de celui-ci à sortir avec une sang-pure à la famille traditionaliste borderline. La jeune femme dépose le sachet thé qu'on lui a posé sur une coupelle directement dans l'eau fumante. Une odeur de fruit rouge s'empare aussitôt de ses nez.

Juliet ne s’était absolument pas rendue compte de la réaction qu’avait pu avoir la jeune sorcière au fait qu’elle soit en stage au sein service de Psychomagie de Sainte Mangouste, sûrement trop occupée à souffler sur son thé un peu trop chaud à son goût. La blonde ne relève les yeux que lorsque la jeune femme lui souhaite de trouver sa voie, commentant le fait que ce n’est pas chose aisée. Juliet hoche la tête, plutôt d’accord avec cette affirmation. Elle se rend d’ailleurs compte qu’elle n’a absolument aucune idée de ce que fait Katherine dans la vie… Il ne lui semble pas que William lui ait déjà dit… Mais elle ne lui demande pas… Juliet a bien comprit que Katherine n’est pas là juste pour bavarder.

Juliet sait pourquoi la grande soeur de William l’a invitée à ce goûter. Elle le sait dans les grandes lignes mais préfère l’interroger sur la nature exacte de ses inquiétudes… Quitte à devoir la rassurer, autant ne pas faire pire que mieux… n’est ce pas ? Et alors que Katherine répond, la jeune Blackthorn se rend compte que son interlocutrice est particulièrement au fait de ce que pouvait être la famille Blackthorn.

Katherine avait peur que leur couple ne puisse duré compte tenu de potentielles fiançailles qui pourraient incomber à la cadette des Blackthorn. Elle n’avait pas tort dans un sens, c’était ce qui arrivait souvent. Mais il n’avait jamais été question pour Juliet de fiançailles imposées et depuis qu’Eliott était marié, seul fiancé potentiel au yeux du père de Juliet, là question ne se posait plus du tout. Juliet se considérait donc libre de tout engagement de ce côté.

Dieu merci, Katherine n’était pas hystérique comme Adalia qui pensait que les Blackthorn pourraient intenter à la vie de William pour l’écarter de Juliet. La théorie du complot avait tendance à s’intensifier de jour en jour avec Moon.

- Il se trouve qu’avec William nous n’en avons jamais parlé… Je ne sais pas s’il l’ignore ou s’il n’en parle pas par choix. Aussi, je préférais que cette discussion reste entre nous. Si le sujet devait arriver sur la table, je lui dirais la même chose qu’à toi, mais je préférerais lui dire moi même.

La jeune femme du une gorgée de thé, prête à se justifier devant celle qui devait être la personne la plus importante de la vie de son amoureux.

- En réalité je comprend tes inquiétudes et crois moi, j’ai pu y réfléchir avant aujourd’hui.

Juliet marque une pause, cherchant ses mots :

- Je suis la dernière de ma fratrie. Autant te dire que le seul avantage dont mes parents tireraient une union imposée c’est une petite dot, dont ils n’ont pas besoin, et l’idée que j’ai un nom de famille de sang pur, que de toute façon ils trouveront moins prestigieux que le leur… Le seul moyen pour que mon mariage leur soit vraiment utile aurait été que je me marie avec un de mes cousins.

Elle refusa de se justifier quant à cette pratique. Elliott n’était pas du même sang et quand bien même cela aurait été le cas, c’était une tradition au sein de la famille Blackthorn, elle n’y pouvait pas grand chose.

- Il se trouve que mes cousins sont mariés, engagés ou se sont même désolidarisé de ces obligations familiale. Comme mon frère d’ailleurs.

Il fallait qu’elle en vienne au fait, elle allait finir par ennuyer la jeune femme face à elle.

- Bref, me concernant il n’est plus question de fiançailles à ce jour et j’ai de bonnes raisons de penser que ça ne reviendra pas sur la table. Voila pourquoi j’ai accepté de sortir avec William…